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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

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Invité rogermila

Pourquoi la Chine et la Russie s'opposent à des résolutions contre le régime syrien ?

Est-ce par solidarité entre régimes totalitaires ?

La Grande-Bretagne la France, l'Allemagne et le Portugal, soutenus par les États-Unis, veulent pousser à l'adoption d'une résolution condamnant la répression, qui pourrait être à nouveau débattue mardi.

La Russie et la Chine, deux des cinq membres permanents du Conseil, avaient déjà menacé d'opposer leur veto à un projet de résolution, soutenues par le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud.

http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/02/01003-20110802ARTFIG00244-syrie-l-armee-poursuit-la-repression-l-onu-tergiverse.php

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Pourquoi la Chine et la Russie s'opposent à des résolutions contre le régime syrien ?

Est-ce par solidarité entre régimes totalitaires ?

La Russie n'est pas un régime totalitaire, c'est encore une démocratie avec des libertés de moins en moins respectées comme chez nous.

Ca sert à quoi de condamner un régime par une résolution? Bachar el Asad s'en tape, et si sanctions économiques il y a elles frapperont d'abord les populations civiles (exactement comme en Irak de 91 à 2003), bref exactement l'inverse de ce qui est espéré, l'ONU tuera la révolte.

Si on veut soutenir un régime totalitaire, la meilleure façon de le faire c'est de voter une résolution des Nations Unies le condamnant. Donc non, la Grande-Bretagne et la France sont les alliés du régime syrien sans le savoir.

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La Russie n'est pas un régime totalitaire

Certes.

c'est encore une démocratie avec des libertés de moins en moins respectées comme chez nous.

… mais faut pas pousser.

La Russie est quand même vachement plus proche de l'Iran que de la France en terme de démocratie.

Tention, hein, à pas parler sans connaître. Là-bas on flingue encore les journalistes et on fout en taule les candidats de l'opposition. Je dis ça, je dis rien.

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… mais faut pas pousser.

La Russie est quand même vachement plus proche de l'Iran que de la France en terme de démocratie.

Euh non, franchement pas. La constitution est très proche de celle de la France dans le fonctionnement de l'exécutif et du législatif, avec un président élu et un premier ministre issu de la douma, et certe il y a un parti qui truste les 2/3 des sièges à la chambre basse mais l'UMP n'est pas très loin d'être dans le même cas à l'Assemblée nationale. Et je rappelle qu'il y a une opposition (le Parti communiste de la Fédération de Russie (51 sièges), Rodina (37 sièges), et le LDPR (37 sièges)), en Iran non.

Après, je ne dis pas que c'est un modèle de démocratie bien entendu, il y a aussi beaucoup de corruption, de clientélisme et de pensée unique dans les médias (tiens tiens tout comme en France), mais je trouve qu'on a trop tendance à garder les vieux réflexes au moment de présenter la Russie, certe les vieux réflexes ne disparaissent jamais complètement mais l'URSS c'est quand même le passé, la Russie de Poutine n'est pas encore une dictature.

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Je viens de lire cet article passionnant de Mediapart à propos du 14 janvier, date du départ de Ben Ali. Apparemment, c'est un colonel tout seul de refuser de tirer dans la foule, et qui a décidé de capturer la famille de Ben Ali avant qu'ils se barrent.

Arrêté le 14 janvier après la fuite de Ben Ali, Ali Seriati est jugé à Tunis aux côtés de 22 proches du couple Ben Ali appréhendés à l'aéroport, dans un procès dont les audiences doivent reprendre mercredi. Accusé entre autres de complot contre la sûreté intérieure de l'État, il est poursuivi pour complicité de tentative de sortie illégale de devises.Lors d'une conférence presse donnée ce lundi 8 août 2011 à Tunis, le colonel Samir Tarhouni, chef de la Brigade anti-terrorisme de la police nationale (BAT, équivalant de notre RAID), a livré sa version de la prise d'otage qui a conduit, le 14 janvier, au départ de Ben Ali. Elle contredit totalement celle d'Ali Seriati.

Selon les informations recueillies par Mediapart, ce n'est qu'après avoir appris que Belhassen Trabelsi, en fuite au Canada, aurait décidé de le faire assassiner, lui et sa famille, que le colonel a pris la décision d'organiser cette conférence de presse.

