Aller au contenu

Le capitalisme est-il l'incarnation du mal ?


Nicolas Azor

Messages recommandés

Le principal reproche fait au capitalisme est qu'il permet l'accumulation sans limite du capital et donc leur appropriation par une minorité de personnes, soit-disant au dépend de la grande majorité.

Selon le point de vue libéral, cette idée ne tient pas la route dans la mesure où le capital produit ce que la demande réclame. En d'autres termes, pour devenir riche un capitaliste doit répondre aux besoins des gens et satisfaire leurs exigences.

Survient alors la thèse du "they took our job!", selon laquelle une main d’œuvre corvéable à merci provenant de l'extérieur peut innonder le marché local de produits bon marchés rendant caduque la production locale, augmentant ainsi le chômage.

129192121573522090.jpg

Un point intéressant sur cette idée est qu'elle suit le même schéma, que la main d’œuvre en question soit une population de jeunes paysans chinois fraîchement urbanisés et cherchant à s'extraire de leur pauvreté par le travail, ou qu'il s'agisse de machines incarnant un prétendu conflit entre progrès technologique et emploi artisanal. Les causes dans les deux cas sont complètement différentes, mais on observe le même effet paradoxal: alors que la population se voit offrir, à prix nettement moindres, les produits dont ils ont envie/besoin, dans le même temps ils se plaignent de voir leur utilité diminuer à titre individuel, de telle sorte qu'ils n'ont plus de moyens de subsistance ou sources de revenus nécessaires pour acheter les produits en question.

Plus généralement, l'accumulation du capital permettrait non seulement l'enrichissement illimitée d'une infime minorité, et avec elle le développement d'inégalités jugée à tort ou à raison inacceptables, mais elle remettrait surtout en question l'utilité fondamentale d'un être humain, jusqu'à le rendre esclave des capitalistes, sans lesquels l'individu ne pourrait plus vivre.

Que ces capitalistes soient incarnés par un individu en particulier, une dynastie d'individus, une entreprise multinationale, un état ou que sais-je encore, l'effet et le même si, du point de vue de la majorité, les moyens de productions sont d'un seul coup possédés par une minorité de telle sorte que la majorité devienne incapable de produire de façon compétitive.

Le "mal absolu" évoqué dans le titre de ce fil intervient lorsque la minorité en question est un individu. Bien sûr, dans la réalité il n'est pas possible qu'une seule personne acquiert autant de pouvoir. Même Warren Buffet est mortel, après tout. Mais l'idée d'un individu régnant de façon absolu sur l'humanité en satisfaisant tous ses besoins et désirs reste une sorte d'asymptote, de métaphore vers laquelle tend tout ce que les anti-capitalistes haïssent dans le capitalisme. Elle n'est pas si absurde que ça non plus puisque, à défaut d'être immortel, Warren Buffet (je n'ai rien contre lui, je le cite qu'à titre d'exemple) a des enfants et peut leur léguer sa fortune. D'ailleurs, il y a deux feuilletons américains à la gloire du capitalisme et le titre de l'un d'entre eux est justement Dynastie.

dynastie.jpg

Ainsi la lignée capitaliste peut perpétrer le mythe d'un individu immortel usant de l'avantage que confère le temps et la patience pour accumuler toute la richesse du monde.

Une autre façon d'imaginer cela est de recourir aux mythes (les vrais ceux-là), ou à la fantasy. J'imagine bien par exemple le fils du diable apparaître sur terre et procéder comme Jésus-Christ, c'est à dire guérir les malades, donner du pain à ceux qui ont faim et du vin à ceux qui ont soif. La seule petite différence avec JC, c'est que le fils de Satan, lui, ne ferait pas ça gratuitement. Il demanderait un prix qu'il prendrait bien soin de choisir inférieur à tous les autre prix pratiqués sur Terre, afin de mettre sur la paille toute la concurrence.

"Si vous trouvez moins cher ailleurs, je vous rembourse le double de la différence", dira-t-il.

