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Moyen-Orient


Messages recommandés

C'est bien d'admettre ses conneries, mais encore mieux de ne pas en faire.

D'ailleurs ça m'a fait penser à une histoire du même genre: http://www.atlantico.fr/pepites/helmut-kohl-dit-avoir-agi-comme-dictateur-pour-installer-euro-693060.html

 

En France si tu demandes à Sarko, Juppé et BHL ce qu'ils pensent de leurs interventions en Libye, il y a peu de chance qu'ils présentent des excuses et si c'était à refaire ils referaient la même chose.

 

Je dis cela car je viens de lire un billet de Juppé sur la Syrie.

 

 

Notre fiasco syrien

On lit souvent qu’en Syrie, la Russie avait une stratégie et pas nous. Ce n’est pas, selon moi, exact. L’objectif de Poutine, certes, était clair: maintenir au pouvoir, à tout prix, Bachar et son clan, alliés de toujours de Moscou dans la région et seuls à même, pour les  Russes, d’assurer la stabilité du pays. Mais nous avions nous aussi, Américains et Européens, un objectif  clair: éliminer Bachar, responsable à nos yeux  de l’écrasement de son peuple, de la radicalisation de son opposition et finalement de la montée en puissance de Daech. Et faciliter la transition vers une Syrie sans Bachar.

Nous ne nous sommes pas donné les moyens d’atteindre cet objectif. Il est vrai que nous nous appuyions sur une opposition divisée, incapable de s’entendre sur un projet cohérent. Nous n’avons pas su la fédérer ni l’aider efficacement. En outre nous avons envoyé de mauvais signaux aux belligérants. Le pire est advenu quand le Président Obama a averti Damas que l’utilisation d’armes chimiques par son armée constituerait une ligne rouge que nous ne laisserions pas transgresser. La ligne a été franchie … et nous n’avons rien fait. Les frappes aériennes qui ont ciblé Daech en Irak et en Syrie ont tout juste stabilisé le front. L’engagement de nos troupes au sol a été, à juste titre, exclu. Dès lors la voie était libre pour la Russie qui est venue sauver le régime de Bachar de l’effondrement qui le menaçait, en bombardant massivement ses oppositions et pas seulement (pas principalement?) Daech. Une fois encore les démocraties ont fait la démonstration de leur faiblesse face aux régimes autoritaires.

Et maintenant? La diplomatie française est la dernière, ou presque, à s’en tenir à la ligne du refus de toute discussion avec Bachar qui était celle de N. Sarkozy et la mienne. Dans le contexte actuel, cette ligne est devenue : ni Bachar ni Daech. Le problème, c’est que nous sommes aujourd’hui les derniers et les seuls à tenir bon. Le Président Obama n’avait qu’un but : l’accord nucléaire avec l’Iran. Il l’a atteint. On parle beaucoup dans les chancelleries de contacts entre Russes et Américains pour trouver une sortie de crise en Syrie. Nos partenaires européens sont muets ou prêts au dialogue. Quand je parle de morale et des crimes de Bachar, on me fait remarquer avec quelque condescendance que je suis bien le seul à croire à la morale en politique étrangère. Je crains que le moment ne soit donc venu de boire le calice jusqu’à la lie et de nous asseoir à Genève à la table de négociation avec Bachar. Peut-être trouvera-t-on le moyen de sauver la face. Mais la vérité est bien celle-ci: Poutine a gagné.

