Aller au contenu

Vilfredo

Membre Adhérent
  • Compteur de contenus

    6 681
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    17

Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. Ok je vois mais comment est-ce qu'on sait si le traitement/l'orientation prise pour la thérapie fonctionne? S'il n'y a pas de test ou de reality-check? Je pense par exemple aux recherches de Dolto sur l'autisme dont on reconnaît aujourd'hui assez largement que, contrairement à ce qu'elle avançait, ce n'est pas une question d'éducation, et que du coup ce qu'elle raconte était plus nocif qu'autre chose? Et comment la psychanalyse ou des approches non pharmaceutiques peuvent-elles traiter l'autisme par exemple ou n'importe quelle autre "condition" avec un fort facteur biologique (et oui "fort facteur biologique" c'est vague, my point exactly: où place-t-on le curseur?)? Ça fait un peu 15 questions emballées en une
  2. Je n’y connais rien mais je préfère ceux de Marine Vacth.
  3. Au fait si vous aviez besoin après ce wot d’une raison supplémentaire de ne pas y aller, Durendal a aimé this is a good indication that it is crap edit il s’extasie sur le fait que Verhoeven filme le reflet des seins de Efira dans une assiette. Il est facilement impressionné ce garçon.
  4. Ah oui pardon. Avant j'aimais bien écrire des critiques de ciné ça a dû laisser des traces vagues.
  5. Bah en fait les réacs ont raison, c'est grave nul Benedetta. Enfin c'est rigolo au second degré et Lambert Wilson et Charlotte Rampling empêchent presque le film d'être une purge absolue et infâme. Mais c'est quasiment ça. Parfois c'est volontairement drôle (les scènes avec Wilson), la plupart du temps, involontairement (les scènes de vision avec Jésus qui botte le cul des méchants et découpe des serpents avec une épée comme s'il sortait d'un film de Ridley Scott, les gens me regardaient mal mais j'étais explosé de rire et pareil pour les scènes où Efira gueule comme une possédée avec une voix de mec). Allez-y si vous voulez mater des boobs pendant deux heures. Sinon c'est le pire film de Verhoeven et ça fait tellement d'efforts laborieux et pitoyables pour choquer (on voit des meufs chier et s'essuyer le cul avec des branches, on voit un mec péter sur du feu, vraiment un portrait fascinant du Moyen Âge, imaginez un peu si ça va m'empêcher de dormir) que c'en est encore plus débile. Visuellement c'est pire que dégueulasse (les effets spéciaux sont à gerber), en plus le film a été tourné en PACA avec 20 figurants qui se battent en duel. Presque tout le monde joue mal, voire très mal. Les dialogues bon alors on a pris l'option de les faire parler comme aujourd'hui mais pas tout le temps, donc ça donne un mélange infâme de registre châtié et de français du XXIe ("qu'est-ce que c'est que cette merde messire" et j'exagère à peine), et pour des dialogues de toutes façons pourris. D'ailleurs on pourrait en dire autant de l'écriture, ni faite ni à faire: on ne nous présente jamais trop le personnage de Benedetta sauf dans une scène d'introduction tellement conne que quand tu vois ça tu sais que ça va être bien: la petite Bendetta est attaquée par des brigands qui veulent lui voler son collier, mais elle prie la vierge et un oiseau chie sur l'oeil d'un des voleurs et du coup ils changent d'avis. A part cet élément passionnant d'exposition, pour le reste, Benedetta c'est juste une nonne qui aime les boobs et c'est à peu près son seul trait de caractère. Elle est rejointe par une fille de rien dont la principale caractéristique est d'aimer les boobs aussi (et d'être crade). Ensemble elles vont donc se toucher les boobs pendant la moitié du film. La tension dramatique est à son comble. Il y a un autre personnage qui meurt donc on pourrait croire a priori que c'est intéressant mais comme il est introduit 30 min avant sa mort dans le film et de toute façon quand il est assassiné tu sais déjà qu'il a la peste donc c'est pas comme si on en avait qqch à foutre qu'il meure de cette façon ou d'une autre. On peut pas vraiment parler d'une intrigue, parce que tout ce qui se passe dans le film ne sert en fait qu'à nous ramener à