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Socialisme au 19e siècle


PABerryer

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Dans le cadre de mon mémoire je travaille sur Berryer. Dans un discours de 1851 il affirme qu'il combat le socialisme:

Pour moi, j'appelle socialisme cet assemblage de théories vulgaires, insensées , épuisées, qui se sont produites, dans tous les siècles, chez tous les peuples, toutes les fois que les forces de la société ont été affaiblies , amoindries , impuissantes ; j'appelle socialisme cet amas de mensonges qui fait appel aux plus détestables passions qui menace tout, en attaquant et la propriété, et la religion et la famille, et, par une conséquence nécessaire, demande le transformation absolue, la ruine de la société…

Auriez vous des sources (articles, ouvrages, etc) afin que je puisse comprendre ce qu'était le socialisme et comment il était perçu en 1851?

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Tu auras un reflet de ça par exemple dans les Soirées de la Rue Saint-Lazare, de Molinari. Mais on parle là du socialiste prémarxiste, entendons-nous bien.

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Oh, j'imagine que dans l'article "Socialisme" de Wikipédia, il y a un bon bout sur le socialisme pré-marxiste, que tu peux aussi retrouver sous le terme "socialisme utopiste".

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Gustave LeBon, Psychologie du socialisme, l'ouvrage est de fin de siècle (1898) mais il a une approche "généalogique".

Emile Faguet, Le Socialisme. Là encore, une approche "généalogique", qui débute cette fois-ci à partir de 1789 (bien qu'il n'en eût pas encore le nom).

(Disponibles sur gallica).

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Je viens de repenser à un immense sociologue : Max Weber (économie et société)

edit :

http://www.cairn.inf...-4-page-841.htm

LES PÉRILS DU SOCIALISME

LES PÉRILS DU SOCIALISME

43 Le texte sur le socialisme – le seul à ne pas être tiré des Gesammelte politische Schriften[32] [32] « Der sozialismus » constitue en effet le dernier texte…

suite – est issu d’une conférence prononcée à Vienne en juin 1918 devant un auditoire d’officiers autrichiens, c’est-à-dire dans un contexte très particulier ; et Weber tient compte de ces circonstances, comme on peut le voir au début et à la fin de son intervention. Mais l’essentiel de son propos vise – ici encore – à dresser un tableau d’ensemble du socialisme moderne : Weber expose les espérances et les attentes qu’il a fait naître, en s’efforçant d’estimer ses chances de succès mais aussi les risques qu’il implique à ses yeux.

44 Il s’agit en quelque sorte d’un hommage critique à l’œuvre de Karl Marx dont la portée scientifique doit être saluée, même si ses prédictions n’ont pas été confirmées par les faits. La discussion s’engage, bien avant que le nom de Marx soit prononcé, autour de la question de la « séparation de l’ouvrier et des moyens de production » : assurément la formule est juste, si l’on compare l’ouvrier salarié moderne à l’artisan du Moyen Âge, propriétaire de ses outils et disposant librement de son produit, mais sa portée doit être radicalement relativisée. L’originalité de ce qu’il convient d’appeler la réponse de Max Weber à Marx consiste en effet à faire de la séparation de l’ouvrier avec les moyens de production un simple cas particulier d’un phénomène global [33] [33] Nous reprenons ici la formulation utilisée dans notre…

suite. Ce phénomène se retrouve dans le cadre de l’université, puisque ni les professeurs ni encore moins les assistants ne possèdent les moyens de recherche fournis par l’État ; il caractérise également l’armée, qui n’est plus celle des condottieri recrutant sur leurs fonds propres mais rassemble des officiers et des soldats auxquels on assure l’ordinaire et les moyens de faire la guerre (Kriegsbetriebsmitteln) ; il est enfin un trait inhérent à la fonction publique de l’État moderne, qui repose sur la complète séparation entre les fonctionnaires et les moyens d’administration (Verwaltungsbetriebsmitteln). Cette situation est donc loin d’être spécifique à « l’économie privée » (les italiques sont le fait de Weber) ; ce qui est constant en revanche, c’est la présence d’un appareil organisé de manière bureaucratique qui permet de concentrer entre les mains des maîtres de cet appareil les moyens d’exécution. L’existence d’un semblable appareil – et du mode d’organisation qu’il implique – ne serait pas fondamentalement remise en cause, pour les ouvriers, par la substitution d’un représentant de l’État à un industriel privé.

