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Je suis en train de finir Gulliver's Travels. Il y a une partie rigolote sur les juristes :

Quote

I said, “there was a society of men among us, bred up from their youth in the art of proving, by words multiplied for the purpose, that white is black, and black is white, according as they are paid. To this society all the rest of the people are slaves. For example, if my neighbour has a mind to my cow, he has a lawyer to prove that he ought to have my cow from me. I must then hire another to defend my right, it being against all rules of law that any man should be allowed to speak for himself. Now, in this case, I, who am the right owner, lie under two great disadvantages: first, my lawyer, being practised almost from his cradle in defending falsehood, is quite out of his element when he would be an advocate for justice, which is an unnatural office he always attempts with great awkwardness, if not with ill-will. The second disadvantage is, that my lawyer must proceed with great caution, or else he will be reprimanded by the judges, and abhorred by his brethren, as one that would lessen the practice of the law. And therefore I have but two methods to preserve my cow. The first is, to gain over my adversary’s lawyer with a double fee, who will then betray his client by insinuating that he hath justice on his side. The second way is for my lawyer to make my cause appear as unjust as he can, by allowing the cow to belong to my adversary: and this, if it be skilfully done, will certainly bespeak the favour of the bench. Now your honour is to know, that these judges are persons appointed to decide all controversies of property, as well as for the trial of criminals, and picked out from the most dexterous lawyers, who are grown old or lazy; and having been biassed all their lives against truth and equity, lie under such a fatal necessity of favouring fraud, perjury, and oppression, that I have known some of them refuse a large bribe from the side where justice lay, rather than injure the faculty, by doing any thing unbecoming their nature or their office.

“It is a maxim among these lawyers that whatever has been done before, may legally be done again: and therefore they take special care to record all the decisions formerly made against common justice, and the general reason of mankind. These, under the name of precedents, they produce as authorities to justify the most iniquitous opinions; and the judges never fail of directing accordingly.

“In pleading, they studiously avoid entering into the merits of the cause; but are loud, violent, and tedious, in dwelling upon all circumstances which are not to the purpose. For instance, in the case already mentioned; they never desire to know what claim or title my adversary has to my cow; but whether the said cow were red or black; her horns long or short; whether the field I graze her in be round or square; whether she was milked at home or abroad; what diseases she is subject to, and the like; after which they consult precedents, adjourn the cause from time to time, and in ten, twenty, or thirty years, come to an issue.

“It is likewise to be observed, that this society has a peculiar cant and jargon of their own, that no other mortal can understand, and wherein all their laws are written, which they take special care to multiply; whereby they have wholly confounded the very essence of truth and falsehood, of right and wrong; so that it will take thirty years to decide, whether the field left me by my ancestors for six generations belongs to me, or to a stranger three hundred miles off.

“In the trial of persons accused for crimes against the state, the method is much more short and commendable: the judge first sends to sound the disposition of those in power, after which he can easily hang or save a criminal, strictly preserving all due forms of law.”

Here my master interposing, said, “it was a pity, that creatures endowed with such prodigious abilities of mind, as these lawyers, by the description I gave of them, must certainly be, were not rather encouraged to be instructors of others in wisdom and knowledge.” In answer to which I assured his honour, “that in all points out of their own trade, they were usually the most ignorant and stupid generation among us, the most despicable in common conversation, avowed enemies to all knowledge and learning, and equally disposed to pervert the general reason of mankind in every other subject of discourse as in that of their own profession.”

 

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J'ai pu lire sur différents fils de discussion la difficulté à promouvoir le libéralisme, la dernière en date par exemple sur le féminisme où il était question de cibler davantage ceux qui ont de plus en plus de mal avec le mouvement féministe que les féministes eux-même.

Est-ce qu'il y a des lectures, voire un fil traitant (c'est surtout ça que je cherche, pour éviter de faire du doublon) de cette difficulté là ? Je cherche pas tant des réflexions "yaka faucon", mais plus des réflexions sur le pourquoi ça bloque (pourquoi pas des raisons historiques, mais plutôt psychologiques).

