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Cortalus

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Tout ce qui a été posté par Cortalus

  1. Je suis bien d'accord pour dire que les facteurs du vote Trump ou FN sont bien plus larges que la seule question de l'immigration. Une typologie urbaine/rurale du vote me semble cependant un mauvais argument pour soutenir cette position. Le cosmopolitisme d'une grande ville peut en effet dissimuler une homogénéité voire une ségrégation au niveau des quartiers beaucoup plus importante que dans la ruralité. Le cosmopolitisme de la grande ville est une statistique, pas un vécu. Parce que le milliardaire autochtone ne vit pas dans la même réalité que l'immigré clandestin, même s'ils habitent la même ville. Parce que certains habitants issus de l'immigration ne quittent jamais leur quartier à très forte homogénéité culturelle (en particulier quand il s'agit des femmes). Parce qu'à l'autre bout du spectre, un milieu de CSP+ urbanisées extrêmement divers en termes de nationalité peut être tout ce qu'il y a de plus homogène (pour ne pas dire conformiste) en matière de pratiques culturelles et d'idéologies (Bruxelles, au hasard ?). Alors qu'il vit dans un milieu a priori plus homogène, un rural peut a contrario ressentir la mixité de manière très forte. Par exemple, à cause du ressentiment issu de son histoire résidentielle (le cas du ménage modeste qui se résigne à vivre à la campagne car il est exclu financièrement des quartiers bobos et qu'il se sent culturellement exclu des quartiers de logement social), ou à cause de la carte scolaire (l'élève rural qui se retrouve dans le lycée de la ville que fuient tous les enfants des CSP+ urbanisés), ou encore à cause des transports en communs (un espace de condensation des tensions partagé par les habitants des espaces périphériques, semi-urbains et banlieusards, beaucoup moins par les résidents de l'hyper-centre). En bref, les gens votent en fonction de leur vécu, pas des statistiques, surtout quand elles sont aussi peu signifiantes que le nombre de nationalités présentes dans un territoire défini non pas par l'existence de véritables dynamiques d'échanges socio-culturels, mais par des bornes administratives arbitraires. De ce point de vue, la posture consistant à relever que l'on vote plus FN dans la campagne alors qu'elle connaîtrait moins la diversité me semble un poncif politiquement correct qui a contribué en France à stériliser la réflexion dans des domaines comme la géographie et la démographie.
  2. On pourrait ajouter dans l'équation des risques non liés à une coercition : risque de destruction de la monnaie physique dans le cas d'un incendie ou d'une catastrophe naturelle contre risque de faillite de la banque... L'Etat fausse l'arbitrage entre ces risques de toutes les manières possibles : consécration de l'aléa moral par la pratique politique contemporaine, expansion des dispositions réglementaires qui imposent d'avoir un compte en banque et limitent l'emploi de la monnaie physique, interventions via la CDC pour attirer l'épargne dans le système bancaire avec des placements liquides sur-rémunérés par rapport au marché (LEP, Livret A...). En pratique, l'arbitrage entre monnaie physique et monnaie déposée sur un compte est de moins en moins le résultat d'un processus de marché. Peut-être faudrait-il remonter à l'histoire économique de la Renaissance pour se faire une idée de ce que donne un arbitrage libre entre monnaie physique et compte bancaire. On remarquerait certainement alors que la banque est avant tout à l'origine un prestataire de service pour les voyageurs, marchands et autres aventuriers des débuts de la mondialisation. Concrètement, le compte en banque est privilégié par ceux qui veulent se prémunir contre le risque de se faire dévaliser sur la route. En parallèle, l'activité de crédit se développe avec l'essor des entrepreneurs-navigateurs qui ont besoin de capitaux pour leurs expéditions océaniques. Bref, dans un contexte de marché libre, le développement de la banque est surtout lié au phénomène du déplacement. Mon intuition est donc que les opérateurs économiques les moins itinérants sont les plus susceptibles, toutes choses étant égales par ailleurs, de pondérer leurs risques en conservant davantage de monnaie physique.
  3. Tu n'as pas daigné exposer quelles sont les "fantaisies syntaxiques" qui caractérisent selon toi les extraits cités. En m'en tenant à une heuristique simple, j'imagine donc qu'il est vain d'espérer plus d'argumentation cette fois.
  4. La première fois que j'ai lu "agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen" je n'ai rien compris. Je me suis un peu accroché et je me réjouis aujourd'hui de ne pas avoir rejeté d'emblée l'impératif catégorique au seul motif que son énoncé est quand même vachement mal foutu quand on n'est pas habitué au langage philosophique. À l'inverse, il y a des âneries qui s'énoncent très facilement, du genre "il n'y a qu'à prendre l'argent là où il est". Même si tu es le meilleur pédagogue du monde, habité par les mânes de Bastiat et de Rothbard, tu réfutation ne rivalisera jamais en simplicité avec cette fausse évidence. Avec ton heuristique, tous les sophismes économiques bénéficient d'une présomption de validité. Et je pense que c'est valable dans bien d'autres domaines que l'économie.
