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Tocqueville et la colonisation


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Le type qui a applaudi la prise du pouvoir par Pétain ? On peut se passer de ses distinctions pseudo-subtiles entre obéissance et soumission, merci.

 

Et puis Tocqueville était pour la colonisation.

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C'est complètement faux.

« J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre »

-Alexis de Tocqueville.

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« J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre »

-Alexis de Tocqueville.

 

Génial la phrase prise hors contexte. Surtout qu'il y a un passage plus haut où Tocqueville dit qu'il est favorable au retrait des troupes française d'Alger mais le pire dans l'histoire est que même hors contexte, à aucun moment cette phrase n'indique que Tocqueville serait favorable à la colonisation.

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Génial la phrase prise hors contexte. Surtout qu'il y a un passage plus haut où Tocqueville dit qu'il est favorable au retrait des troupes française d'Alger mais le pire dans l'histoire est que même hors contexte, à aucun moment cette phrase n'indique que Tocqueville serait favorable à la colonisation.

 

Tu n'as qu'à citer l'extrait en question, on verra bien.

 

Mais je ne suis pas trop inquiet. Et si je me suis trompé, c'est que quelqu'un est allé écrire n'importe quoi sur wikiberal:

"Si la grande majorité des libéraux s'opposent à la colonisation et à l'impérialisme, on peut noter deux exceptions : Tocqueville a ainsi prôné une politique agressive contre les Algériens qui résistaient à l'occupation française. Plus tard, un libéral comme Paul Leroy-Beaulieu défendra également le colonialisme."

 

Source: http://www.wikiberal.org/wiki/Colonialisme

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J'ai lu les écrits de Tocqueville sur l'Algérie (collection la pléiade) dont certains ont été écrits comme en tant que "rapporteur" parlementaire sur le sujet. Je peux confirmer que Tocqueville était bien favorable à la colonisation de l'Algérie. Au sein de la commission pour laquelle il a travaillé, il note d'ailleurs qu'il y a des avis divergents mais qu'ils sont minoritaires. L'argument de Tocqueville est qu'une puissance comme la France dès lors qu'elle a commencé ne peut pas reculer sans donner un signe de faiblesse. Sur les  méthodes militaires, Tocqueville explique sur deux ou trois pages ce qu'il est possible de faire ou pas dans le cadre de la guerre. La citation plus haut est extraite de ces deux ou trois pages. Au total, sa position me parait assez ambigüe. La colonisation de l'algérie a été extrèmement meurtrière, davantage que la guerre de décolonisation, si on la rapporte à la population de l'époque.

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NoName et les autres veulent simplement souligner que ce qui caractérise le libéral-conservateur, ce n'est pas ce que tu en dis, à savoir être libéral sur la plupart des sujets mais illibéral sur d'autres.

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Alors c'est quoi ?

Question subsidiaire, où se situe Tocqueville maintenant que sa position sur la colonisation a été bien établie ?

Parmi les libéraux pro colonisation

En quoi cette position unique particulière Changerai toute la manière dont on doit le considérer?

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@Johnathan R. Razorback

Aurélien Biteau a fait quelques articles très intéressants sur Contrepoints présentant (notamment) le libéral-conservatisme :
 

C’est pourquoi, avant d’en venir au sujet essentiel de cet article, et en tant que libéral-conservateur moi-même, il me faut signaler en premier lieu que non en aucun cas le conservatisme n’est qu’une simple question de valeurs morales ou de croyances individuelles. C’est une véritable misère que de croire qu’un conservateur est simplement une personne qui a des valeurs individuelles conservatrices ou religieuses. Parole d’athée. Un libéral-conservateur n’est pas un libéral politique faisant des choix individuels conservateurs, car en effet, s’il n’était que ça, il serait inutile de se dire autre chose que « libéral ».
Le conservatisme est un véritable courant philosophique propre qui ne s’intéresse pas spécifiquement à la morale et à l’éthique. Il porte bien plus son regard sur la politique et la société. Il reconnait qu’il existe un ordre social dont l’équilibre précaire, s’il peut être perçu, est d’une très grande complexité vis-à-vis de laquelle la raison reste ignorante, et c’est pourquoi il prêche la prudence en politique, prudence qui n’est clairement pas la vertu de l’État. Le conservateur, davantage éclairé par la philosophie classique, porte ainsi en horreur toute philosophie politique qui aurait la prétention de fonder ses principes par les idées abstraites de la raison. Or il est nécessaire de reconnaître que le libéralisme est né de ce type de philosophie et que ceci ne fut pas sans malheur.

