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<<Au point de vue barbare, liberté est synonyme d’isolement : celui-là est le plus libre dont l’action est la moins limitée par celle des autres ; l’existence d’un seul individu sur toute la face du globe donnerait ainsi l’idée de la plus haute liberté possible. — Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d’autrui, non plus une limite, comme le dit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793, mais un auxiliaire, l’homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables.

Ces deux manières de concevoir la liberté s’excluant l’une l’autre, il en résulte que la liberté du sauvage ne peut pas être rationnellement et justement revendiquée par l’homme vivant en société : il faut choisir.

Deux nations sont séparées par un bras de mer, ou une chaîne de montagnes. Elles sont respectivement libres, tant qu’elles ne communiquent point entre elles, mais elles sont pauvres ; c’est de la liberté simple : elles seront plus libres et plus riches si elles échangent leurs produits ; c’est ce que j’appelle liberté composée. L’activité particulière de chacune de ces deux nations prenant d’autant plus d’extension qu’elles se fournissent mutuellement plus d’objets de consommation et de travail, leur liberté devient aussi plus grande : car la liberté, c’est l’action. Donc l’échange crée entre nations des rapports qui, tout en rendant leurs libertés solidaires, en augmentent l’étendue : la liberté croît, comme la force, par l’union, Vis unita major. Ce fait élémentaire nous révèle tout un système de développements nouveaux pour la liberté, système dans lequel l’échange des produits n’est que le premier pas.

En effet : l’échange ne tarderait pas à devenir une cause d’assujettissement, de subalternisation, de gêne extrême pour les peuples, s’il devait s’effectuer toujours selon le mode primitif, en nature. Il faut un moyen qui, sans rien ôter à la solidarité créée par l’échange, par conséquent sans diminuer l’importance des échanges, l’augmente au contraire, et rende l’échange aussi facile, aussi libre que la production elle-même.

Ce moyen , c’est la monnaie. Par l’invention de la monnaie, l’échange est devenu commerce, c’est-à-dire propriété et communauté, individualité et solidarité combinées ensemble, en un mot, liberté élevée à sa troisième puissance.

Ainsi donc, l’homme qui travaille, c’est-à-dire qui se met en rapport d’échange avec la nature, est plus libre que celui qui la ravage, qui la vole, comme le barbare. — Deux travailleurs qui échangent leurs produits, sans autrement s’associer, sont plus libres que s’ils ne les échangeaient pas ; — ils le deviendront davantage encore, si, au lieu de l’échange en nature, ils adoptent, d’accord avec un grand nombre d’autres producteurs, un signe commun de circulation, tel que la monnaie. Leur liberté croît à mesure, je ne dis pas qu’ils s’associent, mais qu’ils font une permutation de leurs services : c’est encore une fois ce que j’appelle tour à tour liberté simple et liberté composée.

Or, de même que l’échange, sans la monnaie, serait devenu une cause et un moyen de servitude ; de même la monnaie, après avoir créé entre les individus et plus de liberté et plus d’action, les ramènerait bientôt à une féodalité financière et corporative, à une servitude organisée, cent fois plus insupportable que la misère antérieure, si, par un nouveau moyen, analogue à la monnaie métallique, on ne parvenait à remédier à cette tendance de subalternisation, et par conséquent à élever à un degré supérieur encore la liberté.

Tel est le problème que s’est proposé de résoudre la Banque du peuple.>>

 

Proudhon, confessions d'un révolutionnaire.

 

 

Il y a 11 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Attention à ne pas confondre libéralisme, anti-étatisme et anarchisme ;)

Peut être sans les confondre on peut percevoir un cousinage quand même.

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Comme @poincaré j'ai fini the dictator's handbook et c'était une excellente lecture. Le modèle développé par les auteurs est extrêmement séduisant car à la fois simple et très efficace pour donner du sens à une myriade de faits politiques, dans des contextes très variés.

Tout dépend de la taille minimale de la coalition nécessaire pour conquérir puis garder le pouvoir. De là, et en tenant compte de certains paramètres supplémentaires (ressources naturelles, aide au développement, contingences historiques), on comprend bien l'émergence, le maintien ou l'évolution des démocraties et des autocraties. J'ai bien aimé (un exemple parmi bien d'autres, les auteurs n'en sont pas avares) l'analyse quant au règne de Louis XIV, autocrate intelligent qui a su démocratiser juste ce qu'il faut au bon moment pour conserver le pouvoir tout en neutralisant les Grands. Ça résonnait bien avec d'autres lectures (historiques).

