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DPI et eugénisme en Grande-Bretagne


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Pour éviter de pourrir le fil sur les mères porteuses, j'ouvre ce fil sur le DPI. D'autant qu'un article de Libé vient opportunément remettre les choses au point…

In vitro,risque zéro

Les autorités britanniques ont autorisé pour la première fois un tri d’embryons pour éviter la transmission de la maladie d’Alzheimer.

«Ma famille se bat contre Alzheimer depuis quinze ans. Je ne veux pas que mes enfants connaissent le même enfer.» Charl De Beer a 34 ans. Il vit à Londres et souhaite devenir père. Mais à une seule condition : être certain de ne pas transmettre la mutation génétique qui a entraîné la mort prématurée de sa mère, de sa grand-mère et de deux de ses oncles, tous atteints d’une forme rare et précoce de la maladie d’Alzheimer. Requête acceptable ? Oui, a estimé l’agence britannique de bioéthique, la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA), qui vient d’autoriser son couple à procéder à une fécondation in vitro suivie d’un diagnostic préimplantatoire (DPI) qui permettra de sélectionner un embryon non porteur de la mutation. La sélection devrait avoir lieu cet automne à la clinique privée londonienne de Bridge Center. Ce sera la première fois en Europe qu’un tri d’embryons sera réalisé afin d’éviter la transmission d’une prédisposition à la maladie d’Alzheimer.

Jusqu’à présent, le dépistage génétique des embryons se limitait en Grande-Bretagne – comme en France – à prévenir les naissances d’enfants dont on savait qu’ils souffriraient et succomberaient des suites d’une maladie génétique gravissime, telles la mucoviscidose ou la maladie de Huntington (une dégénérescence neuronale). Mais, depuis quelques mois, les indications médicales du DPI ne cessent de s’étendre outre-Manche à des maladies dont la survenue n’est pas certaine, mais plus ou moins probable. La HFEA, qui veille sur l’éthique des pratiques en matière de reproduction humaine, multiplie les autorisations de dépistage, chez l’embryon, de gènes de prédisposition à des maux familiaux de gravité diverse. En mai dernier, ce même Bridge Center (dirigé par Alan Handyside, l’auteur du premier DPI en 1990), a pu ainsi réaliser un tri d’embryons pour prévenir la transmission d’une mutation pouvant provoquer un strabisme sévère. En juillet, l’unité de reproduction assistée de l’hôpital public d’Eastman faisait le premier DPI sur un gène de prédisposition familiale au cancer du sein. «D’autres autorisations sont sur le point d’être délivrées, assure Paul Serhal, directeur de cette unité. J’en attends une autre qui ne devrait d’ailleurs pas passer inaperçue», ajoute-t-il avec un sourire.

Dans son bureau tapissé de photos d’enfants (des jumeaux pour la plupart), le fondateur de cette clinique de fertilité ne cesse de répéter qu’«il ne s’agit pas de banaliser le DPI.» «Nous accédons aux demandes au cas par cas, après une étude approfondie du dossier familial, en fonction du mode de transmission, de la sévérité et de l’âge d’apparition de la pathologie, insiste-t-il. Sachez que personne ne vient nous voir à la légère : à chaque fois, il s’agit de situations dramatiques.» La HFEA, dont les décisions reflètent largement l’évolution de la société britannique, n’est pas restée insensible à la souffrance d’une patiente dont la mère, la grand-mère et l’arrière-grand-mère ont développé un cancer du sein vers 30 ans et qui, elle-même, a une probabilité estimée entre 60 % et 80 % d’en être victime aussi jeune.