http://www.contrepoints.org/2013/08/22/135711-miseres-de-la-philosophie-liberale
 



Les libéraux se plaignent souvent que leur philosophie est très mal connue par le public, mais que dire alors du conservatisme ! On entend sur ce mouvement tout et n’importe quoi, et beaucoup de libéraux en disent surtout n’importe quoi.

Conservatisme est un champ immense de sens, signifiant grosso modo soit l’attitude de celui qui est attaché à ce qui est et est peu favorable au changement (voir Oakeshott), parce que ce qui est est familier, soit de multiples courants de philosophie politique issus de la seconde modernité (post-Révolution).

Ce qui caractérise ces mouvements, ce n’est certainement pas le désir de « conserver la société en l’état ». On ne comprend pas le conservatisme si on ne comprend pas la modernité. La modernité s’est manifestée, à partir du XVIe siècle, par des transformations profondes dans la rationalité occidentale, jetant à bas la dialectique antique et médiévale ainsi que le vieux réalisme philosophique et chrétien au profit du rationalisme puis de l’un de ses fruits nécessaires, l’idéalisme. La réalité n’est plus un ensemble ordonné de choses qui sont à la fois un et multiple de par leur substance, mais un infini champ d’objets individuels qu’il faut nommer et qui sont mis en rapport par des lois, ou bien que la raison découvre en recomposant le réel, ou bien que la raison produit purement et simplement (qu’il s’agisse de la philosophie kantienne pour les sciences naturelles ou bien de ce que nous appelons constructivisme en philosophie politique).

Du point de vue de la philosophie politique, rationalisme et idéalisme ont produit ces philosophies modernes que nous connaissons bien : l’absolutisme, le libéralisme, le socialisme, le communisme, etc. Esprits par trop modernes, nous avons malheureusement la fâcheuse habitude d’y voir là l’entièreté de la philosophie politique, son alpha et son oméga. Mais c’est là la nécessaire pétition de principe du rationalisme, pourrait-on dire.

Or le conservatisme, né dans cette modernité, est une sorte de contre-balance des philosophies rationalistes et idéalistes, à divers degrés. Ce que le conservatisme conserve, ce n’est pas la « société en l’état », ce n’est pas la tradition, c’est surtout le réalisme philosophique et chrétien, dans la longue lignée d’Aristote et de Saint Thomas d’Aquin. Bien sûr, ceci n’empêche pas une grande diversité de pensée parmi les conservateurs, aussi bien dans les excès que dans la modération. Mais ce qui prime chez la plupart d’entre eux, c’est l’observation des choses qui se trouvent ordonnées dans la nature (au sens aristotélicien du terme).

Il y a sans doute un gouffre entre un Burke et un Maurras, et pourtant, chez les deux philosophes, on retrouve ce dégoût de l’idéalisme, des abstractions ridicules de la raison et ils entendent tous deux faire la politique, au sens aristotélicien encore, à partir des réels autrement plus tangibles que des idées pures, mais terriblement naïves, tels que le contrat social ou les Droits de l’Homme, et si dangereuses et sanglantes car elles ouvrent les appétits de la révolution. La réalité ne se façonne pas, elle ne se reconstruit pas, elle se respecte (vieux sens du mot conserver).

Pas de trace cependant, chez la plupart des conservateurs, d’une volonté de figer la société, ou bien de tout faire pour la maintenir en l’état ! Au contraire ! Les choses sont changeantes, de fait, et respecter les choses, c’est aussi respecter leur changement. Un Michel Villey a-t-il jamais dit le contraire ?

