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L'Afghanistan


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il y a 30 minutes, Lameador a dit :

Je ne suis pas ce compte, je suis tombé sur un retweet moqueur du compte @l'important  .

Je ne connais pas Azzat Alsalem . Vérification faite , un yézidi qui semble avoir gardé une certaine rancune envers les islamistes depuis qu'ils ont tenté de génocider son peuple en Syrie.


Non mais j’ai regardé le compte et il y a plein de trucs plus que douteux. On ne peut pas se moquer constamment des journalistes et partager ce genre de trucs.

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En Afghanistan, le calme irréel de la “pax talibana”

 

 

Citation

Il règne en Afghanistan un calme irréel. Certes, il persiste quelques escarmouches et des attentats meurtriers perpétrés par l’État islamique – quoique de plus en plus rares. À part cela, en quarante-cinq ans, jamais le pays n’avait semblé si tranquille. Presque partout, on y circule en toute sécurité et les postes de contrôle sont tenus par des soldats courtois et détendus. En octobre, j’ai parcouru en voiture plus d’un millier de kilomètres du Sud au Nord, depuis les plateaux centraux du Hazaradjat, de Nili, jusqu’au nord des lacs de Band-e Amir, pour visiter les quinze écoles que nous avons construites ces dix-huit dernières années ; force est de constater que la paix règne en maître.

 

On pourrait parler de pax talibana [en référence à la pax romana de l’Antiquité]. Elle est imposée, en l’occurrence, par les tribus pachtounes les plus archaïques et les plus “orthodoxes”, religieusement parlant, qui vivent dans le sud et le sud-est [du pays] et font la loi. Cette orthodoxie est liée aux coutumes de l’ethnie majoritaire qui dirige traditionnellement l’Afghanistan : les Pachtounes ont toujours donné des rois au pays, ainsi que les dirigeants républicains des gouvernements de ces vingt dernières années (Hamid Karzai et Ashraf Ghani).

 

Ces derniers associaient toutefois au pouvoir les deux autres ethnies principales du pays : les Tadjiks et les Hazara, qui, ensemble, représentent 35 % de la population. Aujourd’hui, seuls les Pachtounes, dont l’élite [non-talibane] a fui à l’étranger, sont aux commandes. La situation donne l’impression qu’un passage de témoin a eu lieu entre les plus cosmopolites et raffinés et les plus arriérés. Et, désormais, ces guerriers frugaux, qui ont combattu des années durant, ont bel et bien pris les rênes du pouvoir.

 

Les talibans pachtounes ont opéré un véritable hold-up sur le pays, plaçant leurs hommes partout, y compris à la tête de provinces où d’autres groupes ethniques sont majoritaires. Pour l’heure, ils ont eu la main légère. Mais le jeu reste ouvert. Le défi, pour les talibans, c’est de gagner la paix.

 

Sur le front de la sécurité, érigée en priorité par le gouvernement, le pari semble réussi : à Kaboul, on voit plutôt peu de patrouilles par rapport aux forêts d’hommes en armes qui circulaient au temps de l’occupation occidentale. Il n’y a pas eu de vague d’attentats depuis mars. Même la circulation automobile, quasi absente l’année dernière, après le grand exode des nantis qui abandonnaient leurs voitures sur les parkings, retrouve des couleurs.

Les boutiques sont réapprovisionnées, de même que les marchés, même à la campagne. Ici, à l’exception de quelques régions qui ont souffert de la sécheresse au point de se dépeupler, le contexte agricole semble stabilisé. On estime que, malgré les sanctions et le gel des réserves de devises imposé par les États-Unis, entre 20 et 30 millions de dollars de transferts de fonds entrent dans le pays chaque jour. Le dollar s’échange entre aujourd’hui 70 et 75 afghanis, la monnaie nationale, soit le niveau d’avant les talibans – après des pics à plus de 100 à la chute du gouvernement d’Ashraf Ghani [en août 2021].

 

Les deux dernières années du règne de ce dernier ont été marquées par une corruption galopante. Elle semble désormais avoir été éradiquée, selon les représentants d’organisations présentes sur place. Selon certaines sources diplomatiques, en 2021, au moins douze postes de douane demandaient encore des pots-de-vin pour les marchandises transitant d’ouest en est.