Eugénisme. Pour Alzheimer, l’indication d’un DPI est plus discutée. La forme familiale de cette maladie n’a guère de chances de se développer avant 40 ans. D’ici là, des traitements pourraient voir le jour, objectent certains experts. D’autres relèvent que le risque de transmission du gène à l’enfant est mal évalué : dans le cas du couple De Beer, le patient n’a pas souhaité savoir s’il était porteur ou non de la mutation. Il se peut donc qu’il n’ait aucune chance de transmettre ce risque. Le DPI répond alors au principe de précaution plus que de prévention… «Mais ce n’est pas la première fois que l’on se trouve dans cette situation, réagit Alan Thornhill, directeur scientifique du Bridge Center. Il est assez fréquent que les patients refusent de connaître leur propre statut génétique. Quant au fait que la maladie survienne tardivement, c’est déjà le cas pour la maladie de Huntington, une des pathologies les plus fréquemment recherchées lors des diagnostics préimplantatoires.» Et pour le strabisme ? Est-ce réellement une sélection sur critère médical ? «Cette pathologie a un nom scientifique : il s’agit d’une fibrose congénitale du muscle extraoculaire, répond, énervé, Alan Thornhill. Vous aimeriez que votre enfant louche toute sa vie ? Sans parler de la gêne visuelle…» Le spectre de l’eugénisme, de la sélection de l’enfant parfait, est-il aux portes de ces cliniques ? «Mais notre métier c’est de l’eugénisme ! rétorque d’un ton provocateur Paul Serhal. Lorsqu’une femme avorte parce qu’elle apprend que son fœtus est atteint de trisomie 21, c’est aussi de l’eugénisme ! Personnellement, je préfère éliminer un amas de cellules qu’un fœtus de plusieurs semaines

Si ces naissances après tri génétique d’embryons ne concernent pour l’heure que quelques milliers d’enfants dans le monde chaque année, l’extension de cette pratique ne va pas sans poser de multiples questions, d’ordre médical, éthique et économique. Jusqu’où aller dans l’autorisation des DPI, et qui peut le décider ? Faut-il restreindre les DPI aux maladies fatales dès le plus jeune âge ? Comment faire pour que ce service reste encadré et accessible à tous ? «Le risque existe évidemment que des médecins aillent de plus en plus loin dans l’application de cette technique, admet Paul Serhal. Il faut absolument un corps étatique pour nous canaliser. Je trouve que c’est précisément ce que fait avec justesse la HFEA.» Une vision que ne partage pas son collègue du Bridge Center : «Si les parents jugent nécessaire de passer par un DPI, de quel droit le gouvernement pourrait le leur refuser ? demande Alan Thornhill. Dès lors que nous avons un lien clair entre une mutation et une pathologie et que nous pouvons offrir un test de détection efficace, je ne vois pas pourquoi nous refuserions des demandes. Les couples ne s’engagent pas dans une telle démarche à la légère.»

Subir un DPI n’est pas anodin. Il faut passer par une fécondation in vitro, ce qui signifie recueillir les ovules par hyperstimulation ovarienne, un traitement hormonal lourd et non sans risques pour la femme. Les chances d’obtenir ensuite une naissance sont ensuite celles de toute assistance à la procréation : 25 %. Il faut donc souvent plusieurs tentatives avant d’y parvenir. Et le coût d’une telle opération n’est pas totalement pris en charge, voire pas du tout dans certains cas. Un patient peut ainsi débourser jusqu’à 15 000 livres sterling, soit 21 600 euros ! «Oui, cela pose un problème évident en termes d’accessibilité, reconnaît Alan Thornhill. Mais la Sécurité sociale réalise qu’avec le DPI elle économise sur les soins futurs et commence désormais à rembourser de plus en plus nos patients.»

Pour l’heure, les cliniques anglaises proposent de diagnostiquer une cinquantaine de pathologies génétiques chez l’embryon. Mais plus de mille tests seraient actuellement disponibles, et certaines cliniques aux Etats-Unis en proposeraient déjà plusieurs centaines concernant notamment des prédispositions aux cancers, à l’obésité ou même à l’arthrose, frôlant l’indication fantaisiste. Certaines cliniques proposent également de sélectionner le sexe de l’enfant via un DPI, au nom du sex-balancing, l’équilibre des sexes dans une famille… «Il faut absolument un système de surveillance qui évite ce genre de débordement, estime pour sa part Stéphane Viville, qui dirige l’un des trois centres français autorisés à procéder à des DPI. La pénibilité du traitement limite certes la banalisation de ce service, mais une instance supérieure doit contrôler cette activité afin que seules les pathologies incurables et d’une particulière gravité soient éligibles.»