Il est malheureux de prétendre que la « doctrine conservatrice » (qu’est-ce que ce singulier ?) s’organise sur le maintien d’un ordre moral. C’est évidemment une grande erreur, il ne s’agit que de respecter l’ordre des choses politiques. Nulle question de morale là-dedans, le conservatisme est éminemment politique. On ne comprendrait pas sinon la rancœur virulente de certains conservateurs catholiques à l’égard des protestants, qui pourtant partagent bien une certaine morale chrétienne, mais se montrent trop rationalistes et idéalistes aux yeux de ces catholiques.

Enfin, le conservatisme ne se confond pas nécessairement avec l’étatisme, si décrié par des auteurs cent fois conservateurs tel que Jean Ousset qu’un libéral pensant bien prendrait pour pire qu’un monstre s’il lui venait l’horrible vision de sa philosophie catholique.

Oui, comme le dit l’auteur de l’article, les libéraux sont sans doute de farouches anti-conservateurs. Et les socialistes sont de farouches anti-libéraux, on sait sur quelles bases. Je ne voudrais pas insinuer que libéralisme et conservatisme sont compatibles (et à vrai dire, on s’en moque bien, tant que triomphe le vrai) : je soutiens juste que l’ignorance béate de la philosophie conservatrice de la part des libéraux est le fruit pourri de l’arrogance libérale.

http://www.contrepoints.org/2014/05/07/165373-redefinir-et-reinventer-les-limbes-de-lidealisme-liberal

 

Bref, ce qui définirait le libéral-conservatisme selon moi, c'est une grande méfiance envers les philosophies rationalistes et une volonté de faire la politique à partir du réel, à partir du concret.

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Bref, ce qui définirait le libéral-conservatisme selon moi, c'est une grande méfiance envers les philosophies rationalistes et une volonté de faire la politique à partir du réel, à partir du concret.

Disons plutôt, une plus grande confiance accordée à la tradition qu'à la raison raisonnante.
  • Yea 1
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Un libéral conservateur est pour le laissez-faire social.

Alors pourquoi ajouter le mot conservateur s'il s'agit de laissez faire ?

Disons plutôt, une plus grande confiance accordée à la tradition qu'à la raison raisonnante.

Comment le libéral conservateur définit-il une tradition ? Et est-ce que certaines pratiques politiques peuvent être des traditions ?
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Alors pourquoi ajouter le mot conservateur s'il s'agit de laissez faire ?

Comment le libéral conservateur définit-il une tradition ? Et est-ce que certaines pratiques politiques peuvent être des traditions ?

Il faut du temps. En 2200 les conservateurs estimeront que la GPA et le mariage gay sont des traditions
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J'ai toujours eu l'impression que les libéraux-conservateurs c'étaient les libéraux économiquement mais conservateur sur les questions de sociétés (anti avortement, législation très dure sur les drogues, etc.).

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Alors pourquoi ajouter le mot conservateur s'il s'agit de laissez faire ?

Comment le libéral conservateur définit-il une tradition ? Et est-ce que certaines pratiques politiques peuvent être des traditions ?

Tu as un élément de réponse dans ma signature (la dernière citation, tirée de Du Conservatisme).

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@Johnathan R. Razorback

Aurélien Biteau a fait quelques articles très intéressants sur Contrepoints présentant (notamment) le libéral-conservatisme :

 

http://www.contrepoints.org/2013/08/22/135711-miseres-de-la-philosophie-liberale

 

http://www.contrepoints.org/2014/05/07/165373-redefinir-et-reinventer-les-limbes-de-lidealisme-liberal

 

Bref, ce qui définirait le libéral-conservatisme selon moi, c'est une grande méfiance envers les philosophies rationalistes et une volonté de faire la politique à partir du réel, à partir du concret.

