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Mégille

Tribun de la Plèbe
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Tout ce qui a été posté par Mégille

  1. Il me semble que même Servigne a reconnu qu'il exagérait un peu et que l'effondrement qu'il prédit aura lieu sur le temps long... Les effondrements civilisationnels (perte des techniques et des savoirs, baisse des populations et changement de leur structure, morcellement des anciens réseaux) ça existe. Notre bout du monde (en gros le quart nord-ouest de l'ancien monde) en a connu trois gros : celui de la civilisation mégalithique, celui de l'âge du bronze, et celui de l'antiquité classique. Notre civilisation mondiale actuelle finira elle aussi sans doute par s'effondrer... Mais les scénarios catastrophes sont une mauvaise façon de se le représenter. Ca a toujours lieu sur plusieurs générations, voire plusieurs siècles, ces affaires là. Tant et si bien que ceux qui les vivent ne voient généralement pas la différence.
  2. Moi ou le zoroastrisme ? Moi je suis néoplatonicien. Donc pas zoroastrien pour un sous. Les zoroastriens, on peut les considérer comme monothéistes ou non, selon que l'on considère "Dieu" comme signifiant "principe premier" (auquel cas ils ne sont pas mono, puisqu'ils en ont deux), ou comme "être suprême digne d'adoration" (auquel cas je pense qu'on peut les considérer comme monothéiste, puisque les amesha spentas, les sept serviteurs d'Ahura Mazda, sont des sortes d'archanges plus que des dieux à proprement parler). Oh, j'oubliais un argument à propos du fait que l'islam ne s'est pas répandu si vite que ça en Perse : la quasi-totalité de la littérature zoroastrienne que l'on a, outre l'Avesta lui-même, datent d'une période entre le IXème et le XIème siècle, donc bien après la conquête arabe (VIIème s). Ce qui montre une grande vivacité intellectuelle zoroastrienne à l'époque. Il y a même des traités polémiques contre l'islam (sans le nommer, mais avec des arguments le ciblant clairement, comme : "s'il n'y a pas de dieu du mal capable de faire face à votre bon dieu, alors, comment expliquez vous qu'il y ait du mal"), ce qui montre une relative tolérance religieuse, loin des persécutions qu'on imagine avoir eu lieu immédiatement.
  3. Dommage que la vidéo parle plus des relations (parfois très spéculatives et un peu douteuse) entre le zoroastrisme et d'autres religions que du zoroastrisme lui-même. Il y a pourtant beaucoup à dire sur la structure de son livre sacré, sur sa cosmogonie, son eschatologie (qui pour le coup, est vraiment très influente sur les religions abrahamiques en général !), et son clergé (les fameux "mages" !). Et puis, il y a quelques erreurs. L'idée selon laquelle Ahura Mazda aurait d'abord été un principe divin unique, puis qu'il aurait été par la suite associé au seul principe du bien opposé au principe du mal est issue d'une réinterprétation très tardive des Gathas, par Martin Haug, un allemand, au XIXème. Ca a plu, parce que ça permettait de faire des zoroastriens des monothéistes comme les autres... Mais c'est tiré par les cheveux IMO. Les Gathas parlent déjà de "deux jumeaux", personnifiant le Bien et le Mal dès le début, même si ce n'est que pour parler du gentil ensuite (forcément, les gathas sont des hymnes et des prières...). Quand à Zurvan, ce principe neutre unique à l'origine des deux autres, il semble avoir été propre à une hérésie assez tardive, datant sans doute de l'époque romaine, et dont on a pas de trace directe. J'ai même discuté avec des zoroastriens qui me disent que ça n'a jamais existé, et que c'est juste une grosse incompréhension des greco-romains. A propos de la conversion rapide des zoroastriens à l'Islam... Je doute. Je lisais il y a quelques mois le "Livre des Rois" de Nizam al Mulk, un grand politique du XIème siècle (en Perse sous l'empire seldjoukide). Et des "guèbres" (zoroastriens) y apparaissent ici et là, assez occasionnellement, mais sans que leur présence ne soit présentée comme particulièrement surprenante ou dérangeante. Je soupçonne que l'Islam ne soit devenu vraiment majoritaire auprès du gros de la population (quoi qu'après avoir conquis l'élite dès le IXème s au moins) que vers le XIème, notamment avec la création des Madrassa par le même al Mulk. Et qu'il n'a vraiment sévèrement décliné, au point de faire fuir des zoroastriens en Inde, qu'à partir de l'arrivé des mongols. Pas de trace des parsis d'Inde avant ça. (et d'ailleurs, l'Arabie était déjà monothéiste, chrétienne ou juive, depuis plusieurs siècles avant l'islam, contrairement à ce qu'on en dit souvent, et ce que répète la vidéo)
  4. Même si les mariages trans-frontaliers concernaient essentiellement le sommet des aristocraties, 1) ça ne change pas mon argument essentiel (au delà de la parenthèse que tu commentes), qui était justement que le nationalisme était d'abord une opposition aux royautés, qui étaient bel et bien cosmopolites, et 2) même sans les mariages, il me semble bien qu'il y avait bien une appartenance à une même culture internationale et européenne d'à peu près toute la noblesse. Je doute qu'un noble français du XVIIIème se soit senti plus proche du paysan d'à coté, dont il ne parlait probablement même pas la langue, que d'un noble allemand qui parlait le même français que lui. On peut penser au Dom Juan de Molière, donné à un public de nobles français qui devaient trouver tout naturel qu'un noble au nom espagnol et son valet au nom italien parlent la même langue