Dans son quartier général, le colonel Samir Tarhouni regroupe les trois officiers restants dans son bureau. Par talkie-walkie, ils entendent une alerte faisant état de groupes se rapprochant de l’aéroport Tunis Carthage. Le colonel décide alors d’appeler un ancien collègue détaché à l'aéroport, pour se faire confirmer cette information. Celui-ci la dément, mais lui

annonce que des membres de la famille Trabelsi et Ben Ali s’apprêtent à prendre des vacances en Europe. Le colonel lui ordonne de les arrêter. Son interlocuteur lui répond qu’il est dans l’incapacité de le faire, Ben Ali est encore président de la Tunisie. Le colonel se tourne vers ses officiers: « Le pays est à feu et à sang, les manifestants s’approchent de la caserne de Bouchoucha, des ordres ont été donnés à un de nos capitaines de tirer sur des civils devant le ministère de

l’intérieur, et pendant ce temps, ce chien de Ben Ali s’occupe d’envoyer sa famille en vacances. C’est le moment ou jamais, de faire ce que nous devons à notre pays: allons leur demander des comptes.» Sur les trois officiers, un seul accepte d’agir sans ordres et d’aller capturer les Trabelsi.

Après le départ de Ben Ali, en application de l'article 56 de la Constitution, le premier ministre Mohamed Ghannouchi appelle le colonel Samir Tarhouni et lui demande : «Qui souhaitezvous mettre à la tête de votre coup d'Etat, colonel?» «Personne, proteste Tarhouni. Je n'ai fait qu'appliquer mon devoir, d'après l'article 56 que vous venez de faire appliquer à la suite de votre intervention télévisée, c'est vous mon président.»

« En ce cas, relâchez la famille Trabelsi.»

«Avec tous les respects que je vous dois, ce groupe d'individus est la cause de tous nos malheurs, je ne les remettrais qu'à l'armée, et la télévision nationale en sera témoin.»

Il a du cran ce colonel quand même, provoquer un coup d'Etat à lui tout seul avec quelques collègues. :online2long:

L'article complet :

mediapart-14janv.pdf

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Invité rogermila

Il a du cran ce colonel quand même, provoquer un coup d'Etat à lui tout seul avec quelques collègues. :online2long:

A quoi sert un coup d'etat dans ce pays….. quand seulement la moitié des habitants se sont incrits sur les listes électorales ?

«Nous avons atteint voire dépassé les 3,7 millions d'inscrits, ce qui fait un taux de 52%», a déclaré M. Larbi Chouikha.

La barre des 50% d'inscrits est franchie «si on ne comptabilise pas les Tunisiens résidant à l'étranger», pour lesquels les statistiques n'étaient pas encore disponibles dimanche, a-t-il indiqué.

«Le corps électoral sur le territoire national est composé d'environ 7 millions d'électeurs», a-t-il précisé, le reste formant le nombre d'électeurs résidant à l'étranger (700.000 à 800.000 environ)

http://www.liberation.fr/monde/01012354191-un-tunisien-sur-deux-s-est-inscrit-sur-les-listes-electorales

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http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/08/21/97001-20110821FILWWW00219-kadhafi-pret-a-negocier-avec-les-rebelles.php

http://www.liberation.fr/depeches/01012355296-libye-les-rebelles-lancent-la-bataille-de-tripoli

Beaucoup de bruit et d'informations contradictoires mais il apparaît clairement que ça sent le sapin pour Khadafi.

Modifié par h16
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La Russie de 2011 est un régime autoritaire (moins que la Chine), mais pas totalitaire (Corée du Nord, Libye de Kaddafi) en effet. Il n'en reste pas moins que la Russie n'est pas une démocratie.

Euh non, franchement pas. La constitution est très proche de celle de la France dans le fonctionnement de l'exécutif et du législatif, avec un président élu et un premier ministre issu de la douma, et certe il y a un parti qui truste les 2/3 des sièges à la chambre basse mais l'UMP n'est pas très loin d'être dans le même cas à l'Assemblée nationale. Et je rappelle qu'il y a une opposition (le Parti communiste de la Fédération de Russie (51 sièges), Rodina (37 sièges), et le LDPR (37 sièges)), en Iran non.

