Rübezahl Posté 1 avril 2021 Signaler Posté 1 avril 2021 Il y a 8 heures, poincaré a dit : Prochain article pour Contrepoints : pourquoi les jeunes doivent quitter ce pays Je pensais justement ce matin à l'ednat qui après la lobotomisation passe maintenant au dressage violent en profitant du masque. 1
VeloDeus Posté 2 avril 2021 Signaler Posté 2 avril 2021 Bonjour. Je signale une initiative intéressante dans le domaine de l'éducation, qui pourrait donner l'occasion d'un bon article. Me contacter si vous êtes intéressés. Une société à but non lucratif devrait annoncer mardi matin le lancement d'un test indépendant de Maths dans la foulée des épreuves terminales de spécialité du bac, à partir de 2022 : une sorte de super-épreuve plus sélective dont les résultats seraient utilisables à l'intérieur du système parcoursup en exploitant la liberté offerte aux candidats de communiquer directement quelques éléments aux formations où ils postulent. Cela risque de tanguer un peu vu la culture soviétique de l'Education Nationale, donc c'est à relayer sans trop appuyer le côté libéral (les membres de l'asso sont en fait de bords politiques très variés mais tous partagent le constat qu'on ne peut pas faire grand' chose d'innovant à l'intérieur du système). La réaction du Mammouth devrait être assez savoureuse. 12 2 1 1 2
Mégille Posté 8 avril 2021 Signaler Posté 8 avril 2021 Voici une forme un peu plus présentable de mes deux posts qui ont plu dans le topic sur l'économie pour noob : Révélation Le véritable problème de la dette publique L'auteur de ces lignes n'a aucune qualification en économie. Le texte qui suit n'a donc aucune autorité, il s'agit uniquement d'une invitation à la réflexion, ainsi que d'une tentative, de la part d'un profane, de synthétiser en aussi peu de mots que possible -mais pas moins qu'il n'en faut- un labyrinthe d'informations dans lequel il est souvent difficile de se repérer. En raison de la pandémie de confinements, la dette publique de la plupart des pays bondit, et quelques commentateurs commencent à faire mine de s'en inquiéter. Mais pourquoi au juste ? Une grande partie de cette dette n'est-elle pas détenue dans le pays lui-même ? Et les états n'ont-ils pas de toute façon la possibilité de faire « rouler » éternellement leur dette, en la remboursant toujours avec plus de dette ? Après tout, les taux auxquels l'état s'endette sont très bas, négatif même, à court terme. Cette position « rassuriste » a for malheureusement quelques angles morts, qu'il convient d'examiner. Si l'état peut, contrairement à vous mortels, faire rouler sa dette, c'est, entend-t-on parfois, en raison de sa potentielle immortalité. Cette hypothèse n'est toutefois pas suffisante. Une entreprise aussi est, en puissance, immortelle, elles sont d'ailleurs nombreuses à être plus anciennes qu'un grand nombre de pays. Pourtant, aucune ne peut se permettre de faire « rouler sa dette » à la façon d'un état. C'est donc autre chose, un pouvoir qui fait défaut aux entreprises, qui permet de s'endetter aussi facilement et à des taux aussi bas : celui, tout simplement, de contraindre par la force les banques à acheter cette dette. Une série de réglementations nationales et internationales (les dernières en date étant les accords de Bâle III, visant à donner plus de contrôle aux états suite à la crise de 2008) font que les banques sont tenue de détenir une certaines quantités d'actifs jugés fiable par l'état, et donc, de la dette d'état, en fonction de l'argent qu'elles prêtent (et donc, créent) sous peine de se voir infliger de très lourdes amendes. Bonne nouvelle, les perfides banquiers, sans doute coupables de spéculation et autre conspiration, seraient donc les seuls auquel le système ne profiteraient pas ! Pas si vite. Non seulement les banques, comme de nombreux groupes d'intérêt, ont leur mot à dire, et souvent une oreille ou deux au gouvernement pour les écouter, mais surtout, cette petite machinerie ne pourrait pas fonctionner sans elles. Les piller sans contrepartie reviendrait tout simplement à menacer leur existence, et donc, le bon fonctionnement du tour de passe-passe. Les banques trouvent leur intérêt dans la promesse, désormais plus officielle qu'officieuse, de se voir racheter leur titre de dette publique par de la monnaie nouvellement créé par les banques centrales, qu'elles peuvent à leur tour multiplier par des prêts. Elles jouissent donc du « seigneuriage », vieux privilège aujourd'hui