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Vilfredo

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Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. Réac, se prétend rebelle et provocant, intello prétentieux, arrogant, insupportable. Pourquoi? Politiquement c'est entre Eléments et Causeur.
  2. Je pensais à Heidegger et pas à Adorno (que je connais presque pas). Il y a une conférence célèbre intitulée Das Gefahr ("Le Danger") citée par Agamben dans Auschwitz, l'archive, le témoin, où il explique que la différence entre l'extermination et tout ce qui a pu précéder est qu'on ne tue pas des hommes, on fabrique des cadavres. On pense qu'il avait vu, comme tout le monde quand les camps ont ouvert, les images des cadavres squelettiques soulevés par des monte-charges. De diverses façons (je renvoie à Agamben pour ceux que ça intéresse), l'homme est privé de sa mort propre, d'une expérience personnelle de la mort, par exemple parce qu'il vit dans l'odeur pestilentielle des corps brûlés. C'est ici qu'intervient la figure du "musulman", qui incarne à elle seule la nouveauté qu'Auschwitz a introduite dans l'histoire: ce que Heidegger appelle la mort non morte (ungestorbene Tod), ce qui prend aussi son sens pour qui revient à Être et Temps et à l'être pour la mort, càd la mort comme possibilité de l'impossibilité de toute existence, le vide intégral qui rend rétrospectivement possible mon existence factice dans le monde quotidien (le monde du "On"). Mais ce rapport n'est plus possible quand le monde du quotidien est la mort. Adorno lui-même (je m'appuie sur Agamben) ne partage pas cette analyse. Il se moque de l'idée de "mort propre" (qui remonte à Rilke). Auschwitz est à la fois le triomphe de la mort (la mort partout, tout le temps) et son avilissement suprême, de la besogne des Sonderkommando aux chambres à gaz et aux fours. J'ai lu le livre de Agamben ces derniers jours justement, c'est un livre formidable. C'est une perspective très intéressante, même si du coup la raison ressort renforcée de cette "humiliation". Ce n'est pas parce qu'on a un folklore à côté que ça "humilie" les progrès scientifiques sur lesquels les nazis comptaient pour remporter la guerre. Et il y a une dimension très "scientifique" aussi dans leurs mythes raciaux. Je ne vois pas bien comment on peut humilier la raison sans la faire triompher, à moins d'entrer en religion (le seul domaine dans lequel l'humiliation de la raison soit compréhensible pour moi). Ce qui, d'ailleurs, nous ramène au thème de la religion séculaire. J'ai une autre lecture, plus politique, du mythe: je le vois, avec Schmitt, comme le fondement alternatif au droit (naturel ou positif) de la légitimité politique. Dans le domaine politique, la raison ne peut servir de principe unificateur de la Volksgemeinschaft. Pour s'insurger, comme disait Sorel, l'homme a d'abord besoin d'un grand mythe. Ici, on a effectivement quelque chose d'assez anti-Lumières (la pensée des droits en dérivant pour beaucoup); par contre, sa mise en place pratique, avec d'une part le regain du nationalisme allemand et d'autre part, la place de l'Etat, qui n'est pas énorme et centralisé comme dans le socialisme, mais fractionné en corporations toutes unifiées dans la seule autorité du Führer, seul principe de légitimité, ça c'est résolument moderne. Même les mythes ancestraux sur les juifs sont corrigés pour intégrer le vocabulaire et les motivations scientifiques (les images modernes d'infection, de parasites). La personnalisation du pouvoir, qui est un corrélaire de ce mythe, est résolument moderne (parce que ce n'est plus une personnalisation légitimée par la transcendance, mon fil rouge). C'est l'hybris, l'homme sans Dieu etc. Oui là je suis d'accord. Carl Gustav? Le psychanalyste suisse qui travaillait pour les espions américains? Je ne connais pas bien ses livres (j'ai lu Introduction à la psychologie de l'inconscient et Analytical Psychology sans enthousiasme; ses contributions à la psychanalyse avant sa rupture avec Freud sont souvent louées mais à part le complexe d'Electre je ne vois pas trop de quoi on parle; j'ai eu parfois entre les mains ses livres plus politiques comme L'Homme à la découverte de son âme ou Présent et avenir et ça ressemblait plus à du Jordan Morgan Peterson Freeman qu'à du nazisme-ish). J'en parlais