Aller au contenu

Droit d'auteur  

91 membres ont voté

  1. 1. Pour vous le droit d'auteur, c'est:

    • Un droit tout à fait naturel qu'il faut faire respecter
      9
    • Un droit qui doit évoluer pour tenir compte des nouvelles technologies de l'information
      17
    • Une notion qui tendra inéluctablement à disparaître mais qui doit pour l'instant être défendue pour soutenir les artistes
      3
    • Un concept obsolète qui doit disparaître: si les artistes ne peuvent plus gagner leur vie en vendant leurs oeuvres, c'est leur problème, pas le mien.
      62


Messages recommandés

@ Boeldieu

Je ne connais pas ton âge. Je mentionne ces faits à propos de Karpov vs. Kasparov parceque leurs parties de championnat du monde furent célèbres, portant une part symbolique de la fin de la guerre froide. L'occident entier vibrait au rythme des victoire de Kasparov alors que la structure soviétique jettait les feux de ses projecteurs domestiques sur celles de Karpov. Le backoffice des championnats s'en trouvait détaillé jour par jour, parfois heure par heure, dans les médias occidentaux. A l'époque j'étais adolescent, joueur d'échec amateur et passionné de philosophie politique et de géopolitique et je suivais cela de près.

Pour répondre à ta question sur ma connaissance des échecs, j'ai eu le meilleur niveau qu'une personne n'ayant jamais joué en club ni fait de compétition peut raisonnablement avoir, ce qui me permettait de gagner de temps à autre une partie face à un 2100 élo (mais cette unité a connu par la suite une importante inflation due aux dérives structurelles du système d'évaluation) ou faire une nulle de temps à autre face à un ancien champion de France. J'étais parfaitement conscient de la nécessité d'apprendre les catalogues d'ouvertures pour avancer dans mon niveau, ce que je n'ai jamais substantiellement fait car les échecs ont toujours été pour moi un loisir ludique et jamais une priorité sérieuse. Aujourd'hui j'y joue beaucoup moins, sans doute en raison de l'existence des nouvelles générations de jeux sur ordinateurs.

Winner by TKO @ the second round !!!

207A.jpg

Lien vers le commentaire

Alors je prends le sujet en cours de route mais c'est un sujet passionnant je me pose beaucoup de questions la dessus. Plutôt que de parler de droit d'auteur, pourrions nous ramener la chose à un droit de propriété? Après tout, il s'agit de rémunérer un travail intellectuel ou artistique, et de l'usage qui en ai fait et pour le consommateur d'utiliser les fruits de ce travail… Comme je vois assez difficilement comment faire en sorte de signer un contrat entre chaque utilisateur de l'oeuvre et son créateur, je peux comprendre l'utilité des majors… Maintenant, je suis aussi conscient de la facilité de la recopie des oeuvres grâce au support informatique. Je pense tout de même que les solutions passent par des engagements contractuels entre les majors et les artistes…. La liberté de contracter doit permettre de résoudre toutes les questions qui se posent, non?

Lien vers le commentaire

… et si les réseaux sociaux divisiaent par 10 l'influence des majors ? :mrgreen:

En tous cas l'expression "propriété intelletuelle" fait en elle même débat parmi les libéraux. Le copyright fondamentalement est une disposition contractuelle. L'expression "propriété intellectuelle" est une analogie fonctionnellement pertinente mais imparfaite. L'exclusivité n'est pas par nature comme avec un objet ou une terre, mais par pure convention.

Lien vers le commentaire

En lisant le très intéressant lien donné par Poney http://www.npr.org/b…make-a-hit-song je me demande comment les compositeurs pourraient survivre à une suppression des droits d'auteurs. Je suis d'accord sur le fait que les chanteurs pourront largement vivre de leur art en donnant des concerts. Mais le compositeur qui n'est pas interprète est dans une situation différente. Il doit vendre ses créations pour vivre. Comment pourrait il vendre "ses" compositions si elles ne lui appartiennent pas? Je ne vois pas vraiment quelles pourraient être les clauses d'un contrat entre un compositeur et un interprète dans ces conditions. Cela me semble important puisqu'aujourd'hui de nombreux artistes ne composent pas, comme Rihanna (l'exemple donné dans l'article).

