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Théorie des cycles autrichienne


Messages recommandés

Je souhaiterais me familiariser plus en profondeur avec la théorie des cycles de l'Ecole autrichienne. Quelqu'un a des lectures (en anglais) à me recommander ?

Tant qu'à y être, est-ce que vous auriez aussi des ouvrages à me conseiller pour mieux comprendre le droit naturel (toujours en anglais si possible) ?

Merci !

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C'est marrant comme il faut en lire des trucs pour comprendre quelque chose qui est censé être naturel

Oui, l'étude de la nature est un dévoilement, une investigation qui demande de laisser là ce qui la masque, à savoir les conventions humaines. Si j'ai le temps, je posterai un texte de Strauss sur ce paradoxe apparent.

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Nicolas Aznor, de nos jours on utiliserait plutôt "émergent" que "naturel". A l'époque c'était le vocabulaire adapté, on le garde par tradition. "Naturel" accolé à "Droit" ne veut pas dire que le droit est naturel comme peut l'être la gravité.

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C'est marrant comme il faut en lire des trucs pour comprendre quelque chose qui est censé être naturel

Argument tout à fait pertinent, d'ailleurs la physique n'existe pas.

"Naturel" accolé à "Droit" ne veut pas dire que le droit est naturel comme pourrait l'être la gravité.

Le Droit non. Le Droit naturel, si.

Outre l'émergence qui se fait plus ou moins au pif (quoique, l'expérience finit par jouer), il y a aussi un processus de sélection qui est non darwinien dans le sens où il tend vers quelque chose, et ce vers quoi il tend, c'est le DN. Ce processus est déterminé par la loi naturelle (en gros, ce qui fait qu'une norme facilite ou non la survie et la prospérité d'une société).

D'ailleurs, je dis "darwinien" ou "non darwinien" parce que c'est l'illustration la plus connue, mais je ne sais pas si il y a une terminologie adaptée pour qualifier les différents types d'évolution.

Si il n'y a pas déjà de recherches là dessus, il faut en faire parce que c'est vraiment un problème transversal. Par exemple, en épistémologie, le fait que l'évolution des théories se fasse selon un processus darwinien ou pas détermine l'existence d'un progrès scientifique et d'une réalité objective vers laquelle tendre.

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Oui, l'étude de la nature est un dévoilement, une investigation qui demande de laisser là ce qui la masque, à savoir les conventions humaines. Si j'ai le temps, je posterai un texte de Strauss sur ce paradoxe apparent.

Mon sentiment résumé de façon beaucoup plus élégante que je n'aurais pu le faire. Merci pour la lecture !

Nicolas Aznor, de nos jours on utiliserait plutôt "émergent" que "naturel". A l'époque c'était le vocabulaire adapté, on le garde par tradition. "Naturel" accolé à "Droit" ne veut pas dire que le droit est naturel comme pourrait l'est la gravité.

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Le Droit non. Le Droit naturel, si.

Outre l'émergence qui se fait plus ou moins au pif (quoique, l'expérience finit par jouer), il y a aussi un processus de sélection qui est non darwinien dans le sens où il tend vers quelque chose, et ce vers quoi il tend, c'est le DN. Ce processus est déterminé par la loi naturelle (en gros, ce qui fait qu'une norme facilite ou non la survie et la prospérité d'une société).

Je ne comprends pas l'opposition entre émergence et sélection. La phrase suivante ne me semble pas incorrecte : "c'est la sélection qui fait émerger…"

Sinon Droit naturel je commence à appréhender le concept, Loi naturelle j'ai encore du mal. (sauf si "Loi naturelle" ça veut dire "les interactions sont plus paisibles et plus durables lorsqu'on ne fait pas peser une menace sur quelqu'un." auquel cas j'ai du mal à comprendre le mot "Loi" ici.)

D'ailleurs, je dis "darwinien" ou "non darwinien" parce que c'est l'illustration la plus connue, mais je ne sais pas si il y a une terminologie adaptée pour qualifier les différents types d'évolution.

