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Vilfredo

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Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. Ah et ce que Zizek dit sur les identity politics ici m'a donné envie de poker @Rincevent (j'en suis à une demi-heure, j'ai passé toute mon dimanche à lire et écouter Zizek et Lacan, et à écrire un wot sur Zizek et Lacan pour finir, mais c'est cool)
  2. Non justement c'est ici que nous ne sommes pas du tout d'accord. Même dans une perspective freudienne orthodoxe, on peut dire que dans une interaction sociale, ce sont deux sujets qui discutent, qui obéissent à l'éthique de l'argumentation (je projette des intentions sur autrui, je pars du principe qu'il peut m'apprendre qqch que je ne sais pas etc). Dans une séance de psy, les deux "sujets" ne sont pas sur un pied d'égalité, et il n'y en a quasiment qu'un seul qui parle, et son discours est radicalement différent parce qu'il est pur signifiant. Littéralement, l'analysé can't make sense of what he is saying. Zizek parle très justement de "prattle". Maintenant d'un point de vue lacanien, la bataille contre l'intersubjectivité est une longue histoire philosophique: d'abord il y a Descartes, qui réduit le sujet à une pure chose pensante, certes, mais une chose pensante qui est encore une partie du monde. Ensuite il y a Kant, avec qui le sujet n'est plus une partie du monde mais une pure synthèse dont le monde est le corrélat ontologique. Ce n'est pas une histoire de la finitude de l'homme du style Pascal, la pauvre créature terrestre coincée entre deux infinis, c'est le monde phénoménal qui devient l'horizon de la finitude du sujet, i.e. le monde tel que je me le représente porte en lui (dans sa représentation) la marque de ma finitude, et le prix de cette représentation est l'inaccessibilité de la Chose (en soi). La chose en soi est, par définition, ce qui n'a aucun équivalent dans le monde phénoménal (certains commentateurs disent que c'est une différente "perspective"). Hegel dépasse Kant en écrivant que le vide de la chose en soi est la négativité qui constitue le sujet. Le saut ici est celui qui va du sujet privé de toute substance (Kant) à l'absence de substance comme caractéristique ultime du sujet (la philosophie après Kant, donc Hegel et Lacan). Le mathème lacanien pour ce sujet est $: un sujet barré, parce que son manque est constitutif, et donc l'objet, qui barre la route de la sef-realization, est corrélatif au sujet dans un sens opposé à celui de l'idéalisme transcendantal (où je pose l'objet et je le constitue avec mon entendement structuré a priori). C'est aussi un résultat de l'Oedipe: l'enfant vient au monde comme objet de désir (des parents, de l'Autre) mais ce désir est interdit (inceste). Le sujet ne peut émerger qu'en renonçant à cette jouissance, donc au prix d'une aliénation (on retrouve ici Hegel), et pour Freud d'une castration, en deux sens: je suis castré comme sujet pour pouvoir devenir un objet dans le champ symbolique, ou dans l'ordre social (le "grand Autre" pour Lacan); cela, Lacan l'écrit clairement à la fin du Transfet (Séminaire VIII). La castration est un acte d'échange (tu me donnes ton désir i.e. ton objet, je te donne un statut d'objet), et c'est en ce sens qu'il faut comprendre: la castration est symbolique. Pourquoi je fais ce détour? Parce que ça explique la raison pour laquelle, pour Lacan, le "sujet" ne perçoit jamais un autre sujet "comme lui", un "prochain" dirait la Bible, il perçoit un "objet" qui a ce dont lui manque constitutivement. En termes hégéliens, il perçoit un maître. Mais que fait l'analyste? C'est ici que l'on comprend pourquoi la relation analysé/analyste n'a rien à voir du tout avec une relation sociale intersubjective. L'analyste prend le costume du maître, si on veut, mais il ne joue pas son rôle: il met le patient face à son propre vide, face à ses propres projections. Qu'est-ce que Lacan veut dire par là? Il faut relire Le Transfert: je n'ai pas le temps d'exposer en détails son commentaire de Platon mais l'idée clé est qu'en amour, on donne ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui ne le veut pas. On suppose toujours que l'autre a ce surplus qui nous manque (cf le dessin animé linké plus haut) et qu'il va correspondre à notre vide et make us whole. Ce surplus est, évidemment, l'objet petit a. L'être aimé, l'objet du désir, est dans une impasse. J'aime bien ce passage (je cite encore Zizek, How to Read Lacan): Pour sortir de cette impasse, qui l'expose au vide complet du désir de l'autre (ici, comprenez un génitif subjectif), l'être aimé change de place dans l'univers symbolique: pour répondre à la demande impossible de l'amant, il répond à son amour par son propre manque, càd qu'il l'aime en retour. L'abysse est ainsi comblé. Cela, ce geste d'aimer en retour, c'est précisément ce que le psychanalyste ne doit pas