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École & éducation : Le temps des secrets


Messages recommandés

il y a 1 minute, Bézoukhov a dit :

Moi non plus j’ai rien contre les études courtes, sauf pour mes enfants.

 

(enfin sauf si il veut devenir tailleur de pierre de cathédrale avec les compagnons)

Ou fonder une multinationale (pas besoin de MBA pour ça, et je soupçonne même que ça péjore légèrement les chances de réussite).

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2 minutes ago, Bézoukhov said:

Moi non plus j’ai rien contre les études courtes, sauf pour mes enfants.

 

(enfin sauf si il veut devenir tailleur de pierre de cathédrale avec les compagnons)

Je n'en ai pas, mais je n'aurai eu aucun problème avec des études courtes qui permettent une professionnalisation rapide pouvant mener à de belles carrières.

Entre un enfant bac+5 science de l'éducation et un enfant qui va faire ses gammes de cuisine auprès de plus grands, j'ai choisit, et ce n'est pas la fac.

 

Si il voulait faire comme mes ancêtres: vigneron, aucun problème, pas besoin d'user ses pantalons à la faculté et j'ai les connexions pour lui permettre d'apprendre auprès des meilleurs.

 

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@Largo Winche

Même si le niveau des Bac+3 d'aujourd'hui est lamentable aujourd'hui, rien ne garantit qu'à bac+5 il sera meilleur. Malheureusement c'est même plutôt l'inverse : ceux qui à Bac+5 choisiront le concours d'instituteurs seront très probablement ceux qui n'auraient jamais dû arriver au bout d'un Bac+5, et qui n'ont pas d'autres options.

 

Ils auront encore le niveau déplorable qu'ils avaient en Bac+3 : la sélection est inexistante et on n'apprend pas l'orthographe et le raisonnement logique à 21 ans, dans des cours de niveau Master. Ni même les bases d'un problème mathématique, de l'histoire ou des sciences de niveau CM2.

 

Un concours plus jeune, avec la possibilité d'être payé pendant qu'on finit son master, au prix d'un contrat de 20h chez McDo puis plus d'un SMIC, sans avoir la double journée études + job, et sans la contrainte des études longues, c'est attractif pour certains. D'autant plus que plus jeune il y a moins le risque de la contrainte conjoint + horloge biologique pour accepter des premiers postes je ne sais où.

 

Les cours sur deux ans, s'ils sont bien faits, peuvent se concentrer sur détecter les lacunes inacceptables, les réparer si possible, et sinon se débarrasser par la non titularisation d'un candidat inapte.

 

Bref, ça peut être bien fait.

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Mais tout ceci ne règle pas le fond du problème : tant qu'être instituteur ça sera se faire menacer par les parents d'élèves, insulter par les élèves, lâcher par la hiérarchie et mépriser par la société, ça n'attirera pas les meilleurs. Être maîtresse dans l'école hors contrat de mon fils, oui, ça, je signe tout de suite. Mais dans les conditions de l'Education nationale, jamais de la vie.

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3 hours ago, Lancelot said:

Plutôt d'accord avec @Lameador au moins sur le principe de lutter contre l'inflation des diplômes

 

3 hours ago, Rincevent said:

Oui, j'ai aussi rencontré beaucoup de gens vraiment brillants au niveau Bac ou Bac+2, mais qui n'avaient simplement aucune envie de faire des études longues (ou parfois pas les moyens), et qui valaient très largement beaucoup de Bac+5 que j'ai connus. Il faut les repérer, c'est le plus difficile.

 

Vous prêchez un convaincu, là.

C'est ce que je me tue à expliquer depuis des années sur ce fil.

Je rappelle que j'enseigne aussi en IUT et comme je garde un lien avec nombre de mes anciens étudiants via LinkedIn, j'ai quantité d'anciens diplômés qui ont stoppé leurs études au niveau DUT qui ont eu une très bonne carrière, évoluant vers des postes de top managers.

 

Mais ça, c'était vrai avant, il y a une petite dizaine d'années. C'est-à-dire une éternité...

