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Sentiment De Droitisation De La France


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J'ai lu ce que tu en as dit, ce sont les mêmes banalités affligeantes qu'on peut lire régulièrement dans les pages débat du Monde ou de Libé, mâtiné de marxisme mal digéré : la panique identitaire serait une fausse conscience (donc au service des classes dominantes), un fantasme lié selon lui au rejet de l'autre et au refus de partager les Mânes de l'Etat-providence, par des classes moyennes qui n'ont pas compris que leur intérêt était mieux défendu par le parti socialiste, que par les partis prônant un retour à l'égoïsme culturel et économique. Pour Brustier, le peuple pense mal et vote mal, il faut donc l'éduquer et le sensibiliser pour le changer.  

 

Or c'est brustier qui commet un contre-sens grotesque sur l'excès d'hédonisme sécuritaire et la demande d'Etat thérapeutique, qui n'est pas le produit d'un fantasme de repli identitaire, mais celui de l'Etat-providence qu'il défend bec et ongle. D'autre part l'insécurité n'est pas cette construction fantasmatique que Brustier attribue à une entreprise politique occulte, mais une demande d'ordre légitime dans une société en proie à l'anomie causée par les politiques socialistes criminogènes d'assistanat, d'intégration forcée, de destruction de la famille et de l'éducation.  

 

 Maintenant Brustier avance peut-être d'autres hypothèses pertinentes dans son bouquin, mais il n'y a rien ici qui permette de comprendre l'évolution du Kulturkampf actuel.

 

Tu lis mal, tu ne sais pas ce que soutient Brustier (qui est d'ailleurs le contraire de ce que tu avances, mais ça, tu l'aurais su si tu avais lu ce que j'avais écrit). Par contre j'ai maintenant un très bon aperçu de ce que tes marottes personnelles :)

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Tu lis mal, tu ne sais pas ce que soutient Brustier (qui est d'ailleurs le contraire de ce que tu avances, mais ça, tu l'aurais su si tu avais lu ce que j'avais écrit). Par contre j'ai maintenant un très bon aperçu de ce que tes marottes personnelles :)

 

Ben voyons. Lisons la suite du texte que tu as proposé, paru dans Marianne, pour se payer un peu la fiole du sieur Brustier qui attribue la droitisation à la victoire idéologique du néo-libéralisme, qui aurait décomplexé la droite et sortie du "cordon sanitaire". Tous les clichés les plus éculés y passent, disais-je. Je ne comprends pas comment tu peux accorder du crédit à un type qui se contente de métaphores aussi confuses et vides de sens en guise d'explication. Ce gramscisme de comptoir est intellectuellement indigent et paresseux.

 

Extraits du livre «Voyage au bout de la droite»

 

Historiquement, l’expression « droite décomplexée » est issue de la droite extrême. Sa reprise aujourd’hui par la droite dite républicaine révèle surtout un tournant dans la perception que la droite a d’elle-même. (...) Il a donc fallu attendre que la parenthèse gaulliste et sa répugnance pour la « droite » se referme et que le sinistrisme de la vie politique s’estompe pour que la droite se revendique comme telle. En réalité, nous n’avons pas affaire à une « droite décomplexée », une droite qui serait entrée dans son âge adulte après les vexations et les inconforts de l’adolescence, mais à une droite revendiquée, qui ne correspond plus aux droites d’hier. On doit y voir à la fois un symptôme de son ouverture idéologique vers cette extrême droite longtemps maintenue derrière un cordon sanitaire sans nier qu’elle comporte quelques éléments d’une radicale nouveauté. (...)

 

Rien de spontané dans ce phénomène. Celui-ci résulte d’une mutation du procès de production* au niveau mondial. Dans de nombreux domaines, la droitisation n’est que l’affirmation d’une fausse conscience consubstantielle à la globalisation financière. La structure économique du monde a en effet été profondément transformée. Songeons qu’en 2007 les sociétés du CAC 40 réalisaient 70 % de leur chiffre d’affaires et 80 % de leurs bénéfices à l’étranger. Songeons que, de 2005 à aujourd’hui, les entreprises du CAC 40 n’ont créé aucun emploi en France. Le néolibéralisme a contribué, selon les termes employés par Ronald Reagan, à « libérer le taureau » de la finance. Les sociétés occidentales en ont été profondément changées. Les vieilles bourgeoisies liées à un capitalisme industriel fortement ancré dans le territoire national ont cédé la place à une bourgeoisie transnationale qui organise la gestion de son patrimoine à un niveau mondial : 44 % du capital des entreprises du CAC 40 est possédé par des non-résidents ; 26 % des administrateurs des entreprises françaises cotées en Bourse ne sont pas français. Plus de 20 % d’entre eux sont citoyens des États-Unis.

 

Nous avons assisté à la naissance d’une bourgeoisie financière transnationale coupée des préoccupations qui étaient celles de la bourgeoisie nationale industrielle. Et ce phénomène observable en France vaut pour toute l’Europe. Par conséquent, la géographie sociale de notre pays a elle aussi muté, mais c’est surtout au niveau des idées, des représentations collectives, des organisations politiques et de la vie intellectuelle que la mutation s’est fait sentir. En nous intéressant au mouvement des idées, ainsi qu’aux mouvements électoraux, en circulant dans le paysage politique européen et occidental, nous avons à cœur de comprendre le phénomène de droitisation qui semble opérer comme un maelström politique et toucher, les unes après les autres, toutes les sociétés occidentales. Qui a le plus pâti électoralement de la crise ? Les social-démocraties ! À peine la crise ouvre-t-elle une opportunité aux gauches occidentales que la contestation passe à droite !

