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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. Sinon, j'ai lu J. P. Brighelli dire que Marcel Gauchet a déclaré à peu près ceci: "Macron est le premier président de notre histoire à être un pur libréal, au sens philosophique". C'est pas faute d'avoir essayé de casser le stéréotype, mais quand même un intellectuel venu des milieux aroniens réunis par F. Furet s'y met... paye ta maîtrise des concepts. Manquerait plus qu'il y ait une nouvelle crise et que Macron sauve les banques... on se remangerait un coup* de "le libéralisme est une hypocrisie au service de l'élite financière, il impose la concurrence aux pauvres et met l'État au service des riches". * accusation déjà avancée par Bakounine à la fin du 19ème.
  2. Je vais lire ça, mais ce n'est pas étonnant. Sternhell aussi lui est tombé dessus: « Pour [Isaiah] Berlin, excellent exemple des contre-Lumières "molles", comme pour Meinecke, il ne semble pas qu'il existe de cause à effet entre la guerre au rationalisme, à l'universalisme et au droit naturel, et la poussé du fascisme et du nazisme [...] Il a rendu un service immense à tous les ennemis du rationalisme et de l'universalisme de notre temps : avant les postmodernistes, et dans un contexte éminemment politique et en dépit du fait que sa pensée n'est pas faite d'une pièce et comporte beaucoup d'ambiguïtés, il apporte la preuve que l'on peut saper les fondements des Lumières à partir d'une position libérale. » -Zeev Sternhell, Les anti-Lumières. Une tradition du XVIIIème siècle à la guerre froide. Saint-Amand, Gallimard, coll. Folio histoire, 2010, 945 pages, p.56. Accusation d'ailleurs injuste (mais ce n'est clairement pas le livre le plus réussi de Sternhell), puisque que Berlin a conscience que l'anti-universalisme (épistémologique et moral) peut aussi mener au pire: « Ce subjectivisme volontariste, dont le prophète le plus ardent est le vrai père du romantisme, Johann Gottlieb Fichte, conduisit naturellement en fin de compte à l’irrationalité et à l’anarchie, à l’ivresse byronienne du moi, au culte du réprouvé lugubre, sinistre et fascinant, ennemi de la société établie, du héros satanique, Caïn, Manfred, le Giaour, Melmoth, dont la fière indépendance s’achète au prix de n’importe quelle somme de bonheur humain ou de n’importe quel nombre de vies humaines. Dans le cas des nations, ce rejet de l’idée même de valeurs universellement valides tendit parfois à inspirer un nationalisme et un chauvinisme agressifs, la glorification d’une auto-affirmation individuelle ou collective intransigeante. Sous sa forme extrême, il prit un tour criminel et violemment pathologique qui culmina dans l’abandon de la raison et de tout réalisme, avec des conséquences morales et politiques fréquemment désastreuses. » (-Isaiah Berlin, « Giambattista Vico et l’histoire culturelle », 1983, in Le bois tordu de l’humanité. Romantisme, nationalisme et totalitarisme, Albin Michel, coll. Idées, 1992 (1990 pour la première édition britannique), 258 pages, p.68) Mais il n'en tire pas la conséquence que sa position n'est en fait pas un meilleur rempart contre la violence que la position unitaire de "surplomb" du rationalisme qu'il rejette... Il y a là manifestement un problème. Comment séparer le "bon" relativisme du mauvais, et comment peut-on argumenter en faveur d'un relativisme moral non-belliqueux (Berlin préfère se définir comme un "pluraliste") s'il n'y a pas de valeurs morales objectives (Berlin admet seulement une universalité de la connaissance scientifique) ? ... Ce qui est décevant (au moins de mon point de vue) c'est que la dénonciation des régimes tyranniques du 20ème n'a presque jamais été le fait d'une réaction des partisans des idéaux des Lumières (à l'exception notable de Mises -le rationalisme de Rand ne l'empêche pas de dénoncer avec une sévérité démesurée les Lumières et leur grand-père Descartes en particulier. Et je ne parle même pas d'Hayek qui voit Descartes -et en fait tout rationalisme, y compris celui de Mises- comme la racine du constructivisme...), mais plutôt menée à partir de prémisses religieuses (Strauss, Voegelin, Arendt, voire l'ordo-libéralisme) ou sceptiques -assumés ou non- (Berlin / Aron / Castoriadis) -ou même nihilistes / post-modernes (Foucault).
