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Bibliographie politique & droit


Messages recommandés

Bonjour!

Le programme de philosophie du concours de l'E.N.S. de l'an prochain est: «La politique, le droit».

J'aimerais savoir si vous avez des idées de bibliographies pertinentes pour ce sujet (il s'agit en effet d'un seul sujet, composé des deux termes), pour servir de pendant à ce qu'on nous donne à lire: Rousseau, Hégel, Marx…

D'avance, merci!

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J'ajouterai "la notion de politique" de Carl Schmitt et si tu as du temps, de l'argent et de l'envie, "L'essence du Politique" de Julien Freund (Dalloz).

Ah, tu peux aussi éventuellement consulter : "Hegel, Carl Schmitt, le politique entre spéculation et positivité" de Jean Fabien Spitz (PUF Léviathan), "A la recherche de l'humanité : science, poésie ou raison pratique dans la philosophie politique de Rousseau, Leo Strauss et James Madison" (PUF Leviathan) de Terence Marshall, et "Trois révolutions de la liberté : Angleterre, Etats-Unis, France" (PUF Leviathan) de Philippe Raynaud. Tu peux aussi consulter le dictionnaire de philosophie politique sur le sujet (celui que Raynaud a codirigé avec S Rials aux puf), qui est bien fait sur le sujet.

Je pense aussi aux "principes du gouvernement représentatif" de Bernard Manin, au "concept de droit" de Herbert L.A. Hart (paru dans une maison d'édition belge que j'ai oublié sur le moment).

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"L'essence du Politique" de Julien Freund (Dalloz).

Si F. mas le conseille on doit pouvoir lui faire confiance. Mais enfin, pour avoir lu seulement "Qu'est-ce que la politique?", Julien Freund m'avait semblé un auteur tout à fait dispensable.

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Si F. mas le conseille on doit pouvoir lui faire confiance. Mais enfin, pour avoir lu seulement "Qu'est-ce que la politique?", Julien Freund m'avait semblé un auteur tout à fait dispensable.

Ah tiens ? Vous n'avez pas aimé ? Pourquoi ?Ca m'intéresse vraiment. "Qu'est-ce que la politique" est dernier chapitre de sa thèse (publiée sous le titre "L'essence du politique" chez Dalloz) qui a longtemps été pour moi une sorte de manuel. Freund n'est pas n'importe qui : c'est l'introducteur de Simmel, Schmitt et Weber en France, son directeur de thèse, après la défection de J Hippolite était quand même Aron, et il est un polémologue de premier plan (avec G Bouthoul). 'L'essence du politique" est une étude assez sérieuse sur le sujet, et j'en retiens particulièrement le passage sur les présupposés du politique (qui au passage reprend la distinction ami/ennemi de Schmitt tout en la modérant) : relation de commandement-obéissance, distinction public/privé, distinction ami/ennemi. Il met aussi beaucoup de minutie à distinguer la politique du droit et de la morale.

EDIT : je me souviens d'ailleurs que dans un autre de ses livres, il commence son propos en faisant un plaidoyer en faveur du réalisme de Thrasymaque contre l'idéalisme de Socrate plutôt bien foutu (même s'il a tort :))

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+ 1 pour Julien Freund

- De Carl Schmitt, plutôt Le nomos de la terre, qui retrace l'histoire du droit public moderne

- Ernst Kantorowicz, Les deux corps du roi

- Michel Villey, La formation de la pensée juridique moderne

- Vilfredo Pareto, Mythes et idéologies

- Léo Strauss, Droit naturel & histoire

- Hannah Arendt, La crise de la culture

- Michel Foucault, Surveiller & punir

- Samuel Huntington, Le choc des civilisations

- Francis Fukuyama, La fin de l'histoire & le dernier homme

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- De Carl Schmitt, plutôt Le nomos de la terre, qui retrace l'histoire du droit public moderne

+1

Je suis justement en train de le lire. Je n'en suis qu'au début mais cela me paraît déjà prometteur.

- Michel Villey, La formation de la pensée juridique moderne

+1

Un ouvrage qui me paraît indispensable à la compréhension du droit ancien et moderne.

- Léo Strauss, Droit naturel & histoire

+1

Ce livre, que j'avais lu une première fois avec mes préjugés libéraux sur la liberté inconditionnelle, m'a paru beaucoup plus interessant une fois laissées tombées les œillères.

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  • 2 weeks later...