Si il n'y a pas déjà de recherches là dessus, il faut en faire parce que c'est vraiment un problème transversal. Par exemple, en épistémologie, le fait que l'évolution des théories se fasse selon un processus darwinien ou pas détermine l'existence d'un progrès scientifique et d'une réalité objective vers laquelle tendre.

Il me semble qu'il y a l'évolution façon Lamarck, c'est à dire plutôt finaliste, et l'évolution façon Darwin, affectée par les contingences. Je suis preneur d'un vocabulaire unifié également.

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Je ne comprends pas l'opposition entre émergence et sélection.

Par exemple, dans l'évolution des espèces, il y a deux types de mécanismes : l'apparition de nouveaux caractères et la sélection naturelle. Je faisais la même dichotomie mais j'utilisais "émergence" dans le sens courant de "apparition", ce qui dans le cadre de la conversation pouvait effectivement prêter à confusion.

Sinon Droit naturel je commence à appréhender le concept, Loi naturelle j'ai encore du mal. (sauf si "Loi naturelle" ça veut dire "les interactions sont plus paisibles et plus durables lorsqu'on ne fait pas peser une menace sur quelqu'un." auquel cas j'ai du mal à comprendre le mot "Loi" ici.)

Je vais essayer d'être plus clair mais je ne promet rien.

Si on envisage les modifications qui interviennent dans un Droit positif donné comme un processus évolutif, le DN est ce vers quoi tend ce processus, et la loi naturelle est l'ensemble des mécanismes qui font y tendre. Si une société est moins prospère quand elle ne respecte pas le DN, c'est à cause de la loi naturelle.

Pour le coup, je trouve le terme "loi" bien adapté. Si on fait un parallèle avec la physique (en supposant que l'évolution de la science est non darwinienne), les lois de la physique sont la loi naturelle et la réalité objective est le DN.

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On peut essayer de voler en sautant d'une falaise (et plus la falaise est haute, plus ça durera longtemps et plus on aura de chance de se rattraper de justesse). Bien sûr c'est plus compliqué que ça, mais c'est l'idée.

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Je souhaiterais me familiariser plus en profondeur avec la théorie des cycles de l'Ecole autrichienne. Quelqu'un a des lectures (en anglais) à me recommander ?

Compilation d'articles plus ou moins introductifs (celui de Rothbard est très introductif) ici.

Récap et critique "intra-autrichienne" ici.

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Argument tout à fait pertinent, d'ailleurs la physique n'existe pas.

Sauf que la physique, pour la comprendre, il suffit d'observer les phénomènes naturels et de faire des expériences.

Le droit naturel, pour le comprendre, il faut lire des bouquins. Parce que quand dans l'anthropologie il y a des civilisations qui ne se conforment pas à votre idée du droit naturel, vous dîtes que ça n'a rien à voir, que ce sont des exceptions, des sociétés criminelles, etc…

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Sauf que la physique, pour la comprendre, il suffit d'observer les phénomènes naturels et de faire des expériences.

Ca doit être un peu plus compliqué que ça justement, il a fallu quelques milliers d'années pour comprendre que la terre est ronde.

Le droit naturel, pour le comprendre, il faut lire des bouquins. Parce que quand dans l'anthropologie il y a des civilisations qui ne se conforment pas à votre idée du droit naturel, vous dîtes que ça n'a rien à voir, que ce sont des exceptions, des sociétés criminelles, etc…

Et alors, des civilisations qui n'ont toujours pas compris que la terre est ronde, il y a en aussi beaucoup.

La méthode expérimentale marche pour la physique, pas pour tous les domaines de la connaissance, en particulier beaucoup de domaines que tu utilises sans aucun doute tous les jours ne serait-ce que pour avoir une vie sociale normale.

Si ton propos est de dire que certaines sciences humaines, juridiques ne s'appuient pas sur la terminologie et la méthode expérimentale de la physique, c'est brillant. Mais ce n'est pas une découverte.

Modifié par Dan
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C'est marrant comme il faut en lire des trucs pour comprendre quelque chose qui est censé être naturel
Sauf que la physique, pour la comprendre, il suffit d'observer les phénomènes naturels et de faire des expériences.