privatisé, permettant de jouir de prix bas avec un nouvel argent, avant que celui-ci ne provoque de l'inflation en étant dépensé. Ce dont nous devons nous inquiéter à propos de l'endettement de l'état, ce n'est pas de la possibilité qu'un huissier vienne frapper à ça porte. De quelle autorité, par quelle force, viendrait-il contraindre l'état à rendre quoi que ce soit ? Ce n'est pas non plus que ces créanciers perdent confiance en lui et refusent de lui prêter à nouveau, ou encore, n'y consentent qu'à des taux plus élevés – après tous, il peut les forcer à lui prêter, et il passera toujours pour clément à leur égard, puisqu'il pourrait tout aussi bien les piller sans aucune promesse de remboursement. Ce n'est pas non plus que les banques et tout le système financier fasse faillite du fait de cette extorsion, il ne peut pas se le permettre, on peut être certain qu'il créera toujours autant d'argent que nécessaire pour les sauver, comme on l'a vu en 2008. Le problème est bel et bien que plus de dette publique signifie plus de création monétaire. Trois maux majeurs, que l'on a trop souvent tendance à prêter au capitalisme lui-même, sont causés par la création monétaire. Le premier est bien connu des libertariens, il s'agit, à en croire la théorie autrichienne du cycle des affaires (austrian business cycle theory, ou ABCT), de la création, ou au moins de l'amplification, des crises économiques. Nous en diront quelques mots, toutefois, nous tâcherons de ne pas nous y appesantir inutilement. D'une part, parce qu'il existe de nombreuses théories rivales de crises(coût de menu des nouveaux keynésiens, cycle réel des nouveaux classiques, baisse du taux de profit du capital des vieux marxistes, etc), pas forcément toutes mutuellement exclusives d'ailleurs, mais surtout parce que les deux autres mots ne sont pas moins grave, et sont trop souvent ignorés : l'augmentation de la préférence pour le présent, et avec elle, une bonne partie de ce que nous avons pris pour habitude d'appeler « consumérisme » ; et une redistribution inversée, des pauvres vers les riches. Effet Cantillon et ABCT Plus de monnaie signifie des prix plus élevés, tout le monde s'accorde, au moins en grande partie, sur ce sujet. C'est trivial : qu'il y ait une plus grande quantité de monnaie pour une même quantité de richesse, c'est à dire, de bien à acheter avec elle, implique que chaque unité de monnaie permettra d'acheter une plus petite part de richesse. Par contre, ce qui est ignorée de la plupart des écoles d'économie est que l'argent nouvellement créé n'apparaît pas uniformément dans toute la société. L'argent nouveau s'écoule des mains de celui qui l'a créé vers le reste de la société lorsqu'il est dépensé, et fait augmenter les prix de ce qu'il sert à acheter en premier lieu avant le reste. Il y a donc non seulement une augmentation des prix nominaux en général, mais aussi, un changement des prix les uns relativement aux autres. C'est ce que l'on appelle « l'effet Cantillon », en mémoire de cet économiste irlandais du XVIIIe qui prédit l'échec du système de Law [insérer ici un article CP sur le sujet]. C'est à partir de ce même phénomène que Hayek, approfondissant les théories de Mises, prédit la crise de 1929. En effet, distordre les prix fait que ceux-ci cessent de refléter adéquatement, et tous de la même façon, le rapport de l'offre à la demande. Certains biens, parce que le nouvel argent traverse plus vite leur marché, voit leur prix monter bien au delà de la demande pour eux (c'est sans doute aujourd'hui le cas pour l'immobilier en France, peut-être aussi pour les actions Tesla et le bitcoin), alors que d'autres en viennent à nous apparaître comme faussement abondant par le prix se retrouvant relativement plus bas. Les nouveaux investissements obéissent à ces signaux trompeurs, et ne font que faire grossir la bulle. La crise n'est rien d'autre que l'inévitable retour à la réalité, la rencontre de ce qui est réellement demandée par les consommateurs, et de ce qui est réellement abondant ou non. Tout ceci ne doit pas être pris comme une considération technique n'intéressant que le financier et le trader. Outre l'impact individuel du chaumage et de la pauvreté, nous savons que les crises majeurs provoquent souvent des réactions politiques assez dramatiques. Capitalisme de cigale VS capitalisme de fourmi Lorsqu'on lit Max Weber, père de la sociologie allemande écrivant à la fin du XIXè, sur le capitalisme, on ne