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Vilfredo

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Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. Rien ne me fait plus cringer que le manque de vocabulaire. Je viens d'entendre "nous allons vous faire de super petits plats". Non. Je suis désolé, un plat n'est pas "super". Et c'est encore pire quand le manque de vocabulaire se fait voir dans un discours qui essaie d'être correct ("nous allons"). La forme extrême de ce mélange ou décalage, c'est le langage administratif et les annonces de la RATP. Autre chose: les gens ne savent pas se quitter. Timidité, manque d'éducation ou d'envie de se retrouver seul chez soi, j'ai toujours l'impression de me (et de leur) battre les flancs pour partir, ou alors c'est exactement le contraire, comme si, conscients jusqu'à l'extrême de la difficulté, ils sautaient au-dessus d'un muret avec une perche olympique: j'ai connu cette prof avec qui je pouvais avoir une conversation très agréable mais qui, au moment de se séparer, me disait "Bonnejournéeaurevoir" comme on dirait "rompez".
  2. Vilfredo

    Shower thoughts

    A chaque fois que quelqu'un commence un énoncé en "Je suis...", il énonce toujours ensuite une identité partielle: je suis ça, parmi d'autres choses (sauf s'il donne son nom; j'aime l'allemand qui n'emploie pas l'auxiliaire être (sein) dans ce cas mais un autre verbe, heißen). On ne peut jamais lire ce "suis" comme une identité. C'est seulement dans le cas des fous que le verbe prend un sens restrictif (d'identité). Quand un fou dit "Je suis une tomate", ce n'est pas "Je suis une tomate entre autres choses", d'un certain point de vue parce que (et c'est compréhensible pour nous, ce qui est en soi bizarre) être une tomate occupe entièrement leur esprit et donc, pratiquement, les empêche d'être quoi que ce soit d'autre (i.e. d'assumer leurs fonctions sociales normales qui rendraient vrais des énoncés comme: "Je suis un mari, un père, un ingénieur"), ce qui les caractérise comme fous, et d'un autre point de vue pourtant (et c'est incompréhensible pour nous, ce qui n'est pas étonnant, pourvu que nous ne soyons pas fous), ce n'est pas exact, car être une tomate n'est pas si exclusif qu'il entre vraiment en contradiction avec le reste des choses qu'ils sont: par exemple, ils parlent, mais ils sont une tomate; très bien, ils seront donc une tomate qui parle (classical psychosis). C'est donc bien un "être" d'identité dans "Je suis une tomate", mais évidemment une identité impossible parce qu'une identité entre deux termes (le principe d'identité, ce n'est pas A = B, c'est A = A). Logiquement, un homme qui serait devenu une tomate ne devrait être que ça, mais ce qui manque, à ce qu'il me semble, dans les témoignages des psychotiques, est le changement: quand sont-ils devenus une tomate? Peut-être que la thérapie a précisément pour but d'historiciser le trouble dans ce but précis. On ne peut donc même pas comparer, comme on pourrait être tenté de le faire, "Je suis une tomate" à "Je suis un homme", parce que "Je suis un homme" n'implique pas que je sois identique à quoi que ce soit d'autre justement: il n'y a aucune entité que je pourrais pointer du doigt et dire: "Je suis cette chose". Si on me demande de me montrer du doigt, je montrerais plus volontiers une photo de moi plutôt que de montrer mon voisin et dire "Je suis une de ces choses/un de ces êtres-là". Je me demande si un fou à qui on montre une tomate dirait: "Je suis une de ces choses-là" ou s'il répondrait "Mais non voyons, pas une tomate comme ça!" C'est ce qui me fait penser que le psychotique est un solipsiste. Réflexion en lisant Louis Sass.