 Croyez moi, je suis un libéral soucieux d'être bien vu sur ce forum, mais je suis malgré tout ressorti du livre avec le sentiment que finalement la démocratie actuelle c'est quand même pas si mal et qu'on a peut être trop tendance à râler et à oublier ce qui peut avoir existé ou exister aujourd'hui. Mais les auteurs ont peut être un biais disons (pour simplifier) "Fukuyamesque" : la démocratie libérale c'est ce qu'on peut viser de mieux et ça devrait se faire un peu tout seul, selon un processus quasi hayékien (Ils ne le citent jamais).

 C'est un sentiment diffus, et je serais ravi que les spécialistes locaux en sciences politiques donnent leur avis. En résumé j'ai adoré, mais une partie de mon cerveau hésite entre "ce modèle est aussi génial que celui du gène égoïste" (pour prendre un autre exemple marquant dans ma vie de lecteur) et "il y a une arnaque quelque part, c'est trop simple".

En tous cas, merci à @Rincevent pour la suggestion de lecture.

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Bon, j'ai acheté et parcouru l'Histoire du libéralisme de Samuel Béreau (qui, contrairement à ce que pourrait suggérer le titre, n'est pas historien mais agrégé de philo). A fuir à tout prix ! C'est nullissime.

 

L'auteur commence par admettre la Très Fallacieuse et Très Corruptrice division entre libéralisme politique et libéralisme économique. Première erreur.

Ensuite il fait de Montesquieu un libéral -deuxième erreur- (représentant le courant du "libéralisme politique"), et va imputer par analogie hasardeuse un proto-libéralisme chez Hérodote, Thucydide, Platon (!), Aristote ou Polybe, sous prétexte qu'on peut y trouver des formes de séparation des pouvoirs, sans bien sûr se demander s'il existe une quelconque influence démontrable de ceux-ci sur celui-là ; ça donne des résultats... hum...


"Une notion fondamentale pour le libéralisme apparaît dans le contexte guerrier de la Grèce antique. Chaque grande cité grecque désire l'hégémonie, mais aucun ne veut être soumise. La notion employée par les historiens grecs à l'époque pour décrire cette situation est celle de contrebalancement. Ils l'utilisent pour caractériser différents niveaux de la guerre. Dans une cité, la guerre civile est évitée lorsque la force d'un groupe social est contrebalancée par celle d'un autre. [...]

Montesquieu, fondateur du libéralisme politique [sic] moderne [re-sic], réactualisera cette notion de contrebalancement. Lorsqu'il écrit "pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir" [...] il applique la notion de contrebalancement au gouvernement tempéré.
" (p.20)

"La Rome antique est à l'origine d'une opposition entre deux courants libéraux." (p.53)
-Samuel Béreau, Histoire du libéralisme, Ellipses Édition, 2016, 276 pages.

 

Le reste du bouquin est à pleurer: des résumés de la vie d'auteurs (Hume, Marx...) en trois paragraphes, assortis de vagues commentaires des œuvres (les citations d’œuvres occupe une place disproportionnée dans l'ensemble du texte). Aucune approche historique sérieuse. Wikipédia fait mieux et gratuitement.

 

Bon. Ensuite, j'ai commencé l'Histoire intellectuelle du libéralisme de Pierre Manent. C'est autrement plus sérieux. Après, on y trouve les forces comme les faiblesses du courant straussien d'histoire des idées. Je ne trouve pas que ce soit toujours très honnête, principalement en ce qui concerne Machiavel (où l'on pourrait faire à Manent le même reproche que faisait L. Strauss à la thèse de l'Éthique protestante de Max Weber, à savoir la confusion entre une pensée politique et sa réception -et les formes les plus dégradées de celles-ci).

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Il y a 4 heures, Boz a dit :

je suis malgré tout ressorti du livre avec le sentiment que finalement la démocratie actuelle c'est quand même pas si mal et qu'on a peut être trop tendance à râler et à oublier ce qui peut avoir existé ou exister aujourd'hui. Mais les auteurs ont peut être un biais disons (pour simplifier) "Fukuyamesque" : la démocratie libérale c'est ce qu'on peut viser de mieux et ça devrait se faire un peu tout seul, selon un processus quasi hayékien (Ils ne le citent jamais).

