Aller au contenu

Mes lectures du moment


Messages recommandés

C'est un livre que j'ai depuis longtemps sur ma liste de lecture :) mais je cherche vraiment un livre historique. Le livre idéal serait une approche autrichienne de l'économie à l'époque moderne. Le cours étant un cours sur la première mondialisation des échanges commerciaux.

Il y a l'ouvrage cité par tous les libertariens intelligents qui se respectent (notamment HH Hoppe), à savoir "Le capitalisme" en deux tomes de l'éminent historien Jean Baechler.

http://www.decitre.fr/livres/le-capitalisme-9782070328413.html

Lien vers le commentaire

Je vais avoir un cours sur l'économie à l'époque moderne, en licence d'histoire et j'aurais voulu savoir si vous aviez des références en la matière ? Je suis inscrit dans une fac très très à gauche et j'ai un peu peur de me faire laver le cerveau avec des ouvrages qui ne tiennent pas la route.

J'ai mis L'histoire de l'analyse économique de J. A Schumpeter dans ma liste de lecture. Est-ce un bon choix ?

J'ai eu un tel cours, et j'avais utilisé Histoire des faits économiques contemporains de Niveau et Crozet. Ce n'est pas libéral, mais c'était très bien fait, relativement objectif (dans un cadre keynésien mou), et ça avait le mérite d'aborder différents points de vue sur certains sujets. Très didactique aussi (pour tout ce qui a trait à l'étalon-or notamment).

En bref, même si ce n'est pas libéral, ce n'est pas choquant et c'est bien utile pour un tel cours tant que tu veux rester dans le discours normal (= non libéral).

Lien vers le commentaire

Je viens de finir Morality, Political Economy and American Constitutionalism de Timothy P. Roth. Je suis tombé dessus en cherchant les relations entre Kant et Smith.

Le bouquin, court mais plutôt costaud, est écrit par un élève de Buchanan. Il cherche à montrer la différence flagrante entre la vision des pères fondateurs américains et l'opinion philosophique actuelle qui mène les USA.

L'opinion des pères fondateurs en matière politique est fondée sur leur compréhension de l'individu et est totalement basée sur le versant moral de cette opinion ; celui-ci s'inscrit dans un cadre Kanto-smithien où la loi morale se découvre par un processus de point de vue extérieur à l'individu, le "spectateur impartial" de Smith. Pour les founders, cet individu est entièrement plongé dans une communauté morale (Buchanan parle de "moral community" qu'il oppose au "moral order" et à la "moral anarchy"), ce qui influe sur la politique : celle-ci doit donc promouvoir l'impartialité en termes politiques, dans la mesure où loi et morale sont liés. Dans ce cadre, la justice, qui est la fin de l'Etat, est purement procédurale. Tout est fait pour éviter que les "factions" parviennent à utiliser le pouvoir de l'Etat pour mettre en oeuvre des intérêts factieux, là où l'Etat se devrait d'être impartial ; c'est dans ce sens que sont installés des "auxiliary precautions" dans la Constitution, comme la limitation de la force de la majorité où encore le fédéralisme que Roth compare au marché, où "l'exit-option" assure une relative uniformité des biens proposés. Dans ce cadre procédural, tout conséquentialisme est éliminé, et la Constitution ne peut "évoluer" par construction juridique selon les époques.

Mais pour les Founders, il est clair que tout cela a un corollaire indispensable : que la population soit elle-même dévouée à la loi morale, qu'elle soit vertueuse afin d'élire des représentants tout autant vertueux. Madison ainsi : "To suppose that any form of government will secure liberty as happiness without any virtue on the people, is a chimerical idea". Cette vertu est celle de Montesquieu, c'est à dire la préférence pour l'intérêt public face à l'intérêt privé et l'amour des lois de son pays.

Cette vision des Pères fondateurs, dit Roth, contraste sérieusement avec ce qu'il appelle le "modern liberalism", que je décrirais comme inspiré par le "mensonge romantique" : l'individu y est perçu non pas comme membre d'une communauté mais transcendentalement autonome. Dans ce cadre, l'Etat n'a pas à postuler de théorie du bien, et doit assurer un "égal respect" entre tous les individus et leurs préférences. Reste à définir ce que veut dire concrètement cet "égal respect". Il semble pour Dworkin que c'est surtout s'assurer que les préférences individuelles ne soient pas dominées par des préférences extérieures.