 

Pour comprendre l’étonnant mouvement de droitisation des sociétés occidentales, et en particulier de la France, nul besoin de convoquer une improbable bataille de la « modernité » contre des ennemis incarnés par la « droite(2) ». Le phénomène ne se réduit pas à une « révolution conservatrice » au sens le plus traditionnel du terme. Ce n’est pas un affrontement entre le Bien et le Mal qui éclaire le problème. La droitisation est très efficacement liée à la « modernité capitaliste », et les forces électorales qui l’incarnent ont su se saisir de celle-ci pour attirer à elles le citoyen consommateur (3). Raffaele Simone voit souvent juste, notamment quand il dénonce à la fois le buonisme de la gauche et son incapacité à prendre des décisions « rigoristes(4) ». Simone propose quelques pistes, mais omet sans doute d’évoquer d’une part la grande peur de l’Occident, saisi de vertige devant les hauteurs béantes de la mondialisation, et d’autre part le rapatriement à droite de la contestation.

 

Le processus de droitisation n’est ni unilinéaire ni uniforme. Au contraire, il semble polymorphe, empreint de différentes crises de croissance et soumis à d’importants soubresauts internes. S’il permet l’émergence de personnalités fortes qui le portent (Thatcher, Reagan, Aznar, Berlusconi, Fini, etc.), il ne dépend jamais uniquement d’elles et transcende les questions liées au leadership. La droitisation n’est pas, au sens propre, purement réactionnaire. Dans ce phénomène, il n’y a pas de restauration d’un ordre ancien. Bien au contraire, la droitisation déstabilise des fondements traditionnels des sociétés dites occidentales. Si, comme on l’a dit, la droitisation a partie liée avec la globalisation financière, il est évident qu’elle tire sa force de sa capacité à faire face, mieux que tout autre idéologie, aux effets réels de la mondialisation néolibérale sur ces mêmes sociétés.

 

http://www.marianne.net/Exclusif-la-these-decapante-de-Brustier-Huelin-sur-la-radicalisation-a-droite_a203358.html

 

Bref, c'est la faute à Reagan & Thatcher.

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Ce qui est intellectuellement paresseux, c'est de lire Marianne, et pas son livre sur le sujet. Ce qui est tout aussi intellectuellement paresseux, c'est de ne pas lire les correctifs que j'ai apporté à la thèse initiale. Relis ce que j'ai dit et on en discute. 

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Tu dis des choses pertinentes par ailleurs sur la stratégie politique, que je partage. Mais ce n'est pas un correctif qu'il faut à Brustier, c'est un manuel de cour élémentaire de sciences poltiques et un cerveau en état de marche. Il est en effet profondément contradictoire de mettre la droitisation sur le dos de la mondialisation financière, du démantèlement de l'Etat-providence et de l'hégémonie idéologique du néo-libéralisme, tout en dénonçant un fantasme de repli anti-minorités et anti gay qu'il attribue à ce néo-populisme subversif et contestataire.  

 

Brustier soutient que Reagan, Thatcher, Pinochet et Berlusconi auraient lavé le cerveau des classes moyennes, au point qu'elles seraient hypnotisées par la contestation néo-libérale de la social-démocratie et voteraient maintenant pour des coalitions contraires à leurs intérêts : cette fameuse fausse conscience. Le monstre néo-libéral aurait corrompu la classe moyenne en lui inoculant un "imaginaire" droitier : c'est un conte pour enfants qu'il raconte. En effet, cette fable en dit plus long sur sa représentation de sociologue du parti de gouvernement que sur le nouveau kulturkampf des classes moyennes.

 

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Tu dis des choses pertinentes par ailleurs sur la stratégie politique, que je partage. Mais ce n'est pas un correctif qu'il faut à Brustier, c'est un manuel de cour élémentaire de sciences poltiques et un cerveau en état de marche. Il est en effet profondément contradictoire de mettre la droitisation sur le dos de la mondialisation financière, du démantèlement de l'Etat-providence et de l'hégémonie idéologique du néo-libéralisme, tout en dénonçant un fantasme de repli anti-minorités et anti gay qu'il attribue à ce néo-populisme subversif et contestataire.  

 

Brustier soutient que Reagan, Thatcher, Pinochet et Berlusconi, auraient lavé le cerveau des classes moyennes, au point qu'elles seraient hypnotisées par la contestation néo-libérale de la social-démocratie et voteraient maintenant pour des coalitions contraires à leurs intérêts : cette fameuse fausse conscience. Le monstre néo-libéral aurait corrompu la classe moyenne en lui inocculant un "imaginaire" droitier : c'est un conte pour enfants qu'il raconte. En effet, cette fable en dit plus long sur sa représentation de sociologue du parti de gouvernement que sur le nouveau kulturkampf des classes moyennes.