à propos de la swastika, je ne vois pas bien ce qu'ils ont de romantiques. Je pense là au livre de MH Abrams sur le romantisme, The Mirror and the Lamp, qui explique que l'art, pour les romantiques, est une lumière qui vient de la subjectivité et illumine le monde ('Poetry is the spontaneous overflow of powerful feelings'), et si nous ne pouvons pas changer le monde, nous pouvons au moins nous changer nous-mêmes ("Poets are the unacknowledged legislators of the world.") Selon Abrams, ce renversement résulte de l'internalisation de la désillusion ressentie (par exemple par Kant ou Fichte, et en Angleterre par Coleridge) à la suite de la Révolution. Donc j'ai du mal à voir dans le nazisme du romantisme politique, surtout quand on connaît l'analyse qu'en donne Schmitt dans ce qui doit être son premier livre, justement nommé Romantisme politique (1919). Pour lui, l'esthétique du spectateur passif élaborée par le romantisme aboutit à une forme d'apolitisme. Le mythe, dont il commence à parler dans son grand article de 1923 (La Théorie politique du mythe), est justement censé aller contre cette tendance en fait 'bourgeoise'. Je veux bien que tu en dises plus parce que je pense plutôt le contraire: Nietzsche a été très clair dans ses livres publiés (ne me sortez pas une lettre de quand il avait 25 ans) sur sa condamnation radicale de toute forme d'antisémitisme, haïssait toutes les manifestations du nationalisme allemand et craignait comme la peste les conséquences politiques du nihilisme. Si ça en fait un penseur douteux ou compromettant ou pas assez clair, je ne sais pas qui trouvera grâce à tes yeux.
  3. Vilfredo

    Vidéos comiques

    Je sors d'un cours sur zoom donc je ne sais pas si c'est objectivement drôle ou si ça reflète juste mon stream of consciousness ces deux dernières heures.
  4. C'est très gentil de ta part, merci, mais j'ai accès par la Sorbonne
  5. Vilfredo

    Supa Playlist!

    When she goes to the dance club She seems so shy and alone Until the music she wants comes on And, boy, then she's out on her own ❤️ ❤️ ❤️
  6. Certes mais pour les standards d’un pays occupé, tout ce “zèle” doit être relativisé. Mais je ne savais pas que Hilberg était aussi dépassé dans l’historiographie. Les historiens qui valident pourtant l’intention de Petain sont nombreux donc il faudra lire Friedlander pour voir
  7. My point c'est juste que Vichy a déporté prioritairement les juifs étrangers et que c'est pas un artefact statistique mais la volonté de Pétain. Rien de ce que dit Poliakov n'infirme ça. Pour la généalogie de l'argument, je ne peux que t'inviter à lire Hilberg et Poliakov qui écrivent littéralement que Vichy a "sauvé" des juifs (ce sont leurs mots). Mais j'écouterai le podcast de Laurent Joly, sans doute mieux que le résumé qui en est fait dans la vidéo, et je prends note du point sur le rôle sélectif de la population. Bah non c'est pas vraiment maigre, c'est ce qui distingue l'extermination des autres génocides qui l'ont précédée. Ça ressort bien à la fois des récits de déportés et de certaines analyses philosophiques. C'est la vérité instrumentale qui s'oppose à la vérité révélée. C’est sur la base de cette nouvelle conception de la raison (dans la mesure où elle est l'outil d'accès à la vérité) qu’est défendue la nécessité de sa publicité, par exemple par Kant (l’intersubjectivité devient une condition d’accès à la vérité). Oui mais il n'y a pas vraiment de corrélation, ou du moins c'est discutable (je disais que les deux hypothèses étaient intéressantes, mais clairement je préfère celle que je défends ici). Le romantisme allemand ça va de la défense exaltée de la religion chrétienne de Fichte (on sait ce que vaut le christianisme des nazis), c'est Stefan George, qui était opposé au nazisme (quoique de droite), c'est éventuellement vaguement Nietzsche, tout sauf un nazi... Et puis il y a des romantiques allemands très pro-Lumières, et pas vraiment mineurs (Heine, Goethe qui adore Napoléon, pourquoi pas Hegel, surtout si on ne le lit pas comme Popper). Et les romantiques anglais sont tout aussi vindicatifs contre les Lumières. On reconstruit une généalogie du nazisme complètement a posteriori. Je faisais référence à la thèse plus précise qui voit dans le totalitarisme une religion séculaire. On en trouve des échos un peu partout: dans