Réflexion. Incurable et d’une particulière gravité. Ce sont effectivement les deux critères retenus en France où une trentaine de pathologies sont dépistées chez l’embryon, les demandes les plus fréquentes portant sur la mucoviscidose, la maladie de Huntington, l’hémophilie et de nombreuses altérations chromosomiques héréditaires. Plus récemment, le DPI s’est ouvert à des cancers de l’adulte, notamment une mutation prédisposant à un très fort risque de cancer du côlon. Toutefois, une réflexion est en cours pour savoir s’il faut ou non étendre les indications des DPI à des prédispositions à d’autres cancers. «Il y a des demandes, confirme Dominique Stoppa-Lyonnet, chargée de présider ce groupe de travail à l’Institut national du cancer. Nous nous devons de faire une recherche à ce sujet. Je crois qu’il n’est pas souhaitable d’avoir une liste des pathologies éligibles au DPI : il faut pouvoir prendre en compte la singularité de chaque situation.»

Jusqu’où ? «Je pense que l’on devient limite lorsque le handicap de la famille est d’abord un handicap social et non physique ou mental,Le DPI n’est pas là pour régler un problème de société mais pour éviter un handicap sévère de qualité de vie.» analyse Stéphane Viville.

Si l'on en croit la définition de Wiki pour qui l'eugénisme est la volonté d'améliorer l'espèce humaine, je crois que le terme est approprié en ce qui concerne la sélection des handicapés. Même si il n'y a pas de volonté consciente d'amélioration de cette espèce, il y a tout de même le souhait de ne pas se laisser propager de maladies, dont le nombre ne cesse de s'étendre, par ailleurs. A ce compte-là, on ne compte plus le nombre de génies qui n'auraient jamais eu droit à la vie à notre époque, et qui étaient tous atteints d'un handicap léger.

En résumé, Bienvenue à Gattaca…

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N'oublions pas ce passage de l'article :

Dans son bureau tapissé de photos d’enfants (des jumeaux pour la plupart), le fondateur de cette clinique de fertilité ne cesse de répéter qu’«il ne s’agit pas de banaliser le DPI.» «Nous accédons aux demandes au cas par cas, après une étude approfondie du dossier familial, en fonction du mode de transmission, de la sévérité et de l’âge d’apparition de la pathologie, insiste-t-il. Sachez que personne ne vient nous voir à la légère : à chaque fois, il s’agit de situations dramatiques.» La HFEA, dont les décisions reflètent largement l’évolution de la société britannique, n’est pas restée insensible à la souffrance d’une patiente dont la mère, la grand-mère et l’arrière-grand-mère ont développé un cancer du sein vers 30 ans et qui, elle-même, a une probabilité estimée entre 60 % et 80 % d’en être victime aussi jeune.

Et ça aussi :

Subir un DPI n’est pas anodin. Il faut passer par une fécondation in vitro, ce qui signifie recueillir les ovules par hyperstimulation ovarienne, un traitement hormonal lourd et non sans risques pour la femme. Les chances d’obtenir ensuite une naissance sont ensuite celles de toute assistance à la procréation : 25 %. Il faut donc souvent plusieurs tentatives avant d’y parvenir.
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Mais les horreurs qui ont été commises lors de l'Aktion T4 ne se voulaient pas une banalisation de quoi que ce soit, mais une mesure compassionnelle.

La volonté de vouloir à tout prix s'affranchir de sa condition pousse l'Homme vers l'inhumanité.

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Bon.

Qu'il y ait des dérives possibles d'eugénisme, soit. Qu'on dise que cette clinique anglaise marche sur les pas de l'Aktion T4 me paraît quelque peu cavalier.

Harald, je ne nie pas les difficultés que tu soulèves : cependant, sache que ces problèmes éthiques se posent essentiellement pour ne pas dire exclusivement lorsque ce sont des Etats qui décident de porter ces problématiques.

Faisons juste un sondage autour de nous :

1 - savez-vous ce qu'est un DPI?

2 - pensez-vous nécessaire/utile de faire un DPI?

3 - éthiquement qu'en pensez-vous?

Je suis certain que les réponses à ces trois questions, posées à des individus, seront de nature à te rassurer.