 

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pour moi le souci est pas psychologique mais technique.

Promettre que tu défendras totalement et toujours les intérêts d'un groupe en particulier et que tu les autres paieront pour toi ça fonctionne toujours mieux que de dire "non non, c'est pas la fête du slip".

Néanmoins, je pense qu'un de nos gros souci c'est que d'un point de vue culturel, on est inexistants. Il y a des grands auteurs populaires conservateurs, progressistes, des groupes, de la musique, etc... En bref, des choses pour placer tes valeurs sur le devant de la scène, et c'est bien là qu'on perd systématiquement. On nous reproche pas d'avoir raison ou tort mais d'être méchant.

 

Personnellement, c'est pour ça que Gramsci est sur la liste de mes auteurs à lire, parce qu'il a écrit sur la théorie de l'hégémonie culturelle. et c'est aussi pour ça que je lis des bouquins un pue cheap en ce moment genre "SAS". Si tu peux faire passer deux ou trois pages de réflexions politiques, l'air de rien, dans un tome de SAS, tu te retrouves avec une exposition prolongée, répétée, très efficace et très large de tes idées. Et c'est pareil avec la musique, le cinéma, etc...

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ha tu veux dire avec les féministes en particulier ? je pensais que voulais dire en général.

Je voulais dire que la difficulté a promouvoir le libéralisme dépend de sa nature même qui est totalement inadaptée au clientélisme, qui est pourtant la base de la politique et le moyen le plus certain d'y arriver.

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Perso, je pense que le libéralisme se diffuse de facto par ses réalisations concrètes.

Les explications/théorisations par-dessus, c'est bien (et nécessaire) pour les gens qui veulent piger, mais ça ne concerne forcément qu'une minorité.

A la limite, on s'en fout que les gens se croient illibéraux et même s'y opposent (ou croient s'y opposer).

Ce qui compte c'est que ça se mette concrètement en place.

 

Ce n'est jamais la population globale qui oriente vers le libéralisme.

Quand on lui met un outil (ou proto-outil) libéral entre les mains, ok, elle l'utilise et le diffuse et l'installe (eg airbnb, blablacar, etc).

Mais ce n'est jamais la population qui va d'elle même pousser au libéralisme.

Les bergers et leurs chiens médiatiques lessivent les cerveaux 24h/24 pour que cela n'arrive pas.

 

Pour ce qui est des états (en tant qu'entité) et de leurs armées de kapos, ils sont par essence contre le libéralisme.

Est-ce que ça vaut la peine de gaspiller de la salive pour ces fripouilles ?

 

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Et pour le coup je suis d'accord avec toi.

 

Je parlais des féministes, mais même en général en fait, ça rejoint ce que je vient de lire ici sur le fil des droitards : 

 

Le 30/09/2017 à 13:43, Rincevent a dit :

La question pertinente, ce n'est pas "comment s'en distancer" (quand bien même ça peut être utile), mais "qu'est-ce qui les a convaincu et comment avoir de meilleurs arguments".

 

On aura beau avoir les meilleurs arguments du moment, y aura souvent une résistance. Ca va se résumer en une bataille de "yaka faucon", parce que de prime abord, le plus simple pour changer la société, c'est de changer le fonctionnement de l'Etat, des lois (encore faut-il avoir le pouvoir, on est d'accord ; chose très compliquée pour les libéraux puisque ce pouvoir étatique en tant que tel, ils n'en veulent pas, chose que tu as tout à fait souligné de part la nature même du libéralisme). De plus, la propagande anti-libérale/pro-état (je distingue bien les deux) fonctionnent à merveille comme le dit Vincent.

 

Aussi, pour en revenir sur le psychologique, si on se questionne sur un plan strictement individuel, le plus simple pour "changer la société", c'est de changer les autres ; parce que se changer soi, c'est plus compliqué (que ça soit vrai ou non, y a diverses raisons qui amènent des résistances internes au changement qui poussent à d'abord aller essayer de faire changer le voisin, dit autrement : "voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien"). En connaissant ces résistances, on pourrait aller chercher, qu'est-ce qui les poussent, si on prend les féministes, à penser de cette manière. Et en effectuant un travail de déconstruction par rapport à ces résistances, plutôt que par rapport aux arguments, y aurait peut-être plus à gagner. 