  3. C'est un positiviste juridique comme Rousseau et Hobbes (même si ses prémisses ne sont évidemment pas contractualistes). Je ne peux pas non plus m'empêcher de t'embêter pointer que: « Il fait peu de doute que Maistre a été dans une certaine mesure influencé par les idées de Burke. » (Berlin, op.cité, p.130) Or Burke non plus pas n'admet pas de loi naturelle rationnellement connaissable (à la différence des Anciens -moins les sophistes grecs- et d'une bonne partie des Lumières moins Rousseau). D'où sa tendance à défendre l'obéissance passive: "Burke ne se contente pas de défendre la sagesse pratique contre les empiètements de la science théorique. Il fausse compagnie à la tradition aristotélicienne en dépréciant la théorie et particulièrement la métaphysique." (p.269) "Burke était convaincu que la Révolution française était entièrement mauvaise. [...] Burke n'est pas loin de suggérer que résister à un courant absolument mauvais des affaires humaines est pervers si ce courant est suffisamment puissant ; il oublie qu'il y a de la noblesse à résister jusqu'au dernier carré." (p.274) -Leo Strauss, Droit naturel et histoire, Flammarion, Champ.essais, 1986 (1954 pour la première édition française, 1953 pour la première édition états-unienne), 324 pages.
  4. J'ai lu aujourd'hui un bon 65% de: Isaiah Berlin, Le bois tordu de l’humanité. Romantisme, nationalisme et totalitarisme, Albin Michel, coll. Idées, 1992 (1990 pour la première édition britannique), 258 pages. Je suis en désaccord radical avec les prémisses anthropologiques et morales de l'auteur (qui sont à peu de choses près les mêmes que celles de Raymond Aron et de Cornelius Castoriadis), et, par suite, en désaccord avec son positionnement politique social-démocrate. Ceci étant et plus encore qu'Aron, Berlin expose son relativisme moral de manière extrêmement claire. Je dirais même que je comprends plus finement mon propre réalisme moral grâce à cette lecture. Ce qui serait une raison suffisante pour recommander l'ouvrage. Mais il y a plus. Son style est clair et agréable, avec ce côté un peu littéraire que j'aime bien chez certains auteurs Britanniques. Très riche au niveau du vocabulaire, notamment du vocabulaire moral. L'essai sur Joseph de Maistre est vraiment remarquable et fascinant. En revanche le titre de "Joseph de Maistre et les origines du totalitarisme" me paraît abusif et trompeur car Berlin ne montre pas qu'il y a une influence de J. de Maistre sur le fascisme (a fortiori sur le bolchevisme). Il soutient la thèse d'une "parenté d'attitudes", mais alors on n'est plus sur de l'histoire des idées, on fait de la morphologie ou de la sociologie des types de militants politiques. C'est un peu dommage car l'histoire des idées est déjà bien suffisamment encombrée de causalités imaginaires. Mais c'est sans aucun doute un texte à lire si on s'intéresse à de Maistre et au conservatisme contre-révolutionnaire (Berlin est d'ailleurs du même avis que François Huguenin sur le caractère paradoxalement à la fois moderne et augustinien -donc absolument pas thomiste / classique- de la pensée de J. de Maistre).
  5. Oui. Car ça n'a pas toujours été le cas. Or, il n'y a pas d'effet sans cause. Tout a une raison d'être. (C'était le moment rationaliste).
  6. Butler qui ? Je connais l’œuvre de Judith Butler mais c'est surtout un événement regrettable dans mon passage sur terre.
  7. 1): De quoi ? Mais d'où ça serait un but souhaitable ? ça sort d'où ? 2): qu'est-ce que ça veut dire ?
  8. Si on se limite à la libre-circulation des personnes, Glucksmann (le type qui trouve qu'on ne donne redistribue pas assez d'argent aux autres pays, wtf) et le communiste Brossat ont dit des choses humanistes et pertinentes. Une fois de plus une certaine gauche s'avère plus libérale que la droite sur certains sujets bien précis. Bon en vrai c'était une fois de plus un débat criard (ils sont trop nombreux putain, France 2 pas foutus de faire 2 émissions), et infantilisant (le coup des objets obligatoires me donnent des envies de meurtres de journalistes. D'ailleurs ils étaient d'une arrogance incroyable, à faire leurs petits commentaires dédaigneux, Alexandra Bensaïd qui donne du "M. Frexit" à Asselineau, son compère qui glousse que "personne ici ne se présente comme contre l'environnement !", et j'en passe. Quand je vois le niveau des journalistes ça relativise la médiocrité des politiques. Car au moins les politiques ne méprisent pas la politique. Alors que la courtisanerie journalistique est déjà à l'étape suivante et festiviste de la décadence).
  9. Rand utilise le même argument (bon après faut remettre tout ça dans le contexte de la Guerre froide). A la limite ça pourrait marcher pour l'Allemagne hitlérienne, qui a été précurseur du Welfare-state avec Bismarck et qui a plutôt vu le processus se renforcer durant la période weimarienne. Mais c'est bien plus l'exception que la règle. De fait il n'y a pas de règle en la matière. Et même dans cet exemple, on peut difficilement tenir le welfare-state pour le principal facteur de la victoire du national-socialisme.