Une fois que Satan aura mis tout le monde au chômage, il demandera d'autres formes de prix pour ses produits. Possédant toutes les richesses du monde, il n'a que faire des signes monétaires, et donc il commencera à exiger un paiement en tribus et des dons en nature. Les femmes lui donneront des enfants, les hommes devront ériger des statues à sa gloire, et tous devront s'agenouiller devant lui.

C'est là en tout cas une belle image que je me fais du "mal absolu", et force est de constater que les moyens nécessaires pour y parvenir sont très exactement ceux prônés par le capitalisme.

Je crois ne pas être le seul à partager cette conception du capitalisme comme incarnation du mal.

On pressent par exemple l'idée dans l'excellent épisode de South Park: le supermarché des ténèbres, où un Wall Mart s'installe à SouthPark au plus grand plaisir de la population, jusqu'à ce que celle-ci constate sa dépendance maladive aux promotions, ainsi que les conséquence de l'arrivée de ce nouveau concurrent sur le commerce local.

Ainsi dans la série d'animation américaine Samourai Jack, le héros combat un démon surpuissant et protéiforme nommé Aku ("maléfique" en japonais). Au cours du premier épisode, Aku affronte le héros et, dominé au combat, il parvient in extremis à projeter son ennemi dans un lointain futur. Il peut alors disposer de plusieurs milliers d'années de tranquillité pour parvenir à ses fins.

akuk.png

Quand Jack le samurai réapparaît, c'est au milieu d'une mégapole entièrement contrôlée par Aku, et dont les murs sont entièrement recouverts d'affiches publicitaires ventant les mérites des produits vendus par le maître des ténèbres, par exemple des boissons:

akudrink.png

Difficile de ne pas y voir une allusion à l'ultra-domination actuelle d'une certaine firme américaine sur les boissons non-alcoolisées. On retrouve aussi dans cette série l'idée d'un maître absolu et immortel, se faisant rétribuer en hommages tels que des statues errigées à son effigie.

Bref, moi personnellement j'aime bien cette idée, et je crois qu'elle est fondamentalement vraie, mais pas suffisamment pour nier l'intérêt du capitalisme en tant que principe économique et outil de développement humain. Il y aurait énormément à dire sur les raisons qui m'incitent à penser que malgré tout, le capitalisme est une bonne chose et qu'il faut savoir rendre hommage à notre propre part de ténèbres, mais bon je m'arrête là.

Lien vers le commentaire

Plus généralement, je ne vois absolument pas en quoi le capitalisme c'est le mal absolu. Il ne peut y avoir de famille ultra riche ou de méga-corporation qui met tout le monde au chomage pour une raison toute simple : il faut bien que quelqu'un achète leurs produits.

Que les gens doivent acheter les produits n'est pas un problème. Comme expliqué plus haut ils peuvent payer de façon symbolique, ou en effectuant des travaux toujours plus anodins. Ainsi dans le super-marché des ténèbres (qui n'est effectivement pas vraiment une critique du capitalisme), le supermarché emploie Jimmy pour aider les clients à extraire des caddies, alors qu'il est manifestement peu compétent pour cette tâche compte tenu de son handicap. D'ailleurs j'ai vu un jour un employé de supermarché qui avait un chasuble avec écrit "puis-je vous être utile?" écrit sur son dos. Pour moi c'était une manière polie d'écrire "je suis un bon à rien, donnez moi quelque chose à faire".

Lien vers le commentaire

Dans un monde libre, totalement capitaliste donc, un monopole ne peut avoir qu'une durée de vie limitée.

Un monopole ne pourra pas être l'initiateur de tous les progrès techniques décisifs, aura tendance à se reposer sur ses lauriers, aura tendance à ne pas ajuster ses prix à la demande mais à les imposer donnant toutes laxités et opportunités à la concurrence etc, etc… à moins qu'on ne soit pas dans un monde libre, à moins que ce monde ne soit pas capitaliste donc.

Votre monstre phagocyteur du monde n'est pas un capitaliste. Par contre, la métaphore colle assez bien à celle d'un gouvernement, d'un état mondial qui, lui, aurait les moyens d'imposer par la force, sa vision des choses.

Votre métaphore, c'est la négation même de la liberté.

