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Tout ce qui a été posté par Mégille
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Merci pour vous réponse ! Et désolé de ne pas avoir eu le temps de répondre. Je maintiens ma position sur l'impossibilité de fonder entièrement la légitimité des peines sur D (la protection), car l'impératif de protection ne rend pas nécessaire de ne punir que des coupables (ni même de punir tous les coupables). Ca revient essentiellement à considérer qu'un bien collectif justifie la violation de droits individuels. A propos de C (la réparation), je pense qu'il est possible de se contenter de lui, pour toutes les peines. Même pour les atteintes à la personnes, il y a toujours le wergeld à l'ancienne (ou pourquoi pas, la servitude). Que toute réparation soit par essence symbolique et ne soit jamais une annulation de ce qui a été fait place justement l' "irréparable" sur le même plan que le "réparable". Reste le cas délicat du meurtre. La victime n'étant plus là pour exiger réparation, ou pour en jouir, semble poser problème. Mais si on considère ce droit à la réparation comme librement cédable, comme un bien meuble, alors, ce droit peut très bien être hérité (soit par testament, soit par coutume). Il devient alors possible aux descendants de la victime de s'assurer que la punition ait lieu. La possibilité de céder un droit à une réparation (et donc de le donner, ou le vendre, ou le faire hériter...) permettrait aussi aux plus faibles de s'assurer que justice leur soit faite en vendant ce droit à de plus puissant qu'eux. Il me semble que le droit en Islande libre marchait beaucoup comme ça. Je soupçonne en outre les punitions qui ne sont pas des réparations d'avoir été inventés par des législateurs constructivistes dans le but de "dresser" la population. C'est assez clairement le cas à Athènes avec Dracon, à Rome avec la Loi des douze tables, et en Chine avec l'école fajia. Le but affiché a souvent été de mettre fin aux vendettas, qui sont évidemment absurdes, mais je ne suis pas convaincu du tout que la "justice" pénale ait été habituellement plus clémente que les vengeances privées.
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(no pun intended) Beware : wall of text. No "tl;dr". Only for the brave. Pour élargir un peu la question de la peine de mort, sans faire de hors sujet. Je vois quatre justifications fondamentales pour les peines, quatre buts possibles : A - faire du mal au coupable (lui rendre ce qu'il mérite, se venger) B - faire du bien au coupable (le purifier, le guérir, le réhabiliter) C - faire du bien à la victime (réparer le tort qu'elle a subi) D - faire du bien à des tiers/à la société (se protéger en incapacitant et/ou en dissuadant les criminels potentiels) Il est possible d'en prendre plusieurs, d'en refuser quelques uns, ou encore d'en subordonner certains à d'autres, mais la question n'est pas triviale, car ces différents principes ne justifient pas tous les mêmes types de peine. Typiquement, la mort est beaucoup plus facilement justifiable avec les approches A et D qu'avec B et C. A- est l'approche de Aristote, Kant et Nietzsche, entre autre. Aristote donne à la justice dans les punitions le même principe qu'à la justice dans les échanges, à savoir, l'égalité "arithmétique". On doit rendre un bien pour un bien, de même valeur, et un mal pour un mal. Mais ce principe est au moins bancal concernant les échanges, la valeur des choses n'est pas une quantité objective, c'est une qualité qui est classée, ordinalement (comme placé sur une échelle, et non pesé sur une balance), et subjectivement. Or, ce qui est (je crois) le bon principe d'un échange juste, à savoir, le respect du consentement de l'autre concernant sa personne et sa propriété, ne peut être appliqué ici, puisqu'une peine est nécessairement contrainte. Kant lie la question "que dois-je faire ?" à "que puis-je espérer ?". Je dois respecter la loi morale, donc je peux espérer une juste rétribution pour mes actes. Concernant le devoir de vertu, intérieur, je dois pouvoir attendre une rétribution spirituelle, et concernant le devoir de droit, extérieur, une rétribution matérielle. Il faut donc faire du mal à ceux qui ont manqué à leurs devoirs de droit, car c'est la seule façon