Je vais finir par croire que les sciences naturelles sont vraiment la pire plaie qui puisse contaminer une réflexion philosophique… Un Descartes, un Pascal ou un Leibniz ne peuvent plus exister de nos jours. :angry: Alors, on fait un effort et on ouvre un dictionnaire (Dictionnaire de l'Académie française, 9ème édition) :

NATURE

XII e siècle. Emprunté du latin natura , de même sens, lui-même dérivé de nasci , « naître ».

★ I. Ce qui, dans la réalité, apparaît comme donné, comme indépendant de la volonté ou de l'action humaines.

☆ 1. L'ensemble des êtres et des choses ; le monde en tant qu'il est ordonné et régi par des lois. (-> ça, c'est la nature qu'étudie la physique) On ne saurait trouver, dans toute la nature, d'être semblable à celui-ci. Pénétrer les secrets de la nature. Les mystères de la nature. L'étude de la nature. • Loc. et expr. Lire dans le grand livre de la nature. Une force de la nature , un être doué d'une vigueur exceptionnelle. • Se dit, par une sorte de personnification, de la puissance, de la force active qui a établi cet ordre. La nature ne fait rien en vain. Les caprices de la nature. Une erreur de la nature. La nature en a décidé autrement. Laisser agir la nature. En apposition, avec une majuscule. La mère Nature. Dame Nature. • Cette force, considérée comme ce qui donne à l'homme une connaissance innée du bien et du mal. Loi de nature ou loi naturelle , voir Loi. La nature nous donne les premières notions du juste et de l'injuste. Le cri, la voix de la nature. Un sentiment, un vice contre nature , contraire à une morale tenue pour universelle. à propos des affections fondées sur les liens du sang. Le parricide semble un crime contre nature.

☆ 2. Le monde physique avec ses aspects divers, mers, montagnes, bois, champs, rivières, par opposition aux villes. Les spectacles, les beautés de la nature. La nature étale ici toute sa magnificence. Le sentiment de la nature. Vivre dans la nature, au milieu de la nature, en pleine nature. Spécialt. La faune et la flore. La nature s'endort en hiver. L'éveil de la nature. • Expr. fam. S'évanouir dans la nature , disparaître subitement et mystérieusement. Il se cache quelque part dans la nature , dans un lieu inconnu.

☆ 3. Ce qu'on peut observer dans la vie réelle, par opposition à ce que produit l'art. S'inspirer de la nature. Cet auteur, ce comédien s'éloigne, s'écarte de la nature. Se dit particulièrement de l'être, de la chose que l'artiste cherche à reproduire. Dessiner, peindre, modeler d'après nature. Un paysage fait d'après nature. Une statue, un tableau grandeur nature , voir Grandeur. Figures plus grandes, plus petites que nature , qui ont des proportions plus grandes, plus petites que le modèle. • Par méton. Une nature morte, des natures mortes , voir Mort II. Expr. C'est plus beau que nature , se dit de ce qui imite la réalité à s'y méprendre ou, fig. et iron., d'une action, d'une parole qui dépasse ce qu'on voit, ce qu'on entend ordinairement.

☆ 4. Ce qui a été laissé dans son état originel, n'a pas été modifié. L'anthropologie moderne oppose nature et culture. • RELIG. état de l'homme qui n'a pas reçu la grâce. La nature corrompue. La nature déchue et rétablie par Jésus-Christ. • PHIL. L'état de nature, de pure nature , l'état de l'homme tel qu'on le suppose antérieurement à toute civilisation. Jean-Jacques Rousseau imagine un état de nature où l'homme aurait été parfaitement heureux et bon. L'état de nature s'oppose à l'état de société.

☆ 5. Adjt. inv. En parlant d'un aliment auquel on n'a ajouté aucun ingrédient, aucun assaisonnement. Riz nature . Yaourt nature . Thé nature , servi sans citron ni lait.

☆ 6. Loc. Payer en nature , avec les productions du sol, et non en espèces. Il y a des rentes, des fermages qui sont payables en nature. Par ext. Se dit d'une rémunération qui intervient sous la forme de biens ou de services divers. Percevoir des avantages en nature. Une gratification en nature. Iron. et fam. Payer, se payer en nature , accorder ses faveurs, ou exiger celles d'autrui.