 


Aujourd’hui, de récents accords conclus avec la Chine ont permis l’exploitation de mines de charbon dans le Nord, à Darah Sof, en échange d’infrastructures routières. En témoignent les colonnes interminables de camions empruntant l’axe routier Nord-Sud encore en travaux. Les mines procurent aux talibans, sous embargo international, de précieuses rentrées de devises. Outre le charbon, j’ai vu des norias de camions transportant du sulfate. Je crains qu’il ne faille voir là un avant-goût du pillage de l’un des pays du globe les plus riches en minerais.

 

Les violences politiques ont ciblé jusqu’à présent les collaborateurs de l’ancien régime. Mais dans les régions hazara que j’ai parcourues, je n’ai pas entendu parler de répression ou de persécution, comme ce pouvait être le cas avec les talibans à la fin des années 1990. Dans certaines régions, des Pachtounes, qui avaient été expropriés par des Hazara à la chute des talibans en 2001, sont revenus réclamer leurs terres, outrepassant d’ailleurs parfois leurs droits.

 

Au Panchir, la province tadjike du légendaire commandant Massoud, de nombreux Pachtounes, placés sous protection de l’État, ont pris possession de nombreuses maisons abandonnées par des habitants qui ont vu dans les talibans le retour de l’ennemi historique. Pour autant, selon l’ONG Emergency, active dans la région, la situation est calme, exception faite de quelques partisans tadjiks cantonnés dans les montagnes.

Lors d’un week-end aux lacs légendaires de Band-e Amir, à 80 kilomètres au nord de Bamiyan, j’ai vu des groupes de talibans pachtounes en armes coexister, en toute décontraction, avec des Hazara, les habitants traditionnels de la région, qui se retrouvent, une fois de plus, aux prises avec les tribus guerrières dominantes qu’ils avaient tenues à l’écart durant ces vingt dernières années.

 

Curieusement, le nouvel ordre afghan a également des répercussions sur la mode, avec la disparition du pakol, le couvre-chef tadjik rendu célèbre par le commandant Massoud ; et l’apparition du kandahari kula, le calot échancré sur l’avant des authentiques Pachtounes de Kandahar, qui témoigne clairement du changement de l’ethnie au pouvoir.

Les barbes fleurissent mais tout le monde n’en porte pas ; de même, tout le monde n’a pas remis le turban et les femmes ne portent pas toutes la burqa. C’est comme si le retour des talibans s’était accompagné de l’apparition d’une marge de tolérance sur le terrain des mœurs. Reste à savoir si cette marge est provisoire ou précède un nouveau tour de vis – ce dont je ne suis pas convaincu, compte tenu de l’évolution de la société afghane ces vingt dernières années.

LIRE AUSSI : Résistance. L’homme qui voulait sauver la musique afghane
D’ailleurs, un mot d’ordre qui m’a été répété par plusieurs chefs talibans que j’ai pu rencontrer, c’est le respect de la diversité ethnique du pays. Ce n’est, hélas, pas le cas au sommet de l’État, non seulement au sein du gouvernement, mais aussi de l’administration, où des Pachtounes incompétents – mais loyaux ou pistonnés par des membres de leur famille – font naître une grande frustration chez leurs subordonnés.

D’après ce qui m’a été rapporté, beaucoup d’anciens talibans bivouaquent à même le sol dans les administrations, leur arme à portée de main, ne sachant pas ce qu’est un formulaire. Habitués à vivre au grand air, ils s’ennuieraient. Heureusement, le doublement des salaires par rapport à leur solde habituelle de combattant semble les dissuader de repartir faire la guerre en cédant aux sirènes de l’État islamique.

 

Afin de parler du devenir de nos écoles, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec plusieurs chefs de province talibans. J’ai pu constater une évidente militarisation des bureaux de l’administration publique, mais j’ai trouvé aussi une atmosphère de calme et d’ordre, quoiqu’un peu pompeuse, avec un étalage d’habits traditionnels qui m’a donné l’impression d’être à la cour des sultans d’antan.

 


Reste à savoir combien de temps ce mélange d’arrogance et d’incompétence résistera en cas de choc ou de crise. Deux années de sécheresse ont eu de lourdes incidences sur les récoltes. Plus de 60 % de la population est au bord de la famine. Le tremblement de terre survenu récemment à Herat a mis au jour l’impuissance du gouvernement. Le spectre terrible d’un rapatriement de centaines de milliers de réfugiés qui vivaient au Pakistan depuis des années plane sur le pays : une cohue potentielle de 1,7 million de personnes, dont certaines venaient de fuir à la chute de Ghani.