C'est sûr que c'est toujours moins pire qu'un régime autocratique où le dirigeant ne fait pas même l'effort de fournir des services à sa population : son pouvoir ne repose pas sur celle-ci, donc il n'a aucun intérêt à leur accorder des avantages quelconques (l'exemple des "biens publics").

 

Dans un monde merveilleux, on peut effectivement tendre vers l'idéal de la démocratie libérale. C'est une contradiction dans les termes. Comment un système politique qui conditionne la population à en demander toujours plus à l'Etat peut-il respecter les principes du libéralisme sur le long terme ? La réalité, c'est qu'on finit toujours par tendre vers une social-démocratie. La notion même de "gouvernement limité" est contradictoire. Même si les auteurs démontrent parfaitement qu'un Etat est semblable à une entreprise privée d'un point de vue organisationnel, le propre d'un gouvernement, c'est de tout gérer, tout contrôler à grande échelle. On ne cherche pas à atteindre le pouvoir pour être limité dans ses actions. Donc bon. Le concept même de "démocratie libérale" est fantasmagorique. Puis, quand on se penche sur ses fondements philosophiques... pas étonnant que ça ne fonctionne pas (contrat social, père noël et licornes) :icon_volatilize:

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il y a 4 minutes, poincaré a dit :

quand on se penche sur ses fondements philosophiques... pas étonnant que ça ne fonctionne pas (contrat social, père noël et licornes) :icon_volatilize:

 

Tu sais, la défense de la démocratie en philosophie politique ne se limite nullement à Rousseau (et tant mieux du reste).

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Il y a 5 heures, Boz a dit :

...

 Croyez moi, je suis un libéral soucieux d'être bien vu sur ce forum, mais je suis malgré tout ressorti du livre avec le sentiment que finalement la démocratie actuelle c'est quand même pas si mal et qu'on a peut être trop tendance à râler et à oublier ce qui peut avoir existé ou exister aujourd'hui. Mais les auteurs ont peut être un biais disons (pour simplifier) "Fukuyamesque" : la démocratie libérale c'est ce qu'on peut viser de mieux et ça devrait se faire un peu tout seul, selon un processus quasi hayékien (Ils ne le citent jamais).

 ...

 

La démocratie libérale, le capitalisme, la liberté d'entreprendre ne sont pas des garanties que les problèmes seront résolus mais qu'on laissera faire ceux qui désirent le faire.

 

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Je commence aussi l'Histoire du libéralisme en Europe (sous la direction de Philippe Nemo et Jean Petitot) ; ça semble très prometteur mais dès l'intro je grince un peu des dents: dire qu'Arendt serait libérale est faux ; dire que Kant serait libéral est plus que discutable alors en faire l'un des "auteurs libéraux centraux" (p.24), bon...

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il y a 4 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Je commence aussi l'Histoire du libéralisme en Europe (sous la direction de Philippe Nemo et Jean Petitot) ; ça semble très prometteur mais dès l'intro je grince un peu des dents: dire qu'Arendt serait libérale est faux ; dire que Kant serait libéral est plus que discutable alors en faire l'un des "auteurs libéraux centraux" (p.24), bon...

 

Bah, c'est bien le problème majeur de toute discussion, on utilise des mots, des concepts, des idées que l'on ne prend même pas la peine de définir...

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Le 24/10/2018 à 19:23, Johnathan R. Razorback a dit :

Ensuite il fait de Montesquieu un libéral -deuxième erreur- (représentant le courant du "libéralisme politique"),

 

Pourtant Montesquieu défend le " doux commerce " aussi, ce n'est pas qu'un libéral politique. Pourquoi tu dis qu'il n'est pas libéral ?

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il y a 54 minutes, Atika a dit :

Pourtant Montesquieu défend le " doux commerce " aussi, ce n'est pas qu'un libéral politique. Pourquoi tu dis qu'il n'est pas libéral ?