peut que ce demander si c'est bien du même système économique qu'il nous parle : le capitalisme serait le fruit d'une éthique protestante poussant au travail et à l'épargne, plutôt qu'à l'oisiveté et à la dépense vaine, associés au traditionnel mépris catholique pour la richesse. Difficile d'y reconnaître ce monde d'inlassable consommation où l'on amasse des déchets plus qu'autre chose. Cette évolution est en partie due au succès du capitalisme, ayant rendu plus abondants de nombreux biens. Elle est aussi, nous rappellent les écologistes, due à notre cécité pour les externalités, la destruction des richesses naturelles que nous sommes tous incités à négliger, puisque nous ne payons individuellement qu'une partie du coût que nous infligeons à toutes l'humanité. Mais ce n'est pas tout. Parmi les déformations artificielles des prix causées par la création monétaire, on compte tout particulièrement une modification du prix du temps. En effet, que les prix grimpent nos incites à dépenser (punir les épargnants est d'ailleurs un objectif explicite de la plupart des apologètes de la planche à billets, d'inspiration keynésienne), et inversement lorsqu'ils descendent. Cette dernière perspective, celle de la déflation nous effraie parfois : puisque nous serions toujours incités à attendre avant de dépenser notre argent, nous ne dépenserions jamais, et nous laisserions tous mourir de faim, sans aucun doute. Mais c'est oublier un élément essentiel de l'action humaine, celle de la préférence pour le présent. Qu'un verre d'eau coûte moins cher demain qu'aujourd'hui ne me fera pas me priver d'eau pour la journée, et en outre, que garder de l'argent revienne-t-alors à s'enrichir ne signifie pas que ce soit la meilleure façon de le faire, et qu'il n'y ait pas des investissements d'autant plus rentable. Schumpeter faisait d'ailleurs observer que les périodes de déflation étaient fréquentes au XIXè, en temps de paix (elles ne sont après tout que le symptôme d'une plus grande création de richesse que de monnaie), et que loin d'être des catastrophes, elles étaient souvent l'occasion des dépenses les plus ambitieuses, telles la construction du canal de Suez et des chemins de fer en France. L'évolution du niveau des prix se contente de modifier notre préférence pour le présent. La déflation, en la faisant baisser, nous pousse à voir à long terme, nous détourne des dépenses frivoles et inutiles et nous pousse à n'investir que dans les entreprises qui seront les plus profitables (pour nous et pour les autres) à l'avenir. L'inflation nous invite à faire tout l'inverse. Elle est sans doute profitable pour un pays à court-terme -à l'échelle d'un cycle politique, par exemple- mais à long terme, elle tend à transformer en prophétie auto-réalisatrice le prognostique de Keynes, selon lequel « à long terme, nous seront tous morts ». Que notre société soit vieillissante, et que notre rapport à notre environnement risque de nos causer des soucis à l'avenir, devrait nous faire prendre tout ceci très au sérieux. Si l'ancien capitalisme de laborieuses fourmis protestantes que décrivait Weber était suffisamment riche pour permettre aux cigales bohémiennes de vivre et de jouir dans une relative, et délibérée, pauvreté, une société entièrement construite sur la jouissance immédiate peut difficilement être comparée à autre chose qu'à une nuée de locustes. Robin des bois à l'envers Une troisième plaie de la création monétaire est que cette distorsion des prix et des incitations ne touche pas tout le monde de la même façon. Certains y gagnent, d'autres y perdent, et elle peut donc être vu comme une redistribution de valeur de ces derniers vers ces premiers. Au risque d'étonner les libertariens qui ont pris l'habitude de voir en l'état essentiellement un allié des pauvres et des oisifs contre les riches et les industrieux, à y regarder de plus prêt, ce transfert de richesse semble bien aller dans l'autre sens. La création monétaire profite, d'une part, à l'endetté, qui voit le poids de sa dette se dissiper comme par magie, au détriment de l'épargnant, qui voit la valeur du fruit de ses efforts et de sa prévoyance lui filer entre les doigts. D'autre part, elle profite aux premiers détenteurs du nouvel argent, qui peuvent le dépenser « gratuitement », avant que les prix ne montent, au détriment des derniers, qui voient les prix augmenter avant d'avoir plus d'argent à dépenser. Ceux qui s'endettent le plus sont, d'une part, l'état, d'où