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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. Allons plus loin: Péguy est un romantique et par suite un anticapitaliste. Ce qu'une certaine droite, de Barrès à Finkielkraut, gomme systématiquement: « On oublie trop que le monde moderne, sous une autre face est le monde bourgeois, le monde capitaliste. C’est même un spectacle amusant que de voir comment nos socialistes antichrétiens, particulièrement anticatholiques, insoucieux de la contradiction, encensent le même monde sous le nom de moderne et le flétrissent sous le nom de bourgeois et de capitaliste. […] On oublie trop ainsi que l’avènement du monde moderne a été, sous une autre face, l’avènement du même monde politique parlementaire économique bourgeois et capitaliste. » -Charles Péguy, « De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne devant les accidents de la gloire temporelle », 6 octobre 1907, in Œuvres, II, 1988, p. 699-700.
  2. Pourrais-tu nous en dire plus ? (éventuellement dans le thread sur l'ontologie)
  3. Cette question présuppose que quelque chose existe.
  4. Ta troisième phrase semble contredire la 2ème @Vilfredo Pareto Ou alors tu penses que beaucoup de philosophes se sont ridiculisés ? Je trouve la question horrible mais je ne suis pas très compétent en ontologie. Le truc le plus fascinant que j'ai découvert dernièrement en la matière c'est celle de Simondon.
  5. On a changé la mise en balise spoiler sans prévenir @Vilfredo Pareto, et je n'ai plus de droit d'édition de mes posts depuis que j'ai été nonosé. Si un modérateur veut bien intervenir...
  6. Cette partie n'est même pas rééditée, en tout cas pas dans la version GEME que j'ai acheté. Sinon je lisais ça dernièrement [spoiler] "La pensée post-moderne a tendance à nier l'existence de tout élément général ou systématique dans l'histoire, à mêler images et idées comme si les critères de cohérence n'avaient aucune importance: elle souligne la séparation, la fragmentation, l'éphémère, la différence et ce que l'on appelle désormais l' "altérité" (mot étrange, principalement utilisé pour indiquer que je n'ai pas le droit de parler pour les autres, peut-être même pas celui de parler d'eux, ou que, lorsque je parle d'eux, c'est à mon image que je les "construis"). En outre, certains théoriciens postmodernes affirment que le monde n'est pas connaissable parce qu'il est impossible d'établir la vérité de façon certaine, que la seule prétention de connaître ou, pire, la défense de quelque version que ce soit de la "vérité universelle" constitue la matrice des goulags, génocides et autres désastres sociaux. [...] Ce type de pensée s'est ensuite étendu à l'architecture, aux arts, à la culture populaire, aux nouveaux styles de vie et à la politique du genre." (p.23)"Puisque cette mutation de la sensibilité culturelle s'est effectuée en parallèle des transformations assez radicales de l'organisation du capitalisme consécutives à la crise capitaliste de 1973-1975, il paraît plausible d'affirmer que le post-modernisme est lui-même un produit du procès d'accumulation du capital. On constate par exemple qu'après 1973, le mouvement ouvrier a adopté une posture défensive, avec la hausse de l'insécurité de l'emploi, le ralentissement de la croissance, la stagnation des salaires réels et la mise en place de toutes sortes de substituts de l'activité industrielle réelle pour compenser les vagues successives de désindustrialisation. La folie des fusions-acquisitions, l'ivresse du crédit, tous les excès des années 1980 dont nous payons désormais le prix, étaient les seules activités vitales dans une époque marquée par le démantèlement progressif de l'Etat social, l'essor du laissez-faire et des politiques particulièrement conservatrices. Les années Reagan-Thatcher exaltèrent l'individualisme, la cupidité et le désir d'entreprendre. En outre, la crise de 1973 déclencha une quête frénétique de nouveaux produits, de nouvelles technologies, de nouveaux styles de vie et de nouvelles babioles culturelles susceptibles de rapporter quelque profit. Ces mêmes années furent aussi marquées par une réorganisation radicale des rapports de force à l'échelle internationale: l'Europe et le Japon commencèrent à contester la domination états-unienne sur les marchés économiques et financiers. Cette mutation de la forme de l'accumulation, je l'appelle passage du fordisme (travail à la chaîne, organisation politique de masse, interventionnisme de l'Etat social) à l'accumulation flexible (recherche de marchés de niche, décentralisation couplée à une dispersion spatiale de la production, désengagement