 

Merci pour les citations, mais à ces vieux articles, j'apporterai aujourd'hui quelques précisions. Ce que j'ai fait dans ces articles c'est davantage d’essayer de sauver le libéralisme que de sauver le conservatisme, au sens où la seule façon dont le libéralisme me semblait ne pas pouvoir être une fumeuse et dangereuse utopie abstraite à laquelle nous devons un bon nombre de fruits pourris de la modernité (l'Etat moderne en premier lieu), c'était de le voir s'attacher au réel et à la tradition, entendue dans son sens "sociologique" (le fait de transmettre, et non pas ce qui est transmis). Cependant, c'était ne pas voir combien le conservatisme n'était libéral que s'il était sceptique, et que par le scepticisme qui l'anime, il est toujours voué à être contesté (et on n'y manque pas sur ce forum). Incapable d'affirmer quoi que ce soit de solide, affirmant que les choses qui sont déjà sont bonnes et dans le même temps affirmant qu'il est bon qu'elles deviennent autres, le conservatisme, s'il en reste au scepticisme, est complètement bancal. Il en est réduit à devenir une espèce de sentimentalisme animé par une fausse prudence (du type, "prenons notre temps", "pas de changement brusque", etc.) sans jamais pouvoir dire pourquoi. Sous cette forme libérale, le conservatisme a tout les travers du scepticisme, et il ne peut qu'être balayé par le premier dogmatique venu. Bref, pour moi (et je prends des risques à dire ça ici  :icon_razz: ), ni la version rationaliste, ni la version sceptique du libéralisme ne sont bonnes ni justes.

 

La seule voie solide, c'est de revenir à la métaphysique réaliste, c'est-à-dire à la tradition, et j'ai eu tort de dire dans le second article cité que le conservatisme se plaçait dans la lignée d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin (je voulais dire par là, qu'il est attentif au réel) alors qu'au contraire il est pétri de philosophie moderne (scepticisme, rationalisme, rousseauisme, positivisme, etc.) parce qu'il a cessé de faire confiance à la tradition (le comble, dira-t-on !), c'est-à-dire qu'il a cessé de faire confiance à l'intelligence pour connaître les choses en ce qu'elles sont. Mais avec le réalisme, le libéralisme n'est plus possible, et les tentatives grotesques de placer le libéralisme dans la droite lignée d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin sont vraiment de la fumée. Le parasitage libéral du vocabulaire scolastique (droit naturel, individu, liberté, etc.) ne doit pas faire oublier que le contenu de ces concepts y est radicalement différent et qu'aucune conciliation n'est possible entre réalisme et libéralisme, sauf à truquer l'un ou l'autre. Le libéralisme est une anti-métaphysique (non seulement dans la mesure où il en nie la possibilité, mais encore dans la mesure où finalement elle n'existe même plus pour lui), et il me semble que ça explique pourquoi ici même des gens très intelligents sont incapables, par exemple, de relier la philosophie politique de Platon à sa métaphysique, et par conséquent d'y voir autre chose qu'un bête socialiste. Ou bien pourquoi en écrivant un livre sur l'Etat, un de Jasay balaie d'un revers de main la politique aristotélicienne parce qu'elle est d'origine métaphysique et que ce simple motif devait suffire à ne pas s'y intéresser.

 

Tout ça pour dire que je ne renie pas totalement dans ces articles ce que j'ai pu y dire du libéral-conservatisme, mais aujourd'hui, si je devais les réécrire, j'affirmerais que cette voie n'est pas possible à suivre, qu'elle est bancale et que ceux qui la suivent sont toujours, à un moment ou à un autre, obligé de se trahir en affirmant leur position véritable, soit en revenant au libéralisme rationaliste, soit en s'affirmant purement et simplement conservateur (et dans les deux cas, ce n'est pas sans poser d'autres problèmes).

 

(Désolé pour le petit pavé - surtout de la part de quelqu'un qui n'est plus libéral - c'est un petit hors-sujet.)

  • Yea 1
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J'ai lu les écrits de Tocqueville sur l'Algérie (collection la pléiade) dont certains ont été écrits comme en tant que "rapporteur" parlementaire sur le sujet. Je peux confirmer que Tocqueville était bien favorable à la colonisation de l'Algérie.