 

Bon voilà, on peut discuter :) Je retiens de Brustier uniquement ce qu'il dit sur l'idéologie de droite et l'hédonisme sécuritaire. J'apporte deux correctifs : pour lui, ce dernier n'est qu'une demande de sécurité physique, là où je pense qu'il y a aussi demande de sécurité économique et sociale. Seulement, reconnaître cette partie là rend son récit historique sur la droitisation (ce que tu soulignes sur la filiation avec le néoconservatisme, le néolibéralisme et tutti quanti) faux et même totalement fantaisiste.

 

Là où tu as raison, c'est qu'il met de côté dans cet hédonisme tout ce qui provient de l'héritage socialiste français, pour une raison simple : il est socialiste, et le but de son essai est d'influencer la ligne politique du ps pour qu'elle devienne un peu plus populiste et un peu moins bobo. Le deuxième correctif, c'est sur le statut des phénomènes qui sont à l'origine de la droitisation. Je dis que ce ne sont pas des fantasmes, mais que l'idéologie vient se loger dans la manière de les mettre en récit.

 

Par contre, là où il touche au but ama, c'est sur la généralisation de l'idéologie d'hédonisme sécuritaire et droitière comme nouveau discours commun à la droite et débordant à gauche, et le tout pour des raisons qui sont essentiellement sociologiques et économiques. 

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Brustier écrit un récit mythologique pour la gauche, à destination de l'électorat socialiste qu'il veut remobiliser. Pour ce faire il invente un énorme homme de paille qu'il nomme néo-libéralisme, c'est tellement commode. Je répète : il n'y a aucun élément dans cette lecture qui permette de comprendre l'évolution du kulturkampf vers des valeurs droitières, c'est à dire d'ordre, de défense de la famille et de la méritocratie, plus généralement d'auto-conservation ou de survie.

 

 Il ne se satisfait pas du crédo Terra Nova & bobo du PS, grand bien lui fasse. Sauf que sont récit sur la droitisation des classes moyennes subjuguées par le populisme néo-libéral, c'est de la science fiction qui lui évite de remettre en cause le rôle destructeur de l'Etat-providence, dans le rejet par les classes populaires des valeurs culturelles de gauche. Brustier rajoute encore une couche d'incohérence à son récit en s'indignant contre les valeurs patriarcales anti-gays qui seraient véhiculées par ce néo-populisme, car il montre ainsi qu'il s'inscrit complètement dans le crédo d'intervention sociétale qu'il prétend amender, et donc dans l'idéologie bourgeoise de l'époque.  

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. Je répète : il n'y a aucun élément dans cette analyse qui permette de comprendre l'évolution du kulturkampf vers des valeurs droitières, c'est à dire d'ordre, de défense de la famille et de la méritocratie, plus généralement d'auto-conservation ou de survie.

 

 

Ah, le voilà le problème : la droitisation dont il parle n'est pas ce que tu appelles "valeurs droitières", et ces "valeurs droitières" ne sont pas ce qu'il appelle idéologie sécuritaire. Là, tu substitues à ce qu'il dit ta propre définition (normative) de la droite, qui est d'ailleurs assez introuvable sur le spectre politique contemporain en France. Sauf peut être pour une minorité de ses représentants, minorité d'ailleurs si peu représentative qu'aucune plateforme politique de droite ne prend la peine de les refléter, ces "valeurs droitières". On peut le regretter, et je suis le premier à le faire, mais ce n'est pas sur les thèmes de la droite patrimonialiste du 19eme siècle qu'on peut juger celle d'aujourd'hui, parce justement, son assise sociologique a changé.

 

Le reste de ce que dit Gael Brustier sur le néolibéralisme, le néoconservatisme et autres mantras de la gauche actuelle, je m'en fous, je me concentre sur cette idée d'idéologie droitière, et le tout pour parler d'autre chose, je te ferais remarquer.

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Je ne suis pas d'accord, parce que par droitisation, on ne parle pas du discours de l'établissement dans les partis, qu'on peut appeler rapidement managérial ou gestionnaire, mais du sens commun de cette expression dans les mentalités, qui correspond à une demande d'ordre au sens large, et pas seulement d'ordre public face à l'épidémie de criminalité. Or la défense de la famille et du patrimoine en font partie, et cette demande est observable un peu partout en Europe face à ce qui est perçu - à raison - comme une dilapidation et un processus de décadence.

 

Il y aurait eu une analyse plus sérieuse à faire en revanche au plan idéologique, c'est celle de l'utilisation de la peur et de l'insécurité par la technocratie, l'instrumentalisation des passions hédonistes à des fins de contrôle social et de gouvernance.

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Je ne suis pas d'accord, parce que par droitisation, on ne parle pas du discours de l'établissement dans les partis, qu'on peut appeler rapidement managérial ou gestionnaire, mais du sens commun de cette expression dans les mentalités, qui correspond à une demande d'ordre au sens large, et pas seulement d'ordre public face à l'épidémie de criminalité. Or la défense de la famille et du patrimoine en font partie, et cette demande est observable un peu partout en Europe face à ce qui est perçu - à raison - comme une dilapidation et un processus de décadence.

 

Il y aurait eu une analyse plus sérieuse à faire en revanche au plan idéologique, c'est celle de l'utilisation de la peur et de l'insécurité par la technocratie, l'instrumentalisation des passions hédonistes à des fins de contrôle social et de gouvernance.