Alors, je suis d'accord, c'est long et fatigant. Mais quand je vois la plupart d'entre vous êtes fatigué (à juste titre hein) à discuter pour, franchement, rien (si ce n'est de l'agacement), je me dis qu'il y a peut-être quelque chose à faire dans cette voie aussi. (Ca me fait d'ailleurs penser à l'extrait de Daryl Davis quand il discute avec les deux jeunes blacks de Baltimore, où l'un des gars lui sort "en 20ans, tu t'ai fais chier pour seulement 23 tuniques". Bon déjà il a tort sur le nombre, mais passons ; mon point est de dire, que ça peut être long mais qu'au bout, il y a du résultat.

Je vais peut-être me faire taper sur les doigts, mais pour moi, diaboliser en tant que tel la pression sociale est hors de propos. Pour caricaturer, dire à quelqu'un "bah t'as cédé à la pression sociale, c'ton problème, c'tout", ça n'aide en rien. Par contre, comprendre quel est l'utilité psychologique et évolutionnaire de l'influence, du conformisme, de la soumission à l'autorité (notamment sur l'éventuel rôle que ça a sur le conservatisme) pourrait peut-être permettre de déconstruire les croyances et autres attitudes issus de ces influences, qui amènent à vouloir par la suite conformer les autres.

 

 

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il y a 49 minutes, Restless a dit :

... pourrait peut-être permettre de déconstruire les croyances

Je rebondis là-dessus car le sujet m'intéresse aussi un peu.

ama, à aucun moment il n'y a ou même ne peut y avoir de déconstruction des croyances.

 

Il n'y a pas (globalement) de "déconstruction des croyances" a priori.

"Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas." - Proust

L'être humain est une bestiole intellectuelle, qui modélise son environnement, utilise ses modélisations pour anticiper, (enfin essaie hein) etc.

L'être humain vit, intellectuellement, d'abord dans ses modèles avant de vivre dans la réalité.

Ce n'est pas juste une image, c'est comme ça que ça fonctionne.

Avant de toucher la réalité, les flux d'info passent par les couches entre nous et la réalité. Ces couches sont présentes en premier. (et nous en tenons de bonnes).

Les modélisations intellectuelles ont des dizaines d'années d'ancienneté. Ce ne sont pas des faits ponctuels, aussi solides soient-ils qui peuvent altérer ces modélisations anciennes facilement.

Un grand physicien disait que les idées nouvelles progressent par la mort des anciens. "La Science progresse par la mort des vieux" - Schrödinger

C'est peut-être un peu déprimant, mais c'est pourtant largement vrai.

Donc bref, arriver à convaincre a priori de l'intérêt du libéralisme, c'est aller contre des dizaines d'années de lavage de cerveau, et des atavismes très puissants (désir de sécurité etc), c'est juste impossible (sauf qqs exceptions).

 

A posteriori ... ben c'est guère mieux.

Les troupeaux qui auront clamé l'impossibilité d'une chose jusqu'à la veille de sa réalisation, l'adapteront sans barguigner du moment qu'elle est plus optimale.

Le lendemain matin, ils ont déjà oublié qu'ils prétendaient être contre ou que c'était impossible.

Le surlendemain, ils ont toujours pensé (secrètement) que c'était une évidence.

Et du moment que l'état ne l'aura pas interdit (car pas pu) ... ça sera à mettre au crédit de l'état.

Pour ce qui est des initiateurs du conservatisme (petite minorité mais nuisible), la réalité ne pénètre pas dans leur monde. J'ai encore lu, en 2016/2017, des types pour qui le minitel a toujours été et reste supérieur à internet.

 

L'essentiel de la population finit, volens nolens, par vivre, avec bonheur, dans un monde qui intègre les progrès sur lesquels ils passent leur temps à chier.