Lien vers le commentaire

En lisant le très intéressant lien donné par Poney http://www.npr.org/b…make-a-hit-song je me demande comment les compositeurs pourraient survivre à une suppression des droits d'auteurs. Je suis d'accord sur le fait que les chanteurs pourront largement vivre de leur art en donnant des concerts. Mais le compositeur qui n'est pas interprète est dans une situation différente. Il doit vendre ses créations pour vivre. Comment pourrait il vendre "ses" compositions si elles ne lui appartiennent pas? Je ne vois pas vraiment quelles pourraient être les clauses d'un contrat entre un compositeur et un interprète dans ces conditions. Cela me semble important puisqu'aujourd'hui de nombreux artistes ne composent pas, comme Rihanna (l'exemple donné dans l'article).

Sans réfléchir, un % des recettes d'un concert ?

Lien vers le commentaire

Sans réfléchir, un % des recettes d'un concert ?

Oui ça me semble la seule solution. Mais il y aurait encore un problème. Si il n'y a pas de droit d'auteur, l'artiste n'est en rien obligé à payer le compositeur à chaque fois qu'il chante sa composition. Ils peuvent signer un contrat mais qu'est ce qui empêchera l'artiste de dire après que le contrat est nul puisque la composition n'appartient pas à son auteur? Une possibilité est qu'il y ait une sorte de gentleman agreement entre l'artiste et le compositeur dans lequel l'artiste s'engagerait à payer pour utiliser la composition. Cela reviendrait à du droit d'auteur de fait.

Une autre solution serait que le compositeur soit salarié, mais ça me semble peu compatible avec le business model actuel.

Lien vers le commentaire

On ne pourrait pas imaginer le compositeur comme un fournisseur, comme pour beaucoup d'autres professions ?

Il écrit, il donne à l'artiste/l'écurie. Il est payé un fixe. Point.

L'artiste chante ou joue l'oeuvre, et ne doit plus rien au compositeur. A lui de se débrouiller pour revenir sur son investissement.

Lien vers le commentaire

En lisant le très intéressant lien donné par Poney http://www.npr.org/b…make-a-hit-song je me demande comment les compositeurs pourraient survivre à une suppression des droits d'auteurs. Je suis d'accord sur le fait que les chanteurs pourront largement vivre de leur art en donnant des concerts. Mais le compositeur qui n'est pas interprète est dans une situation différente. Il doit vendre ses créations pour vivre. Comment pourrait il vendre "ses" compositions si elles ne lui appartiennent pas? Je ne vois pas vraiment quelles pourraient être les clauses d'un contrat entre un compositeur et un interprète dans ces conditions. Cela me semble important puisqu'aujourd'hui de nombreux artistes ne composent pas, comme Rihanna (l'exemple donné dans l'article).

Il vivrait en disant à l'interprète qu'il lui fait la chanson gratos en terme de upfront payment, mais qu'à chaque concert il doit lui refiler 4 ou 5% des recettes de billetterie.

Oui ça me semble la seule solution. Mais il y aurait encore un problème. Si il n'y a pas de droit d'auteur, l'artiste n'est en rien obligé à payer le compositeur à chaque fois qu'il chante sa composition. Ils peuvent signer un contrat mais qu'est ce qui empêchera l'artiste de dire après que le contrat est nul puisque la composition n'appartient pas à son auteur? Une possibilité est qu'il y ait une sorte de gentleman agreement entre l'artiste et le compositeur dans lequel l'artiste s'engagerait à payer pour utiliser la composition. Cela reviendrait à du droit d'auteur de fait.

Une autre solution serait que le compositeur soit salarié, mais ça me semble peu compatible avec le business model actuel.

Là, il s'agit d'un contrat entre une personne et une autre personne, c'est facile à faire appliquer.

Le droit d'auteur difficile à faire appliquer, c'est quand il n'y a pas UN contrat, mais 1 million de contrat.

