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Messages recommandés

En ce moment et simultanément (je n'arrive jamais à me fixer sur 1 bouquin) :

 

- J'ai terminé à l'instant 1 histoire courte de Jack vance (;)), qui est doublement intéressante (c'est très bon et ca ne ressemble pas du tout à du vance) et je commence In the year 2889 de Michel Vernes (le fils de Jules).

 

The powers of the earth de Travis Corcoran. Lisez, c'est de la bonne. Il mérite bien son titre de nouveau Heinlein, mais il a sa patte bien singulière.

Citation

The Powers of the Earth is the first book in The Aristillus series - a pair of science fiction novels about anarchocapitalism, economics, open source software, corporate finance, social media, antigravity, lunar colonization, genetically modified dogs, strong AI…and really, really big guns.

 

 

51vyIGDMubL.jpg

 

Pour se faire une idée, sa short story Firefly Season 2 est dispo pour 1e. Lue 4 fois.

- 0 to 1 de peter thiel. Top,  un des rares bouquins biz a être vrmt utile et intéressant, même pr des mecs qui ne souhaitent pas monter une boite. Mamazon :

- All things considered de Chesterton. D'hab j'aime pas trop Chesterton parce qu'il abuse des paradoxes, mais là c'est pas mal. Collection d'essais assez inégale.

  • Anglais gratos (Gutenberg). Pour se faire une idée, un des bons essais  :The fallacy of success : PDF et audio 

- L'art subtil de s'en foutre de Mark Manson. Bon, ok c'est du self-development et oui le titre laisse méfiant, mais au final il ne s'agit pas de se foutre de tout mais plutôt d'arriver à se foutre des choses que l'on juge trivales pr pouvoir se concentrer sur ce que l'on juge important (il est au passage d'autant plus facile de se foutre des choses triviales quand c'est ok au niveau trucs importants). Il pompe allègrement les stoïciens, Frankl etc version pop mais c'est bien foutu (et ça marche) et il va plus loin que l'anxiété, il parle aussi de bonheur au sens des anciens, réaliste et atteignable : l'eudaimonia ; donc pas dans le sens moderne où le bonheur c'est du plaisir  "sain" (au sens moderne donc à peu près tout), des voyages ("j'ai fait l'Italie, j'ai fait la Thailande"), "faire des expériences" et un bien-être constant. Mamazon :

- Oeuvres completes de Pascal. 3000 pages, suis pas rendu comme disent les Angevins.

- L'âge de diamant de Stephenson. Plusieurs membres du forum le recommandent à raison. C'est l'un des meilleurs bouquins de l'un des meilleurs auteurs contemporains de SF.

Imaginative Conservatism: The Letters of Russell Kirk. Très intéressant. Il cause notemment à T.S. Eliot, Buckley Jr., Ray Bradbury, Charlton Heston et Nikolai Tolstoy (descendant de Léon).

-  Stories of Your Life and Others de Ted Chiang : tout simplement excellent mais pas aussi facile à lire que du vance, faut s'accrocher et relire. Mention spéciale pour Hell is the absence of God qui fait penser au livre de Job réecrit par un athée. 

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Il y a 4 heures, Raffarin2012 a dit :

En ce moment et simultanément (je n'arrive jamais à me fixer sur 1 bouquin) :

 

- J'ai terminé à l'instant 1 histoire courte de Jack vance (;)), qui est doublement intéressante (c'est très bon et ca ne ressemble pas du tout à du vance) et je commence In the year 2889 de Michel Vernes (le fils de Jules).

 

Je savais les membres de ce forum snobs mais de là à lire un auteur français (qui s'écrit Verne pas Vernes) en anglais !

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il y a une heure, Dardanus a dit :

Je savais les membres de ce forum snobs mais de là à lire un auteur français (qui s'écrit Verne pas Vernes) en anglais !

Oui j'ai écrit trop vite et ajouté un s par erreur. 

Quant au choix de le lire en anglomuche, c'est parce que si ça me plaît je le publierai sur mon site de SF (lequel est anglophone).

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16 hours ago, Raffarin2012 said:

-  Stories of Your Life and Others de Ted Chiang : tout simplement excellent mais pas aussi facile à lire que du vance, faut s'accrocher et relire. Mention spéciale pour Hell is the absence of God qui fait penser au livre de Job réecrit par un athée. 