 

Les partis populistes de droite qu'on observe en Europe aujourd'hui ne font pas de la défense de la famille ou du mérite leur discours commun. C'est même assez marginalement qu'elle le fait, même en France : le fn ou l'ump se tiennent à distance des mouvements touchant au mariage gay parce qu'ils savent que leur potentiel de progression dans les esprits ne passe pas par cette niche minoritaire électoralement parlant.

 

Là encore, on peut trouver ça dommage, mais c'est comme ça : si les plateformes politiques de droite parlent d'immigration ou d'insécurité, elles ramènent plus de monde que quand Boutin intervient sur les valeurs familiales ou quand machin parle de méritocratie républicaine. Et ce n'est pas limité au territoire Français : c'est le cas dans un certain nombre de pays européens. 

 

Mon propos n'est pas de juger de la vérité ou de la fausseté de cette idéologie droitière, qui, au fond, comme toute idéologie, ne peut pas être jugé selon ces critères, mais de donner un aperçu des mentalités communes aujourd'hui, et cela avec pour seule finalité de mieux faire connaitre les idées libérales. 

 

Une étude de la bureaucratie serait intéressante et utile, mais moins orientée vers la pratique politique.

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Oui, et comme je le disais à titre introductif, ceci n'est pas un argument.

Tu sais bien que Free Jazz ne peut guère lire que les majuscules : il a repéré les noms propres dans ton post, et a oublié le reste. ;)
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Là encore, on peut trouver ça dommage, mais c'est comme ça : si les plateformes politiques de droite parlent d'immigration ou d'insécurité, elles ramènent plus de monde que quand Boutin intervient sur les valeurs familiales ou quand machin parle de méritocratie républicaine. Et ce n'est pas limité au territoire Français : c'est le cas dans un certain nombre de pays européens. 

 

Je ne suis pas sur, c'est "comme ça" ou personne n'a vraiment essayé avec les moyens de ceux qui parlent d'immigration ?

 

Les seuls que j'ai vu politiquement, c'est la liste pour la vie ou un truc comme ça, avec une propagande imbitable destinée aux adorateurs des wall of text (du coup je l'ai lue et j'ai voté pour eux, mais bref...).

 

Les machins sur l'immigration, ça fait 40 ans qu'ils font de la propagande, ça commence à peine a percer dans les partis de gouvernement.

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Je ne suis pas sur, c'est "comme ça" ou personne n'a vraiment essayé avec les moyens de ceux qui parlent d'immigration ?

 

Les seuls que j'ai vu politiquement, c'est la liste pour la vie ou un truc comme ça, avec une propagande imbitable destinée aux adorateurs des wall of text (du coup je l'ai lue et j'ai voté pour eux, mais bref...).

 

Les machins sur l'immigration, ça fait 40 ans qu'ils font de la propagande, ça commence à peine a percer dans les partis de gouvernement.

 

Compare l'évolution de deux formations politiques sur environ trente ans : d'un côté le micro-front national qui finit par devenir la troisième force dans le pays, de l'autre tous les machins de Philippe de Villiers qui a passé son temps à vouloir exister entre la droite (ou le centre droit) et la droite nationale sur un programme patrimonialiste-familialiste. Sauf aux européennes, il ne s'est pris que des taules, là où Jean Marie, avec un capital de départ plutôt ridicule, a quand même explosé les scores. 

 

La droite de gouvernement pendant près de 30 ans faisait silence radio sur ces thèmes parce qu'elle ne savait pas trop comment s'y prendre pour endiguer la montée du Front : elle avait cru comprendre que la gauche jouait avec le feu pour faire grossir la bête immonde afin de la diviser et continuer à se maintenir au pouvoir jusqu'à la catastrophe de 2002. C'est à peu près à ce moment que la droite parlementaire s'est  aperçue qu'en changeant de stratégie (en évoquant finalement l'immigration et l'insécurité sans se soucier d'une gauche alors au fond du trou), elle était capable d'envoyer dans les cordes la gauche sans trop se soucier du fn.

 

Et bon, je parle du front en France, mais il y a l'UDC, la ligue du nord, le truc de Fortyn, le VB, le fpo, etc.

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La droitisation du pays est un thème développé par Gael Brustier et Jean Philippe Herlin dans "Voyage au bout de la droite. Des paniques morales à la contestation droitière" (2011). Brustier est politologue, Herlin prof d'histoire, les deux sont militants au PS, ce qui ne suffit pas à infirmer leur propos.

Leur étude commence par un constat, celui de la généralisation des mouvements et courants populistes de droite en Occident : 

 

"Il nous semble qu'une raison majeure de ces victoires électorales réside dans le fait que la fausse conscience de la droite se nourrit du rejet de la bonne conscience de la gauche, et qu'une partie du personnel politique a de surcroît nourri la droitisation. Ce que nous appelons "droitisation" n'est pas la victoire des droites d'hier, mais un phénomène autre, nouveau, lié à la peur du déclassement de l'Occident, qu'il soit européen ou américain.