Voegelin, Monnerot, Gauchet et dans n'importe quelle bonne histoire de l'URSS (le mausolée de Lénine et ce genre de folklore). Les Lumières ne sont pas un courant anti-religieux. C'est plutôt un courant contre l'Eglise catholique romaine à l'époque. Tous les grands arguments finalistes sur la nature viennent d'hommes des Lumières par exemple (à commencer par Newton). Mais il y a une perversion de la religion (le "dieu des philosophes"), un éloignement incontestable du dogme, même si on en est pas encore à Darwin. Si on entre dans cette lecture de religion séculaire, alors force est de constater que Hitler est assez loin du pape. Après je suis pas fou au point de dire que Voltaire et Kant étaient proto-nazis. Mais c'est très intéressant de voir que quand Eichmann justifie ses actions à Jérusalem, il ne va pas te citer Nietzsche ou les romantiques allemands et partir dans une diatribe heideggérienne contre le Gestell et la raison. Il cite Kant. Il raconte absolument n'importe quoi sur Kant, mais ça fait pour lui figure d'autorité. Je crois que ça ressort d'une forme d'invention de la tradition. Je dirais donc avant tout que ces constructions rétrospectives sont douteuses et ensuite que je trouve un grand mérite à la lecture "théologie politique", qui voit effectivement de très haut l'histoire précise des idées, pour s'intéresser à la modification de la conception de l'homme. Là-dessus Lubac est magnifique mais je n'ai pas le bouquin sous la main malheureusement (dans Le Drame de l'humanisme athée). On pourrait dire que sa thèse est que les Lumières ont rendu possible leur propre perversion en ne fixant pas d'idée au-dessus de l'homme, rendant in fine impossible une idée claire de l'homme, digne de respect, ce qui le laisse "up for grabs". J'aime énormément Lubac. Il écrit très bien. Je ne trouve pas mais on peut détailler. Pour commencer, Chapoutot distingue dans son dernier livre la conception de l'histoire nazie, qui se caractérise en fait par une paradoxale peur du temps (haine de la vieillesse, mise en avant des jeunes, ce genre de choses) qui motive une vénération du progrès (le passé terrible de l'humiliation, le futur radieux du Reich: l'humiliation est un fort stimulant du totalitarisme, cf Mao) et de fabrication du passé (les "fausses ruines" de Speer) parce qu'on se projette dans une sorte de "futur passé" (les ruines du Reich de 1000 ans à venir sont déjà là). Ça rejoint un autre livre dont j'ai déjà parlé je crois, L'Invention de la tradition de Hobsbawm et Ranger, qui voit dans ce phénomène (tout est dans le titre) une reprise des politiques coloniales (de l'Allemagne, de l'Italie et de la France) qui recréent un faux passé, une fausse tradition, dans les territoires colonisés. Et la colonisation, c'est très clairement un héritage des Lumières aussi. Comme vous savez, la gauche républicaine était colonisatrice et la droite anti-révolutionnaire non (en gros, pour la France, et jusqu'à 1914). Donc ce terme d'"invention de la tradition" me paraît bien capturer ce rapport étrange et nouveau au temps qui va de la Révolution (nouveau calendrier, nouvelle religion) au totalitarisme. Là je ne suis pas d'accord avec quelqu'un que j'aime bien défendre d'habitude pour amuser la galerie, à savoir Nolte, qui a cette lecture vaguement poppérienne qui consiste à dire que le nazisme et le fascisme sont contre les Lumières parce que les Lumières veulent créer un homme nouveau détaché des traditions. Sauf que le nazisme veut aussi créer un homme nouveau, pas détaché de toute tradition, mais rattaché à des traditions inventées qui constituent un patchwork bordélique de références hindoues (la swastika, c'est pas vraiment une vieille tradition allemande, ça remonte aux cercles Völkisch des années 20 si je ne m'abuse, et puis le soleil noir des SS), astrologiques, médiévales (Henri le Lion), chrétiennes, grecques... C'est pas étonnant que pas mal de "vrais" conservateurs style Van den Bruck et Spengler trouvent ça grotesque. Et ça tombe bien parce que les Lumières n'ont jamais voulu séparer l'homme de toute tradition civile ou religieuse (on ne lit pas ça dans Rousseau par exemple, dont Constant se moque en disant qu'il veut nous ramener aux Grecs). Ça, c'est la caricature qu'en donnent les penseurs contre-révolutionnaires comme Burke quand il bitche sur les "philosophes