Pour combien de temps? Je souhaite bien sûr de tout coeur qu’un accord politique permette de rétablir la paix dans la région et que les millions de réfugiés chassés de Syrie puissent regagner leur terre. C’est notre intérêt direct. Mais les conditions d’une pacification durable ne seront pas faciles à réunir. Les Russes qui n’ont pas réussi à vaincre les Talibans en Afghanistan pourront-ils éradiquer Daech du Proche et Moyen Orient? J’entends bien que les contextes sont très différents mais il faudra une forte coalition pour venir à bout d’un Etat islamique auto-proclamé dont les moyens sont considérables. Les pays arabes, Arabie Saoudite en tête, verront-ils durablement d’un bon oeil se constituer une alliance russo-iranienne dans la région? Bien d’autres questions sont posées par l’intervention russe et la diplomatie conquérante de Poutine. Il est vrai que beaucoup en France et en Europe sont plus réticents à se mettre dans la roue des Etats-Unis que dans celle de Poutine. Gaullisme sans doute mal compris. Il n’est évidemment pas question de nous antagoniser avec la Russie qui est un voisin et un partenaire incontournable. Quand j’étais au Quai d’Orsay, entre 2011 et 2012, je n’ai jamais cessé de parler avec mon homologue Sergueï Lavrov.  Pour expliquer et défendre la ligne de la France en rassemblant autour d’elle nos partenaires européens. Aujourd’hui l’Europe est hors jeu et la France seule.

http://www.al1jup.com/notre-fiasco-syrien/

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La vidéo suivante me fait penser aux séquences de "jeu" dans Avalon... seulement c'est pour de vrai là. Un tel niveau de destruction ça paraît incroyable, on voit le "problème des réfugiés" d'un autre oeil après.

https://www.youtube.com/watch?v=1Q60yBQG8XI

L'image est excellente mais ça parait presque faux on se croirait dans un jeu video. Au passage les rues syriennes ne ressemblent plus à rien, tu m'étonnes que plus de 4 millions de personnes ont fuit cela
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Général Desportes : « Au rythme actuel, l’armée française sera bientôt épuisée »

Vincent Desportes lance un cri d’alarme sur la réduction des moyens militaires dans un ouvrage intitulé « La dernière bataille de France » (Le Débat-Gallimard).

Ancien élève de Saint-Cyr et général de division de l’Armée de Terre, le général Vincent Desportes s’est fait le grand défenseur de son corps d’armée dans les opérations extérieures de la France. Ses critiques de la stratégie américaine – donc française – en Afghanistan lui avaient valu d’être débarqué en 2010 du commandement du Collège interarmées de défense.

L’armée française a-t-elle aujourd’hui les moyens de faire face aux menaces ?

Nous sommes dans une situation extrêmement critique. D’un côté, les menaces s’accroissent, le feu a pris tout autour de l’Europe, de l’Ukraine au Sahel en passant par le Moyen-Orient. De l’autre, les capacités de notre défense sont constamment réduites : moins 25 % sous Nicolas Sarkozy et à peu près la même chose sous François Hollande, selon l’actuelle loi de programmation militaire, même après la légère rectification décidée par le Président. Vérifiez vous-même. Si cette pente vertigineuse n’est pas sérieusement redressée, les armées françaises vont tout simplement disparaître : le dernier soldat français défilera sur les Champs-Elysées le 14 juillet 2040.

Ce qui est terrible, c’est que l’institution militaire, silencieuse par nature, est incapable de se défendre elle-même, comme peuvent le faire d’autres corps sociaux, médecins, architectes, avocats disposant « d’Ordres » dont c’est la mission. Des voix citoyennes doivent s’élever, au nom de la Nation. Mon devoir était de pousser un cri d’alarme. C’est l’objet de cet ouvrage, hélas plus réaliste que pessimiste.

Pourquoi ce grand écart entre missions et moyens ?

L’Europe a tué l’idée de guerre dans l’esprit des citoyens européens. Ils ont cru que le « soft power » pourrait remplacer le « hard power ». Nous avons intellectuellement « quitté l’histoire » en imaginant être parvenus dans un monde post-moderne qui avait définitivement éliminé la guerre et la barbarie.

Si la guerre a disparu, pourquoi conserver des armées ? Les citoyens se sont désintéressés de la défense dont les investissements sont devenus peu à peu illégitimes. En aval, on a pu, sans coût politique, rogner sur les budgets de défense pour redistribuer aux corps sociaux qui, eux, descendent dans la rue.