faire! Il doit laisser en suspens la question que pose tout objet lacanien qui se respecte ("che vuoi? qu'est-ce que tu veux (de moi)?") pour permettre à la fois au transfert d'avoir lieu, càd que le psychanalyste devient temporairement l'objet petit a, l'objet-cause du désir de l'analysé, mais il est aussi, comme l'écrit Lacan, le sujet "supposé-savoir", càd celui dont l'analysé suppose qu'il sait la vérité sur son désir, car c'est bien ce qui doit émerger de l'analyse, au lieu de l'amour. J'ai choisi cet extrait (photo) de How to Read Lacan parce qu'il énonce clairement que l'aimé, lui, ne sait pas, ne sait absolument rien du désir de l'autre. Dans ce sens-là, la relation entre un patient et son analyste est unique et incomparable à toute autre relation "intersubjective", sans quoi on n'aurait d'ailleurs pas besoin d'analyste. Pour le dire familièrement, on irait parler à ses copains, à son médecin, pourquoi pas même à ses parents. Très simplement, le fait qu'on dise à son analyste ce qu'on ne dit à personne d'autre, qu'on le dise d'une manière même qu'on ne le dirait à personne d'autre, est le signe le plus patent de la structure très singulière de cette relation (que j'ai essayé d'expliquer d'un point de vue plus théorique ci-dessus). Il me semble que c'est un problème légèrement différent, la thought insertion. Est-ce un problème du sujet ou un problème d'agency. Dans la mesure où c'est subjectif mais incontrôlé ça a quelque chose d'objectif... Je dois avouer que je trouve ces catégories un peu vagues. Ce n'est pas typiquement le genre de trucs que Searle appellerait "ontologiquement subjectif mais épistémiquement objectif"? Mais on peut aussi se demander si les pulsions sont "objectives". Je pense tout de même que c'est une autre question. Je voulais seulement souligner qu'il était amusant que la réalité sociale soit (ou partage exactement la structure d') une superstition. On dit que l'homme a une sorte de besoin profond de religion ou de croyance, mais la perspective lacanienne serait plutôt de dire qu'il a besoin que quelqu'un d'autre croie pour croire. Si je prends La Vie est belle de Benigni comme exemple: imagine qu'à la fin, l'enfant fasse comprendre au père qu'il avait tout compris depuis le début mais faisait semblant pour soutenir son père. C'est un peu comme ça que je vois les relations sociales (et la réalité sociale). Tu fais certains rituels pour me protéger, et je fais semblant d'y croire pour te protéger et ensemble on perpétue l'univers symbolique. Tu as besoin de croire que j'y crois, tu crois me protéger, en fait c'est moi qui te protèges, mais je ne peux te protéger qu'en tant que toi tu me protèges. J'ai besoin que tu fasses ce que tu fais pour que je puisse faire ce que je fais. Puisque le 4 vient de sortir, on peut le dire: le monde des machines, dans Matrix, est le fantasme qui permet de soutenir la réalité sociale (virtuelle), qui est celle de la matrice. Pas l'inverse. La question est: pourquoi est-ce que les hommes ont besoin de fantasmes aussi violents et obscènes pour soutenir la réalité sociale? (D'ailleurs pourquoi se fatiguer à ce que les réalités virtuelles de tous les humains coïncident dans une matrice partagée (intersubjectivité)? Pourquoi ne pourrait-on pas avoir chacun notre monde?) C'est la question soulevée par Freud (et Zizek pour Matrix). Pourquoi "réellement"? La question est plutôt: qu'est-ce qui est réel et qu'est-ce qui ne l'est pas? Si tu ajoutes "réellement" dans la question c'est sûr que ça se mord la queue. D'accord avec ça. D'impossible dans le monde réel. Mais si j'arrive à le faire est-ce que ça ne prouve pas que le monde réel n'est pas tel que je le croyais? Je ne peux pas, dans mon rêve, me rendre compte que c'est un rêve. Sinon je ne rêve plus. Tu as raison de rappeler que ça ne vaut que pour les rêves non-lucides, le problème c'est que je ne connais rien aux rêves lucides (à part que le sujet est conscient de les avoir). Tu aurais de la littérature sur le sujet? Et c'est pas justement un truc avec quoi Jung expérimentait? (Selon wiki, Freud reconnaît dans L'Interprétation des rêves que ça existe et y voit la confirmation que les rêves sont l'accomplissement des désirs frustrés.)
  3. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    C'est tout de même beaucoup plus que s'en tenir à un agnosticisme sur les comparaisons entre pays. Les confinements ne servent presque à rien, et surtout pas quand le taux d'incidence est faible. Il montre des cas de confinements après une chute des contaminations et des cas de hausse des contaminations après confinement. Pas compris.
  4. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    Pas que https://cspicenter.org/blog/waronscience/the-case-against-lockdowns/
  5. Non mais le capitalisme contre les droits de l’homme c’est un vieux combat. Et si on remplace capitalisme par néolibéralisme, on obtient ce tweet.