 

L'inflation de diplômés est désormais un état de fait. Je suis le premier à le déplorer, mais c'est comme ça, et il faut composer avec.

 

C'est parce qu'il y a eu une inflation de diplômés qu'il y a désormais une dévaluation intrinsèque des diplômes, qui entraine de façon mécanique un renforcement de l'inflation de diplômes.

 

  • Au départ, il y a eu une inflation de diplômés souhaitée politiquement : l'objectif de "80 % d'une génération au niveau du bac" du ministre Chevènement.
    Objectif atteint en moins d'une trentaine d'années : début 80s, 25% d'une classe d'âge obtenait le bac ; milieu des années 90s on était déjà à 63% ; objectif atteint au début des années 2010 ; et aujourd'hui on est à plus de 80%.
     
  • Ce type de prouesse (passer de 25% à 63% en seulement 15 ans par exemple !!) n'a pu être obtenu que par une baisse généralisée des exigences et donc du niveau intrinsèque des diplômes.
     
  • 80% d'une classe d'âge a le bac : ça signifie que le bac ne joue plus du tout son rôle de filtre pour attester d'un niveau de connaissances. Ce sont les diplômes post-bac qui commencent à jouer ce rôle de filtre, pour la première fois dans la scolarité des jeunes. Auparavant, à aucun moment, ils ne sont mis en échec quel que soit leur niveau réel : il n'y a plus de redoublement ; tout jeune qui passe le bac finit par l'obtenir (taux de réussite au bac de 95%, taux de réussite de 99% si on compte ceux qui l'obtiennent en redoublant leur terminale).
     
  • Assez vite, les employeurs n’ont pas été dupes du simulacre d’attribution de diplômes frénétiques et ont bien perçu leur dévaluation intrinsèque. Ce qu'un diplômé d’une date N était capable de réaliser, le diplômé d’une date N+10 n'est plus du tout apte à le faire. À titre d'exemple, à l'époque où j'étais lycéen, un CAP suffisait pour être employé de banque, quand j'ai commencé à enseigner les banques embauchaient au niveau bac, aujourd'hui elles exigent un bac+2/bac+3... Les banques sont-elles devenues folles, d'autant plus que leur grille conventionnelle implique de rémunérer à un niveau plus élevé cette main d'œuvre plus diplômée ? Eh bien non, elles ont compris qu'un bachelier aujourd'hui n'est plus du tout employable pour les tâches pourtant assez basiques qu'elles offrent.
     
  • À partir du moment où on a commencé à distribuer le bac à quasiment tout le monde, il a fallu en gérer les conséquences (la non-employabilité des bacheliers), et donc forcer la main des établissements d’enseignement supérieur pour que chaque bachelier ait une place post-bac. Fatalement, le même processus d’inflation de diplômes qui a existé dans le secondaire s’est étendu au supérieur. Aujourd’hui, 40% d’une génération obtient un bac+3 (chiffre à comparer à celui que je donnais plus haut : début 80s seulement 25% d’une génération obtenait le bac).
     
  • Et, là aussi, cette inflation s'est accompagné d'une dévaluation intrinsèque des diplômes post-bac. Dans la presse, on voit désormais se multiplier des articles sur les « bullshit jobs » : des jeunes diplômés bac+3 ou bac+5 ne comprennent pas qu’on leur donne des emplois peu intéressants et mal payés. Amha, la réalité est qu’on a surtout produit beaucoup de bullshit graduates qui ne sont que des bullshit workers. Bien sûr que les entreprises réclament toujours plus de diplômés pour faire des boulots merdiques, c’est le résultat de l’inflation et de la dévaluation intrinsèque des diplômes.
     
  • Ajoutons qu’à partir des années 2000, l’EN a commencé à embaucher comme enseignants les jeunes qui ont subi entièrement une scolarité dégradée et bradée du primaire jusqu’au supérieur. Fatalement, l’EN a recruté de plus en plus de nuls qui ont encore aggravé la situation. Quand on place comme instituteurs des gens avec une culture déficiente, une maitrise défaillante du français, un mauvais niveau en maths et de faibles qualités de réflexion, il ne faut pas s’étonner que l’effondrement du niveau général s’accélère ces quinze dernières années, comme l’attestent les différentes études (PISA, TIMSS, etc.).

