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Tintin au Congo, jugé "raciste"


Serge

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Ya bon Banania a aussi souffert…

:icon_up: J'ai l'affiche encadrée chez moi, à côté d'une rhum negrita de la même époque … et pourtant, je ne suis pas raciste pour un sou.

Il serait peut-être temps qu'on arrête d'interpréter n'importe quoi n'importe comment !

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Astérix, c'est de toute façon très surfait.

Moi, j'aime bien … Je ne pense pas qu'Asterix ait jamais eu la prétention d'être autre chose qu'un divertissement !

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D'un autre côté, et ça ne justifie en rien les assauts politically correct sur ces deux albums, mais Tintin au Congo et Tintin en Amérique ne sont pas des bons albums, c'est scénaristiquement très mauvais. Faut vraiment vouloir compléter la collec' pour se les acheter.

Tiens, à propos de Tintin en Amérique, rappelez-vous aussi la scène où Tintin défend la propriété des Indiens avant que ceux-ci ne soient chassés par l'armée afin qu'y soit exploité un gisement de pétrole découvert par hasard. Après cela, les gauchos continueront de parler du racisme d'Hergé…

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Certes…

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…mais quel chef-d'oeuvre …

Ça me rappelle un passage pas très glorieux mais assez caractéristique de l'esprit de l'époque dans le Voyage de Céline :

Nous trinquâmes à sa santé sur le comptoir au milieu des clients noirs qui en bavaient d’envie. Les clients c’étaient des indigènes assez délurés pour oser s’approcher de nous les Blancs, une sélection en somme. Les autres nègres, moins dessalés, préféraient demeurer à distance. L’instinct. Mais les plus dégourdis, les plus contaminés, devenaient des commis de magasin. En boutique, on les reconnaissait les commis nègres à ce qu’ils engueulaient passionnément les autres Noirs. Le collègue au « corocoro » achetait du caoutchouc de traite, brut, qu’on lui apportait de la brousse, en sacs, en boules humides.

Comme nous étions là, jamais las de l’entendre, une famille de récolteurs, timide, vient se figer sur le seuil de la porte. Le père en avant des autres, ridé, ceinturé d'un petit pagne orange, son long coupe-coupe à bout de bras.

Il n'osait pas entrer le sauvage. Un des commis indigènes l'invitait pourtant : « Viens, arabe ! Viens voir ici! Nous y a pas bouffer sauvage ! » Ce langage finit par les décider. Ils pénétrèrent dans la cagna cuisante au fond de laquelle tempêtait notre homme au « corocoro ».

Ce Noir n'avait encore, semblait-il, jamais vu de boutique, ni de Blanc peut-être. Une de ses femmes le suivait, yeux baissés, portant sur le sommet de la tête, en équilibre, le gros panier rempli de caoutchouc brut.

D'autorité les commis recruteurs s'en saisirent de son panier pour peser le contenu sur la balance. Le sauvage ne comprenait pas plus le truc de la balance que le reste. La femme n'osait toujours pas relever la tête. Les autres nègres de la famille les attendaient dehors, avec les yeux bien écarquillés. On les fit entrer aussi, enfants compris et tous, pour qu'ils ne perdent rien du spectacle.

C’était la première fois qu’ils venaient comme ça tous ensemble de la forêt, vers les Blancs en ville. Ils avaient dû s’y mettre depuis bien longtemps les uns et les autres pour récolter tout ce caoutchouc-là. Alors forcément le résultat les intéressait tous. C’est long à suinter le caoutchouc dans les petits godets qu’on accroche au tronc des arbres. Souvent, on n’en a pas plein un petit verre en deux mois.

Pesée faite, notre gratteur entraîna le père, éberlué, derrière son comptoir et avec un crayon lui fit son compte et puis lui enferma dans le creux de la main quelques pièces en argent. Et puis : « Va-t'en! qu'il lui a dit comme ça. C'est ton compte !… »

Tous les petits amis blancs s'en tordaient de rigolade, tellement il avait bien mené son business. Le nègre restait planté penaud devant le comptoir avec son petit caleçon orange autour du sexe.

« Toi, y a pas savoir argent? Sauvage alors? que l'interpelle pour le réveiller l'un de nos commis, débrouillard, habitué et bien dressé sans doute à ces transactions péremptoires. Toi y en a pas parler « francé » dis ? Toi y en a gorille encore hein ?… Toi y en a parler quoi hein ? Kous Kous ? Mabillia ? Toi y en a couillon ! Bushman ! Plein couillon !