Lien vers le commentaire

Le capitalisme est un mode de production des richesses. Il n'est ni moral ou immoral , il est amoral c'est à dire neutre. Le libéralisme est un mode de répartition . Il est moral car il laisse à chaque individu le droit de disposer librement des fruits de son travail et de sa propriété, cela sans aucun jugement de valeur et sans aucune prédation de la part d' institutions organisés.

Lien vers le commentaire

Dis, Azor… tu sais c'est quoi le capital ?

ben c'est les moyens de production, non? (où l'argent qui permet d'acheter ces moyens de production)

Votre monstre phagocyteur du monde n'est pas un capitaliste. Par contre, la métaphore colle assez bien à celle d'un gouvernement, d'un état mondial qui, lui, aurait les moyens d'imposer par la force, sa vision des choses.

Votre métaphore, c'est la négation même de la liberté.

La force importe peu ici. Si j'étais immortel, je pourrais au cours des siècles accumuler toute la richesse du monde, simplement en achetant les actions de toutes les entreprises du monde et en réinvestissant scrupuleusement les dividendes.

Le pouvoir n'est pas nécessairement synonyme de force. Le pouvoir c'est parfois simplement le talent, la ruse ou toute supériorité acquise grâce à un caractère unique. La transmission héréditaire de la richesse peut aussi donner le même effet.

Le capitalisme est un mode de production des richesses. Il n'est ni moral ou immoral , il est amoral c'est à dire neutre. Le libéralisme est un mode de répartition . Il est moral car il laisse à chaque individu le droit de disposer librement des fruits de son travail et de sa propriété, cela sans aucun jugement de valeur et sans aucune prédation de la part d' institutions organisés.

Je suis d'accord, mais si j'avais titré: "le capitalisme est amoral", ça aurait été beaucoup moins accrocheur.

Mais en fait pour dire la vérité, je pense même que ce n'est pas le capitalisme qui est amoral, mais que c'est plutôt la morale qui n'existe pas (j'ai une grosse tendance nihiliste, pour rappel).

Lien vers le commentaire

La force importe peu ici. Si j'étais immortel, je pourrais au cours des siècles accumuler toute la richesse du monde, simplement en achetant les actions de toutes les entreprises du monde et en réinvestissant scrupuleusement les dividendes.

Le pouvoir n'est pas nécessairement synonyme de force. Le pouvoir c'est parfois simplement le talent, la ruse ou toute supériorité acquise grâce à un caractère unique. La transmission héréditaire de la richesse peut aussi donner le même effet.

Il faut être immortel

Il faut réinvestir les dividendes sans se planter (sinon c'est retour à la case départ), donc se rapprocher d'une certaine omniscience, voir d'une omniscience certaine.

On ne parle plus d'un homme là.

Oui, Dieu pourrait faire des hommes ses esclaves sans utiliser de violence coercitive et seulement par la ruse. Mais comme il est aussi infiniment bon, il ne le fait pas. :mrgreen:

Lien vers le commentaire

C'est bien ce qu'il me semblait : tu as la tête farcie d'idioties marxistes mal digérées.

Böhm-Bawerk est ton ami.

Dans le wikibéral, je lis:

«

En théorie économique, le capital est l'un des trois facteurs de production, les deux autres étant le travail et les ressources naturelles (terre agricole ou à bâtir, gisements miniers et d'hydrocarbures, réserves hydrauliques…).

Les biens produits avec les caractéristiques suivantes appartiennent à cette catégorie

Ils peuvent être utilisés pour la production d'autres biens (c'est ce qui en fait un facteur de production)

Ils sont fabriqués par l'homme, par opposition avec les ressources naturelles, telles que localisations géographiques ou minerais

Ils ne sont pas utilisés immédiatement pour participer à un processus de production

»

alors pardon mais dire "le capital ce sont les moyens de production", ça me paraît un bon résumé.

Il faut être immortel

Il faut réinvestir les dividendes sans se planter (sinon c'est retour à la case départ), donc se rapprocher d'une certaine omniscience, voir d'une omniscience certaine.