Si tu veux une autre dose, Exhalation est aussi très bien.

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Je me suis demandé où et quand est apparue l'histoire économique, j'ai un indice sur la réponse:

 

"Tout métèque pouvait exercer un métier, quoiqu'il ne pût posséder un fonds: les naturels avaient seulement pour la vente au marché quelque avantage sur les étrangers, qui étaient obligés d'en acheter la permission. La loi de Solon qui défendait aux hommes de vendre des parfums […] avait un but purement moral, d'éloigner les hommes du travail des femmes ; elle n'était plus observée dans la suite ; Æschine le philosophe avait une fabrique de cette denrée. Au moyen d'une liberté entière, de la foule des métèques et des esclaves, de la faculté de faire de grandes exportations maritimes, enfin par l'étendue des besoins intérieurs qu'augmentait encore le concours des étrangers, tous les arts fleurirent, de nombreuses fabriques s'établirent et occupèrent un peuple d'ouvriers. Les armes et autres ouvrages en métal, les meubles, les étoffes d'Athènes étaient renommés ; les tanneurs, les armuriers, les fabricans de lampes et de tissus ; les meuniers et les boulangers mêmes, qui excellaient dans leur art, vivaient dans l'abondance. On pourrait croire que les prix des marchandises étaient proportionnellement peu élevés, puisqu'il y avait toute liberté d'industrie, et que les ouvriers et quelquefois les chefs d'atelier étant esclaves, le salaire devait être bas ; mais ils étaient augmentés par l'étendue de l'exportation, ainsi que par le taux très fort de l'intérêt que prenaient les fabricans et les négocians pour qui c'était une source de profits. Cependant plusieurs choses, comme le pain et le vêtemens, se préparaient dans l'intérieur de la plupart des familles et ne s'achetaient pas des artisans." 

-August Böckh, Économie politique des Athéniens, tome 1, Paris, A. Sautelet et Cie, 1828 (1817 pour la première édition allemande), 484 pages, pp.75-77.

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  • 1 month later...

Relu Le vieil homme et la mer, comme chaque année. Si vous ne l'avez pas lu vous manquez qq chose.

 

Relu également Mere Christianity de CS Lewis, intemporel. De CS Lewis toujours, j'ai appris qu'il s'était essayé à la SF : c'est pas mal du tout (suis aux 2/3 du tome 1 de sa space trilogy).

 

En SF toujours, comme j'avais été marqué par L'homme démoli d'Alfred Bester, j'ai lu Terminus les étoiles : c'est encore meilleur, probablement mon roman SF préféré. Écrit en 56,  visionnaire au point qu'on pourrait faire passer ça pour de la SF contemporaine. Grosse déception pour les Clowns de l'eden par contre, imbitable.

 

En sf toujours, du Ted Chiang. C'est je pense le meilleur auteur de nouvelles contemporain (mentions spéciales pour Story of your life - la nouvelle, pas le recueil - et Hell is the absence of God).

 

Lu aussi un paquet d'histoires courtes des années 30, j'en ai mis de côté une dizaine inconnues au bataillon qui rivalisent sans peine avec celles de pk dick ou de Sheckley.

 

J'ai mis sur pause le site SF parce que je n'ai pas réussi à cumuler ça + d'autres sites avec un plein temps (en même tps je perdais plein de temps à faire de la pub alors que je suis pas taillé pour).

 

Content qd même d'avoir pu caser l'interview de Shiner.

 

Si je reprends du service ça sera d'ici 2/3 mois, le temps de récupérer & sans aucune pub alakon (ou alors présence discrète sur cette PDM qu'est Twitter parce que c'est pratique pour entrer en contact ac les auteurs). Ça serait aussi assez différent, plus intéressant (une idée pas mal du tout m'est venue en tête en relisant Firefly season 2 de Corcoran) et en équipe (difficile de mettre en œuvre l'idée tout seul, surtout que j'ai donné la priorité absolue à mon taf).

 

Du Peguy sinon. Et enfin les entretiens entre Oliver Stone et Poutine.

 

Next : Soonish, acheté suite à la lecture d'un  billet sur Contrepoints.

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  • 2 weeks later...