Lien vers le commentaire

On ne pourrait pas imaginer le compositeur comme un fournisseur, comme pour beaucoup d'autres professions ?

Il écrit, il donne à l'artiste/l'écurie. Il est payé un fixe. Point.

L'artiste chante ou joue l'oeuvre, et ne doit plus rien au compositeur. A lui de se débrouiller pour revenir sur son investissement.

Oui mais si le droit d'auteur n'existe pas il fournit quoi? En fait, il me semble que si le droit d'auteur n'existe pas le contrat est basé sur rien. Comment puis je fournir quelque chose qui ne m'appartient pas? Ce contrat reviendrait à vendre de l'air.

Il vivrait en disant à l'interprète qu'il lui fait la chanson gratos en terme de upfront payment, mais qu'à chaque concert il doit lui refiler 4 ou 5% des recettes de billetterie.

Oui, dans ce cas là le droit d'auteur existerait mais d'un point de vue strictement contractuel. Cela m'a l'air compatible avec un société anarcap où il y a plusieurs sources de droit. Mais dans un société avec une hiérarchie des normes si l'Etat déclare demain que le droit d'auteur n'existe pas ça pose un problème pour le contrat. Car, légalement, pourquoi l'artiste reverserait une somme au compositeur? Il devrait être libre d'utiliser la composition comme bon lui semble. Donc, devant un juge, un artiste qui déciderait de ne plus respecter le contrat aurait à mon avis gain de cause à chaque fois.

Lien vers le commentaire

Oui mais si le droit d'auteur n'existe pas il fournit quoi? En fait, il me semble que si le droit d'auteur n'existe pas le contrat est basé sur rien. Comment puis je fournir quelque chose qui ne m'appartient pas? Ce contrat reviendrait à vendre de l'air.

Je pense que personne ici ne défend la position comme quoi le premier créateur doit être spolié de sa création une fois qu'elle vient juste de sortir de sa plume, écrite sur une partition, ou sur ses rushs photos. Par contre, c'est à lui d'aller prospecter pour vendre sa production. Si sa production se fait voler par ruse (il vient présenter une démo mp3 à un producteur, le producteur refuse, mais pirate le mp3 et le diffuse en son nom), c'est problématique, mais il peut aussi faire signer un contrat par avance (précisant par exemple que si le producteur s'apprête à faire ça, hop, attaque en justice). Si tous les compositeurs/artistes se comportent ainsi, les sources d'approvisionnement des producteurs s'arrêtent. Ils auront donc un intérêt vital à respecter leur contrat.

Lien vers le commentaire

Je pense que personne ici ne défend la position comme quoi le premier créateur doit être spolié de sa création une fois qu'elle vient juste de sortir de sa plume, écrite sur une partition, ou sur ses rushs photos. Par contre, c'est à lui d'aller prospecter pour vendre sa production. Si sa production se fait voler par ruse (il vient présenter une démo mp3 à un producteur, le producteur refuse, mais pirate le mp3 et le diffuse en son nom), c'est problématique, mais il peut aussi faire signer un contrat par avance (précisant par exemple que si le producteur s'apprête à faire ça, hop, attaque en justice). Si tous les compositeurs/artistes se comportent ainsi, les sources d'approvisionnement des producteurs s'arrêtent. Ils auront donc un intérêt vital à respecter leur contrat.

Bah, c'est déjà comme ça que ça fonctionne, non ?

Les compositeurs, les artistes se vendent au producteur, chargé ensuite de défendre son investissement et de le faire fructifier.

Evidemment, cela n'empêche pas les arnaques qui ne sont pas si rares dans ce milieu où les artistes-compositeurs sont parfois un peu ignorants.

Lien vers le commentaire

Je pense que personne ici ne défend la position comme quoi le premier créateur doit être spolié de sa création une fois qu'elle vient juste de sortir de sa plume, écrite sur une partition, ou sur ses rushs photos. Par contre, c'est à lui d'aller prospecter pour vendre sa production. Si sa production se fait voler par ruse (il vient présenter une démo mp3 à un producteur, le producteur refuse, mais pirate le mp3 et le diffuse en son nom), c'est problématique, mais il peut aussi faire signer un contrat par avance (précisant par exemple que si le producteur s'apprête à faire ça, hop, attaque en justice). Si tous les compositeurs/artistes se comportent ainsi, les sources d'approvisionnement des producteurs s'arrêtent. Ils auront donc un intérêt vital à respecter leur contrat.