45 La dimension bureaucratique constitue pour Weber le fait central ; et c’est une priorité de cet ordre que Giddens avait à l’esprit lorsqu’il avance que la démarche de Weber le conduit, à l’opposé de Marx, à « généraliser du politique à l’économique » [34] [34] Cette proposition est tirée de Politics and sociology…

suite. Une telle perspective l’amène nécessairement à mettre en lumière ce qui lui paraît périlleux dans le socialisme, tout au moins dans le socialisme appliqué à grande échelle, au niveau de la société globale. Évoquant d’abord la pénétration de l’État dans l’économie (« Durchstaatlichung » der Wirtschaft), il souligne les conséquences fâcheuses qu’elle entraînerait : « Tandis qu’aujourd’hui la bureaucratie de la fonction publique et celle de l’économie privée (des cartels, des banques, des entreprises géantes) existent l’une à côté de l’autre comme des corps séparés, de sorte que l’on peut toujours contenir le pouvoir économique par le pouvoir politique, les deux bureaucraties deviendraient alors un corps unique avec des intérêts solidaires que l’on ne serait plus du tout en mesure de contrôler. » (pp. 472-473, trad. fr. légèrement modifiée) [35] [35] L’expression de « présence accrue de l’État »…

suite. Il est vrai, comme le fait observer Weber lui-même, que la social-démocratie allemande tend à rejeter cette forme de socialisme d’État. Mais l’avenir que celle-ci envisage se heurte au même problème fondamental : si, comme elle l’escompte, l’on doit s’attendre, plutôt qu’à un effondrement brutal de la société bourgeoise, à une « socialisation » de plus en plus poussée de la production qui serait déjà entamée avec la substitution à l’entrepreneur individuel des sociétés par actions et de leurs dirigeants salariés, de tels processus impliquent d’abord l’accroissement numérique de la bureaucratie et, en même temps, l’affirmation de son pouvoir vis-à-vis de l’ouvrier dans les groupements économiques à but déterminé aussi bien que dans les entreprises publiques. Weber en tire la conclusion que « c’est la dictature du bureaucrate, et non pas celle de l’ouvrier, qui est en marche, du moins pour le moment » (p. 479).

46 Weber ne pouvait évidemment manquer de s’interroger sur l’« expérience » de grande envergure qui se déroulait en Russie, depuis la Révolution d’octobre, et il aborde brièvement mais sans détour le sujet à la fin de sa conférence. Nous sommes une fois encore ramené à la Russie et il nous paraît ici indispensable de faire un retour en arrière vers la première phase révolutionnaire de 1917, la Révolution de février, dont Max Weber s’efforce d’apprécier la portée dans sa troisième contribution relative à la Russie.

47 Il convient d’abord de souligner que cette contribution ne témoigne pas du même degré d’approfondissement que les deux précédentes : elle paraît directement dans un simple hebdomadaire, Die Hilfe[36] [36] Die Hilfe est un hebdomadaire traitant de littérature,…

suite, et non plus en liaison avec une revue scientifique ; elle est intimement liée à une situation de guerre de plus en plus périlleuse pour l’Allemagne et Weber n’hésite pas à s’y exprimer crûment en patriote allemand ; enfin, elle témoigne du souci, polémique et non pas analytique, de contrecarrer l’image séduisante de la Révolution russe – dans cette première étape – que diffusait la social-démocratie allemande. Son apport est donc limité ; mais il n’en est pas moins réel, pour quiconque voudra se garder des facilités de l’illusion rétrospective. Dans une période confuse, « l’élimination d’un monarque incapable » [37] [37] Peut-être vaut-il la peine de rappeler la formule complète…

suite constituait bel et bien le premier phénomène tangible : Nicolas II n’avait plus, comme en 1906, de Stolypine pour le tirer d’affaire et avait pris les risques les plus extrêmes en assumant le commandement suprême des armées à partir de 1915. Deuxièmement, c’est bien autour de la question de la poursuite de la guerre ou de la paix que se cristallisèrent les oppositions décisives entre les forces sociales et politiques. Troisièmement, le passage manqué à un véritable régime constitutionnel à l’issue de la Révolution de 1905 continuait d’exercer ses effets : il n’existait pas de cadre politique auquel se référer pour mettre fin à une situation instable ; en ce sens, la « pseudo-démocratie » était l’héritière du « pseudo-constitutionnalisme ».

48 Il ne fait guère de doute que Weber ait entretenu quelques illusions sur la capacité des couches bourgeoises à orienter le cours de la révolution ; mais il reconnaît que « toute prophétie sur le cours ultérieur de la révolution serait impossible, même pour l’observateur le mieux informé » (p. 230) ; et c’est d’abord cette incertitude qui confère au « diagnostic » wébérien son caractère « ambigu » [38] [38] La formule de « diagnostic ambigu » est empruntée…

suite.