Non si tu restes diversifié il n'y a aucune difficulté. L'argent va à l'argent, c'est bien connu. Warren Buffet lui-même soutient l'idée qu'il n'y a rien de difficile à faire de l'argent quand on en a beaucoup. Rien que moi à mon échelle j'ai un portefeuille de plusieurs centaines de lignes et je vois bien que c'est pas difficile de le faire croître. Il suffit d'être patient.

Lien vers le commentaire
La transmission héréditaire de la richesse peut aussi donner le même effet.

Ce qu'il y a de bien avec l'hérédité, c'est qu'elle divise le capital en autant de parts qu'il y a d'héritiers, et de plus il y a peu de chance pour que tous les héritiers et leurs héritiers (et ainsi de suite) aient autant de talent et/ou de motivation que l'ancêtre qui a créé cette fortune originelle. On peut raisonnablement penser que le capital hérité, même très gros, va peu à peu se déliter au fil des générations.

Lien vers le commentaire

Ce qu'il y a de bien avec l'hérédité, c'est qu'elle divise le capital en autant de parts qu'il y a d'héritiers, et de plus il y a peu de chance pour que tous les héritiers et leurs héritiers (et ainsi de suite) aient autant de talent et/ou de motivation que l'ancêtre qui a créé cette fortune originelle. On peut raisonnablement penser que le capital hérité, même très gros, va peu à peu se déliter au fil des générations.

Vrai. J'ai pas dit que c'était parfait, hein… Et puis c'est pour ça qu'il existe le droit d’aînesse, il me semble.

Lien vers le commentaire

L'argent va à l'argent, c'est bien connu.

Ce n'est qu'une généralité et cela n'a quand même pas l'universalité de la gravité, du fait que l'eau descend toujours vers le point le plus bas en y creusant ruisseaux, rivières et fleuves.

Et oui, je connais des anciens riches qui sont passés de la rivière de pognon au filet d'eau qui sort d'un robinet bouché.

Lien vers le commentaire
alors que la population se voit offrir, à prix nettement moindres, les produits dont ils ont envie/besoin, dans le même temps ils se plaignent de voir leur utilité diminuer à titre individuel, de telle sorte qu'ils n'ont plus de moyens de subsistance ou sources de revenus nécessaires pour acheter les produits en question.

Le contre argument c'est que d'une part l'économie n'est pas figée (destruction créatrice, tout ça, le chômage et la reconversion ne sont une catastrophe que dans un contexte socialiste avec un code du travail rigide) et d'autre part la demande se renouvelle et est inépuisable (donc il y aura toujours du boulot pour ceux qui en veulent, même si ce n'est pas exactement celui qu'ils veulent).

Que ces capitalistes soient incarnés par un individu en particulier, une dynastie d'individus, une entreprise multinationale, un état ou que sais-je encore, l'effet et le même si, du point de vue de la majorité, les moyens de productions sont d'un seul coup possédés par une minorité de telle sorte que la majorité devienne incapable de produire de façon compétitive.

Si la concurrence n'arrive pas à suivre, c'est un monopole de fait. Ça veut juste dire que ce service en particulier est mieux rendu pour moins cher par cette entreprise. Quelle horrible tyrannie :mrgreen:

D'ailleurs, si elle commence à le remplir moins bien et/ou pour un prix abusif (comme dans l'histoire du fils du diable), les concurrents ne tarderont pas à reprendre du poil de la bête.

Lien vers le commentaire

Vrai. J'ai pas dit que c'était parfait, hein… Et puis c'est pour ça qu'il existe le droit d’aînesse, il me semble.

Non, mais c'est souvent un argument repris par les anti capitalistes, le fait que la fortune ne dépend pas forcément du mérite mais parfois de la chance. On peut répondre en disant que certes, les plus riches ne sont pas forcément les plus méritants, mais qu'un mauvais gestionnaire ou quelqu'un de pas motivé ou pas intéressé aura vite fait de dilapider le capital légué par ses parents. Il est donc difficile de voir perdurer des dynasties sur de nombreuses générations (enfin, je ne connais pas vraiment le sujet, il en existe peut-être). Quand au droit d'ainesse, c'est quand même assez rare il me semble.