Le 29 avril, le président Hollande a annoncé une rallonge budgétaire de 3,8 milliards d’euros sur quatre ans pour la défense. Est-ce suffisant ?

C’est un frémissement positif mais insuffisant. Il s’agit simplement d’un ralentissement de la diminution du budget des armées… et surtout d’une manœuvre de communication. Mais ce geste symbolique - qui doit être salué - ne rétablit pas l’outil militaire à la hauteur des menaces et des ambitions de la France. Il est vrai qu’en 2016, on va recruter, et que le budget a été renforcé de 600 millions pour passer de 31,4 milliards d’euros dans la Loi de programmation initiale à 32 milliards. Mais la déflation des effectifs reste programmée et va reprendre. Les hausses sérieuses de budget ne sont prévues qu’après 2017 ! Autant dire que le gouvernement fait des promesses pour un avenir que personne ne connaît.

Quel serait le budget militaire idéal ?

Il n’y a évidemment pas de jauge absolue, tout dépend des ambitions, des menaces et de la façon dont on emploie le budget. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que l’armée française est largement suremployée par rapport à ses capacités. Elle s’use. Elle ne peut plus se reconstituer (formation, entraînement, remise en condition…) entre deux engagements. Elle risque de se retrouver dans la même situation que l’armée britannique qui, malgré un budget supérieur au nôtre (plus de 40 milliards d’euros), est aujourd’hui incapable d’aller opérer au sol sur les théâtres extérieurs.

Pourquoi la Grande-Bretagne est-elle dans cette situation ?

Son armée a été surengagée par rapport à sa capacité. Presque simultanément, elle a déployé jusqu’à 40.000 soldats à Bassora en Irak et jusqu’à 10.000 dans le Helmand en Afghanistan, un effort très au-delà de ses possibilités et qui l’a profondément usée. Résultat, si l’armée britannique bombarde encore ici et là, il n’y a plus désormais aucun contingent britannique significatif engagé dans des opérations extérieures. L’armée britannique s’est détruite par sur-emploi et mettra a minima quatre ou cinq ans à se reconstruire. Pour tenir dans la durée, les armées américaines considèrent qu’on ne peut déployer au maximum qu’un soldat sur sept, sans épuiser le capital.

Et l’armée française, est-elle épuisée ?

En France, on applique un ratio de un sur six, largement dépassé aujourd’hui. Au rythme actuel, elle sera bientôt épuisée, particulièrement dans les forces terrestres. Nous sommes toujours capables de réussir des opérations coup de poing comme l’opération Serval, lancée en janvier 2013 au Mali pour arrêter la percée djihadiste. Mais on ne sait plus s’engager efficacement sur le long terme alors que tous les conflits auxquels nous prenons part sont des conflits longs.

Il y a des choix à faire : de la présence sous la Tour Eiffel, ou de l’efficacité opérationnelle en Syrie et au Sahel ? Les 7.000 soldats français déployés dans le cadre de l’opération Sentinelle n’ont qu’une plus-value très limitée au regard des inconvénients majeurs de ce déploiement avant tout politique. Employer un soldat, dont la formation est très onéreuse, dans le rôle d’un employé de société de gardiennage est un véritable gâchis, au plan opérationnel et au plan budgétaire. Impôts dilapidés, dégradation continuelle des capacités opérationnelles individuelles et collectives… Sentinelle casse un outil qu’on regrettera très vite. Il est tout à fait légitime d’utiliser les soldats français pour la protection du territoire national, mais à condition de tirer le meilleur parti de leurs compétences spécifiques. L’armée n’est pas un stock de vigiles à déployer devant les lieux de culte !