de véritablement les respecter, c'est à dire, de les considérer comme des sujets moraux. Nietzsche peut être rangé ici, mais pour des raisons très différentes. Refusant tout principe moral transcendant, il considère que l'idée de justice n'est rien d'autre qu'une justification de notre désir de vengeance. D'abord on puni, ensuite on justifie. Les peines ne sont pas "justifiées" par Nietzsche, mais elles n'ont pour lui jamais d'autres but que de nuire à celui que l'on identifie comme coupable (et d'ailleurs, l'identité personnelle est elle aussi une invention servant uniquement à se donner quelqu'un à punir). B- est typiquement l'approche de Platon. (restitution d'un argument dans le livre I de la République) Que la justice consiste à faire du mal serait contradictoire, puisque le mal est ce qu'il ne faut pas faire (par définition), que la justice est bonne, et que ce qui est bon est ce qu'il faut faire (idem). Que le coupable doive subir la punition signifie qu'elle est bonne pour lui, puisque ce qui est bon est ce qu'il faut faire. Il n'en est pas moins contraint de la subir, mais s'il a commis un crime, c'est qu'il n'est pas tout à fait rationnel, et qu'il ne sait donc pas ce qui est bon. Il faut donc le contraindre pour son bien. Platon pense la punition sur le modèle d'un cheval que l'on dresse, ou d'un enfant que l'on élève. Dans ces cas-ci, la punition a pour fin le perfectionnement de celui qui est puni. C'est l'idée derrière les approches réhabilitatives actuellement de gauche. La réhabilitation peut aussi être justifiée par l'utilitarisme (tant qu'à faire du bien à la société en la protégeant, autant aussi faire du bien à ceux que l'on punit lorsque c'est possible), ou par une inversion de la culpabilité (le criminel est une victime du système), au risque de détruire toute responsabilité individuelle. Mais dans tous les cas, punir quelqu'un pour son bien suppose qu'il y ait un justicier qui connaisse mieux que ses semblables ce qui est bien pour eux, et qui puisse légitimement utiliser la force pour les aider. Accepter ça (c'est à dire, accepter qu'il y ait, entre les humains adultes sain d'esprit un distance comme celle entre un adulte et un enfant) c'est aussi accepter la légitimité de politiques paternalistes. Et cette conception ne mène pas forcément à des gentilles punitions comme les prisons ouvertes à la scandinave. Sitôt que l'on admet que le coupable ne sait pas ce qui est bon pour lui (puisque l'on doit l'y contraindre), il devient tout à fait concevable que les pires peines soient pour son bien, car elles le purifient, lui permettent d'expier ses péchés, etc. Ce qui, s'il s'avère que ce n'est pas vraiment bon pour lui, et que le justicier n'est par parfait, est en fait d'une encore plus grande cruauté. (Il est donc déplorable que l'on utilise le même mot, "punition", et pour ce qui convient à un enfant mal élevé, et pour ce qui convient à un criminel. Et remarquable que la mode scandinave, tout en encourageant la punition-réhabilitation, condamne la punition dans le cadre de l'éducation. Peut-être pour que l'on se considère tous également comme des enfants, face à l'état ?) C- est l'approche dont je me contente. Je ne vois aucun auteur qui se limite strictement à celle-ci, si quelqu'un a des références... Une peine n'est rien d'autre que la réparation d'un tort commis. Mon raisonnement : Pour qu'il y ait la moindre justice dans la punition, il faut que celle-ci doive être infligée, mais aussi qu'elle doive être subie, car pour qu'il y ait justice, il faut qu'il y ait rapport entre des égaux qui reconnaissent mutuellement leurs responsabilités respectives. Or, devoir subir une peine sans aucune autre finalité que le désagrément me semble assez absurde. Je crois en outre (contrairement à Locke) que commettre une erreur ou un crime ne nous fait pas entièrement sortir du champ de la loi naturelle, c'est à dire des devoirs que l'on a les uns envers les autres. Ne serait-ce que parce qu'une erreur intellectuelle (ignorance, mauvais calcul, mauvaise interprétation) peut conduire à une erreur morale, et que notre entendement étant limité, nous n'avons jamais la certitude absolue de n'avoir rien fait de mal. "Avoir mal agit" ne signifie pas sortir du monde des normes, mais être face à