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Vocabulaire (de) gauche


LeFataliste

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Bonjours à tous. J'émerge, après une petite heure de lecture laborieuse, d'un manifeste du collectif belge Tiqqun, Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille. Moi qui était habitué à la concision et à la clarté lumineuse de la prose classique, je fut abasourdi par le caractère tout à fait abscons de certaines de leurs saillies.

J'en recopie quelques extraits comme base de travail :

La Jeune-Fille est dans le Spectacle, comme la femme dans le monde primitif, un objet de Publicité. Mais la Jeune-Fille est en outre sujet de la Publicité, qui s'échange elle-même. Cette scission dans la Jeune-Fille est son aliénation fondamentale. À cela s'ajoute ce drame : alors que l'exogamie maintient effectivement des rapports permanents entre les tribus, le mana de la Jeune-Fille lui coule entre les doigts, sa Publicité échoue, et c'est elle-même qui en essuie les conséquences.
L'enjeu de la guerre en cours, ce sont les formes-de-vie, c'est-à-dire, pour l'Empire, la sélection, la gestion et l'atténuation de celles-ci. La mainmise du Spectacle sur l'état d'explicitation public des désirs, le monopole biopolitique du tous les savoirs-pouvoirs médicaux…
La perte du sens métaphysique ne se distingue pas, dans la Jeune-Fille, de la «perte du sensible», en quoi se vérifie l'extrême modernité de son aliénation.

Le peu que j'ai pu lire de Debord, de Lacan, et de Foucault conforte une espèce d'intuition que j'ai en ce qui a trait à la prose des gauchistes modernes, mais que je peine à exprimer de manière intelligible. Cela dit, je vois bien que son côté cryptique confine au lieu commun, et je subodore de ce fait une ligne conductrice, une motivation commune.

Mais de quoi s'agit-il au juste? D'une table rase des conventions littéraires et logiques comme écueil bourgeois à la libre expression? D'une tentative, comme élite révolutionnaire éclairée, d'inhiber l'expression de la masse laborieuse? D'une «déconstruction» du langage en vue de la formation d'un Homme Nouveau? Un peu de tout ça?

Je fais appel à vos lumières.

Notez bien qu'il est du reste fort possible que je ne sois simplement pas assez rompu à cet idiome.

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Le peu que j'ai pu lire de Debord, de Lacan, et de Foucault conforte une espèce d'intuition que j'ai en ce qui a trait à la prose des gauchistes modernes, mais que je peine à exprimer de manière intelligible.

Tududut, Debord a beau avoir une façon d'écrire particulièrement difficile et alambiquée, lui, il dit quelque chose, indubitablement - rien à voir avec les générateurs de bruit blanc post-modernes.

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"Le truc consiste a écrire d'une façon obscure, c'est-à-dire incompréhensible ; la finesse est d'arranger son galimatias de manière à faire croire au lecteur que la faute en est à lui-même s'il ne le comprend pas ; tandis que l'écrivain sait très bien qu'il en est seul responsable, vu qu'il ne dit rien qui soit réellement compréhensible, c'est-à-dire clairement pensé." (Schopenhauer)
"Ce qui rend si pauvre d'idées, et par conséquent si mortellement ennuyeux, le gribouillage de nos philosophastres, c'est évidemment, en dernière analyse, la pauvreté de leur esprit, et avant tout le fait qu'ils exposent habituellement des idées abstraites générales et excessivement larges qui revêtent nécessairement, dans la plupart des cas, une expression indéterminée, hésitante, amortie. Mais ils sont contraints à cette marche acrobatique parce qu'ils doivent se garder de toucher la terre, ou, rencontrant le réel, le déterminé, le détail et la clarté, ils se heurteraient à des écueils dangereux, qui mettraient en danger leur trois-mâts avec sa cargaison de mots." (Schopenhauer)
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Sachant que quand on donne aux mot leur sens, ni plus ni moins, les arguments libéraux l'emportent, il est de leur intérêt de déconstruire le sens des mots et de le noyer dans une grandiloquence obscure.

Ca n'est que la version prétentieuse de noyer le poisson.

D'aucun pensent même que le désapprentissage de l'orthographe et surtout de la syntaxe aux enfants participe de la même volonté. Le pire c'est que c'est crédible.