Et, tout en vivant pleinement dans ce nouveau monde, en même temps, intellectuellement ils restent à fond dans leur système de croyance ancien, toujours réactualisé avec retard. (quand ils lâchent une idée obsolète N-4, c'est pour progresser vers l'idée obsolète N-3. C'est bien, mais ça fait toujours 2 trains de retard).

 

Franchement, troupeau ou conducteurs, ça vaut le coup de se fouler le brol pour ces gens là ?

 

Qu'est ce qui reste au final ?

Le progrès prend l'escalier, le mensonge prend l'ascenseur, mais le progrès finit quand même par émerger.

Il y a bien sûr la perte de temps ... mais bon, c'est peut-être un peu comme les frottements en physique (?)

 

Quand on pense, en ce moment même, au Venezuela et au Bitcoin,

les socialiseurs en diable qui accélèrent d'eux-mêmes l'adoption de techniques libérales

... Bravo les gars !

 

Bon, c'est un peu trop long. Sorry :)

 

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1 hour ago, Restless said:

Je parlais des féministes, mais même en général en fait, ça rejoint ce que je vient de lire ici sur le fil des droitards

Pour le coup sur les droitards on parlait d'anciens libertariens qui ont changé d'avis, donc de mecs déjà intéressés à la politique à la base et susceptibles d'être sensibles à une argumentation. Ce n'est pas la même problématique que pour le mec de base qui recrache une opinion mainstream parce que dans le fond il s'en fout (souvent le cas des féministes).

 

Bref, savoir quel est le public qu'on vise est important.

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Il y a 3 heures, NoName a dit :

c'est pour ça que Gramsci est sur la liste de mes auteurs à lire

 

Sur Gramsci, tu as beaucoup de textes sur le site des classiques des sciences sociales.

 

C'est un marxiste plutôt hétérodoxe mais il n'est pas conseilliste, donc vaut mieux pas trop regarder ce qu'il raconte sur l'URSS. Sinon ses écrits ont les mêmes défauts que ceux d'un Gobetti: très centré sur la situation italienne, avec beaucoup d'allusions difficilement compréhensible. C'est assez frustrant en fait. D'ailleurs beaucoup de gens (et presque en majorité à droite) rêvassent sur la conquête de l'hégémonie culturelle, mais je crois que Gramsci c'est comme Marx, on ne le lit guère dans le texte.

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Lu la BD Pyongyang (2003). 

C'est très intéressant de voir quelles proportions peuvent atteindre la manipulation d'un cerveau humain. 

Chaque Nord-coréen est littéralement un serviteur du régime. Il ne vit que pour le régime, et à travers le régime. 

 

Les esprits subissent un tel lavage de cerveau dès le plus jeune âge qu'ils s'infligent une autocensure permanente. Tout ce qui ne vient pas du Juche, ou plutôt tout ce qui est assimilé au capitalisme, est potentiellement corrupteur (et par là même interdit, de certains vêtements jusqu'à l'alimentation). Les nord-coréens n'adressent pas spontanément la parole aux étrangers. Disons qu'ils mettraient potentiellement leur vie en danger.

 

Mais ce n'est pas ce qui est le plus décapant.

L'auteur nous montre le fossé entre la propagande du régime et la violence de la réalité. Un dessin frappant montre le centre-ville, la nuit, où seul l'immense portrait de Kim Jong-il est éclairé par le peu d'électricité disponible. Dans ce paradis socialiste, il n'y en a ni dans les gares, ni le long des routes, ni dans les magasins.

 

On apprend aussi que des ONG ont dû partir parce que leurs aides étaient détournées au profit du régime.

N'oublions pas : "Pour reconstruire une nation victorieuse, seulement 30% de la population a besoin de survivre.

 

Ah oui. Petit "détail" qui en dit long : dans les rues, il n'y a pas d'handicapé...

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Il y a 22 heures, Restless a dit :

J'ai pu lire sur différents fils de discussion la difficulté à promouvoir le libéralisme, la dernière en date par exemple sur le féminisme où il était question de cibler davantage ceux qui ont de plus en plus de mal avec le mouvement féministe que les féministes eux-même.