 

Le libéralisme est un individualisme universaliste égalitaire (égalité de liberté pour tous les êtres humains). Or Montesquieu n'admet même pas l'égalité devant la loi: https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2006-4-page-177.htm#anchor_plan

 

https://www.cairn.info/revue-romantisme-2006-3-page-25.htm

 

Sinon, je suis dans L'Europe des libéraux (1991) de Nicolas Roussellier.

 

Avantage de l'ouvrage par rapport à l'Histoire du libéralisme en Europe de Nemo et all: on y trouve une définition du libéralisme.

Inconvénient: cette définition est fausse (et vachement courte, aussi).

Pour Rousselier: "Le libéralisme est un constitutionnalisme." (p.31)

 

Ce qui n'est pas totalement erroné mais ça revient à confondre le libéralisme avec ses moyens. Le libéralisme n'est ni un constitutionnalisme ni une doctrine de la séparation des pouvoirs (ce qui est d'ailleurs la confusion de Béreau qui rétro-projette du coup du libéralisme chez les gréco-romains).

Le libéralisme est une philosophie politique, une doctrine des finalités légitimes du politique. On ne peut donc pas le définir par ses moyens.

 

Conséquence de l'erreur de définition de l'objet: on nous raconte une autre histoire (Bastiat ou Constant n'ont même pas droit à un paragraphe). Par exemple:

 

Majeure: le libéralisme est un constitutionnalisme.

Mineure: Le régime constitutionnel repose sur la confrontation d'opinions éclairées.

Conclusion: les libéraux, c'étaient donc ceux qui réagissaient à l'extension du droit de vote par... la création d'écoles publiques...


"Quelle que soit la forme de transition vers la démocratie du suffrage qu'empruntent ou qu'aménagent les libéraux, celle-ci ne peut se concevoir sans un ensemble de réformes d'accompagnement du suffrage universel. Il s'agit même plus, dans le cas du réformisme scolaire et laïciste, d'un simple accompagnement: dans la mesure ou l'exercice de la participation politique doit rester lié à une compétence en dépit ou plutôt en raison même de son extension, dans la mesure où le constitutionnalisme de la représentation libérale ne peut revenir à une théorie de la souveraineté populaire assimilée pendant tout le XIXe siècle par les libéraux, au retour des passions et du désordre révolutionnaire, mais doit demeurer, en se transposant de l'échelle du cercle censitaire à l'échelle de la nation tout entière, une représentation des opinions raisonnables, rendues raisonnables et aptes à la représentation par la délibération et la souveraineté de la raison, pour toutes ces raisons, l'universalisme du savoir -ou de ses "rudiments"- est bien l'enjeu et le synonyme de l'universalisation de l'exercice politique [...]
Aussi, dans plusieurs cas, le courant libéral réussit à la fois à s'identifier au programme de réformes scolaires et laïques, s'organise et recrute mieux par là même, tout en se rapprochant de anticléricalisme. Ainsi en Belgique, la naissance et l'organisation véritable du parti libéral accompagne précisément la radicalisation de la la tradition laïque: l'idéal des libéraux "doctrinaires" (Lebeau, Rogier) d'un Etat neutre, d'un Etat-cadre qui en faisant reconnaître le principe de l'instruction généralisée laissait à chaque commune le libre choix de la laïcité ou de la confessionnalité de son école (loi de 1842 sur l'instruction primaire), est passé par le nouveau courant radical qui impose l'ouverture obligatoire d'une école publique dans toutes les communes lors du grand ministère de Frère-Orban formé en 1878.
"
-Nicolas Roussellier, L'Europe des libéraux, Éditions Complexe, 1991, 225 pages, p.89.

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On est d'accord, je n'aime pas la définition du libéralisme politique qu'on a à l'école uniquement par  "ça permet la diversité des opinions et le pluralisme démocratique "

 

Si l'égalité est un si fort pilier que ça dans le libéralisme, est-ce que tu penses que le suffrage universel masculin ( donc discriminatoire) n'était pas à souhaiter d'un point de vue libéral ? ( même si là c'est plus un débat sur la démocratie, mais le libéralisme implique la démocratie n'est-ce pas)

 

 

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2 hours ago, F. mas said:

Que pensez-vous d'Antonio Damasio ? Quelqu'un aurait quelques liens vers de la littérature critique sur ses thèses sur l'encartage cérébral ?

