Aller au contenu

F. mas

Utilisateur
  • Compteur de contenus

    12 787
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    43

Tout ce qui a été posté par F. mas

  1. F. mas

    Le candidat libre

    Ni pour, ni contre, bien au contraire !
  2. Pierre Rosanvallon explique dans son ouvrage sur le suffrage universel (Le sacre du citoyen ; 1992 ; pp195 et ss) que le légicentrisme à la française transparaît avec force dans la physiocratie : "Le thème du règne de la loi n'y renvoie pas seulement à la notion d'État de droit : il exprime également un idéal de rationalisation politique et sociale." (c'est moi qui souligne). Après avoir cité Le Trosne et Quesnay, Rosanvallon en vient à parler de l'œuvre de Le Mercier de la Rivière (L'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques ; 1767) qui d'après lui est tout à fait représentatif de la "génération des administrateurs éclairés qui œuvrent à la modernisation de l'État après 1750". Pour ce dernier comme il a été dit sur ce fil, les lois ne s'inventent pas : le législateur ne fait qu'appliquer ce qui est conforme à la nature qui est évidente par elle-même, et s'oppose à l'arbitraire : "[L'évidence] est l'équivalent du principe d'unanimité, forme de la raison universelle. C'est un mode d'accès à la vérité et à l'intérêt général qui n'implique aucunement la délibération ou l'expérimentation" (c'est moi qui souligne à nouveau). Une loi sans équivoque qui n'a besoin ni d'interprétation ni de tribunaux, ni de juge (enfin, sinon réduit, comme chez les positivistes à sa fonction d'application de la loi) mais d'une classe d'individus capables de reconnaître à coup sûr ce qui relève de l'ordre naturel de celui conventionnel, et dont l'évidence ouvre la voie à la reconstruction intégral du tissu social est donc un peu plus que la loi au sens classique. Je concède tout de même qu'il ne s'agit pas non plus de législation au sens de législation parlementaire. Rosanvallon continue son analyse et finit par intégrer la physiocratie dans la tradition du despotisme éclairé, qu'il oppose au libéralisme aristocratique plus soucieux d'organiser les checks and balances que de rationaliser le pouvoir. A l'appui de son propos, il rappelle l'échange de propos tenu entre Turgot et le dr Price (22 mars 1778), puis les déclarations négatives de Condorcet et Dupont de Nemours sur la constitution britannique : "La production du droit se résume à leurs yeux à deux choses : la mise au point d'une bonne déclaration des droits d'un côté et la promulgation de règlements de l'autre" (p. 202). (je souligne une fois encore).
  3. Il est tout à fait possible de distinguer clairement le conservatisme américain du conservatisme britannique, parce que comme le dit Jackie, une bonne partie des clivages politiques internes aux nations dépendent de circonstances historiques propres à chaque culture nationale, et que la jeune république américaine n'est pas la vieille monarchie britannique. Mais la confusion conservatisme brit / new conservatism que tu fais est tout à fait explicable, et beaucoup de conservateurs us la font avec la même bonne foi que toi. Russell Kirk est le premier auteur à faire apparaître une tradition conservatrice dans l'histoire des Etats-Unis dans son bouquin "The Conservative Mind" en 55. Quelle méthode emprunte-il ? Il retrouve dans le conservatisme britannique (enfin dans les écrits de Burke) des lois ou des règles qui pour lui sont l'essence du conservatisme, et qui par la suite serviront pour construire ex nihilo l'american conservative movement. Seulement, en détachant des règles abstraites de la pensée assez peu conceptuelle de Burke lui-même, il a fait œuvre créative en rupture avec le scepticisme empiriste du politicien whig. C'est là à mon sens l'un des paradoxes du premier conservatisme (new conservatism) né sur le sol américain : il abstrait de Burke puis transforme ces règles abstraites en programme, ce qui en fait un mouvement réformiste radical dans un contexte politique plutôt à gauche (même les républicains de l'époque ne songent pas trop à liquider l'héritage de Roosevelt, qui reste auréolé de la victoire contre les forces de l'Axe). En d'autres termes, ils parleront comme Burke et se comporteront comme des disciples de Nock, ce qui me semble inévitable dans un pays dont la légitimité porte avant tout sur des principes constitutionnels formels. Mais je simplifie un peu, parce qu'il existe d'autres auteurs tradi de la même période très intéressants même si sans doute moins burkéen (Weaver, Banfield, L Brent Bozell, Wiereck), et que d'autres auteurs ont tenté de reconstruire complètement un conservatisme typiquement us. Il faut dire qu'il n'a pas encore dans les années 50 de corpus doctrinal bien établi. Il emprunte aussi au libertarisme, à la réaction et à l'idéologie agrarienne. Sur les Lumières : si les Lumières furent libérales, tous les libéralismes ne se confondent pas avec le premier moment des Lumières. Sur les physiocrates et le libertarisme : il existe toutefois une différence de taille entre les deux, à savoir la place de la prééminence que les physiocrates accordent à la loi (sur les autres formes du droit), qui les rend parfois plus proches de la technocratie d'aujourd'hui que de l'ordre spontané du marché.
  4. jongle entre "Le socialisme" de L von Mises, "The Sensory Order" de FA Hayek et "Political Economy Concisely" de A de Jasay.