Donc, de façon totalement logique, et comme cela s’est pratiqué pour tous types d’emploi, l’EN a placé le concours a un niveau de diplôme plus élevé.

 

L’EN est désormais dans une impasse :

  • Recruter des enseignants à bac+5 pour enseigner en primaire ou secondaire et les payer comme des fonctionnaires de catégorie C n’est plus tenable : l’attractivité du métier se dégrade et donc le nombre de candidats baisse. Moins il y a de candidats, moins les enseignants recrutés sont bons. Pour un véritable « choc d’attractivité », il faudrait considérablement revaloriser le salaire des enseignants, ce qui n’est pas envisageable vu l’état des finances publiques.
  • Recruter des enseignants à bac+3 est donc une autre option mais c'est une énorme connerie : avec 40% d’une classe d’âge qui a aujourd’hui un bac+3, les meilleurs ne passeront pas le concours, ce seront donc majoritairement les moins bons, c’est-à-dire des gens encore plus mauvais que ceux recrutés actuellement. C’est la garantie d’une accélération de l’effondrement du niveau général.

Il n'y a pas de bonne solution, c'est une impasse : le niveau de l'instruction va continuer à se dégrader et la chute va s'accélerer.

 

La seule issue possible serait une réforme en profondeur de tout le système éducatif en commençant par une sévère débureaucratisation. Mais ça aussi, c'est pour l'heure inenvisageable car aucun membre de l'EN (enseignants comme bureaucrates) ne l'accepterait.

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34 minutes ago, Largo Winch said:

 

 

Vous prêchez un convaincu, là.

C'est ce que je me tue à expliquer depuis des années sur ce fil.

Je rappelle que j'enseigne aussi en IUT et comme je garde un lien avec nombre de mes anciens étudiants via LinkedIn, j'ai quantité d'anciens diplômés qui ont stoppé leurs études au niveau DUT qui ont eu une très bonne carrière, évoluant vers des postes de top managers.

 

Mais ça, c'était vrai avant, il y a une petite dizaine d'années. C'est-à-dire une éternité...

 

L'inflation de diplômés est désormais un état de fait. Je suis le premier à le déplorer, mais c'est comme ça, et il faut composer avec.

 

C'est parce qu'il y a eu une inflation de diplômés qu'il y a désormais une dévaluation intrinsèque des diplômes, qui entraine de façon mécanique un renforcement de l'inflation de diplômes.

 

  • Au départ, il y a eu une inflation de diplômés souhaitée politiquement : l'objectif de "80 % d'une génération au niveau du bac" du ministre Chevènement.
    Objectif atteint en moins d'une trentaine d'années : début 80s, 25% d'une classe d'âge obtenait le bac ; milieu des années 90s on était déjà à 63% ; objectif atteint au début des années 2010 ; et aujourd'hui on est à plus de 80%.
     
  • Ce type de prouesse (passer de 25% à 63% en seulement 15 ans par exemple !!) n'a pu être obtenu que par une baisse généralisée des exigences et donc du niveau intrinsèque des diplômes.
     
  • 80% d'une classe d'âge a le bac : ça signifie que le bac ne joue plus du tout son rôle de filtre pour attester d'un niveau de connaissances. Ce sont les diplômes post-bac qui commencent à jouer ce rôle de filtre, pour la première fois dans la scolarité des jeunes. Auparavant, à aucun moment, ils ne sont mis en échec quel que soit leur niveau réel : il n'y a plus de redoublement ; tout jeune qui passe le bac finit par l'obtenir (taux de réussite de 95%, taux de réussite de 99% si on compte ceux qui l'obtiennent en redoublant leur terminale).
     