Diffus, parfois contradictoire, ce phénomène a pris une ampleur toujours plus grande. Occidentalisme, identitarisme, islamophobie  en constituent des traits caractéristiques dont le degré de sophistication évidemment selon les publics. La volonté de protéger un "mode de vie" est grande chez ceux qui, hier, aspiraient à dispenser les bienfaits de l'esprit 68. L'hédonisme sécuritaire est bien en la matière la dernière née des fausses consciences dextristes qui fleurissent sur les acquis sociétaux des baby boomers vieillissants."

 

Une fois rectifiée une erreur bien compréhensible de la part de deux idéologues socialistes, à savoir l'idée que l'"hédonisme sécuritaire" serait à la fois une fausse conscience de droite et se limiterait à une demande accrue en matière de sécurité des personnes, le reste est loin d'être sot.

 

Premièrement, la droite est à la fois une anti-gauche et la rationalisation des intérêts d'une classe -ou de plusieurs classes- en pleine transformation économique et politique. Il s'agit soit de classes moyennes en train de se paupériser ou qui ont l'impression de se paupériser, soit de classes qui, bénéficiant de la mondialisation économique, ont une conscience plus ou moins aiguë de l'inadaptation du modèle politique et social français pour lui survivre.

 

Deuxièmement, la peur du déclassement est un point de contact entre toutes les "fausses consciences" de droite ( que nos deux auteurs définissent en termes assez voisins de Marx comme des projections sur la réalité historique d'une vision de celle-ci déformée, fantasmée ou défigurée cad comme des mystifications ou des idéologies). Le déclin de l'Occident, l'effet des flux migratoires sur les identités et les solidarités nationales, mais aussi la fin des modèles de welfarism en Europe ou en Occident, du plein emploi et de la croissance à deux chiffres, la concurrence des pays émergents, le vieillissement de population, etc.

Nos deux auteurs sont socialistes, il y a donc une ambiguïté la réalité de ces phénomènes. On ne sait pas trop s'il s'agit de fantasmes, ou si la fausse conscience consiste seulement à exagérer ou déformer les phénomènes jusqu'à informer l'ensemble de la vision du monde droitière. Personnellement, je choisis la deuxième solution, parce que nier la réalité ne sert à rien. 

 

Troisièmement, la diffusion de cette droitisation va de pair avec l'évolution sociologique de la population. La population française, et occidentale en général, vieillit, et devient donc plus demandeuse de sécurité (plus conservatrice en matières sociale et économique). En France, les partis modulent leur discours pour capter ces "insiders" dont parle Timothy Smith qui sont à la fois les retraités, les actifs de plus de 40 ans qui sont aussi les principaux bénéficiaires de l'Etat providence et de la redistribution sociale. L'hédonisme sécuritaire, c'est pouvoir jouir de la sécurité de l'emploi et ne pas être emmerdé par les racailles. En ce sens, la droitisation est devenue l'une des idéologies dominantes, une de celles que les partis de droite tentent de capter à leur profit, et que la gauche a encore du mal à cerner.

 

Quatrièmement, et là ça va être moins drôle, il me semble que le tout donne une physionomie bien particulière de l'offre et de la demande sur le marché des idées en France.

 

La demande en matière de justification idéologique droitière est un marché important, et il existe une marge de progression possible dans le domaine de la part des libéraux. Cette marge de progression est d'autant plus possible que le discours libéral en France me semble en grande partie faire partie de cette fausse conscience de droite : elle se nourrit tout autant que les autre discours droitiers du sentiment de déclassement du pays (CPEF spa ?), même si le contenu de sa critique est beaucoup plus raffiné que les autres discours de droite.

 

La marge de progression à gauche me semble moins possible, car les fausses consciences de gauche (l'hédonisme sécuritaire de gauche) mettent au centre de leur fonctionnement la sécurité économique liée au modèle social français qui est en train de se casser la gueule. Donc elles n'ont pas vraiment intérêt à se libéraliser (mais plutôt à se précipiter dans tous les pièges à cons vendus par les Michéa, Généreux, Sapir, Rocard, etc.). 

 

Maintenant, la question qui se pose, c'est où les libéraux doivent se situer stratégiquement et dans quel but ? Si ils veulent se distinguer des droitismes, il faut qu'ils mettent leur pessimisme foncier en sourdine, s'ils veulent progresser, il serait intéressant de moduler leur discours vers plus de conservatisme, s'ils veulent s'adresser au peuple, il faut qu'ils mettent un peu de vin populiste dans leur eau idéologique, s'ils cherchent à s'adresser aux élites, ils resteront une bandes de geeks satisfaits d'avoir raison contre le monde entier.

Je trouve ton développement intéressant, ainsi que les différents compléments qui suivent.

 

Seulement, je trouve que tu tires les conclusions stratégiques trop vite. En ceci que tu sembles accepter l'idée d'un jeu démocratique dont le résultat est basé sur les émotions/représentations/idéologie/whatever des électeurs. Il faut au contraire s'interroger sur les mécanismes matériels ou économiques qui définissent le jeu. Je m'explique.