Oui là dessus je suis complètement d'accord. Les producteurs qui ne rémunéreraient pas le compositeur ne trouveraient plus personne au bout d'un moment. En fait, mon problème est au niveau de la sécurité juridique du contrat dans une société étatique. Si le droit d'auteur n'existe pas, le compositeur vend ou fournit quelque chose qui ne lui appartient pas. Donc l'artiste ou le producteur pourrait se retourner contre lui des années plus tard pour lui demander le remboursement des sommes qui lui a données.

On peut imaginer un producteur qui au cours des années demandent 100 chansons à un compositeur. Une fois qu'il les a bien rentabilisé et qu'il n'a plus besoin du compositeur il peut demander à un juge l'annulation du contrat. Le compositeur serait alors obligé de redonner tout l'argent qu'il a reçu.

Lien vers le commentaire

Si le droit d'auteur n'existe pas, le compositeur vend ou fournit quelque chose qui ne lui appartient pas. Donc l'artiste ou le producteur pourrait se retourner contre lui des années plus tard pour lui demander le remboursement des sommes qui lui a données.

L'objection que je te dirais, c'est que tant que le compositeur n'a rien couché sur papier, l'oeuvre est secrète (dans sa tête). Etant le premier à la coucher sur papier, il en est de fait propriétaire (c'est lui qui l'a "fabriqué").

Lien vers le commentaire

L'objection que je te dirais, c'est que tant que le compositeur n'a rien couché sur papier, l'oeuvre est secrète (dans sa tête). Etant le premier à la coucher sur papier, il en est de fait propriétaire (c'est lui qui l'a "fabriqué").

Okay. Mais reconnaître la propriété de l'auteur sur l'oeuvre est ce que ce n'est pas reconnaître le droit d'auteur?

Lien vers le commentaire

Okay. Mais reconnaître la propriété de l'auteur sur l'oeuvre est ce que ce n'est pas reconnaître le droit d'auteur?

Le problème est de reconnaitre une propriété où il n'y en a pas : l'auteur est le premier à divulguer l'information. Il peut se faire payer pour cette divulgation. Ensuite l'information fait partie du domaine public. Il ne se l'est jamais "appropriée" comme pourraient le faire des conquistador qui s'approprient un continent. Il était juste le premier à y avoir accès. Il peut faire payer ça à quelqu'un mais ça n'indique en rien qu'il y avait une propriété qui préexistait.

Ca y est j'ai compris l'origine de la différence d'évaluation de la combinatoire des séquences! Je comptais les tours mais dans chaque tour il y a deux demi tours.

L'anglais est plus précis on dit 'ply' et 'move' pour distinguer un mouvement et un coup complet (les deux joueurs ayant joué), les deux sont généralement traduits par 'coup' en français (même si parfois on parle de 'demi-coup' mais c'est plus rare).

Lien vers le commentaire

L'anglais est plus précis on dit 'ply' et 'move' pour distinguer un mouvement et un coup complet (les deux joueurs ayant joué), les deux sont généralement traduits par 'coup' en français (même si parfois on parle de 'demi-coup' mais c'est plus rare).

C'est marrant l'utilisation de 'ply'. ça doit venir de l'ancien français, parce que ça me fait penser au "pli" dans les jeux de cartes.

Lien vers le commentaire

Le problème est de reconnaitre une propriété où il n'y en a pas : l'auteur est le premier à divulguer l'information. Il peut se faire payer pour cette divulgation. Ensuite l'information fait partie du domaine public. Il ne se l'est jamais "appropriée" comme pourraient le faire des conquistador qui s'approprient un continent. Il était juste le premier à y avoir accès. Il peut faire payer ça à quelqu'un mais ça n'indique en rien qu'il y avait une propriété qui préexistait.