  • Assez vite, les employeurs n’ont pas été dupes du simulacre d’attribution de diplômes frénétiques et ont bien perçu leur dévaluation intrinsèque. Ce qu'un diplômé d’une date N était capable de réaliser, le diplômé d’une date N+10 n'est plus du tout apte à le faire. À titre d'exemple, à l'époque où j'étais lycéen, un CAP suffisait pour être employé de banque, quand j'ai commencé à enseigner les banques embauchaient au niveau bac, aujourd'hui elles exigent un bac+2/bac+3... Les banques sont-elles devenues folles, d'autant plus que leur grille conventionnelle implique de rémunérer à un niveau plus élevé cette main d'œuvre plus diplômée ? Eh bien non, elles ont compris qu'un bachelier aujourd'hui n'est plus du tout employable pour les tâches pourtant assez basiques qu'elles offrent.
     
  • À partir du moment où on a commencé à distribuer le bac à quasiment tout le monde, il a fallu en gérer les conséquences (la non-employabilité des bacheliers), et donc forcer la main des établissements d’enseignement supérieur pour que chaque bachelier ait une place post-bac. Fatalement, le même processus d’inflation de diplômes qui a existé dans le secondaire s’est étendu au supérieur. Aujourd’hui, 40% d’une génération obtient un bac+3 (chiffre à comparer à celui que je donnais plus haut : début 80s seulement 25% d’une génération obtenait le bac).
     
  • Et, là aussi, cette inflation s'est accompagné d'une dévaluation intrinsèque des diplômes post-bac. Dans la presse, on voit désormais se multiplier des articles sur les « bullshit jobs » : des jeunes diplômés bac+3 ou bac+5 ne comprennent pas qu’on leur donne des emplois peu intéressants et mal payés. Amha, la réalité est qu’on a surtout produit beaucoup de bullshit graduates qui ne sont que des bullshit workers. Bien sûr que les entreprises réclament toujours plus de diplômés pour faire des boulots merdiques, c’est le résultat de l’inflation et de la dévaluation intrinsèque des diplômes.
     
  • Ajoutons qu’à partir des années 2000, l’EN a commencé à embaucher comme enseignants les jeunes qui ont subi entièrement une scolarité dégradée et bradée du primaire jusqu’au supérieur. Fatalement, l’EN a recruté de plus en plus de nuls qui ont encore aggravé la situation. Quand on place comme instituteurs des gens avec une culture déficiente, une maitrise défaillante du français, un mauvais niveau en maths et de faibles qualités de réflexion, il ne faut s’étonner que l’effondrement du niveau général s’accélère ces quinze dernières années, comme l’attestent les différentes études (PISA, TIMSS, etc.).

Donc, de façon totalement logique, et comme cela s’est pratiqué pour tous types d’emploi, l’EN a placé le concours a un niveau de diplôme plus élevé.

 

L’EN est désormais dans une impasse :

  • Recruter des enseignants à bac+5 pour enseigner en primaire ou secondaire et les payer comme des fonctionnaires de catégorie C n’est plus tenable : l’attractivité du métier se dégrade et donc le nombre de candidats baisse. Moins il y a de candidats, moins les enseignants recrutés sont bons. Pour un véritable « choc d’attractivité », il faudrait considérablement revaloriser le salaire des enseignants, ce qui n’est pas envisageable vu l’état des finances publiques.
  • Recruter des enseignants à bac+3 est donc une autre option mais c'est une énorme connerie : avec 40% d’une classe d’âge qui a aujourd’hui un bac+3, les meilleurs ne passeront pas le concours, ce seront donc majoritairement les moins bons, c’est-à-dire des gens encore plus mauvais que ceux recrutés actuellement. C’est la garantie d’une accélération de l’effondrement du niveau général.

Il n'y a pas de bonne solution, c'est une impasse : le niveau de l'instruction va continuer à se dégrader et la chute va s'accélérer.

 

La seule issue possible serait une réforme en profondeur de tout le système éducatif en commençant par une sévère débureaucratisation. Mais ça aussi, c'est pour l'heure inenvisageable car aucun membre de l'EN (enseignants comme bureaucrates) ne l'accepterait.