une nouvelle scène de baise. Lesquelles ne sont pas ouf non plus. Elles s'enfoncent une statuette de la vierge dans le vagin en criant "doux Jésus", j'imagine que ça doit vexer les critiques cinéma de La Croix mais au-delà de ça si c'est ça le sommet de la provoc vraiment je me dis que Verhoeven s'est assagi. Comme très vite je me suis rendu compte (au bout de 15 minutes hein) que ça allait être pourri, j'espérais au moins une série B ou C gore et trippante. Mais pas du tout: c'est sage, propre, presque bon enfant. Je me suis bien marré mais c'est un vrai navet comme j'en avais pas vu depuis longtemps. Dire que ce truc a été nominé pour la Palme d'or. En sortant avec un copain on s'est vraiment demandé si c'était une comédie ou pas mais non c'en est pas une. Maintenant je regarde sur Imdb le film a 6.7 (!) et sur Rotten Tomatoes le consensus est: "Precariously walking a tightrope of varying genres and tones, Benedetta provokes salient questions about sexual freedom and its relationship to faith." Alors pas du tout, il ne marche pas sur une corde raide: le film rate tous les genres qu'il aborde et ne gère absolument pas le "mélange des tons" sans doute totalement incontrôlé. Le film ne pose absolument pas ces questions non plus: c'est juste des nonnes qui baisent. Il suffit pas de montrer des gens qui baisent pour que ça soit "une réflexion sur la sexualité". Sinon moi aussi je peux faire une réflexion sur la sexualité. J'aimerais bien savoir ce qu'il en sort de cette réflexion sur la sexualité que j'avais manqué: que le couvent réprimait la sexualité des femmes? Qu'elles déplaçaient ça sur la religion? Bah tiens! Bon je suis rassuré Letterboxd ne lui met que 3.2 étoiles/5, ce qui est assez sévère connaissant le site. Je vais me faire un plaisir d'en mettre juste une.
  6. Vilfredo

    Tweets rigolos

    Ah ca me rappelle cette blague ou le fils dit à la mere — je suis docteur en philosophie — magnifique mon chérie mais quelle est cette maladie, la “philosophie”?
  7. Et j’imagine comment. Mais il faut lire ce bouquin comme un livre d’épistémologie appliquée et comme tel ça vaut la peine d’être lu. Sans doute que Popper avec son ego énorme s’y croyait trop et voulait vraiment écrire de la philo politique mais tant pis. Tiens ça me rappelle qu’il faut que je lise Voegelin. Je vais faire un binge reading de trucs straussiens (La nouvelle science du politique, son livre sur Platon et Aristote, plus les Strauss que j’ai pas lus) et on en reparle.
  8. Popper a l’avantage d’être utile pour des tas de trucs, de décaper des tas de conneries en épistémologie, de fournir une approche facile d’accès et populaire du libéralisme, d’écrire de très bons livres et de convaincre beaucoup des scientifiques que je connais que la philosophie sert à quelque chose donc je suis un peu son bulldog. Meme si je préfère Hayek. La Connaissance objective est un de mes livres de non fiction préférés tout court.
  9. Tu peux développer? Parce que ça ne sert pas à grand chose en thérapie? J’avais l’impression que la defense de la psychanalyse allait à peu près dans ce sens: les antidépresseurs marchent mais ils ne soignent pas la dépression parce que le dépressif ne comprend pas pourquoi il a fait une dépression. D’où le besoin de passer par le langage pour rendre clair pour soi le motif de la dépression et identifier les différents déplacements et (idéalement) éviter de les refaire.
  10. Ah si absolument Mais la raison pour laquelle j'ai pas mentionné Kant c'est que Kant a cette idée curieuse que la raison est comme naturellement portée à sortir de son rôle (la Schwärmerei), et à "penser" Dieu par exemple, ce que l'entendement ne peut pas (parce qu'il est limité dans l'espace et le temps). Pourquoi la raison fait des conneries pareilles, Kant ne dit pas.
  11. PS j'avais fait une khôlle où j'avais soumis cette idée que la métaphysique était une sorte de théorie du complot, une manifestation de l'orgueil de la raison en gros, typique du "Dieu des philosophes", bien différent du vrai Dieu (c'est tout le sens de l'attaque de Pascal contre le rationalisme). Le khôlleur avait moyennement aimé.
