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L'Afrique, bonne hôtesse


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Il y a 2 heures, L'affreux a dit :

Une tentative de coup d'état en cours ce matin au Bénin. 

 

J'espère que ta famille va bien !

  • 4 weeks later...
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Donald Trump et les « frappes de Noël » sur le Nigeria

 

Citation

Mais c’est la géographie de ces frappes qui étonne le plus les observateurs : les bombardements n’ont pas visé les positions bien connues de l’État islamique en Afrique de l’Ouest, situées dans l’État de Borno (nord-est du pays, dans la région du lac Tchad) mais se sont concentrés sur l’État de Sokoto (nord-ouest), soit à l’autre extrémité de la frontière septentrionale du Nigeria.
 

La Maison Blanche prétendant avoir touché des cibles appartenant à l’État islamique, nous pouvons en déduire que ces frappes ont certainement visé un groupe djihadiste récemment implanté dans la région appelé Lakurawa. Pour autant, contrairement à ce que Trump suggère, ce groupe ne constitue pas une menace pour la survie des chrétiens dans la région, puisqu’il ne regrouperait qu’environ 200 combattants, chiffre dérisoire si on le compare aux forces de l’État islamique en Afrique de l’Ouest ou de Boko Haram (plusieurs milliers de combattants) ou au nombre colossal de « bandits », ces groupes criminels qui s’attaquent aux communautés rurales du nord-ouest afin de s’enrichir via le pillage et les rançons.
 

Ce sont donc d’abord ces « bandits » qui frappent les minorités chrétiennes de Sokoto et sont à l’origine d’opérations spectaculaires — comme récemment l’enlèvement massif de fidèles le 19 novembre dernier dans une église pentecôtiste dans la ville d’Eruku — afin de capturer et de rançonner les populations rassemblées lors des messes. Dès lors, les chrétiens du Nigeria sont-ils réellement menacés avant tout par l’État islamique, comme l’affirme la Maison Blanche ? Et si tel est le cas, l’intervention américaine pourrait-elle les protéger sur le long terme ?
 

Il est incontestable que le sort des chrétiens dans les États du nord est préoccupant. Depuis 2009, on estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre de victimes chrétiennes dans les 12 États septentrionaux, où ils constituent environ 10 % de la population totale. Dans la région du lac Tchad, les chrétiens sont parfois pris pour cible lors d’attaques terroristes organisées par Boko Haram comme celle de Chibok en avril 2014, quand 276 lycéennes, la plupart chrétiennes, avaient été enlevées.
 

Néanmoins la fréquence des attaques contre les civils chrétiens décline dans la région, notamment depuis 2021, année de la reprise de contrôle de Boko Haram par l’État islamique en Afrique de l’Ouest, qui élimina alors le chef de l’organisation, Aboubakar Shekau. Partisan d’un djihad brutal qui se nourrit de razzias menées à l’encontre des « Koufars » (les non-musulmans) et des « apostats » (les musulmans qui refusent la tutelle de Boko Haram), Shekau avait été destitué par l’EI en 2016 au profit d’Abou Mousab Al-Barnaoui, le fils du fondateur de Boko Haram, qui fut alors nommé wali, c’est-à-dire gouverneur, dans la région du lac Tchad.
 

Les dirigeants de l’EI reprochaient à Shekau la violence extrême de ses méthodes et son incapacité à abandonner le pillage systématique des populations civiles pour se muer en une force de gouvernement capable de gérer des territoires et d’y prélever l’impôt. Soucieux de perpétuer la razzia contre les civils, Shekau a donc créé sa propre faction, le Groupe sunnite pour la prédication et le djihad ou JAS, l’ancien nom du groupe Boko Haram, ce qui a incité l’EI à l’éliminer en 2021.

Le lac Tchad constitue donc un nouveau laboratoire où l’EI essaie de dépasser sa matrice prédatrice et criminelle en limitant l’influence de ses membres les plus extrémistes comme Shekau et en freinant les persécutions contre les civils afin de pérenniser son califat.
 

