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"L'Immonde" parle des Koch's Brothers


Mike

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Les frères Koch, financiers du Tea Party

Fin février, le blogueur Ian Murphy, du site Buffalo Beast, piégeait Scott Walker, gouverneur du Wisconsin, en se faisant passer pour David Koch, l'un des deux frères milliardaires Koch (l'autre se nomme Charles). On était en pleine mobilisation de fonctionnaires dans cet Etat du nord des Etats-Unis. Le faux Koch se réjouissait de la détermination de M. Walker à "casser" leurs syndicats ("magnifique, magnifique…") et lui proposait d'envoyer dans les cortèges des provocateurs qui, par leurs actes, déconsidéreraient les manifestants et leurs organisations. Le gouverneur eut l'heureuse idée de refuser. Non que le principe lui répugnât mais imaginez que l'opération dérape, il risquait d'en pâtir, rétorqua-t-il. Le canular fit rire certains, sa méthode suscita chez beaucoup un malaise, mais personne ne considéra son contenu extravagant. Au contraire, venant de M. Koch, l'idée de recourir à des provocations est apparue à chacun comme parfaitement plausible.

David et son aîné Charles sont considérés comme les principaux financiers - souvent occultes - du Tea Party, cette mouvance hétéroclite "anti" qui réunit les éléments ultraconservateurs républicains (anti-Washington, anti-Etat-providence, anti-régulation…) et une grande part de l'extrême droite américaine (anti-immigrés, anti-musulmans, anti-avortement…). Multimilliardaires installés à Wichita (Kansas), les Koch détiennent 84 % de Koch Industries, 70 000 salariés, second conglomérat privé non coté du pays derrière Cargill. Chiffre d'affaires : 100 milliards de dollars, répartis entre raffinage pétrolier, gaz, minéraux, papier, chimie et produits financiers. A deux, ils constituent la cinquième fortune américaine.

Les frères, qui ont lancé moult groupes de réflexion et financé des lobbies très actifs à Washington, ont longtemps privilégié deux desseins : empêcher l'adoption de lois régulant les secteurs énergétique et financier (ils honnissent Al Gore) et promouvoir un agenda économique "libertarien". Adhérant à cette mouvance ancrée dans une tradition américaine, ils ont pour maîtres à penser Friedrich Hayek (1899-1992), Ludwig von Mises (1881-1973) et Robert LeFevre (1911-1986, le fondateur de l'"autarcisme"), tous adversaires déterminés de toute intervention publique dans le champ économique et du New Deal, vecteur d'une "menace tyrannique contre la liberté" (LeFevre). Avec une firme classée parmi les plus grands pollueurs industriels américains, les Koch, malgré des amendes lourdes, ont poursuivi un incessant combat contre le "mythe dangereux" du réchauffement climatique et l'"étranglement" imposé aux industriels par l'Agence américaine de l'environnement (EPA), qu'ils veulent démanteler.

De leur père, fondateur de l'entreprise, les deux frères semblent avoir hérité une hostilité à toute forme d'égalité. Fred Koch fut un membre actif de la John Birch Society, mouvement antisocialiste, anti-ONU, anti-déségrégation raciale actif dans les années 1950-1960. Avec l'avènement de Barack Obama, ils ont jugé que l'Amérique était menacée de "perdre sa liberté". Ils sont, écrivit le New Yorker, entrés "en guerre" contre le président, amplifiant massivement les moyens mis à disposition de leurs relais. Selon le Los Angeles Times, "les frères Koch sont désormais au coeur du pouvoir républicain". Ils ont financé nombre des campagnes du Tea Party à travers leurs émanations (Centre Mercatus, Citoyens pour une économie saine…). En 2010, ils ont dépensé 40 millions de dollars en soutien électoral, six fois plus que lors des précédents scrutins. Les six nouveaux élus républicains de la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre ont tous signé le texte de leur association Americans for Prosperity s'opposant à toute régulation des émissions de gaz à effet de serre.

