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Web is dead ?


M. Dead

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La mort d'internet se confirme un peu plus à Bruxelles Les grands patrons des télécoms réunis par Bruxelles pour plancher sur les modes de financement du très haut débit à court terme dans l'Union Européenne ont accouché, sans surprise, d'une série de propositions qui enterrent la neutralité du net au profit d'un accès à plusieurs internets, plus ou moins riches selon l'abonnement payé. Des propositions qui enfoncent la porte déjà ouverte par la Commission Européenne.

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Souvenez-vous. C'était en mars dernier. Sans grand bruit, la Commission Européenne réunissait à Bruxelles près d'une quarantaine de grands patrons des télécoms : Steve Jobs (Apple), Xavier Niel (Free), Stéphane Richard (Orange), Jean-Phillipe Courtois (Microsoft), Jean-Bernard Lévy (Vivendi), Stephen Elop (Nokia),..

La réunion avait pour but de demander aux industriels comment, selon eux, "assurer au mieux les investissements de très haut niveau du secteur privé nécessaires pour le déploiement des réseaux haut-débit de prochaine génération pour maintenir la croissance d'internet". La Commission souhaite en effet rendre possible l'objectif fixé par l'Agenda Numérique de l'Europe, qui prévoit que tous les Européens aient accès à Internet à 30 Mbps minimum d'ici 2020, et au moins la moitié d'entre eux à 100 Mbps.

Pour élaborer les propositions, un groupe de pilotage composé avait été désigné, composé par Jean-Bernard Lévy de Vivendi, Ben Verwaayen d'Alcatel-Lucent, et René Obermann de Deutsche Telekom. "Preuve qu'il y a dès la composition du groupe la volonté de trouver un équilibre entre le financement des réseaux et le financement des contenus, ce qui n'est jamais très bon signe pour la neutralité du net", pressentions-nous alors.

Le résultat est encore pire que nos craintes de l'époque, et confirme la tendance exprimée par la Commission Européenne le mois dernier, lorsqu'elle a dit vouloir privilégier le libre marché à la défense de la neutralité du net.

11 propositions pour enterrer la neutralité des réseaux

Lors d'une seconde réunion le 13 juillet dernier, les trois compères ont en effet remis une série de 11 propositions, insoutenables pour les partisans de la neutralité du net. Prenant l'objectif européen comme une aubaine pour prétendre que le déploiement du très haut-débit à court terme ne peut se faire sur les mêmes bases que précédemment, le groupe conclut que l'Europe "doit encourager la différenciation en matière de gestion du trafic pour promouvoir l’innovation et les nouveaux services, et répondre à la demande de niveaux de qualité différents". Il s'agit donc de faire payer plus cher ceux qui souhaitent accéder sans bridage à certains services qui demandent davantage de bande passante, ou "une moindre latence, ce qui est capital dans le jeu vidéo", explique le patron de Vivendi à la Tribune.

Il est aussi clairement envisagé de permettre aux éditeurs de services d'acheter un accès privilégié aux abonnés à Internet, pour que leur service soit plus rapide que celui des concurrents qui ne paieraient pas la dîme. "La valorisation du potentiel des marchés bifaces apportera plus d’innovation, d’efficacité et un déploiement plus rapide des réseaux de nouvelle génération, au bénéfice des consommateurs et des industries créatives", croit pouvoir affirmer le groupe de travail.

Par ailleurs, il justifie l'absence de représentants d'organisations de citoyens et de consommateurs parmi la quarantaine de dirigeants consultés par Bruxelles. "Les intérêts à long terme des consommateurs coïncident avec la promotion de l’innovation et l’investissement". Ils n'ont qu'à subir la mort de la neutralité du net, c'est au final dans leur intérêt, assurent les patrons des télécoms.

Dans La Tribune, Jean-Bernard Lévy raconte que la réunion du 13 juillet s'est "formidablement mieux passée que l'on ne pensait", et qu'elle a parmi de découvrir "un degré de consensus remarquable et inattendu entre ces acteurs de toute la chaîne de valeur, opérateurs, fabricants, agrégateurs, éditeurs de chaînes, etc". En oubliant, au passage, que les internautes sont les premiers acteurs de cette chaîne de valeur. Non seulement parce qu'ils payent leur accès à Internet. Mais aussi parce qu'ils sont aujourd'hui, et de très loin, les premiers producteurs des contenus qui y circulent.