Le modern liberalism va donc, sur le plan économique, s'acoquiner de l'utilitarisme de la Social Welfare Theory, car le jeu économique crée des inégalités qui empêchent l'individu de jouir de ses seules préférences individuelles ; cette Social Welfare Theory utilise l'homo oeconomicus tiré de cette vision de l'individu transcendentalement autonome et une définition des inégalités qui ne peuvent pas être acceptées pour définir un équilibre général supposément neutre éthiquement. Et pour protéger les individus de cet utilitarisme, le modern liberalism déclarera des droits qui auront donc une valeur instrumentale. Le point de Roth est de montrer que cette théorie est intenable car elle incorpore une théorie des droits (en premier lieu celui d'égale considération) et une théorie du bien (situation où tout le monde est considéré également, c'est à dire où personne n'est dominé par des préférences extérieures) qui suppose un utilitarisme qui ne peut, au final, admettre la force morale, et donc la constance, et donc l'existence même des droits qu'elle promulgue cependant.

Ce modern liberalism est donc instable, et la philosophie qu'il avance mène à des impasses. Roth passe aussi quelque chapitres à démonter cordialement les théories économiques "positivistes" qui fondent la Social Welfare Theory (et au sein desquelles on peut placer le "néo-libéralisme" économique, d'ailleurs), qui se veulent value-free et sans rapport avec les insitutions. Encore une fois en total désaccord avec les Pères fondateurs pour qui c'étaient justement les institutions qui importaient, comme capable de faire vivre en leur sein un peuple en accord avec la loi morale et sans que des factions ne puissent remporter le pouvoir.

Bref, désolé pour le pavé (J'aime bien les synthèses pas très synthétiques), mais la conclusion est que ce n'est pas mauvais, et que ça permet d'aborder d'un autre angle un libéralisme un peu simple qui postule un individu "autonome" et pourtant admire les pères fondateurs qui étaient à mille lieux d'imaginer l'individu ainsi.

Lien vers le commentaire

Comme j'ai du temps libre ces temps-ci, je prépare mon master de l'année prochaine, en droit économique. Auriez vous des conseils de lecture à me fournir, dans le cadre du droit notamment, mais je prends tout ce qui s'y relate (le sujet est large) ? Je pense me mettre à Villey, par exemple, mais auriez-vous d'autres must read ?

Lien vers le commentaire

Comme j'ai du temps libre ces temps-ci, je prépare mon master de l'année prochaine, en droit économique. Auriez vous des conseils de lecture à me fournir, dans le cadre du droit notamment, mais je prends tout ce qui s'y relate (le sujet est large) ? Je pense me mettre à Villey, par exemple, mais auriez-vous d'autres must read ?

Ca dépend, quel sera le programme de votre master ? Plutôt droit de la consommation, marchés publics ou antitrust ?

Et de quel Villey parlez-vous ? Michel ou Daniel ? S'il s'agit de Michel, à mon humble avis, cette lecture n'est pas indispensable. Son La formation de la pensée juridique moderne n'est guère original. Dans Le droit et les droits de l'homme, il fait preuve de courage (il y moque le culte des "droits de l'homme"), mais de peu de pénétration (il omet la distinction cardinale : droits de l'homme de 1ère, 2ème et 3ème génration ; il met tout et son contraire dans le même sac).

Lien vers le commentaire

Ca dépend, quel sera le programme de votre master ? Plutôt droit de la consommation, marchés publics ou antitrust ?

Et de quel Villey parlez-vous ? Michel ou Daniel ? S'il s'agit de Michel, à mon humble avis, cette lecture n'est pas indispensable. Son La formation de la pensée juridique moderne n'est guère original. Dans Le droit et les droits de l'homme, il fait preuve de courage (il y moque le culte des "droits de l'homme"), mais de peu de pénétration (il omet la distinction cardinale : droits de l'homme de 1ère, 2ème et 3ème génration ; il met tout et son contraire dans le même sac).

Dans un premier temps c'est surtout très général; mi-philosophie, mi-cours généraux de droit en se concentrant néanmoins sur le droit des contrats, droit des sociétés, un peu de droit administratif pour avoir une vision d'ensemble. Donc c'est surtout une bibliographie non spécialisée et à la lisière du droit et de la philosophie du droit qui m'intéresse.

Et oui, Michel, qui est tellement présent dans la bibliographie proposée que j'en ai conclu à un must read.