49 L’incertitude est loin d’être levée, même si la victoire des bolcheviks est désormais acquise, quand Weber prononce sa conférence sur le socialisme. Son idée fondamentale consiste à soutenir qu’une semblable expérience ne saurait déboucher sur « une société socialiste », conforme à la vision orthodoxe de la social-démocratie allemande : elle implique en effet une profonde « désorganisation » économique et, de ce fait, un retour en arrière dans le développement social qui contredit les principes du marxisme. Et à cet égard Weber mesure les immenses difficultés économiques auxquelles le nouveau régime est confronté. Mais il fait fausse route en n’y voyant qu’« une dictature militaire des caporaux », préoccupée avant tout de « solde et de butin » et de par sa nature appelée à « s’effondrer comme toute autre dictature militaire » [39] [39] L’expression de « dictature militaire des caporaux »…

suite.

50 Ce sont manifestement d’autres préoccupations que l’intérêt des soldats pour d’éventuels butins qui ont prévalu dans les pourparlers de Brest-Litowsk, conclus par la perte de régions riches ; et la réorganisation de l’armée par Trotski s’accompagna de mesures drastiques.

51 Il paraît donc équitable de conclure avec Stefan Breuer que Weber fait également preuve de « clairvoyance » et « d’aveuglement » [40] [40] Nous avons ainsi l’occasion de souligner l’importance…

suite. Plus fondamentalement encore, si l’on veut se garder de toute illusion rétrospective, il faut rappeler que la révolution russe a suivi un cours inédit, en rupture avec le schéma européen classique, et – il faut ajouter – largement improvisé, conformément au fameux principe : « on s’engage et puis on voit ». Il y a donc quelque facilité à reprocher à Weber de n’avoir envisagé qu’un seul type de révolution : la révolution libérale – bourgeoise. Elle constituait également pour l’orthodoxie dominante dans la social-démocratie allemande une étape indispensable sur la voie du socialisme.

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Je viens de repenser à un immense sociologue : Max Weber (économie et société)

Pour le coup, ton texte me semble un peu tardif vis-à-vis de ce que recherche PABerryer. Il a probablement davantage besoin de choses qui sont antérieures au mois d'un demi-siècle à l'oeuvre que tu cites (et dont je ne nie pas la valeur).

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Voici trois citations sur le socialisme de la part d'auteurs libéraux du 19ème siècle :

L’Ancien Régime professait cette opinion, que la sagesse seule est dans l’État, que les sujets sont des êtres infirmes et faibles qu’il faut toujours tenir par la main, de peur qu’ils ne tombent ou ne se blessent ; qu’il est bon de gêner, de contrarier, de comprimer sans cesse les libertés individuelles ; qu’il est nécessaire de réglementer l’industrie, d’assurer la bonté des produits, d’empêcher la libre concurrence. L’Ancien Régime pensait sur ce point, précisément comme les socialistes d’aujourd’hui.

Il faut examiner si la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas. Il faut examiner si la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime. Hâtez-vous d’abroger cette Loi ; elle n’est pas seulement une iniquité, elle est une source féconde d’iniquités ; car elle appelle les représailles, et si vous n’y prenez garde, le fait exceptionnel s’étendra, se multipliera et deviendra systématique. Sans doute, le bénéficiaire jettera les hauts cris ; il invoquera les droits acquis. Il dira que l’État doit Protection et Encouragement à son industrie ; il alléguera qu’il est bon que l’État l’enrichisse, parce qu’étant plus riche il dépense davantage, et répand ainsi une pluie de salaires sur les pauvres ouvriers. Gardez-vous d’écouter ce sophiste, car c’est justement par la systématisation de ces arguments que se systématisera la spoliation légale.

C’est ce qui est arrivé. La chimère du jour est d’enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres ; c’est de généraliser la Spoliation sous prétexte de l’organiser. Or, la spoliation légale peut s’exercer d’une multitude infinie de manières ; de là une multitude infinie de plans d’organisation : tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l’assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du crédit, etc. Et c’est l’ensemble de tous ces plans, en ce qu’ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme.