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A propos de ça, moi je me pose des questions parce que ça me fait très peur mais je ne peux pas m'empècher de pensser que c'est ce que font les animaux depuis la nuit des temps et que c'est aussi ce qu'a fait l'homme tout un temps, et certains homme le font encore aujourd'hui, nous en avions déjà parlé sur le forum.

Ce n'est pas pour autant qu'il faut tuer les handicapés ou les empècher de naitre mais je ne trouve aucune évidence dans ce dabat en tous cas.

Est ce que ça à un sens de faire naitre un légume ? J'en ai parlé avec une assistante social qui me confiait les problèmes éthiques auxquelle elle est confrontée. Elle m'expliquait ce qu'elle vit au quotidien avec les parents qui s'occupe d'enfant végétatif.

Et bien franchement, il n'y aucune évidence la dedans.

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Bien d'accord qu'il n'y a aucune évidence. Cela nous pousse justement à clarifier les choses et à nous poser la question de la nature de l'être humain. Mais est-ce parceque les spartiates pratiquaient l'élimination des bébés les plus faiblards, qu'il faut faire de même ? Supprimer un embryon pour une simple histoire de regard de travers est plus que largement excessif…

En outre, Chitah, tu as bien raison de souligner que c'est encadré. Reste que l'expérience prouve qu'il ne faut pas longtemps pour que toutes ces protections sautent. A partir du moment où l'on brise les tabous, tout est possible. Et on trouvera toujours des cas extrêmes, qui, au nom de la compassion, justifient telle ou telle mesure.

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Bien d'accord qu'il n'y a aucune évidence. Cela nous pousse justement à clarifier les choses et à nous poser la question de la nature de l'être humain. Mais est-ce parceque les spartiates pratiquaient l'élimination des bébés les plus faiblards, qu'il faut faire de même ? Supprimer un embryon pour une simple histoire de regard de travers est plus que largement excessif…

En outre, Chitah, tu as bien raison de souligner que c'est encadré. Reste que l'expérience prouve qu'il ne faut pas longtemps pour que toutes ces protections sautent. A partir du moment où l'on brise les tabous, tout est possible. Et on trouvera toujours des cas extrêmes, qui, au nom de la compassion, justifient telle ou telle mesure.

De toute façon, la meilleure manière qu'aient trouvé les adeptes du mouvement pour le mouvement pour appliquer leurs idées est "l'encadrement". On encadre pour mieux faire passer la pilule - si j'ose dire.

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En outre, Chitah, tu as bien raison de souligner que c'est encadré. Reste que l'expérience prouve qu'il ne faut pas longtemps pour que toutes ces protections sautent. A partir du moment où l'on brise les tabous, tout est possible. Et on trouvera toujours des cas extrêmes, qui, au nom de la compassion, justifient telle ou telle mesure.

Quelle expérience par exemple? Et quel tabou est ici brisé? De surcroît je ne comprends pas bien cette idée de compassion?

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Est ce que ça à un sens de faire naître un légume ? J'en ai parlé avec une assistante sociale qui me confiait les problèmes éthiques auxquels elle est confrontée. Elle m'expliquait ce qu'elle vit au quotidien avec les parents qui s'occupent d'enfants végétatifs.

Et bien franchement, il n'y aucune évidence la dedans.

Le problème ne se situe pas au niveau du sens, ne serait-ce que parce que ce sens se situe en dehors de notre entendement. En revanche, si l'espèce humaine existe en tant que telle, c'est justement pour s'élever au dessus des contingences animales. Ce qui ressort de la normalité pour l'animal, dénué de la conscience du Bien et du Mal, ne saurait l'être pour l'Homme.

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Quelle expérience par exemple? Et quel tabou est ici brisé? De surcroît je ne comprends pas bien cette idée de compassion?

L'Homme n'est pas un démiurge, encore que que de nos jours, l'acception gnostique du terme semble se révéler. Quant à l'idée de compassion, bien sûr qu'elle est évidente. Si cette expérience est menée, c'est parce que l'on souhaite à l'avenir épargner aux hommes la douleur d'avoir à supporter le poids d'un enfant "anormal" (ouvrez les guillemets avec des pincettes). Mais il est là le grand tabou, l'Homme veut sortir de sa condition et pour cela, il est prêt à répéter ad nauseam les erreurs du passé en les travestissant. On ne sélectionne plus des enfants, des adolescents, des adultes, des vieillards. On préfère sélectionner des embryons, ça ne crie pas. Mais l'horreur est quand même là, seulement on ne la voit plus parce que l'on est devenus aveugles.