Lien vers le commentaire

Une fois que Satan aura mis tout le monde au chômage, il demandera d'autres formes de prix pour ses produits. Possédant toutes les richesses du monde, il n'a que faire des signes monétaires, et donc il commencera à exiger un paiement en tribus et des dons en nature. Les femmes lui donneront des enfants, les hommes devront ériger des statues à sa gloire, et tous devront s'agenouiller devant lui.

C'est là en tout cas une belle image que je me fais du "mal absolu", et force est de constater que les moyens nécessaires pour y parvenir sont très exactement ceux prônés par le capitalisme.

Je crois ne pas être le seul à partager cette conception du capitalisme comme incarnation du mal.

Quelques posts plus loin

Mais en fait pour dire la vérité, je pense même que ce n'est pas le capitalisme qui est amoral, mais que c'est plutôt la morale qui n'existe pas (j'ai une grosse tendance nihiliste, pour rappel).

Soyons sérieux deux secondes, quel genre de nihiliste initie un débat moral en commençant par déclamer que Satan-entrepreneur (wtf?) est l'incarnation du mal ?

nihilism.jpg

Lien vers le commentaire

alors pardon mais dire "le capital ce sont les moyens de production", ça me paraît un bon résumé.

Dire que le capital est de la ressource disponible serait plus adapté à mon sens, parce que nous ne sommes pas obligés de produire à tout prix, ni de consommer toute la ressource.

Lien vers le commentaire
La force importe peu ici. Si j'étais immortel, je pourrais au cours des siècles accumuler toute la richesse du monde, simplement en achetant les actions de toutes les entreprises du monde et en réinvestissant scrupuleusement les dividendes.

Non, il faudrait que tu vives, et que tu consommes, bref que tu achètes des choses à autrui, que tu dépenses une partie de ton argent en somme.

Qui plus est, toutes les entreprises ne sont pas cotées en Bourse. Et acheter des actions en Bourse, c'est là encore te séparer d'une part de ton pognon.

connaissais pas, merci

Tu es en train de dire qu'on peut atteindre un niveau assez haut en sciences sociales, sans jamais avoir entendu parler une seule fois de Böhm-Bawerk, ou bien (dans un autre fil et un registre complètement différent) de Bonald, Maistre et Maurras ? Je savais que le niveau était bas, mais à ce point-là…

Non, mais c'est souvent un argument repris par les anti capitalistes, le fait que la fortune ne dépend pas forcément du mérite mais parfois de la chance.

Et heureusement. Tu imagines, un système parfaitement méritocratique, où les gens les plus pauvres sont obligés de penser "tout ça, c'est de ma faute" plutôt que de dire qu'il y a une part de hasard dans leur destin ? Non, un monde sans hasard est un monde invivable.

Lien vers le commentaire
Et heureusement. Tu imagines, un système parfaitement méritocratique, où les gens les plus pauvres sont obligés de penser "tout ça, c'est de ma faute" plutôt que de dire qu'il y a une part de hasard dans leur destin ? Non, un monde sans hasard est un monde invivable.

Oui, mais de là à évacuer toute idée de mérite sous prétexte que certains ont eu de la chance.

Lien vers le commentaire

A fool and his money are soon parted. C'est là que réapparaît le mérite.

Oui mais enfin le mérite ne se reconnait pas que par l'argent. Il y a je pense des tas de gens très méritant et qui n'ont aucun argent.

Ca me fait penser à une expo que j'avais vu à Paris, de James NATCHWEY qui retraçait 10 ans de guerre dans le monde pour finir par des images du 11/09/2001 à NY.

J'ai été frappée par une image en N&B d'un gars en Birmanie je crois. Il avait perdu ses 2 jambes et un bras sur une mine anti-personnelle. Il vivait sur un voix de chemin de fer avec sa femme et ses enfants dans la misère. Sa femme avait également été mutilée par une mine anti-personnelle. Le commentaire de Natchwey expliquait que tous les jours, elle et lui faisaient tout ce qu'ils pouvaient comme petits boulots pour pouvoir nourrir leurs enfants et sur l'image cet homme affichait un sourire radieux. Ca m'avait frappée, parce que ici pour moins que ça, on est vite en 150e sous-sol et c'est vraiment pas souvent qu'on croise un sourire pareil avec plein de pétillements dans les yeux et pourtant on a tous nos membres. Je m'étais donc dit que chapeau quand même, il y en a qui ont un sacré mérite et qui pourtant vivent dans la misère.