Le socialisme est beaucoup moins dangereux en réalité sous sa forme absolue que quand il prend l’aspect de simples projets d’amélioration par la réglementation du travail. Sous sa forme absolue et avec ses menaces de destruction on voit ses dangers et on peut le combattre. Sous sa forme altruiste on ne voit pas ses dangers et on l’accepte facilement. Il s’introduit alors dans tous les éléments de l’organisation sociale et les dissout lentement. La Révolution française commença elle aussi par des projets de réformes altruistes fort anodins qu’acceptèrent tous les partis, y compris ceux qui devaient en être les victimes. Elle se termina par de sanglants massacres et par la dictature.

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Il ne sert à rien de donner Weber et Le Bon comme références : ce qu'on appelle socialisme en 1850 n'est pas ce qu'on appelle socialisme 50 ans plus tard.

Il faut se reporter déjà à des manuels sur la période considérée (surtout sur la seconde république) mais aussi à des histoires des idées politiques (comme celle de Jean Touchard). Il y a des notices sur le wiki qui donne des éléments.

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Louis Blanc a joué un rôle non négligeable lors de la seconde république (son ouvrage principal : Organisation du travail, publié en 1939). Dans les socialistes dont l'influence s'est faite ressentir à cette époque-là on peut citer aussi : le fouriériste Victor Considerant, Pierre Leroux, Etienne Cabet ; et puis Proudhon mais son cas est atypique. Le grand débat à l'époque concernait le droit au travail et les ateliers nationaux : tu peux peut-être t'y intéresser.

Tu peux aussi lire les pamphlets de Bastiat qui s'opposent évidemment à ces idées socialistes.

  • Yea 1
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Louis Blanc a joué un rôle non négligeable lors de la seconde république (son ouvrage principal : Organisation du travail, publié en 1939).

Heu ? Tu es certain de la date de parution ? ;)

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Le Manifeste de Marx-Engels est publié en 1848. 1850 c'est un moment charnière de scission entre le socialisme autoritaire, révolutionnaire, matérialiste, et le mutualisme de Proudhon contre lequel Marx écrit le pamphlet Misère de la philosophie. C'est le moment où se développe le socialisme positiviste de Comte et Saint Simon. Le Saint-simonisme produit aussi un courant social-libéral, favorable au libre échange et à la redistribution selon un programme utilitariste systématisé par Bentham et John Stuart Mill, soutenu par la petite bourgeoisie radicale. D’après Schumpeter, Mill est à l’origine du socialisme démocratique européen. On peut aussi mentionner les avis des grands anti-socialistes après 1850 comme Flaubert et Nietzsche.

 

"Je suis un libéral enragé. C'est pourquoi le socialisme me semble une horreur pédantesque qui sera la mort de tout art et de toute moralité." Flaubert, 1857


"Le socialisme est le frère cadet et fantasque du despotisme agonisant dont il veut recueillir l’héritage; ses aspirations sont donc réactionnaires au sens le plus profond. Car il désire la puissance étatique à ce degré de plénitude que seul le despotisme a jamais possédé, il surenchérit même sur le passé en visant à l’anéantissement pur et simple de l’individu. Ce qu’il lui faut, c’est la soumission la plus servile de tous les citoyens à l’État absolu, à un degré dont il n’a jamais existé l’équivalent. A cause de cette affinité, il se montre toujours au voisinage de tous les déploiements excessifs de puissance, comme le vieux socialiste Platon, à la cour du tyran de Sicile […] Il ne peut nourrir l’espoir d’arriver ici ou là à l’existence que pour peu de temps, en recourant au terrorisme extrême. Aussi se prépare-t-il en secret à l’exercice souverain de la terreur, enfonce-t-il le mot de «justice» comme un clou dans la tête des masses semi-cultivées, pour les priver complètement de leur bon sens (ce bon sens ayant déjà beaucoup souffert de leur demi-culture). Le socialisme peut servir à enseigner de façon bien brutale et frappante le danger de toutes les accumulations de puissance étatique, et à inspirer une méfiance correspondante envers l’État lui-même."

Nietzsche, 1878

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Heu ? Tu es certain de la date de parution ? ;)

 

Non, je n'étais pas sûr mais après vérification, il me semble que c'est bien 1839 (pour la première publication en tout cas). C'est dans ces années-là (fin des années 30, début des années 40) que les nouveaux socialistes (qui succèdent à Saint-Simon et à Fourier) publient leurs premières théories, qui annonce la révolution de Février :

- Louis Blanc : Organisation du travail, 1839.

- Considerant : Théorie de la propriété, 1839.

                         Théorie générale de Fourier, 1841.

- Proudhon : Qu'est-ce que la propriété ?, 1840.

- Cabet : Voyage en Icarie, 1842.

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