  5. Ce droit de sécession ne vaut que pour les Etats. L'intérêt théorique du principe de subsidiarité, si l'on va au bout du raisonnement, est de créer une présomption de légitimité pour le niveau d'organisation le moins centralisé. C'est l'embryon d'un véritable droit de sécession qui pourrait être revendiqué sur une ou plusieurs compétences par n'importe quelle collectivité, voire un individu dans l'absolu. C'est au fond une idée assez révolutionnaire, qui menace l'organisation administrative des Etats (surtout pour un pays comme la France). Le principe de subsidiarité, c'est un grain de sable catallactique dans la machinerie bureaucratique. Evidemment, il a donc été dévoyé.
  6. C'est un gros débat là. Le multiplicateur bancaire est-il une création monétaire ? Si oui, cette création est-elle plus légitime que celle de la banque centrale ? C'est passionnant, mais cela m'étonnerait sérieusement que la primaire de la BAP éclaire le débat politique par des échanges stimulants sur ces controverses.
  7. Bien d'accord. S'il y a un truc à sauver dans l'UE, c'est le principe de subsidiarité. Certes, on est loin d'un droit de sécession, mais c'est ce qui se rapproche le plus d'une bonne inspiration constitutionnelle dans le droit communautaire.
  8. Le "pourtant" est de trop. Quand bien même la diversité serait plus forte en ville (un énoncé qui suppose un travail de définition — qu'est-ce que la ville, qu'est-ce que la campagne, comment traite-t-on les espaces intermédiaires — et qui est peut se révéler trompeur à cause d'effets d'échelle : par exemple, la diversité peut être très forte au niveau d'un ensemble urbain, mais avec une diversité intra-quartier inférieure à celle de la campagne environnante), ce n'est pas en contradiction avec mes observations.
  9. Je me permets d'ajouter mon petit grain de sel : La mixité, ça peut éventuellement marcher dans un habitat épars. Mixité + promiscuité due par exemple à l'habitat collectif, c'est l'échec assuré. Il y a une relation directe entre la tolérance et l'écartement physique par rapport aux voisins. Plus les gens vivent dans un habitat dense, moins ils tolèrent les modes de vie différents. La similarité des modes de vie limite mécaniquement le désagrément de la proximité. Il n'y a rien de raciste là-dedans, c'est une réalité physique, psychologique, sociale, anthropologique. L'invocation irénique de la mixité dans le secteur de l'habitat social fournit des exemples éclairants des méfaits du constructivisme. On ajoute tout simplement aux malheurs du monde. Qu'on se rappelle les observations de Levi-Strauss dans Tristes tropiques...
  10. Je ne sais pas ce que tu appelles une fantaisie syntaxique. Pour moi, il s'agit d'une figure de style comme l'anacoluthe ou le zeugma, c'est-à-dire d'une rupture syntaxique, fautive en principe, dont le but est de produire un effet esthétique ou un raccourci frappant. Je n'ai peut-être pas fait attention, mais je n'en ai repéré aucune dans les textes cités. Quand aux mots trop longs, là encore, je ne sais pas trop de quoi tu parles. Bien sûr, il y a des termes comme "socio-révolutionnaire" ou "politico-constitutionnel", mais ce sont en réalité des mots composés et je ne vois pas en quoi ils compliquent la lecture. S'il y a un obstacle à la compréhension, il n'est pas dans la syntaxe ou la longueur des mots, mais plutôt dans l'empan. Et encore, je trouve que la longueur des phrases passe bien grâce à une ponctuation qui ne rechigne pas à l'usage du point-virgule ou du tiret pour compartimenter et hiérarchiser le discours. En somme, je pense que s'il y a des reproches à faire, la construction syntaxique et la longueur des mots n'en font objectivement pas partie. Fondamentalement, je trouve dommage de disqualifier un penseur parce qu'il n'est pas également un styliste, surtout dans une oeuvre qui n'a aucune ambition en matière de vulgarisation et qui sera lue très majoritairement par des universitaires. De la poudre aux yeux, c'est Lacan ou Vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique (le canular de Sokal). À mon sens, ce n'est pas le registre de Sloterdijk, qui fournit un travail réellement passionnant et extrêmement original par rapport à la production philosophique moyenne de notre époque.