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« En oubliant, au passage, que les internautes sont les premiers acteurs de cette chaîne de valeur. Non seulement parce qu'ils payent leur accès à Internet. Mais aussi parce qu'ils sont aujourd'hui, et de très loin, les premiers producteurs des contenus qui y circulent. »

Voilà, dans la dernière phrase, tout est dit.

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« En oubliant, au passage, que les internautes sont les premiers acteurs de cette chaîne de valeur. Non seulement parce qu'ils payent leur accès à Internet. Mais aussi parce qu'ils sont aujourd'hui, et de très loin, les premiers producteurs des contenus qui y circulent. »

Voilà, dans la dernière phrase, tout est dit.

Ben ce qu'ils voudront y mettre sera payant si ils le veulent.

Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant dans ce qui est proposé.

Chacun sera libre de prendre le web qu'il souhaite à condition qu'il paye.

Je vois rien d'antilibéral dedans.

C'est cette partie là:

"Le résultat est encore pire que nos craintes de l'époque, et confirme la tendance exprimée par la Commission Européenne le mois dernier, lorsqu'elle a dit vouloir privilégier le libre marché à la défense de la neutralité du net"

En gros ils veulent un bon gros truc étatique, bien soviétique.

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C'est donc ce que prédisait l'un des participants du café liberté sur le cloud computing : les tuyaux sont bouchés.

Moui, peut-être.

N'oublions pas la demande complètement artificielle introduite par la commission :

La Commission souhaite en effet rendre possible l'objectif fixé par l'Agenda Numérique de l'Europe, qui prévoit que tous les Européens aient accès à Internet à 30 Mbps minimum d'ici 2020, et au moins la moitié d'entre eux à 100 Mbps.

C'est une conséquence directe de l'affirmation d'Internet comme un droit auquel le plus de monde possible doit avoir accès, d'ailleurs.

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C'est pas le début d'un Internet des privilégiés ? Dire "Vous pouvez surfer à votre guise si vous avez les moyens" tout en laissant les plus pauvres sur leur faim ?

J'imagine que la réponse est différente selon sa propre vision d'Internet. Brider Internet c'est pour moi le début de la fin de tout ce qu'il a engendré de meilleur en tout cas.

C'est donc ce que prédisait l'un des participants du café liberté sur le cloud computing : les tuyaux sont bouchés.

C'est quoi ces tuyaux bouchés ?

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C'est pas le début d'un Internet des privilégiés ? Dire "Vous pouvez surfer à votre guise si vous avez les moyens" tout en laissant les plus pauvres sur leur faim ?

C'est pas le problème ça, c'est bien normal d'avoir un meilleur accès si tu payes plus cher. C'est déjà le cas pour la bande passante. Le souci c'est le tri selon la nature des paquets qui doit être effectué pour ça, conduisant à un affaiblissement de la confidentialité et aussi à une stagnation de la technologie.

Sans parler de l'arnaque complète des FAI qui présenteront certains types d'échanges de données comme des services supplémentaires, alors que de leur côté il n'y a aucune valeur ajoutée (c'est déjà le cas avec la VOIP sur les portables).

En tant que client, pour moi, la solution acceptable si ça coince c'est de payer plus cher et/ou d'avoir une bande-passante réduite, pas d'avoir un internet light.

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Invité jabial

La question qu'on peut se poser, c'est celle des barrières artificielles à l'entrée.

Tout ça est bel et bon, à condition que n'importe qui puisse devenir FAI s'il veut.

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La question qu'on peut se poser, c'est celle des barrières artificielles à l'entrée.

Tout ça est bel et bon, à condition que n'importe qui puisse devenir FAI s'il veut.

Voilà.

Bon, et puis dites moi ce qui est fondamentalement différent de ce qu'on trouve actuellement ?