Il y a un élément massif qui n'est quasiment jamais pris en compte dans l'analyse électorale. Plus de 60 % des électeurs tirent leur revenu principal de l'Etat, (pensionnés, fonctionnaires, chômeurs, allocataires divers, assoc subventionées, etc). Tous ces gens peuvent voter à gauche ou à droite, mais ils ne voteront jamais contre leurs intérêts. Les pensionnés se contrefoutent d'une transition à la capitalisation, les allocataires et chomeurs ne vont pas se couper de leur seule source de revenus à court terme et les fonctionnaires sont recrutés pour leur fidélité au système. Le parti de pouvoir (UMP, PS, FN) qui présenterait un programme libéral bon teint perdra à coup sûr les élections. Donc ils ne le feront pas, donc c'est inutile de les draguer. (d'où, par ailleurs, la position stratégique d'un auteur PS de présenter la droitisation comme un reliquat de l'ultra-libéralisme)

La seule échappatoire politique, c'est de parvenir à coaliser une minorité de blocage qui pourrait faire sauter le système d'une façon ou d'une autre. Une sorte de grande secte de geek pour reprendre tes expressions. Quand le Ponzi des retraites aura implosé, ça fera autant de millions d'électeurs libérés de la dépendance à l'Etat.

Mais pour parvenir à motiver les gens sur des objectifs pareils, il faut abandonner le coté "décliniste" de la droite, comme tu le dis à la fin de ton message. Il  ne faut pas présenter l'effondrement du système social-démocrate comme une catastrophe mais comme une formidable opportunité de relancer la grande machine du progrès humain vers plus de richesses et plus de bonheur.

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Je trouve ton développement intéressant, ainsi que les différents compléments qui suivent.

 

Seulement, je trouve que tu tires les conclusions stratégiques trop vite. En ceci que tu sembles accepter l'idée d'un jeu démocratique dont le résultat est basé sur les émotions/représentations/idéologie/whatever des électeurs. Il faut au contraire s'interroger sur les mécanismes matériels ou économiques qui définissent le jeu. Je m'explique.

Il y a un élément massif qui n'est quasiment jamais pris en compte dans l'analyse électorale. Plus de 60 % des électeurs tirent leur revenu principal de l'Etat, (pensionnés, fonctionnaires, chômeurs, allocataires divers, assoc subventionées, etc). Tous ces gens peuvent voter à gauche ou à droite, mais ils ne voteront jamais contre leurs intérêts. Les pensionnés se contrefoutent d'une transition à la capitalisation, les allocataires et chomeurs ne vont pas se couper de leur seule source de revenus à court terme et les fonctionnaires sont recrutés pour leur fidélité au système. Le parti de pouvoir (UMP, PS, FN) qui présenterait un programme libéral bon teint perdra à coup sûr les élections. Donc ils ne le feront pas, donc c'est inutile de les draguer. (d'où, par ailleurs, la position stratégique d'un auteur PS de présenter la droitisation comme un reliquat de l'ultra-libéralisme)

La seule échappatoire politique, c'est de parvenir à coaliser une minorité de blocage qui pourrait faire sauter le système d'une façon ou d'une autre. Une sorte de grande secte de geek pour reprendre tes expressions. Quand le Ponzi des retraites aura implosé, ça fera autant de millions d'électeurs libérés de la dépendance à l'Etat.

Mais pour parvenir à motiver les gens sur des objectifs pareils, il faut abandonner le coté "décliniste" de la droite, comme tu le dis à la fin de ton message. Il  ne faut pas présenter l'effondrement du système social-démocrate comme une catastrophe mais comme une formidable opportunité de relancer la grande machine du progrès humain vers plus de richesses et plus de bonheur.

 

Je suis totalement d'accord avec ça, tout en reprenant deux choses de ce que j'ai dit (mais pas assez développé) plus haut pour me rendre plus clair.

 

Ce que je retiens de l'"hédonisme sécuritaire", c'est qu'il s'agit d'une traduction idéologique de positions sociales et matérielles bien précises, et que ces positions se reflètent dans l'offre politique : en France, les partis de gouvernement sont les partis de ceux qui bénéficient au maximum des prestations diverses de l'Etat providence (les 60 pour cent de personnes qui votent pour leurs intérêts dont tu parles). C'est pour ça que j'élargis le concept de sécurité à la sécurité économique : les plateformes politiques reflètent les intérêts rationalisés des électeurs. 

 

La limite de la coalition de geeks, qui après tout est une stratégie comme une autre, et qui rejoint un peu ce que je disais à propos des outsiders (les jeunes qui ne bénéficient pas au même titre que leurs aînés de l'Etat providence et qui font l'expérience de son déclin comme public potentiel) me semble comparable à celle des partis pirates : la marge de progression dans des pays comme la France passe par un élargissement vers des segments de population susceptibles de trouver le message libéral audible (en gros secteur privé, plus jeune, en rupture avec l'idéologie de gauche étatique et surtout, qui se sent concerné par la politique). Diffuser, naturaliser le discours libéral, en faire l'histoire disponible pour les générations qui ne se retrouvent plus dans le modèle politique français -ou belge ;)- faciliterait à mon avis la cristallisation de cette minorité de blocage en son sein. Et j'ai l'impression qu'en France, pas nécessairement en Belgique, cette diffusion est beaucoup plus envisageable à droite qu'à gauche.

 

Mais je répète que je suis totalement d'accord avec toi, l'idée de couper court avec le déclinisme, qui est jusqu'à présent le discours que les libéraux ont en commun avec la droite, me paraît digne d'être creusée. 