cette vaste escroquerie soutenue par lui, et d'autre part, les plus riches et les plus grosses entreprises, les pauvres n'ayant tout simplement pas même pas possibilité de s'endetter autant. Et de plus, les plus riches sont immunisés contre les pertes infligées à certains par cette redistribution, puisque plutôt que d'épargner, ils ont la possibilité d'acheter des actifs dont la valeur augmente plus vite que l'inflation. Les premiers lésés ne sont pas tout à fait les plus pauvres. Ceux-là, par les aides de l'état, bénéficient peut-être de quelques miettes du larcin. Ceux qui pâtissent le plus sont plutôt ceux qui pourraient sortir de la pauvreté par leur travail et leur prévoyance. Il est toujours possible aujourd'hui de devenir riche à partir de peu, comme l'on fait Bezos ou Buffet en Amérique, mais il faut pour cela être à la fois très travailleur et très intelligent, il n'est plus possible de se contenter d'être travailleur et parcimonieux pour ça. Balzac, dans le Père Goriot, nous raconte l'histoire, à l'époque vraisemblable, d'un homme devenu riche en faisant des pâtes, et dont la fortune est dilapidée par des filles ingrates. Aujourd'hui, cette fortune ingrate est pillée par l'état avant même qu'elle ne soit constituée. Cette dynamique n'est que redoublée par l'autre facteur de redistribution, l'ordre distribution du nouvel argent. Les bénéficiaires de celle-ci sont plus difficiles à discerner avec exactitude, puisqu'entre la dette de l'état promise à être rachetée, le prêt de banque centrale et le prêt de banque commerciale, il est difficile de déterminer quand apparaît véritablement le nouvel argent. Toutefois, le plus gros de la masse monétaire étant créé par les prêts des banques commerciales, il semblerait que les gagnants de ce jeu là soient encore les plus gros endettés, les mêmes que précédemment. Tout ceci n'est pas une spéculation hors sol. Que l'on voit les prix de l'immobilier augmenter plus vite que « l'inflation » calculé à partir d'un panier de biens de consommation quelconque signifie que le nouvel argent sert plus à acheter des immeubles que des œufs, et l'acheteur moyen d'immeubles n'est pas l'acheteur moyen de boîtes d’œufs. Nous comprenons aussi ainsi les mécanismes à l’œuvre derrière le creusement des inégalités depuis l'abolition de l'étalon-or du dollar au début des années 70, puisqu'il s'agissait de l'une des dernières barrières contre la création monétaire déraisonnée. [insérer peut-être quelque part par ici wtfhappenedin1971.com ] Nous pouvons aussi comprendre pourquoi, alors qu'il n'y avait jamais eu de centi-milliardaires en dollar US avant 2020, il y en a désormais au moins cinq. Petit bilan : voilà donc le véritable enjeu de l'endettement sempiternel de l'état. Ce « roulement » carbure à la création monétaire, et celle-ci est à l'origine, au moins en grande partie, à la fois des crises économiques, du court-termisme, et d'inégalités injustifiés, puisque causées non par le libre jeu des échanges mais par une redistribution tout particulièrement inique. Et voilà l'article sur le confinement vu à travers un prisme arendtien que j'avais l'intention d'écrire depuis un moment : Révélation Profitons de ce deuxième confinement et demi (non pas qu'il s'agisse d'un demi-confinement, mais bien plutôt qu'il n'y a pas vraiment eu de déconfinement le séparant de celui d'automne) pour réfléchir à la nature du phénomène politique que nous vivons. La tâche est difficile, puisqu'il est sans précédent. Certes, il y a déjà eu quelques quarantaines (inutiles, d'ailleurs) ici et là lors pandémies pour la plupart bien plus terrifiante que celle de notre présente pneumonie, mais il ne s'agissait tout au plus que de quelques villes et de leurs environs, jamais de pays entiers. Il ne s'agit pas d'un geste médical collectif anodin, comme un médicament désagréable à avaler que seul un caprice enfantin pourrait nous faire refuser. De telles politiques sont absolument nouvelles, alors que les pandémies sont relativement banales (les plus de 65 ans connaissent déjà au moins leur quatrième pandémie ayant atteint ou dépassé le million de morts), il s'agit donc, au mieux, d'une incroyable innovation politico-sanitaire. Ou tout du moins, ça en aurait été une s'il s'était agit du fruit de nouvelles découvertes scientifiques, ainsi que d'une délibération politique raisonnable accompagnée de réflexion éthique rigoureuse pour décider de son application. Ca n'a pas été le