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Pas nécessairement. Croire que le libéralisme, une fois désocculté, convainc forcément les individus me semble une erreur.

Je pense qu'il est dans la nature de l'homme de préférer la vérité, sauf gain personnel à court terme que permettent les distorsions de concurrence, la politique en général et la politique de gauche en particulier (incluant bien sûr la droite parlementaire française, ça va sans dire).

En d'autres termes: plus il y a de concurrence et de transparence plus chacun apprend à préférer la vérité, ce qui est bon pour son statut personnel. Le jeu consiste donc à se crééer des niches de non vérité où l'on a un avantage, quelle qu'en soit la raison, et de les protéger par opacité. Désapprendre le sens même des mots aux autres étant le rêve de tout créateur d'opacité.

On peut imagnier sur le long terme un mouvement de pendule: quand la corruption et l'opacité sont est allées trop loin les gens poussent pour la transparence, la concurrence et la vérité (cf. Myanmar ce matin et des exemples trop nombreux pour être comptés dans l'histoire). Au bout d'un certain temps dans un système libéral de relations de confiance, les gens désapprennent un tant soi peu à se méfier d'autrui, créant ainsi des "low hanging fruits", des opportunités faciles pour ceux qui sont tentés de se créer une niche de gain facile à court terme (cf le retour du Royaume Uni à une tendance de plus en plus sociale démocrate).

En règle générale, je trouve que nous cherchons beaucoup trop souvent à nous représenter les relations humaines comme tendant vers un état statique: tout noir pour un pessimiste comme toi, tout rose pour qui pense que le libéralisme gagnera à la fin.

De fait, les relations humaines resteront dynamiques, répondant à divers rapports entre pressions existantes et résistances à ces pressions.

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En règle générale, je trouve que nous cherchons beaucoup trop souvent à nous représenter les relations humaines comme tendant vers un état statique: tout noir pour un pessimiste comme toi, tout rose pour qui pense que le libéralisme gagnera à la fin.

:icon_up: En fait, l'avenir n'est pas écrit, ni prédestiné. L'avenir, nous contribuons à l'écrire - mais si nous le refusons, alors il s'écrira sans nous.

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Je pense qu'il est dans la nature de l'homme de préférer la vérité, sauf gain personnel à court terme que permettent les distorsions de concurrence, la politique en général et la politique de gauche en particulier (incluant bien sûr la droite parlementaire française, ça va sans dire).

En d'autres termes: plus il y a de concurrence et de transparence plus chacun apprend à préférer la vérité, ce qui est bon pour son statut personnel. Le jeu consiste donc à se crééer des niches de non vérité où l'on a un avantage, quelle qu'en soit la raison, et de les protéger par opacité. Désapprendre le sens même des mots aux autres étant le rêve de tout créateur d'opacité.

On peut imagnier sur le long terme un mouvement de pendule: quand la corruption et l'opacité sont est allées trop loin les gens poussent pour la transparence, la concurrence et la vérité (cf. Myanmar ce matin et des exemples trop nombreux pour être comptés dans l'histoire). Au bout d'un certain temps dans un système libéral de relations de confiance, les gens désapprennent un tant soi peu à se méfier d'autrui, créant ainsi des "low hanging fruits", des opportunités faciles pour ceux qui sont tentés de se créer une niche de gain facile à court terme (cf le retour du Royaume Uni à une tendance de plus en plus sociale démocrate).

En règle générale, je trouve que nous cherchons beaucoup trop souvent à nous représenter les relations humaines comme tendant vers un état statique: tout noir pour un pessimiste comme toi, tout rose pour qui pense que le libéralisme gagnera à la fin.

De fait, les relations humaines resteront dynamiques, répondant à divers rapports entre pressions existantes et résistances à ces pressions.

C'est une philosophie de l'Histoire trop rigide que tu défends ici (sous l'aspect d'une sorte de dynamique irrésistible). On dirait du Fukuyama période La Fin de l'Histoire et le dernier homme. Or il n'y a pas de lois de l'Histoire.

Pour ma part, je n'ai pas une vision excessivement noire des choses, mais je suis persuadé que l'avenir à moyen terme sera cauchermardesque si le monde ne change pas sa présente trajectoire.