Après, je ne dis pas que c'est un modèle de démocratie bien entendu, il y a aussi beaucoup de corruption, de clientélisme et de pensée unique dans les médias (tiens tiens tout comme en France), mais je trouve qu'on a trop tendance à garder les vieux réflexes au moment de présenter la Russie, certe les vieux réflexes ne disparaissent jamais complètement mais l'URSS c'est quand même le passé, la Russie de Poutine n'est pas encore une dictature.

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N'importe quoi

Democracy index 2010 (The Economist): 4.26 (#107), hybrid regime

Freedom in the world 2011 (Freedom House): political rights 6, civil liberties 5 (1 is best, 7 is worst), Not free

Index of economic freedom (The Heritage Foundation): 50.3 (#143), Mostly unfree

Worldwide press freedom index 2010 (RSF): 49.90 (#140)

Bien entendu, ces classements sont critiquables, mais pris ensemble ils reflètent une réalité: la Russie n'est pas un pays libre.

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Euh non, franchement pas. La constitution est très proche de celle de la France dans le fonctionnement de l'exécutif et du législatif, avec un président élu et un premier ministre issu de la douma, et certe il y a un parti qui truste les 2/3 des sièges à la chambre basse mais l'UMP n'est pas très loin d'être dans le même cas à l'Assemblée nationale. Et je rappelle qu'il y a une opposition (le Parti communiste de la Fédération de Russie (51 sièges), Rodina (37 sièges), et le LDPR (37 sièges)), en Iran non.

Super. En Egypte avant la fin du régime il y avait déjà une opposition au parlement aussi.

Après, je ne dis pas que c'est un modèle de démocratie bien entendu, il y a aussi beaucoup de corruption, de clientélisme et de pensée unique dans les médias (tiens tiens tout comme en France), mais je trouve qu'on a trop tendance à garder les vieux réflexes au moment de présenter la Russie, certe les vieux réflexes ne disparaissent jamais complètement mais l'URSS c'est quand même le passé, la Russie de Poutine n'est pas encore une dictature.

Non non non. Je ne parle pas de pensée unique ou de clientélisme, je parle de foutre en taule des politiciens ou hommes d'affaire concurrents, de faire descendre des journalistes, d'organiser des attentats chez les opposants, de faire empoisonner des dissidents… On n'en est pas encore là en France hein.

Dire qu'aujourd'hui la Russie est une démocratie comme la France c'est vraiment raconter n'importe quoi.

Democracy index 2010 (The Economist): 4.26 (#107), hybrid regime

Freedom in the world 2011 (Freedom House): political rights 6, civil liberties 5 (1 is best, 7 is worst), Not free

Index of economic freedom (The Heritage Foundation): 50.3 (#143), Mostly unfree

Worldwide press freedom index 2010 (RSF): 49.90 (#140)

Bien entendu, ces classements sont critiquables, mais pris ensemble ils reflètent une réalité: la Russie n'est pas un pays libre.

+1

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Invité rogermila

En Egypte, les islamistes parviennent à leur fin.

Dresser les manifestants contre les Israeliens.

Ce qui commence par la mise à sac de l'ambassade d'Israel.

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La manifestation devant l'ambassade d'Israel, a fait suite à un rassemblement de plusieurs milliers de personnes dans la journée sur la grande place Tahrir, dans un autre quartier du Caire, pour réclamer davantage de réformes et de démocratie, sept mois après la chute du président Hosni Moubarak

http://www.lefigaro.fr/international/2011/09/10/01003-20110910ARTFIG00414-l-ambassade-israelienne-du-caire-prise-pour-cible.php

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Je n'ai pas d'infos fiables sur la Lybie depuis le début du conflit civil, car je ne connais personne qui vit là-bas.

Par contre, pour l'Egype et la Tunisie, j'en ai.

Il y a eu, certes, une révolte populaire. Néanmoins, celle-ci n'a rien renversé du tout. C'est clairement l'armée qui a transféré le pouvoir des mains du dictateur vers celles de… elle-même, en fait, en attendant les élections.

Donc bon, les angélistes qui s'imaginent que ces pays sont "aux mains du peuple" et les pessimistes qui voient dans l'attaque de l'ambassade d'Israël au Caire la "preuve" que les islamistes (lesquels ? Al Qaïda, le Vevak, une improbable alliance ?) prennent la main peuvent aller sa rhabiller : pour l'instant, c'est l'armée qui tient ces deux pays, point barre. Alors si on s'oriente vers un nouveau régime, celui qui me vient à l'esprit, c'est le turc au mieux, l'algérien au pire.