qu'eux, et à la fois, bien rire de ne rien comprendre au baragouin du paysan français Pierrot. Et puis, on peut aussi se souvenir que ce sont ces nobles qui ont inventé le tourisme avec le "Grand Tour", et qui étaient tous par là uni par une série d'expériences communes dans leur jeunesse. La Jet set avant l'heure, quoi. Difficile de faire plus anywhere que ça avec des calèches. Un empire supra-national (ou une cité-état infra-nationale d'ailleurs) n'étant pas une nation, et pouvant être libéral, je ne vois donc toujours pas en quoi la nation serait essentielle à la fameuse coopération. Quelque chose dans ton argument doit m'avoir échappé. D'accord avec la première phrase. Au niveau individuel, je n'accorde même qu'une valeur instrumentale à la liberté. Le but est le Bien, et la liberté individuelle est tout au plus une condition nécessaire mais non suffisante pour l'atteindre. Simplement, étant libéral, il me semble que l'usage légitime de la violence, qu'il s'agisse de l'état ou de toute autre forme qu'il peut prendre dans un imaginaire ancap, est limité à la protection de la liberté. Ton argument ici est-il que la nation a une valeur intrinsèque, et est un bien en soi pour les individus ? Je ne suis pas d'accord avec ça, mais pour ce qui nous intéresse ici, ça m'est plutôt indifférent. Je me contente de défendre que si la nation *peut* être utile à la défense de la liberté, elle ne l'est que de façon contingente. Encore une fois, je ne vois pas très bien en quoi cet argument s'oppose au mien... d'ailleurs, si j'avais fait cessé l'alliance objective entre libéralisme et nationalisme au milieu du XIXème s, c'est justement parce qu'on a vu, lors du printemps des peuples, le nationalisme commencer à s'allier plutôt avec les socialismes. A propos ta deuxième définition, si par "communauté politique", tu veux dire "groupe obéissant à des règles communes définissant les usages légitimes de la violence", alors c'est le seul morceau qui m'intéresse, parce que c'est le seul qui peut être libéral ou non. Si le "territoire défini" et la "personnification par une autorité souveraine" sont nécessaires à son existence et à sa forme libérale, alors soit, j'accepte leur nécessité à cette condition. Mais à propos de l'autre définition que tu veux ajouter à celle là, vraiment, je n'en vois pas l'intérêt. Si les gens tiennent à ce qu'il y ait un drapeau tricolore au fronton des bâtiments institutionnels, plutôt qu'un drapeau blanc ou à fleurs de lys, un drapeau bleu étoilé, ou encore un drapeau arc-en-ciel, très bien. Ca me semble assez cosmétique... et si j'ai bien conscience que ça cesse de l'être dès lors qu'il y a une idéologie derrière chacun d'entre eux, je rappelle simplement qu'aucune d'entre elle n'est un allié naturel du libéralisme. Elles sont tout au plus des alliés objectifs, tactiques, et toujours provisoires. Je n'ai pas de donnés ou d'études sous la main, mais je ne suis pas sûr du tout que le gallois, l'écossais ou l'irlandais moyen de la fin du XVIIIème ait parlé le même anglais que les anglais, ni même qu'il ait parlé anglais tout court. (tout dépendra d'où on place ce "moyen", j'imagine) Pour moi, la folklorisation commence dans la deuxième moitié du XIXème, avec entre autre WS justement, et il se trouve que c'est l'époque ou les grands états européens de l'ouest, ou au moins, la France et l'Angleterre, cessent d'être des états-nation(s) pour devenir des empires coloniaux. Pas d'accord. Il y avait dès le début d'importantes communautés de huguenots, de néerlandais et de suédois à NY et aux alentours (depuis avant que NY soit NY d'ailleurs), de français au Vermont et en Louisiane, d'hispaniques au Texas, en Floride et en Californie (avant et après que tout ça ne rejoigne les USA). Puis, dès le milieu du XIXème, d'importantes vagues de migration d'Europe centrale, d'Italie et d'Irlande. Et c'est sans compter les afro-américains, qui y sont depuis aussi longtemps que les wasp (et donc depuis bien plus longtemps que l'américain blanc moyen actuel, descendant d'allemands bouffeurs de hambourgeois et de saucisses de Francfort), qui ont très tôt développé leurs propres formes culturelles, différentes de celles de leurs maîtres. J'ai vaguement entendu parlé d'autres groupes ethniques minoritaires qui étaient là depuis un peu plus longtemps, aussi... La politique identitaire est une aberration, évidemment. Mais bonne chance pour trouver une période de l'histoire des USA où ce n'était pas un salad bowl.
  5. J'allais le dire. Le droitard est par définition conservateur, et dans un pays au socialisme incrusté depuis suffisamment longtemps, le conservatisme est nécessairement un socialisme. Réciproquement, nos gauchistes économiques, comme Roussel ou Ruffin, sont maintenant beaucoup plus des social-conservateurs que des révolutionnaires. Plutôt que de s'appuyer sur un projet de société utopique, ils sont essentiellement attaché à un roman social-national, et invoquent les luttes sociales du passés et le programme de la résistance comme Burke aurait invoqué la guerre civile ou l'habeas corpus.
  6. Un yacht contenant des documents secrets coule mystérieusement ? C'est un coup des services secrets... Dirais-je sans doute, si je connaissais les chances pour qu'un yacht coulé par les services secrets contiennent des documents secrets, les chances qu'un yacht contiennent des documents secrets, et que je puisse diviser ça par les chances qu'un yacht soit coulé par les services secrets. "bayesian"... get it ? ... je sors
