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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. Pour ce que j'en sais, Marx rejette les économistes français (en particulier Condillac) qu'il juge bien inférieurs aux britanniques. Il méprisait également souverainement Bastiat. Je ne pense donc pas que l'École de Paris ai joué une quelconque influence sur lui, si ce n'est pas différenciation. Pour les marxistes, Marx a "dépassé" l'économie politique "bourgeoise", Smith et Ricardo sont donc en ce sens ses prédécesseurs. La bonne question pour savoir s'ils sont vraiment les prédécesseurs de l'économie marxiste n'est pas tant de savoir s'ils en auraient désapprouvé les conclusions politiques (ce qui est certainement le cas), mais plutôt de savoir s'il est possible de critiquer le marxisme sur la seule base de l'économie politique classique. Je pense que ça n'est pas évident de critiquer la théorie de Marx en restant dans le cadre de la valeur-travail. Ce n'est pas un hasard si le marginalisme s'est développé historiquement en réaction au marxisme. Mises ne développe hélas pas trop son rapport à Kant, c'est donc moins un argument qu'un jugement de valeur. Néanmoins, son intuition cadre bien avec le fait que les néo-kantiens allemands de l'École de Marbourg acceptaient le socialisme: « L'idée que l'humanité a le privilège de devoir être traitée comme une fin conduit à l'idée du socialisme, du fait que tout homme doit être défini comme une fin dernière, comme une fin en soi. » -Hermann Cohen, Ethik des reinen Willens, Berlin, 1904.
  2. Et auquel j'avais répondu ici: http://www.contrepoints.org/2015/10/01/223793-la-gauche-et-le-liberalisme-les-poncifs-de-libe-decryptes
  3. Faut dire que je continue à parler de Fukuyama sans l'avoir lu donc bon... Mea culpa. Sur Kant, on ne trouvera peut-être pas d'argument excluant ultime, mais une méfiance élémentaire s'impose: « Engels a vu dans le mouvement ouvrier allemand l'héritier de la philosophie allemande classique. Il serait plus exact de dire que le socialisme allemand en général — et non pas seulement le marxisme — a été le successeur de la philosophie idéaliste. Le socialisme doit la domination qu'il a pu s'assurer sur l'esprit allemand à la conception de la société des grands penseurs allemands. Une ligne facile à reconnaître conduit de la conception mystique du devoir de Kant et de l'idolâtrie de l'État de Hegel à la pensée socialiste. » -Ludwig von Mises, Le Socialisme, 1922. Même Sternhell qui passe son temps à célébrer les Lumières franco-kantiennes ne peut s'empêcher de pointer la docilité de la philosophie politique kantienne vis-à-vis du pouvoir: « Kant, on le sait, ne reconnaissait pas aux individus le droit à la résistance au pouvoir politique, et à cet égard il se situe en deçà non seulement de Locke mais aussi de Hobbes. Ce dernier, s'il n'accorde pas à l'individu le droit à la rébellion, permet quand même d'entrevoir la possibilité que le pouvoir, mettant en danger la vie de l'individu, perde sa raison d'être et donc sa légitimité, et finisse par se décomposer, ce qui est une autre façon d'ouvrir une petite porte à la révolte. Kant sur ce point repousse les prémisses de l'école des droits naturels. Un droit à la révolte est pour lui une contradiction dans les termes. Bien plus, il est interdit au citoyen de poser la question de l'origine légitime ou non du système politique en place. Nietzsche devait lui reprocher durement ce conformisme propre aux intellectuels. » -Zeev Sternhell, Les anti-Lumières. Une tradition du XVIIIème siècle à la guerre froide. Saint-Amand, Gallimard, coll. Folio histoire, 2010, 945 pages, p.106-107.