cas. Rappelons que quelque soit l'état de la recherche et de l'opinion populaire actuelle sur le bien fondée du confinement, à la veille de la pandémie, le consensus scientifique était que les quarantaines sont à éviter en toutes circonstances. [source page 9 ici : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/329438/9789241516839-eng.pdf entre autre] Et même si de solides éléments scientifiques étaient venu recommander les quarantaines nationales, il ne se serait pas pour autant agit d'une évidence politique. On ne tolérait, il y a peu de temps auparavant, l'usage de la coercition pour des raisons médicales que dans des cas rares et très encadrés – lorsqu'un malade perd son autonomie, et qu'il devient dangereux pour lui-même et pour les autres. Autoriser aujourd'hui une coercition massive, pour des raisons médicales, sur des non-malades, ne coule aucunement de source. Si ce n'est la lumière de la science (à ne pas confondre avec le bruit de bonshommes en blouse blanche à la télé) qui est à l'origine du mouvement mondiale auquel nous faisons face, c'est que celui-ci est d'abord bel et bien de nature politique. C'est de cette façon qu'il a déjà tenté d'être compris par ceux qui lui ont cherché des antécédents du coté du totalitarisme du siècle dernier. On a vu fleurir des citations (souvent approximatives) de Orwell, qui semblaient toutes merveilleusement décrire notre quotidien. Mais si Orwell est un auteur brillant, qui a su dresser un portrait-type des sociétés totalitaires, il n'est pas forcément celui qui a le plus fait attention à leurs subtilités et leurs mécanismes plus profonds. Pour tout ça, un détour par Arendt et son monumental L'Origine du Totalitarisme s'impose. Je vous propose donc ici quelques considérations, en vrac, sur ce que l'on peut voir de totalitaire -ou non- au sens de Arendt dans nos confinements. Commençons par rappeler qu'un totalitarisme n'est pas un simple autoritarisme classique, puisqu'il s'agit d'un contrôle étroit de chaque aspect de la vie des individus par une bureaucratie devenue omniprésente. Sous ce rapport, nos khmers blancs semblent être les plus purs des totalitaristes. Les lieux où vous avez le droit de vous rendre, les heures auxquelles vos avez le droit de sortir, les motifs sous lesquels vous pouvez rendre visite à vos proches, etc, plus rien de tout ceci n'échappe aux autorités. Qu'il nous manque le leader et l'abolition formelle des institutions démocratiques pourrait être vu comme une atténuation de ce caractère totalitaire – ou bien au contraire, on pourrait juger que nous vivons un totalitarisme plus pur que l'ancien, qui était mêlé d'un vulgaire autoritarisme traditionnel. Remarquons tout de même que ces deux traits, le mépris pour les institutions et le culte du chef, ne sont pas complètement absents. En France, nous avons vu la plupart des décisions prises discrétionnairement par le conseil de défense et le conseil scientifique, contournant ainsi le gouvernement et le parlement. De plus, en France comme ailleurs, il semblerait que les dirigeant voient leur popularité augmenter lors des périodes de contrainte les plus durs. En Argentine, après six mois de confinement, le président a vu son approbation s'élever à plus de 85%. Mais Arendt, à l'affût des discontinuités et des changements qualitatifs dans l'histoire, ne nous permettrait sans doute pas d'identifier de tels traits comme « semi-totalitaires ». D'autres caractéristiques totalitaristes peuvent toutefois nous frapper aujourd'hui. En premier lieu, pour Arendt, à la racine du totalitarisme, se trouve l'isolement et la désolation, c'est à dire, le fait de non seulement être coupé des autres, mais aussi d'être coupé de soi même et de se vivre comme « superflu » (c'est le mot de Arendt, nous dirions plutôt aujourd'hui « non-essentiel »). Toutes les tyrannies, nous dit-elle, fleurissent sur le terreau de l'isolement, et s'assurent d'entretenir celui-ci, mais la désolation permet une domination bien plus grande des hommes, puisque c'est la totalité de leur vie, et pas seulement leur rapport avec les autres, qui tombe sous les griffes du régime totalitaire. La forme de la propagande et de l'idéologie totalitaires telle que décrite par Arendt aussi mérite notre attention. Une fois le régime au pouvoir, nous dit-elle, il n'est plus nécessaire de chercher à convaincre qui que ce soit. Il s'agit seulement de donner, non, décider, des faits, et de présenter la communication du parti