Parce que bon, si je veux du débit de folie, je dois payer actuellement. Si je veux du FTTH, je dois payer. Et le type au fin fond de l'Ariège ou du Larzac qui veut accéder à l'internet, il le fait par le 33K comme il y a 10 ans, ou a une ligne ADSL pourrite. Il y a donc déjà de facto un internet à deux vitesses (à N vitesses, en fait).

Le principe exposé est que les opérateurs veulent faire payer pour avoir des accès privilégiés (avec débit garanti, en gros) sur certains services. Regardez ce qui se pratique partout ailleurs : c'est déjà le cas. Vous devez payer pour les autoroutes, pour des services premiums de télévision par câble ou satellite, etc…

Bref : rien de nouveau. Ce qui est gênant et pointé déjà au dessus, c'est l'imposition idiote du droit à l'internet, et du droit à l'internet hodébi. C'est ça, la racine du mal, pas la segmentation marketing et la multiplication de produits pour tester la "price sensitivity" des consommateurs.

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Bon, et puis dites moi ce qui est fondamentalement différent de ce qu'on trouve actuellement ?

Parce que bon, si je veux du débit de folie, je dois payer actuellement. Si je veux du FTTH, je dois payer. Et le type au fin fond de l'Ariège ou du Larzac qui veut accéder à l'internet, il le fait par le 33K comme il y a 10 ans, ou a une ligne ADSL pourrite. Il y a donc déjà de facto un internet à deux vitesses (à N vitesses, en fait).

Ça oui c'est ce que j'ai dit plus haut.

Le principe exposé est que les opérateurs veulent faire payer pour avoir des accès privilégiés (avec débit garanti, en gros) sur certains services. Regardez ce qui se pratique partout ailleurs : c'est déjà le cas. Vous devez payer pour les autoroutes, pour des services premiums de télévision par câble ou satellite, etc…

Là par contre je ne suis pas d'accord. Une meilleure comparaison : c'est plutôt comme si une compagnie d'autoroute fouillait ta voiture à l'entrée et te faisait payer un prix selon la nature contenu du coffre et des sièges passagers (5 euros par français, 10 par ressortissants de l'UE, 20 pour les autres). Puis notait toutes les informations dans un fichier que éventuellement l'état pourrait demander sur un coup de tête.

Et cerise sur le gâteau, quand tu t'étonnerais que toutes les autoroutes fassent ça, on t'expliquerais que c'est parce que l'UE a encouragé ça financièrement pour atteindre l'objectif de "80% d'accès à l'autoroute en 2030".

Que le marché des télécoms soit libre ou pas (il ne l'est pas) n'a aucune importance : accepter cette intrusion dans la vie privée est bête aussi bien en tant que client que citoyen.

Autre comparaison possible : c'est comme si Fedex ou la Poste ouvrait tes lettres et tes colis et te faisait payer un forfait différent pour les lettres d'amour, les cartes de vacances, ou les demandes administratives. N'y a que dans un marché non libre que ce genre de choses peut subsister.

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Autre comparaison possible : c'est comme si Fedex ou la Poste ouvrait tes lettres et tes colis et te faisait payer un forfait différent pour les lettres d'amour, les cartes de vacances, ou les demandes administratives. N'y a que dans un marché non libre que ce genre de choses peut subsister.

Je comprends sauf qu'il y a une limite à l'analogie. Lorsque le FAI voit passer un paquet, il est a priori anodin et rien ne le distingue d'un autre. Sauf que si c'est un paquet pour un mail, il sera suivi de 100 autres paquets, si c'est pour une page oueb, il sera suivi de 10 000, si c'est une vidéo youtube de 1 million d'autres, et si c'est un download d'un film, de 1 milliard.

Et l'impact sur le réseau du FAI n'est pas le même dans chaque cas.

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Je comprends sauf qu'il y a une limite à l'analogie. Lorsque le FAI voit passer un paquet, il est a priori anodin et rien ne le distingue d'un autre. Sauf que si c'est un paquet pour un mail, il sera suivi de 100 autres paquets, si c'est pour une page oueb, il sera suivi de 10 000, si c'est une vidéo youtube de 1 million d'autres, et si c'est un download d'un film, de 1 milliard.