parisiens". Mais en un sens, Burke c'est un peu les Lumières aussi. Il est plus proche des Lumières écossaises que de William Blake. Donc c'est pas vraiment les Lumières qui sont mal définies, c'est plutôt cette catégorie d'anti-Lumières (où Sternhell, par exemple, range Burke), qui, à la différence des Lumières, n'a aucune consistance. C'est "tout ce qui n'est pas X". On n'a jamais constitué des courants d'idées comme ça. Vous savez aussi à quel point les nazis vénéraient Kant et Goethe (le chêne de Goethe au milieu de Buchenwald), la quintessence des Lumières allemandes, de la haute culture allemande tout court en fait. Il y a un côté révolutionnaire dans le nazisme (qu'il n'y a pas du tout chez les anti-Lumières comme Maistre, précisément parce qu'ils sont religieux au sens propre, contrairement aux nazis) qui est qu'on va brûler le monde, détruire la culture, mais il y a aussi un intérêt aigu des nazis pour l'art, pour le progrès scientifique, et la recherche scientifique jusque dans les opérations les plus morbides pour améliorer l'homme. Je sais qu'on peut dire que c'est facile de ramener tout ça à un divorce d'avec la religion mais c'est difficile de ne pas avoir envie. On trouve aussi ce contraste dans le fait que de très nombreux artistes non pas vieillots réacs et peintres de croûtes mais au top du top de la modernité et de l'avant-garde rallient le nazisme ou le fascisme: c'est Pound, Benn, Marinetti, De Chirico, Blanchot, Riefenstahl, Morand, Wyndham Lewis et j'en passe. C'est bien résumé dans le futurisme, qui ne se caractérise pas vraiment par son adoration de la ruralité profonde contre la rationalité de la ville. Cette discussion nous emmènerait sur le rapport des nazis à l'art, et à cet étonnement éternel de: comment des gens cultivés peuvent-ils commettre de telles atrocités? Je trouve ça parfaitement cohérent. A la limite, comme Max Von Sydow dans Woody Allen, je me demande plutôt pourquoi ça n'arrive pas plus souvent. Merci beaucoup. Le point qu'il souligne, outre ce que corrigeait déjà @Rincevent, c'est que Vichy le faisait pour des raisons d'opinion. J'ai jamais pensé que Pétain était philosémite donc ça ne me surprend pas beaucoup. C'est important de préciser les motivations de cette déportation sélective, mais elle n'en est pas moins sélective.
  8. Ah d'accord, merci. Enfin c'était aussi facilité, j'imagine, par l'existence de la zone libre, qui a été obtenue à l'armistice. Donc en conformité avec l'intention de Pétain, sinon de Vichy.
  9. Oui, sans rire, vraiment beaucoup. Avant j'avais l'attitude zen/Bret Easton Ellis-inspired de laisser filer. Depuis deux trois trucs où on a commencé à me faire chier pour ce que je pensais, je suis beaucoup plus dans une "toi je vais pas te rater" attitude. C'est assez général. J'imagine que ça s'appelle "libérer l'INTJ qui est en moi". Premièrement je ne parle pas du fait que 75% des juifs ont échappé à la déportation, je parle de la différence entre juifs français et étrangers (selon les lois de Vichy). Ensuite, on serait bien en peine de dire ce qui change par rapport à ça dans les "positions ultérieures" de Poliakov: not my point ah tiens: my point again, my point i guess that's my point exactly doesn't it look like my point? Oui bien sûr tout le monde croyait que Vichy faisait ça pour être gentil. Il nous prend pour des cons en plus. Je prends ça pour une nouvelle confirmation de my point Après il ajoute que la population a aidé. Evidemment. Peut-être même que son rôle a été décisif. Il n'en est pas moins vrai que les juifs étrangers (selon les lois de Vichy) étaient déportés en priorité dans la plupart des cas. Par ailleurs, cet argument de la population n'explique pas pourquoi ce sont les juifs français qui ont davantage survécu que les juifs étrangers. La population sauvait prioritairement les juifs français? Wtf? Il faut il est vrai distinguer aussi au sein de l'Etat, entre Laval/Pétain et la police de Bousquet, beaucoup plus radicale: https://fr.wikipedia.org/wiki/Collaboration_policière_sous_le_régime_de_Vichy Donc il me semble qu'on voit un peu un pattern se dessiner, assez éloigné de l'idée que ce serait une thèse pro-pétainiste ressortie par le cerveau malade d'un journaliste juif berbère qui souffre de self-hate. Je parlais plutôt de sa conception de ce qui fait un Français.