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Ben dis donc, merci F.Mas et Patrick, ça deviens intéressent pour de bon cette discussion !

 

 

J'ajouterai, parce que je suis un grand romantique, qu'il faut vendre une histoire, un truc épique, parce que si le public jeune est la cible, pour faire bouger les jeunes, il faut leur vendre de l’héroïsme, pas juste de la richesse et du bonheur.

 

C'est de mon point de vue la grande valeur ajoutée de la gauche, ils ont une histoire à vendre, ils font la même chose que la droite grosso modo, mais ils enrobent avec un truc qui en jette.

 

Le jour ou on a un truc équivalent à vendre, on à gagné, c'est cynique, mais on a dit qu'on parlait de politique non ?

 

 

 

 

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Toutafé, construire un narratif, une histoire suffisamment cohérente et sexy pour prendre, suffisamment clivante pour se distinguer des autres traditions politiques, mais aussi suffisamment large pour ne pas faire sectaire et clos sur soi-même !

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Le problème c'est que les libéraux - pas tous, mais ceux qui sont visibles dans les médias - ne sont pas les derniers à s'associer à cet hédonisme sécuritaire, qui participe de l'augmentation de la sphère d'intervention gouvernementale. Car ils préfèrent souvent les libertés individuelles de jouir, qui augmentent dans nos démocraties au détriment des libertés publiques et des libertés civiles.

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Le problème c'est que les libéraux - pas tous, mais ceux qui sont visibles dans les médias - ne sont pas les derniers à s'associer à cet hédonisme sécuritaire, qui participe de l'augmentation de la sphère d'intervention gouvernementale. Car ils préfèrent souvent les libertés individuelles de jouir, qui augmentent dans nos démocraties au détriment des libertés publiques et des libertés civiles.

 

Oui, c'est tout à fait vrai aussi, ça.

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Mais je répète que je suis totalement d'accord avec toi, l'idée de couper court avec le déclinisme, qui est jusqu'à présent le discours que les libéraux ont en commun avec la droite, me paraît digne d'être creusée.

Je ne trouve pas les libéraux si "declinistes" (...) que ça. Regarder les conséquences désastreuses des années de socialisme débridé c'est du pragmatisme ; les libéraux aujourd'hui proposent la seule alternative d'un avenir sain (sur les plans économique et sociaux).

Mais le "rêve", l'avenir vendu par les libéraux n'est pas aussi enchanteur que celui des Matins Qui Chantent ou d'autres coalitions d'assistanat et de prise en main totale.

Dans la conscience collective, les gens ont peur des responsabilités (devenir adulte), de l'indépendance, de l'inconnu (de sortir de sa caverne), de la liberté ("un monde sans protection" c'est ce qu'imaginent mes amis quand je leur parle de libéralisme, ils confondent avec la loi de la jungle (et ils ne sont pas les seuls)), de vivre.

Les libéraux font peur. Quand bien même on présente au(x) peuple(s) une belle perspective d'avenir et la fin de leur misère, ils auront toujours peur.

Je ne suis pas fataliste hein. Le sentiment de droitisation est directement lié à des peurs et tout le comportement humain pourrait, avec de l'imagination et du bon rosé, être relié à la peur de quelque chose. Et je suis sûr que les libéraux, au final, l'emporteront (quand tout se sera cassé la gueule et on sera les seuls avec une pancarte "on vous l'avait bien dit" huhuhu).

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Ben dis donc, merci F.Mas et Patrick, ça deviens intéressent pour de bon cette discussion !

 

 

J'ajouterai, parce que je suis un grand romantique, qu'il faut vendre une histoire, un truc épique, parce que si le public jeune est la cible, pour faire bouger les jeunes, il faut leur vendre de l’héroïsme, pas juste de la richesse et du bonheur.

 

C'est de mon point de vue la grande valeur ajoutée de la gauche, ils ont une histoire à vendre, ils font la même chose que la droite grosso modo, mais ils enrobent avec un truc qui en jette.

Et il faut que cette histoire s'inscrive dans le Roman National Français comme dit Eric Zemmour. Montrer que ce nouvel élan libéral dont parle Patrick est une étape supplémentaire d'une même histoire française, pas un truc importé de l'étranger.
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Toutafé, construire un narratif, une histoire suffisamment cohérente et sexy pour prendre, suffisamment clivante pour se distinguer des autres traditions politiques, mais aussi suffisamment large pour ne pas faire sectaire et clos sur soi-même !

 

 

Ben dis donc, merci F.Mas et Patrick, ça deviens intéressent pour de bon cette discussion !

 

 

J'ajouterai, parce que je suis un grand romantique, qu'il faut vendre une histoire, un truc épique, parce que si le public jeune est la cible, pour faire bouger les jeunes, il faut leur vendre de l’héroïsme, pas juste de la richesse et du bonheur.

 

C'est de mon point de vue la grande valeur ajoutée de la gauche, ils ont une histoire à vendre, ils font la même chose que la droite grosso modo, mais ils enrobent avec un truc qui en jette.

 

Le jour ou on a un truc équivalent à vendre, on à gagné, c'est cynique, mais on a dit qu'on parlait de politique non ?