★ II. Ce qui constitue en propre un être, une chose.

☆ 1. L'essence d'un être, d'une chose, avec les attributs qui lui sont propres. Nature divine, angélique, humaine. (-> c'est comme ça qu'il faut comprendre "naturel" dans "droit naturel") L'union des deux natures en Jésus-Christ. Il est dans la nature de l'homme de penser. • Par ext. L'organisation particulière de chaque être animé, sa constitution, le principe de vie qui l'anime et le soutient. Cet animal obéit à sa nature, suit l'instinct de sa nature. • Titres célèbres : De la nature des dieux , traité de Cicéron (45-44 av. J.-C.) ; De la nature des choses , traité de Lucrèce (i er siècle av. J.-C.).

☆ 2. Ensemble des caractères qui définissent une réalité. La nature d'un terrain, d'un sol. Par affaibl. Sorte, espèce. Des objets de même nature. Des biens, des marchandises de toute nature (dans cette expression, le mot est toujours au singulier). • Loc. De nature à , propre à, qui permet de. Cette réponse est de nature à contenter tout le monde . • Expr. être dans la nature des choses , arriver, se produire de manière inévitable.

☆ 3. Spécialt. Ce que chaque individu tient de sa complexion, de son tempérament, par opposition à ce qu'il doit à l'éducation, à la coutume. être de nature bilieuse, sanguine, lymphatique . Améliorer, corriger sa nature. • En parlant des dispositions du caractère. Une nature sombre, fière. Avoir une belle, une bonne nature. • Fam. C'est une nature ! Quelle nature ! se dit d'une personne qui a beaucoup de vigueur ou qui fait montre d'une très forte personnalité. Une petite nature , une personne de constitution fragile, de peu de force physique ou morale. • Loc. De nature, de sa nature, par nature , par tempérament, par une disposition innée. • Expr . Ce n'est pas dans sa nature , ce n'est pas dans ses habitudes ou ce n'est pas quelque chose qu'il ferait spontanément. Forcer sa nature , agir de manière contraire à ses dispositions ou vouloir faire plus qu'on ne peut. Expr. proverbiale. L'habitude est une seconde nature.

Le DN est donc fondé sur la nature humaine. Maintenant, il y a des nuances selon les théoriciens.

1) Le DN classique part du constat que l'homme est un animal politique et se fonde ainsi sur la loi naturelle observable dans les relations entre les hommes.

2) Le DN moderne est subjectif (là encore, la polysémie du mot ne doit pas induire en erreur : subjectif signifie ici relatif au sujet) et considère que la nature humaine est discernable en observant l'individu isolé.

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Sauf que la physique, pour la comprendre, il suffit d'observer les phénomènes naturels et de faire des expériences.

Le droit naturel, pour le comprendre, il faut lire des bouquins. Parce que quand dans l'anthropologie il y a des civilisations qui ne se conforment pas à votre idée du droit naturel, vous dîtes que ça n'a rien à voir, que ce sont des exceptions, des sociétés criminelles, etc…

Le droit naturel, c'est celui qu'adoptent 99% des sociétés qui parviennent à survivre et à durer dans le temps. Il y a peut-être eu des exceptions, des sociétés criminelles etc… mais à l'heure actuelle, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles n'ont pas réussi à imposer leur modèle.

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0 si le droit naturel correspond au code juridique libertarien. Mais le droit n'est pas automatiquement respecté sans quoi sa violation serait impossible et parler de droit n'aurait pas de sens. C'est donc un test absurde de la validité de l'idée de DN. Ce qui est vrai par contre c'est que si le raisonnement sous-jacent aux doctrines type DN est correct, alors moins le DN est respecté, moins la société en question va pouvoir perdurer sur le long terme.

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Merci à tous pour les recommandations sur les lectures. J'ai pas mal de choses à lire, mais j'essaierai de faire toutes ces lectures pour celles que je ne connais pas (j'avais déjà lu l'explication de la crise par Daniel Tourre). Je connais assez bien la théorie des cycles, mais j'aimerais tout simplement renforcer ma connaissance des détails et affiner un peu le tout. Pour les droits naturels, pareil, je suis guidé par mes lectures et mon intuition, mais je voudrais simplement en apprendre plus pour structurer mon argumentation face aux personnes qui veulent en savoir plus sur le libéralisme (et c'est aussi pour moi que je le fais, bien sûr).