  10. Et dernière chose mais on a un exemple tellement typique de so you're saying dans la vidéo de NB: le mec qui parle dit: non, la France n'a pas protégé les juifs français, la preuve, il y a eu plus de juifs déportés tout court par Vichy que l'Allemagne en demandait. Mais, mec, ça te provoquerait vraiment une crise cardiaque de rester sur le sujet? Qu'est-ce que tu comprends pas dans: "Juifs étrangers"? Et il conclut: donc non, la France n'a pas protégé les juifs. Mais: Personne. Dit. Ça. Désolé mais j'ai déjà eu cette conversation irl et les gens à qui je parlais m'ont ressorti ce raisonnement absolument lunaire qui consiste à dire: il est faux que Vichy a protégé les juifs français: la preuve, quand on regarde les chiffres, il y a une minorité de juifs français déportés. Et l'étape suivante c'est de me dire que je suis pas objectif sur le sujet ou de m'attribuer je ne sais quelle motivation psychologique inconsciente de self-hating Jew à défendre le nazisme. Je me demande vraiment si ces gens sont complètement cyniques au point de dire une chose et son contraire, ou juste débiles. Pour les historiens ils sont clairement cyniques (ils veulent attaquer Zemmour, Zemmour l'a bien cherché, c'est de bonne guerre). Pour les gens irl ils sont clairement demeurés.
  11. Sur Voltaire, ce que dit Zemmour n'est pas une idée nouvelle, et ce n'est pas une question pour un historien, encore moins des sciences et des techniques, mais pour un historien des idées. Que Voltaire soit panthéonisé à la Révolution n'en fait pas un penseur révolutionnaire (pas plus que Rousseau). La pensée de Voltaire est beaucoup plus conservatrice que celle de Saint-Just; c'est un admirateur de Colbert et de la puissance de Louis XIV ou de Pierre le Grand. On peut tout à fait argumenter qu'il y a une forme de continuité entre la vision rationalisée du monde prônée par les Lumières et la rationalisation de la mort pour les nazis. On peut aussi voir un rapport si on regarde les deux phénomènes comme des conséquences de la sécularisation. On peut enfin les voir comme des témoignages d'une croyance dans le progrès de l'espèce humaine, en rupture avec les conceptions cycliques du temps et de l'histoire pré-modernes. Bien sûr, ce dernier point est en connexion avec le deuxième, l'idée de progès étant un exemple paradigmatique de pensée sécularisée de la politique (relisez John Gray). Je n'exclus pas que dans le passage cité, Z dise des âneries. Mais on peut faire un lien entre anti-Lumières et nazisme (Sternhell) ou l'inverse. Les deux sont intéressants. Sur les juifs français: non, ce n'est pas un argument classique des pétainistes. C'est écrit noir sur blanc dans La Destruction des juifs d'Europe de Raul Hilberg, le livre de référence dans l'historiographie sur la Shoah (edit et qui date de 1961), et aussi dans Le Bréviaire de la haine d'un autre historien de renom mondial, Léon Poliakov. Ce n'est d'ailleurs un mystère pour personne. Il l'a réitéré ensuite. (Tout en disant, comme le précise l'auteur du post, que ce n'était pas par humanité, no shit.) Plutôt que de nier ce fait, ou de se lancer des procès d'intention (-- Vichy a déporté les juifs étrangers en priorité par rapport aux juifs français -- So you're saying qu'on devrait déporter