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F. mas

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Tout ce qui a été posté par F. mas

  1. Je viens de lire deux livres très intéressants, qui adoptent tous les deux une démarche "institutionnaliste" en économie pour traiter du même sujet, le capitalisme. Le premier est Prospérité, puissance et pauvreté, Pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres, de Acemoglu et Robinson (le livre a fait un peu de bruit à sa sortie) : l'idée est de montrer que la clef du développement et de la prospérité repose sur des institutions politiques (inclusives) qui incitent les individus à s'enrichir et s'autonomiser politiquement (grâce aux droits de propriété, à un certain degré de centralisation étatique, etc). Les auteurs opposent à ces institutions des institutions extractives, qui, en gros, sont synonymes de rente économique pour une fraction minoritaire de la population. Grâce à cette grille de lecture, les auteurs jugent un certain nombre de régimes présents ou passés pour expliquer leur échec ou leur triomphe. Le second est Conceptualizing Capitalism, de Geoffrey Hodgson. Comme son titre l'indique, l'ambition du livre est de donner une définition claire du capitalisme. Inspiré à la fois par Marx, Schumpeter et Hayek, l'auteur fait du coeur des institutions légales la spécificité du capitalisme. Sa démarche n'est pas sans rappeler celle de Hernando de Soto et son mystère du capital : la rupture du capitalisme repose essentiellement dans les procédures juridiques qui garantissent la propriété et la possibilité de la faire fructifier (à travers un Etat protecteur du droit). Il y a un passage critique très intéressant sur le "libéralisme de l'ordre spontané" et la différence entre droit et convention/coutume (la coutume n'est pas le droit). L'auteur a pris la peine de critiquer de manière argumentée des auteurs qu'il a lu (Hayek, Benson). Un autre adressé en particulier à l'école autrichienne (Mises, Bohm Baverk) relève leur propension à naturaliser la propriété (et donc ne pas percevoir la rupture entre société capitaliste et précapitaliste). Bref de quoi réfléchir un peu.
  2. F. mas

    Supa Playlist!