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Le droit naturel, c'est celui qu'adoptent 99% des sociétés qui parviennent à survivre et à durer dans le temps. Il y a peut-être eu des exceptions, des sociétés criminelles etc… mais à l'heure actuelle, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles n'ont pas réussi à imposer leur modèle.

Pardon, mais notre société ça fait combien de temps qu'elle existe ? En gros depuis les révolutions américaines et françaises. Soit en gros deux cent ans. Et pendant cette période, des dizaines de guerres, dont deux mondiales. Woaw, quel succès!

Avant, plusieurs millénaires de civilisations pratiquant par exemple l'esclavage.

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Pardon, mais notre société ça fait combien de temps qu'elle existe ? En gros depuis les révolutions américaines et françaises.

C'est bien gentil les mythes républicains mais non. Surtout pas au niveau juridique d'ailleurs.

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Pardon, mais notre société ça fait combien de temps qu'elle existe ? En gros depuis les révolutions américaines et françaises. Soit en gros deux cent ans. Et pendant cette période, des dizaines de guerres, dont deux mondiales. Woaw, quel succès!

Avant, plusieurs millénaires de civilisations pratiquant par exemple l'esclavage.

Le droit n'est pas la loi au sens de la physique, et les contraintes ou les commandements qu'il contient ne s'exécutent pas d'eux-mêmes. Interdire la guerre d'agression, comme par exemple le fait le droit international public contemporain, ne l'élimine pas par la simple déclaration de son existence. Juger et condamner les crimes ne signifie pas les éliminer définitivement de la surface du globe, mais ouvre une autre question, celle de l'effectuation du droit (et donc du rapport entre droit, droits ou lois naturel et droit positif, qui est absent de la discussion, et qui est pourtant le pendant du droit naturel).

Le problème de l'expression "droit naturel", c'est que comme toute expression appartenant au vocabulaire politique européen, il a une multitude de significations concurrentes qui nécessite qu'on en éclaircisse un peu le sens.

Le droit naturel que je connais bien est celui inspiré par la tradition socratique et platonicienne, qui se distingue assez nettement des théories des "droits naturels" ou de la "loi naturelle" modernes. Pour un Platon ou un Aristote, il s'agit avant tout d'une question portant sur la nature du meilleur régime politique, qui vient immédiatement après la réponse donnée à une autre question, elle de philosophie, portant sur la vie bonne.

Ainsi, il faut comprendre "droit" au sens de "régime droit" (par opposition à régime dévié, quel est le régime droit pour la vie droite ?), et il est naturel parce qu'il repose sur une question qui se pose aux hommes parce qu'ils sont hommes : étant donné que notre temps est compté en ce bas monde, et que l'expérience de la mort dépasse les civilisations et les cultures particulières, comment devons-nous vivre, et au regard de la façon dont nous devons vivre, quelle est la meilleure façon de vivre avec nos contemporains ? En général, nous répondons en pratique à cette question : nous vivons sans trop nous poser de questions, en nous contenant de nous justifier pendant les 5 minutes de lucidité que nous avons par jour.

La question du droit naturel n'a de sens que pour l'homme qui se sait homme (et pas simplement partie d'une horde, simple continuateur d'une tradition immémoriale etc), et qui peut juger les choses en nature (c'est-à-dire sans le secours de la tradition, des coutumes immémoriales ou des Dieux de la Cité). L'homme est au sein du bios l'animal qui parle et qui raisonne (logos), et qui donc adopte une conduite particulière : une conduite intelligente (au moins potentiellement, mais remarquons que pour Aristote, plus cette potentialité s'actualise, plus l'homme est homme).