  7. Ce genre de considération est toujours un peu étrange pour moi, car viscéralement, je ne comprends pas ce besoin courant de s'identifier à une entité collective, peu importe qu'il s'agisse d'une nation, d'une classe sociale, d'une équipe sportive, ou d'une orientation sexuelle. Je suis tout de même conscient qu'il faut sans doute une dose de culture commune et de valeurs partagées pour qu'une société soit fonctionnelle, et qu'un NAP flottant tout seul dans les airs n'est sans doute pas suffisant. Je reconnais aussi que l'idée de nation a joué ce rôle au XIXème siècle, et qu'elle s'est souvent montrée compatible avec le libéralisme. Ce avec quoi je suis moins d'accord, par contre : je doute que l'idée de nation soit la seule à pouvoir jouer ce rôle de ciment social. Que d'autres idées le puissent dans l'absolue (religion commune, légitimité d'un souverain au delà des particularismes culturels, etc), c'est évident, puisque ça a souvent eu lieu. Partant de là, je ne vois pas de raison de croire que la nation soit la seule à pouvoir servir de "bon" socle à une société (je veux dire, pour qu'elle soit libérale). Tout comme le nationalisme a pu devenir antilibéral sous les formes du fascismes (et encore avant ça, en s'associant aux formes antilibérales de conservatisme, et au protectionnisme en économie), il me semble qu'il n'y a pas de raison a priori pour que, disons, un empire cosmopolite ne puisse pas devenir tout autant libéral, voire plus, qu'un état-nation moyen. D'ailleurs, le RU, qui est ouvertement pluri-national, a très souvent été beaucoup plus libéral que la France. En outre, il me semble que la nation, avec tout ce qui l'accompagne (langue commune, représentations communes, ethnonyme, etc) vient souvent *après* l'établissement d'un état, soit par une émulation de l'élite par le peuple (comme, j'imagine, avec la romanisation des gaulois, ou l'arabisation des égyptiens et des syriens), soit par un effort délibéré de la part de l'état pour renforcer son emprise sur la société (comme ne cesse de le faire la France depuis Philippe Auguste). Je crois que l'alliance du libéralisme et du nationalisme entre la fin du XVIIIème et le milieu du XIXème (en gros) est surtout dû au fait qu'alors le libéralisme se confondait avec l'opposition à la monarchie absolue, qui revendiquait une source transcendante pour sa légitimité, et qui représentait les intérêts d'une classe cosmopolite (il y a d'ailleurs une certaine ironie à ce que, depuis Maurras, le clergé et la noblesse, retranchés dans les campagnes, représentent le "pays réel"/profond, alors qu'ils sont justement les héritiers des internationalistes "anywhere" du moyen-âge et du début de l'époque moderne). Pour la même raison, le libéralisme se confondait aussi avec le républicanisme (c'est d'ailleurs pour désigner les républicains que Maine de Biran avait inventé le mot "ultra-libéral" !), et même avec les premiers balbutiements du socialisme (dont les chefs ne reniait pas souvent le label "libéral"). Ce n'est pas une raison pour considérer ces trucs là comme inséparables du libéralisme.
  8. C'est de l'ironie, ou bien il y a quelque chose de je devrais savoir à propos de Kasbarian ? (je n'avais jamais entendu parlé de lui) Quoi qu'il en soit, "ministre de la fonction public", ça ressemble beaucoup trop au "ministère des affaires administratives" de Yes minister pour ne pas me faire rire.
  9. Je ne nie pas que ça joue, hein. Mais ce n'est pas suffisant, et ça n'explique pas l'excès de criminalité dans les autres pays.
  10. Ce n'est pas non plus l'encore-plus-vieux ancien combattant de la guerre d'indépendance.
  11. https://fr.wikipedia.org/wiki/Décennie_noire Je ne sais pas pourquoi on ne parle jamais de ce truc là. Tout au long des années 90, guerre civile entre le gouvernement et des groupes islamistes. Massacres, procès expéditifs, morts par dizaines de milliers, voire centaines de milliers... Et tous les responsables ont été amnistiés. Le vieux qui tient sa boutique au coin de la rue ou qui te sert le café était peut-être un boucher sanguinaire responsable de centaines d'exécutions sommaires il y a un peu plus de 20 ans. Les plus de 30 ans le savent, les plus jeunes, pas forcément, à cause d'une loi du silence implicite sur les événements. C'est un peu plus frais que la guerre de décolonisation, et ce n'est pas le genre de chose qui laisse un peuple sans séquelle. edit : coucou à l'amie qui m'en a parlé il y a quelques mois si tu lurkes ici
  12. A propos des problèmes liés à la communauté algérienne spécifiquement : une partie vient peut-être d'un ressentiment lié à la décolonisation... mais beaucoup plus récemment, l'impact de la "décennie noire" doit jouer aussi. Je ne sais pas de quelle façon en particulier, mais je peux en imaginer plusieurs : traumatisme collectif ; plus grande accoutumance à la violence ; rapport rendu plus difficile à la religion et à la morale traditionnelle ; sentiment d'injustice, ou cynisme, face à l'impunité des coupables, avec peut-être une projection du ressentiment lié à ça sur l'ancien colonisateur, et sur l'européen en général par extension (dont la culpabilité est ailleurs, mais qui est plus facilement haïssable sans causer de dissonance cognitive).
  13. Il suffit de reconnaître la souveraineté argentinienne sur les Malouines en échange d'une alliance matrimoniale entre les maisons Milei et Bourbon, et envoyer les bureaucrates au front dans la nouvelle guerre franco-anglaise.
  14. Mégille