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Quelle expérience par exemple? Et quel tabou est ici brisé? De surcroît je ne comprends pas bien cette idée de compassion?

En matière de moeurs, à chaque fois que le législateur reconnait de nouvelles pratiques, une minorité fait pression pour aller toujours plus loin. Je pense aux homos, qui déclaraient il y a dix ans, que jamais ils ne demanderaient le mariage, je pense à la loi Veil, qui était au début une loi d'exception, pour devenir finalement une règle, je pense à la recherche sur les cellules souches, qui aboutit aux chimères, etc. Ainsi, quoiqu'on pense de l'avortement, on ne peut que constater le fait que les termes ont toujours été repoussés, que les techniques ont évolué toujours dans le même sens. Et ça sera probablement les mêmes choses pour l'euthanasie. A partir du moment où on le légitime, qui va s'assurer que toutes les règles auront été soigneusement respectées ? Et puis tout passera au nom de la compassion (i.e, je ne veux pas que mon enfant soit malheureux du fait de tellle ou telle malformation donc, je préfère qu'il meure avant même qu'il ne naisse ou encore, je ne veux pas voir mon père dans cet état, il vaut mieux qu'il meure), légitimant l'acte d'autant plus.

Et puis maintenant, on en arrive à ces aberrations. Ce n'est qu'un exemple, mais si ça ne prouve pas qu'il y a peut-être un problème dans les mentalités…

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Mais les horreurs qui ont été commises lors de l'Aktion T4 ne se voulaient pas une banalisation de quoi que ce soit, mais une mesure compassionnelle.

La volonté de vouloir à tout prix s'affranchir de sa condition pousse l'Homme vers l'inhumanité.

C'est d'ailleurs tautologique : en échappant à la condition humaine on n'est plus humain.

C'est un problème très difficile à penser. Un peu comme tenter de se représenter un espace à 4 dimensions dans notre cerveau qui est fait pour 3. Il y a bien quelques auteurs de SF qui ont posé le problème sans tomber tout de suite dans le fantasme (comme c'est le cas dans la guerre des étoiles à propos des clones) : je pense à Houellebecq ("la possibilité d'une Ile") et à Simmons (les Extros dans "Hypérion" qui s'adaptent plutôt que de terraformer).

En fait on est très peu équipé pour penser ce type d'évolution. La possibilité, voire l'idée même d'une évolution fondamentale de l'homme est quelque chose de trop récent (tout au plus 40 ou 50 ans). Bien sûr qu'on peut s'inspirer des penseurs passés mais j'ai peur qu'ils ne tiennent pas la route bien longtemps car le monde pour lequel ils pensaient disparaît. Déjà décrire et expliquer le monde actuel paraît suffisament dur, alors tenter de faire la même chose sur les potentielles évolutions de l'homme…

Un vrai challenge philosophique !

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Ce qui me surprends, c'est que tu sois capable d'écrire ceci:

Ce que je me demande est quand le délire environnementaliste, et quelle forme aura-t-il, va-t-il se transformer en action terroriste. Disons que dans la sphère médiatique on est bien avancé (on ne peut plus discuter sérieusement de ces questions qui ont acquis un statut quasi-religieux dans le mauvais sens du terme) et je pense qu'inévitablement ça percera sous forme palpable et sanglante sous peu. C'est toujours comme ça que ça fonctionne : on crée un terreau favorable et quelques illuminés suffisent ensuite pour allumer les mèches.

Sans pour autant voir le mal qui se cache derrière le DPI et autres joyeusetés du même ordre.

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Le film Bienvenu A Gattaca est d'une stupidité noire et completement irréaliste. Dans une société eugéniste comme celle qui est décrite on n'aurait aucune raison de reposer sur l'analyse génétique pour embaucher, c'est ridicule, l'expression phénotypique contiendra toujours plus d'information, plus facilement accessible. C'est stupide.