En d'autres termes, pour qu'apparaisse la question du droit naturel, il faut la philosophie (définie largement comme la culture consciente de la raison), mais il faut aussi que cette philosophie soit politique. C'est là qu'intervient Socrate, puis Platon, Aristote, Xénophon, etc. Socrate, en s'interrogeant sur les conditions d'apparition de la philosophie, a constaté que la société précède la philosophie, et donc que l'opinion précède la connaissance : je réponds ainsi à la question de la nature cachée du droit naturel. Selon la philosophie politique classique, l'enquête sur la nature de la justice (ici entendue sur son identité conceptuelle indépendamment de ses manifestations empiriques) part des opinions sur ce qu'est le droit et la justice pour ensuite remonter dialectiquement vers la connaissance du droit et de la justice.

Si le droit naturel est une question, par contre, il ne donne pas de réponse. Ou plutôt, l'histoire de la philosophie présente les différentes réponses apportées par les philosophes par delà les siècles, et parmi ces réponses, des libéraux ont estimé que comme ce n'est pas au politique de s'occuper de la vertu de ses concitoyens, le meilleur régime consistait encore en le laissant libre de ses mouvements, et en garantissant cette liberté par un corpus de droits opposables. Mais ce n'est pas la seule réponse possible, puisque cette dernière varie en fonction de ce que nous croyons vrai sur la vie bonne. Les classiques eux privilégiaient la vertu, et l'exercice de la raison sur celle de la volonté, ce qui s'est traduit institutionnellement par l'élaboration de la théorie du régime mixte : le meilleur régime est le composé idéal des trois régimes idéaux politiques possibles (monarchie, aristocratie, démocratie), c'est à dire le plus capable d'élever l'homme à sa nature raisonnable.

Je note en conclusion provisoire que l'un des principaux théoriciens du droit naturel a aussi beaucoup parlé de l'esclavage puisqu'il s'agit d'Aristote (c'est le livre I de la Politique). Pour aller vite, le droit naturel implique pour Aristote une réponse en termes de vertus propres à l'homme libre, celui capable de commander et d'obéir à un commandement qui s'adresse à sa raison avant de s'adresser aux parties les plus basses de son âme (la partie végétative et celle "passionnelle"). Plus on est raisonnable, plus on est homme, plus on peut répondre aux impératifs du droit naturel. Par contre, plus on a l'âme servile, c'est-à-dire plus on est esclave des parties basses de son âme (la partie passionnelle ou pire encore, celle nutritive), moins on est homme et moins on peut répondre au message du droit naturel. Un esclave par nature, c'est quelqu'un qui "n'a pas de volonté propre", qui n'agira qu'à la menace du bâton ou à l'attrait de la carotte. C'est d'ailleurs pour cette raison, que de manière assez lucide, Aristote (mais aussi Platon) fait du droit positif un composé, qui s'adresse à toutes les parties de l'âme humaine. La loi s'adresse à la raison des hommes, mais aussi à ses passions : elle explique, ordonne souvent, mais condamne sans discussion pour ceux incapables de se conformer à ses prescriptions. Les Lois de Platon est en partie consacrée à la question, tout comme la République. Il va sans dire qu'au sens d'Aristote, la plupart de nos contemporains ont l'âme servile, puisque nous travaillons pour vivre. Nous sommes donc esclave de la partie la plus basse de notre âme, soit la partie nutritive.

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En d'autres termes, pour qu'apparaisse la question du droit naturel, il faut la philosophie (définie largement comme la culture consciente de la raison), mais il faut aussi que cette philosophie soit politique. C'est là qu'intervient Socrate, puis Platon, Aristote, Xénophon, etc. Socrate, en s'interrogeant sur les conditions d'apparition de la philosophie, a constaté que la société précède la philosophie, et donc que l'opinion précède la connaissance : je réponds ainsi à la question de la nature cachée du droit naturel. Selon la philosophie politique classique, l'enquête sur la nature de la justice (ici entendue sur son identité conceptuelle indépendamment de ses manifestations empiriques) part des opinions sur ce qu'est le droit et la justice pour ensuite remonter dialectiquement vers la connaissance du droit et de la justice.