  3. Excellent, merci Rusty !
  4. Le terme renvoie à un champ de recherches complet en science politique, mais il faut dire qu'une partie non négligeable de ce champ de recherches est occupé à le définir. Dès qu'on écarte les définitions vulgaires (néolibéralisme = tout ce que je n'aime pas), il y a quelques auteurs qui surnagent et qui me paraissent intéressants pour trouver ce qu'il a de nouveau dans le libéralisme contemporain (avec, bien entendu, des réserves et bien souvent des approximations). Le portrait est souvent à charge, mais on retrouve dans l'histoire du libéralisme politique (notamment au moment du colloque Lippman) des tentatives de définitions de néo-libéralismes. J'ai l'impression que dans le domaine de la sociologie francophone, Bourdieu a beaucoup fait plus rendre le terme confus, insultant et caricatural. Mais je ne suis pas un spécialiste. http://www.monde-diplomatique.fr/1998/03/BOURDIEU/3609 En général, les critiques du néolibéralisme sont sans intérêt quand on a affaire à des auteurs qui n'ont qu'une vague idée de ce qu'est le libéralisme, l'économie politique et ce qu'en disent ses théoriciens. Il n'y a rien de plus exaspérant que de lire sous la plume d'un politologue, d'un sociologue, d'un philosophe ou d'un économiste des critiques qui renvoient à des clichés et/ou à des études sans avoir lu une seule ligne de littérature sur le sujet. Un exemple : http://raison-publique.fr/article824.html Sur le néolibéralisme, Serge Audier a un avantage sur ses concurrents : il a lu les textes et propose une interprétation (certes critique, le bestiau en appelle aux mannes de Bourdieu) de l'histoire du libéralisme contemporain et donc du néolibéralisme : Pour lui, le néolibéralisme apparaît après la crise du libéralisme classique et sa quasi-disparition (il en fait la généalogie historiques) pour renaître en s'associant étroitement à la science économique : la seconde vie du libéralisme serait celle de sa relégitimation par des méthodes qui se veulent "scientifiques" ou "objectives". En gros, le néolibéralisme, c'est le libéralisme + une nouvelle science éco qui appuie son assise intellectuelle (et donc la nécessité de réformer l'Etat social et de combattre les écoles concurrentes). Le "constructivisme libéral" me semble plus correspondre à ce qu'en disent Pierre Dardot et C Laval : pour ces épigones de Foucault et Marx, le libéralisme classique était confronté à un problème de gouvernementalité : il n'y a pas d'institutions politiques libérales, de manière de gouverner proprement libérale, qui correspondaient à la société libérale (que ça soit la monarchie, la démocratie parlementaire, etc). Le néolibéralisme est en quelque sorte la résolution du problème par l'intégration de l'Etat au marché, c'est à dire par une réassignation de sa fonction comme promoteur du marché (à noter que selon cette interprétation, les libertariens ne sont pas néolibéraux, contrairement à celle de S. Audier).
  5. Sur le premier point : Marx prétend effectivement accomplir l'économie politique, mais un certain nombre de concepts qu'il utilise vient directement des économistes français, comme par exemple, la lutte des classes. Sur le sujet, le livre de M. Leter est assez éclairant, on y apprend que la dette de Marx à l'endroit des Français est immense. Là encore, mon propos est simplement de dire que ce n'est pas parce qu'on réclame d'un auteur qu'on en monopolise le sens ou l'interprétation (heureusement!). Sur le second point : oui Sur le troisième point : Mises trouve Kant derrière le marxisme, certains Joachim de Flore ou Croce, Strauss y voit une synthèse entre Platon et Hegel... Le propos de Mises me semble un peu rapide (et j'ai un peu envie de dire look who's talking !) Le néo-kantisme allemand donne l'école de Marbourg... mais aussi Hans Kelsen, le kronjurist (si j'ose dire) de la république de Weimar, qui est un peu le prototype de libéralisme kantien (pas spécialement fun, je te l'accorde).
  6. "Une ligne facile à reconnaître conduit de la conception mystique du devoir de Kantet de l'idolâtrie de l'État de Hegel à la pensée socialiste. » -Ludwig von Mises, Le Socialisme, 1922." Moui enfin on retrouve aussi derrière toute la réflexion marxiste l'influence de l'économie politique, école de Paris comprise, ce qui ne fait pas nécessairement de ses prédécesseurs des marxistes. C'est un argument qui tient un peu de la sophistique, non ? Que le kantisme ne parle pas le langage lockien du droit naturel c'est un fait, mais Kant admire la révolution française, et pour lui, le républicanisme est une idée pure de la raison : la question fondamentale demeure la soumission à la loi. Alors que pour Locke, on choisit le gouvernement civil par intérêt (et donc en est en droit de le répudier s'il viole les intérêts des individus qui ont institué l'arbitrage gouvernemental), pour Kant l'institution de la république est à l'image de sa morale reposant sur l'autonomie de la volonté : c'est un devoir, un diktat de la raison. Le contrat originaire produit un gouvernement représentatif, même s'il n'a pas effectivement de droit de résistance, ce qui du point de vue kantien est totalement logique (admettre ce droit signifierait l'admission d'une contradiction interne incompatible avec sa prétention à l'idéalité rationnelle). @Dardanus : hélas non https://en.wikipedia.org/wiki/Whig_history
  7. Deux petites précisions l'une sur la gauche américaine (j'ai l'impression d'avoir été un peu elliptique), l'autre sur Fukuyama : - Après-guerre, et notamment au moment où Arendt écrit, le milieu progressiste porte un regard plutôt bienveillant sur les institutions américaines, qu'il interprète à l'aune du "consensus libéral" ou "consensus lockéen" (libéral=prog), à l'image de ce qu'en dit Louis Hartz dans The liberal tradition in America. Dans ce livre très intéressant, inspiré à la fois par Tocqueville et Locke, Hartz cherche à répondre à la question suivante : pourquoi n'y a-t-il pas eu de mouvement révolutionnaire aux USA ? Réponse : parce qu'il n'y a pas eu de féodalité, pas de régime inégalitaire et autoritaire à combattre, et qu'en quelque sorte, les Américains sont égaux dès l'origine. L'égalité naturelle entre individus qu'on retrouve dans les écrits de Locke est au cœur de l'esprit des institutions US, ce qui les rend naturellement progressistes (vive le new deal se situe dans cette veine). Ceci pour dire qu'il n'y a pas nécessairement contradiction entre être très très progressiste et préférer le régime représentatif (et donc Montesquieu) US à celui français (la volonté générale, Rousseau et la "volonté perpétuellement commandante"). C'est parfois difficile à comprendre quand on ne resitue pas les querelles ou les débats au sein des contextes historiques et langagiers qui ont vu émerger ces réflexions. Sinon, sur le sens de l'Histoire, il faudrait sans doute y réfléchir plus intensément (en relisant Kojève par ex), mais de prime abord, je trouve les théories sur le sujet difficilement réfutables, et donc difficilement évaluables. Si les progressistes sont dans les années 50 assez séduits par le consensus lockéen sur les institutions, cela ne les empêchent pas de critiquer la république fédérale. Ici l'autre grande référence est marxiste, puisqu'il s'agit des écrits de Charles Beard, en particulier son interprétation économique de la constitution : là, nous touchons à un autre grand récit de l'historiographie progressiste US. En gros, l'histoire US se divise en deux moments : la guerre d'indépendance, qui voit le triomphe de la démocratie et de l'égalité, et l'adoption de la convention fédérale à la convention de Philadelphie, moment conservateur où les élites de la Nouvelle Angleterre et de la côte Est vont s'accaparer le pouvoir pour assurer leurs intérêts commerciaux au détriment du reste de la population. Dans cette mythologie alimentée par Beard, les discussions au moment de la convention de Philadelphie, et la discussion autour du fédéralisme ont opposé des intérêts de classes : d'un côté les petits propriétaires terriens, les petits Etats et les "provinciaux", de l'autre le nord industriel, les grandes familles bourgeoises, cultivées et urbaines. Du coup, on comprend mieux pourquoi une certaine gauche peut être hostile au fédéralisme et pour le droit des Etats (Et en quoi Arendt peut parler à certains moments comme B Goldwater ) - Sur Fukuyama : je trouve l'auteur assez injustement sous-estimé en France. Fukuyama est l'auteur de plusieurs essais très brillants que je recommande vivement. Certes, il est social-libéral (comme I Kristol, du genre à dire two cheers for capitalism), partisan d'un Etat fort, ex neocon et progressiste au sens décrit par C Lasch, mais il y a au moins trois de ses livres (relativement) récents que je retiens : La fin de l'homme : les conséquences de la révolution biotechnique et les deux tomes écrits sur les origines de l'ordre politique (ouvrage dense, documenté et passionnant sur la corruption ou les questions de l'ordre politique et de la nature humaine). S'il n'est pas vraiment libéral et très hostile au libertarianisme, ses meilleurs ouvrages sont de vraies incitations à la réflexion (je reconnais qu'il a aussi fait des merdes, comme Le grand bouleversement).
  8. J'aime beaucoup Philippe Raynaud (qui était dans mon jury de thèse), mais je ne suis pas convaincu. Elle n'était certes pas communiste, mais après tout les considérations sur Little Rock (encore un texte excellent!) ont été rédigées pour la Partisan Review (qui a ma connaissance est le seul groupe politique qu'elle a fréquenté après guerre...) : sa position très sympathique (quasi antifédéraliste) ne différait pas vraiment de certaines positions en vogue à la gauche de la gauche à l'époque (par exemple voir les écrits de C Beard sur le fondement économique de la république fédérale)... On retrouve d'ailleurs ce positionnement "gauchiste" dans son Eichman à Jérusalem (non seulement critique du technicisme bureaucratique, de la division moderne du travail, mais aussi de la critique qu'elle adresse aux élites juives... critique qui lui a valu pas mal de problèmes). Elle a une vraie sympathie pour le système constitutionnel us (mais là encore, c'est le cas d'une grande partie des progressistes de l'époque : cf Louis Hartz), mais comme l'a remarqué certains observateurs, si elle estime que la révolution française a échoué, son personnage favori de l'épisode révolutionnaire français reste Robespierre, qui n'est pas vraiment l'image même du libéralisme politique. Plus généralement, son heideggérianisme diffus ne la portait pas vraiment à un amour immodéré pour le monde moderne. Ce que je dis ne retire rien de ses analyses vraiment passionnantes.
  9. Oh, il y a beaucoup de libéraux qui ne font pas d'économie politique et Mises, malgré toutes ses qualités indéniables, ne résume pas à lui seul le libéralisme politique. Malgré leur méchanceté, les Rawls, Dworkin et consorts font partie de la famille, un peu à l'image de ces oncles honteux qu'on cache pendant les réunion entre parents. Si le sujet ne te parle pas trop, je t'invite lire ce qu'en dit Lucien Jaume dans La liberté et la loi. Les origines philosophiques du libéralisme. Je reconnais que ce n'est pas la sensibilité libérale la plus enthousiasmante, mais la thèse me paraît étayée : si le libéralisme prétend établir le règne de la loi, alors la problématique principale (qui traverse toute ses sensibilités) repose sur l'allégeance (rationnelle) au droit (d'où un "tournant kantien" qui fait de l'individu un être qui accepte de s'y soumettre. Sinon sur Arendt, je renverserais la question : qu'est-ce qui te fait penser qu'elle est libérale ? J'aime beaucoup Arendt, et je relis son essai sur la révolution ou sa vie de l'esprit avec bonheur, mais... Il y a quelque chose qui te fait penser qu'elle est libérale (pas au sens de prog hein) ?
  10. Pour Kant, ça se discute, pour Hegel, eh bien disons qu'il a des élèves libéraux. Mais Pinker, Ridley, Friedman fils ? Sinon, Arendt n'est pas vraiment libérale, hein
  11. Hegel n'était pas le seul à chercher derrière la contingence un sens, voire un progrès dans l'Histoire de l'Humanité. Mais attention l'histoire universelle de l'Humanité n'est pas celle de l'univers, qu'on pense à l'Histoire universelle du point de vue cosmopolitique de Kant ou des écrits de Condorcet sur les progrès de l'esprit humain. Existerait-il un ressort qui nous propulserait vers plus de rationalité et donc vers les institutions libérales qui en seraient le reflet ? Il me semble que bien des libéraux partagent cette idée, que ce ressort soit l'évolution ou l'intérêt par exemple.
  12. Dans la veine fun, ces 5 services digitales qui rendent le monde plus libre sans passer par la case élections, par Jeff Tucker : https://fee.org/articles/five-digital-services-that-are-freeing-the-world-and-why/
  13. Des fans de The Walking Dead ? Un article rigolo dans Reason http://reason.com/archives/2016/04/01/anarchy-state-and-zombie-dystopia
  14. F. mas