Et l'impact sur le réseau du FAI n'est pas le même dans chaque cas.

Bien sûr, mais du coup les solutions du type de celles existantes pour la 3G (débit bridé ou sous-prioritaire une fois qu'on a franchi les N mégaoctets dans le mois ou la journée) sont tout à fait adaptées pour gérer ça.

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Web is dead, rien que ça !?

Autre comparaison possible : c'est comme si Fedex ou la Poste ouvrait tes lettres et tes colis et te faisait payer un forfait différent pour les lettres d'amour, les cartes de vacances, ou les demandes administratives. N'y a que dans un marché non libre que ce genre de choses peut subsister.

En fait tu mélanges deux choses : ce qui risque de se passer concrètement et ce qui devrait se passer normalement.

Normalement Fedex ou la Poste a juste besoin de regarder l'adresse de destination et la vitesse de livraison demandée sur les paquets pour décider du prix qu'elle va te faire payer. Et on pourrait faire pareil avec les paquets TCP/IP, je n'y vois pas d'inconvénient pour la vie privée.

Concrètement, vu que la commission européenne à mis ses gros doigts boudinés dans le machin, il y a de fortes chances qu'on leur demande d'ouvrir les paquets, d'en recopier certains et de garder des archives au cas où.

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Normalement Fedex ou la Poste a juste besoin de regarder l'adresse de destination et la vitesse de livraison demandée sur les paquets pour décider du prix qu'elle va te faire payer. Et on pourrait faire pareil avec les paquets TCP/IP, je n'y vois pas d'inconvénient pour la vie privée.

Tu vas pas filtrer grand chose comme services en regardant l'adressage des paquets. C'est quoi la différence entre un paquet Skype et un paquet bittorrent ?

Pour ce qui est de filtrer les sites, aucune chance que tu y arrives comme ça.

Si tu veux une ligne plus rapide en payant plus cher, tu peux déjà, ça n'a pas grand chose à voir avec le machin que nous prépare Bruxelles.

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Tu vas pas filtrer grand chose comme services en regardant l'adressage des paquets. C'est quoi la différence entre un paquet Skype et un paquet bittorrent ?

Pourquoi filtrer le P2P à part pour de mauvaises raisons ? Quel fournisseur aurait envie de proposer un accès prioritaire au P2P sachant que ça n'a strictement aucun sens ?

Reste Skype qui est un protocole propriétaire, adossé à une compagnie qui n'aura aucun mal à négocier avec les FAI pour trouver une solution technique.

Pour ce qui est de filtrer les sites, aucune chance que tu y arrives comme ça.

Et pourquoi donc ?

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Là par contre je ne suis pas d'accord. Une meilleure comparaison : c'est plutôt comme si une compagnie d'autoroute fouillait ta voiture à l'entrée et te faisait payer un prix selon la nature contenu du coffre et des sièges passagers (5 euros par français, 10 par ressortissants de l'UE, 20 pour les autres). Puis notait toutes les informations dans un fichier que éventuellement l'état pourrait demander sur un coup de tête.

Et cerise sur le gâteau, quand tu t'étonnerais que toutes les autoroutes fassent ça, on t'expliquerais que c'est parce que l'UE a encouragé ça financièrement pour atteindre l'objectif de "80% d'accès à l'autoroute en 2030".

Heu, non, cette analogie ne colle pas puisque le travail des FAI est d'assurer une qualité de service (une facilité de déplacement sur l'autoroute) en fonction du prix payé ; si tu ne payes pas, tu passes par la nationale. Le contenu des paquets permet de diriger sur la bonne voie.

Autre comparaison possible : c'est comme si Fedex ou la Poste ouvrait tes lettres et tes colis et te faisait payer un forfait différent pour les lettres d'amour, les cartes de vacances, ou les demandes administratives. N'y a que dans un marché non libre que ce genre de choses peut subsister.