  6. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    Tiens qu’est-ce qui te fait dire ça? Mes souvenirs de lecture de Scott Alexander et Philippe Lemoine c’était que l’épidémie commençait souvent à ralentir avant que le confinement soit déclaré (au UK par exemple).
  7. Alors que c'est surtout un argument contre le contractualisme. C'est Foucault qui identifiait la menace que le contractualisme représentait pour l'individu (essentiellement l'idée que le contractualisme offre une justification de la peine de mort; cf. Rousseau). Ce n'est pas entièrement juste mais ça s'applique bien à ces inepties sur les droits et les devoirs.
  8. Hin hin hin Mais comme disait Nietzsche, Charles Consigny vient quand il veut, et non pas quand je veux!
  9. N'empêche je vais regarder Charles Consigny sur les questions économiques. En plus il est trop beau. Edit Sauf que sa voix est extrêmement pénible et qu'il est complètement nul. Dodo.
  10. mais là c'est la multiplication des panes parce que c'est quand même le 2e débat. encore plus consternant que le 1er dirait-on. en plus ils ont l'air tellement vieux l'un avec ses lunettes l'autre avec sa sourditude
  11. "Ceux qui ne se mettent pas d'accord avec toutes les présuppositions nécessaires à ce que j'aie raison, je discute pas avec." On appréciera de voir Nietzsche et les nietzschéens avec les fascistes. C'était vraiment un plaisir de débattre avec toi. En ce qui me concerne, enough with this shit. Amuse-toi bien.
  12. Person A: "No Scotsman puts sugar on his porridge." Person B: "But my uncle Angus is a Scotsman and he puts sugar on his porridge." Person A: "But no true Scotsman puts sugar on his porridge."
  13. oui cest vrai jai jamais rien écrit de développé sur la critique de leudemonisme ou de l’hédonisme dans Nietzsche ou kant, sur tes interprétations farfelues du premier et sur les études “empiriques” bidon sur le bonheur (auxquelles tu aurais bien sûr répondu dans les six mois je n’en doute pas) et de manière générale je ne me casse jamais les pieds à écrire des wall of text, je devrais vraiment faire un effort et lutter contre ma tendance irrésistible à la concision pour te faire plaisir Exemple typique de cas où tu as clairement pris en compte les trouzmille objections soulevées contre ta position par quasiment tous les membres du forum Quand je parle de réduire le malheur je considère le libéralisme en question comme une pensee politique qui s’occupe donc du pouvoir et de la sphère publique (les hommes en tant que citoyens) et pas de la vie privée (hommes et femmes). Le malheur n’est pas définissable sans avoir en creux la vie bonne? Je sais que le vol c’est mal ça veut pas dire que je sais ce qu’est la vie bonne. Si tu me réponds “une vie où on vole pas” ça va pas suffire pour conduire ma vie. Comme tu le dis c’est purement négatif. Donc je veux bien que tu me reproches d’avoir une conception négative du bien mais va pas ensuite m’expliquer que j’ai une conception de la vie bonne cachée. “Moi je”
  14. TL;DR Il n'y a pas d'éthique de la discussion ou d'intersubjectivité qui tienne dans la relation analysé/analysant parce que l'analysé n'entend pas ce qu'il dit et que seul le psy peut y conférer un sens et ainsi, pace Habermas, on arrive à la vérité. Mais de façon générale et caractéristique, je ferai des réponses plus courtes quand j'aurai encore plus lu (Lacan). Ma facilité à résumer Putnam et Nozick dans le message à Lancelot et ma difficulté à résumer Lacan dans ce message incomparablement plus long montre assez bien mon degré de maîtrise des auteurs respectifs. Mais then again, Lacan n'est pas le genre d'auteurs qu'on peut "maîtriser". Mais je crois quand même que je ferai mieux dans six mois. Arriver à passer de "penser à l'écrit" à "expliquer".
