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Le Clonage Thérapeutique


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J'ai hésité à poster ce texte sur l'énorme fil "Jusnaturalisme, etc…." lancé par Hobbes, devenu trop long.

Je pense que le débat qui suit risque de structurer le débat politique en France, comme il a déjà commencé à le faire aux USA autour des cellules souches notamment.

Le texte suivant (extrait des Echos de ce jour) me paraît plein de bon sens, et j'aimerai donc que l'on en discute. Je trouve que les problèmes auxquels nous nous confronterons lors de ce débat sont finalement assez proches pour certains, et connexes pour d'autres, à la question de l'avortement qui avait enflammé les esprits récemment (le mien notamment).

Il s'agit d'une description des positions du Professeur Sureau, à propos de l'interdiction du clonage thérapeutique.

Je suis assez en phase avec ce qu'il dit, vu que je suis un extrémiste de la science (et du business aussi), dans le sens où selon moi, toute latitude doit être laissée au chercheur pour mener ses expériences.

Claude Sureau, la voix du clonage thérapeutique

Le professeur Sureau, figure de la médecine française, s'élève contre la loi de bioéthique, « erreur fondamentale des parlementaires et des dirigeants ».

« La France n'en est pas à une contradiction près. Elle interdit avec des sanctions pénales le clonage thérapeutique avec transfert nucléaire. Mais, dès qu'il s'agit de prendre position dans des instances internationales, notre pays s'aligne sur l'Angleterre ou la Belgique, qui sont toutes deux en faveur du clonage thérapeutique d'embryons humains. Il y a finalement moins d'incohérences au Vatican ou encore aux Etats-Unis où, pour le moment, tout est interdit. »

Le professeur Claude Sureau a son franc-parler. Tous ceux qui ont côtoyé cette figure de l'école d'obstétrique française louent son esprit d'analyse et son humour parfois décapant. Aujourd'hui âgé de soixante-dix-huit ans et président de l'Académie de médecine, Claude Sureau a gardé toute sa capacité d'indignation face à des décisions ou des jugements qui lui paraissent rétrogrades ou archaïques. Se qualifiant lui-même de « simple médecin accoucheur », il estime que la loi française de bioéthique est « une erreur fondamentale des parlementaires et des dirigeants politiques ».

Selon lui, le texte du 6 août 2004 qui encadre les recherches sur l'embryon et les techniques d'assistance médicale à la procréation contient de nombreuses incohérences et repose sur une erreur conceptuelle majeure : la volonté de transposition des valeurs éthiques dans un langage juridique. « C'est une obsession constante dans notre pays, alors qu'il n'y a aucune convergence entre ces notions. »

Pourtant, le texte approuvé par les parlementaires semble partir d'un bon sentiment : « Protéger la dignité de l'être humain contre les dérives réelles ou supposées de la science. » Le document va d'ailleurs très loin dans l'anathème en assimilant le clonage thérapeutique à un « crime contre l'humanité ».

« Un excès de phraséologie »

En réalité, le législateur s'est semble-t-il laissé emporter par des craintes et des fantasmes collectifs construits sur les connaissances biologiques du début des années 1990. « La loi suppose que l'être qui va résulter d'un clonage est la copie conforme de l'être original. Or c'est faux : l'être humain ne se réduit pas à sa génétique. C'est la copie génomique certes, mais pas la copie conforme et en particulier pas la copie psychologique. Le vécu et l'acquis sont obligatoirement différents », remarque Claude Sureau. Le concept du « tout génétique » en vogue il y a une dizaine d'années est d'ailleurs jugé aujourd'hui comme totalement obsolète par la majorité des biologistes et des généticiens, et plus personne ne croit à la « toute-puissance des gènes ».

Les auteurs de la loi ont donc été sensibles aux clichés véhiculés par la science-fiction : des bataillons de clones guerriers tous identiques obéissant comme un seul homme à un dictateur conquérant. En réalité, la majorité des neurobiologistes pense désormais que tous les êtres vivants sont fondamentalement différents et que la quasi-totalité de ces variations est aléatoire ou liée à des facteurs environnementaux. Bref, la nouvelle loi de bioéthique ignore que l'épigénétique a remplacé la génétique.