les étrangers?), il faut le comprendre: Vichy dénaturalise, on le sait, beaucoup de juifs auparavant français et qui ne le sont plus (abrogation du décret Crémieux etc). Ça ne sert à rien de changer de sujet en disant, comme elle le fait: mais Vichy a aussi persécuté les juifs français (spoliation etc). Là encore, c'est du pur so you're saying que les juifs français s'amusaient comme des fous sous Vichy? Non bordel je dis juste qu'ils ne sont pas morts. Et le comble de ce truc c'est qu'elle donne raison à Zemmour avec les chiffres de la fin: sur 74k juifs déportés seulement 24k sont français. Ça fait un tiers. Donc c'est bien une majorité de juifs étrangers et une minorité de juifs français. My. Fucking. Point. A cela, deux réponses possibles: cette abrogation est illégitime, et c'est certain, mais de ça on ne peut pas déduire qu'ils sont toujours français (ils ne sont pas français s'ils sont considérés comme étrangers par l'Etat). On peut dire: c'est illégitime qu'ils ne soient plus français, mais ça confirme bien qu'ils ne le sont plus. Ou alors on considère qu'être français n'est pas seulement un statut légal, que c'est quelque chose de culturel, ce qui est bien la position de Zemmour. Et justement, ces juifs fraîchement francisés, Zemmour ne les considèrent peut-être pas comme vraiment français (pas assez assimilés peut-être). Cette controverse ne fait qu'interroger le rapport des Français à la loi, leur respect pour le positivisme juridique d'un côté, et l'inspiration maurrassienne de Zemmour de l'autre. Bon sur le reste j'y connais rien et Zemmour est jeté donc c'est très probablement vrai. Mais parfois, surtout sur le truc des Lumières, je me dis que les historiens répondent mesquinement sur des sujets qui demandent un traitement conceptuel et pas seulement factuel. Et puis je me dis aussi qu'il est fort possible que la nouille qui fait la présentation donne une assez mauvaise idée de ce qu'ont effectivement écrit les historiens (notamment Laurent Joly). Elle a l'air d'avoir découvert la veille l'existence du "plan Constantine" et elle confond 1949 et 1939 donc j'ai mes doutes sur son QI.
  12. = n'importe quelle dictature Le reste répète ça avec les termes connotés seconde guerre donc l'argument est circulaire.
  13. J'ai plutôt l'impression que c'est toi qui as besoin que ça soit le nazisme (et tant pis si ça n'a rien à voir) pour te réveiller puisque tu nous bassines avec le petit moustachu régulièrement. Contrairement à toi, beaucoup ici n'ont pas besoin de convoquer la Shoah ou de se donner des grands airs pour réagir, écrire, manifester etc.
  14. +1 Et honnêtement vu la phrase qu’il emploie je soupçonne fort le trolling ou la parade virile pour s’échapper d’une situation embarrassante. C’est aussi une réaction typique d’homme de pouvoir: c’est moi qui te protège, je suis le chef de la police, je suis surpuissant, ça va bien se passer (comprendre: me casse pas les couilles)
  15. Non mais on peut discuter des dérives politiques du covid (ça se saurait si on pouvait pas parce que depuis deux ans on ne fait à peu près que ça) mais en l’occurrence il s’agit soit de s’incliner devant la prescience de @Airgead soit reconnaître qu’on est aveugles, abrutis par les médias et naïf. Ergo trolling.