L'armée disposera toujours de la force et il n'y aura de culture démocratique suffisante pour assurer sa neutralité politique que dans 10 ou 15 ans au plus tôt.

Je dis ça je dis rien. Qui vivra verra si j'avais raison ou tort.

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Libye : les problèmes ne font que commencer

Point de vue | Lemonde.fr | 08.09.11

par Eric Denécé, directeur centre français de recherche sur le renseignement (CF2R)

La Jamahiriyah a vécu. La Libye est débarrassée de la dictature imposée, depuis 1969, par Muammar Kadhafi à ses habitants. Nous nous en réjouissons car rien n'est plus légitime que l'aspiration des peuples à plus de liberté et de démocratie.

Cependant, l'euphorie de la victoire ne doit pas masquer la réalité de la situation : la guerre civile qui dure depuis six mois a profondément marqué le pays, accentuant les clivages internes ; et la perte de contrôle de Tripoli sur son territoire, aussi bien que le pillage des ses arsenaux, ont favorisé le développement de menaces (séparatisme, terrorisme, criminalité) qui vont accroître durablement la déstabilisation du pays, mais aussi de la région.

Surtout, il convient de rappeler quelques réalités qu'occultent politiques et médias des pays ayant soutenu les insurgés : le basculement du rapport de forces s'est produit d'extrême justesse pendant l'été ; ce n'est pas une victoire du peuple libyen mais celle des puissances belligérantes dirigées par l'OTAN ; et le Conseil national de transition (CNT) est une structure hétérogène et fragile, qui semble incapable de gérer, seul, l'avenir du pays.

Alors que pendant cinq mois, la lutte contre le régime libyen avait piétiné, basculement de la situation s'est produit au cours de l'été, accélérant l'évolution des événements.

En premier lieu, l'offensive diplomatique en faveur du CNT a franchi un pas avec la reconnaissance par la Turquie des insurgés libyens (4 juillet), suivie quelques jours plus tard par celle d'une trentaine de pays à l'occasion de la réunion du Groupe de contact à Istanbul. Parallèlement, un changement de position de la Russie est également intervenu.

Mais c'est surtout le meurtre du général Abdel Fatah Younès (28 juillet), qui a été l'événement déterminant. L'ancien ministre de l'intérieur de Kadhafi a été très vraisemblablement assassiné par les éléments les plus radicaux de la branche armée du CNT, qui lui reprochaient son manque d'efficacité. Le Conseil national de transition a été alors à deux doigts d'imploser, la tribu des Obeidi - à laquelle appartenait le général - demandant réparation. Seule une pression extrêmement forte des sponsors étrangers du CNT a permis de sauver la situation. Les Etats occidentaux et les pays du Golfe ont exigé le limogeage du "gouvernement" provisoire (8 août) et ont pris en main la direction des opérations, ce qui a accéléré l'issue du conflit. Ainsi, le renversement du régime est la victoire de l'OTAN, et non celle des insurgés.

Depuis le début de l'insurrection contre le colonel Kadhafi, malgré l'importante aide occidentale dont ils ont bénéficié, les insurgés libyens ont fait preuve d'une totale inefficacité militaire, alors même que l'armée libyenne n'a jamais été réputée pour ses qualités.

Leurs forces, en grande partie constituées de milices civiles mal entraînées, de volontaires inexpérimentés et d'anciens militaires libyens, n'ont montré ni sens tactique ni cohésion. Les éléments les plus combatifs ont été les membres du Groupe islamiste combattant libyen (GICL) – la branche locale d'Al-Qaïda - passés par les camps d'Afghanistan, ayant déjà combattu les forces de Kadhafi et les Américains en Irak. Mais, sans le soutien occidental, il y a longtemps que les insurgés auraient été anéantis.

Aussi, il est illusoire de croire qu'ils aient pu, seuls, parvenir à renverser le régime de Tripoli en moins de trois semaines, après l'assassinat de leur commandant en chef. Ce succès n'a pu être obtenu que grâce à une intensification des opérations de renseignement, de ciblage et de bombardement de l'OTAN et grâce à l'appui logistique, l'encadrement et aux actions directes des unités spéciales occidentales et des pays du Golfe.