Comme l'indique Claude Sureau, il y a dans ces textes « un excès de phraséologie » qui finira sans doute par se retourner contre ceux qu'ils sont censés protéger. Opposé au clonage reproductif, le médecin parisien se révolte contre cette « emphase » parlementaire et ce mélange des genres assez classique dans la société française. « Le clonage idéologique tel qu'il a été pratiqué à Nuremberg, à Moscou ou à Pékin est mille fois plus dangereux pour l'humanité en fabriquant des millions de personnes réagissant toutes de façon identique. »

Logiquement, il soutient la proposition de l'ancien ministre de la recherche Roger-Gérard Schwartzenberg qui demande une modification de la loi actuelle et l'autorisation pour les chercheurs de travailler sur le clonage thérapeutique avec transfert nucléaire, tel qu'il est pratiqué dans de nombreux pays. « Il existe certes d'autres sources de cellules souches dans l'organisme, mais on ne peut pas faire l'impasse sur les avantages des cellules souches embryonnaires. »

Claude Sureau, médecin catholique qui avoue avoir passé « sa vie à s'interroger sur l'embryon humain », milite donc clairement en faveur du clonage thérapeutique. « Ces recherches sont non seulement légitimes mais nécessaires. » A la clef, le développement de nouvelles thérapies cellulaires capables en théorie de soigner de nombreuses maladies (voir « Les Echos » d'hier).

Vers le tourisme médical

Reste posé le statut de l'embryon qui demeure une source de polémique constante entre juristes et scientifiques. « Le doit pénal établit de façon très nette qu'en dehors de l'enfant né il n'y a que des choses. La question est alors de savoir si l'on peut ranger l'embryon parmi ces choses. »

Le médecin Sureau refuse de s'enfermer dans cette dualité personne-chose et milite pour une solution du troisième type. « Il est temps d'abandonner cette vision de l'être prénatal chère aux juristes. Nous devons reconnaître la justesse de l'approche médicale qui fait de cet être une entité spécifique non encore personne et certainement pas chose. Comme tel, il mérite nos soins, diagnostics et thérapeutiques. Comme tel, également, il doit pouvoir être soumis a des recherches et a des manipulations dûment encadrées et contrôlées. L'objectif de ces travaux est d'améliorer la condition humaine. »

Faute de comprendre ces notions, la France ouvre toute grande la voie du tourisme thérapeutique et, dans ce cas, « seules les personnes qui en ont les moyens en bénéficieront », conclut le gynécologue.

ALAIN PEREZ

Ajout au texte, toujours dans l'article des Echos:

Le transfert posthume en question

Orphelins.

Il n'y a pas que l'interdiction du clonage thérapeutique qui déclenche la colère de Claude Sureau. L'interdiction du transfert posthume d'embryons est selon lui une autre aberration de la loi actuelle. « Ce sont les mêmes parlementaires qui, au moment de l'affaire Perruche, disaient qu'il valait mieux être mal formé mais vivant plutôt que mort et qui, six mois plus tard, ont affirmé qu'il était préférable d'être mort que vivant. » La loi française interdit le transfert d'embryons à la veuve d'un couple dont le mari est mort, après que des embryons du couple ont été préalablement congelés. Claude Sureau estime que ce texte est « scandaleux, inadmissible, profondément choquant et attentatoire à la dignité humaine ». Cette impossibilité se traduit par une situation ubuesque : « La femme n'a pas d'autre choix que la destruction pure et simple de l'embryon ou le don à un autre couple, ce qui équivaut à transformer un embryon orphelin de père en un orphelin de père et de mère. »

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En l'occurrence, je ne crois pas trop me tromper en disant que vis-à-vis du droit naturel libertarien, le problème n'est pas le clonage en tant que tel, mais l'"utilisation" que l'on fait du cloné après ce clonage, parce qu'il a des droits, etc.

Enfin, pour ceux qui refusent l'avortement, et aussi pour les tenants de la théorie de l'enfant-vampire (copyright RH :icon_up:).

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elon lui, le texte du 6 août 2004 qui encadre les recherches sur l'embryon et les techniques d'assistance médicale à la procréation contient de nombreuses incohérences et repose sur une erreur conceptuelle majeure : la volonté de transposition des valeurs éthiques dans un langage juridique. « C'est une obsession constante dans notre pays, alors qu'il n'y a aucune convergence entre ces notions. »

:warez:

Le document va d'ailleurs très loin dans l'anathème en assimilant le clonage thérapeutique à un « crime contre l'humanité ».