Certains ici ont lu les livres de Graeber ? Il devient très populaire auprès de certaines connaissances à gauche. J'ai lu Bullshit jobs et j'ai été assez d'accord avec le propos général, mais la manière téléologique dont il l'amenait m'a dérangé.

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J'ai enchaîné 2 recueils d'articles du LvMI, à savoir Bourbon for Breakfast de Jeff Tucker et The Left, the Right and the State de Lew Rockwell. Le point amusant, c'est que je suis persuadé qu'en test aveugle, je serais incapable de deviner correctement l'auteur de nombreux articles (mis à part quelques éléments de style). Comme le veut le format, c'est très inégal, on passe d'articles très bons à des trucs très bofs. Notamment les articles de lifestyle de Tucker qui sont soit ennuyeux, soit WTF avec son obsession pour le day drinking. J'avais aussi oublié à quel point Lew pouvait être virulent contre le GOP qu'il traite de fascistes à plusieurs reprises. Il a une analyse intéressante du conservatisme dans cet article (https://www.lewrockwell.com/2007/04/lew-rockwell/neither-conservative-nor-progressive/), avec le besoin constant de conflit historique qui passe de l'URSS à l'Islam. Bref, la vieillesse est vraiment un naufrage dans son cas.

 

Pour passer à quelque chose de plus fun, j'ai commencé Cryptonomicon de Neal Stephenson. Je n'en suis même pas à 10% du livre et il vient déjà de sortir une énorme baffe aux post-modernistes 20 ans avant que ces derniers ne soient connus du grand public. Sacrément visionnaire.

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Travaillant sur mon prochain livre sur les maîtres de forge de la Loire, j'ai acheté un petit volume publié par la Sedif en 1945 et signé par Marcel Crozet-Fourneyron, dernier représentant ou presque d'une illustre famille de la métallurgie (apparentée à Benoît Fourneyron, l'inventeur de la turbine) : Responsabilité.

C'est un plaidoyer désespéré pour le libéralisme à un moment où triomphent les idéologies anti-libérales.

Il fait de nombreuses citations (Lippman, Lhoste-Lachaume, Bastiat, Adam Smith…) et à de nombreuses reprises un certain Ed. Julia qui semble être Édouard Julia, chroniqueur au Temps. Quelqu'un en a-t-il entendu parler ?

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Salut les lecteurs distingués, La Route de la Servitude a été écrit en anglais ou en allemand à l'origine ?

Je pense que c'est anglais, vu qu'il a été publié au Royaume-Uni en premier. Mais je garde un petit doute.

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il y a 18 minutes, Mister_Bretzel a dit :

Salut les lecteurs distingués, La Route de la Servitude a été écrit en anglais ou en allemand à l'origine ?

Je pense que c'est anglais, vu qu'il a été publié au Royaume-Uni en premier. Mais je garde un petit doute.

Oui anglais. On peut apprécier le style de Hayek et sa maîtrise de la langue d'ailleurs.

TIL:

Citation

George Orwell responded with both praise and criticism, stating, "in the negative part of Professor Hayek's thesis there is a great deal of truth. It cannot be said too often – at any rate, it is not being said nearly often enough – that collectivism is not inherently democratic, but, on the contrary, gives to a tyrannical minority such powers as the Spanish Inquisitors never dreamt of." Yet he also warned, "[A] return to 'free' competition means for the great mass of people a tyranny probably worse, because more irresponsible, than that of the state."[51]

https://en.wikipedia.org/wiki/The_Road_to_Serfdom#Reviews

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Il y a 7 heures, Dardanus a dit :

Travaillant sur mon prochain livre sur les maîtres de forge de la Loire, j'ai acheté un petit volume publié par la Sedif en 1945 et signé par Marcel Crozet-Fourneyron, dernier représentant ou presque d'une illustre famille de la métallurgie (apparentée à Benoît Fourneyron, l'inventeur de la turbine) : Responsabilité.

C'est un plaidoyer désespéré pour le libéralisme à un moment où triomphent les idéologies anti-libérales.

Il fait de nombreuses citations (Lippman, Lhoste-Lachaume, Bastiat, Adam Smith…) et à de nombreuses reprises un certain Ed. Julia qui semble être Édouard Julia, chroniqueur au Temps. Quelqu'un en a-t-il entendu parler ?