Non. Pour la Poste, la fluidité et la rapidité dépendent du moyen de transport utilisé, qui est effectivement facturé (bateau ou avion par exemple). Donc c'est le poids et le volume du paquet, pas son contenu ; ce qui est très similaire au FAI : si tu utilises systématiquement un VPN ou une connexion cryptée (ce qui revient à dire : on n'ouvre pas le paquet postal), le FAI ne pourra pas physiquement faire de la qualité de service sur le contenu.

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Morceau choisi de l'article d'OWNI : Neutralité, la com' européenne qui fait psshiiit avec pour ceux que ça intéresse, un pdf du communiqué de la Commission.

L’association regrette également la marge de manœuvre qui semble être laissée aux fournisseurs d’accès en matière de gestion de trafic, considérée par la Commission comme “largement acceptée […] afin que les opérateurs assurent une utilisation efficiente de leurs réseaux et de certains services IP.”

“De manière assez honteuse, la Commission croit que la neutralité du Net est compatible avec la différenciation de trafic sur l’Internet public, poursuit la Quadrature. Cela va dans le sens des opérateurs télécoms, qui veulent augmenter leurs marges en discriminant les communications de leurs utilisateurs.”

Une chose est sûre, les internautes et la “qualité de service” n’arrivent qu’au terme du document, à la suite de considérations sur le Paquet Télécom, les pratiques de blocage et la gestion de trafic. Le volet des consommateurs est donc vite expédié, au même titre que la question de la bande passante et de son financement, abordés en une phrase de conclusion qui pose plus de problèmes qu’elle n’en résout :

"En parallèle, la Commission continuera son dialogue avec les Etats membres et les acteurs pour assurer le développement rapide de la bande passante, qui réduirait la pression sur le trafic de données."

VIA: http://owni.fr/2011/04/19/neutralite-reseaux-net-communication-europeenne-qui-fait-pschitt/

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La question qu'on peut se poser, c'est celle des barrières artificielles à l'entrée.

Tout ça est bel et bon, à condition que n'importe qui puisse devenir FAI s'il veut.

Il y a moyen d'utiliser une structure comme FDN (un FAI associatif, et accessoirement le plus vieux fournisseur d'accès au net en France) http://fr.wikipedia.org/wiki/FDN

Le problème vient de la nécessité d'utiliser les DSLAMs d'autres opérateurs, et donc d'être à la merci d'une rupture de contrat unilatérale sans préavis de leur part (comme ce que leur a fait SFR).

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Au tour de Benjamin Bayart de revenir sur la lente agonie d'internet à cause de la formation de monopoles.

Via Atlantico : http://www.atlantico.fr/decryptage/internet-google-facebook-liberte-securite-donnees-multinationales-nouveau-reseau-149449.html

Internet perd sa liberté à vitesse grand V

Google vs. Facebook : la lutte est terrible. Mais la véritable bataille pour Internet se joue peut-être ailleurs. Personnage historique du web (FDN, logiciel libre), Benjamin Bayart revient sur l'évolution du réseau désormais entre les mains des géants du secteur. Attention danger?

Atlantico : Google qui affiche des bénéfices records. Facebook dont l'entrée en bourse est particulièrement attendue : Internet est-il désormais entre les mains des grandes sociétés ?

Benjamin Bayart : Actuellement, je trouve qu’Internet est en train de passer aux mains de gens qui ne sont pas du tout des "pures players" et qui n’ont pas du tout ce mode de pensée là, c’est-à-dire, la liberté de leur contenu. Quand Internet a été créé, sa devise était de pouvoir tout y faire. C’est un réseau qui est volontairement trop simple de manière à tout permettre et ne rien n’empêcher. Cela a permis de pouvoir développer tous les modèles que l’on souhaitait dessus.

Mais nous sommes en train de tuer petit à petit la possibilité de pouvoir tout faire sur Internet. Tant que vous n’avez pas une application sur le store Apple, ce qui nécessite de plaire et d’être accepté par Apple, ou sur le store Google ou bientôt sur le store Facebook, vous n’existez pas.

Internet est donc moins libre qu'avant ?

Si on le laisse dériver comme nous le faisons actuellement, Internet ne sera plus libre. Il est en train de dériver vers le monopole de grandes sociétés. Mais il faut être optimiste, nous pouvons contrer cette dérive, sur le long terme. Nous savons que ce modèle ne fonctionne plus, nous avons des preuves.