  4. Hé bien cette conférence met en lumière un certain nombre d'affinités électives: http://www.akadem.org/sommaire/colloques/hannah-arendt-cent-ans-apres-sa-naissance/la-revolution-en-heritage-27-11-2006-6794_4112.php Le fait qu'elle choisisse Montesquieu contre Rousseau est également significatif: "[Pour Hannah Arendt] La révolution américaine est l'héritière de la Grèce (elle n'a pas confondu l'action avec la violence) et de Rome (elle a retrouvé l'idée romaine de l'autorité dans des institutions comme le Sénat et la Cour suprême), et la Révolution française, si encline pourtant à singer les Romains, se trouve au contraire tout entière du côté des apories modernes, parce qu'elle hérite d'une tradition politique, celle de la France, dont toute la métaphysique politique, de Bodin à Rousseau, est tributaire de la confusion entre liberté et volonté, qui est au fondement des concepts de "souveraineté" et de "volonté générale"." -Philippe Raynaud, "Le Monde, l'Action, la Pensée", préface à Hannah Arendt. L'Humaine Condition, Gallimard, coll. Quarto, 2012, 1050 pages, p.22. Il y a aussi le fait qu'Arendt se soit explicitement opposée à la socialisation des moyens de production. On trouve à l'occasion des remarques assez mordantes sur l'étatisme dans son œuvre, par exemple dans L'Antisémitisme: "La France est le seul pays où l'on expérimenta sérieusement le mercantilisme, avec pour résultat des manufactures prospères crées très tôt sur l'intervention de l'Etat. Le pays ne s'en est jamais vraiment remis. Lorsque vint l'âge de la libre entreprise, la bourgeoisie française se montra réticente face aux investissements non protégés. En revanche, l'administration, née elle aussi du mercantilisme, lui survécut. Bien que celle-ci ait perdu toutes ses fonctions productives, elle reste aujourd'hui encore plus caractéristique nationalement, et plus gênante pour son redressement, que la bourgeoise." Raynaud oppose effectivement Arendt à la New Left dans des termes qui vont dans mon sens: "Les "Réflexions sur Little Rock" expriment une position qui n'est plus guère audible aujourd'hui parce que la politique engagée dans les années cinquante s'est traduite par des progrès importants dans l'égalité raciale sans détruire les bases du régime américain et, surtout, parce que Hannah Arendt semble y défendre une philosophie libérale classique qui n'a plus guère de défenseurs, du fait de la séparation rigide qu'elle établit entre le "privé" et le "public" ou entre le "social" et le "politique"." (p.45)
  5. Je ne connais pas trop la vision de l'économie chez Kant mais Mises (Le Socialisme, 1922) lui reproche d'ignorer l'économie politique. Il ne l'inclut pas non plus lorsqu'il parle du libéralisme allemand. En outre, Kant rejette le droit de résistance à l'oppression, élaboré par Locke et repris par les révolutionnaires français et américains. Pourquoi ?
  6. Hegel et Kant ne sont pas des libéraux. Il y a des libéraux qui voient l'histoire comme un progrès continu (Condorcet) ou qui se placent dans une philosophie de l'histoire (Fukuyama). Mais ces approches sont frontalement rejetées par Mises (Le Libéralisme, 1927), Hannah Arendt (La Crise de la culture, 1968) ou encore Pascal Salin (Libéralisme, 2000). Donc je ne me risquerais pas à dire que bien des libéraux partagent ces approches. Certains libéraux oui, mais quoi de surprenant à cela, puisque l'idée de progrès historique est une composante la modernité, modernité dont le libéralisme est lui-même issu ?
  7. Le néo-luddisme est en plein essor dans l'intelligentsia. Comme dirait l'autre, il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas. Il va falloir vivre avec ce type de jérémiades pendant une bonne trentaine d'années, le temps que la transition se fasse (et elle se fera mal, vu l'extension du domaine de l'étatisme).
  8. Si les sociétés avaient autorisés des comportements comme le meurtre, l'inceste ou le cannibalisme, il n'y aurait pas eu beaucoup de lendemains... Par conséquent la liberté n'est pas un maximum de possibilités laissées, elle implique l'Interdit. Sinon je pense profondément que l'histoire n'a pas de sens. Une direction ce n'est pas clair, une signification ça me semble évident que non. Elle n'est pas éternel retour (il y a du nouveau), elle n'est pas progrès permanent (chute de l'Empire romain, guerres mondiales, etc.). Dans Le Génie du Capitalisme, Howard Bloom semble décrire l'univers comme en voie de complexification permanente, mais c'est douteux. Nous disparaîtrons peut-être tous lorsque notre soleil se changera en super-nova, et peut-être que l'univers entier se figera dans un état d'entropie général. De toute façon nous ne pouvons pas savoir, nous ne saurons jamais que nous sommes à la "fin de l'Histoire", on ne peut attribuer un sens à l'histoire qu'en extrapolant des tendances passés, qui sont pourtant toujours susceptibles d'être contrariées par de nouveaux développements.