 

J'avoue ne pas l'avoir lu, mais tu contredis ce qui a été dit au café liberté sur Tocqueville, je ne sais plus si t'étais là

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Déjà, ce dont Aurélien Biteau traite c’est le conservatisme, pas le libéral-conservatisme. Et conservatisme et libéralisme sont antagonistes, lui-même le dit (« Je ne voudrais pas insinuer que libéralisme et conservatisme sont compatibles »). Après il pète un petit peu les plombs (« l’ignorance béate de la philosophie conservatrice de la part des libéraux est le fruit pourri de l’arrogance libérale »), comme ça arrive parfois chez les gens dont l’histoire n’a pas ratifié les idées.

Quand il écrit que le conservateur « porte ainsi en horreur toute philosophie politique qui aurait la prétention de fonder ses principes par les idées abstraites de la raison », avant d’attaquer plus loin les Droits de l’Homme, ça devrait vous mettre la puce à l’oreille. C’est un rejet de la critique de la réalité sociale et politique qui s’appuierait sur des principes universels, intangibles, raisonnés plutôt que transmis (la « raison raisonnante » pouvant fort bien montrer l’absurdité d’une tradition). Dans cette optique, on peut critique la monarchie absolue du point de vue de la monarchie féodale (cf : http://fr.wikipedia.org/wiki/Monarchomaque), mais pas à la façon des libéraux qui réclament des libertés qui n’ont jamais existé concrètement nulle part. Et si par malheur ces libertés finissent par surgir historiquement (1776, 1789), il faudra les étouffer à tout prix. Je rappelle que Burke, qui est typiquement un conservateur, a écrit ses Réflexions sur la Révolution de France en 1790, donc pas en réaction à la Terreur (1793), ni même à la phase républicaine de la Révolution française (1792), mais contre ses principes mêmes, exprimés dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (des principes libéraux: http://www.contrepoints.org/2014/12/03/190166-la-declaration-des-droits-de-lhomme-de-1789-chef-doeuvre-liberal.)La même dénonciation de la Révolution française qu’on retrouve un siècle après chez Maurras.
 
Pour résumer et pour citer Arthur Moeller van den Bruck, qui représente à merveille la transition entre le conservatisme classique et le fascisme : « L'ennemi du conservateur est le libéral » (Arthur Moeller van den Bruck , Le Troisième Reich, 1923, p. 203)
 
Partant de là, si conservatisme et libéralisme sont antagonistes (autant que le libéralisme et le socialisme), je suis bien cohérent en définissant le libéral-conservateur comme : « libéral sur la plupart des sujets, mais illibéral [conservateur] sur d'autres ». Tocqueville qui soutient la colonisation, ce n’est pas la même chose que la Révolution qui abolit l’esclavage, voyez ? Et quand il défend la liberté, ce n’est pas avec des innovations intellectuelles à la Locke (contractualisme libéral), mais avec l’idée que la religion est le meilleur soutien de la liberté (ce qui a mon avis est une mauvaise idée, car cela amène à vouloir faire jouer à la religion un rôle politique. Mais c'est un autre débat).
 
Après je ne dis pas que tout conservateur est complètement antilibéral, il peut y avoir des tentatives de synthèses (conservatisme-libéral ou libéralisme conservateur), mais ça a plus de sens comme « sensibilité » que comme un courant politique vraiment cohérent, selon moi.

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J'avoue ne pas l'avoir lu, mais tu contredis ce qui a été dit au café liberté sur Tocqueville, je ne sais plus si t'étais là

 

Je n'ai lu que son rapport sur l'Algérie et il me semble clairement qu'il est en faveur

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C'est moi Aurélien Biteau, je suis là, on peut me parler directement. :icon_wink:

 

Je ne vois pas ce que l'histoire a à voir avec ma réaction sur l'ignorance des libéraux (et le "tribunal de l'histoire", non merci). Je remarque seulement que les libéraux adorent parler du conservatisme...sans jamais avoir lu grand chose de ce courant-même. Un peu comme les socialistes prétendent tout connaître du libéralisme parce qu'ils ont lu...des socialistes. Et il me semble que sur ce forum, la réaction des libéraux à l'égard des socialistes consiste très souvent à péter un câble..."comme ça arrive parfois chez les gens dont l'histoire n'a pas ratifié les idées." Bref, c'est bas.