Que serait un Internet totalement libre ?

Il ne manque pas beaucoup de choses sur l’Internet actuel pour qu’il soit totalement libre. Il manque de pouvoir contrôler certains acteurs puissants vis-à-vis desquels se créent des déséquilibres. Facebook est un acteur beaucoup trop puissant, donc beaucoup trop dangereux. C’est la même chose pour Google. Il est important de surveiller ces entreprises. Il est d’autant plus important que leur dérive ne leur soit pas pardonnée. Les petits écarts d’une petite entreprise, prêtent à de minimes conséquences. Les gros écarts d’une grosse entreprise, ont de grandes conséquences, parfois même sur le plan mondial. Nous ne pouvons pas les traiter de la même manière. Les questions de vie privée vis-à-vis de Google, sont centrales. Les questions de respect de la propriété de données des utilisateurs sur Facebook sont primordiales. On ne peut absolument pas, ne pas parler de ces enjeux majeurs.

Par exemple, Google vient de lancer Google+, un réseau social. Il décide d’utiliser, via un certain nombre de gadgets sur Firefox, des API public (NDLR : interface de programmation) de Facebook, afin que les gens qui s’inscrivent sur ce nouveau réseau social puissent inviter leurs amis Facebook. Si nous prenons un point de vue simple et raisonnable, c’est-à-dire centré sur l’utilisateur, cela veut dire que c’est l’utilisateur qui décide lui-même de prendre son carnet d’adresse, dans son compte Facebook, pour le mettre dans son compte Google. Il fait ce qu’il veut de ses données. Pourquoi Facebook l’en empêche ? Au nom de quoi ? D’un point de vue commercial, c’est compréhensible, il décide d’empêcher un concurrent d’apparaître. Mais ils n’ont pas le droit de faire cela. Ce ne sont pas leurs données, mais celle de leurs utilisateurs.

Les gens doivent faire attention. Le problème c’est que très vite cela se résume, soit à être absent des réseaux sociaux, soit à capituler et à s’y inscrire. Le soucis touche donc aussi au rapport entre un particulier et une multinational. Dans le monde de la jungle, c’est le plus fort qui gagne. Dans un monde civilisé, des lois existent qui permettant de protéger les faibles contre les puissants, ce n’est pas le cas sur Internet.

Justement, ces lois doivent nous protéger contre ces abus…

Oui, mais le droit n’est pas respecté. Il existe aussi des questions internationales derrière tout cela. A l’heure actuelle, lorsque nous faisons remonter un certain nombre d’anomalies vers les pouvoirs public, ces derniers sont plutôt d’avis de ne pas respecter les droits aux consommateurs. Il faudrait renforcer le droit pour lutter contre ces abus. Je ne comprends pas que les atteintes à la vie privé ne soit pas au centre du débat.

Lorsqu’une société comme Facebook fait une bêtise cela provoque un tollé mais il suffit que la société fasse marche arrière et c’est oublié. Si leur bêtise passe tant mieux, sinon il suffit de faire marche arrière. Ces grandes sociétés ne sont pas très loin d’être intouchables. Les politiques cherchent à réguler, mais seulement les consommateurs. Il faudrait plutôt réguler les puissants, qui sont les nocifs. Par exemple pour Hadopi, le gouvernement cherche à réguler les gens qui s’échangent et téléchargent de la musique, mais il n’essaye pas d’empêcher qu’une entreprise puisse faire du commerce sans rémunérer ses salariés.

Quel avenir pour Internet ?