Dès le début des opérations aériennes, des équipes de la CIA ont été déployées en Libye, sur ordre du président Obama, pour appuyer les insurgés et contribuer à leur effort de guerre. Puis, à la demande de Washington, le Royaume-Uni a rapidement dépêché ses forces spéciales auprès des insurgés, afin d'épauler sur le terrain l'action de la CIA.

La France a également envoyé quelques officiers de liaison auprès du CNT, ainsi que des membres du service Action de la DGSE pour instruire et assister les insurgés. Afin de ne pas demeurer en reste, l'Italie, l'Egypte, le Qatar et les Emirats arabes unis ont aussi envoyé plusieurs conseillers militaires auprès de la rébellion.

Ces hommes, qui relèvent, selon les pays des forces spéciales, des services secrets ou de sociétés militaires privées, ont également formé et encadré des Libyens résidant à l'étranger, avant de les infiltrer sur le théâtre des opérations, via l'Egypte, la Tunisie ou en les débarquant sur les côtes de Tripolitaine. Depuis début août, ils les ont dirigés et accompagnés au combat. Sans cet engagement important des forces de la coalition anti-Kadhafi, jamais le CNT n'aurait pu remporter la victoire.

Il convient également de noter que les Libyens de l'ouest n'ont pas participé aux combats. Les tribus du Fezzan et de Tripolitaine n'ont rien fait pour défendre Kadhafi - comme l'illustre le départ de l'ex n°2 du régime, Abdessallam Jalloud, retiré de la politique depuis les années la fin des années 1980, et chef d'une importante tribu - mais elles ne se sont pas pour autant engagées aux côtés des insurgés, en très grande majorité originaires de l'est du pays ou de l'étranger. La rébellion, comme le CNT lui-même, sont donc peu représentatifs du peuple libyen.

Le CNT n'est qu'une coalition d'éléments disparates aux intérêts divergents, dont l'unique point commun est leur opposition déterminée au régime de Tripoli. Les véritables démocrates n'y sont qu'une minorité, et doivent cohabiter avec d'anciens proches du colonel Kadhafi, des partisans d'un retour de la monarchie sénoussie et des djihadistes liés à Al-Qaïda (GICL).

De plus, le CNT n'est pas représentatif du peuple libyen – les tribus de l'ouest et du centre en sont quasiment absentes - et reste dominé par les hommes de Cyrénaïque. Par ailleurs, il est opaque puisque seuls les noms de 13 de ses 31 membres ont été rendus publics.

Plus inquiétant, l'Article 1 de sa Charte nationale transitoire - tenant lieu de projet de constitution - stipule : "La Libye est un Etat indépendant, souverain et unifié, non divisé. C'est un Etat démocratique, décentralisé, le peuple est la source du pouvoir. Sa religion est l'islam et les principes de la shariah islamique sont la source de ses lois".

Ainsi, le CNT est peu homogène, peu représentatif, une partie de ses représentants dissimulent leur identité et son orientation islamiste est à peine voilée. Il n'offre aucune garantie pour l'avenir, malgré les efforts des démocrates, car les autres factions entendent bien orienter le conseil dans le sens de leurs objectifs.

Le CNT n'a pas les moyens de tenir le pays, déstructuré par six mois de guerre, la libre circulation des armes et l'exacerbation des haines internes. Tout laisse craindre que les règlements de comptes (personnels, tribaux, régionaux, etc.) vont se multiplier et entrainer des rétorsions, car la Libye fonctionne largement sur le principe clanique. Les divergences entre les faction du CNT vont s'accroître tant pour des raisons conjoncturelles (ils ne sont plus unis contre l'ennemi commun) que pour l'orientation et le contrôle du pouvoir. Cette situation explosive n'est pas sans rappeler le contexte somalien des années 1990.

Les deux principaux risques qui guettent le pays sont : la partition entre l'est et l'ouest ; et l'installation durable d'un foyer terroriste djihadiste, en Cyrénaïque, sous l'impulsion d'un GICL qui ressort renforcé des événements récents et dont les liens avec Al-Qaïda ne se sont jamais distendus. Ce que les islamistes n'ont pu faire en Algérie, ils pourraient le réussir en Libye. Les conséquences en seraient alors catastrophiques pour la région sahélo-saharienne.