  15. Ce n'est pas de la fausse modestie: je ne suis pas du tout un spécialiste de Lacan (je commence juste à pouvoir répondre à certaines questions sur r/Lacan) et je pense même qu'une des grosses difficultés qu'il y a à lire Lacan, et c'est précisément la réponse à ta question, c'est que Lacan met en évidence que le type de savoir qu'il transmet est fondamentalement différent de la philosophie (il dit quelque part, et c'est célèbre: "je m'insurge contre la philosophie") au sens où ça n'est pas un savoir théorique ou un contenu qu'on peut maîtriser délivré par quelqu'un qui dit des choses vraies dont on peut discuter. Il y a un discours universitaire et un discours de l'analyste. Le psychanalyste ne "maîtrise" pas un savoir comme un philosophe qui écrit un livre ou fait une conférence et répond à des questions: il faut un savoir et une pratique immense pour ensuite pratiquer, càd savoir jouer un certain rôle devant le patient, de façon différente avec chaque patient, ce qui est aussi une immense responsabilité. Quand un philosophe lit Lacan, il fait avant tout l'expérience d'un discours qui ne lui est pas adressé. Donc je pense que, à part Zizek (qui n'est pas psychanalyste, même si on le présente parfois comme tel), à peu près aucun philosophe ne peut prétendre connaître Lacan. Il faut se référer à des psy pour the real stuff (Jacques-Alain Miller, Bruce Fink, Joel Dor) même si Zizek est fun et brillant. C'est pertinent pour la question que tu soulèves, parce que Lacan s'oppose historiquement à l'ego psychology qui, aux USA, reprend des bouts de la théorie freudienne, càd qu'ils traitent Freud comme un mec qui dit des trucs vrais ou faux, faut voir. En gros, ils le traitent comme un philosophe (ou un scientifique, ça revient au même du point de vue du discours). Lacan le traite comme un maître, càd quelqu'un qui a une autorité. Quand il a rompu violemment avec l'Ecole freudienne de Paris et créé l'Ecole de la cause, il s'est adressé à ses disciples comme "à ceux qui m'aiment", parce qu'il pensait que la seule façon de transmettre un enseignement psychanalytique était transférentielle (le transfert c'est quand tu tombes amoureux de ton analyste (je résume hein), en tout cas quand les résistances cessent de se manifester et c'est le début de la cure; pratiquement, ça veut dire qu'au lieu d'être assis face au psy, tu passes sur le divan où tu ne vois plus que le plafond). Alors on entend déjà crier les critiques de Lacan (genre Chomsky): vous voyez bien, c'est un imposteur, il raconte n'importe quoi à des ouailles fanatisées, c'est un obscurantiste. Bien au contraire: Lacan veut plutôt dire que le discours lui-même, l'univers symbolique comme il l'appelle, et le "grand Autre" (tout ça c'est la même chose), a une structure par définition autoritaire, et la psychanalyse (je vais donner un exemple tout de suite) vise à nous en délivrer plus ou moins. Mais il faut comprendre ça dans un sens psychanalytique: quand tu es allongé sur le divan et que tu associes librement comme un con, tu blablates dans l'air en attendant la réponse, la remarque, ou le silence, de l'analyste: l'analyste est celui qui va, par un mot, une phrase, donner soudain un sens à ce que tu déblatères, un sens qui s'entend dans ce que tu dis. Selon la formule lacanienne: « Qu'on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s'entend ». (Explication no bullshit de cette phrase) Le psychanalyste te fait entendre ce que tu dis. Tu es l'esclave (celui qui travaille) et il est le maître (dans Hegel). On peut aussi se souvenir de la phrase de Freud das Ich kein Herr sei in seinem eigenen Haus. L'idée est que l'analysé n'est pas le maître de sa chaîne signifiante (la combinaison des signifiés, voir exemple ci-après). Devant cet acte de donation de sens, si on veut, il n'y a pas la rétraction possible de: ah mais discutons-en, je ne suis pas d'accord avec vous etc. (la discussion éclairée habermassienne) De toute façon tu peux très bien le dire mais ce qu'il t'a dit ne cesse pas de signifier quelque chose pour toi qui remet en question ton univers symbolique. Je vais prendre un exemple: il y a un cas de Lacan où une femme avait été enlevée par la Gestapo et était évidemment traumatisée (source) et Lacan se lève soudain et lui caresse doucement la joue ("geste à peau"): en faisant ça, il lui donne la possibilité de réinvestir ce signifié (Gestapo) en son contraire (d'un souvenir de torture en une marque de tendresse) et donc de sortir du traumatisme en réorganisant l'univers symbolique. Evidemment, ça ne supprime pas la douleur, ça serait obscène de prétendre ça, mais la psychanalyse n'a jamais rendu personne heureux. On n'est pas chez les hippies. Quand je parle de libération, ça n'a rien à voir avec la libération sexuelle. Et quand Lacan parle de "ne pas céder sur son désir", il n'a pas non plus en tête quoi que ce soit de ce genre (là-dessus faut dire que Zizek est super clair). Je pourrais continuer là-dessus, ça a une connexion intéressante avec une erreur commune faite sur la psychanalyse qui est de mettre dans la tête des gens ce qu'ils ne pensent pas (la critique de Wittgenstein) mais j'essaie de rester sur la question du langage comme structure autoritaire. Maintenant de façon plus théorique: l'ordre symbolique dans lequel est inscrit le sujet est à la fois fini (notamment limité par le Réel, ce que la symbolisation a rejeté par définition) et infini (il y a un nombre infini de combinaisons des symboles en nombre fini, càd qu'il n'y a rien qui ne puisse être dit dans un langage symbolique: on peut y voir un point wittgensteinien: il n'y a pas de point de vue à partir duquel je pourrais dire les limites du langage). Le signifiant qui tient lieu de cette tension dans le champ symbolique est le "maître signifiant". Pourquoi le maître? Parce que le maître, celui