  10. J'avais dit globalement... Ce n'est certes pas idéal mais, qu'est-ce qui est le plus démocratique: modifier la constitution avec un autre article que celui prévu pour la révision mais in fine en laissant le choix au peuple par référendum, ou bien faire approuver dans les règles par les parlementaires en 2007 un traité reconduisant des principes rejetés par un référendum deux ans avant ? Après je l'ai dis, je suis républicain, il faut des règles et des médiations institutionnelles pour réduire les risques inhérents au régime démocratique. Mais ce n'est pas parce que certains ont une conception plus schmitienne* de la démocratie qu'ils ne sont pas démocrates... * j'emploie l'adjectif à dessein car René Capitant était un lecteur de Schmitt.
  11. Lequel était un démocrate qui a sauvé la République d'une armée en voie de préparation d'un coup d'Etat militaire, hein (cf: la rébellion des forces déployées en Corse). De Gaulle a globalement respecté les procédures démocratiques (vote des pleins pouvoirs, approbation de la nouvelle constitution puis de l'Indépendance algérienne par référendum).
  12. Marion ne sera jamais candidate avant d'avoir pris les raines du parti. Donc on se tapera encore un tour de MLP (et peut-être même de Jean-Luc !!) le prochain coup. La France est un pays bloqué. En général c'est dans ces moments là que ça finit en révolution (ou en massacre inutile, selon comment les choses tournent).
  13. Encore un effort camarade :
  14. L'article du jour de @F. mas m'inspire pas mal de réflexions sur (entre autres) l'articulation de la morale et de la politique que je n'ai hélas pas le temps de mettre par écrit. Mais en remontant les chaînes de présuppositions je me dis qu'on ne peut pas éclaircir le sujet sans une réflexion préalable sur la relation du bien privé et du bien public, sujet tout à fait sous-travaillé (ou alors je n'ai pas eu le bonheur de tomber sur les bons textes). L'appellation même de bien public est soumise à variation significative: on parle de bien commun, d’intérêt général... Je préfères toutefois la première appellation qui n'a ni connotations théologiques ou rousseauistes, ni niveau d'application distinct. Par bien public j'entends le bien de la Cité ou de la communauté politique. Mais ça pose tout de suite de le problème de savoir s'il existe un pareil bien distinct (et distinct jusqu'à quel point ?) du bien des individus qui composent ladite cité. J'ai essayé d'imaginer la gamme des positions théoriques possible sur la question, en allant des plus "privatistes" (désolé pour le néologisme barbare) jusqu'aux plus "publicistes": Niveau 1: Le bien public n'est qu'un aspect du bien privé ; à proprement parler, il n'existe pas. Il n'y a que des biens privés, parler de bien public ne renvoie à rien sinon à la somme des biens individuels. Il me semble que cette position pourrait être attribué à Mandeville. Certes, le sous titre de La Fable des abeilles indique que les vices privés font le bien public. Mais il semble que ce bien ne soit que purement nominal, en réalité, la libération des vices favorisent le bonheur des individus particuliers et rien de plus. Il vaudrait alors mieux dire que les vices servent l'intérêt individuel. Mais ce ne serait alors plus des vices, le vice étant par définition un comportement qui me nuit à moi-même. Bref. Une variante serait proche de la position de Thrasymaque: le bien public n'est qu'un nom qui masque la poursuite de son égoïsme par l'élite au pouvoir. Niveau 2: Il existe des biens privés et un bien public, mais le bien public n'est un bien qu'en tant qu'il permet la réalisation des biens individuels. Le bien du tout est subordonné au bien des parties. C'est la position que je pense défendre et elle doit être sous-jacente à un certain nombre de classiques libéraux de philosophie politique. Niveau 3: Le(s) bien(s) privé(s) et le bien public existent mais n'ont aucun relation de surbordination au point de vue moral. Variante: ils existent tous les deux mais ont une importance morale égale. Niveau 4: Le(s) bien(s) privé(s) et le bien public existent mais le bien public prédomine sur le(s) bien(s) privé(s), car le tout est moralement supérieur aux parties qui le composent. C'est en gros la position d'Aristote et de Thomas d'Aquin. Probablement aussi de Rousseau et d'Arendt. Niveau 5: Le bien privé n'est qu'une illusion, seul le bien public existe. L'individu n'existe qu'au profit de la collectivité à laquelle il doit tout. Position holiste forte qu'on trouve dans la rhétorique totalitaire, mais aussi dans les doctrines de la Raison d'Etat et dans le conservatisme contre-révolutionnaire: « Maistre a à peu près la même attitude en considérant l'homme comme le rouage d'une machine [...] Si la société est tout, la loi est un absolu. Maistre n'hésite d'ailleurs pas à défendre l'indéfendable. La loi a toujours raison: si la loi punit de mort le vol d'un domestique, "il est coupable suivant la loi ; il est jugé suivant la loi ; il est envoyé à la mort selon la loi ; on ne lui fait aucun tort". La loi est absolutisée. Qu'elle puisse être bonne ou mauvaise n'intéresse pas Maistre. Aucun critère du bien ou du mal ne peut venir modifier la perception que l'on en a ou l'obéissance qu'on lui doit. Les réactionnaires se comportent bel et bien comme des modernes. Maurras ni aucun membre de l'Action française ne s'en est offusqué, ni même ne l'a relevé. » -François Huguenin, L'Action française. Une histoire intellectuelle, Perrin, coll. Tempus, 2011 (1998 pour la première édition), 686 pages, p.102.