Je ne crois pas en avoir entendu parler. Mais avec un titre comme ça, il devrait plaire à un Alain Laurent. Une petite revue de lecture pour CP ? :)

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Il y a 5 heures, Rincevent a dit :

Je ne crois pas en avoir entendu parler. Mais avec un titre comme ça, il devrait plaire à un Alain Laurent. Une petite revue de lecture pour CP ? :)

Ma question ne portait pas sur Crozet-Fourneyron mais sur Édouard Julia.

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Je recherche un ouvrage de Vilfredo Pareto dont free_jazz avait parlé en ces lieux il y a de nombreuses années. Il s'agirait d'un ouvrage de sociologie qui tenterait d'expliquer pourquoi le libéralisme économique est encore combattu par certaines classes sociales alors qu'il est scientifiquement démontré qu'il permet le plus grand acroissement des richesses pour le plus grand nombre. @F. mas une idée du titre ?

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il y a 3 minutes, Johnnieboy a dit :

Je recherche un ouvrage de Vilfredo Pareto dont free_jazz avait parlé en ces lieux il y a de nombreuses années. Il s'agirait d'un ouvrage de sociologie qui tenterait d'expliquer pourquoi le libéralisme économique est encore combattu par certaines classes sociales alors qu'il est scientifiquement démontré qu'il permet le plus grand acroissement des richesses pour le plus grand nombre. @F. mas une idée du titre ?

J'ai écrit Libre-échangisme, protectionnisme et socialisme mais je crois que free_jazz a surtout apprécié mes Systèmes socialistes à ce sujet. Les dérivations des marxistes m'ont toujours amusé.

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il y a 6 minutes, Vilfredo Pareto a dit :

J'ai écrit Libre-échangisme, protectionnisme et socialisme mais je crois que free_jazz a surtout apprécié mes Systèmes socialistes à ce sujet. Les dérivations des marxistes m'ont toujours amusé.

 

Je crois qu'il s'agit du premier ! Merci !

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J'ai relevé des articles publiés à sa mort. On a publié à titre posthume une anthologie de ces chroniques dans la presse sous un titre prometteur : l'État, ce néant.

C'est visiblement quelqu'un complètement oublié.

Dans la revue Esprit en 1937, on peut lire : "sa mort nous a privés du spectacle de la froide colère dont l'avènement du front populaire eût fait vibrer ce défenseur hargneux de l'orthodoxie libérale. Hargneux mais intelligent, brillante incarnation d'un régime condamné."

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  • 2 weeks later...

"L'école des barbares" de 1985 (je ne sais pas s'il y a différence entre les éditions plus recentes).

 

https://www.amazon.fr/Lecole-barbares-Stal-Thom/dp/2260004105

 

Très intéressant et actuel.

 

Et de cette façon, déprimante.

 

Le livre parle du système d'éducation (en France mais peut servir en quelque pays du monde), la pédagogie, les syndicats, la manipulation, le socialisme.

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-Michel Brix, « L'idéalisme fin-de-siècle », Romantisme, 2004/2 (n° 124), p. 141-154. DOI : 10.3917/rom.124.0141. URL : https://www.cairn.info/revue-romantisme-2004-2-page-141.htm
 

-Myriam Roman, « Ce cri que nous jetons souvent » : le Progrès selon Hugo, Romantisme, Année 2000, 108, pp. 75-90: https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_2000_num_30_108_979

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Je lis pas mal d'épistémologie en ce moment (Le Probable, le possible et le virtuel de Gilles-Gaston Granger, Introduction à la philosophie des mathématiques de Panza et Sereni) et je suis tombé sur un classique apparemment, "Is there a logic of discovery?" de N. R. Hanson. Je suis assez partagé par ses arguments et je sais qu'il y a des pointures en épistémo sur le forum ( @Lancelot, @Anton_K et @Mégille si ça vous intéresse vos commentaires sont particulièrement bienvenus) et je serais très curieux d'avoir vos avis à tous. J'ai résumé en quelques paragraphes son argumentation:

 

En gros :

Hanson distingue la logique de la justification (pourquoi telle hypothèse a été adoptée, donc après formulation) de la logique de la découverte (pourquoi l'hypothèse a été formulée) et argue qu'on peut logiquement rendre compte à la fois de la justification et de la formulation de cette hypothèse plutôt que d'une autre, alors qu'on considère généralement (Kuhn, Popper, Feyerabend) que le processus qui aboutit à la formulation seule de l'hypothèse est historique, psychologique en tout cas illogique. Ces deux logiques, sans surprise, ne fonctionnent pas de la même façon, càd que les raisons pour lesquelles on accepte l'hypothèse ne sont pas de même espèce que celles pour lesquelles on la suggère: alors que la logique de la justification est hypothético-déductive, la logique de la découverte est rétroductive:

(1) un phénomène observé est surprenant

(2) si telle hypothèse était vérifiée, le phénomène ne serait plus surprenant

(3) donc telle hypothèse expliquerait le phénomène.
 

