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Vilfredo

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Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. La misanthropie est une forme de haine. Haïr un objet et vouloir laisser cet objet tranquille, good luck with that. D’ailleurs dans Molière il dit qu’il veut laisser les gens tranquilles m’enfin en fait il fait chier tout le monde. C’est très facile de renverser la charge de qui embête qui. Le misanthrope maintient pour les hommes des standards inhumains, et comme les hommes ne satisfont pas sa très haute idée de l’humanité, son altesse nous fait tout un discours sur se retirer dans sa tour d’ivoire. Mais c’est le pire intrus qui dit “oh moi je ne veux pas qu’on prête attention à moi je vais me mettre dans un coin c’est pas grave si je crève”. Quand on est indifférent aux hommes, détaché, on leur fout la paix. Quand on les hait, on poursuit leurs défauts, leurs failles et leurs travers de sa hargne déguisée en vertu (Je hais tous les hommes… les uns pour être méchants et malfaisants / et les autres pour être aux méchants complaisants/ et n’avoir pas pour eux la haine vigoureuse/ que doit donner le vice aux âmes vertueuses”). On hait les hommes mais on s’aime bien soi quand même. Ça pour s’aimer très fort les misanthropes savent faire. Alceste, Céline, Luchini: tous des énormes Narcisse.
  2. Bah non justement ils fuient toute communauté ils vont s’enfermer chez eux. Une communauté c’est pas juste l’avis des gens abstraitement ce sont des gens concrets
  3. J’ai vraiment un rapport ambivalent à la misanthropie. Ça peut me prendre dans un emportement comme la colère et parfois j’ai ce délire Fight Club/Glamorama dans un bus ou un avion d’imaginer ou de souhaiter un accident mais je me méprise d’être comme ça. Le vrai misanthrope dans cette crise c’est surtout celui qui peste quand il voit des (jeunes) gens s’amuser dans les bars, peste contre le plaisir et rappelle qu’on va tous mourir, et qu’il faut s’y préparer chaque jour en ne touchant plus personne (ça me rappelle la réplique de la mauvaise reine dans Le Roi se meurt; quand l’autre reine dit du roi mourant: “c’est terrible, il n’est pas préparé!” Elle répond: “il aurait du s’y préparer depuis le début. Cinq minutes chaque jour. Ce n’est pas grand chose cinq minutes. Puis dix minutes un quart d’heure etc. C’est ainsi que l’on s’entraîne.” Je cite de mémoire.) Je méprise la misanthropie chez moi et je déteste la voir chez les autres parce que j’ai l’impression qu’elle dérive de cette réponse primaire, une sorte de cheap nihilisme face aux problèmes dans la vie. Qui empêche le contact entre les êtres travaille à l’apocalypse.
  4. S’il est mignon et qu’il descend les poubelles
  5. Oui je ne tenais pas à contredire quelqu'un en particulier sur le forum, mais écrire me permet de mettre les choses au clair dans mes idées, et ensuite le forum se charge de les processer et de me renvoyer ce qu'elles ont de vrai et de faux, et chacun fait un peu ça. J'aime bien cette dynamique. Bon mes dix derniers posts étaient sur Zemmour je vais arrêter de m'y intéresser maintenant.
  6. Les dix premières minutes suffisent. Tous les dégâts de l'humanisme et du socialisme concentrés en un discours. Et puis il n'y a pas que lui qui parle, on est à l'Assemblée, la ministre répond après. Evidemment elle lui parle du Venezuela, c'était facile, mais globalement sa réponse est assez nulle (très macronienne: réglementer les prix empêche l'activité économique, mais on peut quand même les réguler parfois).
  7. Grand délire. C'est marrant que comme précédent illustre de blocage des prix, il se réfère au blocage des prix des masques et gel de Macron en 2020. C'est vrai que ça avait très bien marché. Et ensuite il dit : "évidemment on bloquerait les prix jusqu'à ce qu'on pense que c'est plus nécessaire" Tous ceux qui avaient l'intention même fugace de voter Mélenchon doivent regarder ce truc. C'est hallucinant.