    Top ringardos

    Yes !
  15. Les réponses à un entretien avec Andrew Hussey. Les entretiens, c'est toujours un peu risqué. https://en.wikipedia.org/wiki/Andrew_Hussey et merci H16
  16. Quelqu'un pour me traduire ça, histoire de gagner du temps ? Merci ! 1. For good or bad, history never goes away. One of the key issues facing France in particular right now, but also all European nations, is precisely re-establishing a new Relationship with former colonial powers. In the present wave of terrorist violence there are of course wider geo-political issues at stake - the rise of Islamic State and the chaos in the Middle East. But noe of this explains the specific nature of terrorism in Europe, from Madrid in 2004 to Brussels last week. It is as if the geo-political issues are all played at a local level, where they take on a local meaning. So you have problems related to the banlieue, racism, social exclusion and so on; but these are all issues to do with reform and devopment. The vicious and murderous violence we have seen recently belongs rather to Dostoyesky. As such it is linked to psycho-analsysis as much as to social problems. And all of this has to do in my view with the traumas, on both sides - coloniers and colonised - of colonial history. 2. I think that this is true, although it is difficult if not impossible to disentangle the two. Islamism has become a vehicle for carrying hatred and giving it a definite political shape. I am however old enough to remember in France when this was not the case - the 'beur' generation of the 1980s was essentially Left Wing and wanted and hoped for change. Islamism has locked on to this like a virus on a host body, corrodong and poisoning it. That is the truly toxic mix. 3. This has to happen. This is not just a security but a long-term political problem. My view is that integration has to happen - but that this is generational and may well take a long time. But it has to happen. The alternative - a war without end - is impossible to contemplate.
  17. F. mas

    Gaspard Koenig

    C'est en débattant qu' on apprend à débattre, quitte à se prendre des baffes. Si je suis réservé sur ce que dit gk, je le trouve plutôt courageux d'accepter de discuter avec ces deux individus.
  18. F. mas

    Tatouages

  19. En fait c'est un truc que tout le monde faisait dans le monde d'avant. L'extD et l'extG sont, entre autres, des conservatoires des pratiques anciennes de la politique.
  20. C'est d'extrême droite ou d'extrême gauche ?
  21. Tu aurais une source ? (un lien)
  22. Si vous aviez 3 questions à poser à un spécialiste du renseignement militaire sur ce qui vient de se passer, que lui demanderiez-vous ?
  23. Intermède musical
  24. Bon courage, ce n'est jamais très simple. Mets-toi au golf ou au kick boxing.
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