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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. Oui. Ce n'est pas pour rien si les grands esprits ont vu une dimension tragique inhérente à l'essence de la politique. Parfois, le meilleur choix disponible n'est qu'un moindre bien. Je répète encore une fois ce que présuppose principiellement de défendre le bellicisme humanitaire. Cela implique de poser que la finalité de la communauté politique n'est pas son propre bien mais le bien de l'Humanité. Si les politiciens que tu as élu sont au service de l'humanité, il n'y a aucune raison que les services de l'Etat s'occupent plus de toi que de n'importe quel autre humain dans le monde. Et une fois émancipé du cadre idéal de l'Etat libéral, il n'y a aucune raison que le collectivisme ne se fasse pas au "bénéfice" de n'importe qui en dehors de ta nation. On pourra donc, en régime de cosmopolitisme local, arroser de ton argent l'Europe du sud ou la Turquie (politique de l'UE), ou, dans un cosmopolitisme absolu, l'utiliser pour faire des politiques de développement en Afrique. Ils en ont plus "besoin" que toi après tout. Faire servir l'armée à des "opérations de police internationale", plutôt qu'à la sécurité nationale, n'est que la première étape. Mais sa légitimation contient en germe toutes les autres. L'Etat mondial n'est que l'aboutissement logique de cette idée. Edit: sinon je suis de l'avis de Trump ("Il est moralement neutre de laisser faire les dictateurs"). Je ne peux pas violer les droits individuels de quelqu'un en en étant inactif, ce n'est donc mal agir que de ne rien faire. L'immoralité ne pourrait se présenter que j'avais violer une promesse librement formulée de faire quelque chose. Soutenir le contraire revient à admettre l'altruisme (au sens de Rand).
  2. Devine. Il n'y a pas de vertu contrainte. L'alternative n'est pas action vertueuse ou action immorale, mais plutôt une hiérarchie ternaire: vertu, moralité, immoralité. On peut reprocher à quelqu'un de faire le mal*, mais pas de ne pas faire le bien (d'autrui). *Et le punir en conséquence.
  3. "Fiat iustitia, et pereat mundus" est la devise implicite de tout bellicisme humanitaire. Une variante laïque de la destinée manifeste. J'apprends d'ailleurs que Kant considérait cette formule comme exprimant à merveille la nature de sa philosophie morale. Comme par hasard.
  4. J'ai parcouru L’unité de la philosophie politique. De Scot, Occam et Suarez au libéralisme contemporain (Vrin, 2002, 198 pages), d'André de Muralt. L'auteur y explore la « structure scotiste et occamienne de la pensée philosophique moderne. » (p.8). La thèse, qui prolonge celle de Michel Villey*, est en gros la suivante: le nominalisme de Scot et Occam marque une rupture systématique avec la pensée aristotélicienne et sa forme christianisée, thomiste. Cette rupture se prolonge dans la scolastique tardive (école de Salamanque), dans le luthérianisme, et dans les différents courants de la philosophie moderne. Elle constitue 1): en une déliaison entre forme et matière ; 2): en un anti-finalisme (la nature, et par suite la nature humaine, n'est pas polarisée par une finalité objective) ; d'où s'ensuit 3): une déliaison entre la volonté et le bien, et finalement 4): un anti-réalisme épistémologique et moral (les valeurs morales objectives n'existent pas). La pensée philosophique moderne, y compris politique (par exemple, l'introduction par Suárez de la théorie de l'état de nature), est alors envisagée comme une succession de tentatives pour aménager la rupture nominaliste, ou comme son déroulement jusqu'au relativisme complet. C'est un ouvrage fascinant.
  5. May a donc raté son opération et risque de sauter. Je suis un peu surpris du résultat.
  6. Que c'est un conservateur d'esprit libéral* (comme disait Aron de Clausewitz) plutôt qu'un libéral d'esprit conservateur (comme Tocqueville mettons). L'inclure dans la famille libérale est plus un geste de désespoir face à la faiblesse du libéralisme allemand qu'autre chose. *Tout comme un Jaurès peut être décrit comme un socialiste d'esprit libéral.
  7. Le pessimisme produit des diagnostics plus fiables, mais l'optimisme change davantage le cours du monde (a fortiori lorsqu'il est communicatif). Sur le pessimisme des libéraux, j'ai une théorie sur la question: ils n'ont que trop bien fait le deuil du trône auquel les conviait @Jesrad. Indépendamment de tout jugement de valeur sur la pertinence politique et morale de cette attitude, elle les prive de ce que l'auteur du Crépuscule des idoles appelait: "les instincts joyeux de guerre et de victoire".