  5. sur le point de terminer "Le sacre du citoyen. Une histoire du suffrage universel" de Pierre Rosanvallon.

  6. La politique, ce triangle des Bermudes de l'espace social où tous les mots perdent leur sens.
  7. F. mas

    Paroles de l'ombre 2

    Je préfère ce bon vieux chant
  8. Occasion d'une blague bien connue Un jour un astronaute Russe revint d'un voyage dans l'espace et fit une conférence de presse. Il lança avec malice: - je suis monté au ciel et n'y ai vu ni anges, ni Dieu." Un chirurgien du cerveau était dans la salle, et il répondit: - j'ai ouvert des centaines de crâne et je n'ai jamais vu une seule pensée."
  9. L'ordre sensoriel peut m'intéresser, mais à quel prix ?
  10. En apprenant que Charlie Hebdo avait brûlé, j'ai d'abord rigolé. C'est assez notable, parce que c'est bien la première fois que ce torchon de sous-doués me faisait rire. Et puis je me suis repris. Et j'ai ri encore. Je dois avoir un mauvais fond <–<
  11. joyeux anniv' les amis !
  12. Encore une fois, au risque de me répéter, Hoppe ne fait pas oeuvre d'historien, il ne prétend donc pas justifier la monarchie passée, qui appartient à une période de l'histoire qui ne repose pas sur l'organisation économique et sociale souhaitée par les libéraux. Quand Aristote écrit la politique, il fait la même chose : il se fiche bien de l'histoire, et cherche à décrire et évaluer les différents régimes politiques naturellement. Personne n'est venu lui dire que la monarchie qu'il classait parmi les régimes droits à partir du moment où le plus vertueux des hommes la dirigeait c'était du pipo parce que la Monarchie de Cyrus ne marchait pas comme ça. Personne n'a eu la prétention à redire sur ce qui doit être au nom de ce qui est, en d'autres termes. Sur le court termisme de la monarchie, un seul remède : histoire de deux peuples, de Jacques Bainville, sur la relation franco-allemande, et cela depuis les premiers capétiens jusqu'à la première guerre mondiale. Vous serez surpris Sur l'ère capétienne : vous décrivez là l'économie malthusienne pré-industrielle dans son ensemble, monarchies, potentats et républiques comprises : blâmez la division du travail, pas le monarque. Les castes privilégiées que vous posez comme les deux piliers de l'AR sont exemptées d'impôts. Problème : c'est de ça que se repaît les institutions politiques (l'impôt direct par excellence jusqu' à la révolution française, c'est la taille). Il est donc assez facile d'en déduire pourquoi en théorie le monarque à tout intérêt à enrichir ses sujets. Sur Lucien Leuwenn : oui et non. Oui parce que l'auteur semble ignorer le rôle de l'Eglise dans l'alphabétisation du pays avant la révolution française, et non parce que c'est tout à fait possible dans la bouche de légitimistes de province. Ou même de Paris.
  13. Sentiment assez partagé. L'orateur avait l'intention première de contester l'image véhiculée par les médias français d'un raz de marée islamique. Seulement une fois la présentation faite et les échanges entre connaisseurs de la situation partagés (Chitah : je crois que seul Habib s'est présenté sur une liste indépendante), j'ai eu l'impression que la Tunisie n'est pas sortie de l'auberge. Trois raisons principales (et vérifiables) m'inquiètent : Ennahada est un parti islamique qui a visiblement l'intention à plus ou moins long terme de changer radicalement la société tunisienne. Deuxièmement, force est de constater que Washington voit d'un très bon oeil l'arrivée des islamistes à la tête du pays, qui ont l'avantage d'être beaucoup moins sous la coupe de Paris que les dirigeants précédant (et correspond à un changement de comportement relativement récent vis à vis des Frères musulmans tout comme en Egypte). Troisièmement, les partis laïques susceptibles de faire contrepoids à Ennahdha en représentant les secteurs de la société civile les plus avancés se sont pris une taule. Il y a là occasion de se défaire à mon avis d'une comparaison égarante, celle faite entre société turque et société tunisienne, Ennahdha et AKP. Pour tempérer la peur du vert, certains ont pris l'exemple de l'akp turque pour faire de la formation tunisienne une sorte d'islamo-conservatisme semblable. Seulement le plein développement d'une forme conservatrice (et non fondamentaliste) du parti islamiste réside pour l'essentiel dans le poids de l'armée dans la société turque, qui est à la fois énorme, admis et garante de la laïcité du pays depuis la mort de Kémal. Je me demande s'il existe de tels contrepoids organisés au sein de la société tunisienne pour gêner l'entreprise du nouveau parti au pouvoir (je garde à l'esprit que l'armée et la police ne bénéficient pas de la même aura -c'est le moins qu'on puisse dire- dans le pays). Je l'espère et je le pense, mais les choses ne vont pas en s'améliorant avec le nouveau pouvoir. Je laisse maintenant la parole aux plus compétents.
  14. F. mas