La France a la chance d’avoir une belle armée, capable du meilleur. C’est la seule qui puisse encore défendre l’Europe. Il faut précieusement prendre soin de ce capital inestimable sans oublier que reconstruire une armée est extrêmement long et complexe. L’armée irakienne formée à coup de milliards de dollars par les Américains s’est « débandée » face à Daech. De même, l’armée malienne formée par la Mission européenne n’a guère résisté aux premiers coups de feu des Touaregs. Idem pour l’armée afghane, on l’a encore vu récemment à Kunduz devant les talibans…

Mais avec l’Europe de la Défense, ne peut-on pas mutualiser les moyens militaires ?

Notre horizon doit être l’Europe de la Défense. Mais, à ce jour, nous ne sommes parvenus à rien de sérieux. Le meilleur exemple de l’inanité de l’Europe de la défense, ce sont les Groupements tactiques de 1.500 hommes, parfaitement équipés et entraînés… mais qui n’ont jamais été utilisés, ni au Mali, ni en République centrafricaine alors que l’occasion en était clairement donnée.

A l’heure de la montée des dangers, la France ne doit surtout pas se départir des moyens de défense qu’elle possède encore. C’est pourquoi ces questions ne sont pas de nature budgétaire mais d’abord un problème de vision, de sens de l’Etat et de volonté politique.

Et l’Otan ?

Malheureusement, aujourd’hui, il faut le dire, l’Otan est préjudiciable aux intérêts de la défense européenne : la survie de cette organisation d’un autre âge est la première cause de l’effondrement des budgets européens de défense. Les Européens rêvent toujours du soldat Ryan… qui ne reviendra jamais plus les défendre. Le « pivot » américain vers le Pacifique n’est pas une vue de l’esprit : il est une tendance lourde, irréversible.

L’intérêt bien compris des Américains serait d’imposer l’autonomie aux Européens, mais, par courte vue, ils craignent une Europe-puissance qu’il faudrait admettre à part entière dans la gestion des affaires du monde. L’Otan ? Oui, mais profondément transformée, sans « primus inter pares » et dans laquelle les Européens seraient au minimum « l’actionnaire majoritaire ».

La France est-elle vraiment menacée ?

Ce n’est pas parce que la France, tout au bout de sa péninsule européenne, se croit protégée, qu’elle l’est. Au contraire. Après les Etats-Unis, elle est pour les djihadistes le deuxième « Grand Satan ». Les menaces sont concrètes. Quand l’armée française s’engage au Mali, elle va détruire des djihadistes qui ont l’intention de semer la terreur en France. L’intention de Daech est de perpétrer des attentats de masse sur le territoire national : la destruction de l’Etat islamique est dans l’intérêt immédiat des Français. Cela rend bien secondaires beaucoup d’autres considérations.

Mais ces menaces ne sont-elles pas avant tout du domaine de la police ?

Il y a un continuum entre sécurité et défense, mais l’une et l’autre sont complémentaires et nécessaires. Nos frontières sont poreuses, et plus on traitera la menace « à l’avant », moins on aura à le faire sur le territoire national. Ne rêvons pas d’une ligne Maginot antiterroriste : toutes les forteresses ont vocation à être détruites ou contournées. Cette « défense de l’avant », il faut sans relâche en expliquer la nécessité aux Français : plus les théâtres d’opérations sont lointains, moins le citoyen les relie à sa propre sécurité.

Pourtant, il n’y a pas d’autre solution que d’aller là où se trouvent les sources de la violence, et les tarir. L’erreur majeure serait de confondre « continuum » et « fusion ». Il faut consolider la coopération entre défense et sécurité, mais les missions et les moyens doivent rester spécifiques.

Vous êtes donc d’accord avec les opérations lancées de l’autre côté de la Méditerranée ?

Ce n’est pas la multiplication des interventions qui fait une stratégie. La France s’engage partout, mais on a du mal à identifier clairement une stratégie dans toutes ses dimensions. Elle pare au plus pressé, basculant ses efforts au gré des départs de feu sans jamais parvenir à traiter les problèmes « au fond ». Faute de pouvoir envoyer sur les théâtres des contingents adaptés aux enjeux, on projette des forces, on s’active au mieux, mais on ne travaille pas dans la durée ; souvent, on perd la nuit ce qu’on avait gagné dans les combats du jour.