une nouvelle norme particulière : celle de réparer son erreur. Et lorsque cette erreur morale est un tort fait à autrui, cet autrui peut tout à fait légitimement utiliser la force, si nécessaire, pour nous contraindre à cette réparation, et cette nécessité est possible car il est possible que l'on échoue à comprendre ce que l'on doit faire pour lui. Bien sûr, même lorsque je suis en droit d'exiger réparation à l'autre, j'ai toujours des devoirs envers lui, et je n'ai pas un droit absolu sur sa personne pour me venger. Pour cette raison, si c'est possible, je dois me contenter d'exiger cette réparation sans avoir recours à la violence, en demandant gentiment. De plus, il aura droit de se défendre face à l'agression qu'est possiblement ma tentative d'obtenir réparation, même s'il devra de préférence lui aussi me demander gentiment d'aller me faire voire. Un combat ayant toujours des coûts élevés, que la discussion soit préférée à la violence n'est pas praxéologiquement impossible, même si ce n'est visiblement pas toujours le cas. Les moeurs, les armes de dissuasion, et l'accessibilité de services d'arbitrage, de médiation, de jurisprudence etc aident à ce que la voie douce soit choisie. Le problème est que certain crimes sont de toute évidence irréparables (meurtre, torture, viol, etc). Mais c'est en fait toujours le cas. Si je vole une bicyclette, puis la restitue (sous la contrainte ou non) à son propriétaire, quels que soient les dédommagements que je paierai en plus, je ne pourrais jamais lui rendre ces instants précis au cours desquels il a été privé de sa bicyclette. Qui sait, peut-être que je l'ai privé de sa seule occasion de séduire la femme de sa vie grâce à cette bicyclette. La réparation est en fait toujours symbolique. Le symbole adéquat est celui soit sur lequel on tombe d'accord, soit auquel abouti un processus de délibération selon des principes et des règles sur lesquelles on s'est préalablement accordé. D- est sans doute l'approche moderne la plus répandue. C'est celle de Hobbes, Spinoza, Locke, Beccaria, Bentham, etc Nous avons tous besoin d'être protéger des potentiels crimes, et c'est ce que fait l'appareil punitif, en incapacitant (exil, séquestration, mort, etc) et en dissuadant les criminels. Faire du mal n'est pas une fin en soi (pour Spinoza, on doit punir un criminel sans état d'âme, tout comme on tue un chien enragé, pour notre sécurité). Faire du bien au coupable n'est pas exclue, quand c'est possible ce serait même de la cruauté de s'en priver, mais le but premier reste de protéger la société. C'est l'approche de Bentham, qui en réfléchissant à ce que serait la prison idéale cherchait la meilleure façon pour les coupables de protéger la société d'eux. Mais le but premier reste de les isoler, le reste est un bonus. Que la peine soit une réparation n'est pas strictement nécessaire non plus. C'est même rarement le cas au niveau criminel/pénal. Je vois plusieurs problèmes à cette approche. D'abord, ce n'est jamais les crimes déjà commis que l'on dissuade ou dont on rend le coupable incapable. Ils sont déjà fait... On ne peut dissuader/rendre incapable que de crimes qui n'ont pas encore été commis. Le criminel n'est donc jamais punit pour ses crimes passés, mais seulement pour les crimes qu'il aurait supposément commis à l'avenir s'il n'avait pas été puni, et pour les crimes que d'autres que lui auraient commis s'ils n'en avaient pas été dissuadés. Or, ceux qui ont commis des crimes ne vont pas nécessairement récidiver, et il n'est pas forcément utile à la sécurité de qui que ce soit de les incapaciter. De plus, on peut décemment soupçonner quelqu'un de risquer de commettre un crime alors qu'il est encore innocent, il faudra alors l'incapaciter préventivement. Quant à la prévention, pour être efficace, il est inutile que les vrais coupables soient sanctionnées. Il suffit que la population croit généralement que 1) ceux qui sont coupables sont généralement punis et 2) ceux qui sont punis sont généralement coupables. Pour ce faire, il peut être beaucoup plus efficace de garder caché les coupables non punis, et de persuader le public que des innocents punis étaient coupables. Des procès soviétiques d'auto-critique et un état de connivence avec la mafia sont donc tout à fait approprié