D'ores et déjà, grâce au pillage des arsenaux libyens, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) s'est doté de missiles antiaériens et va accroître la menace qu'il représente pour les États de la région.

Eric Denécé est aussi le co-auteur du rapport "Libye, un avenir incertain. Rapport de mission d'évaluation auprès des belligérants libyens", Paris, mai 2011.

vendredi 26 août 2011

Quel avenir désormais pour la Libye ?

Communiqué de Bernard Lugan, 26 août 2011

Première remarque : personne ne regrettera le « guide satrape » libyen, ni les attentats qu’il commandita pas plus les provocations devant lesquelles cédèrent avec faiblesse tant de responsables politiques mondiaux. Pour autant, la chasse à l’homme, « mort ou vif », lancée contre lui et ses fils, prime à l’appui, par certains de ceux qui, hier encore, rampaient à ses pieds est insupportable autant que nauséabonde. Elle en dit long sur l’ « ancrage » éthique des futurs responsables libyens…

Cette mise au point étant faite, venons-en aux considérations politiques. Le CNT (Conseil national de Transition) qui a fini par l’emporter grâce à l’Otan étant un volapuk idéologique, l’avenir de la Libye paraît bien sombre. En effet :

- Il s’est agi au départ du mouvement d’une dissidence régionaliste arabo-musulmane née en Cyrénaïque, donc à l’est du pays, renforcée d’une manière opportuniste et tout à fait artificielle par le soulèvement de la minorité berbère vivant dans le djebel Nefusa, à cheval sur la frontière tunisienne, donc à l’ouest. A la différence de la Tunisie et de l’Egypte, rien n’est parti de la capitale, mais de deux régions excentrées.

- L’épicentre de la « révolution » fut la région de Benghazi qui avait des comptes à régler avec le régime depuis la féroce répression d’un précédent soulèvement islamiste. Cette Cyrénaïque dissidente à l’époque ottomane, rebelle durant l’Impero italien et insoumise depuis les années 1990, présente plusieurs originalités : elle est le fief des partisans de l’ancienne monarchie islamo-senoussiste, le phénomène jihadiste y est fortement ancré et la contestation y a reçu le renfort des mafias locales dont les ressources étaient coupées depuis plusieurs mois à la suite de l’accord italo-libyen concernant la lutte contre les filières de l’immigration africaine clandestine.

- Toujours à la différence de la Tunisie et de l’Egypte, et cela a constamment été caché à l’opinion française afin de ne pas écorner l’image « positive » des insurgés, ce soulèvement fut extrêmement violent. Il fut en effet, dans certaines villes tombées aux mains des rebelles, accompagné de la mise à mort d’une manière cruelle et rappelant les méthodes des islamistes algériens, des partisans du régime et parfois même des membres de leurs familles.

- Ce fut donc dans une atroce guerre civile que la France s’immisça pour des raisons officiellement éthiques. Sans son intervention, le colonel Kadhafi aurait repris le contrôle de la situation.

A la date du vendredi 26 août, l’avenir de la Libye est pour le moins incertain. Le CNT qui a annoncé qu’il allait quitter Benghazi pour venir s’installer à Tripoli demande des sommes astronomiques à la « communauté internationale » pour reconstruire le pays prospère qu’il vient de détruire. Pour mémoire, avant les « évènements », la Libye était le pays d’Afrique le plus développé et le chômage des jeunes qui fut un des leviers des évènements tunisiens y était inexistant.

Politiquement, la tâche qui attend ce mystérieux CNT est immense. Reconnu par la France comme « le seul représentant légitime des populations libyennes » le 10 mars 2011, soit à peine 5 jours après qu’il se fut lui-même pompeusement auto proclamé « seul représentant du Peuple libyen », il s’agit d’un mélange instable et explosif rassemblant des monarchistes senoussistes, des républicains laïcs, des islamistes jihadistes, des islamistes modernistes, des démocrates, des fédéralistes berbères et d’anciens responsables du régime ayant fait défection au gré de leurs intérêts fluctuants.

Sa première tâche va être de prendre en compte les véritables rapports de force existant en son sein. Ensuite, il va lui falloir, et cela très rapidement, tenter de trouver une solution constitutionnelle permettant de concilier les constantes tribales, régionales et religieuses avec la définition d’un véritable Etat libyen.