C’est le Sisyphe interplanétaire, version casque lourd. On le voit en République centre-africaine, en Afghanistan et dans le désastre de Libye. Dans mon livre, j’affirme qu’on a transformé nos armées en « kit expéditionnaire », toujours à la peine pour transformer les gains tactiques en succès stratégique. Faute de budget, de moyens, l’armée française est capable de gagner des batailles, mais plus des guerres, car cela supposerait d’assurer la permanence des effets. Pensez qu’au Sahel, 3.500 soldats sont mobilisés sur un territoire plus vaste que l’Europe !

Alors que c’est un point fort de la France, vous remettez aussi en cause l’inflation technologique militaire. Pourquoi ?

Parce que l’effet délétère des coupes budgétaires sur nos forces est d’autant plus violent qu’il se couple avec un armement toujours plus sophistiqué et donc toujours plus coûteux. Or, cette inflation technologique - par elle-même réductrice des parcs et flottes - se traduit in fine par la contraction des formats et déflation des effectifs, une logique perverse… La technologie est utile. Cependant, l’hyper-sophistication produit des armées excellentes dans la bataille, au niveau technique, mais médiocres dans la guerre, au niveau stratégique. Quel triste exemple que l’Afghanistan, où la coalition internationale mobilisait les deux-tiers des budgets militaires du monde, où le différentiel technologique était le plus élevé de toute l’histoire militaire, sans qu’aient pu être vaincus quelque 30.000 talibans équipés de kalachnikovs !

La technologie ne confère pas hélas le don d’ubiquité qui serait fort utile vu la multiplicité de nos théâtres d’opération. Quand la France acquiert une frégate de dernière génération pour un milliard d’euros, elle se prive de quelque 10 navires plus modestes mais qui seraient plus efficaces pour surveiller son espace maritime, le deuxième du monde !

Faut-il alors remettre en question la dissuasion nucléaire ?

Du moins faut-il veiller à ce qu’elle ne devienne pas notre nouvelle ligne Maginot. Cette arme de non-emploi n’est utile que si on dispose d’une armée d’emploi, seule à même de prévenir son contournement et de faire face aux multiples enjeux sécuritaires infra-nucléaires. Or, le nucléaire, qui mobilise environ 20 % du budget d’investissement des armées, est une des premières victimes de l’inflation technologique ; il pourrait rapidement atteindre 30 % des dépenses militaires compte tenu des renouvellements de programmes prévus dans les dix ans à venir.

Il est temps de maîtriser une dérive perverse pour la défense française et d’envisager enfin la défense de manière globale. En ce sens, la sacralisation actuelle du nucléaire est une des plus graves menaces sur la sécurité des Français.

Pourra-t-on gagner la lutte contre Daech ?

Seulement si on trouve la stratégie commune, donc le but à atteindre. Pour l’heure, faute de savoir ce qu’on veut faire dans un Moyen-Orient qui a enterré les accords Sykes-Picot [délimitant une frontière entre l’Irak et la Syrie, NDLR], on mène une guerre de « containment » pour gagner du temps, le temps nécessaire pour déterminer le compromis possible entre les différentes parties prenantes, Iran, Arabie Saoudite, Irak, Turquie, Israël, etc.

Mais sans accord entre Obama et Poutine, sans reconnaissance des intérêts légitimes des uns et des autres, on ne pourra pas définir un objectif commun et donc nous continuerons à perdre du terrain comme nous le faisons, malgré toute notre force militaire, depuis l’été 2014.

La Russie n’est donc pas notre adversaire ? Fallait-il alors lui vendre les navires Mistral ?