Lien vers le commentaire

Dans un premier temps c'est surtout très général; mi-philosophie, mi-cours généraux de droit en se concentrant néanmoins sur le droit des contrats, droit des sociétés, un peu de droit administratif pour avoir une vision d'ensemble. Donc c'est surtout une bibliographie non spécialisée et à la lisière du droit et de la philosophie du droit qui m'intéresse.

Et oui, Michel, qui est tellement présent dans la bibliographie proposée que j'en ai conclu à un must read.

Si Villey est fréquemment référencé dans votre bibliographie, lisez-le… Il n'est pas inintéressant. Il m'est même plutôt sympathique.

Mais il y a des choses chez lui qui me dérangent. Par exemple, dans sa Formation de la pensée juridique moderne, que je citais plus haut, une de ses thèses est que le réalisme philosophique, i.e. l'attitude philosophique qui consiste à concevoir les agrégats (ville, nation…) comme ayant une existence propre distincte de celle de ses composants, a totalement été abandonné par la modernité. Or, il me semble bien que c'est exactement le contraire. Suffit de jeter un oeil à la "macro"-économie pour s'en rendre compte.

Un autre de ses vices, très énervant, consiste à citer du grec ancien sans en donner de traduction… Je crois aussi me souvenir qu'il interprète le "rendez à chacun ce qui lui est propre" de Cicéron d'une manière très particulière ; alors que cet adage semble assez proche du libéralisme, car axé sur le droit de propriété, Villey le réduit plus au moins au sophisme de la "redistribution".

Sinon, d'une manière générale, je vous conseillerais Droit et passion du droit, de Jean Carbonnier (un classique qui est d'ailleurs déjà certainement dans votre liste), Droit, législation et liberté (malgré tout ce qu'on peut dire contre Hayek je persiste à penser qu'il y a de très bonnes choses dans cet ouvrage), ainsi que les oeuvres de Turgot (Turgot dit de très belles choses sur la liberté contractuelle et le prêt à intérêt -- sans compter que c'est un économiste de génie). Yves Guyot, dans La tyrannie collectiviste, fait également d'intéressantes variations sur le thème de la propriété privée.

En revanche, je vous déconseillerais plutôt la lecture des ouvrages libertariens : non que leur philosophie juridique ne soit pas intrinsèquement intéressante, mais elle est trop éloignée du droit français actuel. Vous vous heurteriez à de l'incompréhension. Reste l'école de la Law and Economics (Posner, tout ça…). J'y connais assez peu de chose mais je dois vous prévenir d'un risque important : l'ignorance en économie est telle chez les profs de droit en France que l'école de Chicago y est vue comme le démon ultralibéral. En un sens, mieux vaut citer Mises ou Rothbard qui, eux, ont au moins le mérite d'être totalement inconnus.

Sur le droit des sociétés, je ne connais aucun d'ouvrage d'intérêt. C'est pourtant un domaine intéressant du point de vue libéral : comme justifier que certaines personnes morales puissent opposer le responsabilité limitée en cas de faute délictuelle ?

Lien vers le commentaire

Merci pour ces bons conseils ! Droit, Législation et Liberté est déjà dans ma bibliothèque, de même que Carbonnier à qui ma première prof de droit vouait plus ou moins un culte. Mais je me pencherai ainsi sur Turgot et Guyot. Quant à l'école de Chicago en général elle est assez appréciée là où j'étudie (ScPo), mais c'est plus moi qui reste … hum, disons sceptique face à l'analyse économique du droit. Néanmoins, je suppose que je devrais me pencher sérieusement dessus pour en avoir une idée complète.

Dans tous les cas encore merci, ça me fait déjà un très bon programme de lecture.

Lien vers le commentaire
  • 2 weeks later...

Xelectro: Pour moi, je n'ai rien trouvé de mieux que ce vieil Arnold Toynbee…Cela reste mon historien préféré…Mais bon, je suis aussi passionnée de "religions"…

de toute façon, chaque historien à son dada, on peut appeler ça sa grille d'interprétation, le problème, c'est d'en connaître plusieurs et de ne pas rester "piégé", faire le tour d'une question en voyant différents points de vue…

Sinon, ce n'est absolument pas un bouquin d'histoire, mais les "Dialogues avec l'ange" est le livre qui m'as fait le plus réfléchir et avancer sur mes conceptions de la deuxième guerre mondiale, ces dernières années…

à un autre niveau, j'aime bien aussi lire Amin Maalouf, .sa vision de libanais cultivé est souvent étonnante…

Lien vers le commentaire
Quelle(s) lecture(s) conseilleriez-vous à quelqu'un qui souhaite acquérir de bonnes bases en histoire notamment sur la révolution française, les guerres mondiales, la grande dépression, etc ?

