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Crise agricole ou overdose paysanne ?


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Cet été on a discuté avec un cousin de mon père qui est agriculteur et a une grande exploitation de blé et tout le bordel.

Je fus agréablement surpris par son discours, je me demande s'il lit pas Contrepoints.

Pour lui c'est très clair, l'Europe empêche la compétitivité de l'agriculture européenne face aux autres grands blocs, et la France en rajoute énormément face aux concurrents européens. Il s'en est pris d'abord au droit du travail qui ne permet pas d'embaucher à la hauteur des besoins du moment, il s'en est pris surtout aux normes écolos absurdes (il nous en a détaillé rapidement mais on ne s'imagine même pas dans nos rêves fous de libéraux à quel point elles sont ridicules, légion et régulièrement empilées les unes sur les autres).

Il parlait aussi de tout le bordel des autorisations administratives qui empêchaient certains de se lancer dans de nouveaux produits ou de lancer une exploitation agricole tout court.

Il n'était pas contre la fin des aides publiques, bien conscient que cela constituait une manière de tenir les agriculteurs par les couilles de la part de l'Etat et de l'Europe, mais malheureusement il pense effectivement que certains ne tiendraient pas sans les aides.

Pour lui c'est très clair, se lancer dans une exploitation agricole était censé il y a 30 ans, aujourd'hui il ne le referait plus.

Le moment le plus intéressant c'est quand il donnait son avis sur l'avenir du modèle agricole français et européen.

POur lui il y aura d'un côté les toutes petites exploitations qui feront du bio ou en tout cas feront pousser des fruits et légumes, feront du lait ou de la viande pour les voisins, comme au bon vieux temps dans les villages où régnait l'entraide. Et de l'autre côté il y aura les très grandes exploitations dont on ne pourra pas se passer pour nourrir la population.

Son discours m'a bien plu, sous les yeux éberlués de mon beau-frère des villes bobos qui essayait de lui faire dire que les grandes exploitations faisaient de la merde. "Oh non, loin de là, beaucoup font de la très bonne qualité c'est pas le problème!!" qu'il lui répond très tranquillement et sûr de lui.

Ces derniers jours j'ai vu des interviews d'agriculteurs à la télé et j'ai l'impression que le discours change. Auparavant les agriculteurs voulaient du pognon, disaient que c'était de la faute à la concurrence étrangère et qu'ils devaient bénéficier d'aides. On sent qu'ils commencent à mettre de l'ordre dans leurs idées et a réfléchir un peu plus, aujourd'hui j'entends beaucoup plus que les normes françaises et européennes sont remises en cause, et que l'Etat français devient le premier coupable. Petit à petit ça évolue. Peut-être suis-je trop optimiste?

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la France en rajoute énormément face aux concurrents européens.

Dans le jargon, ça s'appelle le Gold Plating. La France est la spécialiste : une norme européenne sort, les pays l'adoptent, la France se dit "on peut faire mieux" et rajoute à la complexité en abaissant les seuils de tolérance, par exemple, en augmentant les délais de garantie, etc... C'est complètement débile et typique de ces connards des administrations & cabinets franchouilles.
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Cet été on a discuté avec un cousin de mon père qui est agriculteur et a une grande exploitation de blé et tout le bordel.

Je fus agréablement surpris par son discours, je me demande s'il lit pas Contrepoints.

 

très intéressant.

 

... tu pourrais pas l'interviewer par mail ?

 

ou filer son adresse.

CP a des pros pour les interviews.

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C'est surtout que c'est un peu moins un mouvement syndical et un peu plus un mouvement "grass roots" i.e. des gens directement concernés. Alors oui, là, ça change.

Probablement.

Mais hier soir un dirigeant de la FNSEA était interviewé sur France 3 et il s'en est pris uniquement aux normes et à l'Etat. J'avais du mal à y croire moi-même. Et la journaliste fonctionnaire de France 3 était visiblement surprise et énervée de la direction prise par l'interview et recentrait en permanence sur le respect de l'environnement et du droit du travail c'est important nananinananan.

Le plus drôle c'est qu'ensuite elle embraye sur un reportage en Allemagne dans une usine où on découpe le porc et où des travailleurs d'Europe de l'est sont employés par l'intermédiaire de boîtes de recrutement pour bien moins cher. Il fallait que le reportage se concentre uniquement sur les deux travailleurs qui se plaignaient de ne ps avoir été payés et disaient qu'ils ne pouvaient survivre, histoire de bien montrer qu'en fait les allemands c'est des salauds, que le véritable coupable c'est la concurrence déloyale et qu'il faut harmoniser blablabla.

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très intéressant.

 

... tu pourrais pas l'interviewer par mail ?

 

ou filer son adresse.

CP a des pros pour les interviews.

Ouille, je ne te promets rien, je ne l'ai pas en contact et le voit très très peu souvent. Je me demande même s'il a internet tiens :D
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POur lui il y aura d'un côté les toutes petites exploitations qui feront du bio ou en tout cas feront pousser des fruits et légumes, feront du lait ou de la viande pour les voisins, comme au bon vieux temps dans les villages où régnait l'entraide. Et de l'autre côté il y aura les très grandes exploitations dont on ne pourra pas se passer pour nourrir la population.

 

 

Même discours chez les agriculteurs que je connais.

 

Par contre beaucoup de ceux que je connais n'aiment pas les "fermes usines" car ils disent que ce n'est pas comme ça que l'on traite ses bêtes.

Mais bon, ils voient cela comme quelque chose d'inéluctable.