 

Au second paragraphe, il y a pure incompréhension. Ce n'est pas la raison que j'attaque, mais le rationalisme. Cette philosophie qui prétend se passer de connaître les choses en ce qu'elles sont, mais les reproduire directement par des êtres de raison dans l'ordre de la représentation (Descartes est passé par là). Ce qui est typiquement le cas du rationalisme libéral (Locke est de beaucoup redevable à Descartes) et de son penchant idéaliste. Dans l'optique libérale, critiquer le rationalisme, cela revient à défendre un scepticisme mesuré, comme on peut le trouver chez Burke ou chez Hayek (lui non plus n'est pas un défenseur des Droits de l'Homme, est-il proto-fasciste ?), qui repose sur une ouverture au devenir spontané (ordre spontané, ce n'est pas de moi, et c'est bien l'antithèse du rationalisme libéral, non ?) que le rationalisme ne doit ni brusquer ni empêcher. 

 

La critique de Maurras n'est pas identique à celle de Burke. Elle ne repose pas sur une certaine forme de scepticisme où sont allés puiser Hayek et co, mais sur le positivisme hérité d'Auguste Comte et sur l'"empirisme organisateur". Il y a vrai dogmatisme chez Maurras, qui consiste en une mise en ordre de l'expérience historique pour en tirer les lois concrètes (d'où sa défense de la monarchie est strictement limitée au cas de la France). Ça pose bien des problèmes philosophiques, mais on ne peut pas dire que la critique maurrassienne est identique à celle de Burke, sauf à vouloir agiter de stupides fantômes.

 

Quant à la pseudo transition entre conservatisme et fascisme (transition de raison j'entends), je renvoie à Leo Strauss dans Nihilisme et politique et à Augusto Del Noce dans L'Epoque de la sécularisation, parce que cette vieille antienne est fumeuse pour peu qu'on regarde de près de quoi on parle, sauf à parler de transition accidentelle et matérielle. Le tort du conservatisme, c'est d'avoir voulu retrouver les vérités éternelles de la tradition dans la philosophie moderne. Le fascisme a trop peu d'intérêt pour ces vérités éternelles pour s'y voir mêlé.

 

Et définitivement, le choix n'est pas entre rationalisme et scepticisme. Il est entre réalisme, rationalisme et scepticisme.

  • Yea 1
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Vous étiez donc parmi nous depuis tout ce temps…Bon, j’espère que vous pardonnerez l’aspect polémique de mon message précédent ; si j’avais su que vous alliez me répondre, j’aurais mis la pédale douce (encore que).

Je vous réponds point par point.

« Je remarque seulement que les libéraux adorent parler du conservatisme...sans jamais avoir lu grand-chose de ce courant-même. Un peu comme les socialistes prétendent tout connaître du libéralisme parce qu'ils ont lu...des socialistes. »

C’est peut-être vrai de la plupart des libéraux, ou de ceux inscrits sur Liborg, mais certainement pas des grandes figures de la tradition libérale. Voyez par exemple Rights of Man (la critique de Burke par Thomas Paine, 1791), ou Pourquoi je ne suis pas conservateur, de F. A. V. Hayek. On trouvera aussi des passages corrosifs de Mises ou d’Ayn Rand contre les conservateurs.

Après on peut dire que les libéraux ne connaissent pas bien leurs propres auteurs, mais c’est autre chose.

« Et il me semble que sur ce forum, la réaction des libéraux à l'égard des socialistes consiste très souvent à péter un câble..."comme ça arrive parfois chez les gens dont l'histoire n'a pas ratifié les idées." Bref, c'est bas. »

Dans le passage que j’ai cité, vous étiez-vous-même virulent (à tort ou à raison). Tout le monde peut le constater. Mais je vous présente mes excuses si je vous ai vexé.

« Ce n'est pas la raison que j'attaque, mais le rationalisme. Cette philosophie qui prétend se passer de connaître les choses en ce qu'elles sont »

Les essences, vous voulez dire ? Pareto, dans l’introduction de son Traité de Sociologie générale, a expliqué que la science était empirico-logique, qu’elle laissait de côté les essences (« La science expérimentale part de la connaissance des choses, pour remonter, sinon à l'essence qui, pour elle, est une entité inconnue, du moins aux principes généraux. » V. Pareto, Traité de Sociologie générale, Tome I, 1917, p.13).