Mais il restait devant nous le sauvage, la main refermée sur les pièces. Il se serait bien sauvé, s'il avait osé, mais il n'osait pas.

« Toi y en a acheté alors quoi avec ton pognon ? intervint le « gratteur » opportunément. J'en ai pas vu un aussi con que lui tout de même depuis bien longtemps, voulut-il bien remarquer. Il doit venir de loin celui-là! Qu'est-ce que tu veux ? Donne-moi le ton pognon ! »

Il lui reprit l'argent d'autorité et à la place des pièces lui chiffonna dans le creux de la main un grand mouchoir très vert qu'il avait été cueillir finement dans une cachette du comptoir.

Le père nègre hésitait à s'en aller avec ce mouchoir. Le gratteur fit alors mieux encore. Il connaissait décidément tous les trucs du commerce conquérant. Agitant devant les yeux d'un des tous petits Noirs enfants, le grand morceau vert d'étamine : « Tu le trouves pas beau, toi, dis morpion ? T'en as souvent vu comme ça, dis ma mignonne, dis ma petite charogne, dis mon petit boudin, des mouchoirs ? » Et il le lui noua autour du cou, d'autorité, question de l'habiller.

La famille sauvage contemplait à présent le petit orné de cette grande chose en cotonnade verte… Il n'y avait plus rien à faire puisque le mouchoir venait d'entrer dans la famille. Il n'y avait plus qu'à l'accepter, le prendre et s'en aller.

Tous se mirent donc à reculer lentement, franchirent la porte, et au moment où le père se retournait, en dernier, pour dire quelque chose, le commis le plus dessalé qui avait des chaussures le stimula, le père, par un grand coup de botte en plein dans les fesses.

Toute la petite tribu, regroupée, silencieuse, de l'autre côté de l'avenue Faidherbe, sous le magnolier, nous regarda finir notre apéritif. On aurait dit qu'ils essayaient de comprendre ce qui venait de leur arriver.

C’était l’homme du « corocoro » qui nous régalait. Il nous fit même marcher son phonographe.

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

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Il me semble aussi que, malgré plusieurs adaptations en dessin animé, aucune des aventures de Spirou et Fantasio se déroulant en Afrique n'a jamais été adaptée à l'écran (et ça fait pas mal d'aventures quand même, de mémoire, j'en compte au moins 4 : une aventure avec des pigmées dont le titre m'échappe, le Gorille a Bonne Mine, la Corne du Rhinocéros, et Tambo Tabou).

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Certes…

CONGP03.gif

Une scène comme ça est peut-être devenue intolérable pour nos consciences d'aujourd'hui… Il n'empêche : je ne pense pas que le niveau de développement technologique et intellectuel du Congo de l'époque était plus élevé. Mais ça on ne veut pas se l'avouer. C'est juste qu'aujourd'hui c'est devenu gênant d'en rire, ce qui se comprend. Mais de là à interdire la BD c'est ridicule. Où est la responsabilité des parents dans tout ça ? Bientôt ils se fieront entièrement au rayonnage des magasins pour approuver ou non ce que lit leur gamin

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J'avoue tout !

- Je suis un affreux raciste-colonialiste car Tintin au Congo me fait sourire;

- Je suis un pervers-alcoolique car je bois de ppet-g01.gif

- Je suis aussi un suppôt de l'enfer car je vais à des concerts sataniques.

Pardonnez-moi :icon_up:

Pour la peine je te rejoins !

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-Dans la version originale, Tintin remplace un professeur dans une salle de classe, et parle aux enfants noirs de "leur patrie, la Belgique". Dans la version actuelle, c'est devenu un cours de mathématiques.
j'ai pas l'album sous la main, mais il me semble que c'est en couleur comme le montre cette image

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Tiens, à propos de Tintin en Amérique, rappelez-vous aussi la scène où Tintin défend la propriété des Indiens avant que ceux-ci ne soient chassés par l'armée afin qu'y soit exploité un gisement de pétrole découvert par hasard. Après cela, les gauchos continueront de parler du racisme d'Hergé…

surtout que "racisme" est anachronique

C'est comme si on disait que les vikings violaient la convention de geneve

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j'ai pas l'album sous la main, mais il me semble que c'est en couleur comme le montre cette image

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Les premiers albums de Tintin sont en noir et blanc, mais il y eut ensuite des rééditions en couleurs. Puis, après la deuxième guerre mondiale, toutes les premières aventures (à l'exception de Tintin au pays des Soviets) furent redessinées et parfois profondément remaniées (cf. L'Île noire, par exemple).