comme ni plus ni moins que de la science. Mais d'une science pervertie, toute entièrement tournée vers la prédiction du futur, plutôt que vers l'explication du passé. D'une fausse science irréfutable, qui quoi qu'il advienne y verra une confirmation de ses prophéties. Nous le savons tous aujourd'hui : de toute évidence, même lorsqu'il y a beaucoup de morts lors d'un confinement, c'est que c'est bien la preuve qu'il y en aurait eu encore plus sans lui, et lorsqu'il y en a peu sans confinement, c'est qu'il aurait pu ne pas y en avoir du tout. Inutile, pour le vérifier, de comparer les résultats des pays ayant confinés ou non (mieux vaut éviter de le faire, d'ailleurs, certains s'y sont risqués, et ils n'ont pas tous eu le bonheur de confirmer le bien fondé des dictas de nos médecins-commissaires). Mais tout ceci ne doit pas nous faire négliger les différences importantes entre tout ceci et le totalitarisme ancien. L'apparent maintient du multipartisme et des institutions est une première différence visible, le relativement faible usage de la répression violente en est une autre. Il y a bien quelques cas de passage à tabac par des policiers pour non port du masque, et une impressionnante charge de cavalerie dans une foule en Belgique, mais comparé au volume des normes que l'on nous impose, la faiblesse de la violence pour les faire respecter est étonnante. Elle l'est d'autant plus que pour Arendt, la violence et la cruauté visible est un trait essentiel du totalitarisme, qui a aucun moment ne cache son intention de causer des atrocités. Cette brutalité en vient à être vu comme désirable par un peuple devenu nihiliste et apathique. Aujourd'hui au contraire, c'est la plus grande des mièvreries, dégoulinante de moraline, qui vient justifier l'enfermement. La cruauté de celui-ci, le sort des millions de gens qui sombrent dans la pauvreté, les tentatives de suicide d'enfants, etc, tout ceci est tout simplement oublié, y penser et envisager de le prendre en compte revient à insulter les soignants. Ce mal n'est pas désiré... Mais il n'est même pas accepté non plus, comme on aurait pu le faire s'il s'était agit d'un calcul politique d'un genre habituel. Une autre différence, je ne sais pas si elle est plus subtile, mais il faut Arendt pour la voir, est que le totalitarisme est essentiellement un mouvement. Elle est une masse atomisé, privée de structure, et mise en mouvement par un chef. Il serait étonnant de voir comme un mouvement ce qui consiste justement à immobiliser autant que possible chaque personne. De plus, ce mouvement se présentait comme éternel, et destiné à durer des siècles. Aujourd'hui on contraire, on semble, depuis plus d'un an déjà (et je t'imagine ricaner, lecteur égaré de 2022), persuadé de n'en avoir plus que pour quelques semaines. Peut-être s'agit-il en fait du plus parfait inverse du totalitarisme arendtien. Mais peut-être aussi s'agit-il d'un mouvement analogue à celui de la reine rouge de Lewis Carroll, mais à l'envers. Celle-ci court pour rester au même endroit, parce que dans un monde en constante évolution, c'est la seule façon de rester au même endroit. Cette immobilité, toujours provisoire, est peut-être justement ce que l'on a pressenti comme la façon la plus radicale d'imprimer un changement à la société. Pour le meilleur... ou pas. J'ai vaguement l'intention d'écrire un article sur ce que Foucault et Deleuze auraient pensé du confinement, un autre sur trois problèmes moraux autour du confinement (des trucs bateaux : 1) la liberté est une valeur en elle-même, pas de raison de la sacrifier systématiquement à la santé, 2) calcul utilitariste foireux 3) tramway). Et il y a toujours cette histoire de changement du sens de la "représentation" politique avec les conseils citoyens, qu'il faut que je rédige. Je profiterai des vacances qui viennent pour ça. 3 1
fm06 Posté 9 avril 2021 Signaler Posté 9 avril 2021 Bravo ? Pour illustrer le second article, je me suis permis de retoucher l'image postée par @h16 dans le fil Pandememe. 2
Kyouki Posté 9 juin 2021 Signaler Posté 9 juin 2021 https://www.contrepoints.org/2021/06/09/399193-temps-de-fonctionnement-des-eoliennes-les-25-de-stephane-bern-vs-les-75-de-pompili Plusieurs erreurs dans l'article : dans le paragraphe FINALEMENT QU'ATTENDRE DES ÉOLIENNES, troisième phrase "anne" au lieu de "année". Sous la courbe prod/heure, c'est 5% au lieu de 0,05% (0,05/1 => 5%) et 10% pour le off shore au lieu de 1% (0,1/1 => 10%). ?