 

Ces considérations sont intéressantes, sincères et proches du terrain. J'approuve totalement le constat, je diffère sur les solutions.

Le remède à l'inflation n'est pas d'imprimer plus de monnaie.

 

C'est d'admettre le caractère masturbatoire des diplômes, et de proposer le même concours à quiconque postulera. Si les "mauvais Bac+5" sont authentiquement les moins pires, c'est de toute façon eux qui arriveront en tête du concours, n'est-ce pas ?

 

Concernant la débureaucratisation, les diplômes virtuels, ou l'héritage de Savonarole Chevènement , j'ai toujours considéré qu'il fallait éliminer les conflits d'intérêts incestueux et autant que possible dissocier l'enseignement (transmettre, former, enseigner) de l'évaluation (certifier, évaluer, décerner des diplômes). C'est un principe simple, possible à mettre en oeuvre progressivement, et qui a long terme inversera les effets négatifs d'une gangrène socialiste qui a mis 40 ans à contaminer le mammouth.

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Pour l'hypothétique école d'instit qui forme en 2-3 ans, pourquoi ne pas recruter les BAC avec mention très bien? Ils ont probablement le niveau du bac sans mention d'il y a 20 ans?

 

Qu'est-ce qui fait, réellement, qu'un BAC+5 est mieux qu'un BAC+3? Pas les deux ans d'études supplémentaire. Si on peut pêcher ceux qui ont le potentiel BAC+5 tôt dans le pipeline, on peut faire économiser 2 ans à tout le monde.

 

Ça ne résous évidemment pas le problème de l'attractivité du métier.

  • Yea 2
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Il y a 2 heures, Largo Winch a dit :

 


 

Oui, la majorité de ce que tu dis est vrai, mais je ne suis pas d'accord non plus avec les conclusions.

Déjà, cela n'a pas de sens de faire un concours lorsqu'on est en pénurie de candidats. Il faut faire un examen, et choisir sincèrement ce qu'on veut comme attendu pour les instits et les profs.

 

Pleins de gens brillants arrêtent les études universitaires pour de nombreuses raisons différentes. Une école normale, a examen d'entrée, comme évoquée au dessus permettrait de corriger les défauts des instits recrutés actuellement, en leur proposant une formation qui a du sens avec le métier qu'ils veulent faire.

Je suis d'accord que la baisse du niveau disciplinaire des enseignants est corrélée avec le niveau des élèves. Mais je ne pense pas que la corrélation soit si forte que ça. à mon avis, les nouvelles méthodes d'apprentissage et les ambiances de classes sont plus fortement corrélées avec la baisse de niveau des élèves.

Ma première année en lycée, mes terminales (en contrôle continu) m'ont annoncé qu'ils en avaient marre des "co-constructions de trace écrite à partir des réponses aux activités des élèves" et préféraient un apprentissage plus frontal. La prof de philo de cette année qui arrive de lycée expérimental l'a eu mauvaise lorsque les nouveaux terminales lui ont demandé à peu près la même chose.

Les élèves les plus démunis en capital culturel sont complètement désemparés devant les méthodes d'enseignement actuelles. Je ne vais pas trop élaborer la dessus car c'est un peu HS mais je pense que cela a un impact sur le fait que l'école en France soit devenu un accentuateur (désolé, catalyseur ?) d'inégalités sociales.

 

 

Il y a plein de choses à faire, et il faut qu'elles soient implémentées en même temps :

1/ La discipline est à mon avis le premier souci. Je lis un forum de prof donc j'ai un avis biaisé car souvent ceux qui postent sont ceux qui trouvent que leur situation est problématique et qui demandent de l'aide, mais le bazar en classe est à mon avis un gros souci pour les apprentissages en général et plus particulièrement pour les enfants venant des classes défavorisées.

Il faut que les profs puissent exclure de la classe les élèves qui empêchent les autre de travailler. Mon chef d'établissement se prend pour une assistante sociale : "oui il est pénible mais on ne va pas le virer sinon il va faire des bêtises pire dans la rue. Il ne sait pas lire et insulte ses maîtres de stage mais on va quand même lui valider son diplôme sinon il aura rien" etc etc.