Et l'inverse existe aussi. Il y en a qui n'ont aucun mérite et qui vivent dans l'opulence.

L'injustice existe bel et bien.

De là à dire qu'il n'y a qu'un seul coupable et à désigner le capitalisme, c'est se débarrasser du problème, mais certainement pas le résoudre.

Lien vers le commentaire

Le mérite n'a rien à voir dans cette histoire. Dans l'absolu, le fils du diable est celui qui a le plus de mérite, puisqu'il dispose de pouvoirs qui le rendent exceptionnel (c'est pour ça que je disais qu'il faut lui rendre hommage). Remplacez "pouvoirs" par "intelligence" ou "détermination" si vous voulez, c'est pareil.

Le fait est que le capitaliste acquiert son pouvoir de façon pacifique, par le seul exercice de sa liberté d'agir. Le problème de la possibilité d'accumulation du capital que j'évoque dans ce fil n'est pas une question de légitimité. C'est uniquement une réflexion sur ses conséquences sur les structures sociales.

Lien vers le commentaire
Oui mais enfin le mérite ne se reconnait pas que par l'argent. Il y a je pense des tas de gens très méritant et qui n'ont aucun argent.

C'est un problème de définition, 'méritoire' ne signifie pas 'qui fait des efforts', le mérite en l'occurrence c'est celui qui viens de l'apport de l'individu a l'humanité, et si ce n'est évidemment pas parfait, on n'a strictement rien trouvé qui s’approche de loin du marché libre pour prendre en compte l’immense diversité des préférences.

L’effort est une vertu, mais ne sers a rien a personne d’autre qu’a celui qui le fait, on ne mérite rien d’autre par l’effort que sa satisfaction personnelle, pour mériter une ‘récompense’ d’autrui, l’effort est hors sujet, c’est le résultat qui compte.

Celui qui par son génie inné guérit le cancer sans se fouler un seul neurone et sans une goutte de sueur et fait payer une somme modique a chaque malade pour le sauver mérite sans problème le moindre $ qu’on lui verse en échange de son traitement, la preuve, on lui donne avec gratitude le pognon !

Lien vers le commentaire

C'est un problème de définition, 'méritoire' ne signifie pas 'qui fait des efforts', le mérite en l'occurrence c'est celui qui viens de l'apport de l'individu a l'humanité, et si ce n'est évidemment pas parfait, on n'a strictement rien trouvé qui s’approche de loin du marché libre pour prendre en compte l’immense diversité des préférences.

L’effort est une vertu, mais ne sers rien a personne d’autre qu’a celui qui le fait, on ne mérite rien d’autre par l’effort que sa satisfaction personnelle, pour mériter une ‘récompense’ d’autrui, l’effort est hors sujet, c’est le résultat qui compte.

Celui qui par son génie inné guérit le cancer sans se fouler un seul neurone et sans une goutte de sueur et fait payer une somme modique a chaque malade pour le sauver mérite sans problème le moindre $ qu’on lui verse en échange de son traitement, la preuve, on lui donne avec gratitude le pognon !

Admettons qu'une personne soit devenue très riche grâce à la fabrication et la vente de mines antipersonnelles et qu'une autre le soit devenue tout autant grâce à la fabrication et la vente d'un vaccin. Le résultat est que les 2 personnes sont très riches, mais il y en a une qui va plutôt avoir intérêt à se cacher parce que faire sa fortune sur des mines antipersonnelles ça n'a rien de très glorieux, l'autre qui au contraire pourra se faire connaître et reconnaître sans problème. Lequel est le plus méritant ? Si on se base sur le résultat de la fortune ça ne va pas nous éclairer beaucoup. En revanche, si on se base sur le résultat de l'apport de l'individu à l'humanité, comme tu le dis, ça va déjà être nettement plus clair.