Un tri d'embryon permettant aux parents de choisir l'eugénisme pour leurs enfants, que ce soit pour éviter des maladies ou être plus intelligent est une manne céleste. Nous cessons de devenir les marionettes de nos gènes pour en prendre directement le contrôle, c'est une nouvelle étape de l'évolution humaine qui promet d'être passionante. Il ne s'agit pas de forger un homme nouveau en l'arrachant artificiellement à la nature mais bien de comprendre que la nature de l'homme est précisément de contrôler son environnement naturel.

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Bien sûr qu'on peut s'inspirer des penseurs passés mais j'ai peur qu'ils ne tiennent pas la route bien longtemps car le monde pour lequel ils pensaient disparaît.

Et pourtant, lorsqu'on lit Plutarque, par exemple, on n'a pas l'impression que les hommes aient changé à ce point.

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L'Homme n'est pas un démiurge, encore que que de nos jours, l'acception gnostique du terme semble se révéler. Quant à l'idée de compassion, bien sûr qu'elle est évidente. Si cette expérience est menée, c'est parce que l'on souhaite à l'avenir épargner aux hommes la douleur d'avoir à supporter le poids d'un enfant "anormal" (ouvrez les guillemets avec des pincettes).

C'est de la science fiction.

Mais il est là le grand tabou, l'Homme veut sortir de sa condition et pour cela, il est prêt à répéter ad nauseam les erreurs du passé en les travestissant. On ne sélectionne plus des enfants, des adolescents, des adultes, des vieillards. On préfère sélectionner des embryons, ça ne crie pas. Mais l'horreur est quand même là, seulement on ne la voit plus parce que l'on est devenus aveugles.

Donc ton analogie avec Aktion 14, tu y crois vraiment : tu compares des gens qui usent du DPI pour dépister les maladies qui font que l'enfant mourra très jeune sans aucun doute à des tentatives d'élimination de la "race anglaise" pour la remplacer par des aryens.

Un peu court quand même.

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Le film Bienvenu A Gattaca est d'une stupidité noire et completement irréaliste. Dans une société eugéniste comme celle qui est décrite on n'aurait aucune raison de reposer sur l'analyse génétique pour embaucher, c'est ridicule, l'expression phénotypique contiendra toujours plus d'information, plus facilement accessible. C'est stupide.

Oui, c'est excessif, mais je suis persuadé qu'il y a des jobs où l'on te demanderait ton profil génétique histoire de calculer ton espérance de vie. Je serais actionnaire d'une grosse boite, c'est exactement ce que je ferais, pour la candidature d'un PDG, si j'étais d'accord avec cette logique. N'oublions pas également qu'on extrapole à partir de probabilités, aucunement de certitudes. Je suis désolé, mais une société comme celle-là ne me dit rien qui vaille.

Un tri d'embryon permettant aux parents de choisir l'eugénisme pour leurs enfants, que ce soit pour éviter des maladies ou être plus intelligent est une manne céleste. Nous cessons de devenir les marionettes de nos gènes pour en prendre directement le contrôle, c'est une nouvelle étape de l'évolution humaine qui promet d'être passionante. Il ne s'agit pas de forger un homme nouveau en l'arrachant artificiellement à la nature mais bien de comprendre que la nature de l'homme est précisément de contrôler son environnement naturel.

Tu n'as le contrôle de rien du tout, tu ne fais que sélectionner des embryons sains parmi une flopée d'autres (au passage, il est possible aussi de se poser la question du statut des embryons) il n'y a aucune manipulation de gènes qui permettraient effectivement de guérir la maladie, tout en préservant l'enfant. On est en train de se construire un monde sans handicapés, ou la maladie ne sera pas guérie, mais éradiquée dès le commencement, ce qui n'est pas tout à fait pareil.