de l'Etat combiné avec des politiques de dérégulation et de privatisation). Par conséquent, il me paraît tout à fait plausible d'avancer que le capitalisme, lors de cette transition, a produit les conditions de l'essor de modes postmodernes de pensée et de fonctionnement. Mais comme il est toujours dangereux de traiter la simultanéité comme causalité, j'ai entrepris de rechercher une sorte de lien entre ces deux tendances. L'accumulation de capital a toujours impliqué l'accélération (voyez l'histoire des innovations technologiques dans les processus de production, le marketing, les échanges monétaires) et des révolutions dans les transports et les communications (chemin de fer et télégraphe, radio et automobile, transport aérien et télécommunications), qui ont pour effet de réduire les barrières spatiales. Périodiquement, l'expérience de l'espace et du temps a subi des transformations radicales. On en a des exemples particulièrement saillants depuis le début des années 1970: impact des télécommunications, fret aérien, conteneurisation du fret routier, ferroviaire et maritime, développement du marché des futures, transactions bancaires électroniques et systèmes de production assistés par ordinateur. Nous traversons depuis quelque temps une phase forte de "compression spatio-temporelle": soudain, le monde nous apparaît bien plus petit et les horizons temporels dans lesquels nous concevons l'action sociale se raccourcissent considérablement. La perception que nous avons de qui nous sommes, de notre lieu d'appartenance, de l'étendue de nos obligations -en un mot, de notre identité- est profondément affecté par la perception de notre position dans l'espace et le temps. En d'autres termes, nous situons notre identité à partir de l'espace (je suis d'ici) et du temps (c'est ma biographie, mon histoire). Les crises d'identité (où est ma place dans ce monde ? Quel avenir puis-je avoir ?) découlent de phases fortes de compression spatio-temporelle. De plus, je crois plausible d'affirmer que la toute dernière phase a tellement bouleversé notre perception de qui nous sommes et de ce que nous sommes qu'elle a entraîné une sorte de crise de la représentation en général [...] Par exemple, le désir d'éphémère dans la production culturelle correspond aux rapides mutations des formes et des techniques de la mode et de la production qui se sont développées en réaction à la crise d'accumulation d'après 1973. Lorsque l'on revient sur d'autres phases de rapide compression spatio-temporelle -l'après 1848 en Europe, la période qui précède immédiatement la Première Guerre mondiale et la période de la guerre elle-même, par exemple-, on constate que des changements similaires se sont aussi produits dans le domaine des arts et de la culture." (pp.23-26) -David Harvey, extraits de Spaces of Capital, 2001, in Géographie de la domination, Paris, Les prairies ordinaires, 2018, 118 pages. [/spoiler]
  7. J'ai remarqué que la philo analytique n'intéressaient guère en France, sauf Wittgenstein. Je présume donc que c'est beaucoup pour se donner un genre vu l'obscurité et l'hermétisme de l'œuvre un peu comme avec Heidegger.
  8. Tribune d'un député LREM contre la légalisation du cannabis: «La légalisation du cannabis est une chimère mortifère» (msn.com)
  9. Lordon persévère: "Dans les sociétés [primitives] qu'étudie Clastres, la conjuration de l'expression "Etat" se paye de l'expression "corps identiquement scarifiés". D'une manière ou d'une autre, à la manière de l'Etat ou à la manière du collectif qui administre directement le marquage scarifiant dans le rite de passage, les corps individuels seront tracés, pliés. On notera en passant qu'ici les corps sont pliés à une identité commune: c'est le groupe, ce groupe, qui inscrit sa marque à même les chairs -et l'on aura du mal à faire de La société contre l'Etat un bréviaire de la désidentificaion. L'absence de souveraineté sous la forme "Etat" n'empêche donc nullement que le collectif affirme sa souveraineté sur ses membres. L'absence de souveraineté de type politico-institutionnel n'empêche nullement que s'exprime la souveraineté onto-anthropologique de l'imperium -puisque celle-ci se forme nécessairement. [...] S'il y a eu des zadistes qui ont cru pouvoir se vivre comme "ingouvernables" à la ZAD, ils se sont raconté des histoires. [...] Se proclamer "ingouvernable" n'empêche pas qu'on est toujours gouverné. Et que la seule question intéressante, ça n'est pas de l'être ou de ne pas l'être, mais par qui et comment." -Frédéric Lordon, Vivre sans ? Institutions, police, travail, argent..., Paris, La Fabrique, 2019, 250 pages, pp.136-137.