  12. Un des problèmes des sciences sociales qui explique ce que le falsificationnisme peut avoir de pertinent est: est-ce que le truc que je mesure est réel ou pas? Si tu te poses cette question, tu es dans l'optique que Popper voulait favoriser, non seulement dans les sciences sociales, quoiqu'il sût que ça ne fonctionnait pas vraiment comme ça et que souvent on bricolait ses théories pour qu'elles collent aux nouveaux faits qu'on avait découverts et qui rentrait pas trop dedans à première vue, mais aussi en politique et dans la société: c'est la définition d'une "société ouverte", celle qui essaie des politiques, voit si ça marche, reality-check constant, piecemeal social engineering etc., tout ce qui lui a valu de se fâcher avec Hayek et que Jasay défonce complètement et à raison dans The State. Il y a des articles de John Gray qui expliquent le lien entre cette philosophie sociale et son épistémologie (par exemple celui-ci: https://www.jstor.org/stable/44482132). Pour savoir si un truc est "réel", la meilleure manière de procéder est de voir s'il corrèle à d'autres trucs réels, càd acceptés comme tels ou tenus pour tels. Pour prendre un exemple auquel Liborg et Murray m'ont rendu un peu familier, on dira que le QI est autre chose que juste ce que le test de QI mesure parce qu'il corrèle avec le revenu (entre autres). Ça ne veut pas dire qu'il l'explique: les sciences sociales disposent d'autres modalités d'explication que les sciences physiques (expliquer par les raisons vs expliquer par les causes). Mais ça veut dire que c'est cohérent avec suffisamment de trucs pour qu'il soit raisonnable de penser que tu l'as pas inventé. La démarche est de soumettre ses idées à un test impartial, à quelque chose qui ne dépende plus de toi, au risque de se tromper. Exactement comme en politique, pour Popper en tout cas. Si tu ne peux pas te tromper, parce que tu t'exprimes en termes non-testables, ou parce que tu présentes ta position comme nécessaire et non hypothétique, on entre dans l'idéologie et le totalitarisme (effectivement). Plus simplement, on sort du champ de la discussion. Que la discussion dans les faits ne ressemble pas beaucoup à un débat scientifique est un problème que Popper semble rarement se poser. Ça explique peut-être pourquoi il était si bitchy personnellement. On voit ici que Popper ne prend pas une position strictement correspondantiste dans le débat sur la théorie de la vérité (vérité correspondance vs vérité cohérence) parce qu'il n'a pas une conception unifiée du monde/de la réalité. Il divise fameusement la réalité en plusieurs régimes ontologiques qui communiquent cependant: le monde 1 (les faits physiques), le monde 2 (les faits sociaux) et le monde 3 (les théories, les livres, la fiction). L'idée qu'il faut oser confronter ses croyances au test peut se rapprocher d'un éloge libéral de la concurrence: oser affronter la réalité du marché, ou le marché comme modélisation de la réalité, comme vous voulez. C'est aussi comme ça qu'il comprend l'évolution darwinienne et l'émergence de la complexité/de la pensée abstraite dans l'espèce humaine: nous mourons puis nous apprenons à laisser les idées mourir à notre place. Au lieu d'aller dans un nid de serpents, tu vas t'imaginer y aller, te dire que c'est une idée de merde et renoncer à cause du danger. C'est ça l'abstraction, nécessaire pour penser le droit et les phénomènes complexes. Controversial opinion now: Je ne suis pas éloigné parfois de penser que les systèmes métaphysiques sont basés sur la même mécanique que les théories du complot. Elles reposent sur la même idée qu'il faut rendre raison de tout. Dans l'Introduction à la psychanalyse, Freud explique par exemple que les explications physiologiques des troubles mentaux ne sont pas satisfaisantes parce qu'elles n'en rendent pas raison (autrement dit, parce que ce sont des réductions: on change de 'monde' dans les termes de Popper). Les facteurs comme l'excitation, le manque d'attention, les stimulations observables directes, Freud les rejette comme explications des phénomènes comme les actes manqués parce qu'elles ne donnent pas les motifs pour lesquels ces actes sont effectivements effectués: elles n'en donnent que les causes. Pourquoi la cause ne suffit-elle pas? Parce qu'elle ne donne pas au phénomène une signification humaine (c'est le propre de toute réduction), et