  3. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Oui l’ironie c’est que pendant que la fac est bloquée, tout le personnel administratif continue de travailler mais en distanciel. Ayant déjeuné pas loin de llg, c’est assez clair pour moi que le blocus est une façon de compenser la tristesse (sans doute sincère) causée par l’échec de Melenchon en s’amusant ensemble. Ça fait de bons souvenirs et, à la petite échelle de leurs vies, ça constitue une rupture donc ça suffit pour donner l’impression d’être de la politique. Sauf que c’est égoïste en fait. La première leçon de la politique c’est que ça affecte tout le monde.
  4. Relativiste, ce terme qui ne veut rien dire. Si le relativiste c’est celui qui ne croit pas que les essences existent ou que les dieux existent (comme Protagoras, et même lui c’est difficile de savoir s’il mérite le qualificatif; en même temps comme ce qualificatif ne veut rien dire de précis ça n’aide pas) ou que les lois de l’histoire existent ça décrit très bien Popper et tous les libéraux du XXe, en fait la modernité en général. Enfin tu aurais aussi pu dire sceptique ou nihiliste. Ou méchant. Ou historiciste. Mais sinon ce que tu peux faire c’est chercher les mentions de Marian tupy sur le forum. Tu verras que je l’ai cité plus d’une fois et en bonne part. Et tu arrêteras peut-être de partir au quart de tour dès qu’on s’écarte d’un centimètre du catéchisme
  5. Bah non pas forcément. C'est tout le problème: si tu penses qu'il y a un progrès dans l'histoire, l'intervention humaine n'est pas nécessaire. C'est la question qui a agité les débats entre marxistes pendant une bonne partie du XXe siècle. Evidemment, comme tout le monde est "interventionniste" au sens liborg, après, oui, les "progressistes" sont interventionnistes. Mais les réacs qui veulent fermer les boucheries casher en France aussi. Dans la mesure précise où tu es "progressiste", tu ne peux pas être interventionniste. Si tu es radicalement progressiste, tu dois refuser toute intervention. Et le fait que la gauche "culturelle" aux USA soit également fortement anti-marxiste et individualiste (pas dans le sens liborg, vous m'avez compris) correspond tout à fait à leur attachement à l'Etat comme outil de propagation et d'hégémonie culturelle (ce que Marx appelait une superstructure). C'est pour ça que je préfère toujours discuter avec un marxiste si je dois discuter de politique avec un anti-libéral, c'est-à-dire quelqu'un. Enfin le top c'est un catholique réactionnaire. Ensuite un marxiste. Ensuite je m'en fous, je parle pas politique sinon la vie est trop courte.
  6. Bon et j'ai quand même mis @Airgead et @Lexington d'accord, je peux aller déjeuner fier de moi. Bisous.
  7. Je ne sais pas si la PMA est la fin du libéralisme, mais il y a deux questions plus intéressantes: celle, psychologique, des raisons pour lesquelles les individus se tournent vers le libéralisme, et le silence du libéralisme sur les enjeux moraux. Cette dernière idée est une grossière sursimplification, mais je distinguerais deux choses: d'une part les raisonnements "main invisible" qui retournent les vices en vertus et d'autre part la vénération quasi-théologique de l'impersonnalité du marché et de son étrangeté totale aux problèmes moraux (par exemple les questions de mérite), et qui ne me paraît pas tant dériver de Mandeville et Smith que de Leibniz. J'ai relu des passages du Mirage de la justice sociale de Hayek où il développe son argument sur le rôle du hasard en catallaxie et explique que, certes, certaines personnes méritantes souffrent de pertes parce que leur offre ne trouve pas preneur, mais d'un autre côté, il y a des escrocs qui réussissent à se faire de l'argent, donc la leçon est qu'on n'est pas récompensé à proportion de son mérite, et que soi-même, on a pu être malchanceux ce coup-ci, mais combien de fois a-t-on pu survivre grâce à la chance etc. Donc en fait, tout va bien dans le meilleur des mondes, et le mal moral n'est qu'une question de perspective: si on aborde la perspective étriquée de l'individu, évidemment c'est pas de chance, mais si on regarde the big picture, tout est en harmonie. C'est vraiment la théodicée. Alors bien sûr du côté du libéralisme disons "classique", des efforts pour intégrer des considérations morales sont très nombreux, mais ont fâcheuse (?) tendance à se rapprocher du conservatisme (dans ce que je lis en tout cas). Du côté du libertarianisme, ça donne évidemment les théories "thick", qui ont le mérite d'exister mais qui partent aussi très vite en live.