Quant à l'effort, s'il, est vertueux, en revanche il ne profite pas qu'à la satisfaction personnelle, pour la simple et bonne raison qu'il produit nécessairement un effet papillon qui rejaillit sur d'autres. A partir de là, je pense que l'effort peut parfaitement bien être un critère de mérite à reconnaître.

Lien vers le commentaire
Admettons qu'une personne soit devenue très riche grâce à la fabrication et la vente de mines antipersonnelles et qu'une autre le soit devenue tout autant grâce à la fabrication et la vente d'un vaccin. Le résultat est que les 2 personnes sont très riches, mais il y en a une qui va plutôt avoir intérêt à se cacher parce que faire sa fortune sur des mines antipersonnelles ça n'a rien de très glorieux […]

Bof, c'est parfaitement méritoire, si ça empêche une invasion de gens mal intentionnés.

Lien vers le commentaire

Le principal reproche fait au capitalisme est qu'il permet l'accumulation sans limite du capital et donc leur appropriation par une minorité de personnes, soit-disant au dépend de la grande majorité.

Selon le point de vue libéral, cette idée ne tient pas la route dans la mesure où le capital produit ce que la demande réclame. En d'autres termes, pour devenir riche un capitaliste doit répondre aux besoins des gens et satisfaire leurs exigences.

Survient alors la thèse du "they took our job!", selon laquelle une main d’œuvre corvéable à merci provenant de l'extérieur peut innonder le marché local de produits bon marchés rendant caduque la production locale, augmentant ainsi le chômage.

129192121573522090.jpg

Un point intéressant sur cette idée est qu'elle suit le même schéma, que la main d’œuvre en question soit une population de jeunes paysans chinois fraîchement urbanisés et cherchant à s'extraire de leur pauvreté par le travail, ou qu'il s'agisse de machines incarnant un prétendu conflit entre progrès technologique et emploi artisanal. Les causes dans les deux cas sont complètement différentes, mais on observe le même effet paradoxal: alors que la population se voit offrir, à prix nettement moindres, les produits dont ils ont envie/besoin, dans le même temps ils se plaignent de voir leur utilité diminuer à titre individuel, de telle sorte qu'ils n'ont plus de moyens de subsistance ou sources de revenus nécessaires pour acheter les produits en question.

Plus généralement, l'accumulation du capital permettrait non seulement l'enrichissement illimitée d'une infime minorité, et avec elle le développement d'inégalités jugée à tort ou à raison inacceptables, mais elle remettrait surtout en question l'utilité fondamentale d'un être humain, jusqu'à le rendre esclave des capitalistes, sans lesquels l'individu ne pourrait plus vivre.

Que ces capitalistes soient incarnés par un individu en particulier, une dynastie d'individus, une entreprise multinationale, un état ou que sais-je encore, l'effet et le même si, du point de vue de la majorité, les moyens de productions sont d'un seul coup possédés par une minorité de telle sorte que la majorité devienne incapable de produire de façon compétitive.

Le "mal absolu" évoqué dans le titre de ce fil intervient lorsque la minorité en question est un individu. Bien sûr, dans la réalité il n'est pas possible qu'une seule personne acquiert autant de pouvoir. Même Warren Buffet est mortel, après tout. Mais l'idée d'un individu régnant de façon absolu sur l'humanité en satisfaisant tous ses besoins et désirs reste une sorte d'asymptote, de métaphore vers laquelle tend tout ce que les anti-capitalistes haïssent dans le capitalisme. Elle n'est pas si absurde que ça non plus puisque, à défaut d'être immortel, Warren Buffet (je n'ai rien contre lui, je le cite qu'à titre d'exemple) a des enfants et peut leur léguer sa fortune. D'ailleurs, il y a deux feuilletons américains à la gloire du capitalisme et le titre de l'un d'entre eux est justement Dynastie.

dynastie.jpg

Ainsi la lignée capitaliste peut perpétrer le mythe d'un individu immortel usant de l'avantage que confère le temps et la patience pour accumuler toute la richesse du monde.