A long terme, il existera un réseau symétrique ouvert est libre, c’est certain. C’est à peu près aussi inévitable que l’était la liberté de la presse. De Gutemberg à la liberté de la presse, il existe une évidence mais par contre cela s’est fait en quatre siècles. A l’heure actuelle, des progrès se font de manière assez nette pour l’ouverture d’un nouveau réseau. La question de la propriété des données y sera cruciale. Les grands groupes qui agitent le chiffon rouge de la propriété intellectuelle vont finir par se prendre les pieds dans le tapis. En effet, si tout le monde veut jouer au jeu de la propriété alors mon carnet d’adresse, mon compte Facebook et mes recherches deviendront mes données. Je détiens la propriété intellectuelle sur une base de données. Donc si Facebook veut appliquer ses règles sur mes données, cela ne va plus être possible. On devrait en toute logique arriver à imposer l’interopérabilité. Quand quelqu’un gère des données pour un tiers, il doit notifier que ces données sont récupérables. Si je mets des photos sur Facebook, je dois pouvoir toutes les récupérer. Si j’ai rentré mon carnet d’adresses dans Gmail par exemple, je dois pouvoir le récupérer. C’est pour ma part, un principe qui va finir par s’imposer dans les trois, quatre années à venir.

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Ah, ça, les "monopoles" qui augmentent les prix, sous-payent leurs salariés et contrôlent nos vies… on en a jamais vu, mais ça n'empêche pas les socialistes de vouloir nous en protéger.

Dire qu'internet pourrait être contrôlé par des monopoles, c'est ne rien connaître à internet. Google+, Facebook, Myspace, Twitter… toutes ces entreprises sont en concurrence sur le marché des réseaux sociaux. Pareil pour Google, Astalavista et Bing, en concurrence sur les moteurs de recherche. Et ces salauds de monopole proposent tous leurs services gratuitement, vraiment, c'est méchant, il faudrait interdire ce genre de pratique.

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Haha, joli cynisme, j'ai bien ri.

Le problème de mon point de vue, c'est plutôt que Google phagocyte le web, comme facebook a l'intention de le faire.

Est-ce si farfelu d'imaginer le jour où une sorte d'hypra-réseau-social-boîte-mail-carnet-d'adresse-espace-de-stockage-multimédia (que seul un mastodonte du web pourra proposer) s'imposera avec un modèle économique mettant de côté l'utilisateur ? Parce que, de toute façon, personne d'autre n'aura la force de frappe économique nécessaire pour proposer de tels services. Du moins je crois.

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Haha, joli cynisme, j'ai bien ri.

Le problème de mon point de vue, c'est plutôt que Google phagocyte le web, comme facebook a l'intention de le faire.

Est-ce si farfelu d'imaginer le jour où une sorte d'hypra-réseau-social-boîte-mail-carnet-d'adresse-espace-de-stockage-multimédia (que seul un mastodonte du web pourra proposer) s'imposera avec un modèle économique mettant de côté l'utilisateur ? Parce que, de toute façon, personne d'autre n'aura la force de frappe économique nécessaire pour proposer de tels services. Du moins je crois.

C'est quoi un modèle économique mettant de côté l'utilisateur ? Je ne comprends pas…

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Stockage et accès limités voire payants, sont les premiers auxquels je pense.

Edit : Vente / don des données personnelles voire sensibles à des tiers, ça peut être pas très cool aussi. Wait, ça existe pas déjà ?

Bé, un modèle économique où tout est fait pour l'utilisateur, c'est bien, mais faut bien gagner de l'argent d'une manière où d'une autre… Donc par exemple en repérant des centres d'intérêt de l'utilisateur et vendre le ciblage à une entreprise tiers qui a intérêt à l'avoir comme prospect par exemple.

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Parce que, de toute façon, personne d'autre n'aura la force de frappe économique nécessaire pour proposer de tels services. Du moins je crois.

Alors Internet serait vraiment une exception. Parce que, si plein de boite ont rêvé d'avoir un monopole, la seule façon qu'elles ont de l'obtenir, c'est de le demander à l'état. Et Internet est transnational.

Facebook, Google proposent des services et ne font rien payer aux utilisateurs. Le modèle qui y ressemble le plus, c'est la télévision gratuite, c'est à dire financer par la publicité. Quant il n'y a pas interdiction par l'état, il n'y a qu'une seule chaine de télévision ?

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  • 2 weeks later...

Last week I finished The Future of The Internet (And How to Stop It), by Harvard scholar Jonathan Zittrain. While written in 2008, this is an ever-more important book, for many reasons, in that it makes a central argument about what we've built so far, and where we might be going if we ignore the lessons we've learned as we've all enjoyed this E-ticket ride we call the Internet industry.