Je pense qu’il ne fallait pas lui livrer les Mistra l, car il faut fixer des limites à Vladimir Poutine : il n’en respectera la France que davantage. C’est important ! D’autant plus que c’est le même Poutine qui fixe à présent le tempo des relations internationales.

Et lui, il a une vision : replacer la Russie au cœur du jeu international, préserver ses intérêts au Sud de la Méditerranée et sa base militaire de Tartous en Syrie, et enfin se défendre des mouvements djihadistes sur la frontière sud de la Russie. Son intervention a rebattu les cartes. Vendre ces navires à l’Egypte n’est pas un mauvais choix : cet Etat doit rester solide et ne pas devenir une zone de guerre comme ses voisins.

Le gouvernement a-t-il tort de réclamer le départ de Bachar al-Assad ?

La première vertu du stratège, c’est le réalisme. La mission première d’un chef d’Etat est d’assurer la sécurité de ses citoyens, pas de faire de la morale. Désormais les choses sont cependant plus claires : Bachar al-Assad est militairement soutenu par la Russie et il fera donc partie du compromis à trouver pour sortir de cette crise.

Le rendez-vous de New-York lors de l’assemblée générale de l’ONU a été un grave échec. Il aurait fallu que les Etats-Unis, la Russie, la France fassent cause commune pour éteindre le feu, et donc lutter contre Daech. Après, il sera toujours temps de négocier, sachant que le président russe est évidemment plus attaché à sa base de Tartous qu’à Assad.

Faut-il envoyer des troupes au sol ?

Eventuellement, mais seulement quand on aura clairement déterminé l’état final recherché : en stratégie, la question des moyens est toujours une question de deuxième ordre, même si elle interagit avec la question de la finalité. Des troupes, mais quelles troupes ? Quelles nationalités ? Quelles religions ? Questions complexes. Quel volume de forces et quels risques, pour un engagement forcément très long, dans de vastes espaces ?

En 2003, l’armée américaine en Irak a mis un an pour reconquérir le Tigre et l’Euphrate avec 150.000 hommes. Elle a mis finalement neuf mois pour faire tomber Falloujah avec 40.000 hommes, dont 15.000 Américains. En comparaison, l’armée française a pu mobiliser un maximum de 5.000 hommes au Mali !

La France devait-elle en 2011 contribuer au renversement du colonel Kadhafi ?

A part Nicolas Sarkozy, qui défend, encore aujourd’hui, cette intervention ? Cet engagement n’était pas nécessaire. Je suis très critique quant à cette opération, mais pas plus que ceux qui savent que, dans la guerre, ce qui compte ce n’est pas l’intention initiale mais le résultat final. Et les conséquences de cette intervention, c’est non seulement la destruction de la Libye, mais aussi les migrants et le chaos que l’on a installé durablement au Sahel, et, pour bonne part, la consolidation de Boko Haram.

Autant, clairement, le 31 août 2013, il fallait lancer l’opération prévue contre les troupes de Bachar al-Assad, autant en Libye, il eut été infiniment plus sage de s’arrêter au but initialement fixé - arrêter la poussée blindée devant Benghazi – et ne pas laisser dériver dramatiquement la mission

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/021431526984-general-desportes-au-rythme-actuel-larmee-francaise-sera-bientot-epuisee-1169319.php?CXbDVgADgIhWfEGf.99

 

 

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UN Libya envoy accepts £1,000-a-day job from backer of one side in civil war

UAE, accused of using Libya to fight proxy war against Islamists, offered Bernardino León role while still UN mediator

The United Nations special representative in Libya spent the summer negotiating a £35,000-a-month job with a Gulf state that supports one side in the civil war he was trying to end, the Guardian can reveal.

Bernardino León, the UN peace mediator and a former Spanish foreign minister, was offered a job in June by the United Arab Emirates, the federation of seven absolute monarchies dominated by oil-rich Abu Dhabi, as director general of its “diplomatic academy”.