  8. Pour revenir aux idées, je ne vois pas bien ce qu'on gagne à revendiquer ce terme (un peu dixneuviémiste, en tout cas largement discrédité par la WW2) de "progrès". Si le progrès c'est tout ce qui arrive, dans ce cas c'est évident que le progrès ne peut pas être "libéral" ou quoi que ce soit d'autre, évident aussi qu'il n'apporte pas que des raisons de se réjouir. Si le progrès c'est seulement ce qui est libéral ou "ce qu'on aime bien" dans ce qui arrive, dans ce cas ce terme est complètement dispensable. Si on prétend avoir l'histoire de notre côté, on doit aussi assumer comme conséquences de tout ce qu'on appelle le progrès (les droits individuels, la liberté de circuler etc) tous les éléments de la société moderne qui sont parfaitement opposés aux idées libérales. Peut-être que certains le sont d'ailleurs. Mais je n'irais pas jusqu'à y voir une loi historique. De plus, c'est régulièrement l'attitude anti-libérale, qui consiste à attribuer au libéralisme tous les maux du monde moderne, et je pense que cette critique a une valeur, dans la mesure précisément où elle fragilise, avec le "progressisme" d'un certain libéralisme (aujourd'hui solidement représenté chez les gens de libertarianism.org par exemple), ce qu'on peut appeler son monisme, à savoir l'idée que tout va ensemble: liberté économique, politique, progrès moral etc. Or ce n'est pas le cas, et la dérive autoritaire de pays parfaitement libéraux pendant le Covid n'est que le dernier d'une longue suite d'exemples. C'est d'ailleurs la réalisation à la fin de la Guerre froide des failles de cette approche moniste qui a déclenché toute la querelle sur le libéralisme et le pluralisme. Face à cela, on peut avoir deux attitudes: une attitude sceptique qui consiste à admettre que le libéralisme est une théorie en construction, une doctrine historique et pas une essence atemporelle, ou une attitude dogmatique assez populaire chez les libertariens de la frange MI qui consiste à se retrancher sur un pré carré utopique du "vrai libéralisme" qui a marché en Islande au XIVe siècle et peut-être aussi dans certains coins du Far West. Donc en fait, comme dans tout argument empirique sur les lois historiques, on a le bénéfice d'une vue rétrospective. Mais si on change un peu de point de vue, la liberté n'a pas attendu le libéralisme. Je ne suis pas opposé à l'"optimisme" comme vertu politique, la diffusion des données sur la baisse de la faim dans le monde etc, mais parfois je me demande si en les utilisant on ne prêche pas aux convaincus.
  9. Genre lens est bloquée? Im often unaware of my physical environment—> strongly agree
  10. Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises ! J'ai l'impression surtout que cette élection c'est la fin du recul critique.
  11. Sur le partage antisémitisme/anti-arabes c'est vrai, mais ce qu'on voit dans les campagnes conspirationnistes contre Soros par exemple, c'est l'association des deux: elles expliquent que c'est un juif qui spécule pour que les Arabes envahissent l'Europe.