Comment s’organisera la Libye de demain ? Là est en effet toute la question. La Tripolitaine et la Cyrénaïque se combattront-elles, partageront-elles le pouvoir ou bien l’une l’emportera t-elle sur l’autre ? Comment va réagir la minorité berbère quand elle constatera qu’elle aura une fois de plus été flouée ?

Avant de se lancer dans cette guerre les autorités françaises ont-elles pris en compte l’hypothèse de l’apparition de guerres tribales et claniques, comme en Somalie ? Ont-elles bien évalué le risque islamiste, éventualité qui ouvrirait un espace inespéré pour Aqmi qui prospère déjà plus au sud dans la région du Sahel ?

Vaincre dans une guerre aérienne et électronique sophistiquée un dictateur usé et anachronique dont l’état-major était incapable de coordonner la moindre action militaire interarmes et dont les blindés à bout de souffle manoeuvraient quasiment au fanion, presque comme en 1916, est une chose. Gérer une situation géopolitique instable née de cette guerre va en être une autre…

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Par contre, pour l'Egype et la Tunisie, j'en ai.

Il y a eu, certes, une révolte populaire. Néanmoins, celle-ci n'a rien renversé du tout. C'est clairement l'armée qui a transféré le pouvoir des mains du dictateur vers celles de… elle-même, en fait, en attendant les élections.

[..]L'armée disposera toujours de la force et il n'y aura de culture démocratique suffisante pour assurer sa neutralité politique que dans 10 ou 15 ans au plus tôt.

Je dis ça je dis rien. Qui vivra verra si j'avais raison ou tort.

En Tunisie, l'armée? :online2long:

Concernant le post de free jazz :

- Eric Dénécé, interviewé par Riposte Laïque : http://ripostelaique.com/Eric-Denece-les-grandes.html Crédibilité du personnage désormais négative, obsédé qu'il est par les muslims

- Bernard Lugan, spécialiste de l'Afrique Noire, a oublié que sa zone de spécialité est séparée de la Libye par le Sahara. Qui plus est, j'ai traduit pour Contrepoints un article, il y a 6 mois, qui explique bien mieux les choses que lui.

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Lugan est tout de même loin d'être un parfait rigolo.

Prenons quelque chose de vérifiable immédiatement :

Pour mémoire, avant les « évènements », la Libye était le pays d’Afrique le plus développé et le chômage des jeunes qui fut un des leviers des évènements tunisiens y était inexistant.

D'après le CIA World Factbook, le chômage dans le pays est de 30%. J'en déduis donc, d'après les informations de M.Lugan, que 100% des moins de 25 a du boulot, et que le chomage des plus de 25 ans doit donc être supérieur à 50%.

:jesaispo:

Quand à Eric Dénecé :

Aussi, il est illusoire de croire qu'ils aient pu, seuls, parvenir à renverser le régime de Tripoli en moins de trois semaines, après l'assassinat de leur commandant en chef. Ce succès n'a pu être obtenu que grâce à une intensification des opérations de renseignement, de ciblage et de bombardement de l'OTAN et grâce à l'appui logistique, l'encadrement et aux actions directes des unités spéciales occidentales et des pays du Golfe.

Comment inventer un homme de paille pour mieux le combattre. M.Dénecé a l'impression que les français, même les plus informés, ne savent pas que l'Etat français mène des opérations militaires en Libye. Genre avec des navions, et compagnie, et cela a eu un effet négligeable hein, l'armée française a touché "2 500 cibles militaires, dont 850 sites logistiques, 170 centres de commandement, 480 chars, 250 véhicules et 160 pièces d'artillerie".

:jesaispo:

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Prenons quelque chose de vérifiable immédiatement :

D'après le CIA World Factbook, le chômage dans le pays est de 30%. J'en déduis donc, d'après les informations de M.Lugan, que 100% des moins de 25 a du boulot, et que le chomage des plus de 25 ans doit donc être supérieur à 50%.

:jesaispo:

Mon dieu mais alors c'est vrai tout ce qu'il dit est complètementidio c'est vrai.

Allons.

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En Tunisie, l'armée? :online2long:

Et oui. C'est bien l'armée qui en Tunisie a tendu un piège à Ben Ali, fait des annonces télévisées, désarmé la police, établi un gouvernement de transition, arrêté les anciens membres du régime, etc.