  8. Aucun. Mais Zemmour encore moins que tout le monde. Même Mélenchon ne ramène pas tout à sa marotte (les inégalités sociales). Il peut faire un discours pour le blocage des prix, aussi lunaire que ça puisse paraître, mais il ne va pas aller t'expliquer que les agressions d'élus, c'est la faute à <son facteur omni-explicatif>. Zemmour, il a ça: l'explication one size fits all. Hier soir, il a réussi à faire un lien pour le moins acrobatique entre les agressions d'élus et l'ensauvagement de la société par l'immigration. Les bras t'en tombent. Et quand on lui dit écoutez c'est quand même pas pareil, il répond que c'est évident, et sans doute qu'il cite Péguy ("vous ne voyez pas ce que vous voyez"). Au bout d'un moment si tes seuls arguments c'est "c'est évident, je le vois", je ne peux pas ne pas prendre un air "un peu dédaigneux qu’on a devant un malade — eût-il été jusque là un homme remarquable et votre ami — mais qui n’est plus rien de tout cela car, frappé de folie furieuse, il vous parle d’un être céleste qui lui est apparu et continue à le voir à l’endroit où vous, homme sain, vous n’apercevez qu’un édredon."
  9. D'ailleurs vous dites vous-mêmes qu'il a l'air sincère parce qu'il change jamais d'avis. Donc pick one. Soit il est sincère et il change jamais d'avis, mais alors ne dites pas qu'il est ouvert au débat. Soit il est ouvert au débat, et il faut revoir vos critères de sincérité. Je l'ai déjà écrit mais cette fascination pour les Nostradamus qui ont tout prévu depuis 50 ans ne me touche absolument pas, mais je vois bien à quel point ça impressionne les Français. Ce n'est même plus l'homme providentiel qu'on attend, c'est le prophète.
  10. Ce ne sont pas des débats pour moi. On envoie des boulets sur Zemmour (j'ai encore en tête l'échange avec Caron chez Hanouna), Zemmour renvoie les boulets, personne n'échange d'idées avec personne. Il ne peut pas y avoir de débat. Qu'est-ce que tu veux répondre à quelqu'un qui te parle de psychologie des peuples? Et quand tu lui donnes des statistiques (des "chiffres" comme il dit) il te dit: allez dans la rue. A cette étape généralement les journalistes se disent bon on va lui demander comment il va mettre en place son programme en pratique, et quand on émet des doutes sur l'application, il dit: avec moi, ça marchera. Quand on lui demande si c'est légitime, il dit: on fait ça depuis 1000 ans. Le débat suppose un objet constitué, une intersubjectivité comme qui dirait. Avec Zemmour non, il n'y a rien de tel. C'est un mélange de sentiments (cette histoire romancée de la France), d'arguments d'autorité ("comme le disaient Aron, Talleyrand, De Gaulle, Constant, Rousseau, Voltaire, Camus, Innocent III et Madame de Lafayette...") et de pure idéologie ("vous avez tel argument, mais en fait cet argument montre que vous êtes un bourgeois éloigné de la réalité, donc vous avez tort").
  11. Moui non moi ça me le rend pas sympathique. Il est sincère comme un fanatique est sincère. Ce n'est pas une opinion qu'il a comme ça quand il dit que les Maghrébins ont (tous) un inconscient collectif qui est de prendre leur revanche sur la France. Ce n'est pas susceptible de révision. Sur la forme il est hargneux et agressif (hier soir sur l'immigration: "le regroupement familial, c'est terminé; ramener sa copine du bled, c'est terminé!" Il aurait pu ajouter "les jeux vidéos et les sorties cinéma c'est terminé"). Renaud Camus est "sincère" aussi, et il pourrait m'être sympathique parce que, contrairement à Z, je trouve que c'est un bon écrivain, mais quand il parle de politique c'est un illuminé complet (sa transformation physique de gay moustachu chill en gourou gaulois barbu n'aide pas). Je préfère quelqu'un de normal avec qui on peut discuter. Et avec Zemmour on peut pas discuter. Et j'ai des papiers et je suis français de naissance; je n'imagine même pas à quel point on ne pourrait pas discuter si je ne l'étais pas. Zemmour ne m'adresserait pas d'arguments, il m'enverrait la police. Il ne peut pas y avoir de discussion entre deux individus si le sujet de la discussion c'est la violence qu'on va exercer sur un des participants. Regardez ce que vous pensez des agressions d'élus. Comme d'autres ici, je ne jette pas la pierre aux "agresseurs". Il ne peut pas y avoir de débat "démocratique" avec ce que ça suppose de distinguo entre l'homme et les idées et d'éthique de l'argumentation sur la politique de Zemmour ou le harcèlement sanitaire des citoyens français. Vous faites la part des choses entre le mec et les idées parce que c'est ce que nous vend la télé, qui en fait des tartines sur son enfance dans le 18ème et nous fait pleurer sur son père le bon Algérien assimilé qui apprenait Talleyrand par coeur sur son lit de mort et Naulleau, cette nouille sur le gâteau, qui vous jure qu'il est adorable personnellement. Moi, je ne fais aucune différence. Puisqu'on peut pas discuter, on va faire un duel.