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En matière de moeurs, à chaque fois que le législateur reconnait de nouvelles pratiques, une minorité fait pression pour aller toujours plus loin. Je pense aux homos, qui déclaraient il y a dix ans, que jamais ils ne demanderaient le mariage, je pense à la loi Veil, qui était au début une loi d'exception, pour devenir finalement une règle, je pense à la recherche sur les cellules souches, qui aboutit aux chimères, etc. Ainsi, quoiqu'on pense de l'avortement, on ne peut que constater le fait que les termes ont toujours été repoussés, que les techniques ont évolué toujours dans le même sens. Et ça sera probablement les mêmes choses pour l'euthanasie. A partir du moment où on le légitime, qui va s'assurer que toutes les règles auront été soigneusement respectées. Et puis tout passera au nom de la compassion (i.e, je ne veux pas que mon enfant soit malheureux du fait de tellle ou telle malformation donc, je préfère qu'il meure avant même qu'il ne naisse ou encore, je ne veux pas voir mon père dans cet état, il vaut mieux qu'il meure), légitimant l'acte d'autant plus.

Bof.

Et puis maintenant, on en arrive à ces aberrations. Ce n'est qu'un exemple, mais si ça ne prouve pas qu'il y a peut-être un problème dans les mentalités…

Je connais tes sources d'infos ne t'inquiète pas !:icon_up: J'avais aussi vu cette nouvelle.

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C'est de la science fiction.

Ah ouais ? Pourtant en Grande-Bretagne, on en est déjà au cancer du sein, dont il est pourtant possible de guérir, au strabisme, et à la maladie d'Alzheimer (voir plus haut), je ne vois vraiment pas pourquoi on se cantonnerait qu'à ces maladies.

Je t'ai passé bien sur le cas de Marie Humbert, et de toutes les infirmières qui ont su faire preuve de "compassion" en administrant à leurs patients des doses mortelles…

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Oui, c'est excessif, mais je suis persuadé qu'il y a des jobs où l'on te demanderait ton profil génétique histoire de calculer ton espérance de vie. Je serais actionnaire d'une grosse boite, c'est exactement ce que je ferais, pour la candidature d'un PDG, si j'étais d'accord avec cette logique. N'oublions pas également qu'on extrapole à partir de probabilités, aucunement de certitudes. Je suis désolé, mais une société comme celle-là ne me dit rien qui vaille.

Sauf que ce serait complètement débile, d'où l'espérance de vie est inscrite dans les gènes? Il faudrait qu'une âme charitable nous donne un jour un cours sur la génétique, il y a beaucoup de fantasme à ce sujet, fantasmes que l'on retrouve dans ce documentaire d'anticipation :

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Tu n'as le contrôle de rien du tout, tu ne fais que sélectionner des embryons sains parmi une flopée d'autres (au passage, il est possible aussi de se poser la question du statut des embryons) il n'y a aucune manipulation de gènes qui permettraient effectivement de guérir la maladie, tout en préservant l'enfant.

Déjà entendu parler de la thérapie génique?

Ah ouais ? Pourtant en Grande-Bretagne, on en est déjà au cancer du sein, dont il est pourtant possible de guérir, au strabisme, et à la maladie d'Alzheimer (voir plus haut), je ne vois vraiment pas pourquoi on se cantonnerait qu'à ces maladies.

Et alors? Si plusieurs embryons sont générés, où est le problème de sélectionner? Comme le dit AB, c'est une bénédiction au contraire. (on risque de déchanter à mon avis, parce que cela m'étonnerait que le DPI soit si efficace que cela, mais bon)

Je t'ai passé bien sur le cas de Marie Humbert, et de toutes les infirmières qui ont su faire preuve de "compassion" en administrant à leurs patients des doses mortelles…

A leur demande, doit-on le rappeler.

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Ce qui me surprends, c'est que tu sois capable d'écrire ceci:

Sans pour autant voir le mal qui se cache derrière le DPI et autres joyeusetés du même ordre.

Tu remarqueras que je n'ai pas vraiment pris position sur le problème DPI. J'ai juste dit que ça me paraît très complexe et cité deux romans qui abordent cette question de l'évolution de l'humanité de manière pas uniquement caricaturale (comme on le voit trop souvent) et c'est suffisament rare pour être signalé (souvent on a droit soit à des délires soit à des réflexions infantiles où il suffit de gratter un peu pour voir le vide conceptuel sidéral qu'elles recouvrent) .