  11. Si je peux me permettre ce pinaillage, je ne vois pas beaucoup de mots "trop longs" et certainement pas de "fantaisies syntaxiques" chez Sloterdijk. Mais je suis bien d'accord qu'entre la densité du contenu et la complexité de la forme, c'est une écriture qui impose une lecture "active". Le fait d'avoir internet pour vérifier à la volée une référence ou une étymologie est vraiment une bénédiction quand je me lance à l'assaut d'un ouvrage de Sloterdijk. Mais j'y prends beaucoup de plaisir. J'adore découvrir des mots que je ne connaissais pas, abandonner l'idée de tout comprendre d'un commentaire sur l'essai jamais traduit d'un idéaliste allemand, relire trois fois un passage pour soudain découvrir un fil conducteur qui m'avait manqué... Dans ce tableau, les fioritures et les métaphores inattendues m'apparaissent plutôt comme des petits moments de légèreté qui permettent de relâcher la tension au terme d'un développement. Et puis si on ne lisait que les textes à la langue limpide, on aurait oublié tout un pan de la philosophie allemande, ne serait-ce que Kant. Kant, p...n.
  12. J'ai cependant l'impression que ces spécificités s'effacent progressivement, du fait de la dégradation globale des conditions dans le public. Dans mon coin, quand j'étais gamin, le privé accueillait effectivement beaucoup d'élèves exclus du public pour des questions de comportement. La réputation était mauvaise. En l'espace d'une génération, c'est-à-dire le temps qu'il m'a fallu pour passer d'enfant d'âge scolaire à père de famille, la situation a incroyablement évolué. Pour l'anecdote, ma mère militait dans les années 80 au sein d'une association de parents d'élèves laïcs. Il aurait été absolument hors de question que je sois scolarisé dans le privé. Trente ans plus tard, elle me dit qu'il serait totalement inconscient que l'on mette ses petits-enfants dans le public.
  13. Ah ouais quand même... Du coup, l'alternative au monopole local, si on ne veut pas aller dans le privé, c'est un internat dans un établissement lointain.
  14. Dans le public, la carte scolaire peut être contournée en prenant des options "exotiques", par exemple en langues vivantes (chinois) ou mortes (grec ancien). De mon point de vue provincial, l'avantage majeur de l'enseignement privé est l'existence d'une structure managériale, ce qui permet d'avoir un véritable projet d'établissement. Le directeur d'un établissement privé a une réelle autorité. Il recrute les professeurs, donne des directives, peut récompenser ou punir, etc. Cela se ressent très concrètement, ne serait-ce que par la possibilité d'un dialogue constructif entre parents et équipe pédagogique. J'imagine que pour les profs, cela doit également être un plus d'avoir un chef qui a réellement des responsabilités et qui peut s'engager. Bref, plus que la question des programmes (l'autonomie étant toute relative dans le privé) ou la composante culturelle (enseignement religieux), c'est la culture "entrepreneuriale" qui fait la spécificité du privé.
  15. J'ai été également très déçu par les réflexions sur le bitcoin des invités de Nicolas Doze. Certes, les autorités peuvent interdire le bitcoin du jour au lendemain. Mais ne peuvent-elles pas en faire autant de l'or ? Les précédents ne manquent pas : aux Etats-Unis en 1933, en Inde aujourd'hui. Que des prétendus experts en économie et marchés financiers ne fasse pas le lien entre la traque de l'or en Inde et l'augmentation de la demande de bitcoin est quand même surprenant.
  16. J'ai pensé au thread en sélectionnant mes citations, j'avoue. Ma préférée dans le style est celle sur la "torsion de l’ordonnancement de la légitimation culturelle". Le truc, c'est que c'est probablement beaucoup plus synthétique en allemand. Traduire les philosophes germains dans la langue de Camus, c'est loin d'être évident...