De toute façon, je faisais simplement remarquer que s'il suffisait que les hommes sachent la vérité pour vivre de façon civilisée, ça se saurait.

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Avenir du monde en rose ou en noir ? Je propose mon modèle des pyramides hiérarchiques oscillant autour de leur optimum (en gros, le pic de Laffer) entre répression et laxisme :icon_up: Quelles observations pourraient confirmer ou infirmer ce modèle, sachant que lesdites oscillations sont chaotiques ?

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Avenir du monde en rose ou en noir ? Je propose mon modèle des pyramides hiérarchiques oscillant autour de leur optimum (en gros, le pic de Laffer) entre répression et laxisme :icon_up: Quelles observations pourraient confirmer ou infirmer ce modèle, sachant que lesdites oscillatiosn sont chaotiques ?

Lobin, sors de ce corps !

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De toute façon, je faisais simplement remarquer que s'il suffisait que les hommes sachent la vérité pour vivre de façon civilisée, ça se saurait.

Je ne vois pas à quelle vérité tu fais allusion.

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On peut imagnier sur le long terme un mouvement de pendule: quand la corruption et l'opacité sont est allées trop loin les gens poussent pour la transparence, la concurrence et la vérité (cf. Myanmar ce matin et des exemples trop nombreux pour être comptés dans l'histoire). Au bout d'un certain temps dans un système libéral de relations de confiance, les gens désapprennent un tant soi peu à se méfier d'autrui, créant ainsi des "low hanging fruits", des opportunités faciles pour ceux qui sont tentés de se créer une niche de gain facile à court terme (cf le retour du Royaume Uni à une tendance de plus en plus sociale démocrate).

A la lecture de ton post, je viens de comprendre quelque chose : le fait que dans un futur lointain, les gens vivent dans une société plus ou moins libérale que maintenant, je n'en ai à peu près rien à faire. Ce qui m'intéresse, c'est que moi et mes proches puissions voir une société plus libérale de notre vivant. Si je réfute les analyses collectivistes des politiques de tous bords, ce n'est pas pour m'inscrire moi-même dans une pseudo-Histoire collective où je serais, moi, gagnant à long terme parce que, dans 200 ans, l'Europe sera devenue une minarchie.

Je ne pense pas que ça vaille le coup de sacrifier mes valeurs et courber l'échine devant l'oppression en espérant que d'hypothétiques autres, dans un hypothétique futur, puissent vivre avec plus de liberté que moi-même maintenant, juste parce qu'un grand nombre de gens ne perçoivent pas la situation actuelle comme une oppression.

Je connais la conclusion de ce raisonnement. J'hésite à l'exprimer sur un forum public.

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Lobin, sors de ce corps !

Eh :icon_up: Je parle d'efficacité comparée des états, en concurrence entre eux pour l'extraction de richesses des poches de leurs citoyens.

Pour faire simple, ils semblent osciller entre "prendre tout de suite" (typiquement de gauche) et "laisser croître pour prendre plus plus tard" (typiquement de droite) suivant ce qu'ils croient être la future tendance des poches des citoyens concernés (d'où le virage à gauche lorsque la croissance stagne ou que les riches s'enfuient, et réciproquement ? L'état serait alors souvent trop confiant en extrapolant les variations du moment). Comme les citoyens réagissent aussi aux variations dans leur attitude (émigration sous la pression de l'état, fraude, découragement avec résignation à la baisse de niveau de vie à titre individuel) le résultat est chaotique (c'est un système dynamique), et perturbe un peu plus l'évolution de l'attitude elle-même.

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La Vérité.

Dans ce cas, tu comprendras qu'il ne suffit pas de connaître la vérité. Il faut abandonner sa vie, sa famille, ses biens pour la suivre et entrer par la porte…

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Je pense qu'il est dans la nature de l'homme de préférer la vérité, sauf gain personnel à court terme que permettent les distorsions de concurrence, la politique en général et la politique de gauche en particulier (incluant bien sûr la droite parlementaire française, ça va sans dire).