    Qui a dit ?

    Tout à fait. C'est un véritable casse-tête parce que les lignes de démarcation entre Etat, administration et institutions politiques ne sont pas les mêmes en France et aux USA, ce qui fait que les deux pays ne conçoivent pas la pratique de la politique de la même façon (les politiques us administrent là où les Français dirigent). Government se dit aussi plus volontiers des institutions fédérales par opposition à state qui s'attache plus à l'organisation des états fédérés. Quant à l'administration, les ricains parlent plus volontiers de bureaucracy.
  15. Je trouve que tu as un peu tendance à idéaliser l'ethos politique. Partir de la vertu réelle ou supposée de nos dirigeants pour sauver nos institutions politiques (une préférence pour le "bien commun" avant de partir d'une préférence pour soit-même) me paraît être un pari plus hasardeux que de miser sur leur grande rapacité, ou plus prosaïquement leurs intérêts bien compris. Mais je pourrais revenir sur ce point. Je reconnais que Hoppe est pessimiste, mais c'est un pessimisme à mon avis assez raisonnable, surtout au regard de ce qui est appelé "vertueux" en politique (pour estimer que la pire situation politique possible soit celle démocratique, il faut poser que tous les individus, politiciens comme citoyens, se comportent uniquement en maximiseurs d'utilité. Il faut donc que toute contrainte métalégales -genre morale- n'existe plus ou soit ravalée à un rang de préférence inférieur à celui du pognon ou du pouvoir. On revient à la Virtus machiavélienne). Maintenant, ce genre de choses ne se démontre pas, il ne fait que se justifier. Rincevent : que le système fiscal de l'Ancien régime soit totalement inefficace, qu'il ait fallu des siècles pour qu'il se rationalise et s'uniformise et cela en dépit de la société civile, c'est ça qui fait son charme, non ? Sur la question, qui est vraiment passionnante, j'ajouterais trois livres (je crois en avoir déjà parlé sur un autre fil) : L'assassinat d'Henri IV de Roland Mousnier (sur la modernisation du pouvoir royal à partir du 17e, et principalement de sa léislation et de son outil fiscal), La rébellion française de Jean Nicolas (qui est une mine d'or sur la question de la résistance à l'impôt concernant la même période) et enfin Croquants et Nus pieds : les soulèvements paysans du 17e au 19e siècle de Yves Marie Bercé (qui est moins long et plus synthétique que le Nicolas). FJ : pas mal la vid : une remarque en passant, O Maulin est un anar de droite pas du tout hostile au point de vue libertarien.
  16. Petite remarque en passant : la défense de Hoppe n'est pas une comparaison historique entre l'époque présente et celle de l'Ancien régime, mais une suite de raisonnements purement théoriques. Sa démonstration n'est donc pas invalidée (ni validée par ailleurs) par l'expérience historique de la Monarchie (qui reste comme plusieurs personnes l'ont rappelé, assez dépendante d'une économie et d'un imaginaire social-historique désormais disparus).
  17. La littérature sur la révolution française est abondante. Les plus réactionnaires d'entre nous mettront au crédit de Furet sa reconsidération positive de deux historiens injustement négligés mais pourtant indispensables pour comprendre la période : Augustin Cochin et Hippolyte Taine, le premier à travers son Esprit du jacobinisme, le second par son histoire des Origines de la France contemporaine. A Furet, on peut ajouter Lefort et Arendt (qui quant à elle fait l'éloge de Burke, soit dit en passant).