+1. Le compositeur divulgue l'information au producteur. Le producteur a intérêt à respecter le contrat afin d'avoir la confiance des compositeurs. Ca cadre très bien avec le business model actuel qui ne paye qu'une seule fois le compositeur.

Lien vers le commentaire
Le problème est de reconnaitre une propriété où il n'y en a pas : l'auteur est le premier à divulguer l'information. Il peut se faire payer pour cette divulgation. Ensuite l'information fait partie du domaine public. Il ne se l'est jamais "appropriée" comme pourraient le faire des conquistador qui s'approprient un continent. Il était juste le premier à y avoir accès. Il peut faire payer ça à quelqu'un mais ça n'indique en rien qu'il y avait une propriété qui préexistait.

La propriété sur l'oeuvre ne porte évidemment pas sur l'information (désolé de la coquille) les idées qu'elle comporte, mais sur son expression, sur la forme de la divulgation… Par exemple, dans Le Père Goriot, ce qui est sujet du DA, ce n'est pas l'histoire de ce vieux monsieur, comment ses filles lui ont tout pris, son abandon, et l'histoire en parallèle de l'éducation à la vie parisienne d'un jeune provincial ambitieux… mais c'est un roman qui débute pas ces mots :

Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marcel. Cette pension, connue sous le nom de la maison Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement. […]
Lien vers le commentaire

La propriété sur l'oeuvre ne porte évidemment pas sur l'information, mais sur son expression, sur la forme de la divulgation… Par exemple, dans Le Père Goriot, ce qui est sujet du DA, ce n'est pas l'histoire de ce vieux monsieur, comment ses filles lui ont tout pris, son abandon, et l'histoire en parallèle de l'éducation à la vie parisienne d'un jeune provincial ambitieux… mais c'est un roman qui débute pas ces mots :

Ah… il faudrait faire un cours de calculabilité car ce que tu évoques sonne bien comme la différence entre une fonction mathématique et son implantation dans un modèle de calcul (machine de Turing, lambda-calcul etc.) le tout se faisant par le truchement d'un 'codage'.

La réalité est que l'expression d'une oeuvre "type roman" peut tout à fait se confondre avec la suite des lettres (et la mise en page si on veut) qui composent le roman. En ce qui concerne le père Goriot : que j'en ai une représentation au format epub ou sous un livre de poche j'ai la même oeuvre. La preuve est qu'une personne ayant lu l'histoire une fois sous un format donné ne cherche pas à la relire sous un autre format juste pour voir si ça serait différent. Le DA porte donc bien évidemment sur la suite des mots qui composent le roman et cette suite ne peut pas être appropriée par qui que ce soit (il suffit de trouver quelqu'un avec une mémoire parfaite, par exemple Mozart pour la musique : il pourra réécrire le roman même avec toutes les DRM de l'espace).

Après on peut considérer des enregistrements de lectures du "Père Goriot" et là on peut en effet considérer que le lecteur apporte quelque chose à l'oeuvre. Il ne s'agit plus du "Père Goriot" mais du "Père Goriot lu par xxx" mais encore une fois, dès que cette lecture est numérisée la capacité d'appropriation n'existe plus. Par contre faire la lecture dans un endroit clos où on interdit les dispositifs d'enregistrement est tout à fait imaginable. C'est imaginer que si un enregistrement existe on puisse avoir un quelconque droit de propriété dessus qui est illusoire (au sens philosophique pas juste pour des raisons de contrat ou matérielles).

Après tu peux toujours verser dans l'animisme et dire que le papier sur lequel Balzac a couché le "Père Goriot" est en fait l'oeuvre dont tu parles. Pour le coup c'est bien un objet qui doit valoir un bon paquet d'euros (on voit ça lors de mises aux enchères). Très bien, mais c'est spécieux de considérer que seul ce manuscrit est "l'oeuvre". Encore une fois n'importe qui ayant lu "Le père Goriot" au format poche, pléïade, epuB, imprimé par une stylus 4000 ou lu sur un écran n'aura pas besoin de cet objet pour avoir accès à cette oeuvre, et à part les collectionneurs personne ne va chercher à en faire l'acquisition non plus.