En détails :

Ce que la logique de la découverte fait n'est pas une formalisation du processus psychologique du savant mais l'explication du processus par lequel le savant "a mis le doigt" sur cette idée. Les raisons pour lesquelles on accepte l'hypothèse sont celles qui nous font croire que h est vraie, tandis que les raisons pour lesquelles on suggère l'hypothèse sont celles qui nous font croire que l'hypothèse est plausible. Par exemple Hanson pose la question : « qu’est-ce qui a conduit Kepler à supposer que les planètes avaient une orbite elliptique pour expliquer la vitesse surprenante de Mars à 90 et 270° d’anomalie excentrique, supérieure à la vitesse qu’elle pourrait acquérir si elle était circulaire ? » Pourquoi a-t-il décidé que la bonne hypothèse était la forme de l’orbite et non les lunes de Jupiter ?

 

Hanson explique le raisonnement par analogie : l’hypothèse que Jupiter a aussi une orbite elliptique, supputée par analogie avec l’hypothèse selon laquelle Mars a une orbite elliptique (depuis Eudoxe apparemment Mars est considérée comme une planète typique donc si elle a une orbite elliptique, on peut raisonnablement penser que Jupiter aussi). Cette analogie est logique dit-il, sans pour autant qu’avant l’observation et les calculs, on puisse la considérer comme vraie/justifiée. « Logique » pour Hanson veut dire ici : l’étude des raisons et des conclusions pour savoir si les raisons sont bonnes ou mauvaises. Logique parce qu’on n’a besoin d’aucune expérience pour déterminer si ces raisons sont bonnes ou non, ce qui est différent de « vrai ou faux ». On n’établit pas l’hypothèse, on détermine de quel type l’hypothèse sera (par analogie avec une autre hypothèse, comme pour Jupiter et Mars).

(1) L’hypothèse 1 fait état d’une certaine relation entre A et B ;

(2) l’hypothèse 2 fait état d’une certaine relation entre C et D ;

(3) si la relation entre C et D est analogue à celle entre A et B, alors l’hypothèse 2 sera du même type que l’hypothèse 1.

(On notera que pour déterminer (3), il faut faire une expérience ou avoir déjà à disposition les expériences/observations qui font état des relations A-B/C-D. C’est alors qu’on établira l’hypothèse. Mais pour le moment, le raisonnement est valide même si les hypothèses sont fausses et même si l’on ne sait rien des relations A-B/C-D. C’est en cela que c’est un raisonnement logique a priori. Tout ce qu'on suggère est une hypothèse et de quel type d'hypothèse il s'agit.) Pour la loi de la gravitation par exemple, Newton savait comment estimer la force d’un petit globe sur la face intérieure d’une sphère et il connaissait la loi de Kepler sur la proportionnalité du carré de la révolution au cube de la distance et donc il en a logiquement déduit le type d’hypothèse à faire : la loi de la gravitation devait être du type : force inversement proportionnelle au carré de la distance.

 

Donc il existe des arguments logiques en faveur de ces types de lois avant même que ces lois ne soient découvertes ou justifiées/corroborées. En passant, Hanson glisse une critique de l’inductivisme comme constitutif des lois physiques : on n’explique pas pourquoi les prismes décomposent la lumière solaire en disant que tous les prismes le font. C’est au contraire après qu’on aura expliqué pourquoi un prisme donne naissance à un spectre qu’on pourra formuler des lois (la loi de Snell-Descartes par exemple). Il y a un saut qualitatif entre l’agrégation des données (induction) et la loi (explication).

 

Discuss! :icon_vert:

 

Pour lancer le débat je me demande pourquoi Hanson emploie le terme "logique" plutôt que le terme "rationnel" (qui est psychologique) pour qualifier les "bonnes" hypothèses. Ne serait-il pas plus adéquat?