  18. Un auteur que Astynoos doit connaître disait que la monarchie, c'est l'anarchie +1. Hoppe estime que parmi les régimes politiques, la monarchie est le moins attentatoire à la propriété, car il rend le pouvoir indisponible. Puisque celui-ci est monopolisé par une dynastie, la tentation du marchandage démocratique (et du nivellement par la redistribution qui en découle) est absente. De plus, contrairement au personnel démocratique, l'intérêt du monarque est d'accroitre la richesse de ses sujets plutôt que de les faire raquer le plus rapidement possible parce qu'ils sont la source de ses revenus mais aussi ceux de ses enfants (et petits enfants, etc.). En contraste, la perspective du politicien démocrate s'arrête là où s'éteint son mandat. Lui à tout intérêt à promettre de transférer aux riches vers les pauvres pour se faire élire, d'endetter à mort le pays et à refiler le bébé à ses successeurs, etc. De Jasay remarque aussi que l'expression même du consentement en monarchie est plus propice à ce que la société prenne conscience de ses intérêts comme opposés à ceux de l'État : en se désignant comme instrument de la société légitimé par le suffrage universel, l'État démocratique a réussi à étendre son pouvoir avec l'aval de ses citoyens, là où toute extension du pouvoir monarchique -parce que reposant plus explicitement sur la coercition- se fait en confrontation avec ses sujets (qu'on se souvienne des révoltes antifiscalistes déclenchées dans le sillage de la rationalisation de l'imposition en France et en Europe !). Sur un plan historique plus propre à la France, la question du rôle centralisateur de la Monarchie moderne (et de sa continuité dans l'esprit post 1789) demeure assez ouverte. La thèse de Tocqueville qu'évoque Apollon se fait la continuatrice d'une tradition aristocratique anti-absolutiste (dans laquelle on trouve Montesquieu, Voyer d'Argenson, François Hotman ou plus récemment Bertrand de Jouvenel) qui a ouvert la voie à la frange du libéralisme qui m'est le plus sympathique. Toutefois, si l'idée que la monarchie en jouant la bourgeoisie contre l'aristocratie a préparé le jacobinisme est séduisante de loin, elle ne résiste pas trop longtemps à l'épreuve des faits. Même avec la meilleure volonté du monde, avec sa cohorte de juristes, de percepteurs, de fermiers généraux et de dragons, l'ancien régime (même sous Colbert) est structurellement incapable de faire du pays ce corps "un et indivisible" que les révolutionnaires ont cherché à établir (et qu'ils n'ont qu'en partie établi : le gros du travail s'est fait, si on en croit Braudel et Weber, avec la révolution industrielle). Il suffit pour ça de lire ce qu'en dit Bainville dans son "Histoire de France" Il me semble que le problème actuel de la monarchie (pas celle constit et démocratique, la vraie), c'est que ses outils de légitimation passés (hérédité, dynastie, etc) sont devenus totalement étrangers à nos contemporains : le triomphe dans les esprits de l'égalité a fait rendre gorge aux représentations d'Ancien régime.
  19. + 1000 Comme disait Karl Hess, les écoliers ont essentiellement besoin de logique et de grammaire.
  20. vient de recevoir "Political Economy Concisely. Essays on Policy That does not Work and Markets That Do" de A de Jasay.

  21. F. mas

    Vidéos comiques

    C'est marrant : je déteste la publicité sous toutes ses formes, mais celle-là, elle me fait rire aussi.
  22. Souvent imité, jamais égalé Sur la seconde partie du propos, sans doute. Un moment, on m'a fait remarquer que je portais une casquette (de golfeur) comme John Rawls, des cravates club comme Michael Oakeshott et que je fumais la pipe comme Bertrand Russell. Encore heureux que je ne me sois pas pris de passion pour Marcella Iacub ou Judith Butler
  23. Et ce ne sont que des discours, qui se valent tous ? aieaieaie, ben je comprends pourquoi t'as pris anthropo et pas géopo ou même histoire. <–<
  24. Si la télé n'en parle pas, c'est aussi parce que ça ne se passe pas en France, mais en Egypte, en Iran, en Irak, au Pakistan, etc. En ce moment, ce sont les coptes qui prennent cher en Egypte.
×
×
  • Créer...