D'un côté les "vrais" agriculteurs, ceux qui aiment leur métier, feront dans le marché de niche.

De l'autre des industriels qui nourriront à bas coûts.

Un peu comme le poulet de bresse et le poulet de batterie actuellement.

  • Yea 1
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Malheureusement il pense effectivement que certains ne tiendraient pas sans les aides.

De même que beaucoup de journaux ne tiendraient pas sans les subventions. So what ? Personne ne peut s'émanciper des attentes des consommateurs.

 

Le moment le plus intéressant c'est quand il donnait son avis sur l'avenir du modèle agricole français et européen.

POur lui il y aura d'un côté les toutes petites exploitations qui feront du bio ou en tout cas feront pousser des fruits et légumes, feront du lait ou de la viande pour les voisins, comme au bon vieux temps dans les villages où régnait l'entraide. Et de l'autre côté il y aura les très grandes exploitations dont on ne pourra pas se passer pour nourrir la population.

C'est exactement ça, mais va donc expliquer ça au gauchiste moyen qui a une vision manichéenne et limite ontologique de la crise: les honnêtes agriculteurs pris à la gorge par de vils industriels avides de pognon. Les notions d'offre, de demande et de productivité sont complètement évacuées sous des exhortations morales: la course au profit c'est mal, il faut aider les agriculteurs qui sont dans le besoin...

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Non, l'agriculture française n'est pas victime du « libéralisme sauvage » !

TRIBUNE - Les agriculteurs figurent parmi les professions les plus subventionnées par l'État et par Bruxelles, souligne l'universitaire Jean-Philippe Feldman\*.

 

Ça fait plaisir

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Ça fait plaisir

 

Oui mais non, en fait ils sont bien victimes du libéralisme sauvage qui permet de faire du dumping social, d'employer des esclaves et de vendre les produits moins cher, il a besoin d'une mise à niveau ce journaliste.

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Tiens, des membres du PTB expliquent qu'on aurait pas besoin des aides si le prix était correct.

 

Ils leur manque une info, lundi, les tracteurs bloquent Bxl, j'en profiterai pour faire un ch'ti n'article sur la question.

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Manuel Valls annonce 3 milliards d'euros en trois ans aux agriculteurs.

(....)

En réalité, les aides versées par l'État, les régions et l'Union européenne seront portées «à 350 millions d'euros par an pendant trois ans», d'après le Premier ministre mais en intégrant un effet de levier financier, cela doit permettre selon le gouvernement d'atteindre un milliard d'euros par an.

(...)

Cible des agriculteurs, la mise en place de nouvelles normes devrait aussi connaître un coup d'arrêt. Fustigeant «l'excès de réglementation» :icon_ptdr:  , Manuel Valls a promis une nouvelle méthode de définition des normes, «fondée en particulier sur la mise en place de tests et sur l'expérimentation». «D'ici février, aucune mesure nationale allant au delà des obligations européennes ne sera prise», a-t-il encore affirmé.

 

Manifestation rentable, on est passé de 600 M€ à 3 Md€.

C'est quoi l'effet de levier financier dont il parle ?

 

http://www.leparisien.fr/economie/manuel-valls-annonce-3-milliards-d-euros-en-trois-ans-aux-agriculteurs-03-09-2015-5059143.php

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Manifestation rentable, on est passé de 600 M€ à 3 Md€.

C'est quoi l'effet de levier financier dont il parle ?

 

http://www.leparisien.fr/economie/manuel-valls-annonce-3-milliards-d-euros-en-trois-ans-aux-agriculteurs-03-09-2015-5059143.php

 

Bon ben c'est cool. On va encore parler de blocage de Paris par les tracteurs encore longtemps.

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... parait qu'ils ont internet (et la clim) dans les tracteurs :-)

des GPS haute performances aussi, enfin chez les céréaliers tout du moins

 

vous saviez que els céréaliers doivent se ramasser les 3/4 de la PAC alors qu'ils vendent des céréales, l'un des trucs les plus rentables ?

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Manifestation rentable, on est passé de 600 M€ à 3 Md€.

C'est quoi l'effet de levier financier dont il parle ?

http://www.leparisien.fr/economie/manuel-valls-annonce-3-milliards-d-euros-en-trois-ans-aux-agriculteurs-03-09-2015-5059143.php

Sûrement des conneries de multiplicateur keynésien.

Ils aiment bien ça ces cons : "Quand on depense 1euro dans X, ça donne 2euros de PIB".

Pourquoi ne pas investir tout le PIB la-dedans pour le doubler alors ?

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Attention aux effets d'annonce. Le pognon que vous voyez défiler, c'est essentiellement des reports, des échéanciers de charges. Il n'y a donc PAS de pognon distribué même si dans les faits, ça coutera un peu d'argent aux finances publiques (obligation d'emprunter pour couvrir les retards de cotisations).

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Ils aiment bien ça ces cons : "Quand on depense 1euro dans X, ça donne 2euros de PIB".

Pourquoi ne pas investir tout le PIB la-dedans pour le doubler alors ?

 

c'est une question que j'avais posee a un de mes profs quand on etudiait la crise de 29.

Si ca marche, pourquoi ne pas imprimer du pognon en permanence? Il s'est senti con et n'a pas su trop quoi repondre sauf un truc du genre 'ah mais non si on le fait trop ca marche pu' , mais ce qui est marrant c'est qu'au final c'est cela qu'on fait, on imprime, en permanence.

 

  • Yea 1
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