à ce principe de punition. De plus, étant donné que contrairement au principe de réparation, ce principe ne repose pas sur un devoir de subir la punition de la part du coupable, cette approche, si on se contente d'elle, rend tout à fait légitime de tenter de s'échapper à la justice (au moins du point de vue du coupable). C'est ce à quoi en était arrivé Hobbes, jugeant qu'il y a un droit à fuir la justice. Ma position est que la réparation est le seul fondement acceptable pour une peine. Et s'il faut une vengeance pour la victime, une purification pour le coupable, et une protection pour les autres, rien d'autre que la réparation ne pourra légitimement avoir ce rôle.
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Peine de mort
Mégille a répondu à un sujet de Freezbee dans Politique, droit et questions de société
Sinon oui, je maintiens ma position. Je suis contre la peine de mort. -
Il faut quand même reconnaître que l'euro est une meilleure monnaie que ne l'aurait été le franc s'il avait été laissé entre les mains de la France. Mais peut-être qu'on aurait appris de nos erreurs. Ce dont j'ai peur est que les techno-progs continuent encore à faire grossir l'union, voir même créer leur foutue armée, puis que les nationalistes finissent par prendre le pouvoir là haut. Après ça, on peut imaginer le pire, et ça me semble être ce vers quoi on se dirige.
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En tout cas, les allemands envisagent sérieusement que ça se casse la gueule d'ici 2040 : https://geopoliticalfutures.com/future-germany-envisions/ D'ailleurs, je suis surpris que ce leak n'ait pas fait plus de bruit dans les médias.
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Peine de mort
Mégille a répondu à un sujet de Freezbee dans Politique, droit et questions de société
Je ne vois aucun problème dans le génocide en soi. Je veux dire, si quelqu'un tue dix français, à mes yeux, le crime qu'il commet est tout aussi atroce que s'il va tuer les dix derniers itelmènes au Kamtchatka. Pourtant, le deuxième cas, contrairement au premier, aura été un génocide (et un vrai, alors qu'avec les arméniens, les juifs, etc, ce n'était à proprement parler que des tentatives de génocide...). Un individu n'est pas une marchandise, donc qu'il appartienne à une ethnie plus rare ne lui donne pas plus de valeur juridiquement. En outre, condamner le génocide suppose d'accepter que l'on a des devoirs (au moins négatifs) envers non seulement des individus, mais aussi envers des ethnies, voir des races (on dit bien génocide, et non ethnocide...). Parler de génocide c'est donc parler de race comme d'entité politico-morale, et c'est un premier pas vers le nazisme. Je ne vois pas non plus quel sens a "crime contre l'humanité". Je vois bien ce qu'est un crime contre un, ou plusieurs, humains particuliers, mais je ne vois pas comment on pourrait faire du tort à l'humanité en elle-même, comme espèce ou comme concept abstrait. J'ai peur qu'il s'agisse d'un crime imaginaire inventé sous le coup d'une émotion très forte, mais sans avoir les idées claires. A propos des crimes de guerre, c'est peut-être différent. Quand on parle de guerre, on parle d'états, et l'existence même des états contrevient au droit naturel, alors bon... mais je n'ai pas assez réfléchit à la question. Si un tyran ayant commis notoirement des crimes odieux est vaincu ou renversé, je ne donnerais pas chère de sa peau, ni à lui ni à ses sbires. Mais je doute que ce qu'il lui arriverait probablement soit moralement acceptable. -
Napoléon III a commencé socialiste-conservateur, tendance saint-simonien (oui, tout ça à la fois), mais il a eu un tournant libéral dans les années 1960. Son technocrate de service, Michel Chevalier, a refait ses calculs et a jugé que tout compte fait, la liberté marchait mieux que la planification. C'est à ce moment qu'on a signé le traité Cobden-Chevalier avec l'Angleterre, permettant enfin le libre-échange. C'est quand même pas mal. Il a aussi un peu lâché du lest sur la liberté d'expression. Mais bon, ça reste du libéralisme comme on en faisait au XIX, c'est à dire avec encore pas mal de protectionnisme contre le reste du monde, pas de droit de grève, pas de liberté d'association, et ne parlons pas du droit des femmes...