Est-ce qu'il y a des lectures, voire un fil traitant (c'est surtout ça que je cherche, pour éviter de faire du doublon) de cette difficulté là ? Je cherche pas tant des réflexions "yaka faucon", mais plus des réflexions sur le pourquoi ça bloque (pourquoi pas des raisons historiques, mais plutôt psychologiques).

 

 

Je ne sais pas si ça répond parfaitement à ta question, mais ça reste intéressant pour ce qui est du blocage anti-libéral : http://www.institutcoppet.org/2013/01/25/pourquoi-les-intellectuels-naiment-pas-le-liberalisme-boudon

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On 24/09/2017 at 6:07 PM, Kassad said:

Je viens de lire "Facing Violence : peparing for the unexpected" de Rory Miller. 

 

Miller est un ancien gardien de prison (en Irak tout un programme) qui fait part de ses réflexions sur la violence réelle et comment s'y préparer. Il parle de tous les aspects (sans parler du combat lui même) : du juridique au physiologique en passant par l'éthique. C'est très intéressant notamment sa classification des différents types de violences et de comment y faire face (faire la distinction entre une violence sociale vs une violence perpétrée par un prédateur etc.).  La mécanique des scénarios les plus courants. Le fait qu'on reste figé et comment casser cette sidération. Etc.

 

Dans une certaine mesure ça m'a fait penser à "À billion wicked though" qui décortique la mécanique de l'excitation sexuelle à travers le Big data en ce que pendant la lecture je pouvais identifier des expériences personnelles. Sur le moment, voire même après, il est parfois difficile de voir pourquoi on a agit ainsi : avoir une explication structurée de ces instants donne une sensation de type "Eurêka", une petite épiphanie païenne.

 

Tu as éveillé ma curiosité et je viens de le finir. Excellente lecture, à plus d'un titre ! Ça change des bouquins très intellos qu'on se conseille généralement ici, tout en étant très intelligent. Le témoignage d'un type qui sait de quoi il parle, qui l'a vécu dans sa chair, et qui démolit les uns après les autres tous les petits mensonges que les agneaux civilisés que nous sommes se complaisent à se répéter. Tu as déjà dit l'essentiel, mais c'est clairement un excellent exercice de se projeter personnellement dans ce qu'il raconte et d'ouvrir les yeux sur soi-même (d'ailleurs il donne des exercices de temps en temps). A titre personnel, il y a clairement des mécanismes dont je suis encore régulièrement le jouet malgré quinze ans d'expérience avec des ados difficiles et qu'il expose de manière magistrale et impitoyable (même si la violence que je peux connaître n'est qu'un pâle et lointain reflet de la sienne, la mécanique est la même, c'est troublant). Le tout avec la pincée qu'il faut de psychologie évolutionniste ("Monkey Dance") et de responsabilisation individuelle (aux niveaux juridique, mental, physique, psychologique). 

 

Ça m'a rappelé indirectement un autre livre que tu avais conseillé il y a quelques années : Traité de la Violence, de Wolfgang Sofsky.

 

https://www.amazon.fr/Traité-violence-Wolfgang-Sofsky/dp/2070748847 (j'ai pas compris l’histoire qui permet de rapporter des sous à l'asso, désolé...)

 

Un livre étrange et très marquant mais qui lui parle plutôt de la violence que la culture et la politique modernes peuvent engendrer chez n'importe qui (comment M.Dupont peut devenir un tueur de la police secrète, en gros). Finalement, de deux manières très différentes (l'un des auteurs est un gardien de prison, l'autre un sociologue ; l'un parle de self-defense, l'autre de génocide) ça donne un tableau assez complet. Je n'étonnerai sans doute pas grand monde en vous disant que le mécanisme de base est le même : "othering" (aliéner ou chosifier ?). En gros, le criminel a la capacité de déshumaniser très rapidement sa victime selon le contexte (opportunités, prétextes, quête de statut, etc). Le psychopathe (très rare) est celui qui n'a aucun effort à effectuer : les autres sont toujours vus comme des ressources. Mais finalement, la possibilité est enfouie en chaque être humain : la guerre repose sur le même mécanisme de déshumanisation de l'adversaire, entretenu par l'Etat ou l'armée. Très peu d'humains sont capables de tuer leur semblable sans que certaines zones de leur cerveau aient été auparavant anesthésiées, pendant que d'autres étaient excitées.