    Aujourd'hui, en France

    C'est une bonne chose. Il était temps que les décroissants comprennent que les keynésiens, mêmes "verts", sont pour eux des ennemis encore pire que nous.
  15. Vous rêvez de voir Delogu à L'Elysée et Sandrine Rousseau à Matignon ? Ca s'appelle "En place", sur Netflix. Ne me remerciez pas.
  16. Pendant ce temps, les investissements publics du numéro 1 de cette petite liste, modèle pour nous tous : https://www.la-croix.com/Religion/Orthodoxie/Roumanie-inaugure-grande-cathedrale-orthodoxe-monde-2018-11-25-1200985392
  17. Simple confusion de sa part, il parle probablement de la chouette d'or. Il tient une piste, je crois ! Et, accessoirement, quels "accords de 48" ? Il n'y a pas eu d'accord, justement...
  18. "Cannibalisme animal"... Je ne m'attendais pas à voir une convergence des luttes MAGA et vegan.
  19. Je n'avais pas ce détail. En effet, ça remet un peu en perspective sa... profondeur.
  20. Mégille

    Tweets rigolos

    Le coup de la France lâche qui refuse de se battre, ça date du refus français de participer à la guerre d'Irak. Et s'il y a bien un truc pour lequel on ne doit pas avoir honte de la politique française récente, c'est bien ça.
  21. Je suis à peu près sûr qu'il savait très bien qui est Pétain. On le voit très clairement retenir un sourire quand il se prépare à déclarer son ignorance... Ceci dit, c'est presque encore pire, parce que ça implique que lui et sa bande voient l'inculture comme une sorte de vertu.
  22. Mégille

    Haïti

    Et c'est pour cette raison qu'à Haïti, les polonais sont considérés comme légalement noirs, à titre honoraire ! (je me demande ce qu'en pensent les polonais et polonais-américains actuels, d'ailleurs ! )
  23. J'ai mis une seconde ou deux avant de comprendre qu'on ne parlait pas de Magic the Gathering. J'étais très confus.
  24. Ayant une expérience très directe des mycoses, la comparaison des politiques et des bureaucrates aux champignons me semble au contraire très pertinente.
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