Ils sont aussi le premier contributeur de l'Association des gouverneurs républicains. Lorsque ce parti organisa une réception, le 5 janvier, en l'honneur de ses 85 nouveaux élus au Congrès, les frères Koch en étaient des invités d'honneur. Au même instant, Tim Phillips, président d'Americans for Prosperity, entrait dans le bureau du nouveau speaker ("président") de la Chambre, John Boehner, pour une conversation privée. Ce dernier craint que le Tea Party ne compromette la possibilité de voir un républicain battre M. Obama en 2012. Mais il doit aussi s'appuyer sur cette force montante, ce qui rend les frères Koch et leur puissance financière incontournables. Des frères qui, chaque année, organisent un événement privé prestigieux. Au dernier, en juin 2010 à Aspen, Glenn Beck, la star de la chaîne Fox News, Stephen Moore, du comité éditorial du Wall Street Journal, Charles Krauthammer, l'idéologue néoconservateur du Weekly Standard et bien d'autres, tous soupçonnés de bénéficier par divers biais de la manne des frères Koch, y étaient invités.

De là à y voir une "conspiration médiatique", comme titre la revue progressiste Mother Jones, beaucoup franchissent le pas. Mais la principale accusation contre les frères est de dire qu'ils confondent combat idéologique et intérêts privés. Charles Lewis, fondateur du Center for Public Integrity, un observatoire indépendant "bipartite", s'inquiète : les Koch, écrit-il, "contournent les lois, manipulent la politique. (…) Ils sont la Standard Oil de notre temps". Devenue surpuissante, dictant sa loi aux politiques, cette société pétrolière fut démantelée en 1911 en 34 entreprises.

Sylvain Cypel

(badurl) http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/04/12/les-financiers-du-tea-party_1506479_3222.html#xtor=AL-32280184 (badurl)

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Quand on connait le background de Sylvain Cypel (Troskyste & co), rien d'étonnant à trouver un tel torchon sous sa plume. On notera l'étalement d'une ignorance crasse avec l"Autarcisme" de Robert LeFevre.

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La presse de gauche en France devient de plus en plus le (mauvais) décalque de celle américaine : encore une fois, elle ne fait que recycler des infos pas fraîches sorties il y a quelques semaines chez leurs collègues us. Ici, il ne s'agit que d'un résumé d'une enquête plus longue parue dans le New Yorker.

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La presse de gauche en France devient de plus en plus le (mauvais) décalque de celle américaine : encore une fois, elle ne fait que recycler des infos pas fraîches sorties il y a quelques semaines chez leurs collègues us. Ici, il ne s'agit que d'un résumé d'une enquête plus longue parue dans le New Yorker.

Heureusement la presse française n'oublie pas d'apporter sa touche avec erreurs et caricatures supplémentaires.

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Heureusement la presse française n'oublie pas d'apporter sa touche avec erreurs et caricatures supplémentaires.

J'ai bien aimé en particulier le procédé consistant à se servir d'un canular téléphonique ayant échoué et perpétré par un adversaire des frères Koch pour en conclure : regardez ce dont ces deux là sont capables ! Ca c'est très très fort.

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Quelle horreur, leurs idées ne sont pas incompatibles avec leur bien être.

Avec ce type de raisonnement, on pourrait aisément affirmer que seuls sont légitimes pour être socialistes sans conflit d'interet ceux qui vivent de leurs rentes capitalistiques…

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On notera l'étalement d'une ignorance crasse avec l"Autarcisme" de Robert LeFevre.

Magnifique.

La presse de gauche en France devient de plus en plus le (mauvais) décalque de celle américaine : encore une fois, elle ne fait que recycler des infos pas fraîches sorties il y a quelques semaines chez leurs collègues us. Ici, il ne s'agit que d'un résumé d'une enquête plus longue parue dans le New Yorker.

Et c'est toujours pareil avec cette chronique. C'est resucée sur resucée.

J'ai bien aimé en particulier le procédé consistant à se servir d'un canular téléphonique ayant échoué et perpétré par un adversaire des frères Koch pour en conclure : regardez ce dont ces deux là sont capables ! Ca c'est très très fort.

ça m'a frappé également. Consacrer tout le gros premier paragraphe à un canular téléphonique pour embrayer sur les opinions putatives des deux frères. Dès le début on est dans le procès d'intention.

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En fait c'est correct cette histoire "d'autarcisme". LeFevre s'en est revendiqué mais c'est un point fin de sémantique dont Cypel ne parle pas si bien qu'on est tenté de penser que Lefevre était partisan de l'autarcie économique d'un pays.