 

À cela s’ajoute la menace de représailles pakistanaises dirigées contre les talibans, coupables, selon Islamabad, de soutenir les farouches talibans pakistanais. Que feront alors les talibans dans les centres urbains, premier point de chute de ceux qui ont tout perdu et reviennent les mains vides ? Leur pouvoir va-t-il exploser sous le poids de nouveaux bidonvilles ?

 

Reste enfin l’épineuse question de la condition des femmes, l’Afghanistan étant le seul pays du monde à avoir pour politique affichée de cantonner à la maison les femmes de plus de 12 ans. En réalité, des exceptions existent pour des métiers comme la police (pour les fouilles), l’enseignement jusqu’en quatrième, la santé, avec les infirmières, les sages-femmes et, récemment, les gynécologues – ce qui s’explique par la sexophobie des nouveaux dirigeants.

Je relève néanmoins des signes d’assouplissement dans les conversations que j’ai pu avoir. Malgré les restrictions imposées aux femmes, les talibans ont ouvert leur porte à tout nouveau projet d’école ou de structure éducative. Il existe un certain pragmatisme, à l’image de ces femmes qui parviennent à travailler dans le secteur privé ou dans la santé sans être tout à fait infirmières. Il n’en reste pas moins que 3 à 4 millions d’Afghanes qui avaient été scolarisées ces vingt dernières années sont désormais cantonnées à la maison et vivent le désarroi de celles et ceux qui ont vu leurs rêves brisés.

 

Les talibans n’ignorent pas que la condition des femmes est l’obstacle numéro un à lever pour normaliser les rapports avec la communauté internationale. Même des pays comme la Chine ou la Russie, qui concluent des accords économiques en sous-main avec Kaboul, ne souhaitent pas reconnaître officiellement ce gouvernement qui infériorise ouvertement les femmes.

 

Et ce n’est pas tout : une récente délégation de pays musulmans en visite à Kaboul a clairement fait savoir que, selon l’islam, hommes et femmes doivent avoir les mêmes droits en termes d’éducation et d’égalité. Loin de s’indigner, le ministre de l’Intérieur des talibans, hôte de la réunion, a simplement réclamé de la “patience” jusqu’à ce que soit trouvée une formule permettant aux femmes d’étudier et de travailler dans le respect des traditions morales du pays. Ces traditions, qui sont identifiées à celles des Pachtounes, n’en sont en réalité que la version la plus rétrograde. Une bonne partie de ces mêmes Pachtounes demandent au gouvernement de donner aux femmes la liberté d’éducation et de travail.

C’est peut-être là la clé de l’avenir du pays. S’ils veulent gouverner sans entraîner de nouveaux soulèvements, les talibans doivent faire des concessions. Et s’adapter à un pays dont ils ont hérité au terme de vingt années d’occupation, un pays plus avancé qu’eux, et qui n’a certainement pas l’intention de reculer.

 

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  • 1 month later...

Concernant le passé de la région -présence et proximité de la zone d'apparition de l'art gréco-bouddhique en particulier-, ça fait très mal à la recherche et la préservation de tout un pan de l'histoire.

 

Déjà que les Bouddhas de Bâmiyân sont passés à la dynamite, on dirait qu'ils sont bien partis pour foutre en l'air le reste qui était sous le sol, maintenant.

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  • 4 weeks later...

On trouve des horreurs dans la Bible, y-compris dans les parties communes avec la Torah.  Certains chrétiens et certains juifs ont une lecture littérale de ces textes, sans la moindre réflexion personnelle.  Je pense que ce n'est pas une question de religion, mais plutôt de personnalité, d'éducation, de culture et d'orientation politique.

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5 minutes ago, fm06 said:

Certains chrétiens et certains juifs ont une lecture littérale de ces textes, sans la moindre réflexion personnelle. 

Je ne connais personne qui lise la Bible de manière littérale, en bien ou en mal. Et ceux qui n'ont pas de réflexion personnelle, en général, ne lisent pas la Bible, mais écoutent le curé/pasteur. Les chrétiens les plus allumés auxquels je puisse penser, il faut faire de sacré acrobaties pour justifier leur croyances à partir de la Bible.

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1 minute ago, Jensen said:

Je ne connais personne qui lise la Bible de manière littérale, en bien ou en mal.

Tu ne fréquente pas les bons courants, c'est tout.

 

Mais pour le coup des chrétiens qui vont te refaire l'arche de Noé, on en a.

 

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