par conséquent, Freud argumente qu'elle n'est pas utile pour la thérapie, qui a pour but de faire prendre conscience au patient du motif, de rendre raison pour lui du mal qui le fait souffrir. D'un côté ça fonctionne à mon avis pour beaucoup de gens, de l'autre c'est l'attitude qui consiste à rendre raison de façon systématique qui me paraît "complotiste". La réalité n'a pas de fonctionnement objectif, parce que tout ce qui importe est les associations que le patient fait, et ces associations existent dès qu'elles sont faites par lui (parce qu'elles révèlent une névrose, par exemple, qui est réelle). Il n'y a plus de différence, en termes physiques, entre le bruit et le signal: tout est le signal. Ce qui fait que rien ne peut être "pas pertinent", donc rien ne peut être faux. L'idée qu'il faudrait rendre raison de tout est vieille en philo, c'est le principe de raison suffisante de Leibniz qui en est l'expression la plus classique, la plus connue. Descartes développe aussi l'idée que tout effet doit avoir une cause qui a "un plus haut degré d'être" que lui, ce qui exclut par exemple l'action à distance et pas mal d'éléments de la physique newtonienne, l'existence du vide etc. Peut-être que le complotisme est une maladie laissée par l'absence de Dieu qui donnait effectivement une raison suffisante à tout, puisqu'il était le terme ultime de la régression explicative (le "premier moteur"). Son existence calmait les esprits échauffés et arrêtait la frénésie explicative. Je suis convaincu que psychologiquement, le conspirationnisme est une sorte de théodicée sans Dieu. On y retrouve la même aversion pour le hasard par exemple, qui énervait tellement les adversaires de Darwin (encore aujourd'hui), parce que c'est une humiliation pour la raison humaine, qui ne veut accepter que ce qu'elle peut comprendre (au sens étymologique d'"embrasser"). Cette réaction psychologique d'humiliation a été prégnante dans la réception de Darwin, l'idée que les hommes étaient des singes etc. C'était aussi une offense à la religion (Dieu fait l'homme à son image...). C'est un travers de l'esprit que Hayek visait précisément quand il disait fameusement que The curious task of economics is to demonstrate to men how little they really know about what they imagine they can design. Bergson représente en philosophie une résistance au hasard. L’évolution de la vie ne peut être un hasard car elle s’accomplit dans une direction déterminée. Bergson veut donner une « signification humaine » au contingent, comme les primitifs qui expliquent ce qu’ils ne comprennent pas par des mythes, qui rétablissent une intention dans ce qui en semble dépourvu et donc inhumain. Il prend l'exemple des soldats sur le front en 14, irrationnellement plus terrifiés par les obus que par les balles dans Les Deux Sources de la morale et de la religion. L’explication scientifique (par le hasard) et l’explication humaine (par la croyance) s’opposent donc et fonctionnent sur deux plans hétérogènes. On voit ici que le hasard est lié à la finitude : à la fois incapacité psychologique à se contenter de la science pour expliquer le contingent (besoin du mythe) et incapacité intellectuelle à tout prévoir comme le démon de Laplace : on appelle hasard ce qu’on ne peut prévoir et nécessité ce que l’on peut prévoir. D'où une idée qui a longtemps prévalu en philosophie des sciences (je parle avant le XXe) et qui remonte à Aristote (même s'il faut faire attention et bien distinguer le hasard et la fortune quand on parle de ses bouquins) que la science n'explique que le nécessaire. Donc les sciences sociales peuvent aller se faire mettre. La distinction est classiquement opérée par Leibniz (j'en ai déjà parlé). L’actuel a deux sens dans Leibniz : (1) le nécessaire, dont la propriété est le respect du principe de non-contradiction (PNC) et dont on connaît les causes (qui sont mises en lumière en science), et (2) le contingent, accessible à notre expérience sans que ses causes nous soient connues. L’existence de (1) ne dépend pas de Dieu (car le PNC garantit que le possible soit dans l’entendement divin), mais celle de (2), oui, car les possibles non-nécessaire sont sélectionnés par Dieu en fonction de leur degré de perfection et deviennent des existants contingents. Donc la science ne nous permet pas de remplacer Dieu dans Leibniz, reproche souvent fait à la science quand