Sur la Révolution Française, François Furet est incontournable. Et il a aussi des choses à dire sur la Révolution d'Octobre et le communisme.

Burke est conservateur, et ce qu'il dit d'intéressant a été dit par bien d'autres. De Maistre est réactionnaire, donc il faut aimer. Si tu veux un type dont la théorie politique a été nourrie des drames de la Révolution, il y a Benjamin Constant (comment ça, j'y reviens tout le temps ?).

Lien vers le commentaire
Merci ! De François Furet, que choisir entre "Penser la Révolution française" et "La Révolution française" ?

D'abord "La Révolution…". Ensuite seulement "Penser…", qui est une reconceptualisation de la période après quelques années de réflexion, plutôt que de l'histoire à proprement parler.

inutile de lire Furet

Impossible. :)

Lien vers le commentaire

Bon, ça m'apprendra à ne pas faire correctement une recherche sur liborg… J'ai donc trouvé plusieurs sujets sur la révolution française (par exemple) et rassemblé une liste de livres qui semblent revenir régulièrement (Burke, de Maistre, Furet).

Désolé pour le dérangement ! Bonnes lectures !

Reflexions on the revolution in France est un incontournable. Écrit un peu vite (il sort en 1790) ce livre est effrayant de lucidité sur la révolution, il est sans doute peu aimé car il met à mal la dichotomie entre 1789 libéral et 1793 totalitaire.

Furet est aussi intéressant mais il est dans une démarche scientifique, il faut lui faire crédit d'avoir mit fin au monopole de la vision marxiste sur les évènements

Taine et de Maiste je ne les ais pas lu mais va falloir que je m'y mette. Il reste que si Burke est un libéral de Maistre est lui un conservateur beaucoup plus marqué.

Sinon le Livre Noir de la Révolution, je l'ai lu et c'est un recueil d'articles écrit pour l'occasion. Certains sont d'excellente facture et d'autres plus hagiographiques. IL y a une partie très intéressante sur ceux qui ont eu à penser la révolution Française et tu retrouveras une présentation des pensée de Maitre ou Bonald.

Lien vers le commentaire

Xelectro : Pour être honnête je n'ai lu aucun des bouquins qui te sont conseillés mais à première vue ils me paraissent un peu ardu pour une première approche de l'Histoire. Je te suggérerais plutôt de te tourner vers les livres de Sévilla qui eux sont très accessibles aux non initiés.

Lien vers le commentaire
.

Sinon le Livre Noir de la Révolution, je l'ai lu et c'est un recueil d'articles écrit pour l'occasion. Certains sont d'excellente facture et d'autres plus hagiographiques. IL y a une partie très intéressante sur ceux qui ont eu à penser la révolution Française et tu retrouveras une présentation des pensée de Maitre ou Bonald.

Et sur Donoso Cortés.

:)

Lien vers le commentaire

tu retrouveras une présentation des pensée de Maitre ou Bonald.

Maître qui?

Je lis "physiologie du goût de Brillat Savarin" qui m'amuse beaucoup.

Je vois que vous avez de saines lectures dans l'ensemble, ce forum n'est pas encore foutu.

Ces derniers temps furent consacrés à des relectures, comme souvent j'aime ruminer certains auteurs, et je n'étais pas très éloigné de la sanglante Révolution avec les Lettres philosophiques de Voltaire, que j'apprécie toujours pour sa sagacité et qui me change des réactionnaires; le Projet de paix perpétuelle du chinois de Königsberg (connais ton ennemi), le Regard sur le monde actuel de P. Valéry et Les Illuminés de Gérard de Nerval, un court texte sur les origines mystico-ésotériques des sectes révolutionnaires : Maçons, Jacobins, Illuminatis, etc. Nerval y décrit avec brio la généalogie du rationalisme qui fut la matrice des superstitions et des rites les plus invraissemblables, avec l'introduction du culte de la Raison influencé par la gnose, la cabale et le néo-paganisme.

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...