  8. Le fait que je la cite en référence ne signifie évidemment ni que je connaisse ses opinions sur tout, ni que je sois nécessairement en accord avec lesdites positions. De ce que je sais, Rand s'opposait à la guerre du Vietnam et défendait la tradition états-unienne "conservatrice" d'isolationnisme. Dans Answers, p.115-116, je lis: "On the level of nations, rationally selfish people do not start wars". J'imagine qu'elle incluait là dedans les guerres conformes à la légalité internationale (i.e. approuvées par le Conseil de sécurité de l'ONU). On peut discuter de ce point, mais sa proposition me paraît régler la question de la légitimité de la grande majorité des guerres dans l'histoire. Le point de vue de Rand semble être qu'on ne peut jamais déclencher une guerre juste, ce qui me paraît difficilement contestable.
  9. Comme dirait mon romancier préféré: "Un réalisme bien noir, mais tout ce qu'il a de plus...réaliste."
  10. C'est donc de l'esquive. Il faut assumer la conflictualité politique et lutter pour retourner le stigmate "libéral".
  11. C'est faux (et le soutien militaire a un pays attaqué n'est pas de l'ingérence).
  12. Je n'ai jamais dit que les U.S.A risquait une attaque directe. J'ai dis que leur hégémonie était du passé. C'est de facto du passé, avec le retour de la Russie sur la scène internationale. La puissance d'un pays (ou d'un être si on veut faire de l'ontologie), c'est ne pas seulement ce qu'il peut faire, c'est aussi ce qu'il peut empêcher de survenir. Les U.S.A pouvait empêcher deux puissants Etats européens de renverser le régime égyptien en 1956, repousser l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990. Nous sommes au stade où ils ne peuvent ni empêcher la Russie de reprendre la Crimée, ni faire tomber Assad en empêchant les russes de le secourir. La puissance états-unienne a de fait diminué. Ils restent une grande puissance, peut-être la première puissance au monde. Mais ils ne sont plus sans rivaux, ni aussi puissants qu'avant.
  13. Je t'en redirais plus lorsque j'aurais lu Strategic Vision: America and the Crisis of Global Power, de Zbigniew Brzezinski.
  14. Rien ne permet de dire le contraire. L'hostilité de principe de Salin et Garello n'est pas justifié. Ce sont des intellectuels libéraux et je préfèrerais les voir essayer de faire sortir le PLD ou le Parti Libertarien de l'anonymat, ou même se taire, que de soutenir par principe la droite classique, qui ne le leur à jamais rendu ce soutien. La trajectoire d'un Madelin aurait dû suffire à montrer que LR n'est pas libéralisable.
  15. J'ai édité mon post. Peut-être, mais l'hégémonie américaine appartient vraisemblablement au passé, il n'est donc pas certain que la "paix mondiale" dure. Et ce n'est pas en jetant aux orties la non-ingérence et la souveraineté des Etats qu'elle est susceptible de revenir.
  16. Le caractère dévastateur du conflit militaire interétatique moderne, ajouté au rôle auto-proclamé de gendarme international de la première puissance mondiale en dépenses militaires en dollar, rend effectivement très tentant de recourir à des formes de déstabilisation et de manœuvres guerrières indirectes (forces spéciales, mercenaires, etc.). Mais on ne peut pas parler de cause, ce sont les passions humaines et les divergences d'intérêts qui causent les conflits. Ou du moins, ce que tu décris est une cause seconde, qui détermine en partie les formes que prend une hostilité préexistante. Edit: Ceci dit c'est une erreur (et un effet du discours néo-conservateurs) de croire que ce sont les "pays qui n'ont rien à mettre sur la table" qui recourent au terrorisme. L'Irak ou la Lybie n'étaient pas des soutiens du terrorisme. L'Arabie Saoudite, si ; peut-être aussi le Qatar, et ce n'est pas ce que j'appellerais des pays impuissants...
  17. +100. Il ne faut pas minimiser ce qu'a commis Trump ; le gouvernement syrien aurait pu légitimement déclarer la guerre aux U.S.A après le bombardement (bonjour la sage politique qui œuvre à la protection de la sécurité des états-uniens au passage). S'il ne l'a pas fait, ce n'est pas parce qu'il doute de son bon droit, mais qu'il sait que ce serait militairement un suicide.
  18. Tout comme Poutine a le droit d'expédier du matériel militaire sur le territoire ukrainien si ça sert ses intérêts... Oh wait.
  19. Le problème n'est pas l'aval de l'ONU mais le respect de la loi naturelle. En l'occurrence un Etat n'a pas vocation à défendre les droits individuels de gens qui ne sont pas ses citoyens (soutenir le contraire revient à légitimer les "ingérences humanitaires" dont les conséquences parlent d'elles-mêmes), parce que les citoyens qui l'ont institué ou qui consentent à son autorité ne le font rationnellement que pour qu'il [l'Etat] serve la préservation de leur liberté à eux. Il s'ensuit qu'un Etat ne peut pas légitimement intervenir dans les guerres civiles de ses voisins ; ça vaut donc aussi pour la France de Louis XVI (dont les motivations étaient d'ailleurs tout ce qu'on voudra, sauf la défense de la démocratie libérale...).