 

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Le 02/10/2017 à 15:24, Boz a dit :

 

Tu as éveillé ma curiosité et je viens de le finir. Excellente lecture, à plus d'un titre ! Ça change des bouquins très intellos qu'on se conseille généralement ici, tout en étant très intelligent. Le témoignage d'un type qui sait de quoi il parle, qui l'a vécu dans sa chair, et qui démolit les uns après les autres tous les petits mensonges que les agneaux civilisés que nous sommes se complaisent à se répéter. Tu as déjà dit l'essentiel, mais c'est clairement un excellent exercice de se projeter personnellement dans ce qu'il raconte et d'ouvrir les yeux sur soi-même (d'ailleurs il donne des exercices de temps en temps). A titre personnel, il y a clairement des mécanismes dont je suis encore régulièrement le jouet malgré quinze ans d'expérience avec des ados difficiles et qu'il expose de manière magistrale et impitoyable (même si la violence que je peux connaître n'est qu'un pâle et lointain reflet de la sienne, la mécanique est la même, c'est troublant). Le tout avec la pincée qu'il faut de psychologie évolutionniste ("Monkey Dance") et de responsabilisation individuelle (aux niveaux juridique, mental, physique, psychologique). 

 

Ça m'a rappelé indirectement un autre livre que tu avais conseillé il y a quelques années : Traité de la Violence, de Wolfgang Sofsky.

 

https://www.amazon.fr/Traité-violence-Wolfgang-Sofsky/dp/2070748847 (j'ai pas compris l’histoire qui permet de rapporter des sous à l'asso, désolé...)

 

Un livre étrange et très marquant mais qui lui parle plutôt de la violence que la culture et la politique modernes peuvent engendrer chez n'importe qui (comment M.Dupont peut devenir un tueur de la police secrète, en gros). Finalement, de deux manières très différentes (l'un des auteurs est un gardien de prison, l'autre un sociologue ; l'un parle de self-defense, l'autre de génocide) ça donne un tableau assez complet. Je n'étonnerai sans doute pas grand monde en vous disant que le mécanisme de base est le même : "othering" (aliéner ou chosifier ?). En gros, le criminel a la capacité de déshumaniser très rapidement sa victime selon le contexte (opportunités, prétextes, quête de statut, etc). Le psychopathe (très rare) est celui qui n'a aucun effort à effectuer : les autres sont toujours vus comme des ressources. Mais finalement, la possibilité est enfouie en chaque être humain : la guerre repose sur le même mécanisme de déshumanisation de l'adversaire, entretenu par l'Etat ou l'armée. Très peu d'humains sont capables de tuer leur semblable sans que certaines zones de leur cerveau aient été auparavant anesthésiées, pendant que d'autres étaient excitées.

 

 

Tiens c'est expliqué la:

 

 

En gros tu colles juste le truc entre guillemets à la fin du lien Amazon et normalement ça marche. 

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La notion de "stress de la puissance" (pas super bien nommée à vrai dire) évoquée ci-dessous, m'intéresse ; est-ce que ça parle à quelqu'un ayant étudié la psychologie ? @Lancelot ?