Dans ce contexte, les frappes décidées par Trump, qui prétendent viser l’État islamique, sont un peu à contre-courant des évolutions récentes du groupe dans la région : les principales attaques de 2024/2025 sont davantage revendiquées par la mouvance de Shekau (dirigée après 2021 par son successeur Ibrahim Mamadou Bakoura, dont la mort a été annoncée plusieurs fois sans qu’on puisse en être entièrement certains), que par l’État islamique en Afrique de l’Ouest, qui tente de ne pas complètement perdre le soutien des populations locales.
 

L’EI a, semble-t-il, tiré les enseignements de ses échecs au Levant, où il s’est vu supplanter par des djihadistes plus pragmatiques, qui refusent la persécution systématique des civils s’éloignant de l’orthodoxie sunnite.
 

Si la fréquence des opérations revendiquées par l’EI diminue, qu’est-ce qui explique la persistance des attaques dont les chrétiens sont victimes, notamment dans ce qu’on appelle la Middle Belt, ces États à l’interface entre la partie musulmane et la partie chrétienne du pays ?
 

Plus que la religion, c’est la question foncière qui semble être l’enjeu fondamental des affrontements inter-religieux, dans ces territoires où, comme dans l’État de Plateau, les éleveurs nomades musulmans peuls se disputent les terres possédées par les agriculteurs sédentaires chrétiens, yorubas pour l’essentiel. En mars et en avril 2025, une centaine d’agriculteurs chrétiens sont ainsi massacrés dans l’État de Plateau par des éleveurs peuls. Dans l’État voisin de Benue, des agriculteurs chrétiens sont massacrés pour des raisons identiques les 24 et 26 mai 2025.
 

Les migrations internes, et l’aridité croissante dans le nord du pays, qui déplace toujours plus au sud les itinéraires de la transhumance, conduisent à des conflits pour le contrôle de la terre où les clivages religieux (musulmans contre chrétiens) et ethniques (Peuls contre Yorubas) se confondent avec le clivage conflictuel classique entre pasteurs nomades et agriculteurs sédentaires.
 

En plus des conflits liés à la terre, les agriculteurs chrétiens, comme les populations musulmanes, sont aussi victimes des « bandits », qui s’attaquent aux communautés rurales les moins protégées, quelle qu’en soit la religion. Ils profitent de la faillite de l’État nigérian dont l’armée est débordée face aux nombreuses menaces : menaces sécessionnistes au sud-est où les insurgés igbos menacent de reprendre les armes contre l’État dans la région du Biafra, piraterie sur le littoral, djihadisme dans la région du lac Tchad et maintenant banditisme dans tout le nord du pays.

Dans ce contexte, quelles pourraient être les conséquences des frappes lancées par Trump ? Bien loin d’endiguer les violences contre les civils, elles pourraient avoir l’effet inverse. Les bombardements américains ont fait ressortir l’impuissance de l’État nigérian à contrôler son propre territoire et ont mis le gouvernement sous pression. Elles peuvent, paradoxalement, inciter les « bandits » à s’en prendre encore plus aux chrétiens, dont la rançon augmente à mesure que Washington exige du Nigeria qu’il garantisse leur sécurité.
 

Pis : la faiblesse de l’État nigérian pourrait pousser les populations musulmanes à s’organiser en milices d’autodéfense pour pallier les faiblesses de l’État. Or, c’est précisément dans ce contexte que se développent les groupes djihadistes dans l’État de Sokoto (le groupe Lakurawa s’apparente à l’origine à une milice d’autodéfense composée de soldats provenant du Mali ou du Niger, destinée à protéger les populations musulmanes contre les « bandits »). Les frappes américaines finissent d’achever, aux yeux de nombreux musulmans du Nord, la crédibilité d’un État nigérian assimilé de façon abusive aux ethnies chrétiennes du Sud et accusé d’abandonner les États musulmans du Nord.
 

Assimilé à une puissance extérieure, l’État nigérian pourrait de plus en plus être perçu comme une force d’occupation par les populations musulmanes locales, ce qui permettrait aux djihadistes de développer leur propagande classique, à savoir appeler à défendre le « Dar al Islam » menacé par les « croisés » et par un « État mécréant ».
 