Hugh Posté 28 juillet 2021 Signaler Posté 28 juillet 2021 Dans le Contrepoints, le Facebook et le Twitter sont à la fin de la page, pourquoi non aussi au début de la page (seulement le symbole, du Facebook, Linkedin, Twitter etc)? 1
fm06 Posté 17 novembre 2021 Signaler Posté 17 novembre 2021 Je découvre aujourd'hui la fable politique "Mouseland". Je ne l'ai pas trouvée sur CP. Cela mériterait un article, non?
Waren Posté 29 décembre 2021 Signaler Posté 29 décembre 2021 Contrepoints rame terriblement depuis quelques jours, que ce soit de chez moi ou de la maison. Il faut parfois plus de 10 secondes pour avoir une page. Un petit problème ?
Bisounours Posté 29 décembre 2021 Signaler Posté 29 décembre 2021 il y a 45 minutes, Waren a dit : que ce soit de chez moi ou de la maison
Waren Posté 29 décembre 2021 Signaler Posté 29 décembre 2021 il y a 5 minutes, Bisounours a dit : Du bureau, LOL
fm06 Posté 29 décembre 2021 Signaler Posté 29 décembre 2021 Contrepoints rame terriblement depuis quelques jours, que ce soit de chez moi ou de la maison. Il faut parfois plus de 10 secondes pour avoir une page. Un petit problème ?Pareil de chez moi.
Kyouki Posté 29 décembre 2021 Signaler Posté 29 décembre 2021 Idem lorsque que je clique sur afficher +d'articles. De plus, je n'arrive pas à recréer un mot de passe pour mon compte. Lorsque j'arrive sur le lien de réinitialisation, il me dit qu'il n'est pas valide. Et je ne sais pas si ça a changé, n'étant plus connecté, mais je ne faisais pas la différence entre quand j'étais connecté sur mon profil ou déconnecté. Dans les 2 cas il s'affichait "mon profil", il serait mieux de mettre le pseudo à la place une fois connecté.
Bézoukhov Posté 30 décembre 2021 Signaler Posté 30 décembre 2021 Il y a 21 heures, Kyouki a dit : Idem lorsque que je clique sur afficher +d'articles. Le 29/12/2021 à 13:14, Waren a dit : Contrepoints rame terriblement depuis quelques jours, que ce soit de chez moi ou de la maison. Il faut parfois plus de 10 secondes pour avoir une page. Un petit problème ? Toujours le cas ? Ça va vite chez moi depuis PC ou téléphone. Après, si je me connecte au backoffice ça a tendance à ramer. Vous êtes connectés ou pas connectés ? (PS : ça peut jouer @h16 ?) Il y a 21 heures, Kyouki a dit : De plus, je n'arrive pas à recréer un mot de passe pour mon compte. Lorsque j'arrive sur le lien de réinitialisation, il me dit qu'il n'est pas valide. Mmmh, ça me rappelle un pb que j'ai moi même et jamais réussi à résoudre (mais que j'avais déjà sur l'ancienne maquette). Bon, au pire demande moi par MP que je réinitialise à la main.
h16 Posté 30 décembre 2021 Signaler Posté 30 décembre 2021 il y a 37 minutes, Bézoukhov a dit : Après, si je me connecte au backoffice ça a tendance à ramer. Vous êtes connectés ou pas connectés ? (PS : ça peut jouer @h16 ?) Oui. Ca peut et ça joue. Comme on a eu la fine idée (!) de connecter les utilisateurs par le backoffice quand ils déposent un commentaire, ça donne ça. J'ai fait la remarque que c'était un risque de sécurité et de stabilité dès le début. C'est manifestement passé à la trappe. Le développeur semblait trouver ça normal.