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Royaume-Uni & the Skeleton in the Cupboard
Mégille a répondu à un sujet de Poil à gratter dans Europe et international
Ou plutôt, de ceux qui utilisent l'argent nouvellement créé en dernier vers ceux qui le touche en premier, puisque ceux-ci jouissent de la distorsion des prix en leur faveur. Et ceux qui le touchent en premier, d'après ce que j'ai cru comprendre, sont les créanciers de l'état auxquels les banques centrales rachètent la dette sur le marché secondaire. Ceux qui bénéficient de la redistribution par la création monétaire sont donc d'abord les milieux financiers et autres capitalistes de connivence, puis les cadre supérieurs de l'état, puis les fonctionnaires, les subventionnés et les assistés, qui ramassent les miettes du larcin. Le tout au dépend des producteurs intègres, petits ou gros, mais surtout des plus petits, les plus gros étant incités (parce qu'ils le peuvent) à s'acoquiner d'une manière ou d'une autre avec l'état. En outre, les plus aisés peuvent placer leurs épargnes dans des actifs financiers dont la valeur augmente beaucoup plus vite que l'inflation, ce qui est moins vrai des plus pauvres. Donc il me semble bien que la création monétaire est une redistribution du bas vers le haut. -
Royaume-Uni & the Skeleton in the Cupboard
Mégille a répondu à un sujet de Poil à gratter dans Europe et international
Pas sûr pour les très riches, ou alors, ça dépend desquels. Et puis, il ne faut pas oublier qu'à coté de tout ça, il y a la création monétaire qui est une redistribution dans l'autre sens. -
Pubs du gouvernement chinois sur Youtube
Mégille a répondu à un sujet de Riffraff dans Europe et international
C'est très bien tout ça (ce que fait le Falun Gong). Le falun gong n'est pas une entité sui generis. Le qigong est depuis les origines liés à "l'alchimie intérieure", et à la spiritualité taoïste. Et la Chine a une longue histoire de révolte religieuse, voir parfois de révolution. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de subversion de ce genre de groupe. -
Je raconte ma life 8, petits suisses & lapidations
Mégille a répondu à un sujet de Cugieran dans La Taverne
@Raffarin2012 A propos de l'école de Salamanque : on est d'accord, ils sont fondamentalement libéraux, en tout cas dans le sens où ils donnent les fondements les plus solides qui soient au libéralisme. Mais ils n'ont pas toujours poussé leurs principes jusqu'aux ultimes conséquences. En prenant la défense du commerce et de la finance, contre les anciens préjugés médiévaux, ils prennent aussi la défense d'un commerce monopoliste et administré. C'est eux (et leurs successeurs directs, les arbitristes) qui étaient les idéologues derrières le mercantilisme espagnol. Au niveau des droits, ils sont allés très loin aussi, notamment pour ce qui est du droit des indiens d'Amérique, mais ils ne sont pas allé non plus jusqu'à défendre extensivement toutes les libertés individuelles, d'expression, d'association, etc. On ne peut pas leur en faire le reproche, hein, tout ça découle logiquement de leurs idées, et leurs avancées théoriques sont déjà énorme. Mais ils ne sont pas encore complètement "libéraux" au sens moderne. Je suis aussi d'accord sur le fait que les autrichiens sont leurs successeurs, et qu'il y a donc une tradition catholique au sein du libéralisme le plus radical. Mais il y a aussi une très importante tradition protestante aux Pays-Bas et en Grande Bretagne, et matérialiste en France et aux Etats-Unis. Sans parler du rôle clef d'un grand nombres de penseurs juifs. A propos de la vertu (et du salut) relativement à la misère : il y a une grosse tradition, au sein du catholicisme notamment, qui considère que le confort matériel est bien plus corrupteur