Il est important d'insister sur la nature cachée du droit naturel. Pour Platon la philo-sophie se niche dans intervalle entre le monde sensible rattaché à l'opinion et le monde des idées apanage du bien, du beau et du juste. Nous sommes certes condamnés à rester dans la caverne, mais l'amoureux de la connaissance (de la vérité) se laisse guider par Eros, et préserve ainsi l'exigence - conforme à la nature humaine - d'une quête perpétuelle vers le fondement divin de notre existence (la thème du mystère de l'existence est prégnant chez Voegelin par exemple).

Pour Aristote, le droit (le juste n'est qu'une partie de la morale) réifie pleinement la nature contingente (relatif au hasard) du monde sublunaire. Il nous faut rechercher les traces d'une empreinte éternelle (l'homme doit "s'immortaliser" par l'exercice de la vertu) en comprenant les fins de notre nature. Ces fins sont communes aux hommes (objectives, transcendantes) mais toujours relatives au contexte social : il y a une matrice commune mais le droit naturel doit varier (d'ailleurs il n'y a pas, bien entendu, de dichotomie entre le droit naturel et le droit positif dans la pensée aristotélicienne) car le feu brûle de la même façon en Perse et en Grèce, mais le droit est toujours changeant (Ethique à Nicomaque). Cela ne signifie pas que le droit est fruit de la convention mais qu'il est - en tant qu'art - par nature changeant, bien que dans des situation sociales comparables nous pouvons (et devons) -par méthode expérimentale - dégager des principes communs (on pense au décalogue et aux loi noahides par exemple).

Dans nos grande sociétés (par opposition aux cités grecques) la jurisprudence se doit d'occuper une place centrale (pas exclusive) dans la découverte du juste, puisque le marché - en tant qu'institution autonome ou auto-produite par excellence - à pris une place décisive au point de déborder la compétence du législateur (précisément en lui enlevant une compétence en matière de justice distributive récupérée par l'ordre catallactique). Cet ordre spontané répond à une exigence de stabilité qui finalement repose sur l'autorité de la tradition juridique (une prudence de l'autorité et non pas une prudence de l'action législative). C'est le conservatisme dynamique de Hayek.

Cependant, et Léo Strauss le précise au début de son Droit naturel et histoire, la philosophie commence lorsque l'esprit humain passe les traditions au crible des lumières critiques de la raison a-historique. L'autorité se distingue de la dialectique de la persuasion (H. Arendt en touche quelques mots dans La crise de la culture) mais les deux sont à cultiver précieusement. Face au pouvoir coagulateur la raison seule tend à embraser le rationalisme, alors que l'autorité seule conduira inévitablement au rationalisme et au nihilisme (ou plutôt rationalisme comme réponse au nihilisme) si celle-ci vient un jour à s'estomper.

Il y a bien des règles communes entre différentes civilisations et cela sans accord textuel entre les différents pays. De même, à l'échelle locale, un citoyen a conscience que l'on respecte le droit (c'est-à-dire que l'on agit conformément au droit) lorsque le contenu matériel de la norme est respecté et non pas lorsque que l'on se soumet à une sanction. Par exemple : je respecte le droit lorsque je m'abstiens de voler et non pas lorsque je vole mais qu'ensuite j'accepte la sanction pénale. Le pouvoir ne fait pas le droit, et les théories conventionnalistes ne peuvent pas évincer la recherche du juste. On y revient toujours, comme un éternel retour.

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Même si j'ai l'impression de l'avoir déjà fait, je prendrai un jour la peine de répondre à tout ce baratin. Pour l'instant je me contenterai de dire que je ne suis évidemment pas convaincu, que l'existence d'une faculté à juger ses actes et à rechercher la vertu ne montre pas l'existence d'une vertu, d'une justice unique et transcendante. Que pour Attila la grandeur d'un homme se mesurait aux nombres des maisons qu'il a brulées, que pour mon boucher tout ça n'a aucun sens, et que pour un croyant la justice c'est un concept divin, pas rationnel, etc.

Je vous demanderais aussi quels sont les résultats, in fine, de votre droit naturel? Par ce que moi quand j'observe l'histoire et l'anthropologie, je vois bien peu de règles universelles qui émergent. J'en oublie peut-être mais en gros: ne pas forniquer avec sa mère, et ne pas manger son caca.

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