Eh bien merci beaucoup, je ne manquerai pas de sources! :-)

Tant que nous y sommes, connaissez-vous des auteurs (rigoureux) qui se sont attaqués précisément à une critique méthodique de la théorie roussalienne du contrat social; qui auraient écrit pour s'opposer pratiquement idée par idée, assertion par assertion, au Contrat social de Rousseau ? De cet ouvrage, je n'ai pour ma part lu que le premier livre, mais il m'a semblé d'une pertinence toute relative, avec la seule apparence d'une grande rigueur, les points les plus fondamentaux n'étant pas vraiment discutés, cependant, de toute part, chez mes professeurs, j'entends dire que c'est «un cristal», d'une rigueur extraordinaire. À un camarade qui passait une colle de littérature et avait relevé une contradiction dans un texte de Rousseau, un professeur a rétorqué: «Avant de relever une contradiction chez l'auteur du Contrat social, il faut s'y reprendre à deux fois.»…

Bonne nuit!

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Eh bien merci beaucoup, je ne manquerai pas de sources! :-)

Tant que nous y sommes, connaissez-vous des auteurs (rigoureux) qui se sont attaqués précisément à une critique méthodique de la théorie roussalienne du contrat social; qui auraient écrit pour s'opposer pratiquement idée par idée, assertion par assertion, au Contrat social de Rousseau ?

Isaiah Berlin dans 'la liberté et ses traitres' consacre un chapitre à Rousseau, mais ce n'est pas une critique idée par idée.

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Tant que nous y sommes, connaissez-vous des auteurs (rigoureux) qui se sont attaqués précisément à une critique méthodique de la théorie roussalienne du contrat social ; qui auraient écrit pour s'opposer pratiquement idée par idée, assertion par assertion, au Contrat social de Rousseau ?

Il y a bien ça : mais ça n'attaque pas le bon bouquin.

Ceci dit c'est un pamphlet assez jouissif qui a pris très naturellement place à côté du Contrat social dans ma bibliothèque.

De cet ouvrage je n'ai pour ma part lu que le premier livre, mais il m'a semblé d'une pertinence toute relative, avec la seule apparence d'une grande rigueur, les points les plus fondamentaux n'étant pas vraiment discutés, cependant, de toute part, chez mes professeurs, j'entends dire que c'est « un cristal » d'une rigueur extraordinaire. À un camarade qui passait une colle de littérature et avait relevé une contradiction dans un texte de Rousseau, un professeur a rétorqué: « Avant de relever une contradiction chez l'auteur du Contrat social, il faut s'y reprendre à deux fois. »

Voici un conseil tiré de mon expérience personnelle : ne jamais, jamais prendre pour argent comptant les paroles d'un professeur dans ce genre de matières. Partir du principe que c'est un idiot, qu'il se trompe, et essayer de le prouver indiscutablement à l'aide des textes de référence. Je ne garantis pas des notes excellentes (quoique…) mais c'est comme ça qu'on apprend à penser.

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Eh bien merci beaucoup, je ne manquerai pas de sources! :-)

Tant que nous y sommes, connaissez-vous des auteurs (rigoureux) qui se sont attaqués précisément à une critique méthodique de la théorie roussalienne du contrat social; qui auraient écrit pour s'opposer pratiquement idée par idée, assertion par assertion, au Contrat social de Rousseau ? De cet ouvrage, je n'ai pour ma part lu que le premier livre, mais il m'a semblé d'une pertinence toute relative, avec la seule apparence d'une grande rigueur, les points les plus fondamentaux n'étant pas vraiment discutés, cependant, de toute part, chez mes professeurs, j'entends dire que c'est «un cristal», d'une rigueur extraordinaire. À un camarade qui passait une colle de littérature et avait relevé une contradiction dans un texte de Rousseau, un professeur a rétorqué: «Avant de relever une contradiction chez l'auteur du Contrat social, il faut s'y reprendre à deux fois.»…

Bonne nuit!

Constant, dans ses Principes de Politique, a consacré un ou deux petits chapitres à Rousseau (comme à Hobbes, d'ailleurs), que je considère comme à peu près définitifs. Il s'y attaque à déraciner le système rousseauien, et constate qu'une fois l'erreur mise à nu, tout le reste s'écroule naturellement.

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Isaiah Berlin dans 'la liberté et ses traitres' consacre un chapitre à Rousseau, mais ce n'est pas une critique idée par idée.

Merci, ce livre me sera sans doute utile et agréable. :-)

Il y a bien ça : mais ça n'attaque pas le bon bouquin.

