Je me suis un peu intéressé à ces questions après avoir lu le livre de Pinker, et un autre de Eysenck sur l'inégalité de l'homme (plus ancien et plus controversé, et que j'ai perdu dans un déménagement) : ce qui touche à la nature humaine (en particulier la paléoantropologie, plus que la génétique) m'intéresse (en amateur bien évidemment), et je pense qu'il est difficile de se coltiner sérieusement les problèmes contemporains en éthique, philosophie et science politique avec les outils obsolètes hérités d'une certaine tradition des sciences sociales et de la philosophie (ceux justement dont parle The Blank Slate).
Je ne connais pas bien les thèses les plus controversées des tenants du racial realism (Rushton, Lynn). Il me semble toutefois que l'une des raisons du tollé soulevé par The Curve Bell est justement d'avoir fait état des travaux de Lynn (qui sont connus, en particulier, pour avoir mesurer les populations en fonction de leur QI). Ni Murray ni Herrnstein ne sont marqués à l'extrême droite : l'un est plutôt libertarien, l'autre néoconservateur. Lynn par contre est beaucoup plus militant. C'est d'ailleurs là un problème intéressant à soulevé par ces différents jugements portés sur la nature de l'homme : comment cela se traduit dans le domaine éthique et politique ?
En plus du livre de Pinker, j'ai eu l'occasion de lire le livre de Nicolas Wade qui a fait parler de lui A troublesome inheritance, et plus récemment encore The 10000 Year Explosion: How Civilization Accelerated Human Evolution (après avoir lu une critique sur le site du minarchiste). J'ai essayé de retrouver une très bonne critique (très négative) en français du livre de Wade, mais je n'arrive plus à me souvenir sur quel blog la choper.
Si a priori il n'y pas beaucoup de rapport entre Pinker, Wade et les deux auteurs de The 10000..., j'en vois au moins un, ils critiquent la thèse de Gould et de Lewontin sur le caractère bénin des différences interraciales. En particulier en s'appuyant sur les découvertes en génétique de ces 15 dernières années en génétique (notamment via la génétique des populations), ils acceptent la possibilité de l'existence et de spécificités liées aux races humaines (Wade en compte 5). Je ne m'aventurerai pas trop dans l'argumentaire de Wade en particulier, qui montre que les races sont avant tout des "clusters of variation" et qu'il est désormais possible d'isoler au sein de l'adn ce qui maintenant se superpose à ce qu'on appelle race en anthropologie génétique. Je ne suis pas compétent pour en juger mais si je le croise avec ce qu'en dit Pinker, qui n'est pas spécialement controversé sur la question (et qui est tout aussi critique de L et G), alors ça paraît juste.
Ce type de réflexion a des incidences aussi en économie (enfin en histoire de l'économie) : un historien contemporain (particulièrement reconnu) comme Gregory Clark a pu ainsi soutenir que la non mobilité au sein des élites dans les sociétés ne s'expliquaient pas seulement par l'héritage matériel, mais aussi génétique (dans son livre The son also rises). Bien entendu, la thèse est controversée et son livre précédent, qui apporte des infos intéressantes, a par exemple été très critiqué par D McCloskey.
Bien entendu, le problème, comme je l'évoquais plus haut, est de savoir ce que l'on peut déduire politiquement et moralement de tout ça.