  12. Bouzou et ses amis Je ferais bien un montage avec Bouzou en Oui-oui (ils se ressemblent un peu) mais je ne veux pas que Bouzou me fasse un procès, il paraît qu'il est très susceptible
  13. That's a no from me dawg La guillotine et la colonisation, c'est aussi l'héritage des Lumières (Bouzou protip: à condition d'être fortement régulées lol). Ben ça m'a pas donné envie de m'abonner pour tout lire. Les arguments de Pécresse sont au mieux débiles, mais le plus souvent seulement pur wishful thinking: il y a une littérature massive qui montre que la prohibition encourage le trafic de drogues, et qu'en pense Valérie Pécresse? Elle ne le "croit pas". Comment réconcilie-t-elle sa défense du modèle représentatif avec son programme de référendum? Eh bien elle pense que la démocratie représentative, c'est bien, mais qu'il faut faire des référendums, parce qu'il faut faire un référendum sur la sécurité et sur l'immigration, et pour faire ça, on a besoin de faire des référendums. Enfin, si vous vous demandez si elle respecte l'Etat de droit, la réponse est oui, c'est pour ça qu'elle veut le "compléter" pour qu'il soit encore plus beau qu'avant. Bouzou fait le clown libéral ("je vais vous choquer, je vais parler d'économie") et Pécresse fait déjà du Macron: on peut rigoler deux minutes avec les théories libérales, mais dans la vraie vie politique, on défend les référendums et la représentation, la liberté et l'interdiction, on protège les plus jeunes en les mettant en prison et on respecte l'Etat de droit en changeant les lois, si possible régulièrement.
  14. Il vaut mieux entendre Gauchet que d'être sourd. Ça me rappelle la blague juive de rabbi Altmann/du liborgien Vilfredo qui déprime quand il lit les journaux juifs/liborg parce que ça ne parle que des pogroms/du déclin du libéralisme, alors il regarde les journaux nazis/les media français et il apprend qu'en fait le judaïsme domine le monde/la France est libérale, et il se sent beaucoup mieux. Bref
  15. Pour le coup c'est l'argument de Nagel contre le physicalisme: l'expérience est vécue d'une certaine façon, et prendre une expérience subjective en lui ôtant la façon dont elle est vécue (ie consciemment), c'est déjà ne plus étudier la même chose. C'est pour ça que Nagel dit qu'on a une conscience à partir du moment où ça a du sens de se poser la question: qu'est-ce que ça fait d'être Vilfredo ou une chauve-souris (vu l'heure qu'il est, peu de différence)? On peut aussi dire que je ne suis pas conscient de toutes les causes infra-conscientes des mouvements de mes membres, mais ces causes ne font pas partie de mon expérience. Hume attaque l’idée de connexion nécessaire à la fois dans les événements mais aussi, on l'oublie, dans les actions. Par exemple, ce à quoi ma volonté, quand je bouge, s’applique immédiatement, n’est pas mes membres, mais les tissus et les esprits animaux de mon corps, dont je ne suis pas conscient. L’esprit veut donc une certaine action, mais ne veut pas les actions intermédiaires qui en permettent la réalisation. Mais, remarque Hume, nous ne pouvons être conscient de l’un sans être conscient de l’autre, puisqu’ils s’enchaînent ! Que le mouvement suive la volonté est donc, comme toutes les autres observations causales, une affaire d’induction (ou un miracle pour Wittgenstein; mais Hume écrit que the fall of a pebble might extinguish the sun, donc il laisse toujours ouverte la possibilité d'une transgression radicale des régularités observées, c'est la base de la riddle of induction). Le "pouvoir" de bouger n’est pas connaissable. Anscombe dirait peut-être que décrire l’action comme "je bouge mon bras" ou "j’entraîne des esprits animaux, des nerfs et des tissus dans un mouvement qui aboutit à ce que mon bras bouge" ne sont que deux descriptions coréférentielles, mais aux valeurs épistémiques différentes, de la même expression d’intention (de même que "Il coupe du bois" et "Il coupe le bois de Harry": je peux reconnaître mon action sous une description et pas sous une autre, et ça fait partie de mon expérience de l'action et donc de la manière dont j'agis.)