:icon_up:

Les auteurs de la loi ont donc été sensibles aux clichés véhiculés par la science-fiction : des bataillons de clones guerriers tous identiques obéissant comme un seul homme à un dictateur conquérant. En réalité, la majorité des neurobiologistes pense désormais que tous les êtres vivants sont fondamentalement différents et que la quasi-totalité de ces variations est aléatoire ou liée à des facteurs environnementaux. Bref, la nouvelle loi de bioéthique ignore que l'épigénétique a remplacé la génétique.

Comme l'indique Claude Sureau, il y a dans ces textes « un excès de phraséologie » qui finira sans doute par se retourner contre ceux qu'ils sont censés protéger. Opposé au clonage reproductif, le médecin parisien se révolte contre cette « emphase » parlementaire et ce mélange des genres assez classique dans la société française. « Le clonage idéologique tel qu'il a été pratiqué à Nuremberg, à Moscou ou à Pékin est mille fois plus dangereux pour l'humanité en fabriquant des millions de personnes réagissant toutes de façon identique. »

Oserait-il prétendre que les hommes politiques français s'écoutent parler? Quel salaud! Quand on pense que nos représentants sacrifient leur vie à la Nation! :doigt:

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Il s'agit d'une description des positions du Professeur Sureau, à propos de l'interdiction du clonage thérapeutique.

Je partage entièrement ton analyse et je rejoins le professeur Sureau sur la sienne, ce qui limite, hélas, la discussion :icon_up:

J'ajouterais cependant qu'on ose à peine s'élever contre l'interdiction ou les extrêmes limitations du clonage thérapeutique mais que l'on évite totalement d'évoquer le clonage humain tout court que la bienséance semble devoir vouer aux gémonies. Pourquoi? C'est absurde.

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Claude Sureau estime que ce texte est « scandaleux, inadmissible, profondément choquant et attentatoire à la dignité humaine ». Cette impossibilité se traduit par une situation ubuesque : « La femme n'a pas d'autre choix que la destruction pure et simple de l'embryon ou le don à un autre couple, ce qui équivaut à transformer un embryon orphelin de père en un orphelin de père et de mère. »

Honnêtement, je ne sais pas quoi répondre. L'idée de "fabriquer" volontairement un orphelin - car il s'agit bien de cela - me gêne un peu aux entournures, et l'argument "mieux vaut être vivant que mort" ne me convainc nullement: le bénéficiaire est bien plutôt ici la mère, qui conserve ainsi un lien tangible avec le défunt, que l'enfant dont le père repose six pieds sous terre. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je suis des plus réservés à l'endroit des biotechnologies: on peut voir le profit qu'en tirent les parents, mais beaucoup moins celui pour les enfants.

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Mais dans ce cas-là, quelle différence avec une mère célibataire, celles qui font un enfant "toutes seules" ? Il n'y a pas non plus de bénéfice pour l'enfant, qui n'aura pas de père.

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Mais dans ce cas-là, quelle différence avec une mère célibataire, celles qui font un enfant "toutes seules" ? Il n'y a pas non plus de bénéfice pour l'enfant, qui n'aura pas de père.

Bonne remarque, et cela montre bien la complexité du problème: a-t'on ou devrait-on avoir le droit de priver sciemment un enfant de l'un de ses parents?

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Je ne vois pas pourquoi il faudrait que les deux parents soient présents…

Si une veuve ne peut pas avoir d'enfants parce que leur père n'est pas présent, doit-on enlever de force les enfants des mères monoparentales?

Je suppose qu'encore une fois, c'est pour notre bien…

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Je ne vois pas pourquoi il faudrait que les deux parents soient présents…

Tant qu'à faire, c'est quand même mieux d'avoir deux parents plutôt qu'un seul…

Si une veuve ne peut pas avoir d'enfants parce que leur père n'est pas présent, doit-on enlever de force les enfants des mères monoparentales?

Il n'est pas question ici de présence mais bien d'existence. Le père n'est pas seulement absent, il est mort. Cela fait pour moi une grosse différence.