Je ne comprend toujours pas, tu ne l'as jamais expliqué, comment tu peux dissocier un roman de la suite des mots qui le compose : suite de mots qui elle est copiable ad lib. D'ailleurs dans ton poste tu dis ce n'est pas "…" mais "c'est un roman qui débute par ces mots". Même toi tu dis bien que le roman se réduit à la suite des mots qui le compose.

Cette suite de mots n'est rien de plus qu'un gros chiffre écrit en binaire qui modulo un certain codage te donne le texte du roman.

Lien vers le commentaire

La propriété sur l'oeuvre ne porte évidemment pas sur l'information, mais sur son expression, sur la forme de la divulgation… Par exemple, dans Le Père Goriot, ce qui est sujet du DA, ce n'est pas l'histoire de ce vieux monsieur, comment ses filles lui ont tout pris, son abandon, et l'histoire en parallèle de l'éducation à la vie parisienne d'un jeune provincial ambitieux… mais c'est un roman qui débute pas ces mots :

Revenons aux fondements : 1- le copyright est une disposition contractuelle portant sur l'usage des oeuvres de l'esprit 2- pour faciliter le règne du droit en cas de conflit la charge de la preuve est dérogatoirement inversée pour établir le droit ou l'absence de droit d'un utilisateur à en faire usage dans la mesure où l'oeuvre est trop complexe pour être plausiblement réécrite spontanément par un autre auteur.

Cette définition est très générale et ne porte pas sur une forme concrète ou abstraite particulière.

Si j'ai bien compris il est couramment admis par exemple dans le monde du cinéma que la forme abstraite d'une histoire (ou d'un scénario) est sujette à copyright. Je dois avouer avoir été jadis perplexe devant la validation par la justice US de procès en plagiat de scénarios entre deux films du genre James Bond dont l'histoire me semblait à première vue sans rapport. Cependant, à la réflexion, si on considère le graphe abstrait des personnages, de leurs relations, et de la causalité (relationnelle) de l'évolution de leurs relations, on doit sans doute pouvoir déceler des plagiats abstraits en faisant des matchings de graphes dont la combinatoire est probante au regard du critère mentionné ci-dessus de la non plausibilité d'une réécriture spontanée.

Lien vers le commentaire

La propriété sur l'oeuvre ne porte évidemment pas sur l'information, mais sur son expression, sur la forme de la divulgation… Par exemple, dans Le Père Goriot, ce qui est sujet du DA, ce n'est pas l'histoire de ce vieux monsieur, comment ses filles lui ont tout pris, son abandon, et l'histoire en parallèle de l'éducation à la vie parisienne d'un jeune provincial ambitieux… mais c'est un roman qui débute pas ces mots :

Ces mots constituent de l'information au sens de Shannon.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_de_l'information

Et c'est en ce sens qu'on utilise cette notion dans ce fil.

Par delà toute réflexion métaphysique sur l'information de Shannon comparée à sa signification ou sa valeur littéraire, ça n'a pas d'importance puisque quand je télécharge un truc, c'est bel et bien l'information que je télécharge, et rien d'autre.

Lien vers le commentaire
La propriété sur l'oeuvre ne porte évidemment pas sur l'information, mais sur son expression, sur la forme de la divulgation… Par exemple, dans Le Père Goriot, ce qui est sujet du DA, ce n'est pas l'histoire de ce vieux monsieur, comment ses filles lui ont tout pris, son abandon, et l'histoire en parallèle de l'éducation à la vie parisienne d'un jeune provincial ambitieux… mais c'est un roman qui débute pas ces mots :

Défendre le droit d'auteur sans reconnaître qu'il existe un droit de propriété sur un bien immatériel me semble un peu tordu et je ne crois donc pas qu'il soit pertinent d'attacher ce droit à un quelconque support matériel, fut-il originel.