+1

D'ailleurs, je ne désespère pas de remettre mon manuscrit cette année à l'éditeur. héhéhé

 

(campagne de teasing précoce)

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Je verrais très bien un truc sur les révoltes anti-fiscalistes par exemple. C'est une de mes marottes historiques depuis quelques années.

 

Il y a deux "ex-lyonnais" qui sont branchés là-dessus, Romain Huret et Nicolas Delalande, j'avais assisté à un colloque. Ce dernier a écrit Les Batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours (2011) mais je ne l'ai pas lu. Apparemment, les 2 ont sorti aussi un n° spécial dans une revue : "Tax Resistance: a Global History?", Journal of Policy History, special issue, vol. 5, issue 3, July 2013. Je serais bien incapable de les situer politiquement au passage.

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J'ajouterai, parce que je suis un grand romantique, qu'il faut vendre une histoire, un truc épique, parce que si le public jeune est la cible, pour faire bouger les jeunes, il faut leur vendre de l’héroïsme, pas juste de la richesse et du bonheur.

 

 

+beaucoup

 

“Cela veut-il dire que la liberté n’a de valeur que quand elle est perdue, que le monde doit partout passer par une phase sombre de totalitarisme socialiste avant que les forces de la liberté ne réunissent à nouveau assez de puissance ? Peut-être, mais j’espère que non. Pourtant, tant que les gens qui déterminent à long terme l’opinion publique continueront à être attirés par les idéaux du socialisme, la tendance continuera.

Si nous voulons éviter un tel développement, nous devons être capables d’offrir un programme libéral neuf, qui attire l’imagination.

 

Nous devons à nouveau rendre la création d’une société libre une aventure intellectuelle, un acte de courage. Ce qui nous manque, c’est une utopie libérale, un programme qui ne semble être ni une simple défense des choses existantes, ni une forme diluée de socialisme, mais un véritable radicalisme libéral qui n’épargne pas les susceptibilités des puissants (y compris les syndicats), qui ne soit pas strictement pratique, et qui ne se confine pas à ce qui semble aujourd’hui politiquement possible.

 

Nous avons besoin de leaders intellectuels qui soient préparés à résister aux flatteries des gens puissants et influents, qui aient envie de travailler pour un idéal, aussi faibles soient les perspectives de sa prochaine réalisation. Il doit s’agir d’hommes qui veulent adhérer à des principes et se battre pour leur pleine réalisation, aussi éloignée soit elle.

Ils devront abandonner les compromis pratiques aux hommes politiques. Le libre échange et la liberté sont des idéaux qui peuvent encore stimuler les imaginations de nombreuses personnes, mais la simple “liberté raisonnable d’échanger” ou le simple “assouplissement des contrôles” ne sont ni intellectuellement respectables ni susceptibles d’inspirer un quelconque enthousiasme.

La leçon principale que le vrai libéral doit apprendre du succès des socialistes est que c’est leur courage d’être utopique qui leur a apporté le soutien des intellectuels et donc une influence sur l’opinion publique qui rend tous les jours possible ce qui semblait encore récemment tout à fait lointain.

 

Ceux qui se sont limités exclusivement à ce qui semblait possible dans l’état actuel de l’opinion ont toujours pu constaté que même ceci est rapidement devenu politiquement impossible à cause des changements de l’opinion publique qu’ils n’ont rien fait pour guider.

 

A moins que nous ne puissions refaire de la construction des fondations philosophiques d’une société libre une question intellectuelle d’actualité, et de son accomplissement une tâche qui soit un défi pour l’ingéniosité et l’imagination de nos esprits les plus vivants, l’avenir de la liberté est effectivement sombre. Mais si nous pouvons retrouver la croyance au pouvoir des idées qui était la marque du libéralisme à sa meilleure époque, la bataille n’est pas perdue.

Le renouveau intellectuel du libéralisme est déjà en cours dans plusieurs parties du monde. Sera-t-il à l’heure au rendez-vous ?”

 

Extrait de “Les intellectuels et le socialisme”

Friedrich August Hayek

 

Et sinon +1000 aussi sur la fin du déclinisme (Phénomène en Europe, lié il me semble largement aux guerres mondiales. L'Europe libérale a été cassé en 1914. Il y a une analyse et un discours libéral a tenir là dessus alors qu'on approche du centenaire de la grande guerre, en s'appuyant sur Stefan Zweig ou Paul Valéry).

 

et oui pour l'inscrire dans l'histoire du pays. Je reste stupéfait à quel point sur des publics très différents (droite, gauche, vieux, jeunes) une introduction d'une argumentation par "La France a une grande tradition libérale que nous avons oublié... mais qui traverse son histoire" capte l'attention et donne une légitimité au libéralisme.

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+beaucoup

 

Et sinon +1000 aussi sur la fin du déclinisme (Phénomène en Europe, lié il me semble largement aux guerres mondiales. L'Europe libérale a été cassé en 1914. Il y a une analyse et un discours libéral a tenir là dessus alors qu'on approche du centenaire de la grande guerre, en s'appuyant sur Stefan Zweig ou Paul Valéry).

 

Tiens je serais curieux de voir comment on peut raccrocher Valéry au libéralisme. Peut-être par sa philosophie de l'esprit fondée sur la liberté créatrice? Valéry était assez proche des idées de Bergson.

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