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Tout ce qui a été posté par F. mas
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Je raconte my life 6 - Lamentations & fleurs de lol
F. mas a répondu à un sujet de FabriceM dans La Taverne
Ah... les hippiz et les manches de pioche... ça me rappelle mes années de fac...^^ -
La balance des biens et des maux, des peines et des plaisirs etc ? Tss tss.
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Si la plupart de nos contemporains estiment et souhaitent conserver l'Etat social tel qu'il est, c'est qu'ils estiment que le solde entre les contraintes et les avantages créés par son existence est positif, et que son pouvoir bienveillant repose sur une redistribution juste entre les biens et les maux générés par l'économie. Il s'agit bien entendu d'une croyance fausse, mais très enracinée.
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Va, hé, spèce de jeune ! Je peux très bien comprendre ce positionnement si on se place du point de vue politique ou de communication, moins sur le plan des principes. Comme le disait ce bon vieux Locke qui n'était pas un hippiz, un état de liberté n'est pas un état de licence : si l'esprit de 68 peut être ramené au développement personnel et à la destruction des barrières qui entravent l'individu, ça n'est pas le cas, même (et je dirais surtout) pour le libéralisme le plus radical. Le libéralisme se pense aussi comme un système de contraintes morales et juridiques (le respect des obligations, les règles de juste conduite, des contraintes morales fortes pour éviter l'émergence d'un système coercitif fort), seulement ces contraintes n'ont pas pour source la puissance publique et la coercition. La justice, la propriété, le respect des contrats, plus largement la règle de droit suppose un univers de règles (morales, politiques et juridiques) qui ne peuvent se résumer à l'élan vers l'émancipation universelle. L'hédonisme prêté au libéralisme (le libéralisme libertaire) me semble être une sorte de strawman qui fait l'économie (chez les gauchistes en général, mais chez un type comme Michéa en particulier) d'une réflexion sur le caractère profondément hédoniste de l'État et de sa progression dans les mœurs : son rôle est de réduire l'incertitude (d'abord en matière de sécurité, puis en matière de bien être avec l'Etat social) concernant les trajectoires individuelles, tout comme le faisaient avant lui les conventions morales et les règles de conduite en société nées de la coopération sociale. Je suis prêt à reconnaître que le ressort moral du libéralisme est une éthique minimale, mais elle n'est pas "libertaire" : d'ailleurs, le canevas d'utopie (dont parle Nozick) qui est le reflet de la campagne du parti libertarien de Belgique d'il y a quelques années, renvoie à cet état d'esprit : quelque soit tes convictions éthiques individuelles, le positionnement politique libertarien peut te correspondre car il est indifférent à tes propres positions en la matière. En revanche, de mémoire, c'est JS Mill qui fait l'éloge de l'émancipation des conventions dans son livre sur le gouvernement représentatif (justement parce que le new liberalism assume désormais un nouveau rôle étendu dans la vie des individus). Pour en revenir à 68 : on juge un arbre à ses fruits : il ne me semble pas que le tournant libéral de la génération de 68 soit si libéral que ça, à quelques exceptions mises à part, et dans le cas que tu proposes, la culture du narcissisme qui est une révolte vis à vis des règles (qu'elles soient juridiques ou éthiques) ne me semble pas propices au développement d'un Etat de droit. Pour te dire le fond de ma pensée, c'est aussi ce que je reproche aux adversaires d'alors des étudiants, les partisans du gaullisme : la constitution de 58 est un truc juridique destiné à asseoir le pouvoir personnel d'un homme (qui s'est empressé de ne jamais respecter la lettre de la constitution). S'il y a des choses à chiner du côté de 68, c'est à mon avis du côte de l'héritage anarchiste, autogestionnaire et antitotalitaire (là, c'est le lecteur de Castoriadis et Lefort qui parle ! )
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Je pense que Xara vise ici le modal libertarianism qui réduit le libéralisme à l'absence de règles (et donc l'indifférence voire l'hostilité aux conventions sociales et morales). Si le libertarisme est une doctrine politique, il n'est pas nécessairement une doctrine morale, qu'elle soit libertaire ou pas. L'état d'esprit de 68 n'est pas forcément (understatement) compatible avec l'établissement d'un ordre social libéral sans Etat, et le critiquer ne revient pas toujours à vouloir revenir au status quo ante. Tiens, ça pourrait d'ailleurs être un bon sujet de dossier ou de conf, ça... :/
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Ces phrases qui vous ont fait littéralement hérisser le poil 2
F. mas a répondu à un sujet de Mathieu_D dans La Taverne
Toi dans ton genre, t'es un génie. -
Je raconte my life 6 - Lamentations & fleurs de lol
F. mas a répondu à un sujet de FabriceM dans La Taverne
Enfin ! Tu n'as jamais mangé de Welsh rarebit complet !? -
Légitime défense, intrusion, guèpes et paons
F. mas a répondu à un sujet de Mister Polark dans Politique, droit et questions de société
Ex post. C'est le point essentiel. Quant à la tradition, comme disait l'autre, la vraie tradition est critique^^ Ceci étant dit, je ne "la balaie pas d'un revers de la main", je critique simplement ce qui me semble être une mauvaise interprétation de l'acte de légitime défense et des attentes qu'on peut en avoir. Attendre de l'individu, sur le coup, qu'il proportionne ses actes à l'agression qu'il subit me semble tomber sous le coup de la reconstruction a posteriori, et ne permet pas de comprendre quoi que ce soit. -
Légitime défense, intrusion, guèpes et paons
F. mas a répondu à un sujet de Mister Polark dans Politique, droit et questions de société
Le principe de proportionnalité est un mirage, et moralement un piège : c'est l'exemple type de la position du spectateur assis jugeant l'acrobate (pour paraphraser Aristote) et faussement modéré. Dans le feu de l'action, tu ne penses pas en termes de proportionnalité parce que tu ne connais pas tous les paramètres en jeu. Réagir avec proportion supposerait avoir toutes les cartes en main pour réagir en conséquence. Ce n'est simplement pas possible. En situation de conflit, ton but, c'est neutraliser le type en face de toi. Sur le plan moral, crever l'oeil d'un type qui t'a blessé avec un couteau ne rend pas vraiment ton action morale. Eviter de tuer ton assaillant je veux bien, à tout prix et sur des bases aussi fumeuses, non. -
Légitime défense, intrusion, guèpes et paons
F. mas a répondu à un sujet de Mister Polark dans Politique, droit et questions de société
Y'a pas à dire, t'es bien français -
Je veux bien, je vois qu'il est épuisé.