 

"Vouloir trop contrôler les autres diminue également le niveau de bonheur en raison du "stress de la puissance". Le célèbre psychologue de la motivation David McClelland appelle ainsi la tendance à s'emporter et à être frustré quand autrui ne se comporte pas comme on l'aurait souhaité. Dans une étude, on demande aux participants (dotés de niveaux de contrôle divers) de prononcer un discours improvisé à un public composé de deux comparses. Ces complices, placés par les expérimentateurs, doivent agir d'une certaine façon. Pour un groupe, ils répondent de manière amicale, encourageante. Pour l'autre, ils réagissent négativement. Voilà les résultats: quand les complices se comportent positivement, tous les participants (connaissant des degrés de contrôle différents) sont heureux. Pas étonnant, évidemment. Lorsque les comparses sont négatifs, un résultat plus intéressant émerge: ceux qui ont le plus besoin de contrôle trouvent l'expérience beaucoup plus dérangeante que ceux qui ont un niveau plus faible. Ce qui suggère qui si vous cherchez à imposer votre contrôle sur les autres, vous vous piégez vous-même en ressentant des émotions négatives -colère, frustration et déception- lorsqu'ils ne se conduisent pas comme vous l'auriez voulu.
En plus d'avoir évincé l'amour et de se sentir frustré, vouloir dominer autrui diminue le bonheur pour une autre raison qui tient à la qualité de nos décisions. Nous prenons nos meilleures décisions lorsque nous sommes exposés à diverses vues ou suggestions. Ce qui explique pourquoi il s'avère si important de s'entourer de personnes venant de divers horizons. Et ce qui signifie également que lorsque nous voulons trop contrôler autrui, nos décisions en pâtissent: nous éloignons ceux qui ne sont pas du même avis et nous entourons uniquement de béni oui-oui acceptant notre domination
."
-Raj Raghunathan, Toi qui es si brillant tu peux aussi être heureux, Hachette Livre, 2017 (2016 pour la première édition américaine), p.135-136.

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Je ne connais pas, en lisant j'ai l'impression que l'interprétation du truc est tordue pour soutenir une thèse particulière et d'après Wikipedia j'ai raison :

Quote

https://en.wikipedia.org/wiki/Need_for_power

Pros and cons

For individuals

A high nPow score predicts greater career success for men and for women who report high satisfaction with the power-related aspects of their workplace.[11][12] McClelland's own research included case studies illustrating the advantage of high nPow in the workplace, especially for more experienced workers competing for management positions. In one characteristic example, a successful salesman with a high need for affiliation and a low need for power began to perform poorly after being promoted to management. He experienced difficulty giving direct orders, leading his subordinates to complain that he failed to set clear goals and reward individuals who performed well.[13]

Outside of work, a high nPow score is associated with both positive and negative outcomes, with the result often depending on whether an individual also reports a strong sense of responsibility. When combined with a low score on a measure of responsibility, a high nPow score predicts higher rates of externalizing self-destructive behavior, such as binge-drinking and physical aggression. Men with this combination of personality traits are more likely to divorce, separate, or physically abuse their spouses. However, this association disappears for individuals with average or high responsibility scores, who are disproportionately likely to report positive outcomes like taking on social leadership roles.[14]

For society

As with individual outcomes, whether a high need for power results in positive or negative outcomes is influenced by the individual's other traits, particularly responsibility and empathy. An argumentative group member may prevent groupthink, or they may intimidate other group members and refuse to make reasonable compromises; a hard-charging manager may motivate and focus their team, or they may bully and manipulate their subordinates. Even dangerous behaviors, like impulsive risk-taking, can be beneficial in moderation: successful stock traders [15] and entrepreneurs[16] often have a high propensity for risk. On a grand scale, high nPow scorers include both prosocial figures like Nelson Mandela and Thurgood Marshall and antisocial figures like Josef Stalin and Enron CEO Jeffrey Skilling.

 

À noter que ce système est toujours utilisé par quelques papiers récent sur la motivation, mais marginalement.

 

Concernant l'étude elle-même déjà elle n'est pas référencée dans l'extrait ce qui est un second mauvais signe de la part de l'auteur du bouquin (un troisième étant le titre ridicule). D'après ce que j'ai pu trouver de similaire :

 

https://link.springer.com/article/10.1007%2FBF00992135?LI=true

Quote

This paper provides a brief summary of a number of recent research reports indicating thatn Power, if it is inhibited or stressed, is associated with high blood pressure and with the frequency and severity of infectious diseases. Other motive/stress or inhibition combinations failed to show these relationships. Blockedn Power apparently leads to chronic sympathetic activation, which, over time, results in high blood pressure and which increases epinephrine output that interferes with lymphocyte function, weakening the body's immune defenses against infectious diseases. On the other hand,n Power that is expressed successfully and rewarded may lead to better adaptation.