  20. Le conseil de sécurité de l'ONU, oui. C'est du moins légalement obligatoire à partir du moment où un Etat a adhéré à l'ONU (ce que personne ne les oblige à faire).
  21. Je complète mon message d'hier en disant que si on voulait vraiment, dans une visée principalement rhétorique et tribunicienne, faire un parallèle entre social-démocratie et totalitarisme, on pourrait dire que la première à quelque chose d'un renversement du second (le renversement des termes implique donc qu'ils ne sont pas radicalement hétérogènes). Le totalitarisme impliquait l'absorption de la sphère privée dans la sphère publique (je ne dis pas sphère politique, la politique étant le monopole du parti unique dans ce système). La social-démocratie donne plutôt l'impression d'une extension ou d'une projection de la sphère privée dans la sphère publique (ce que j'ai appelé la politisation de l'intime). "Le privé est politique", mot d'ordre du gauchisme culturel, exprime bien cette dimension: http://oratio-obscura.blogspot.fr/2016/09/le-gauchisme-culturel-des-origines-au.html Cette thèse permettrait également de contribuer à expliquer la tendance néo-tribaliste contemporaine ("des candidats qui vous ressemblent !"). La sphère intime, de l'immédiat, des gens "comme nous", s'étend dans la sphère publique où le même (le concitoyen, qui est l'altérité, non au sens politique mais au regard de l'originel) est repoussé au profit du Même le plus primitif (identité de "race", de sexe, de confession).
  22. Logique narcissique du droit à. Possibilité d'extension illimitée (du moins aussi longtemps qu'il reste des individus productifs pour que l'Etat trouve de quoi payer ceux qui l'utilisent pour s'enrichir piller). Au passage, ça prouve définitivement la faillite mentale de ceux qui voient quelque chose de totalitaire dans la social-démocratie française. Les totalitarismes n'ont jamais fait de l'individu, de son plaisir, de son "bien-être" ; bref de son caprice, un principe. La social-démocratie peut pervertir la démocratie libérale uniquement parce que le libéralisme affirme préalablement la valeur de l'individu. Il suffit de renverser les termes pour que tout ce que l'individu valorise puisse être susceptible d'obtenir une reconnaissance politique (hier le ministère de la qualité de vie, aujourd'hui le ministère de l'écologie et de l'égalité réelle, à quand ceux du jeu vidéo et des raton laveurs ?). Ce n'est donc pas un hasard si la social-démocratie est le "projet" politique (à vrai dire plutôt une politisation de l'intime, des lubies personnelles) d'antilibéraux mous et opportunistes, plutôt que de collectivistes décidés. Seuls les premiers peuvent ériger un hédonisme hygiéniste, "libertaire" et narcissique en principe.
  23. Bel article sur un philosophe libéral* français*, républicain* et révolutionnaire*, qui gagne à être redécouvert *Qui prouverait par son exemple que ces choses là ne sont pas incompatibles, si la preuve n'avait pas déjà été faite par l'exemple de Condorcet. De Tracy fut également un "féministe libéral", promoteur de la loi de 1792 autorisant le divorce par consentement mutuel (cf: http://hydra.forumactif.org/t3271-antoine-destutt-de-tracy-de-l-amour?highlight=destutt ).
  24. Ces deux propositions ne sont pas contradictoires. Aider un Etat allié contre nos terroristes maisons, Ok. Envoyer des troupes sur un territoire allié à sa demande, pourquoi pas, ça reste légal (ça reste problématique dans le cas irakien vu que le gouvernement est une création artificielle des U.S.A, mais bon). Ce qui est à la fois illégal et contestable c'est 1): d'opérer en Syrie ; 2): d'utiliser des "forces spéciales" dont l'usage est à la discrétion du président et du gouvernement sans que les représentants de la Nation n'aient débattu des objectifs desdites forces, sans que l'Assemblée ait eu la possibilité de refuser au premier ministre l'usage de l'armée (ce qui présupposerait une déclaration de guerre en bonne et dû forme, avec des buts de guerre définis et publiquement connus. Autant de "fardeaux formels" et de "procédures d'un autre âge" dont les démocraties occidentales se sont délestées depuis des années pour mener l'équivalent au 21ème de la politique coloniale de la canonnière et du fait accompli du 19ème). Le résultat c'est une extension du domaine de l'impérialisme, un contrôle démocratique de la force militaire réduit à une feuille de vigne, et un accroissement continu du pouvoir exécutif sur le législatif dont il est censé n'être que l'exécutant...
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