que la pauvreté. L'indigence, une fois acceptée, aiderait à chercher une satisfaction hors de ce monde, alors que les préoccupations mondaines nous divertiraient et nous couperaient du royaume des cieux. On a de ça chez Clément d'Alexandrie, Basile de Césarée, Augustin d'Hippone, François d'Assise, et pas mal d'autres. Beaucoup de versets bibliques se prêtent facilement à une telle interprétation. Ce n'est pas la seul lecture possible, mais s'en est une, et elle est très catholique. Pour en revenir à Collin : je ne sais pas ce qu'il veut dire exactement, mais si ce qu'il veut dire est qu'une société libérale n'est pas tributaire d'une conception globale du monde, je suis assez d'accord avec lui (même si, tout au plus, certaines croyances empêchent sans doute la réalisation du libéralisme). Par contre, bien entendu, s'il veut dire que le libéralisme signifie la fin de la vertu et du salut dans la vie de chacun d'entre nous, c'est évidemment idiot. -
Je raconte ma life 8, petits suisses & lapidations
Mégille a répondu à un sujet de Cugieran dans La Taverne
C'est tout de même presque vrai. Enfin, sauf que la vision holiste-organiciste de la société n'a pas disparue, ni cessée d'agir, et qu'elle prend sans cesse de nouvelles formes contre lesquelles le libéral doit toujours lutter. Et bien sur, seulement si on veut dire que le respect des droits individuels (et donc, le marché, qui en découle) remplace certaines conceptions du salut et de la vérité comme principe d'organisation sociale, mais pas en tant que règle de vie individuelle. -
Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Mégille a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
En même temps, vu qu'il fait un reboot des synoptiques 50 ans plus tard, il n'avait pas intérêt à dire le contraire ! -
Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Mégille a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
Je ne pense pas qu'il faille s'attendre à un spin-off. La série dans l'univers de LotR risque de monopoliser un peu le fantasy pour les décennies à venir (si ils ne la gâchent pas). -
Peine de mort
Mégille a répondu à un sujet de Freezbee dans Politique, droit et questions de société
Tramp a raison de souligner que de nombreux jeu/bizutage entres garçons devraient être vu comme des agressions sexuelles. Et j'en veux aux suites du mouvement metoo de ne pas le souligner. Ce genre de violence, même si elles sont moins brutales que les bonnes vieilles bastons, reste inacceptable. Le problème, j'imagine, est que ça n'entre pas dans la narration homme vs non-homme. Bon, du coup, pour les coupables d'olive, peine de mort ou pas ? -
Lol. Oui, et d'ailleurs, "propriété privée" est redondant, tout comme "aujourd'hui", puisque "propriété" signifie déjà "pro privatus". Mais c'est du latin. Je ne connais pas le mot grec, et je ne sais pas s'il y avait cette distinction privée/public. Il y a tout au plus chez Aristote une division de la science pratique (concernant ce qu'il faut faire de façon finale et non instrumentale) en éthique (qui concerne le bien individuel), économique (pour le bien de la famille) et politique (bien de la cité). Il y a une continuité et une interdépendance entre les trois niveaux, et les niveaux supérieurs ne peuvent pas exister au dépend de ceux du dessous. Ceci dit là où s'arrête le public et là où commence le privé n'est pas évident. Tu peux comme les cyniques considérer que même faire caca doit être public, même si ça revient à ce qu'il n'y ait plus d'espace politique à proprement parler. Tu peux aussi considérer que la liberté strictement individuelle (par opposition à la liberté politique) doit s'étendre un peu plus loin que les toilettes, et ça, même la plupart des anciens s'accordaient à le dire...