Le rationalisme ne fait que remarquer que le simple empirisme ne permet pas de saisir le fonctionnement de la réalité, qui est structuré par des « lois ». C’est le « bon sens concret » qui nous assure que le soleil tourne autour de la Terre.

« Le […] rationalisme libéral […] et de son penchant idéaliste. »

Le libéralisme n’est pas une philosophie de la connaissance. Et lorsque les libéraux s’intéressent à la philosophie de la connaissance, leurs positions peuvent diverger (exemple : le scepticisme de Hume, le sensualisme de Condillac, l’idéalisme transcendantal de Kant, l’objectivisme d’Ayn Rand, etc).

« Un scepticisme mesuré, comme on peut le trouver chez Burke. »

On passe subrepticement de la philosophie de la connaissance à la philosophie politique…Burke n’est pas « sceptique » vis-à-vis des évolutions sociales et politiques de son temps, il est accablé (« L'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes, et des calculateurs lui a succédé ; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais. » -Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France), et cet accablement le rend hargneux et dogmatique. Pour preuve, Burke, bien que franc-maçon, était si obsédé à l’idée d’étouffer la Révolution française qu’il est allé jusqu’à héberger et encourager l’idéologue Augustin Barruel (http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Barruel#.C3.89crivain_et_pol.C3.A9miste ), qui attribuait la chute de la monarchie a un complot judéo-maçonnique (thèse qui aura la bonne fortune que l’on sait) ! Pour la mesure, on repassera.

« ou chez Hayek (lui non plus n'est pas un défenseur des Droits de l'Homme, est-il proto-fasciste ?) »

Évidemment que non. Et je n’ai pas non plus suggéré que Burke soit un « proto-fasciste » (puisque c’est un conservateur), je parlais de Moeller van den Bruck comme à cheval entre conservatisme et fascisme.

« On ne peut pas dire que la critique maurrassienne est identique à celle de Burke, sauf à vouloir agiter de stupides fantômes. »

C’est évident (rôle de la religion chez Burke, agnosticisme de Maurras, etc), et je n’ai pas dit qu’elles étaient identiques, j’ai dit qu’elles appartenaient au même courant conservateur (dans lequel il existe des variantes, comme dans n’importe quel courant), ce qu’illustre leur même détestation de la Révolution française (dans ses divers aspects libéraux, républicains, démocratiques, et jacobins). Le conservatisme de Maurras est nécessairement différent de celui de Burke, d’une part à cause du gouffre historique qui les séparent, mais aussi parce qu’ils se développent dans des espaces nationaux distincts. Mais leur parenté n’est pas moins évidente.

« Quant à la pseudo transition entre conservatisme et fascisme »

Je me suis mal exprimé. Je ne voulais pas dire que le conservatisme se transforme en fascisme (à la limite il lui résiste partiellement), je voulais montrer qu’il existe des figures, comme Moeller van den Bruck (mais on pourrait en trouver d’autres), qui, au XXème siècle, quittent le conservatisme classique pour des positions proches du fascisme, sans se confondre complètement avec lui (Exemple : La Révolution Conservatrice en Allemagne, L’Action française en France).

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Le rationalisme dont parle Aurélien est le rationalisme en politique hein ;)

Sur le sujet (et avec un point-de-vue libéral-conservateur) tu peux d'ailleurs lire :

https://www.cairn.info/revue-cites-2003-2-page-121.htm

 

Sinon, ce post de F. Mas devrait, je pense, répondre à certaines de tes interrogations :
https://www.liberaux.org/index.php/topic/52230-gaspard-koenig-le-révolutionnaire-lexpert-et-le-geek/?p=1222743

(Sachant que de mon point-de-vue, la tradition libéral-conservatrice correspond à ce que F. Mas appelle la tradition de l'ordre spontané, ce qui m'amène d'ailleurs à penser que Hayek se plante en écrivant Pourquoi je ne suis pas conservateur).

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