  16. Oui tu m'avais conseillé de lire Le Code de la conscience. Je vais peut-être créer comme toi un fil genre "neurosciences et phénoménologie - réservé aux philosopheux" pour éviter qu'on vienne ronchonner, j'ai quelques lectures à faire, il y a aussi de nombreux neurobiologistes qui passent leur carrière à faire ce lien (Pankseep apparemment). Non, plutôt comme tu le dis entre une perception optimale, càd économique, et une perception adéquate avec la réalité, sous forme de mapping. Je n'ai pas tes références en neurobio bien sûr mais je crois me souvenir d'un cours de Peterson où il explique que les chats ont des slit eyes parce qu'ils chassent des créatures qui se déplacent latéralement, et pas des kangourous. On peut se demander dans quelle mesure l'environnement social influence aussi le phénotype (les théories de la domestication). Là-dessus Gehlen serait en désaccord avec Lorenz. Je ne sais pas, je me méfie de cette formule (pour vérifier mon intuition je l'ai tapée sur google et même Le Pen la cite) 1) parce que l'usage qui en est fait est parfois celui du réalisme naïf (il y a le sujet, la réalité, boum ils se cognent) 2) parce que Lacan l'emploie dans un sens bien différent, pour ne pas dire complètement opposé. Je viens de la philo analytique donc je tiens à préciser que j'ai autant de mal que tout le monde à comprendre cette littérature, mais je vais essayer d'expliquer ce que je comprends. Le réel, c'est tout ce dont la structure de relations que fait le psychotique ne fait pas sens, tout ce qu'elle rejette pour se maintenir en vie. Je crois que toute personne a pu expérimenter que le fantasme fait tout pour se maintenir en vie (un peu comme un parasite). C'est sur ce genre d'expériences que se base le b.a ba de la psychanalyse. Mais dans le cas où la satisfaction d'une pulsion risquerait de causer ma perte, elle peut aussi être refoulée. Dans le cas du refoulement cependant, les signifiants sont "refoulés" dans l'inconscient. Freud évoque même la possibilité que le mécanisme du refoulement soit à l'origine même de la constitution de cette partie entière du psychisme qu'est l'inconscient. Dans le cas du "rejet" toutefois (la "forclusion" dans le vocabulaire lacanien, qui traduit Verwerfung dans Freud), les signifiants ne sont pas "forclos" dans l'inconscient, "à l'intérieur" du sujet, mais "à l'extérieur", de façon hallucinatoire. Mais bien sûr, ils ne sont pas perçus comme hallucinatoire, car le propre de l'hallucination est de ne pas se laisser voir comme telle. Dans cette (et en fait toute) structure symbolique, il y a donc un point aveugle, un trou, éventuellement le traumatisme autour duquel la psychose s'est construite comme coping mechanism, et ce trou, c'est le réel (Lacan parle aussi de l'"impossible"), et c'est là-dessus que le travail de l'analyse doit permettre de mettre des mots. Au stade de mes lectures, je ne saurais pas répondre à la question: quelle est la différence entre le Réel et l'objet petit a (la cause du désir). Mais je sais que ce qui est rejeté, ce ne sont pas des objets de "la réalité", ce sont bien des signifiants. Lacan reprend la linguistique de Saussure, sauf qu'il ne pense pas que l'articulation signifiant/signifié soit arbitraire; le signifiant forclos par excellence, c'est la castration. Dans les Ecrits, Lacan pose le problème suivant: qu'est-ce qui est rejeté, quand l'enfant refuse la castration? On a beau dire que Lacan est obscur, il pose aussi des questions toutes bêtes de lecteur de Freud. Ça ne peut pas être le "manque" de pénis chez la femme, parce qu'on ne perçoit pas des absences ou des manques. Lacan répond en disant qu'en gros le problème n'est pas: qu'est-ce qui est rejeté, mais: qu'est-ce qui est symbolisé? L'enfant symbolise, càd assimile à son moi, tout sauf le signifiant qui devrait l'être, et