Je suis étonné que tu ne le saches pas. Ceci dit, il est vrai que je ne suis pas au courant, moi, de la politique intérieure polonaise.

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- Bernard Lugan, spécialiste de l'Afrique Noire, a oublié que sa zone de spécialité est séparée de la Libye par le Sahara.

:huh:

Mon dieu mais alors c'est vrai tout ce qu'il dit est complètementidio c'est vrai.

Allons.

En 18 novembre 2008, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui avait rencontré Mouammar Kadhafi, conclut : « les entretiens que nous avons eu ont témoigné de notre unité de vues sur les réalisations de la Libye et sur les principaux défis auxquels elle est confrontée. Les réformes ambitieuses des dernières années ont produit une croissance forte (…) Le défi principal est de maintenir le rythme des réformes en cours visant entre autres à réduire la taille de l'État. »[1]

Le 15 février 2011, un rapport du FMI, résumé par son directeur, loue la bonne gestion par le colonel Kadhafi, l'encourage à « continuer d'améliorer l'économie », mentionnant son « ambitieux agenda de réformes »[2].

http://www.imf.org/e…2011/pn1123.htm

L'extrême instabilité politique qui règne dans le pays, l'effondrement de la production pétrolière et le gel des avoirs extérieurs de la Libye à la suite des sanctions des Nations Unies ont mis fin à une croissance économique relativement élevée au cours des dernières années (10% en 2010). Grâce à la hausse du prix du pétrole et à la richesse de ses réserves, les exportations d’hydrocarbures avaient permis à l’économie libyenne de progresser rapidement (le secteur pétrolier représentant 30% du PIB). La levée des sanctions commerciales par les Etats-Unis et l’Union Européenne avait également permis une forte augmentation de la croissance libyenne et une amélioration du niveau de vie de la population. Le pays est ainsi devenu l'un des Etats les plus riches d'Afrique avec un PIB/hab de l'ordre de 10.000 USD.

La croissance du secteur non pétrolier s'est poursuivie (7.5% du PIB) grâce à la politique menée par le gouvernement qui, suivant les conseils du FMI et dans l'optique d'une adhésion à l'OMC, a encouragé la libéralisation de l’économie et la privatisation partielle du secteur public. Le gouvernement a, grâce aux revenus du secteur pétrolier, pu entreprendre un vaste plan d'investissements publics dans les infrastructures (télécommunications, routes, ports, santé…). Les autorités ont également encouragé le développement du secteur privé afin de créer de l'emploi et baisser les subventions.

http://www.planet-ex…exte-economique

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Et oui. C'est bien l'armée qui en Tunisie a tendu un piège à Ben Ali, fait des annonces télévisées, désarmé la police, établi un gouvernement de transition, arrêté les anciens membres du régime, etc.

Le problème avec ce terme "l'armée", c'est que cela ne dit rien de ce que tu entends par là? Tu parles du général Ali Seriati peut-être? Cela veut dire quoi concrètement?

Je suis étonné que tu ne le saches pas. Ceci dit, il est vrai que je ne suis pas au courant, moi, de la politique intérieure polonaise.

:rolleyes: Si tu veux des éléments précis sur ta propre opinion, que je t'aide à développer, lis ceci : http://www.liberaux.org/topic/46938-revolution-au-moyen-orient/page__view__findpost__p__746264

Tu vas comprendre ce que signifie "l'armée a tendu un piège à Ben Ali". En fait c'est un colonel. Pas l'armée.

Mon dieu mais alors c'est vrai tout ce qu'il dit est complètementidio c'est vrai.

Allons.

:online2long: C'est un des points clés de sa conclusion. Mais bon c'est pas grave hein. Après tout il paraît que Sarkozy est libéral, tous les politologues français le disent, ça doit sûrement être vrai.

:huh:

Merci d'apporter de l'eau à mon moulin, il ne connaît pas la situation contemporaine de la Libye ou de la Tunisie. Il s'agit de deux pays différents de l'Egypte et du Maroc.

Et il ne suffit pas d'écrire un livre pour se décréter spécialiste, surtout au vu des âneries que profère Lugan. Sinon, à ce compte-là, Thierry Meyssan est un spécialiste de géopolitique, Susan George d'économie, etc.

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