 

2/ Arrêter de donner des diplômes à tout le monde. Valider un CAP manuel à des enfants qui savent à peine lire et compter, et qui sont incapables de faire ce qu'on leur demande sans être insolents, c'est diminuer la valeur de tous les CAP.

Un parent d'élève qui a eu son bac sans rien foutre se rend bien compte de nos jours que ce diplôme ne sert à rien, et ne va sûrement pas engueuler son gamin qui fout le bazar.

3/ Il faut augmenter le salaire des profs, et rendre l'accès à la profession plus difficile. Si on garde le principe du concours, ca se fera tout seul. Ca coûtera cher.

4/ Il me semble que la France est le pays de l'OCDE avec le plus gros taux de fonctionnaires de l'éducation nationale non enseignant. Il faut que cela cesse.

 

5/ Il faut allonger la formation des maîtres plutôt que leurs études. C'est l'idée du Master MEEF pour le secondaire, mais tout le monde m'en dit du mal. Je m'y étais inscrit en retour d'étude pour pouvoir faire un stage devant une classe après mon master recherche. Je n'y ai jamais foutu les pieds donc je ne peux pas dire grand chose dessus. De mes collègues qui y sont passé avant leur concours, les adjectifs sont en général : "inutile" "absurde" "débile" "activement nuisant".

 

C'est ici mon plus gros point de désaccord avec @Largo Winch : Un élève qui valide son M2 n'aura rien appris qui fera de lui un meilleur prof que celui qui vient de finir sa L3. Si je prend l'exemple de l'Histoire, c'est même plutôt le contraire : plus on avance, plus on se spécialise. C'est plutôt contre productif dans un métier qui se base sur la variété et la vulgarisation des savoirs. J'imagine que c'est la même dans toutes les matières, et que c'est encore plus grave pour les instits.

Je ne dis pas que le savoir disciplinaire est inutile, par exemple le mois dernier avant de bosser la guerre du Vietnam j'avais prévu de faire un petit topo vite fait sur la guerre de Corée, sans trop y penser, et je me suis rendu compte la veille au soir que mes connaissances sur le sujet étaient vagues et mes souvenirs confus. Au final pendant ces 20 minutes je leur ai raconté littéralement tout ce que je savais, j'avais l'impression d'être dans un de ces cauchemars où on est a poil au boulot et que les dents commencent à tomber. C'est important de connaître plus que ce qu'on enseigne.

 

Mais même si le niveau des élèves et des candidats à baissé, le niveau des épreuves à lourdement augmenté.

Je crois que je l'ai déjà raconté ici, mais l'année avant de devenir prof, j'ai voulu passer le CAPES d'Histoire Géo. Au final je n'ai fait que 2 mois de préparation donc j'ai laissé tombé et je me suis fait recruter comme contractuel.

C'est tombé sur le seul sujet que j'avais bossé pourtant, l'Islam médiéval, bas moyen âge (500 ans), de l'Espagne à l'Inde. Le sujet à traiter en 5h c'était "les rituels de passation de pouvoir chez les Seldjoukides au 12e siècle"

Il y a plein de choses à dire et c'est plutôt intéressant mais être capable de pondre entre 15 et 20 pages de tête ne fera pas forcément de toi un super prof pour enseigner le chapitre (sur 11 d'Histoire) sur la naissance de l'Islam en 5e ou le chapitre sur la méditerranée médiévale et les interactions entre les grandes civilisations en seconde.

Je dubite aussi que les bacheliers qui entraient dans les écoles normales étaient capables d'écrire 15 pages sur les dynamiques territoriales des espaces agricoles d’Amérique latine. Pourtant ils étaient de biens meilleurs profs et instits que nous !

 

L'éducation nationale n'est pas facile à réformer.  Pap Ndiaye et la meuf du tennis (y'a un nouveau je crois) sont les ministres les plus appréciés par les profs parce qu'ils n'ont fait aucune réformes. Cette saleté de Attal en a fait plein de débiles puis est parti.