elle veut précisément dépasser la place que lui donne Leibniz et rendre l’hypothèse de Dieu inutile ou trop peu parcimonieuse. Laisser quoi que ce soit au hasard reviendrait à contester la perfection absolue de Dieu, ce qui est contradictoire. En outre, comme il y a une infinité de possibles non-contradictoires, il est impossible à l’esprit humain de rendre compte de la probabilité des existants contingents ou de se substituer à Dieu. L’homme voit le contingent, mais il y a une harmonie préétablie (l'haeccéité individuelle, la substance de chacun de nous, qui déterminait César à franchir le Rubicon et qui n'est donc révélée qu'a posteriori, v. le §31 (si ma mémoire est bonne) du Discours de métaphysique pour voir le rapport entre ça, le libre-arbitre et la responsabilité individuelle). Ce n'est en gros qu'avec le XVIIIe, me semble-t-il, qu'on intègre le hasard dans une science du contingent, comme absence de cause ou comme cause non humaine ou sans intention. On commence à comprendre que le hasard fonctionne selon des lois et donc qu'il peut être objet de sciences. C'est pourquoi je pense aussi que, de ce point de vue, ce n'est pas faux de rapprocher comme je l'ai fait l'hostilité au hasard de la mentalité "primitive" (cette fois-ci pas dans le sens anthropologique mais bien dans le sens méprisant d'attardé mental). Heureusement que j'ai pas fait un wall of text dites-moi.
  13. Lis Popper (pas La Logique de la découverte en premier, plutôt La Connaissance objective et Conjectures et Réfutations).
  14. J'avais écrit un wall of text mais ce truc le mérite pas. D'abord il fait des erreurs sur Popper: Popper distingue loi et tendance générale, je vais pas me casser les pieds à recopier, il a qu'à lire le bouquin. Une loi est universelle, une tendance est particulière. S'il y avait pas de tendances en histoire, ça se saurait. Popper n'applique pas du tout les standards des sciences physiques aux sciences sociales, il fait très exactement tout le contraire (c'est ce qu'il appelle le scientisme), notamment (si l'on s'en tient à l'argumentation développée dans Misère de l'historicisme) parce que la société n'est pas prédictible au même degré et de la même façon qu'un phénomène physique isolé en laboratoire. A ce sujet, deux remarques: 1) ça prouve bien que l'individualisme méthodologiques n'est pas le réductionnisme borné et top down qu'il strawmanise avec l'allégresse d'un chimpanzé qui se branle 2) c'est un axe crucial des textes d'épistémologie de l'école de Vienne (à ne pas confondre avec le Cercle de Vienne: je parle ici de Lorenz, Hayek et Popper, pas de Carnap, Schlick et Neurath) de critiquer les expériences en sciences sociales précisément parce qu'elles se font en laboratoire, dans un contexte abstrait (au sens étymologique de ce mot) et ce qui poussait justement Lorenz à observer les oies en plein air, comme les nombreuses photos de lui en slibard dans la flotte le documentent largement. Il théorise ça dans Les Fondements de l'éthologie. C'était encore par opposition au scientisme représenté principalement à l'époque par le behaviorisme, que tous ces gens détestent. De manière analogue, on ne peut pas faire des expériences avec une société, mais on peut en faire avec des individus (la psycho sociale, Milgram, ça existe). Alors on calcule des échantillons etc. Tout ça Popper le dit dans le bouquin. Popper et Lorenz étaient super potes, il y a des échanges intéressants publiés dans After the Open Society (éd Routledge). Enfin, le standard de Popper est la falsification: ce n'est pas juste la philosophie des sciences dures qui est concernée (en effet, les maths n'ont rien à voir là-dedans, et pour certains, c'est même un problème), c'est aussi la philo du langage. Les livres de Hayek et de Jasay ont clairement appliqué cet esprit disons "analytique" à la philo politique: quelle est exactement la référence de "société"? Dans le deuxième volume de DLL, Hayek est très clair quand il dit que "justice sociale" est un non-concept, presque un faux problème au sens de Wittgenstein (que Popper n'avait pourtant pas dans ses petits papiers, et c'était réciproque, comme on sait). L'attitude de l'individualisme méthodologique vis-à-vis des phénomènes complexes, càd ceux où les relations sont plus importantes que les termes de la relation (prenez une ruche), c'est d'analyser le phénomène à partir des