If a word can be found to convey the meaning I intend, it must mean self-rule; the absolute sovereignty of the individual over himself and all that belongs to him. (¶ 32)

Fortunately, there is such a word. It is autarchy. (¶ 33)

The prefix, auto, means self. Archy, as we know, means rule or ruling. Autarchy then means self-rule, or the act of self-ruling.

Pour l'article dans Le Monde, la question devient pourquoi mentionner cela comme si on faisait référence a un mouvement connu quand il s'agit en fait de l'usage très particulier d'un mot par une personne, usage qui ne se rapporte a aucune nouvelle doctrine?

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Tiens allez, je vais donner sa chance au produit :

Multimilliardaires installés à Wichita (Kansas), les Koch détiennent 84 % de Koch Industries, 70 000 salariés, second conglomérat privé non coté du pays derrière Cargill. Chiffre d'affaires : 100 milliards de dollars, répartis entre raffinage pétrolier, gaz, minéraux, papier, chimie et produits financiers. A deux, ils constituent la cinquième fortune américaine.

70 000 salariés pour 100 milliards de CA, ça veut dire 1,4 millions de dollars de CA par personnes. Même un méga avocat d'affaires de ouf, selon moi, ne fait pas un tel CA.

Je vais vérifier sur le net tout de suite.

EDIT : ah mince c'est du pétrole, mais je vais vérifier quand même tiens. Après vérification, les sources c'est "according to certain sources", avec des chiffres à la méga louche. Le journaliste a écrit son article en se basant sur les données de Wikipédia, bravo à lui.

On va me dire : Luc Chatel a fait la même chose avec Wikibéral. :icon_up:

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En fait c'est correct cette histoire "d'autarcisme". LeFevre s'en est revendiqué mais c'est un point fin de sémantique dont Cypel ne parle pas si bien qu'on est tenté de penser que Lefevre était partisan de l'autarcie économique d'un pays.

Letruc parle d'autarchism avec un h, pas d'autarcisme qui renvoie à l'autarcie.

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  • 1 month later...

L'immonde, par le même journaliste, s'en prend maintenant à Ayn Rand.

Prendre le thé avec Ayn Rand

Connaissez-vous Ayn Rand ? Votre serviteur, jusqu'à récemment, n'en avait jamais entendu parler. Constatant, à l'occasion du débat sur le relèvement du plafond de la dette américaine, que le nouveau porte-parole républicain sur les questions budgétaires, Paul Ryan, revendiquait fièrement l'influence posthume de cette femme (1905-1982), qui ne cesse de croître aux Etats-Unis, on a voulu y voir de plus près. Un ami toujours informé nous a indiqué un article épatant de l'Ecossais Johann Hari, paru sur le site américain Slate le 2 novembre 2009. Son titre : "Le charme pervers d'une femme dérangée, ou comment Ayn Rand est devenue une icône américaine". On avait pensé l'intitulé outrancier. Vérifications faites, il est sans doute en deçà de la réalité.

Mais commençons par le commencement. La dette publique américaine autorisée se situait à 14 300 milliards de dollars, et, selon les calculs des services du budget, sans plus pouvoir s'endetter, dès le 16 mai, l'Etat fédéral courrait à la catastrophe, et l'économie avec : il aurait été dans l'incapacité de payer son personnel, ses guerres, les assurances santé des retraités, etc. L'opposition républicaine, elle, conditionne son acceptation d'un rehaussement de son plafond à un engagement préalable de Barack Obama à procéder à d'innombrables coupes dans les budgets sociaux (éducation, santé, retraites, aides aux démunis, etc.) tout en réduisant la recette fiscale des deux prochains budgets.

Depuis, le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, a jugé qu'une absence de relèvement du plafond de la dette générerait des "dégâts irrévocables" et a repoussé l'échéance au 2 août. Les républicains jubilent : "On vous disait bien que la menace était fictive !" Les démocrates dénoncent le "chantage" de leurs adversaires, en appellent à leur sens de l'Etat.

Surprise : sur cette question, Wall Street vote Obama. Le 9 mai, à l'Economic Club of New York, qui fait pourtant de la résorption de la dette son engagement-clé, le patron des républicains à la Chambre, John Boehner, a reçu un accueil pincé. "Ses vues sont contredites par les chiffres", a jugé l'agence financière Bloomberg. "Les marchés risquent d'être nerveux", craint Michael Levy, chef économiste de Bank of America. Leur peur : que, sans relèvement du plafond, la dette américaine soit vite dégradée, ouvrant un véritable trou noir.