  15. ça paraît le plus probable vu la nullité des oppositions. Mais le quinquennat n'est pas terminé.
  16. Il y a côté lourd et surchargé dans pas mal de ses œuvres, quand même. Plus les problèmes d'éclairage. Résultat, son Jupiter et Sémélé est laid. Par contre ça c'est raisonnablement joli: Hésiode et la Muse, 1891:
  17. Bouarf. Mettons alors que la ligne de fracture soit entre le réalisme classique et les autres.
  18. Là on a un vrai début de quelque chose, mais la netteté reste à désirer. Je confesse mes péchés, j'ai même commis ce billet dessus. Mais bon, si ça se trouve, mes intuitions philosophiques en esthétique sont erronées, et c'est le subjectivisme esthétique qui est vrai. Auquel cas il est absurde de se disputer là-dessus. Faisons donc comme si c'était le cas, ça m'évitera de commenter les machins sataniques que poste @Ultimex. Ah, très bien ça. Quelque uns de mes préférés: Phare napolitain, 1842 Peter I at the Red Hill, 1846 Battle of Chesma (25/26.06.1770), 1848: Stormy sea at night, 1849
  19. Celui-là je l'ai en reproduction dans ma chambre (on me l'a offert pour mon avant-dernier anniversaire), et les couleurs sont bien plus nettes et plus belles qu'au Vatican
  20. Au début j'avais titré de la peinture occidentale figurative. Puis je me suis dit: ils te connaissent trop bien, il est inévitable qu'ils viennent t'infliger des abominations impressionnistes / post-impressionnistes / expressionnistes / cubistes / art abstrait et autres abominations modernistes décadentes du 20ème siècle qui n'auraient jamais dû exister. (Mais c'était encore sous-estimer la perversité de certains: cette toile de Turner est dégueulasse, mon pauvre ami ! En plus on dirait qu'il y a un espèce d'oiseau à barbe au fond du brouillard en bas. WTF sérieux). Je me suis donc dit qu'à tout prendre, et dans un élan d' inclusivité résignation ouverture proprement héroïque, je pouvais encore choisir un titre un peu cohérent avec le trollage à venir. L'important ce n'est ce que le destin te fait, c'est que tu décides de faire avec ce que le destin te fait.
  21. Souvent le péquin moyen ne répond pas que c'est un mode de production / système économique, mais plutôt un état d'esprit (la faute à Weber ?), et il va utiliser "capitaliste" comme synonyme de cupide / avide...
  22. J'ai vu ça hier dans Scènes et doctrines du nationalisme, de Barrès. Faut faire des livres plus haut et large. Perso je suis un fanatique des notes de bas de page, c'est dur que je n'y consacre pas au moins 1/3 de la page. On me dit que c'est pas bien dans un travail universitaire dont je suis emm****.
  23. Ah oui, ça c'est particulièrement insupportable, surtout quand tu t'intéresses à la philosophie antique. Je crois que dans la thèse de Matheron sur Spinoza il y a aussi beaucoup de citations en latin non traduites... Même pour une langage étrangère vivante (hors anglais) c'est bien relou. En philo ils adorent te laisser des termes allemands non traduits, et parfois le passage entier vise à discuter du sens desdits termes o_o Arendt fait ça aussi régulièrement, mais on va dire qu'elle a l'excuse de dater un peu. Enfin ça et d'autres trucs, faut pas se plaindre que la philosophie ne soit pas grand public..
  24. Je ne sais pas comment tu fais pour extraire un sens de ce charabia. L'abstract est juste imbitable. Et pourtant j'ai de l'entraînement avec le théoricisme bulshit.
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