qui a l'autorité, celui dont on pense que ce qu'il dit est vrai pas parce que c'est vrai, mais parce que le maître l'a dit, l'apôtre si vous voulez, et non Socrate (j'emprunte au livre de Zizek cette distinction), se trouve dans la position dans l'ordre symbolique de ce manque dans la structure. Là aussi, se trouver dans une position dans l'ordre symbolique a l'air d'un charabia infâme, mais ça veut dire quelque chose de très concret: par exemple, dans North By Northwest de Hitchcock, Roger Thornhill (Cary Grant) est confondu, à la suite d'un geste qu'il fait à l'hôtel, avec un soi-disant espion du nom de Kaplan. Il prend, dans l'univers symbolique, la place de Kaplan. Mais Kaplan n'existe pas: c'est une invention des services secrets pour surveiller des criminels (les cinéphiles du forum me corrigeront si je dis une bêtise là-dessus; le point important est qu'il n'y a pas de "vrai" Kaplan). Donc Thornhill prend une place vide dans l'ordre symbolique: il est un imposteur sans le savoir. Le maître, lui aussi, est un imposteur, mais la place qu'il occupe, elle, est nécessaire. Il ne s'agit pas d'une imperfection contingente de la communication due à notre irrationalité ou à nos préjugés comme dans Habermas. Il y a dans la théorie de Habermas une fiction régulatrice qui est un peu l'équivalent du marché libre en économie (ou l'ERE de Mises si vous préférez ou le principe de Hardy-Weinberg en biologie; chaque théorie scientifique a sa fiction régulatrice): si nous échangeons des arguments rationnels dans un environnement sans contraintes blabla nous arriverons à un consensus éclairé. Mais il y a une autre situation de discussion "sans contraintes": c'est la séance d'analyse. Elle est "sans contraintes" au sens où l'autorité du "maître signifiant" est enfin rejetée dans l'association libre. La résistance est la marque du pouvoir du "maître signifiant": ce qui te retient, inconsciemment, d'associer, ce qui te fait parler d'autre chose. On connaît tous les anecdotes sur Lacan qui laisse la porte ouverte, qui laisse le téléphone sonner, qui interrompt la séance au bout de 5 minutes: il faisait ça pour signifier: je m'en fous de ce que vous racontez, vous ne jouez pas le jeu. On n'est pas là pour dire ce qu'on veut. Tout ça pour dire que, comme je l'écrivais à @Lancelot, Lacan permet de penser que l'intersubjectivité n'est pas l'horizon ultime des rapports humains ni le mètre-étalon de la constitution de la vérité: le psychanalyste aussi est à la recherche de la vérité quand il t'écoute déblatérer. Et la vérité, c'est le désir qui essaie difficilement de s'articuler. Il y a une dimension libératrice: il s'agit de délivrer de la puissance du symptôme, pas en disant au patient: arrêtez, je sais mieux que vous ce que vous désirez. Tout le contraire. Il s'agit de lui permettre de le formuler lui-même, pour briser l'insistance de "ce désir qui, littéralement, est en-deçà de l'existence, et pour cela insiste" (Lacan; on reconnaît son style mallarméen). (Une question qui reste ouverte pour moi est le rapport de la psychanalyse à la religion et à la notion de personne. Freud, on le sait, était profondément athée et considérait la religion comme une superstition. Lacan, pas du tout.) Donc il y a une dimension libératrice. Mais la liberté totale, c'est la psychose. Celui qui vit littéralement et expérimente dans sa vie constamment quelque chose comme l'association libre en cure, c'est le psychotique, dont l'univers symbolique recouvre tout, qui ne connaît pas d'exception. On peut prendre en exemple les grands systèmes philosophiques qui touchent à l'Absolu: Hegel, grand psychotique. C'est le prix de la délivrance du grand Autre. Pour nous autres êtres parlants, dans la mesure où précisément nous parlons, càd que nous avons été castrés par le symbolique, où il nous manque quelque chose que la parole re-présente, nous ne pouvons échapper au grand Autre (Lacan utilise, pour faire comprendre ça, la conception platonicienne de l'amour: après la castration/la division en deux des hermaphrodites, chaque "partie" cherche sa partie complémentaire et l'amour, c'est quand on la trouve; le grand Autre naît de la castration; Leo Strauss commente le mythe de l'hermaphrodite dans le Banquet de façon extrêmement lacanienne quand il écrit que la castration, c'est la civilisation. Les écrits de Lacan sur l'amour (Le Transfert) et l'éthique de la psychanalyse (L'Ethique de la psychanalyse) sont vraiment passionnants même si ce n'est pas le terme qui convient. Par ailleurs Le Transfert ça se lit relativement aisément.) En parlant de castration si vous voulez une intro simple à Lacan: (et aux relations humaines en général; il y a une variante racontée du point de vue du cercle (big O, le langage avec un trou, vous voyez maintenant?) où le cercle jette la pièce manquante parce qu'il ne peut plus chanter: "Je cherche ma pièce manquante", et qu'il avait plaisir à chanter, donc à désirer: le désir est dans le signifié, le désir est, pour le dire en bon français, dans le discours sur le désir. Les humains ne font pas l'amour en se sautant dessus: il y a la cour, le dirty talk, la discussion "après", les poèmes, et même jusqu'à la mention du nom de l'aimé; et bref à la fin le grand 8 rappelle la matrice de la pulsion, qui se perpétue elle-même.) Quand on y réfléchit, la plupart des critiques influentes de la psychanalyse en philo (j'en vois deux, Popper et Wittgenstein) se font du point de vue d'une sorte d'éthique de la discussion: Popper avec la falsifiabilité, Wittgenstein avec les causes et les raisons (la psychanalyse doit donner les raisons par exemple des rêves, et donc avoir pour standard de validité dans ses explications l'assentiment du patient; lol tu parles si on soignerait beaucoup de gens à ce rythme). Lacan aide bien à voir pourquoi elles ne sont pas fondées.