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Promis, je vais le lire.
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Secrétaire de rédaction du seul média libre qui vaille le coup.
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Je suis très bien où je suis, à l'avant-garde de l'ultralibéralisme mangeur d'hommes !
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J'aimerais bien la débiter pour en publier des morceaux, oui.
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Si si mais je n'en suis pas satisfait, donc pour l'instant, elle est en attente.
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On est pas si éloignés que ça, je pense aussi que le colloque fait partie du libéralisme historique, mais intervient au moment de la mort pratique de "l'age d'or du libéralisme" : le colloque Lippman et ce qui s'ensuit est en quelque sorte le moment "théorique" du libéralisme contemporain, qui a suivi son moment "pratique" (sa disparition et son remplacement par les Etats sociaux) : on constate la crise et la quasi disparition pour tenter de trouver des remèdes et le remettre au centre du débat.
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Nope, ça ne me dit rien. C'est nouveau, non ?
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J'ai repéré, c'est rue des bouchers : la prochaine fois que je suis à Rijsel, je vais y jeter un œil.
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Patience, quand j'aurai corrigé ce que je dois corriger.
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hey hey ne pas oublier que ce fut aussi l'un de mes sujets de recherche donc bon. Tocqueville, Hayek, Strauss, Oakeshott furent un peu mes guides pour ma thèse.
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Merci pour la référence, je lirai ça avec intérêt. Mon analyse est celle-ci : on oublie trop souvent que le libéralisme historique est entré en crise dès la fin du 19eme, et qu'il a totalement disparu dans les pratiques (et presque totalement dans les esprits) au milieu des années 30, que les premiers régimes libéraux à se saborder (au nom du planisme) furent l'Angleterre et les USA, que le parlementarisme libéral en Italie et en Allemagne furent des échecs totaux et offrirent une piètre opposition au fascisme et au nazisme. Les rares libéraux qui subsistaient prenaient soin de se distinguer du "libéralisme manchestérien" (ex Hayek au début de sa carrière), cet affreux ultralibéralisme qui avait tout foiré. Après cette disparition effective du libéralisme (au profit de l'Etat social est celui que nous connaissons maintenant depuis plus de 50 ans), on retrouve plusieurs attitudes (toujours par rapport à l'activité de gouverner) : la première consiste à vouloir ressusciter ou théoriser le libéralisme classique pour limiter la casse (Mises et Hayek par exemple), la seconde consiste à vouloir réformer le libéralisme pour intégrer dans le domaine de la théorie ses faiblesses (colloque Lippman, socialisme libéral ou libéralisme social, new liberalism), la troisième, plus tardive est une remise en cause radicale du compromis Etat démocratique et libéralisme. Et c'est là que commencent à se faire entendre les libertariens (leur âge d'or c'est les années 70) : plutôt que de vouloir faire revivre en théorie le libéralisme politique classique, ils vont opérer (ou approfondir) une critique interne à la tradition libérale en s'appuyant sur l'économie : si celle-ci a disparu, ce n'est pas seulement à cause de ses méchants ennemis, mais aussi de ses faiblesses internes (et de ses faux amis : la démocratie, la redistribution, le gouvernement représentatif, le constitutionnalisme, etc). En opérant cette critique, le libéralisme intégral devient plus accueillant pour un certain nombre de personnes qui justement rejetait la synthèse du libéralisme classique parce qu'incompatible avec leur vue (je pense en particulier, parce que je connais un peu, le catholicisme et le constitutionnalisme libéral, ce dernier introduisant dans l'ordre politique des éléments hostiles à la doctrine, etc ou encore le développement de l'Etat social comme substitut aux solidarités organiques).