  9. De la communication oui. Des gens payés pour sourire plutôt que des militants bénévoles qui donneraient de leur temps. Ce qui en dit long sur l'attractivité du mouvement de Macron...
  10. Je ne sais pas. Mais en période d'inflation faible ça ne change pas grand chose, non ?
  11. Ha l'éolien, le stade suprême de l'étatisme énergétique...C'est un peu comme le solaire j'imagine. "Le parc solaire français, qui ne produit en 2014 que 1,1 % de l’électricité consommée dans l’hexagone, aura coûté en subventions – je dis bien en subventions (1), c'est-à-dire, sans compter la partie des coûts couverte par la vente d’électricité sur le marché – plus de la moitié du coût d’investissement du parc nucléaire, qui produit, lui, 75% de notre électricité. (1) Les subventions à l’énergie solaire représentent un montant de CSPE proche de 4 Md€ par an, avec des contrats qui vont de 15 à 20 ans. Sur la durée totale, cela représente donc une dépense de 60 à 80 Md€. Le parc nucléaire français a coûté, selon les estimations, de 80 à 100 Md€." -Le blogueur "Descartes", 02/07/2015 (http://descartes.over-blog.fr/2015/06/tsipras-melenchon-ou-tsipras-de-gaulle.html#comments ).
  12. Émission débile, réglementation liberticide. Nihil novi sub sole.
  13. Un bon exemple de demi-libéralisme apolitique. On évoque des blocages économiques mais sociaux, mais guère plus (pas de sujets qui fâchent, pas de cibles responsables des maux suggérés, pas de propositions de réformes). Et surtout, une logique anti-institutionnelle, axée sur des représentants de la société civile, plutôt que sur les militants et cadres d'un mouvement dont le nom lui-même n'a rien de politique (En Marche vers quoi ? Pour quoi ? Comment voulez-vous créer du transindividuel sans l'inspiration d'une cause commune ?). A quoi sert de faire un parti sinon pour proposer une image de la possible classe dirigeante de demain, de ses figures, de ses valeurs ? Ont-ils un programme écrit, au moins ? Edit: en fait ce n'est même pas un parti... : "Emmanuel Macron, qui n’a pas sa carte au Parti socialiste, a précisé vouloir un « mouvement ouvert » auquel il serait possible d’adhérer tout en restant adhérant d’un « autre parti républicain » (cf: http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/04/06/emmanuel-macron-lance-un-mouvement-politique-nouveau-baptise-en-marche_4897274_823448.html).
  14. Mon objectif était uniquement de faire voir à Nigel qu'il y a bien une divergence de lignes, consécutives des attentes divergentes des clientèles électorales visées, qui permet d'expliquer ce qui apparaît au premier regard comme une "querelle de personnes" dont parlait Anne Hutchinson. « Les divergences qui provoquent les luttes entre les chefs peuvent avoir l'origine la plus diverse. On peut, d'une manière générale, les ranger dans deux catégories: divergences d'ordre personnel, divergences de principe ou d'ordre intellectuel. Mais cette division est purement théorique, car le plus souvent les divergences de principes ne tardent pas à dégénérer en divergences personnelles. » (Robert Michels, Les partis politiques, http://oratio-obscura.blogspot.fr/2015/07/les-partis-politiques-de-robert-michels.html).