The book's core argument has to do with a concept Zittrain calls "generativity" - the ability of a product or service to generate innovation, new ideas, new services, independent of centralized, authoritative control. It is, of course, very difficult to create generative technologies on a grand scale - it's a statement of faith and shared values to do such a thing, and it really rubs governments and powerful interests the wrong way over time. Jonathan goes on to point out that truly open, generative systems are inherently subject to the tragedy of the commons - practices such as malware, bad marketing tactics, hacking etc. These threats are only growing, and provide a good reason to shut down generativity in the name of safety and order.

The Internet, as it turned out for the first ten or fifteen years, is one of the greatest generative technologies we've ever produced. And yes, I mean ever - as in, since we all figured out fire, or the wheel, or … well, forgive me for getting all Wired Manifesto on you, but it's a very big deal.

But like Lessig before him, Zittrain is very worried that the essence of what has made the Internet special is changing, in particular, as the mainstream public falls deeper in love with services like Facebook and Apple's iPhone.

His book is a meditation and a lecture, of sorts, on the history, meaning, and implications of this idea. After I read it, I was inspired to email Jonathan. I sent him this note:

(…)

More important, the ability to limit code is what makes for the ability to control content. More and more we see content, whether a book, or a magazine subscription, represented in and through an app. It's sheer genius for a platform maker to demand a cut of in-app purchases. Can you imagine if, back in the day, the only browser allowed on Windows was IE, and further, all commerce conducted through that browser -- say, buying a book through Amazon -- constituted an "in-app purchase" for which Microsoft was due 30%?

John Battellet sur son blog : http://battellemedia.com/archives/2011/08/the_future_of_the_internet_and_how_to_stop_it_-_a_dialog_with_jonathan_zittrain_updating_his_2008_book.php

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Invité jabial

Je comprends sauf qu'il y a une limite à l'analogie. Lorsque le FAI voit passer un paquet, il est a priori anodin et rien ne le distingue d'un autre. Sauf que si c'est un paquet pour un mail, il sera suivi de 100 autres paquets, si c'est pour une page oueb, il sera suivi de 10 000, si c'est une vidéo youtube de 1 million d'autres, et si c'est un download d'un film, de 1 milliard.

Et l'impact sur le réseau du FAI n'est pas le même dans chaque cas.

Sauf que ça peut très bien se régler par une simple facturation au volume de données au dessus d'un certain seuil.

Ça reste neutre vis-à-vis du contenu.

Ce qui me choque c'est le côté "limitation artificielle" qui va venir permettre aux opérateurs de racketter les fournisseurs de services.

Je suis parfaitement OK sur le principe, mais pas dans un environnement où la concurrence n'est pas totalement libre.

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Mouais mouais mouais.

Bon les FAI d'aujourd'hui, proposent de la VDSL pour justement augmenter le debit et "classer" les services et ainsi les prioriser…

l'augmentation des services "offerts" ne se situent pas au niveau de ce que tu peux faire transiter dans le tuyeau. N'importe quel FAI en serait bien incapable.

Quand un FAI propose des service "privilegiés" alors c'est qu'il maitrise le delivery de bout en bout et donc dans ce cas, cela se fait au moyen d'un equipement aditionnel qui lui est payant - la fameuse bobox.

Par exemple, il est possible de recevoir de la HD via internet, et souvent, le FAI le fait au moyen d'une bobox qu'il facture. Et pourtant il est tout a fait possible de regarder de la HD par un autre biais, mais pour une qualité de service ou de disponibilité inferieur.

Donc, pour rejoindre h16, rien de nouveau.

et puis les mots sont enormes, on ne dit pas simplement que le web est mort ou que notre libertée est menacée parceque les FAI veulent nous refourguer d'autres boiboites pour pouvoir jouer a un FPS ou regarder un sport de baballe en HD, on le dit quand il nous coupent un acces a un site ou quand filtrent nos paquets… un peu comme si on disait que la licence globale etait une atteinte a la liberté de voler…

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