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Je n'ai pas de commentaire direct mais ça me renvoie à l'Essai sur la psychologie de l'invention dans le domaine mathématique par Hadamard, dans lequel il définit ledit processus en quatre phases :

  • préparation (où le mathématicien se familiarise avec le problème, les différentes pistes de solutions proposées par d'autres, épuise les erreurs triviales... jusqu'à arriver au bout de sa capacité à progresser)
  • incubation (un temps plus ou moins long où aucun progrès n'est fait, où le mathématicien "rumine")
  • illumination (le mathématicien a soudain l'intuition d'une solution, typiquement alors qu'il était en train de faire autre chose)
  • vérification (le mathématicien travaille sur une démonstration formelle pour confirmer ou infirmer son intuition)

Il me semble que la différence établie ici entre logique de découverte et logique de justification recoupe celle entre les étapes plus psychologiques d'illumination et de vérification.

Si je me souviens bien Hadamard (ou peut-être Poincaré dont une conférence est entièrement retranscrite à la fin du bouquin) dit que le génie du mathématicien n'est pas tant de savoir formuler ou vérifier des hypothèses, ce que n'importe quelle machine peut aussi faire, mais de savoir sélectionner les hypothèses intéressantes alors qu'il y a une infinité d'options. L'analogie me semble être un bon principe dans cette optique.

  • Yea 2
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Très éclairant merci beaucoup. Tu cites souvent Hadamard & Poincaré, j'ai seulement lu La Science et l'hypothèse, je lirai aussi le bouquin que tu cites.

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Il y a 20 heures, Vilfredo Pareto a dit :

Discuss! :icon_vert:


There goes mon samedi. C'est une question passionnante sur laquelle j'ai quelque expérience puisque j'ai travaillé à une époque sur les représentations logiques du raisonnement analogique.

 

J'ai presque fini ma réponse mais j'ai juste une question : peux-tu détailler précisément, dans le cas de Mars et Jupiter, quelles sont A, B, C et D et l'hypothèse 1 et 2 ? J'ai l'impression que l'hypothèse 1 est que Mars a une orbite elliptique, donc l'hypothèse 2 est que Jupiter a une orbite elliptique. J'imagine que A et C ou B et D sont respectivement "Mars est une planète typique" et "Jupiter est une planète typique", mais il me manque l'autre couple de lettre pour vérifier un truc. Merci !

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il y a une heure, Anton_K a dit :

J'ai presque fini ma réponse mais j'ai juste une question : peux-tu détailler précisément, dans le cas de Mars et Jupiter, quelles sont A, B, C et D et l'hypothèse 1 et 2 ? J'ai l'impression que l'hypothèse 1 est que Mars a une orbite elliptique, donc l'hypothèse 2 est que Jupiter a une orbite elliptique. J'imagine que A et C ou B et D sont respectivement "Mars est une planète typique" et "Jupiter est une planète typique", mais il me manque l'autre couple de lettre pour vérifier un truc. Merci !

En fait je ne crois pas que Hanson utilise le raisonnement avec ces variables comme modélisation des hypothèses de Kepler sur Jupiter et Mars en particulier. Simplement que si les A sont des B de la façon dont les C sont des D, alors l'hypothèse 1 sur A-B sera du type de celle (la 2) sur C-D. However,

(hypothèse 1) la relation entre 'Mars' (A) et 'Jupiter' (B) est telle que Mars est un modèle pour Jupiter (planète typique)

(hypothèse 2) la relation entre 'l'orbite de Jupiter' (D) et 'celle de Mars' (C) est telle que l'orbite de Mars est un modèle pour celle de Jupiter

(hypothèse 3) donc l'hypothèse 1 est du même type que l'hypothèse 2 car toutes deux postulent une relation similaire entre leurs objets (i.e. A modèle de B / C modèle de D).

Et on a une raison valable de suggérer l'hypothèse: "Jupiter a une orbite elliptique".

Là je précise que c'est moi qui essaie d'écrire ce qu'Hanson aurait répondu. C'est tout simplement que l'hypothèse 2 est un développement analytique de l'hypothèse 1, donc pas étonnant qu'elles soient du même "type".

Merci à toi :)

 

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