  15. Néo-poujadiste plutôt que libérale. Mais la différence d'avec la ligne Philipot est tout à fait significative: "Sur le plan économique, elle déclare : « L'État a fait la France, l'étatisme l'a tuée. Ma génération critique fortement l'assistanat. Il faut remettre le goût du travail, réformer la protection sociale ». Lors d'un bureau politique du FN, elle a notamment contesté la priorité donnée, selon elle, à l'économique et au social plutôt qu'à la sécurité et à l'immigration au sein de son parti : « Sinon on fait du sous-Chevènement ou du sous-Mélenchon ». En février 2016, elle mentionne les mesures économiques structurelles qu'elle juge prioritaires : « le rétablissement des comptes publics, la réforme du droit du travail, la réforme du statut des fonctionnaires, la réforme fiscale, la simplification administrative ». Elle déclare que c'est seulement une fois ces réformes réalisées qu'il doit être question de l'avenir de la France dans la zone euro, avec l'engagement de négociations entre la France et les autorités européennes. Les marges de progression électorales du Front national se situent selon elle, en particulier sur les questions économiques, « sur l'électorat de droite »." (cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Marion_Mar%C3%A9chal-Le_Pen#Opinions_et_prises_de_position).
  16. Ils défendent effectivement des lignes contradictoires (sortie de l'euro versus peut-être pas ; Gaullisme social versus baisse d'impôts ; primat de la ré-industrialisation versus priorité à la chasse aux immigrés), qui ciblent des électorats différents (Nord-Sud en gros). Mais s'ils sont intelligents, ils resteront unis assez longtemps pour prendre le pouvoir. Ensuite ce sera un jeu de pouvoir pour évincer la clique la plus faible (comme la ligne Valls-Macron à évincer Montebourg-Hamon-Taubira).
  17. Moi aussi, et ce n'est pas ce que j'appellerais un moyen de transport privilégié. Elle est continuellement bondée. Ce n'est pas un ressenti subjectif, Wikipédia en parle: "La ligne 13 est peut-être la moins appréciée du réseau de la part des usagers et fait l'objet de nombreuses critiques de leur part et des élus locaux, à cause de sa saturation permanente aux heures de pointe, en particulier au nord de Saint-Lazare à cause de l'exploitation en deux branches qui limite le nombre de trains et rend les conditions de transport particulièrement pénibles. Il n'est en effet pas rare de devoir laisser passer plusieurs rames avant de pouvoir emprunter l'une d'elles à cause de leur surcharge chronique. Celle-ci atteint 4,5 personnes au mètre carré, alors que la norme de capacité est de 4 personnes maximum au mètre carré." (cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_13_du_m%C3%A9tro_de_Paris#La_ligne_actuelle).
  18. Tu as déjà écris la ligne 13 du RER ?
  19. Mais justement, ils préfèrent l'original à la copie. Le FN se rapproche chaque jour du PCF de l'ère stalinienne: autoritarisme, dénonciation des élites, volonté de conquérir l'appareil d'Etat, anti-immigrationniste, antilibéralisme social (homophobie, peine de mort, war on drug) et économique, financement par la Russie (encore que)... Là où la gauche radicale n'est au fond qu'un conglomérat d'étudiants et de profs qui rêvent d'une révolution plutôt que de se donner les moyens de prendre le pouvoir, qui imitent chaque jour un peu plus la ligne écolo-féministe-social-démocrate du PS (sauf que ce marché est déjà saturé). Et last but not least, le FN est un parti centralisé qui laisse ses tendances contradictoires s'exprimer en interne, là ou le Front de gauche est un conglomérat de partis désunis, où chacun tire la couverture à soi, etc. "Descartes" explique assez bien la chose ici: http://descartes.over-blog.fr/2015/12/le-front-national-et-les-joueurs-d-echecs.html
  20. Pas vraiment. Plutôt à une fourmilière ou à une ruche. Communisme primitif, toussa.
  21. Je ne trouve pas ce terme d'allocation très éclairant. Implique-t-il la production des biens et services ?
  22. Hum, ça devient alors un peu ironique de parler de loi économique, surtout si l'on a défini l'économie comme une science qui "is about human choice" (Human Action, p.494), "deals with real man" (p.97), qu'elle est la "philosophy of human life." (p.878).
  23. Et la loi des rendements décroissants (cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_rendements_d%C3%A9croissants), est-ce une loi économique selon toi ?
  24. J'ai dis que, contrairement à ce que tu disais, cela fait partie de la nature humaine. Pas que cela épuisait la description de l'Homme.
  25. Bah si justement. C'est même un élément constitutif de la définition de l'Homme (être de besoin).
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