Ceci dit c'est un pamphlet assez jouissif qui a pris très naturellement place à côté du Contrat social dans ma bibliothèque.

Voici un conseil tiré de mon expérience personnelle : ne jamais, jamais prendre pour argent comptant les paroles d'un professeur dans ce genre de matières. Partir du principe que c'est un idiot, qu'il se trompe, et essayer de le prouver indiscutablement à l'aide des textes de référence. Je ne garantis pas des notes excellentes (quoique…) mais c'est comme ça qu'on apprend à penser.

Merci, j'ai hâte de lire ce pamphlet! :-)

Du reste, je ne serai pas aussi sévère, ni ouvertement, ni-même au fond de moi-même. ^^ Cela dit, le discours libéral risque d'être en effet absent de nos cours, ce qui m'arrange d'une certaine manière, puisque j'appliquerai naturellement la méthode que tu dis. :-)

Constant, dans ses Principes de Politique, a consacré un ou deux petits chapitres à Rousseau (comme à Hobbes, d'ailleurs), que je considère comme à peu près définitifs. Il s'y attaque à déraciner le système rousseauien, et constate qu'une fois l'erreur mise à nu, tout le reste s'écroule naturellement.

Je n'ai pas encore fini les Principes de politique, mais je crois avoir déjà passé les passages auxquels tu fais référence (ou au moins certains). C'est intéressant, pertinent, mais, comment dire?… un peu «mou», je trouve; je veux dire qu'on peut difficilement opposer cela à Rousseau dans une dissertation parce que c'est, en apparence, moins rigoureusement et précisément rédigé, moins «puissant»… Cela dit, en y regardant de plus près, je me rendrai peut-être compte que certains paragraphes centraux sont en fait assez forts pour cela. Faut voir…

Merci beaucoup pour toutes vos réponses, c'est extrêmement agréable et utile! :-)

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  • 5 months later...

Bonsoir à tous,

Tout d'abord, avec quelques mois de recul, merci infiniment pour votre aide si efficace et si précieuse. Malheureusement, je n'ai pas pu lire énormément de choses, puisqu'il n'y avait pas que le programme de philosophie à préparer, mais la lecture de Du Pouvoir de Jouvenel a été pour moi une très grande découverte. J'aimerais profiter de cette discussion pour vous demander des références aussi précises que possible pour approfondir certaines questions en particulier. Peut-être des passages des œuvres que vous m'avez déjà conseillées y répondent-elles déjà (je n'ai pas eu le temps de beaucoup avancer dans Droit, Législation et Liberté). Voici donc une petite liste, où j'expose un thème et une vague intuition, l'idéal serait que vous m'indiquiez où je peux trouver ce thème traité dans la direction qui correspond au parti pris de mon intuition; cela me donnerait à court terme des armes efficaces pour des dissertations. Suivent donc quelques problèmes avec une intuition proposée, sans hautes prétentions philosophiques comme vous le verrez.

• Question du Droit naturel: En tant qu'êtres ayant une volonté et étant capables de souffrir [mais est-il possible d'être plus rigoureux?] les hommes doivent jouir de leur liberté et comme ils sont tous également hommes en ce sens là (ayant une capacité à vouloir et à être heureux ou malheureux extrêmement développée) aucun homme ne peut aliéner la liberté d'aucun autre et aucune norme morale autre que la primauté de la liberté individuelle n'est légitimement imposable.

• Question de la nature de l'état: L'état, ce n'est ni le pouvoir ni le gouvernement. Au delà de ce qu'est le Pouvoir à un moment donné de l'histoire, une société ne peut exister dans le temps que si elle repose sur des règles, sur un cadre abstrait, et c'est dans cette direction abstraite qu'il faut chercher la véritable nature de l'état - par exemple, et je l'ai peut-être lu chez Constant, mais je ne suis pas sûr, le fait que dans un régime monarchique, disons plus précisément une monarchie absolue, lorsque le roi meurt, il est remplacé par son successeur, prouve que même si la personne du roi se confondait avec la totalité du Pouvoir, et qu'en un certain sens le monarque pouvait se croire fondé à dire «l'état, c'est moi.», il y a quelque chose d'abstrait mais d'autoritaire qui transcende le souverain et régit la société.

• Question de la liberté: Il n'y a de liberté qu'individuelle parce que la liberté se définit comme un certain rapport entre une volonté et des actes et par définition la volonté émane d'une conscience [ce point mérite des arguments aussi pour réfuter la notion de «volonté générale] et par définition la conscience est individuelle.

D'avance merci pour toutes vos contributions.

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