  16. J'ai encore lu Lacan aujourd'hui (je dis ça comme: pardonnez-moi mon père parce que j'ai péché) et quand même, il me semble que la relation psychanalytique elle-même donne un exemple du Réel qu'on atteint sans passer par l'horizon indépassable de l'intersubjectivité. On sait aujourd'hui à quel point c'est à la mode de parler du visage de l'autre Lévinas "and so on and so on" comme dirait Zizek. Mais on oublie que dans la cure, on ne regarde pas le psy: tu es allongé, le psy est derrière toi (en train de se branler ou de jouer aux cartes probablement) et tu es profondément seul, 1 + quelque chose d'autre, qui est moins que 0 et plus que 1, donc l'objet. L'analyse permet de mettre les mots sur cette chose (le Réel) sans passer par l'intersubjectivité, voilà la formulation la plus concise de ce que j'essaie de dire, et j'espère ne pas me tromper. Lacan est aussi une machine à détruire l'éthique de l'argumentation (Apel, Habermas) pour la même raison. C'est diabolique car le cours sur la philo et la psychanalyse que je voulais suivre et hésitais en même temps à suivre à Paris I est annulé (prof malade). Gott im Himmel! Sur la citation que tu donnes (et qui me donne envie de lire K Dick davantage), c'est curieux parce que ça me fait penser plutôt à la superstition. Il y a l'histoire sur le fer à cheval de Niels Bohr: https://www.laphamsquarterly.org/magic-shows/miscellany/niels-bohrs-lucky-horseshoe Mais elle peut introduire l'hypothèse du rêve, parce que c'est parce qu'on ne croit pas qu'on rêve qu'on rêve, et c'est quand on commence à croire qu'on rêve qu'on cesse de rêver, si bien qu'on ne peut jamais savoir qu'on rêve (si par connaissance on entend, comme c'est le cas généralement, justified true belief), ce qui est justement l'hypothèse sceptique du rêve. Elle a de nombreuses formulations: il y a la Méditation première de Descartes (d'abord littéralement au début, puis l'hypothèse du malin génie), reprise par Pascal. Descartes propose une seule solution: Dieu est bon, donc il ne me trompe pas. Pascal propose une autre solution: la veille est plus cohérente que le rêve. Mais j'ai jamais très bien compris à quoi ça nous avançait, puisque l'hypothèse du rêve est qu'on rêve tout le temps. Husserl a une idée proche de Pascal, à savoir qu'on a de l'intersubjectivité dans la veille et pas dans le rêve (mais même problème bordel). Ensuite la philo analytique s'est emparée du truc et en a fait des choses comme ça: https://en.wikipedia.org/wiki/Brain_in_a_vat https://plato.stanford.edu/entries/skepticism-content-externalism/ La solution de Putnam (sémantique, I know what a surprise) est d'une élégance inégalée mais elle présuppose aussi une intersubjectivité et je ne vois pas pourquoi on pourrait pas rêver ça ni en quoi ça empêche que je sois en fait en train de rêver depuis 2020 seulement (ça expliquerait bien des choses). Contre l'argument de Wright enfin j'ai envie d'objecter qu'une dichotomie entre mon langage et le BIVese (langage des Brains In a Vat, BIVs) présuppose elle aussi qu'il soit possible de distinguer la veille du sommeil, donc ce qu'on est censé trouver. De même pour les raisonnements cartésiens a priori au parfum de preuve ontologique à partir du fait que nous avons le concept de BIV. Le raisonnement que je préfère et qui n'est pas mentionné dans l'article linké de la SEP, c'est celui de mon cher Nozick dans cette mine bordélique que sont ses Philosophical Explanations (j'ai relu le début en novembre et pouf j'y ai trouvé la source d'un mini-mémoire! littéralement une mine). Il explique que to know is to have a belief that tracks the truth, et que la "connaissance" que je suis un CDUC, dans la mesure où elle est causée par la simulation, n'est pas truth-tracking: par exactement le même mécanisme, moyennant les contrefactuels appropriés, je pourrais être mené à croire que je suis Elton John. Donc même si je ne peux pas savoir si je suis ou non un CDUC, ça n'empêche pas d'autres connaissances dans le monde d'être truth-tracking et donc d'être possibles (par exemple que j'ai des cheveux bruns ou que j'ai deux mains, pour prendre l'exemple célèbre de Moore de "preuve du monde extérieur"; par contre je précise que je n'ai pas lu Moore, seulement ce qu'en dit Wittgenstein dans On Certainty, mais je vais réparer cette lacune bien vite; et si ça t'intéresse, il y a un énorme article de Kripke sur la conception truth-tracking de la connaissance dans