On se dira : fausses craintes, comme d'habitude. Après un bras de fer, Obama et son opposition adopteront un compromis. Cette fois, on aura peut-être tort. Car l'enjeu véritable n'est pas le plafond de la dette, mais la baisse drastique des dépenses publiques, accompagnée de celle des impôts que les républicains entendent imposer. Or les études abondent : en prônant un mixte de coupes budgétaires et de hausses ciblées d'impôts, le plan Obama est bien plus à même de résorber la dette que l'option prônée par Paul Ryan, qui priverait l'Etat d'encore plus de recettes. Mais M. Ryan se soucie beaucoup moins de résorber réellement la dette que de priver l'Etat du maximum de ressources.

Et c'est là que surgit l'influence d'Ayn Rand. Cette brillante auteure de romans et d'ouvrages théoriques - dont La Vertu d'égoïsme (Les Belles Lettres), qui résume l'essentiel de sa philosophie - s'est fait le chantre d'une sorte de "dépérissement de l'Etat" dans un sens bien plus prosaïque que celui qu'invoquait un Lénine, pour qui sa disparition coïncidait avec l'émergence d'hommes nouveaux libérés de toute aliénation. Pour Rand, l'Etat-Moloch est l'instrument diabolique qui empêche les hommes qui le méritent d'accéder à ce qui leur revient. Son abolition fonde la société la plus juste qui soit : pas d'Etat, la "dérégulation" menée jusqu'à l'os permet au plus fort ou au plus malin de gagner parce qu'ils le valent bien. Son admiration, Rand la réserve à la force brute et surtout aux plus forts intellectuellement, ces catégories d'êtres infiniment loin de ces "masses" incapables de reconnaître leur valeur, qu'elle compare, au fil des oeuvres, à "la lie", "des parasites", "des imitations d'humains".

D'aucuns nommeront cet idéal sauvage la loi de la jungle ou celle de la guerre sociale. On rappellera ici que même les théoriciens conservateurs contemporains de l'économie américaine, quoique grands "dérégulateurs", ont délaissé ces thèses effroyables. Mais voilà : comme l'économiste américano-autrichien Ludwig von Mises, Rand a théorisé jusqu'à l'extrême une propension assez répandue : rien n'est plus important que moi-même. Pour l'école qu'elle a fondée, dite "objectiviste", "l'égoïsme de l'intérêt personnel" est le principe moral directeur, le plus radicalement opposé à l'altruisme honni. Or, et c'est là un phénomène américain stupéfiant, depuis une génération, nombre de politiques, vénérant les valeurs de l'individualisme triomphant, ont élevé au rang de théoricien admirable cette femme qui a écrit que les Etats-Unis devraient être "une démocratie des seuls êtres supérieurs".

Ronald Reagan a chanté ses louanges bien avant que Paul Ryan ne la lise. Aujourd'hui, le Tea Party propage les thèses d'Ayn Rand prises au pied de la lettre, imposant leur logique anti-Etat et anti-impôts en toutes circonstances à des dirigeants qui parviennent de plus en plus mal à s'en démarquer. Eût-elle vécu centenaire qu'Ayn Rand eût peut-être fini par gloser sur ce paradoxe : des "masses" incultes soutenant son point de vue, quand, à Wall Street, riches et puissants tant adulés appellent leurs élus conservateurs au sens de la "responsabilité". Bref, au sens de l'Etat…

Sylvain Cypel

http://www.lemonde.f…26663_3222.html

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Ce Sylvain Cypel ne présente aucun intérêt, il confesse lui-même son ignorance dès la deuxième phrase, et explique que la seule source dont il a pris connaissance sur Rand est un article de Slate. Au moins est-il honnête, on sait dès le premier paragraphe qu'on est un présence d'un article qui aurait toute sa place sur AgoraVox ou Le Post, mais certainement pas dans un journal dont les lecteurs paient leur exemplaire.

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C'est atrocement franchouillard, comme d'habitude. La matrice intellectuelle du raisonnement pêche à la fois par son simplisme - l'Etat ou l'égoïsme, choisis ton camp camarade- et son inadéquation à la réalité - l'article se concluant par un paradoxe.

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