  12. Déjà quand tu boutonnes ta chemise jusqu’en haut bonjour la crédibilité
  13. Pour du plus abordable il y a le livre de Monod, La querelle de la sécularisation chez Vrin.
  14. L’ennui c’est que quand on rentre la dedans on voit vite de la religion partout.
  15. Comment ça?
  16. Ben de choisir (meme si ce n’est pas vraiment un choix mais à aucun niveau de toute façon) un partenaire
  17. Qu’est-ce donc? There is no such thing Si tu aimes la sociobiologie de la religion il y a un livre de Nicholas Wade, The faith instinct. Moi ce genre de littérature m’ennuie parce que c’est un peu toujours la même histoire (les gens font comme ça parce que ceux qui ne faisaient pas comme ça n’ont pas survécu pour des raisons qu’on ne connaît pas bien, happy?) Un meilleur complément à Nietzsche ça serait Freud (Malaise dans la civilisation et L’avenir d’une illusion) Moi du coup j’ai relu Parlementarisme et démocratie avant hier soir, sa lecture de Rousseau est très intéressante et plairait bien à @Rincevent; c’est le développement le plus précis que j’aie lu sur le rôle du capital social et de l’homogénéité de la société dans la santé de la démocratie. C’est l’idée que si la démocratie doit se passer de représentation, on a besoin d’une forte homogénéité donc, mais cela ne peut se faire que si on reconnaît l’égalité politique entre les citoyens et pas entre les humains en général (donc une distinction entre citoyens et étrangers, que ce soit au sein de l’état ou entre mon État et l’état voisin, Schmitt a l’air de penser aux deux cas de figure). Si à l’inverse comme le fait le libéralisme, on généralise et galvaude l’égalité politique et la prive de son inégalité complémentaire (entre citoyens et non citoyens, qui n’a pas de compléments dans le cas où l’égalité porte sur les humains, à moins d’inventer une catégorie d’humains non humains, ce qui est assez dangereux), on ne fait que déplacer cette inégalité hors de la politique (notamment dans l’économique) et on retire le politique du centre des préoccupations existentielles des citoyens. Et c’est effectivement ce qu’on voit aujourd’hui. Il y a un article pas mal sur les illusions de la raison libérale ou la rationalité procède de la discussion à l’époque des masses, très relevant mais pas ultra riche philosophiquement. Le reste est à l’avenant, manque un peu de rigueur analytique pour du Schmitt. Pas un grand livre de mon juriste nazi préféré, mais une bonne gifle quand même. Sinon ça fait longtemps que j’ai pas lu de politique, je vais m’y remettre avec Taking Rights Seriously de Dworkin, The problematics of moral and legal theory de Posner, j’aimerais bien lire Jean-Pierre Dupuy aussi.
  18. Ce n’est pas conscient that’s the thing
  19. https://www.berkeley.edu/news/media/releases/2007/02/06_sweat.shtml
  20. Sur le rôle de l'olfaction dans la perception des relatives, Sapolsky en parle en effet dans ses cours, j'avais pris des notes: Application géniale https://en.wikipedia.org/wiki/Claus_Wedekind Le cours:
  21. En sous-marin ?
  22. On trouve des exceptions partout. De toute façon je me demande si le clivage gauche droite est pertinent ici. Peut-être que c'est plus quelque chose comme cynisme vs idéologie (pas au sens péjoratif). Macron gagne parce qu'il est "pragmatique": il fait ce qui "marche". Il reprend des idées à tout le monde, il n'est contre rien "sur le principe". Le Pen, ce n'est pas la grande rigueur théorique, mais on ne va pas lui faire dire que l'immigration est une richesse, qu'il faut baisser les salaires et embaucher moins de flics.
  23. Et allez créer un fil sur pourquoi tout peut tout vouloir dire si on change le sens des mots.
  24. Les concepts ont une histoire
  25. Non mais le problème c’est de prendre les mesures une par une, de les associer de cette façon à n’importe quel mouvement et d’en conclure l’opposé de la réalité. Aucun élément pris isolément n’est marqué idéologiquement. On peut voir du nazisme chez Jadot et du baasisme chez Jean Lassalle si on veut. N’empêche que le pen est tout sauf une femme de gauche. La gauche ce n’est pas une essence trans historique. La gauche a pu défendre l’anti parlementarisme mais pas en France aujourd’hui. Et à côté ce que les gens appellent “débat” en France est si consternant avec ces tribunes d’acteurs de théâtre dans Libé qu’on peut difficilement vouloir défendre une telle perversion de la démocratie. En dix jours on a largement le temps de se remettre dans Parlementarisme et démocratie de Schmitt
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