Il faut imaginer des fourmis qui essayent de faire ce qu'on leur demande, à travers un gros tas de fumier, et qui petit à petit, à travers les combats qu'elles choisissent, réussissent vaguement à faire des tunnels, et à qui chaque ministre annonce qu'il va régler tous leurs problèmes avant de poser une énorme pèche sur le tas qui fait s'effondrer tout ce qu'elles avaient construites avant de repartir en se félicitant.

Une chef d'établissement m'a dit qu'elle avait une réunion avec ses collègues et les gens des rectorats pour essayer de deviner ce que la déclaration d'Attal sur Twitter voulait dire concrètement.

Les gens se moquent des diarrhées verbales de Trump mais nos gouvernants ne sont pas beaucoup mieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il y a 2 heures, Jensen a dit :

Pour l'hypothétique école d'instit qui forme en 2-3 ans, pourquoi ne pas recruter les BAC avec mention très bien? Ils ont probablement le niveau du bac sans mention d'il y a 20 ans?

 

Qu'est-ce qui fait, réellement, qu'un BAC+5 est mieux qu'un BAC+3? Pas les deux ans d'études supplémentaire. Si on peut pêcher ceux qui ont le potentiel BAC+5 tôt dans le pipeline, on peut faire économiser 2 ans à tout le monde.

 

Ça ne résous évidemment pas le problème de l'attractivité du métier.

https://www.cafepedagogique.net/0000/00/00/les-salaires-des-profs/

 

"En fin de carrière, un certifié perçoit dans le meilleur des cas 2920 euros (hors classe), et plus souvent 2450 euros net par mois… A mi-carrière (8ème échelon), il gagne environ 1980 euros net par mois. En début de carrière, après deux ans d’ancienneté, il gagne 1550 euros net par mois "

 

Bien sur, on va conseiller à nos élèves de terminale qui partent pour la mention très bien de faire une carrière de prof.

Au fait, le départ à 2000e se fait via une prime qui diminue en fonction du salaire, ce qui fait que le professeur n'a plus d'évolution de salaire jusqu'à ce qu'il dépasse naturellement les 2000.

  • Yea 2
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Le seul moyen de régler la politique salariale et de mutation, c’est de mettre fin à la gestion centralisée des RH et les profs n’en veulent pas. 
Il y a aussi le problème de l’égalité des salaires entre les profs. J’aimerais connaître les réactions des profs si on propose de payer les profs de maths plus que les profs de sport. 

  • Yea 4
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Techniquement, un prof de sport rentre dans les années 80 doit être meilleur en maths qu’un prof de maths rentre maintenant =\. Donc je sais pas si ton truc marche.

 

(Au delà de la blague, l’effondrement actuel du niveau est un vrai problème de long terme qui va être difficile à résorber)

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Ceci dit, la discussion récente (et les excellentes contributions de @Largo Winch et @Jean_Karim ) portaient plus sur les instituteurs que sur les profs de secondaire.

Pour lesquels la question de la modulation des rémunération par spécialité mériterait d'être posée.

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En plus du différentiel par spécialité, il y a un problème de différentiel géographique. Il y a des académies où il est plus facile de trouver des candidats que d’autres et ca devrait aussi se refléter dans les salaires. 
 

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il y a une heure, Bézoukhov a dit :

Moui. L’électeur français médian n’a probablement pas envie de subventionner le 93 et équivalent encore plus qu’il ne le fait déjà,


Il faudra bien y avoir des profs d’une manière où d’une autre. Soit en transférant les profs aux collectivités locales soit en créant une académie unique pour les nouveaux profs. 

 

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Que ce soit dans le domaine de l'éducation, de la santé, il y a davantage de salariés qui n'ont jamais de contacts avec le public concerné. Des trouzaines d'agences et de fonctionnaires glandouillent dans les bureaux en produisant des cerfa à la chaîne.

Le problème, c'est qu'une fois créés, ces machins sont quasi indestructibles alors qu'ils sont hautement nuisibles.

  • Yea 1
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