il constitue le Réel en tant qu'il est le domaine qui subsiste hors de la symbolisation. "Ce qui a été forclos du symbolique réapparaît dans le réel." Le réel est constitué par l'oeuvre du sujet, même si Lacan ne le dirait pas comme ça. Il ne préexiste pas à la forclusion, qui le découpe d'une certaine manière. C'est ici qu'on voit en quoi Lacan est considéré comme structuraliste: la langue est un découpage synchronique à la fois sémantique et sonore (où les mots commencent et s’arrêtent). Certaines différences vont avoir du sens et pas d’autres. On peut voir ça comme une forme d'axiomatisation, et ramener tout ce que je viens de dire à des choses connues en épistémologie, sauf qu'ici ce qui nous intéresserait, si on veut faire cette analogie, ce n'est pas l'axiomatisation comme systématisation en maths, c'est l'occurrence d'un processus psychique apparemment sans aucun rapport avec l'axiomatisation, mais que Lacan décrit un peu comme tel, afin de pouvoir l'enseigner. Les maths, l'épistémologie, la logique servent à Lacan d'outils pour transmettre un savoir à des futurs psychanalystes. Comment autrement parler à des êtres de pulsions tels que les conçoit la psychanalyse de désir, de frustration, de castration et de psychose? L'approche lacanienne est une dépsychologisation radicale de la psychanalyse, si on veut. Tous les affects sont trompeurs: ils appartiennent soit au registre symbolique, soit à l'imaginaire. Autant je ne veux pas écrire un wot sur Lacan, surtout que j'ai l'impression que les questions de phéno/biologie t'intéressent plus, autant je suis un peu frustré de voir souvent (pas par toi du tout en particulier, mais en général) "le réel c'est quand on se cogne" cité hors contexte. Je vais avoir le temps de me consacrer à la psychanalyse pendant le semestre qui vient. Ce sur quoi je veux insister pour le moment du moins, c'est que, quand on se cogne, on se cogne la tête aux murs d'une structure qu'on a soi-même construite. Pas à un mur "réel" au sens naïf, et pas même au mur de l'intersubjectivité d'autrui, par exemple si j'emploie un mot dans un sens alors qu'il en a un autre. D'ailleurs, quittons Lacan, expérience de pensée: imaginez quelqu'un qui emploie correctement un terme, puis se met à l'employer de travers: est-ce qu'il a su employer ce terme, puis n'a plus su le faire, ou est-ce que le fait qu'il ait à un moment divergé de l'usage montre rétrospectivement qu'en fait, même auparavant, et en dépit des apparences, il n'avait jamais su ce que le mot voulait dire? La première option paraît arbitraire, la deuxième est inquiétante (c'est le risque du quiproquo permanent, un peu comme dans Hume il y a le risque permanent que le soleil ne se lève pas et que la chute d'un caillou détruise le soleil; on ne choisit pas vraiment de l'ignorer, on est "accoutumés" à l'ignorer). Quelque chose qui décrit de façon éclairante ce que l'univers du Réel est en tant que constitué par la forclusion, c'est l'hallucination. A mon tour de citer un (excellent, et très bel) article (ça a aussi l'avantage de raccourcir les messages): http://www.daseinsanalyse.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=60:dastur-f-2332013&catid=2:textes-des-communications&Itemid=16 (Françoise Dastur a aussi écrit quelques très bons livres sur Heidegger.) De même que les affects peuvent décevoir, mais ce sont tout de même des signifiants (un peu comme Descartes dit que, même si ma perception de daltonien peut produire un jugement faux, ma perception n'est pas fausse), de même les hallucinations ne sont pas de fausses perceptions. Maintenant que j'y pense il y aurait des tonnes de choses à écrire sur le type de relation intersubjective bien particulière qui s'établit entre analyste et analysé (les livres de Bruce Fink en parlent, je laisse un article ici aussi: https://thediscourseunit.files.wordpress.com/2016/05/arcp8gomezcamarena.pdf (ne pas se laisser effrayer par le titre; je le linke aussi parce qu'y est expliqué de façon claire et no-bs l'usage que JL fait de la logique)). Je suis content que ça t'intéresse ("pauvre en instincts"). Gehlen parle aussi, visiblement inspiré par Nietzsche, d'"animal indéterminé" (<==> "pauvre en instincts"). La citation vient encore de Par-delà bien et mal, §62, où Nietzsche déplore que les religions soient utilisées comme fins et non comme moyens d’éducation, ce qu’une institution gehlenienne doit être. La "retardation" de l’homme engendre chez cette espèce un rapport particulièrement déréglé au temps, qui est comme la traduction consciente dans l’existence de l’individu du phénomène hétérochronique qui frappe l’espèce. Les impulsions sexuelles, par exemple, ne sont pas périodiques mais chroniques, et il n'est pas dit que l'environnement "social" nous préserve plus de la surstimulation (le Überraschungsfeld) que la nature. Il n'y a rien qui surstimule dans la nature comme une galerie marchande. Gehlen a déjà en 1940 des pages très dures contre cette ambiance "urbaine", que dirait-il aujourd'hui... C'est ce genre de trucs aussi que j'avais en tête en disant que j'étais pas sûr qu'on rendait le monde plus habitables. C'est aussi quelque chose que Peterson dit quand il se fait lyncher pour évoquer le fait que les femmes devraient peut-être revoir leur dressing code si elles veulent travailler avec des hommes. (J'avais intégré ici moi aussi un long extrait d'un travail que j'ai rendu sur Gehlen mais du coup le message était tellement long que ça devenait ridicule, mais ça portait plus en détails sur cette question justement de l'instinct, du comportement exploratoire, de la différence entre comportement finalisé et comportement "ouvert" (Lorenz parle d'action qui tourne "à vide"), le rôle du jeu, de la différence entre un Umwelt et un "monde d'objets" et en fait la manière dont se constituent collatéralement le corps-vécu (càd le corps non pas physique, mais tel qu'il est expérimenté (les Allemands ont deux mots)) et le monde autour de moi etc. Si ça t'intéresse ou si ça intéresse d'autres gens je peux toujours en parler quand même, mais autant lire Gehlen c'est vraiment bien.) Mais tu as tout à fait raison de parler de comportement stéréotypés, c'est exactement ce que l'homme n'a pas. Pour Gehlen, c'est la faute de la néoténie. Pour Lorenz, c'est la faute de la domestication. Cette deuxième interprétation explique des "vestiges" instinctifs dans le comportement humain, du type de ceux dont parle Darwin dans The Expression of Emotions. Ce qu'il y a de moins sympa dans Gehlen, c'est que cette flexibilité est perçue comme un danger évolutif, la néoténie comme une preuve contre le darwinisme (l'homme est pas adapté tavu) d'où le besoin d'institutions très fortes pour le canaliser. On peut malgré tout comprendre en lisant L'Homme, Urmensch und Spätkultur et Moral und Hypermoral comment le mec a pu apprécier le nazisme. Mais c'est tout de même une question très sérieuse: quel degré de flexibilité est dangereux, et comment s'auto-canaliser ou s'auto-équilibrer, si vraiment nous sommes aussi imbalanced que Gehlen le dit. J'ai cette théorie qu'à la fois les anthropologies ultraconservatrices comme celle de Gehlen, la psychanalyse freudienne (Jung je connais moins mais ça va aussi dans ce sens; je parle de Freud à cause du rôle que joue le Surmoi et la civilisation dans la répression nécessaire des pulsions (Malaise dans la civilisation) et le meurtre du père qui transforme la prohibition de force en loi (Totem et tabou)) et la phénoménologie sont des façons différentes de conjurer l'optimisme nietzschéen du surhomme, celui qui serait le maître et créateur de ses interprétations, par exemple en réduisant