effets qu'il produit sur les individus (par exemple les études de EO Wilson sur l'eusocialité, pour rester dans les hyménoptères: le phénomène complexe (le hive mind) est expliqué par lui en termes individuels (en l'occurrence la spécificité de l'haplodiploïdie)). C'est expliqué par Mises dans HA. Par exemple, tiens, un mec dans une foule ne va pas se comporter comme un mec tout seul (Le Bon, Tarde). Comment se fait-ce? On invente des trucs comme la rationalité, les actions logiques et non-logiques (Pareto), on les emploie pour analyser des phénomènes religieux et politiques, et on en déduit des trucs sur la nature humaine. A ce sujet, je recommande très chaudement à ce youtubeur à la voix insupportable (mais tous les youtubeurs n'ont-ils pas une voix insupportable? après lui a en plus un humour de merde) et à tous ceusses qui ne l'auraient pas lu d'ailleurs The Blank Slate de Pinker. Les 50 premières pages sont reloues mais ça devient très vite très bien après. Le youtubeur ne parle que de sociologie mais l'éco et la bio sont aussi des sciences sociales qui remplissent toutes les cases de la falsification sans pour autant circlejerker autour de la notion d'individu, ne serait-ce qu'avec le débat autour de Dawkins, quoiqu'on pense de la validité des implications sociologiques de sa théorie: elle n'est pas individualiste au sens où l'invidu n'est pas l'unité à laquelle s'effectue la sélection, mais elle n'en est pas moins falsifiable càd testable et jusqu'à présent parfaitement corroborée (le cinderella effect, les segregation distorters). On a aussi des trucs très classiques comme le théorème de Coase pour expliquer l'émergence de collectifs (les entreprises) à partir des préférences individuelles (dès que les coûts de transaction sont trop élevés). Donc vraiment quand il dit que les modélisations sociales de l'individualisme méthodologique ou défendues par la théorie poppérienne ne sont pas capables d'intégrer les collectifs (quels qu'ils soient tiens), il se fout de la gueule du monde et mérite de se faire compresser le crâne entre deux volumes de La Société ouverte. Quand bien même on voudrait s'en prendre à Popper, il y a des auteurs beaucoup plus stimulants pour le faire (Adorno, Habermas). Et je me rends seulement maintenant compte que j'ai réécrit un autre wall of text et il le mérite toujours pas. J'ai pas pu m'empêcher, VDM.
  15. Ah oui? Exemples? (C’est un des meilleurs bouquins politiques de Popper.)
  16. Ca me fait penser que je suis tombé sur le livre de Bachofen en furetant dans la bibli de mon père. Le livre est ironiquement dédié à sa mère. Ça a l’air chouette mais un peu long (env 1300 pages).
  17. Bah non. Le confinement tout le monde était encore égal devant la loi
  18. Non le pass sanitaire prive certaines personnes et pas d’autres et c’est cette discrimination qui le rend insupportable (plus encore peut-être que le confinement) aux français. En outre, le confinement servait à éviter la surcharge des hôpitaux, et on sait que ce n’est plus le cas mtn.
  19. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    il y en a qui suivent on dirait
  20. Très bon post, où CP est cité à côté du Diplo C'est la convergence des luttes.
  21. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    ça prouve toujours l'efficacité du vaccin
  22. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    Ça dépend de ce qu'on veut montrer. Si on veut montrer que le vaccin protège bien du virus, la comparaison du ratio hospitalisations/cas avant et après la campagne de vaccination semble aller dans ce sens.
  23. Vilfredo

    Actualité Covid-19

    On aimerait en savoir plus sur leur profil, parce que je crois que 2/3 des adultes ont reçu deux doses et que les hospitalisations sont basses. (Genre quelques centaines de personnes.) Si on veut en conclure qqch sur le vaccin, on va avoir un petit problème d'échantillon, non?
  24. http://sab.coef.pagesperso-orange.fr/co/Titre_2_Chapitre_1_6.html https://en.mihalicdictionary.org/wiki/Smith_v._Allwright Il y a des mauvais précédents et les tribunaux continentaux ne sont pas liés, me semble-t-il, par les mauvais précédents. De toute façon, je crois pas que ce post portait sur le droit mais plutôt sur les lois naturelles de l'évolution des sociétés nesspa.
  25. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pente_savonneuse
×
×
  • Créer...