  17. Il y a certainement des points communs stylistiques, des filiations et des cousinages, mais classer Sloterdijk dans les post-modernes serait un peu réducteur... Dans Après nous le déluge, le post-modernisme philosophique, au sens grosso modo de l'attitude "déconstructive", est précisément l'un des objets étudiés par l'auteur. La question du dernier homme et du surhomme est bien entendu aussi abordée par Sloterdijk. Difficile de ne pas parler de Nietzsche dans un essai sur la question de la transmission et de sa rupture. Ce sont surtout les pages de la Généalogie de la morale et celles moins connues de Aurore qu'ils me semblent intéressant de connaître pour apprécier la lecture qu'en fait Sloterdijk dans Après nous le déluge. Je précise que le terme "bâtard" est souvent employé dans l'ouvrage, sans aucun jugement de valeur. Ce n'est pas pour un effet de style ou pour provoquer. La question du bâtardisme est tout simplement essentielle pour comprendre la dynamique des mécanismes de transmission généalogique dans l'histoire des sociétés occidentales. Sloterdijk l'aborde sous tous les angles, que cela soit à travers l'analyse des successions féodales ou des motifs narratifs chez Shakespeare. Par ailleurs, quand Sloterdijk parle de l'égalité et de son lien avec la générosité, il faut se rappeler ce qu'il a écrit dans Repenser l'impôt (cf. https://www.contrepoints.org/2012/03/24/74481-peter-sloterdijk-contre-la-fiscocratie-ou-repenser-limpot). L'éthique démocratique du don n'est pas de sa part un vain jeu de mot sophiste mais une véritable thèse qu'il défend. Ce n'est donc pas trop par là que je critiquerais l'auteur. Il y a du fond derrière, qu'il a développé dans un ouvrage antérieur. Dans les passages que j'ai cités, celui qui me paraît le plus faible est celui sur les prévisions de durabilité. Si j'avais l'occasion d'interroger Sloterdijk, j'aimerais poliment "attaquer" de ce côté parce que ça manque de développement à mon avis.
  18. Peter Sloterdijk, Après nous le déluge : les Temps modernes comme expérience antigénéalogique, 2016 Encore un essai magistral de Peter Sloterdijk. Si vous ne connaissez pas cet auteur, soyez prévenus : ses ouvrages sont denses et exigeants. Mais à ce prix, vous faites un voyage historique, philosophique et anthropologique hors du commun. L'une des caractéristiques de l'oeuvre de Sloterdijk est son approche "psycho-dynamique" de l'histoire. Dans Colère et temps (2007), il posait par exemple les bases d'une histoire de la colère, émotion énergétique et expansive par excellence, dont les modalités de contrôle et d'exploitation sont au cœur des mécaniques politico-religieuses, de l'antiquité à nos jours. Dans Après nous le déluge, on retrouve cette vision de l'histoire comme une variante de la thermodynamique, au sens de science de l'équilibre énergétique des systèmes complexes. Peter Sloterdijk nous parle dans cet ouvrage du hiatus, l'abîme qui s'est creusé dans l'histoire entre les pères et les fils, la fin de la transmission. Comment sommes nous passés de société traditionnelles, dont la continuité intergénérationnelle était une exigence absolue, à la rupture de tous les liens, à la négation des racines, à la déconstruction et à l'auto-génération érigées comme nouveaux mythes fondateurs ? On parlera bien sûr de la révolution française, de la Terreur et des horreurs soviétiques, mais aussi du mouvement Dada, de la disparition de l'étalon-or et de la fuite en avant keynésienne. On remontera aux sources et on (re)découvrira Socrate et Jésus comme des révolutionnaires qui portent le fer et le feu dans les familles. On relira Hamlet et le Roi Lear comme des drames de la succession. On réécoutera le Rienzi de Wagner en pensant aux destins parallèles de l'aventurier romain et du Führer. Si comme moi vous n'êtes pas agrégé de philo, vous serez probablement un peu perdu dans les références à Hegel, Fichte, Richter ou Kierkegaard. Ça ne m'a pas empêché d'apprécier le voyage. Voici quelques extraits, pour vous faire envie (ou vous dégoûter). En tout cas je pense que le style de Sloterdijk, qui relève à mon avis d'une esthétique alambiquée de la causticité, ne vous laissera pas indifférents :
  19. J'ai regardé The People V. O.J. Simpson. Saisissant. Je suis friand de séries judiciaires, mais là ça va bien au-delà du drame procédural. C'est une étude de cas anthropologique et sociologique aux conclusions glaçantes. Je pense que Balzac aurait adoré.
  20. Bonne année ! Tous mes vœux de justice et de liberté !
  21. Juppé... La réalité, invariablement, a refusé de prendre la forme de son délire. Ne pouvant être roi, il se drape dans la toge du héros tragique, victime d'un destin cruel. Sur la scène d'une bouffonnerie grotesque, le barbon pathétique se met à nous déclamer du Racine. Le spectateur hésite, gêné. Faut-il rire ou détourner pudiquement le regard ?
  22. Je n'ai pas accès à l'article complet, donc je ne sais pas trop qui raconte des bêtises entre Macron et le journaliste (probablement les deux). Quoi qu'il en soit, il existe déjà un texte qui impose un délai de paiement maximum de 30 jours pour l'Etat, les collectivités, leurs groupements et leurs établissements publics (décret n° 2013-269 du 29 mars 2013 relatif à la lutte contre les retards de paiement dans les contrats de la commande publique).
  23. Cortalus

    n' & t et m&m's

    Quoiqu'il en soit, le passé surcomposé est en effet très laid. C'est une curiosité qui peut néanmoins servir à certains effets de style...
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