l'"homme" à l'esclave (Gehlen), en faisant appel aux structures profondes et intemporelles de la psyché (Freud) ou en montrant à quel point notre représentation du monde (et nous-mêmes) sommes vulnérables (la phénoménologie, cf l'article de Dastur). Les rapports entre Gehlen, Plessner, Scheler (ce qui s'est appelé l'"anthropologie philosophique") et la phénoménologie sont bien connus et étudiés en Allemagne (Scheler était proche de Husserl, et on peut aussi lire Gehlen comme une grande entreprise anti-heideggérienne de resubstantialisation de l'ontologie, avec une prise en considération du corps, très loin de la structure anthropologique désubjectivée du Dasein). Ce qui les intéresse désormais (et c'est anti-Heidegger, mais pas anti-phénoménologie du tout), c'est comment l'homme acquiert son corps (par l'action, répond Gehlen: j'agis, je me vois agir; je prononce un mot, et je l'entends aussitôt, et je peux le moduler, c'est une boucle de rétroaction, qui me fait émerger comme modificateur possible d'objets perçus aussitôt créés) (et on distingue le corps physique, Körper, du corps-vécu, Leib). De façon assez parlante, ce qui manque à ce courant, c'est une phénoménologie de l'amour et de l'expérience sexuelle. C'est venu très tard (Scruton, Marion sur l'érotisme, des trucs d'horizons très différents et rien qui approche une synthèse cohérente sur le sujet). What is it like to be a bat c'est déjà de la phénoménologie Peut-être plus ton genre de phénoménologie d'ailleurs! Il faudrait que je relise Mortal Questions pour vérifier si par le caractère subjectif de l'expérience, Nagel entend qu'elle est vécue d'un certain point de vue, depuis un certain corps, ou s'il fait appel à certaines caractéristiques de l'expérience (comme un certain type de vision, un certain type de perception, et, à un autre niveau, une certaine manière de processer les sense-data selon tel ou tel modèle e.g. le predictive coding pour le cerveau humain). Ah merci ça m'intéresse beaucoup, je vais lire ça demain! Là par contre il faut vraiment que je dorme. Je ne veux pas que mes neurorécepteurs commencent à perdre leur sensibilité à la norépinephrine et la sérotonine.
  17. Zemmour qui explique avec a straight face à un intervieweur aux yeux bleus flamboyants qu'il n'accueillera pas une femme afghane parce qu'il n'est pas le père Noël de l'humanité après avoir passé une heure à parler sur bfm de son enfance et de la manière dont il a organisé l'anni de ses 50 ans en faisant risette aux journalistes, ça me scie. La manière obscène dont des sujets profondément graves sont abordés entre deux blagues à la télé, que ce soit les indécences de Zemmour ou des covidistes, c'est peut-être moi qui regardais jamais la télé, mais c'est nouveau pour moi.
  18. C’est vraiment un débat politique de haute volée: pour ou contre la bidoche
  19. Je me demande si l’appeal du RU n’est pas dans son côté futuriste plutôt qu’économique, genre on crée un nouveau mode de vie post-industriel. Un peu comme l’écologie en fait.
  20. Dalrymple dans The Epoch Times Boom https://m.theepochtimes.com/a-mob-pulls-down-a-statue-and-a-jury-threatens-the-law_4197558.html?slsuccess=1 (lecture gratuite si on donne son mail; le reste de l’article est juste parfait)
  21. Je viens de me réveiller j’ai cru que ce topic avec un titre si mimi qu’on dirait un livre de Max et Lili allait parler de la vie de @Drake. En fait non mais du coup il va falloir que je fasse un effort supplémentaire pour me lever dans un monde où il y a des meufs prêtes à se vider une poubelle dans le vagin pour avoir un gosse avec quelqu’un et expliquer que le vrai problème la dedans c’est que ça pique.
  22. Ton cœur est trop blessé, et la cour et la ville Ne t’offrent rien qu’objets à t’échauffer la bile
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