Une autre façon d'imaginer cela est de recourir aux mythes (les vrais ceux-là), ou à la fantasy. J'imagine bien par exemple le fils du diable apparaître sur terre et procéder comme Jésus-Christ, c'est à dire guérir les malades, donner du pain à ceux qui ont faim et du vin à ceux qui ont soif. La seule petite différence avec JC, c'est que le fils de Satan, lui, ne ferait pas ça gratuitement. Il demanderait un prix qu'il prendrait bien soin de choisir inférieur à tous les autre prix pratiqués sur Terre, afin de mettre sur la paille toute la concurrence.

"Si vous trouvez moins cher ailleurs, je vous rembourse le double de la différence", dira-t-il.

Une fois que Satan aura mis tout le monde au chômage, il demandera d'autres formes de prix pour ses produits. Possédant toutes les richesses du monde, il n'a que faire des signes monétaires, et donc il commencera à exiger un paiement en tribus et des dons en nature. Les femmes lui donneront des enfants, les hommes devront ériger des statues à sa gloire, et tous devront s'agenouiller devant lui.

C'est là en tout cas une belle image que je me fais du "mal absolu", et force est de constater que les moyens nécessaires pour y parvenir sont très exactement ceux prônés par le capitalisme.

Je crois ne pas être le seul à partager cette conception du capitalisme comme incarnation du mal.

On pressent par exemple l'idée dans l'excellent épisode de South Park: le supermarché des ténèbres, où un Wall Mart s'installe à SouthPark au plus grand plaisir de la population, jusqu'à ce que celle-ci constate sa dépendance maladive aux promotions, ainsi que les conséquence de l'arrivée de ce nouveau concurrent sur le commerce local.

Ainsi dans la série d'animation américaine Samourai Jack, le héros combat un démon surpuissant et protéiforme nommé Aku ("maléfique" en japonais). Au cours du premier épisode, Aku affronte le héros et, dominé au combat, il parvient in extremis à projeter son ennemi dans un lointain futur. Il peut alors disposer de plusieurs milliers d'années de tranquillité pour parvenir à ses fins.

akuk.png

Quand Jack le samurai réapparaît, c'est au milieu d'une mégapole entièrement contrôlée par Aku, et dont les murs sont entièrement recouverts d'affiches publicitaires ventant les mérites des produits vendus par le maître des ténèbres, par exemple des boissons:

akudrink.png

Difficile de ne pas y voir une allusion à l'ultra-domination actuelle d'une certaine firme américaine sur les boissons non-alcoolisées. On retrouve aussi dans cette série l'idée d'un maître absolu et immortel, se faisant rétribuer en hommages tels que des statues errigées à son effigie.

Bref, moi personnellement j'aime bien cette idée, et je crois qu'elle est fondamentalement vraie, mais pas suffisamment pour nier l'intérêt du capitalisme en tant que principe économique et outil de développement humain. Il y aurait énormément à dire sur les raisons qui m'incitent à penser que malgré tout, le capitalisme est une bonne chose et qu'il faut savoir rendre hommage à notre propre part de ténèbres, mais bon je m'arrête là.

Une bonne introduction qui décrasse.

Le capitalisme est un mode de production des richesses. Il n'est ni moral ou immoral , il est amoral c'est à dire neutre. Le libéralisme est un mode de répartition . Il est moral car il laisse à chaque individu le droit de disposer librement des fruits de son travail et de sa propriété, cela sans aucun jugement de valeur et sans aucune prédation de la part d' institutions organisés.

Je sais bien que c'est le sport local la bricole sémantique mais là c'est un peu gros. Capitalisme mode de production et libéralisme mode de répartition c'est beau comme une formule de Luc Chatel mais tu sors ça d'où? Et ça veut dire quoi qu'un truc est moral sans jusgement de valeur?

C'est bien ce qu'il me semblait : tu as la tête farcie d'idioties marxistes mal digérées.

Böhm-Bawerk est ton ami.

C'est quoi le problème? Et qu'est-ce qui ne colle pas là avec Böhm-Bawerk?

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...