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L'objectivisme est-il compatible avec le nationalisme ?
Mégille a répondu à un sujet de Jukebox dans Philosophie, éthique et histoire
Oui, mais libérer la France signifiait lui rendre son roi, parce que Dieu le veut. Le nationalisme est un mouvement séculier, et qui est d'abord une opposition au royalisme et tout particulièrement à la théorie de la royauté de droit divin. Le premier nationalisme français n'est même presque rien d'autre que ça. -
Peine de mort
Mégille a répondu à un sujet de Freezbee dans Politique, droit et questions de société
Il me semble qu'il y a eu un cas il y a quelques années d'un jeune homme qui s'était fait pénétrer de force avec le manche d'un marteau ou quelque chose dans le genre lors d'un bizutage. Mais les coupables ont été punis pour acte de torture et non pour viol, puisqu'il n'y aurait pas eu d'intention sexuelle. J'imagine que ça a aussi permis d'obtenir une peine plus élevé. Je ne sais pas si ça fait jurisprudence. -
L'objectivisme est-il compatible avec le nationalisme ?
Mégille a répondu à un sujet de Jukebox dans Philosophie, éthique et histoire
Lors de la guerre de 100 ans, on a peut-être un début de nationalisme du coté des anglais, avec leurs rois qui se mettent à parler leur langue (alors qu'ils étaient une famille du sud de la France, de langue d'Oc). C'est sans doute lié à la volonté de trouver une légitimité nouvelle pour aller à l'encontre de l'ordre féodal (le roi d'Angleterre est vassal du roi de France), mais aussi pour motiver les troupes. Pour s'assurer de la fidélité d'une armé de fantassins et d'archers, plutôt que d'un ost de chevaliers, il faut convoquer des valeurs et un imaginaire tout à fait différent. Je crois que l'apparition des nationalismes à proprement parler au XIXème, sur le continent, est lié à une évolution militaire comparable. Je vois bien en quoi on peut parler d'un début d'état-nation en France, au XIIème siècle. Il y a la création des états généraux par Philippe le Bel, qui lui permet de contourner les privilèges de ses vassaux, créant un semblant d'unité du peuple français derrière l'ordre féodal. C'est aussi à ce moment que le titre "roi de France" remplace celui de "roi des francs" (les francs n'étant que la noblesse de Francie, et encore, pas toute celle-ci). Mais je ne suis pas sûr qu'on puisse véritablement parler de nationalisme. Toute cette construction de la France gravite autour du roi et de l'église, et c'est eux que représente Jeanne d'Arc (figure proto-nationale) plus que le peuple français. Par contre, il faut bien remarquer que tout ça (la création des états généraux en particulier) est intrinsèquement lié à une augmentation considérable des dépenses royales, à la création de monnaie fiat, et à la persécution des juifs et des templiers. Et puis, après avoir court-circuité les échelons inférieurs, le roi devait encore se libérer des autorités qui lui étaient supérieurs. Ca se joue au XIIIème siècle, avec l'adoption de la doctrine juridique selon laquelle "le roi est empereur en son royaume", permettant de s'affranchir de l'autorité de l'Empereur, et avec le grand schisme d'occident, par lequel le roi s'est affranchi de l'autorité de Rome en ayant son propre Pape, sous sa tutelle, à Avignon. Ce n'est qu'à partir de ce moment que la France commence à devenir une entité autonome, et non plus un agrégat parmi d'autre au sein de l'empire d'occident. A propos du nationalisme moderne, et de celui de 1789. Le premier nationalisme français, qui va disons de Rousseau à Renan en passant par Siéyès n'a pas grand chose à voir avec ce qu'on appelle aujourd'hui nationalisme, qu'il s'agisse de celui des allemands (Herder, Fichte, Schelling) ou de celui que l'on a en France depuis Barrès et Maurras. Le premier nationalisme consistait à jouer la nation contre le roi, alors qu'auparavant la nation (voir "les nations") était un attribut du roi. Ce n'est que plus tard, au XIX véritablement, qu'on se met à penser le national par opposition à l'étranger. -
Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Mégille a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
@Neomatix Les nordiques, ce n'est pas que les Stark. Il y a aussi les Bolton, dans le lot... et puis, je crois qu'il y a des hommes du Val, aussi, dans l'armée de Jon, non ? (je ne vois plus le bouton hide sur la barre d'outil, et je ne me souviens plus de la balise... donc osef) -
Japon : déflation et keynésianisme
Mégille a répondu à un sujet de Cthulhu dans Europe et international
Etre marié et faire des enfants est sans doute aussi un signe de réussite sociale, que ceux qui le peuvent cherchent à atteindre. Et puis, ça ne brise pas forcément de stéréotype. Les japonnais semblent préférer le sexe imaginaire au réel. A part pour faire des gosses dans le cadre d'un mariage, donc, inutile de coucher... Ce qui m'étonne dans ce graphique est le taux très élevé d'enfants naturels au Chili et au Mexique. -
Faut-il mettre le glyphosate au frigo ?
Mégille a répondu à un sujet de Tramp dans Science et technologie
Face à cet argument, c'est toujours sympa de répondre que Monsanto fait le même chiffre d'affaire que Whole Food (le biocop nord américain). Donc c'est gros et probablement influent, oui, mais pas forcément tout puissant, et pas forcément plus puissant que ses ennemis non plus. Mais c'est fou quand même que cette théorie du complot Monsanto soit à ce point relayé par tous les MSM ! Autant des soupçons d'ingérence russe dans des élections de temps en temps, pourquoi pas... mais croire que la quasi-totalité de la communauté scientifique mondiale soit corrompu, ça me dépasse. C'est de la folie collective.- 664 réponses
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L'objectivisme est-il compatible avec le nationalisme ?
Mégille a répondu à un sujet de Jukebox dans Philosophie, éthique et histoire
Attention, la culture n'est pas la nation (qui n'est elle-même pas l'état). L'idée de nation a été forgé au XIXème siècle, toujours sur le même moule, en exacerbant la différence vis-à-vis du voisin, et en effaçant les différences internes, qui en font pourtant la richesse. La nation, c'est la mort de la culture. -
Peine de mort
Mégille a répondu à un sujet de Freezbee dans Politique, droit et questions de société
Si on considère la personne comme irrationnel et irresponsable, alors, il n'est pas question de jugement. On ne fait pas passer un animal devant un tribunal... (enfin, je crois que ça se faisait au moyen-âge, mais je ne suis pas convaincu du bien fondé de la chose). Un malade doit être mis sous tutelle, et pris en charge par ses proches, ou des associations bienveillantes... Et les éventuelles victimes de ses actes irresponsables devraient se contenter, en guise de réparation, de ce que prévoit leur assurance. Après, une punition-réparation peut tout à fait jouer le rôle de tout ce que les autres conceptions de la justice exige. La victime peut la considérer comme une vengeance, le coupable peut la considérer comme une expiation, et le reste de la société peut la considérer comme une protection. Le risque de se voir contraint de réparer ses crimes, éventuellement au prix de sa liberté, est une dissuasion, et la servitude, tout comme la peine de mort et la prison, est une incapacitation. -
Dommage que le Nigeria n'y sois pas, c'est lui le futur de l'Afrique. Mais ça reste énorme. C'est beau.