Waren Posté 30 décembre 2021 Signaler Posté 30 décembre 2021 C'est principalement en connecté que cela rame terriblement. En non-connecté, il y a du mieux.
fm06 Posté 2 février 2022 Signaler Posté 2 février 2022 C'est beaucoup plus rapide ces derniers temps ? Quelques réflexions concernant le bouton "aimer cet article": L'icône est énigmatique (une torche?). Pourquoi pas un coeur ou un pouce levé? Le bouton est au début de l'article. Or, c'est seulement après avoir lu l'article qu'on sait si on l'aime ou pas. Du coup il faudrait placer le bouton (ou le dupliquer) en fin d'article. 1
Lameador Posté 5 avril 2022 Signaler Posté 5 avril 2022 Indépendamment de la qualité des articles, j'ai trouvé que ca faisait tache sur la une de Contrepoints deux titres si ... complémentaires. 1
Lameador Posté 30 mai 2022 Signaler Posté 30 mai 2022 C'est très low effort, mais j'ai retrouvé un de mes articles CP préférés, digne dune belle republication. https://www.contrepoints.org/2012/07/27/91714-meme-les-societes-primitives-recherchent-le-profit 3
Lameador Posté 1 juin 2022 Signaler Posté 1 juin 2022 Je trouve cette page moche, et ce classement alphabétique très discriminant envers Zinedine Zidane https://www.contrepoints.org/auteurs Aaron Abellan , auteur Contrepoints qui optimise sa visibilité Une randomisation serait elle possible ? 1
Lameador Posté 1 octobre 2022 Signaler Posté 1 octobre 2022 En mode "sports et loisirs", pourquoi ne pas interviewer un champion de France de chessboxing cat 78 kg ? 2
Daumantas Posté 17 octobre 2022 Signaler Posté 17 octobre 2022 @h16, j'ai rencontré un spécialiste de l'énergie éolienne qui a écrit des rapports pour la cour des comptes et sur certains financements opaques, il est vraiment brillant et il a un papier à soumettre qu'il me donnera d'ici deux ou trois jours. Est-ce que je pourrai te l'envoyer pour que tu l'examines et que tu le fasses publier si jamais tu le trouves intéressant ? Merci d'avance pour ta réponse.
h16 Posté 19 octobre 2022 Signaler Posté 19 octobre 2022 Le 17/10/2022 à 21:17, Daumantas a dit : @h16, j'ai rencontré un spécialiste de l'énergie éolienne qui a écrit des rapports pour la cour des comptes et sur certains financements opaques, il est vraiment brillant et il a un papier à soumettre qu'il me donnera d'ici deux ou trois jours. Est-ce que je pourrai te l'envoyer pour que tu l'examines et que tu le fasses publier si jamais tu le trouves intéressant ? Merci d'avance pour ta réponse. Oui. Il peut me contacter sur h16@free.fr ou hseize@gmail.com
Sekonda Posté 20 octobre 2022 Signaler Posté 20 octobre 2022 il y a une heure, Raffarin2012 a dit : Je l'ai posté ailleurs mais pas de réaction. Je reposte ici. Il y a un problème avec l'appli : pour bcp d'articles il n'y a pas d'image. Je vais regarder. Quel est l'OS de ton téléphone?
Sekonda Posté 20 octobre 2022 Signaler Posté 20 octobre 2022 il y a 13 minutes, Sekonda a dit : Je vais regarder. Quel est l'OS de ton téléphone? Ma première idée est une histoire de taille des photos. Je ne peux pas le vérifier facilement sur mobile.
F. mas Posté 20 octobre 2022 Signaler Posté 20 octobre 2022 J'ai vérifié, mais le format des tofs n'a rien d'anormal. 1
Sekonda Posté 20 octobre 2022 Signaler Posté 20 octobre 2022 il y a une heure, F. mas a dit : J'ai vérifié, mais le format des tofs n'a rien d'anormal. Je vois avec le support alors.
Sekonda Posté 2 novembre 2022 Signaler Posté 2 novembre 2022 Il y a 23 heures, Raffarin2012 a dit : J'ai encore (mais moins) des articles sans image sur l'app'. Une cause possible est identifiée, en cours d'analyse. Il y a 23 heures, Raffarin2012 a dit : Sinon, pour aujourd'hui (le 1er novembre), j'ai ça avec le W3C validator : https://validator.w3.org/nu/?doc=https%3A%2F%2Fwww.contrepoints.org%2F Merci. Quels sont les points critiques que tu en retire ?
Kyouki Posté 6 novembre 2022 Signaler Posté 6 novembre 2022 Deux remarques. Quand on s'inscrit sur Contrepoints, on reçoit un mail contenant l'identifiant ET le mot de passe (les deux non dissimulés). De plus, sur le site, dans les commentaires, dans le texte qui apparaît pour faire une réponse, il y a de l'écriture inclusive "Connecté.e".
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