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Invité jabial
Honnêtement, je ne sais pas quoi répondre. L'idée de "fabriquer" volontairement un orphelin - car il s'agit bien de cela - me gêne un peu aux entournures,

Peut-être, mais ça concerne la morale, pas la politique. Politiquement, le Droit de personne n'est violé, donc il est interdit d'interdire :icon_up:

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Tant qu'à faire, c'est quand même mieux d'avoir deux parents plutôt qu'un seul…

Il n'est pas question ici de présence mais bien d'existence. Le père n'est pas seulement absent, il est mort. Cela fait pour moi une grosse différence.

Pourquoi se limiter au nombre ? Ajoute : tant qu'à faire c'est mieux d'avoir deux parents de sexe différent ! lol beaucoup de familles sont aujourd'hui monoparentales, c'est l'évolution de la société…

Ta seconde remarque peut également être critiquée de cette façon. L'évolution de la société passe peut-être par la fécondation version Gattaca.

Ce qui me ferait marrer c'est que l'évolution de la société prenne aussi en compte d'autre facteur, tel que l'égalité homme/femme. Cf. bien sûr "Junior" avec Schwarzy LOL pour ceux qui ont vu le film. C'est un de mes films cultes soit-dit en passant.

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Il n'est pas question ici de présence mais bien d'existence. Le père n'est pas seulement absent, il est mort. Cela fait pour moi une grosse différence.

N'existe-t-il pas des enfants qui n'ont jamais connu leur père, même si celui-ci existe quelque part sur terre? En quoi cela est-il différent d'un père qui n'existe plus?

Puis il y a des mères monoparentales dont le mari est mort. Il faut leur enlever leur enfant, du fait que leur père n'existe plus??

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N'existe-t-il pas des enfants qui n'ont jamais connu leur père, même si celui-ci existe quelque part sur terre? En quoi cela est-il différent d'un père qui n'existe plus?

:icon_up:

Puis il y a des mères monoparentales dont le mari est mort. Il faut leur enlever leur enfant, du fait que leur père n'existe plus??

Où ai-je dit qu'il fallait leur enlever leur enfant, à elles ou à quiconque?

On ne peut du reste pas vraiment comparer les deux situations: dans le schéma traditionnel, le père décède avant la naissance de l'enfant, qui se retrouve donc orphelin par accident, tandis que dans la version postmoderne, le père est mort avant même que l'enfant soit conçu, la mère choisissant donc sciemment de faire de son futur rejeton un orphelin de père.

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Invité jabial
On ne peut du reste pas vraiment comparer les deux situations: dans le schéma traditionnel, le père décède avant la naissance de l'enfant, qui se retrouve donc orphelin par accident, tandis que dans la version postmoderne, le père est mort avant même que l'enfant soit conçu, la mère choisissant donc sciemment de faire de son futur rejeton un orphelin de père.

Et si tu as connaissance que tu as un problème génétique qui, s'il était mis en commun avec un facteur environnemental qu'on ne connait pas encore, pourrait te faire avec une maladie grave qui ferait de ta vie un enfer, que ton mari a le même, mais que vous n'avez rien (et personne ne sait actuellement quel est le facteur X), on doit t'interdire de faire des enfants?

Attention, ceci est basé sur un cas réel.

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Et si tu as connaissance que tu as un problème génétique qui, s'il était mis en commun avec un facteur environnemental qu'on ne connait pas encore, pourrait te faire avec une maladie grave qui ferait de ta vie un enfer, que ton mari a le même, mais que vous n'avez rien (et personne ne sait actuellement quel est le facteur X), on doit t'interdire de faire des enfants?

Attention, ceci est basé sur un cas réel.

Je trouve l'énoncé un peu curieux, en ce sens qu'à te lire on a l'impression qu'il s'agit d'une maladie encore inconnue.

Personne ne peut évidemment t'interdire de faire des enfants, mais pour ma part, si j'étais dans ce genre de situation, je préférerais adopter.

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Invité jabial
Je trouve l'énoncé un peu curieux, en ce sens qu'à te lire on a l'impression qu'il s'agit d'une maladie encore inconnue.

Non, il s'agit d'une forme grave d'allergie qui peut se manifester, ou pas.

Personne ne peut évidemment t'interdire de faire des enfants, mais pour ma part, si j'étais dans ce genre de situation, je préférerais adopter.

Ce n'est pas de moi qu'il s'agit mais d'une personne que je connais.

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