Ca suscite plusieurs réflexions chez moi :
Premièrement, la conscience, c'est un peu comme l'intelligence (et à plus forte raison l'ia), il n'y a pas de définition unique qui fasse autorité. Les programmes de recherches en particulier en sc cognitives et philo contemporaine la ramènent souvent à l'expérience subjective (c'est la conscience phénoménale de David Chalmers), ce qui a le mérite d'être clair et débattable, mais l'histoire de la philosophie moderne nous a légué un lexique assez riche en fonction des traditions intellectuelles qu'on explore (Rousseau, Hegel, Husserl, que sais-je encore). Pourquoi certaines entités ont des expériences subjectives qui ne se ramènent pas à l'observation objective de la physique et de la biologie ? Comment ça se passe concrètement ? Il y a un substratum physique de l'injustice ou du son des cigales tel que je l'entends moi ? Les réponses sont multiples et pour l'instant ne sont pas tranchées. Les tentatives de naturalisation radicale de l'esprit pour l'instant ont tendance à raser l'essentiel, à savoir, comme tu le suggères, les outils indispensables à l'exercice de la liberté. Quand je lis Tegmark qui nous explique qu'on retrouve des entités non conscientes qui peuvent se donner des buts en prenant exemple sur des minéraux, je me demande vraiment comment autant de confusion sur les termes est possible pour faire passer son physicalisme.
Deuxièmement, la conscience est effectivement centrale dans le libéralisme, mais sous l'angle 'liberté de conscience' : on invente le terme de conscience (et de liberté de conscience) pour détacher les individus des conceptions théologiques de l'Eglise au cours des 17e et 18e siècle. Ici, liberté de conscience, c'est plus capacité (subjective) à choisir plus qu'expérience directe, j'ai l'impression. Ca ne me semble pas être exactement le même sens, même si le trait commun, c'est la reconnaissance du caractère irréductible de la subjectivité.
Troisièmement : je ne suis pas sûr de bien comprendre la conscience qui fait référence à elle-même. Après tout, elle a un langage qui est 'public', et tout le monde peut le comprendre et indiquer par ce biais ce que nous expérimentons en commun, non ?
Quatrièmement, je ne comprends pas très bien l'articulation entre conscience et politique (et encore plus, politique, gestion et conscience). Il faut se rappeler que la reconnaissance de la subjectivité en théologie puis en politique au cours des 17 et 18e siècle a impacté la politique de manière essentielle > On a rangé au placard les conceptions classiques à la Aristote/Platon/St Thomas qui en gros la modelaient sur une conception 'objective' de l'âme (l'ordre politique renvoyait à celle de l'âme et les deux devaient se coordonner) pour une conception en termes d'artifices ou de conventions qui peuvent se passer d'une réflexion globale sur l'intériorité : parce que les hommes sont dotés de consciences libres, ce n'est plus sur ce pivot qu'il faut s'appuyer pour reconstruire l'ordre politique/social.
Cinquièmement, sur la séparation entre gestion publique et politique, c'est déjà un peu le cas avec la régulation par le droit, et qu'en France, cette division a pris (historiquement) une forme singulière avec le poids de l'administration (et l'invention du service public durant la seconde partie du 19e siècle). Bien entend, on ne prend pas appui sur la question de la conscience, mais l'idée ici est de dire que la distinction n'a pas ama été très efficace pour contenir l'expansion de l'Etat et la politisation de la société.
Une petite vid de Lucien Jaume pour comprendre ça :