Ainsi, les frappes lancées par Trump le 25 décembre dans l’État de Sokoto ne font pas sens si l’on considère l’environnement géopolitique régional. Peu présent dans la région, l’État islamique en Afrique de l’Ouest pourrait même se voir renforcé par ces opérations américaines. Mais pour le locataire de la Maison Blanche, c’est sans doute secondaire : le plus probable est que l’objectif premier des frappes de Noël a été de satisfaire l’aile évangélique de la branche MAGA à un moment où une partie de celle-ci se met à douter du président du fait de sa gestion de l’affaire Epstein. Ici comme en d’autres points du globe, la politique étrangère de Trump poursuit des objectifs d’abord domestiques : il s’agit de conserver le soutien du mouvement MAGA, en prétendant agir au nom des intérêts stratégiques américains et de la protection d’une minorité menacée.


edit : c/c de tout l'article

Posté

Si les chrétiens sont massacrés, les musulmans n'y sont pour rien, c'est la faute du méchant Trump.

 

Ou bien, variante : la religion n'y est pour rien, c'est juste une question foncière donc c'est pas grave quoi (surtout pas d'amalgame).

 

Et d'ailleurs les musulmans aussi sont des victimes, hein, faut pas exagérer non plus les souffrances des chrétiens. 

 

Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si on laissait les "islamistes modérés" de l'EI agir tranquillement et gouverner ces territoires. Les chrétiens seraient gentiment persécutés et dépouillés de leurs terres au lieu d'être massacrés par les "islamistes pas modérés" provoqués par les affreux Américains. 

 

C'est admirable ce type de raisonnement tordu.

 

Posté
Il y a 1 heure, Dardanus a dit :

Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si on laissait les "islamistes modérés" de l'EI agir tranquillement et gouverner ces territoires. Les chrétiens seraient gentiment persécutés et dépouillés de leurs terres au lieu d'être massacrés par les "islamistes pas modérés" provoqués par les affreux Américains. 

Oui, le problème n'est pas l'islamisme, c'est évidemment l'islamismisme, qui n'a rien à voir est qui est très méchant, lui. ;) 

Posté
4 hours ago, Dardanus said:

Si les chrétiens sont massacrés, les musulmans n'y sont pour rien, c'est la faute du méchant Trump.

 

Ou bien, variante : la religion n'y est pour rien, c'est juste une question foncière donc c'est pas grave quoi (surtout pas d'amalgame).

 

Et d'ailleurs les musulmans aussi sont des victimes, hein, faut pas exagérer non plus les souffrances des chrétiens. 

 

Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si on laissait les "islamistes modérés" de l'EI agir tranquillement et gouverner ces territoires. Les chrétiens seraient gentiment persécutés et dépouillés de leurs terres au lieu d'être massacrés par les "islamistes pas modérés" provoqués par les affreux Américains. 

 

C'est admirable ce type de raisonnement tordu.

 

Perso je trouve admirable de penser que c'est en faisant un bombardement one-shot sur on ne sait quoi, avec des résultats effectifs que personne n'arrive à donner que l'on va régler le problème de l'Islamisme et sauver les chrétiens (bon, je crois qu'il est admis que tout le monde se fout des non-chrétiens).

 

Si il veut protéger les chrétiens, il y a pleins de façon de faire.

Idem si il veut combattre l'islamisme.

 

Le one-shot de bombardement est sans doute la moins efficace.

Mais sans doute la plus médiatique.

 

Un peu comme les ministres de l'intérieur qui vont visiter un point de deal. 
Et encore, dans ces cas, au moins sur 2-3 jours il n'y a plus de deal sur place. Là même pas sûr que cela ait changé quoique ce soit aux civils victimes sur place.

 

 

Trump mettre en scène, adorent les coups médiatiques, mais les résultats concrets on les attends.

 

Et on discrédite la critique en expliquant que si on trouve que ce genre de frappe ne résouds rien, c'est que l'on est complice de l'islamisme.

Il faut être en admiration devant cette débauche de moyens et d'argent qui au moins fait quelque chose.

 

Barkhane qui a été salement critiqué, et souvent à raison, avait au moins une certaine efficacité pour contenir les Islamistes.

 

 

 

  • Yea 1
Posté
Il y a 9 heures, Adrian a dit :

ne font pas sens


Encore dans du gloubi journalistique on accepte ces innovations stylistiques, mais dans un journal qui se veut être le clergé parlant au peuple, ça fait tache.

 

 

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