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Il me semble que la ligne de démarcation n'est pas entre libéraux et libertariens, mais se situe au sein même de la tradition libérale d'abord entre la tradition de l'ordre spontané et celle rationaliste (en gros Hume, Burke, Hayek, Buchanan, de Jasay c. Locke, l'école de Paris, les physiocrates), puis au sein de la tradition française entre libéralisme physiocratique et aristocratique (aristo : Montesquieu, Tocqueville, de Jouvenel, etc). Il n'y a pas dans la tradition de l'ordre spontané de volonté de réorganiser le corps social pour le rendre conforme aux impératifs du libéralisme politique, ce qui peut s'expliquer en grande partie par la tradition de common law. Comme pour leur pendant rationaliste, il y a défense du gouvernement représentatif à la fois comme reflet de la volonté des individus rassemblées en gouvernement civil et séparation des pouvoirs pour contrebalancer l'arbitraire de l'exécutif. Seulement, contrairement au libéralisme rationaliste, il s'agit plus de protéger certaines conventions (la justice et la propriété) déjà existante plutôt que de les inventer ou de les réinventer en fondant ou refondant l'Etat par le contrat social par exemple. La tradition aristocratique du libéralisme s'est opposée à la monarchie comme destructrice des corps intermédiaires. Tocqueville va même jusqu'à affirmer qu'il y a continuité entre le monisme de l'Etat républicain et la monarchie absolue. Seulement sur cet aspect, tu as raison de souligner que certains libéraux vont soutenir les acquis de la révolution contre le retour possible ou fantasmé à la féodalité (Constant et Napoléon). On retrouve dans toutes les traditions des terminaisons "libertariennes", tout comme on retrouve des positions classiques ou néolibérales (ou ordolibérales au sens ou tu l'entends ici, avec un Etat non pas minimalitaire mais édificateur du marché) : moi qui suis particulièrement attentif à la tradition de l'ordre spontané, je vois qu'elle contient à la fois l'anarcho-capitalisme que tu évoques (Bruce Benson, Anthony de Jasay), le libéralisme classique (Hayek) ou le néolibéralisme (James Buchanan, David Gauthier). Les premiers insistent sur l'émergence et le caractère conventionnel de la propriété et de la justice, le second sur l'imbrication entre taxis et nomos, et les troisièmes sur le nécessaire maintien d'une structure au sein de l'ordre spontané. Dans le sillage du rationalisme libéral lockéen, même topo : à un Rothbard correspond un Nozick et un Epstein. Le point sur lequel achoppe toute ces traditions, c'est la place de l'activité de gouvernement : là encore, la différence qui apparaît ne se situe pas entre libéraux et libertariens, mais sceptiques et rationalistes. Je m'explique : d'un côté, pour certain, l'activité de gouverner consiste à protéger l'ordre existant, les conventions établies sans chercher une finalité en dehors d'elle-même. De l'autre, elle cherche à mobiliser l'ensemble du corps social pour atteindre tel ou tel but (c'est la distinction entre politique du scepticisme et politique de la foi posée par Oakeshott). Au sein de la politique du scepticisme, le gouvernement représentatif, la séparation des pouvoirs, la constitution rationnelle vise à protéger l'ordre social sans interférer sur son contenu. Au sein de celle de la Foi, la Politique mobilise les dirigeants pour rendre la société conforme à ses vues (Oakeshott pose bien entendu ici deux idéal-types). D'après mes lectures de Tocqueville et Rosanvallon, la physiocratie tout comme l'esprit du libéralisme de la révolution française appartient plus à la politique de la Foi, au rationalisme (au constructivisme) et parle le langage universaliste des droits naturels, ce qui ne l'empêche pas d'avoir enfanté des théories et théoriciens libertariens. Maintenant, il est possible que ma lecture soit un peu simpliste (surtout si j'en crois alain laurent). Reste qu'elle est celle qui s'accommode le plus de la monarchie absolue... Du coup, même chez les socialistes communistes libéraux classiques, certains courants sont tout à fait ouverts et protecteurs, du moins en théorie, au localisme, aux communautés et même aux variations entre états (fédéralisme). Reste à savoir si les théories, tout comme les pratiques, tiennent la route.
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Je ne suis pas d'accord, c'est faire un mauvais procès aux libéraux (par opposition aux libertariens). Hayek n'a jamais valorisé de "dictature libérale" par exemple. Le problème réside à mon avis dans l'ambiguité de l'imbrication entre nomos et taxis dans la tradition de l'ordre spontané, ambiguité bien perçue par Rothbard ou de Jasay, à savoir entre coercition et règles de juste conduite : la législation n'est là que pour "effectuer" les règles de juste conduite (et donc le respect de la justice et de la propriété), mais les contours de la coercition sont en théorie tellement flous que cela peut justifier un "interventionnisme" libéral puissant, voire envahissant. J'aurais tendance à penser comme Dardot et Laval que l'autoritarisme dans le domaine est plus un usage des théories et des discours pour appuyer un certain régime, plutôt que l'application de théories à la lettre (et en aucun cas des théories de Hayek).