C'est quelqu'un de très bien mais en fin de carrière. Il faut avoir lu L'Erreur de Descartes. En termes de critiques c'est une question plus difficile qu'il n'y paraît. Il y a bien sûr des théories alternatives sur les émotions, la conscience etc. mais globalement c'est très largement admis qu'une grosse partie du rôle du cerveau est de recueillir, prédire et simuler des perceptions. Après bien sûr il y a des débats sur à quel point on doit pousser cette identité entre corps et esprit (et Damasio est plutôt modéré là-dessus puisqu'il dit que le cerveau peut in fine fonctionner en se passant de l'input sensoriel une fois que le processus de simulation est automatisé). Comme vrai cognitiviste à l'ancienne et donc opposé à toute forme d'incarnation de la cognition, je ne vois que Fodor peut-être (en tous cas il y a quelques années).

  • Yea 3
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Il y a 3 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

 

De quoi ?

 

Tu dis que le libéralisme est pour l'égale liberté pour tout le monde. Je te demande si le suffrage universel masculin était à soutenir d'un point de vue libéral

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il y a 7 minutes, Atika a dit :

Je te demande si le suffrage universel masculin était à soutenir d'un point de vue libéral

 

Je ne comprends pas ce que vient faire le masculin dans la question. Si on pense que libéralisme et démocratie sont compatibles (voire qu'ils se renforcent mutuellement), je ne vois pas pourquoi il faudrait réserver le vote à un seul sexe.

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Quand il a émergé il a prit cette forme discriminatoire, aurait-il donc fallu le soutenir à l'époque d'un point de vue libéral ? :)

 

Si je demande ça c'est parce que tu rejettes l'étiquette de libéral à Montesquieu parce qu'il était contre l'égalité devant la loi.

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Il y a 8 heures, Rincevent a dit :

Pas vraiment convaincu. 

 

Et je vais même souligner qu'il est universaliste parce qu'il est le produit historique d'une matrice chrétienne* sécularisée vers la fin du 18ème (Holbach, Condorcet, Constant, etc.).

 

*Vous allez sur Wikipédia. Vous tapez "libéralisme". Vous lisez attentivement le début du 1er paragraphe de la section "usage du terme". Vous cliquez sur la note numéro 16, qui vous renverra vers un blog admirable, de très haute tenue et d'un rare bonheur d'expression: https://fr.wikipedia.org/wiki/Libéralisme#cite_ref-16

  • Haha 1
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Qu'il y ait des familles libérales qui soient universalistes, ça ne fait pas de doute. Mais c'est faire bien peu de cas des Lumières Écossaises, par exemple. Chez les libéraux, il y a des universalistes comme des anti-universalistes, et les uns sont aussi libéraux que les autres 

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il y a 25 minutes, Rincevent a dit :

Mais c'est faire bien peu de cas des Lumières Écossaises, par exemple.

 

Autant je suis le premier à dire que le libéralisme est issu du mouvement des Lumières, autant très peu des auteurs des Lumières sont des libéraux (ni Voltaire, ni Rousseau, ni même Spinoza, etc.).

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il y a 6 minutes, Boz a dit :

Je crois avoir déjà remarqué que @Johnathan R. Razorback refuse de considérer Burke comme appartenant à la famille libérale au sens large

 

ça va même plus loin que ça, je ne pense pas qu'on puisse le ranger dans la famille du conservatisme libéral. Mais ça j'en reparlerais le jour où j'aurais avancé dans ma typologie de la droite conservatrice.

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il y a 27 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

ça va même plus loin que ça, je ne pense pas qu'on puisse le ranger dans la famille du conservatisme libéral. Mais ça j'en reparlerais le jour où j'aurais avancé dans ma typologie de la droite conservatrice.

Pourtant, il n'y a pas guère de divergence entre Burke et Hayek (et, pour comparer avec un autre conservateur, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre Hayek et Oakeshott).

  • Yea 2
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il y a 32 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Autant je suis le premier à dire que le libéralisme est issu du mouvement des Lumières, autant très peu des auteurs des Lumières sont des libéraux (ni Voltaire, ni Rousseau, ni même Spinoza, etc.).

Qu'est ce qui n'est pas libéral chez Spinoza ?