On Wednesday the UAE announced that León would take over as head of the academy, a state-backed thinktank founded last year to promote the UAE’s foreign policy and strategic relations and train its diplomats. A German diplomat, Martin Kobler, has been appointed his successor at the UN.

León is due to end his previous role on Friday, leaving Libya’s rival factions deadlocked over his plans for a national unity government.

He denies any conflict of interest, saying he had made it clear he wanted to leave his UN role by 1 September. “The only defence I have against these attacks is my work,” he wrote in an email to the Guardian. “As I said before, read my proposals, the agreement and the government proposal. It has been considered by the Libyans from both camps as a fair proposal.”

Emails seen by the Guardian show León was offered the role of director general in June, a move followed up by talks about increasing his housing allowance a month later. In August he said he would be travelling with his family to settle down in Abu Dhabi.

Analysts say Libya’s civil war has been stoked by outsiders. They say Egypt and the UAE are using the country as a battleground for a proxy war against Islamists allegedly backed by Turkey and Qatar.

The rivalry between Qatar and the UAE, which is renowned for its fierce opposition to Islamists at home and abroad, means both regularly seek to undermine and embarrass each other.

Egypt’s president, Abdel Fatah al-Sisi, called on the British prime minister, David Cameron, on Tuesday to complete the mission he started in Libya with the overthrow of Muammar Gaddafi in 2011 and prevent the country succumbing to a fate similar to Syria’s.

León’s new job in the UAE calls into question his impartiality as the UN’s chief peacemaker.

Just five months after he was appointed as its mediator in Libya, he sent an email dated 31 December 2014 to the UAE’s foreign minister, Sheikh Abdullah bin Zayed, from his personal account.

In it he tells the UAE that, because of the slow progress of peace talks, Europe and the US were asking for a “plan B … a classical peace conference ... This is, in my opinion, a worse option than a political dialogue … because it will treat both sides as equal actors”.

The Libyan state has slid into chaos in the last few years, with an estimated 1,600 armed militias operating in a country of 6 million people. Most, however, back one of two main political groupings – either the Islamist-backed national assembly, known as the General National Congress (GNC), or the elected parliament, called the House of Representatives (HOR).

León goes on to say that his plan is to “break a very dangerous alliance” between the wealthy merchants of Misrata and the Islamists that keeps the GNC afloat. He says he wants to reinforce the HOR, the body backed by the UAE and Egypt.

He states bluntly that he is “not working on a political plan that will include everybody” and talks of having a strategy to “completely delegitimise” the GNC. He admits “all my movements and proposals have been consulted with [and in many cases designed by] the HOR and [Libya’s ambassador to the UAE] Aref Nayed and [the UAE-based former Libyan prime minister] Mahmud Jibril”.

In signing off, León tells the UAE’s foreign minister: “I can help and control the process while I am there. However, as you know I am not planning to stay for a long time … I am seen as biased in favour of HOR. I advised the US, UK and EU to work with you.”

León denies he has favoured any side in the conflict and says that he produced a “fair proposal” to end the war. He emailed the Guardian to say that he had had “many similar communications with other countries supporting the other Libyan camp, in a similar spirit. I’m sure in different occasions I also told them that they can ‘count on me’. My job is to build trust with all of them, inside and outside Libya”.

In an email sent by a UAE minister, Sultan Al Jaber, to the country’s foreign minister, León is said to be unable to find anywhere suitable to live in Abu Dhabi with his 360,000 dirham (£63,600) a year housing allowance.

It is claimed he would like almost twice the sum for a family home on an upmarket island resort off the coast of Abu Dhabi called Saadiyat, a new cultural hub that houses outposts of the Louvre and the Guggenheim Museum.

The minister writes that León “claims he could not find a suitable property – on par with his own in Madrid – within the allowance. The Saadiyat properties he’s interested in rent between AED 500,000 and 600k per annum.”

Despite the delays in reaching a peace agreement in Libya, analysts say León’s role is regarded as a minor success, particularly considering the chaos in Syria.