  16. (Désolé pour le temps de réponse) Alors autant pour moi, mais dans ce cas la psychanalyse apprend plutôt à réserver l'épanchement au cabinet et à lui donner une certaine forme qu'on pourrait qualifier, dans une vocabulaire commun, de "constructive". Pratiquement, tu ne racontes pas ta vie à un psy. Exemple: Eric Laurent raconte à Lacan qu'en venant chez lui il a ouvert sa portière côté circulation. Une voiture passe, emporte la portière. Il raconte tout ça à Lacan avec force détails. Lacan (après une pause): Donc en fait, ça n'a aucune importance. Pratiquement, cette circonscription rend dans un premier temps la personne plus supportable pour son entourage, et dans un deuxième temps elle se défait des objets imaginaires auxquels elle avait identifié son moi (la "traversée du désert" comme dit Eric Laurent). (J'évite les book pics pour l'instant, je voudrais en mettre après. Vers 8e minute) Oui, disons que mon programme est d'abord de maîtriser Freud au max pour ensuite lire Lacan plus en profondeur (pour l'instant je me repose sur la littérature secondaire et les séminaires II, VII, VIII et XI, ce qui n'est déjà pas mal; je n'accède pas encore aux Ecrits). Je crois que Lacan lisait Klein. Je suis intrigué par la Daseinanalyse (Binswanger). Donc il y a en effet du boulot. (La vidéo est terrifiante.) Dans le cas où je pense à une chanson en permanence, je crois qu'on a là un bel exemple de l'"absence de négation" dans l'inconscient: si j'essaie de ne plus penser à la chanson, ça demande que j'y pense (à cette chanson), et donc bien sûr je n'arrive pas à ne plus y penser (la double négation ne nous ramène pas non plus à la chose même). C'est le célèbre exemple d'un homme qui dit à Freud: "je ne sais pas qui est cette femme dans mon rêve mais s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que ce n'est pas ma mère!" (Bien sûr, il ne s'agit pas de faire l'andouille et de dire que le patient affirme toujours le contenu de ce qui est après l'opérateur de négation! Par exemple, sous l'influence de la culture pop psychanalyse aujourd'hui, on a souvent des gens qui vont voir un psy et qui vont tout de suite voir leur mère et du sexe dans tous leurs rêves, ça ne rend pas l'analyse plus facile (ni plus difficile, ça ne change rien).) Ensuite, pour le lien corps-esprit, Freud a cette idée des "intentionnalités affectives": il suffit que je pense à quelque chose qui m'excite sexuellement pour être sexuellement excité, il suffit que je pense à quelque chose qui m'angoisse pour être angoissé. Tu noteras que c'est une expansion du principe de: "l'inconscient ne connaît pas la négation." Tu ne peux pas rêver (à part peut-être les rêves lucides, je ne sais pas) et te dire: oh il faut absolument que je me souvienne de ne pas penser à ça! Aussitôt que la chose est convoquée, on y est comme "engagés" (un peu aussi fatalement qu'on est engagés ontologiquement à ce à quoi notre théorie fait référence; Zizek illustre la psychanalyse avec de la philo allemande, moi avec de la philo analytique). Pour en revenir à la question de l'intentionnalité affective, cela va un peu dans le sens de: si ça peut arriver à l'esprit, pourquoi pas au corps, et non dans celui (inverse) de: si ça peut arriver au corps (la main), pourquoi pas à l'esprit (ruminations intrusives), mais peut-être parce que, dans le cas de ces phénomènes (désir, angoisse), la séparation n'est pas pertinente: on pourrait très bien dire qu'être excité et penser à qqch d'excitant, c'est pareil (i.e. ce n'est pas un lien causal, par exemple). C'est à partir du moment où on suspend le lien causal entre la pensée et l'action qu'on rend possible des phénomènes d'auto-aliénation on dirait. C'est marrant que tu aies fait le lien inverse de moi (corps --> esprit), mais je pense que c'est pas étonnant que moi je fasse le lien esprit --> corps, parce que c'est bien le point de départ de Freud que le moi n'est pas le maître dans sa maison (et je pense que ce n'est pas un hasard s'il fait ici une analogie avec une entité physique). Je dis ça parce que l'approche causale institue une distance entre la pensée et ce à quoi la pensée "fait référence" (de même que l'idée que la pensée "fait référence à" institue la distance entre le mot et la chose; c'est pourquoi Lacan a plutôt recours à la distinction signifiant/signifié dans Saussure), mais on peut très bien considérer que ce n'est pas comme ça que fonctionne la pensée. Et ici, c'est un point de vue qui dépasse largement Freud. Il y a un exemple de Anscombe dans son article Events in the Mind: "Alors que je me levais de ma chaise pour aller chercher le dictionnaire, l'horloge a sonné 8h et je me suis souvenu que je n'avais pas encore souhaité Joyeux Noël à John." Est-ce que cette phrase est au discours indirect (auquel cas il faudrait dire: "ce corps s'est levé pendant que j'ai eu l'intention de etc")? Que se passe-t-il pour le sujet dans cette situation (on a ici l'exemple type de la question qui m'intéresse)? Est-ce qu'il a deux pensées ("allons chercher le dictionnaire *ding dong* oh, j'ai oublié d'écrire à John!"), auquel cas les mots "allons chercher le dictionnaire" et "oh, j'ai oublié..." donnent la signification des pensées, ou bien (autre façon de voir les choses), ce qui se passe pour le sujet est qu'il a présente à l'esprit la signification de ces mots à ce moment. On pourrait dire que les mots qu'il est susceptible d'avoir prononcés ne font que signaler l'occurrence de la pensée (il pourrait dire autre chose de plus concis que les phrases que j'ai imaginées, ce sont différents "sens" de la même "signification"). Ce qui se passe pour le sujet est quelque chose (un cri étouffé, un sursaut, une pensée) qui signifie la même chose que: "j'ai oublié d'écrire...". On peut faire le chemin de la chose à la signification, mais pas le chemin de la signification à la chose (comme Frege dit que le sens détermine la référence, mais no way back from reference to sense), et de même (c'est une triple analogie!) entre le comportement du corps (le sursaut e.g.) et la pensée. La manière dont la pensée fait référence montre cependant (Anscombe argues) que la pensée a elle-même une signification plutôt qu'elle n'est la signification des mots: par exemple quand je pense à "John", je ne pense pas à la référence de John, càd l'homme John avec tous ses traits distinctifs. Imaginons que John a un grain de beauté entre les omoplates: je ne pense pas à ça quand je pense: "j'ai oublié John etc." Si la pensée était la signification des mots, je devrais y penser (parce que c'est la signification du mot: "John", et que ma pensée était: penser à John. Il importe toutefois, pour le lien avec ce que je disais plus haut, de bien voir que, tout en pensant à John sans penser à la forme de ses omoplates, je n'ai pas pensé: "ne pense pas à la forme de ses omoplates!") Dès lors, le comportement a une signification au même sens que la pensée a une signification, plutôt qu'elle n'est la signification, ou même n'exprime la signification d'autre chose. On peut en dire autant de tous les processus intentionnels, qui ont une signification au sens où ils ne sont, justement, intentionnels, que sous une certaine description (donc linguistique) qui en est donnée, et qui institue une forme de sémantique différente. Par exemple, je peux voir de la "neige" dans mon rêve et ne pas savoir (et ne pas pouvoir savoir), par exemple, quelle est l'épaisseur de la couche de neige. Je peux même voir des flocons de neige sur la vitre; il y en a un certain nombre. En fait, il y en a 79 au moment t, et je regarde la vitre enneigée au moment t. Est-ce que ça veut dire que je vois 79 flocons de neige? Pas dans le même sens de "voir" (i.e. dans le premier cas, c'est un sens intentionnel et dans l'autre, non-intentionnel; évidemment il n'y a pas de sens non-intentionnel dans des expériences "subjectives" (douleur, rêve etc.)) Ça peut avoir l'air bizarre mais il y a une vraie connexion entre (cette approche de) la philosophie de l'esprit (Wittgenstein, Anscombe, mes chouchous) et la psychanalyse. ("Vraie connexion" := je ne suis pas le seul dans ce délire)
  17. La tête “mais quel baratineur” de Pujadas est collector
  18. Je suis le seul à trouver ça un peu ridicule de tweeter “find this man now”? Genre la police va lui répondre yes Pr Peterson we’re on it. — Good. I want him alive.
  19. Oui je n’en ai pas gardé un très bon souvenir (au sens aussi où je ne m’en souviens pas très bien) à part de quelques détails assez ridicules comme une scène de surf…? Mais la fin est très bien. J’ai aussi pas mis Vampires alors que j’ai le souvenir d’une sorte de western horrifique super cool avec James Woods qui repousse les limites de la badassitude. Vivement la prochaine rétrospective Carpenter au Champo
  20. Vilfredo

    Le Covid autour de moi

    Vous voyez trop de gens
  21. Y aurait que Melenchon et Zemmour, on les voit assez comme ça. Non en fait on parle de rhétorique la et le seul débat que je voudrais vraiment mater c’est Macron vs Zemmour. Parce qu’à mon avis, Zemmour ressortirait en pièces détachées. Et pourtant Dieu sait si les discours de Macron sont nuls. C’est intéressant parce que c’est le talent rhétorique inverse du tribun: Macron est bon dans le small talk, dans le face a face, et (/Rincevent) il a sans doute un écart type de QI de plus que Zemmour (/Rincevent). Tout ça pour dire qu’être bon en débat et être bon en discours c’est différent. Melenchon est parfois ok en débat (C’est pas le pire, mais il peut être nul) mais il est surtout bon en meeting
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