Philosophical Troubles (aussi à lire en ce qui me concerne, je reviendrai peut-être poster quand je l'aurai fait)). Mais ça ne nous donne pas de critère pour savoir si, là maintenant, je rêve ou pas. Je trouve que ce site donne un résumé à la fois exact et concis de l'argument: https://iep.utm.edu/nozick/#H3 La conclusion, à savoir que knowledge is not closed under logical implication, est vraiment importante, mais bref on voit bien que ça ne nous protège pas entièrement contre le sceptique. C'est d'ailleurs ici que je voudrais ajouter un point intéressant à quoi je réfléchis depuis quelques jours (et qui ne vient pas d'une lecture en particulier): quand je vois quelque chose de fake, est-ce que je vois quelque chose d'autre qui me fait déduire que c'est fake (par exemple une image de synthèse que je devine parce que, disons, les personnages n'ont pas d'ombre: donc c'est en voyant une absence d'ombre que je vois pour ainsi dire "transitivement" le fake) ou est-ce que je vois quelque chose comme une intrinsic fakeness comparable à une couleur ou autre propriété observable de l'objet? De même avec la réalité: avant de chercher une solution de type mooréenne (proof of the external world putain j'adore ce titre), il faudrait s'accorder sur ce qu'on cherche: est-ce qu'on cherche à se mettre dans les circonstances d'une sorte d'expérience cruciale qui va nous permettre, en faisant varier un paramètre, à l'exemple des ombres dans les images de synthèse (j'ai dit ça au pif mais la toupie de Inception est un autre exemple de ça), de décider par déduction de la réalité ou de la fakeness de ce qu'on vit, donc de l'expérience (une expérience dans l'expérience qui qualifie la big expérience: ça commence à ressembler à Hegel et Lacan sur l'émergence de la conscience), ou est-ce qu'on cherche plutôt une caractéristique de la big expérience directement. Ça ressemble un peu à un autre vieux problème de métaphysique qui est: est-ce que je vois des particuliers ou est-ce que je vois des universaux, au sens où si je vois des universaux, alors l'expérience du rêve est indissociable de la réalité, parce qu'autant on peut me dire: mais tu ne peux pas voir ta vraie mère dans ton rêve, autant je peux voir la forme de ma mère (sa definite description dirait Russell) dans ce qu'elle a d'universel (qui pourrait être, si on était dans la réalité, une femme indiscernable d'elle, si on veut bien m'accorder que l'indiscernabilité n'est pas l'identité (ce qui est bien le cas, puisque l'indiscernabilité n'est pas transitive alors que l'identité, si)). Et en même temps ça se renverse, càd: quand quelque chose est réel, à quoi est-ce que ça se voit? Peut-être une façon de rendre la dichotomie que je propose plus compréhensible est la suivante: donc on va partir du principe que certains effets spéciaux mal faits se voient parce que les acteurs n'ont pas d'ombre. So what? On n'a qu'à ajouter de fausses ombres. Est-ce que par ce genre de processus (en ajoutant des faux trucs là où manquent certaines features de la réalité) on va pouvoir créer une illusion de réalité, ou est-ce que les faux trucs ont une intrinsic fakeness qu'ils portent sur leur tête? Et maintenant une question de psychologie empirique: est-ce que c'est la même perception ou le même état neurologique d'être choqué par l'absence de quelque chose qui devrait être là (j'ai envie de parler de la peur de la castration mais tenons-nous en aux ombres des effets spéciaux tels que je les imagine ou l'absence de reflet des vampires) et d'être choqué par quelque chose d'intrinsèquement surnaturellement flippant, sans déduction? Voilà ce que je voulais dire par 'hypothèse du rêve'
  17. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Sérieusement Sa tête devrait faire la couverture de la prochaine réédition de poche de Houellebecq. Quand je la vois mon cerveau me murmure: "Les doutes qui avaient pu occasionnellement, au cours de ma vie abstraite et solitaire, m'assaillir avaient à présent disparu: je savais que j'avais affaire à des êtres néfastes, malheureux et cruels; ce n'est pas au milieu d'eux que je trouverais l'amour, ou sa possibilité, ni aucun des idéaux qui avaient pu alimenter les rêveries de nos prédécesseurs humains; ils n'étaient que le résidu caricatural des pires tendances de l'humanité ordinaire, celle que connaissait déjà Daniel1, celle dont il avait souhaité, planifié et dans une large mesure accompli la perte."