  10. François-Xavier Haye : La monnaie pour les Nuls et les autres histoires, fonctionnement et enjeux - YouTube
  11. J'avais commencé un bouquin de lui sur la séduction et ça sentait l'escroquerie commerciale sans aucune assisse scientifique, donc je n'ai pas insisté.
  12. @Bisounours: la valeur c'est ce que tu valorises, c'est-à-dire ce à quoi tu donnes de l'importance.
  13. Je recommande aussi L'idéologie allemande (qui fait partie du corpus de l'agrégation de philo, alors que c'est beaucoup de sociologie, hé hé hé) @Bézoukhov@Pegase. Sinon oui le chapitre sur Marx dans Les étapes de la pensée sociologique d'Aron.
  14. Michel Foucault ou Baudrillard aussi, et ça ne donne pas d'aussi bons livres, curieusement ?
  15. Pour commencer, la relation de l'ami et de l'ennemi de Schmitt n'est que l'un des présupposés du politique chez Freund, et s'il le place en dernier, après la relation du commandement et l'obéissance et la relation public / privé, ce n'est pas un hasard, c'est très bien vu. Un hypothétique Etat mondial pourrait encore être politique avec des gouvernants et des gouvernés, sans avoir d'extériorité. C'est donc un critère plus important. Après je trouve que Freund ne va pas assez loin car il n'explique pas pourquoi cette relation existe dans toute société. Mais Nietzsche et Philippe Simmonot ont une explication convaincante, qui repose sur une sorte d'interprétation anti-hobessienne de la violence.
  16. Pourquoi ? Freund est de toute évidence un génie, du niveau d'Aristote au minimum. Mais un Aristote qui aurait intégré Machiavel et Weber et un paquet d'autres.
  17. ça me semble erroné de dire que garantir des droits individuels, ce n'est pas promouvoir une certaine conception du bien. Dire qu'il faut que le régime politique garantisse la liberté, c'est bien affirmer implicitement qu'il est bon que les individus puissent mener leurs vies librement. On peut dire que c'est une éthique minimale, mais c'est une conception du bien (public) néanmoins.
  18. Là tout de suite je ne vois pas pourquoi je serais censé l'adorer ^^ @Vilfredo Pareto Est-il besoin de le préciser : je suis redevenu de gauche, et plutôt industrialiste. Tout ce qui est écologie radicale ou antihumaniste me navre intensément.
  19. 1): Je réponds à l'articulation des deux au début de la brochure sur Kekes. Bien sûr, je présuppose la validité d'une méta-éthique que j'ai déjà démontrée dans un essai précédant, on ne peut pas tout réexpliquer en permanence. Je comprends tout à fait que les gens qui n'admettent pas les thèses avancées dans De la naturalité du Bien n'auront pas envie d'admettre le pluralisme, mais ça ne suffit pas à prouver que mon éthique est fausse. 2): J'essaye de répondre plus tard. 3): ça veut dire que je présume que l'écrasante majorité ferait un autre choix que de continuer à se prostituer. Bien sûr, si cette causalité n'existe pas, la pertinence du couplage: capabilités / aides sociales donnant d'autres options + interdiction de la prostitution ne se justifierait aucunement. 4): Dans l'Annexe 2 je justifie pourquoi l'initiation de la violence peut être justifiée pour autre chose que garantir la liberté individuelle, et pourquoi il serait meilleur de laisser l'Etat être le seul à le faire, hors circonstances extraordinaires.
  20. 1): Disons que je n'ai pas le loisir de faire que ça, mais je compte te relire car je me souviens très bien que je n'ai pas répondu à tout. 2): Qui est-ce ?
  21. L'Etat libéral n'est certainement pas "axiologiquement neutre", et d'ailleurs ça n'a aucun sens: « Qu’est-ce qu’un régime, sinon la traduction politique d’une conception générale du monde, c’est-à-dire un choix de certaines idées contre d’autres ? » (Julien Freund, L’Essence du politique, Dalloz, 2004 (1965 pour la première édition), 867 pages, p.214). En revanche on peut dire que c'est un type de régime non perfectionniste: il ne vise pas à contraindre les individus à suivre un certain mode de vie. Ce qui différencie les libéraux et une bonne partie des Modernes par rapports aux penseurs politiques classiques (de Platon à Thomas d'Aquin, en gros).
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