 

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il y a 9 minutes, Lancelot a dit :

un troisième étant le titre ridicule

 

Les manuels qu'on peut rapporter de près ou de loin au "bien-être" ou au "développement personnel" sont rarement bien écrits, et s'appuie rarement sur des acquis scientifiques crédibles (lorsqu'ils ne diffusent pas du mysticisme en douce, tendance néo-paganisme / hippie typiquement). C'est d'autant plus gênant que l'abondance du genre prouve qu'il y a une forte demande sociale derrière.

 

Bon, dommage.

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il y a 6 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Les manuels qu'on peut rapporter de près ou de loin au "bien-être" ou au "développement personnel" sont rarement bien écrits, et s'appuie rarement sur des acquis scientifiques crédibles (lorsqu'ils ne diffusent pas du mysticisme en douce, tendance néo-paganisme / hippie typiquement). C'est d'autant plus gênant que l'abondance du genre prouve qu'il y a une forte demande sociale derrière.

Sinon, il y a toujours les écrits de Nathaniel Branden. ;)

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Après pour ne pas être injuste le titre a peut-être été imposé a posteriori par l'éditeur, et les concepts qui sont évoqués peuvent être intéressants. Reste qu'il cache volontairement une partie de l'information : "quand les complices se comportent positivement, tous les participants (connaissant des degrés de contrôle différents) sont heureux", mais ceux qui ont un degré de contrôle plus grand sont plus heureux. Donc comme toujours avec les traits de personnalité il ne s'agit pas d'essayer de les étouffer ou d'en changer pour tendre vers un idéal qui serait le même pour tous les êtres humains, mais de connaître ses propres particularités pour en jouer au mieux. Ici on a des gens qui sont plus sensibles au jugement d'autrui, qu'il soit positif ou négatif, ce qui peut très bien être utilisé comme un levier pour tendre vers l'excellence.

 

En France les pires pour ces histoires de self-help pseudo-scientifique sont les bouddhistes sous la houlette de Matthieu Ricard. Ils ont infiltré des labos entiers avec leurs conneries : https://michaeldambrun.yolasite.com/recherches-et-publications.php

Et vas-y que ça parle de "bonheur véritable comme renonciation de soi", et ça passe comme une lettre à la poste.

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il y a 47 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Hum, je soupçonne de l'ironie dans ce message :P

Et bien même pas. Les travaux de Branden sur l'estime de soi sont tout simplement un des piliers fondateurs de ce domaine de la psychologie, et de plus Branden a été un des pionniers des thérapies cognitives (conçues à ses yeux comme la correction des prémisses erronées qui te mènent au n'importe quoi et au malheur ; "Check your premices", disait tatie Rand).

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Il y a 2 heures, Rincevent a dit :

Et bien même pas. Les travaux de Branden sur l'estime de soi sont tout simplement un des piliers fondateurs de ce domaine de la psychologie, et de plus Branden a été un des pionniers des thérapies cognitives (conçues à ses yeux comme la correction des prémisses erronées qui te mènent au n'importe quoi et au malheur ; "Check your premices", disait tatie Rand).

 

Les livres de Christophe André aussi sont pas mal et il travail à faire connaitre la méditation de pleine conscience.

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Personnellement je suis un grand amateur de développement personnel et malheureusement pas mal de trucs sont du bullshit. Mais dans le monde du développement personnel, les incontournables sont plutôt bons et constants. Je pense à The Power of Habit, The Slight Edge et The magic of thinking big notamment. 

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Il y a 10 heures, NoName a dit :

Personnellement je suis un grand amateur de développement personnel et malheureusement pas mal de trucs sont du bullshit. Mais dans le monde du développement personnel, les incontournables sont plutôt bons et constants. Je pense à The Power of Habit, The Slight Edge et The magic of thinking big notamment. 

The compound effect aussi est vraiment très bien.

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