  18. En vrai je vis de l'autre côté (côté Mouffetard) donc je vais assez rarement côté Luxembourg (Saint Jacques, Soufflot etc). Sauf quand je prends mon petit dej au Comptoir du Panthéon.
  19. Ah mais rue saint Jacques c’est chez moi. J’avais pas percuté. Merci du coup
  20. Oui j’aurais du trouver un meilleur exemple de truc dont le fait que je ne l’ai jamais fait ne prouve pas mon mépris ou mon manque d’envie de le faire Je n’ai jamais couché avec Scarlett Johansson
  21. Well je ne vais pas répondre à cela, je pense que tu vas te faire fusiller sur place Mais je n'ai jamais lu d'autres romans graphiques (Frank Miller, Alan Moore). Pas par mépris. Juste comme j'ai jamais été en Russie, n'ai jamais lu Trollope ou mangé du requin.
  22. Oui dans ce cas parce que c'est plus proche d'un roman graphique. Sinon je lisais déjà Tintin, Astérix et Obélix, Achille Talon, Spirou et Fantasio et mon cher Alix.
  23. Je lis trop de marxistes en ce moment ça doit être ça mais j'ai quand même envie de dire que dans la catégorie des combats politiques, ce genre de découverte de la Lune est bien un truc de bourges. Ensuite son argumentaire est digne d'un ado: elle croit qu'on ne fait jamais de choix sans avoir toute l'information, alors qu'on fait exactement ça tout le temps. Et j'ajouterais qu'on ne peut pas avoir toute l'information, et que c'est pour ça qu'on fait des choix. Mais maintenant je pense à Bergson, qui écrit qu'on ne choisit jamais deux options qu'un moi unique va ou non embrasser: on choisit la personne qu'on va être, et qu'on peut pas être avant d'avoir fait ces choix. Bergson va même plus loin dans son analyse de la délibération: pendant que je pondère entre deux options, je passe par une série d'états qui me rapprochent tantôt de l'une, tantôt de l'autre option, jusqu'à ce que ces hésitations m'aient suffisamment transformé pour que je sois déjà devenu la personne qui va faire X ou Y ("jusqu'à ce que l'action libre s'en détache à la manière d'un fruit trop mûr"). Mais elle est trop fan de sa petite personne pour faire un tel choix apparemment, càd pour changer. 150 ans d'existentialisme pour en arriver à ça. Ce n'est pas le moindre des paradoxes qu'on vive dans une société aussi obsédée par la question du consentement quand il s'agit des femmes et du sexe, pour ensuite piétiner cette notion fourre-tout quand il s'agit des vaccins. D'un côté, dans une soirée, on vous explique que "peut-être", un silence, etc. ça veut dire "non", on monte des séries sur Netflix où les personnages se demandent toutes les deux secondes "is that ok with you if I...", et de l'autre, on explique que si vous avez voté pour un mec un jour il y a cinq ans, vous avez consenti à tout ce qu'il va faire pendant les 1825 jours suivants. Je n'avais pas encore vraiment réfléchi au rapport entre les deux, pourtant à mon avis très révélateur, mais madame me le donne sur un plateau: dans les deux cas, il repose sur l'illusion qu'on peut avoir toute l'information pour faire un choix et qu'on doit l'avoir avant. Un gauchiste intelligent dirait que c'est le modèle de l'homo economicus étendu à la vie entière, mais les lecteurs de Hayek, Coase et Schumpeter sur l'art de l'entrepreneur savent que c'est le contraire. L'idéal serait qu'on naisse avec un fichier contenant toute notre vie à l'avance (l'haecceité de Leibniz), qu'on puisse savoir quels choix faire, mais comme ça n'a aucun sens, qu'on puisse en fait se libérer de la "charge mentale" de faire des choix. Il y a de l'"information" out there, mais jamais elle ne s'imagine que la seule manière (parfois) d'acquérir de "l'information", c'est de faire une expérience. Le résultat est toujours difficile à prédire, mais même s'il est prédictible (you are not a beautiful and unique snowflake), est-ce que ça veut dire que nous sommes moins libres pour autant? Je ne pense pas.
  24. Sinon Maus c'est incroyable. Je crois que c'est mon premier vrai souvenir de lecture marquant.
  25. Les ravages du bouddhisme new age Zizek/ mein gott haven’t these people heard about Freud /Zizek
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