He emailed the UAE foreign ministry in August to say he was in line for a prestigious UN position, to be “a kind of high advisor for all UN mediations” and that it would help “future UAE diplomats interact with some of the most relevant world mediators”.

He adds: “Of course, if you prefer I focus exclusively on [the diplomatic academy], there’s no problem and I won’t accept the proposal.”

The UN guidance on effective mediation says mediators should “not accept conditions for support from external actors that would affect the impartiality of the process” and that they should “hand over to another mediator, or mediating entity, if they feel unable to maintain a balanced and impartial approach”.

The Guardian contacted León on Monday, when he denied that he had taken up the job. He sent an email on Wednesday morning claiming he had not “signed a contract yet. Just talks”. He asked the Guardian to hold off publishing the story, and offered an interview to explain the situation. Before he could do so, his new job was announced.

León insists that the emails have been manipulated, and that they represented a selective view of his role. He adds that he had considered resigning from his post in Libya in early January and taking up an “academic post in America”. “Only many months later, when my UN contract was about about to expire, I started again discussions on my future work,” he said.

http://www.theguardian.com/world/2015/nov/04/un-libya-envoy-accepts-1000-a-day-job-from-backer-of-one-side-in-civil-war

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  • 4 weeks later...

Faut dire que c'est intéressant.

 

« Le rapport [de la Commission parlementaire que j'ai présidée sur les services de renseignement durant le 11 septembre] montre la participation directe du gouvernement saoudien dans le financement du 11 septembre. Nous savons au moins que plusieurs des 19 kamikazes ont reçu le soutien financier de plusieurs entités saoudiennes, y compris du gouvernement. Le fait de savoir si les autres ont aussi été soutenus par l’Arabie saoudite n’est pas clair, car cette information a été cachée au peuple américain. On nous dit que cela ne peut être fait pour des raisons de sécurité nationale, mais c’est exactement le contraire. Publier est important précisément pour notre sécurité nationale.

Les Saoudiens savent ce qu’ils ont fait, ils savent que nous savons. La vraie question est la manière dont ils interprètent notre réponse. Pour moi, nous avons montré que quoi qu’ils fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir Al-Qaïda, puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’État islamique. C’est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d’extrémisme qui a frappé Paris. » [sénateur Bob Graham, ancien Président de la Commission du Renseignement du Sénat américain, Le Figaro, 02/02/2015]

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Bon, je sais pas trop ou foutre ça, il n'y a pas de fil sur Israël, ce qui est probablement compréhensible.

 

Je tente donc un petit commentaire ici :

 

 

 

Bon sang, cette histoire de bus séparés, ça me rappelle un truc qu'on a déjà vu ailleurs, mais quoi ... ?

 

L'antisémitisme n'a pas sa place en ces lieux.

C'est une blague?

Une question pour tout le monde (et une réponse proposée dans le lien): Is Applying Libertarian Principles to Israel Anti-Semitic?

Extrait:

Anyone who has bypassed official Israeli state propaganda and read a history of Israel from libertarian or Jewish critics, from neutral academic sources or even from Palestinian refugee and survivor web sites, quickly understands why just mentioning these principles and Israel in the same article can infuriate staunch Israel supporters.  Libertarians who believe even half of Palestinians’ tales of victimization since 1948 through massacres, forced relocation (a.k.a. ethnic cleansing) and systematic deprivations of human rights may become highly critical of Israel and even support some forms of Palestinian resistance.  While most would respect  Palestinians' decision to settle for less than a truly just settlement, not all will respect libertarians who claim an unjust settlement is a just one.

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Pas exactement. Tout le monde reconnait que l'accord n'est pas juridique mais politique, des deux cotés (pas ratifié par le congrès US non plus). De toute façon, le régime iranien ne se serait jamais laissé punir en interne pour une quelconque infraction envers cet accord, donc autant ne pas jouer la comédie ...

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