Point de vue très discutable. Dans "Le réel et son double", Clément Rosset fait remarquer qu'il n'y a rien de plus dur que d'accepter la réalité (vérité) toute crue. Il prend l'exemple de toute la littérature oraculaire : celle où un oracle anonce l'avenir sombre à un héro et ce dernier au moment même où il croit qu'il peut échapper à cette prédiction la réalise (on peut penser à Oedipe, Ce soir à Samarcande etc.). Il prend aussi comme exemple la métaphysique Platonicienne pour laquelle il existe une essence qui serait plus vraie que la réalité : la réalité ne serait que la déformation de cette "super-réalité". En bref il serait plus dans la nature de l'homme de dédoubler le réel en s'en faisant une représentation mentale (et donc permettant d'introduire tous les biais qu'on peut imaginer lors de cette représentation) que de simplement contempler l'existant.

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En bref il serait plus dans la nature de l'homme de dédoubler le réel en s'en faisant une représentation mentale (et donc permettant d'introduire tous les biais qu'on peut imaginer lors de cette représtentation) que de simplement contempler l'existant.

Mais ce que l'on nomme le réel est une représentation mentale nécessairement, c'est par le silence qu'on accède au réel indicible.

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Bonjours à tous. J'émerge, après une petite heure de lecture laborieuse, d'un manifeste du collectif belge Tiqqun, Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille. Moi qui était habitué à la concision et à la clarté lumineuse de la prose classique, je fut abasourdi par le caractère tout à fait abscons de certaines de leurs saillies.

J'en recopie quelques extraits comme base de travail :

La Jeune-Fille est dans le Spectacle, comme la femme dans le monde primitif, un objet de Publicité. Mais la Jeune-Fille est en outre sujet de la Publicité, qui s'échange elle-même. Cette scission dans la Jeune-Fille est son aliénation fondamentale. À cela s'ajoute ce drame : alors que l'exogamie maintient effectivement des rapports permanents entre les tribus, le mana de la Jeune-Fille lui coule entre les doigts, sa Publicité échoue, et c'est elle-même qui en essuie les conséquences.
L'enjeu de la guerre en cours, ce sont les formes-de-vie, c'est-à-dire, pour l'Empire, la sélection, la gestion et l'atténuation de celles-ci. La mainmise du Spectacle sur l'état d'explicitation public des désirs, le monopole biopolitique du tous les savoirs-pouvoirs médicaux…
La perte du sens métaphysique ne se distingue pas, dans la Jeune-Fille, de la «perte du sensible», en quoi se vérifie l'extrême modernité de son aliénation.

Le peu que j'ai pu lire de Debord, de Lacan, et de Foucault conforte une espèce d'intuition que j'ai en ce qui a trait à la prose des gauchistes modernes, mais que je peine à exprimer de manière intelligible. Cela dit, je vois bien que son côté cryptique confine au lieu commun, et je subodore de ce fait une ligne conductrice, une motivation commune.

Mais de quoi s'agit-il au juste? D'une table rase des conventions littéraires et logiques comme écueil bourgeois à la libre expression? D'une tentative, comme élite révolutionnaire éclairée, d'inhiber l'expression de la masse laborieuse? D'une «déconstruction» du langage en vue de la formation d'un Homme Nouveau? Un peu de tout ça?

Je fais appel à vos lumières.

Notez bien qu'il est du reste fort possible que je ne sois simplement pas assez rompu à cet idiome.

Bof, le premier extrait est encore assez compréhensible, le deuxième, on devine grosso-modo. Quant au troisième, c'est une phrase isolée et je suis sur que remise dans son contexte, elle serait simplement aussi débile que les deux autres.

Ceci étant, il faut vraiment être de gauche pour écrire une théorie de la Jeune-Fille. Un homme de droite aurait au moins eu le bon gout d'écrire une esthétique de la Jeune-Fille. (même si évidemment, le seul livre intéressant aurait été une pragmatique de la Jeune-Fille)

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Ceci étant, il faut vraiment être de gauche pour écrire une théorie de la Jeune-Fille. Un homme de droite aurait au moins eu le bon gout d'écrire une esthétique de la Jeune-Fille. (même si évidemment, le seul livre intéressant aurait été une pragmatique de la Jeune-Fille)

Il manquerait alors juste une pratique de la jeune fille pour parfaire la bibliothèque idéale.

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