EDIT: Milou me fait toujours mourir de rire, avec ses remarques. Un peu comme l'écureuil Spip dans Spirou.

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Moi je vois l'image, mais comme dit Ronnie, ça c'est juste la version colorisée de l'édition noir et blanc, et non pas la version redessinée plus tardive.

Tiens, hé :

1946.jpg

Moi j'ai pu apprécier toute la différence, mes parents ont chez eux un fac-similé de la première édition en noir et blanc.

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Moi je vois l'image, mais comme dit Ronnie, ça c'est juste la version colorisée de l'édition noir et blanc, et non pas la version redessinée plus tardive.

Tiens, hé :

1946.jpg

Moi j'ai pu apprécier toute la différence, mes parents ont chez eux un fac-similé de la première édition en noir et blanc.

Intéressant à savoir, ils ont donc changé aussi le texte! Au passage, les albums de Tintin sont ressortis en petite taille. J'irai peut-être acheter Tintin au Congo tout à l'heure juste pour me remémorer tout ça.

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Moi j'ai pu apprécier toute la différence, mes parents ont chez eux un fac-similé de la première édition en noir et blanc.

Oui, au début des années 80, les aventures de Tintin première période ont été rééditées en fac-similé. Ce fut un moment d'émerveillement quand je découvris alors ces images en noir et blanc.

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En fait, c'est pas hergé qui est raciste et colonialiste, c'est Tintin. Je crois que l'auteur voulait un personnage qui incarnait un certain esprit rétrograde et arriéré avec une vision naïve de choses, mais c'est un desir qui s'est par la suite reporté sur les Dupond et Dupont, je crois, et par la suite, Tintin a pu évoluer.

Je vois pas trop de quoi en faire un drame dans cette bédé, j'ai lu Tintin au Congo quand j'avais 3 ans, et quand je suis allé à l'école maternelle l'année suivante, je ressentais absolument pas de racisme envers mes camarades noirs. C'est seulement quelques années après que mon père m'a dit que cette bédé était raciste, et ca m'a surpris d'ailleur. après, j'ai relu la bédé, et j'ai en effet vu quelques trucs qui prétaient à confusion, surtout dans la v.o, mais bon, pas de quoi en faire un plat.

Pour le truc des libraires qui déplacent cette bédé de rayon, c'et peut-être con, mais bon, il y a une polémique autour de ce bouquin, et ils agissent en fonction, d'autres agissent autrement, je vois rien de mal à cela.

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Je ne sais pas où tu es allé chercher ça.

Pas très loin. Sur le site officiel, tu peus lire quelque part que le personnage de Tintin est très modifiable et qu'il peut aussi bien être colonialiste dans un album que ne pas l'être dans les suivants. Hergé a dréssé dans Tintin au Congo une vision très naïve de l'Afrique qui était celle de Tintin mais qui aurait pu être celle des Dupond et Dupont,sans doute qu'Hergé souhaitait que l'existence de ce genre de personage perdure.

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Pas très loin. Sur le site officiel, tu peus lire quelque part que le personnage de Tintin est très modifiable et qu'il peut aussi bien être colonialiste dans un album que ne pas l'être dans les suivants. Hergé a dréssé dans Tintin au Congo une vision très naïve de l'Afrique qui était celle de Tintin mais qui aurait pu être celle des Dupond et Dupont,sans doute qu'Hergé souhaitait que l'existence de ce genre de personage perdure.

Tintin est un personnage passe-partout, assurément. Mais la vision de Hergé sur le Congo était fonction de la documentation dont il disposait. Il l'a souvent rappelé.

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OK, alors la vision naïve de l'Afrique présente dans Tintin au Congo correspondait à celle d'Hergé, et était donc partagée par son héros. Mais il est fort probable qu'il est regretté cela par la suite, et qu'il ait eu envie de faire de cette vision naïve une vision "à la Dupont-Dupond", afin de la ridiculiser. Quand on voit par exemple la façon dont les deux "detectives" s'habillent pour passer "incognito", cela montre bien que leur vision des choses est du même niveau que celle présente dans Tintin au Congo.

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