J'en ai beaucoup discuté avec mes parents qui sont médecins du travail. Dans ce cas là le problème se présente de la façon suivante : avec les tests génétiques on peut savoir si untel à x% de chance plus qu'un autre de chopper le cancer z quand il est exposé à une substance w. Après il y a toutes les questions derrières : qu'est ce qu'on fait ? On rend le test obligatoire, on empêche certains métiers à certaines personnes, on ferme les yeux, on informe et on laisse choisir ? Les réponses ne sont pas simples, d'autant plus que dans ce cadre il s'agit de statistiques donc si ça se trouve il ne se passera jamais rien pour une personne particulière alors à quoi ça sert de lui dire qu'elle a x% de chance de choper une maladie qu'elle n'aura peut être jamais : on l'inquiète pour rien ?

Je n'ai pas vraiment de réponse toute prête mais ce qui me semble sûr est qu'on est mal armé pour faire face à ce genre de questions qui sont à la fois fondamentales et relativement récentes. Par contre je me méfie du réflexe conservateur consistant à rejeter de manière épidermique toute nouvelle technique génétique. La techno-science va vite, bien plus vite en tous cas que notre réflexion morale.

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Tu n'as le contrôle de rien du tout, tu ne fais que sélectionner des embryons sains parmi une flopée d'autres (au passage, il est possible aussi de se poser la question du statut des embryons) il n'y a aucune manipulation de gènes qui permettraient effectivement de guérir la maladie, tout en préservant l'enfant. On est en train de se construire un monde sans handicapés, ou la maladie ne sera pas guérie, mais éradiquée dès le commencement, ce qui n'est pas tout à fait pareil.

En effet mais c'est le juste début…

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Bientôt, le Nouveau Programme de la Raison en action : des humains parfaits et immortels… une grande conquête libérale !

Je me permets de rappeler ceci, n'exagérons rien tout de même :

N'oublions pas ce passage de l'article :
Dans son bureau tapissé de photos d’enfants (des jumeaux pour la plupart), le fondateur de cette clinique de fertilité ne cesse de répéter qu’«il ne s’agit pas de banaliser le DPI.» «Nous accédons aux demandes au cas par cas, après une étude approfondie du dossier familial, en fonction du mode de transmission, de la sévérité et de l’âge d’apparition de la pathologie, insiste-t-il. Sachez que personne ne vient nous voir à la légère : à chaque fois, il s’agit de situations dramatiques.» La HFEA, dont les décisions reflètent largement l’évolution de la société britannique, n’est pas restée insensible à la souffrance d’une patiente dont la mère, la grand-mère et l’arrière-grand-mère ont développé un cancer du sein vers 30 ans et qui, elle-même, a une probabilité estimée entre 60 % et 80 % d’en être victime aussi jeune.

Et ça aussi :

Subir un DPI n’est pas anodin. Il faut passer par une fécondation in vitro, ce qui signifie recueillir les ovules par hyperstimulation ovarienne, un traitement hormonal lourd et non sans risques pour la femme. Les chances d’obtenir ensuite une naissance sont ensuite celles de toute assistance à la procréation : 25 %. Il faut donc souvent plusieurs tentatives avant d’y parvenir.
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Ce sont juste des propos lénifiants et hypocrites. Comme je l'ai écrit plus haut, la façon la plus efficace d'entériner de telles pratiques, c'est de les "encadrer". C'est le processus classique.

En fait, ce que tu n'aimes pas chez les francs-macs, c'est moins leur manie de tout cacher que l'idée que des humains puissent vouloir se perfectionner.

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En fait, ce que tu n'aimes pas chez les francs-macs, c'est moins leur manie de tout cacher que l'idée que des humains puissent vouloir se perfectionner.

NB : tu es le premier sur ce fil à parler des FM, je le signale à tout hasard. :icon_up:

Croire que l'humanité comme telle puisse se perfectionner grâce à la déesse Raison est une profonde erreur. Cela revient à vouloir la changer, et donc à la détruire.

Et j'ajoute : oui, le libéralisme a sans doute cru pouvoir perfectionner l'homme, mais c'est l'une des erreurs dont il faudrait s'extraire.

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