 

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il y a 19 minutes, Rincevent a dit :

il n'y a pas guère de divergence entre Burke et Hayek

 

Je réserve la comparaison doctrinale à un autre jour, mais disons déjà que les bons jours, Hayek était démocrate (cf Pourquoi je ne suis pas conservateur). Mécaniquement, il est plus à gauche que Burke (ou Burke plus à droite, comme on voudra). Et ce n'est pas la seule différence.

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il y a 20 minutes, Rübezahl a dit :

Qu'est ce qui n'est pas libéral chez Spinoza ?

 

Tous le monde sait que j'aime bien Spinoza, et par plusieurs aspects on peut le qualifié de proto-libéral (et de républicain).

 

Malheureusement, pour le meilleur et pour le pire, Spinoza admet plus d'une des prémisses de Hobbes*. C'est donc un positiviste juridique.

 

Certes, le jusnaturalisme n'est pas une condition sine qua non du libéralisme (le contre-exemple de Bentham et de quelques rares autres est là pour nous le rappeler). Néanmoins le libéralisme semble bien dépendant d'une forme ou d'une autre d'individualisme moral (et même l'utilitarisme benthamien passerait ce test).

 

Alors qu'en gros, pour Spinoza (et Montesquieu), s'il faut accepter la tolérance des opinions, c'est parce que ça fait les affaires de l'Etat -et non parce que l'individu aurait un droit inhérent, opposable à l'Etat. Exemple de critique libertarienne de Spinoza: https://www.libertarianism.org/columns/freethought-freedom-critique-spinoza

 

Spinoza n'admet pas non plus quelque chose comme un droit de résistance à l'oppression (comme Hobbes, comme Kant). Il est donc en deçà du degré de libéralisme de l'école de Salamanque (qu'il connaissait), vu qu'on le trouve défendu chez Francisco Suarez.

 

Par ailleurs il n'y a pas de libéralisme sans défense (ou au grand minimum acceptation implicite) de la liberté économique. Je ne suis pas sûr qu'on pourrait défendre celle-ci sur une base spinoziste.

 

*Et la vision économique de Hobbes était... comment dire...

 

« L’État détermine de façon discrétionnaire le système des droits de propriété, garantit les contrats, produit les règles et institutions de marché, et dans cet ordre la liberté des contractants peut jouer, mais sans que l’État leur laisse la bride sur le cou : il les contrôle, à tous moments il peut intervenir, interdire, revoir les droits de propriétés, et c’est encore lui, enfin, qui anime la circulation par ses recettes et ses dépenses publiques. »

-Pierre Dockès, « Hobbes et l’économique », Astérion [En ligne], 5 | 2007, mis en ligne le 13 avril.

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Je citais l'autre jour les propos de Rothbard et Rand sur la cohérence des "extrémistes", mais l' "anti-centrisme" n'est pas une idée neuve:

 

« C’est surtout la modération qui joue un grand rôle dans cette armée de sophismes que je passe rapidement en revue.

On veut à tout prix des modérés ; on craint les exagérés par-dessus tout ; et comment juge-t-on à laquelle de ces classes appartient le candidat ? On n’examine pas ses opinions, mais la place qu’il occupe ; et comme le centre est bien le milieu entre la droite et la gauche, on en conclut que c’est là qu’est la modération.

Étaient-ils donc modérés ceux qui votaient chaque année plus d’impôts que la nation n’en pouvait supporter ? ceux qui ne trouvaient jamais les contributions assez lourdes, les traitements assez énormes, les sinécures assez nombreuses ? »

-Frédéric Bastiat, « Aux électeurs du département des Landes », 1830, in Œuvres complètes, t.1, p.219.

  • Yea 2
  • Ancap 1
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Après des années à lire le nom de Heinlein sur le forum, j'ai enfin lu The moon is a harsh mistress. Ça m'a pris 2-3 chapitres à me faire au style un peu oral, mais passé ça, je n'avais pas lu un bouquin aussi rapidement depuis des lustres. Heinlein est génial pour développer ses personnages à partir de 3 fois rien. Les concepts libertariens sont distillés petit à petit dans le bouquin sans ça ne puisse gêner le lecteur lambda. J'aime aussi beaucoup la fin, loin de tout optimiste béat.

 

Bon, j'ai une pile de livres en attente, mais faudra que j'essaye de lire Stranger in a strange land ou Starship Troopers un de ces jours.

  • Ancap 1
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