Par ailleurs, réduire le droit d'auteur à la seule prose semble constituer un partage de l'oeuvre arbitraire et contraire à l'esprit du droit d'auteur qui protège également l'âme de l'oeuvre. Selon ta définition, je ne vois pas comment un auteur d'un roman pourrait faire valoir ses droits si un producteur décidait d'en faire une adaptation cinématographique.

Lien vers le commentaire

@Boeldieu, @Azor

J'ai bien sûr commis un lapsus dans mon précédent message. Je ne voulais pas parler d'informations, mais des idées dont on est le découvreur et non le créateur, et sur chacune desquelles on ne peut fonder une propriété. C'est le but de tous mes derniers messages que d'essayer de montrer que le fait qu'il existe un support original objectif dont les duplicatas font l'objet de transactions volontaires, fonde la légitimité du montage juridique contractuel du DA sur l'essence de ce support original. J'y reviens plus loin.

Mais d'abord, je veux rebondir sur ce que viens de faire remarquer Xavdr : on peut en effet considérer qu'il existe des objets virtuels dérivés de l'oeuvre : une histoire dans ses détails par exemple est bien un objet complexe constitué d'un ensemble de concepts dont l'arrangement ne doit rien au hasard. Toutefois, si je crois que cette unicité et le caractère inventif de ces objets permet de qualifier le fait qu'il y a bien là un auteur, et cette qualité est bien sûr inaliénable, je ne crois pas pour autant qu'on puisse en interdire la réutilisation.

Effectivement, à moins qu'une condition (délirante) d'utilisation d'un livre soit de ne parler de ce livre à personne, de ne jamais communiquer la moindre information le concernant, alors la trame du livre, sa construction, son histoire, etc. sont entrées immédiatement dans une aire sociale où ces données se transmettent d'hôte en hôte de manière virale par une simple discussion par exemple. L'auteur peut peut-être exiger auprès d'un tribunal d'être crédité, mais ne peut, d'après moi, interdire les oeuvres dérivées de sa propre oeuvre.

Je prends le Copyright au pied de la lettre : je n'ai pas le droit de copier l'information en ce que cette information a un sens précis et défini que seul le travail d'un auteur lui donné, je n'ai pas le droit de me comporter comme si j'étais propriétaire de l'oeuvre (ne l'étant pas), mais rien ne peut jamais m'interdire de la digérer, et donc d'une certaine façon de me l'approprier, mais ce sera toujours sous une forme à la fois dégradée et enrichie du point de vue de l'information du fait des limites et des qualités de l'esprit humain. C'est une différence importante avec la copie informatique qui ne fait que dupliquer.

Pour ce qui est des personnes capables de retenir de mémoire ce genre d'ensemble d'informations : on peut peut-être les enregistrer mais on ne peut reproduire parfaitement une musique de mémoire. On peut en avoir la mélodie complète, tous les détails de l'orchestration, etc. … mais on ne peut recréer un objet absolument identique à ce qu'on vient d'entendre, jamais absolument. On sort manifestement du cadre du problème du piratage de masse tel qu'il se pose aujourd'hui : aucun MP3 n'a jamais été forgé de cette façon.

Je dirais donc qu'une capacité qui permettrait de mémoriser à ce point quelque chose peut entraîner une violation de l'interdiction si elle donne lieu à la création d'une réplique quasi-parfaite à partir de cette mémoire. Le fait qu'il y ait un délit ou non devrait dépendre pour moi de l'avis du juge sur la perfection de la copie. Il y a des cas limites peut-être (la pochette pixelart de Miles Davis) mais je crois que c'est une question triviale en général : c'est l'identité parfaite qui est recherchée par le piratage, on n'est pas du tout dans une démarche artistique.

Enfin, comme je l'ai répondu un bon nombre de fois dans ce thread, pour moi, oui, la véritable oeuvre de Balzac est ce qui naît par l'incarnation (par la lecture) de l'oeuvre originale, et tous les autres livres qui s'en réclament ne sont que des duplicatas de l'information qui n'en proposent en réalité qu'un droit de lecture, quand bien même leur incarnation est identique à celle de l'oeuvre originale.

Pour me résumer donc, plusieurs choses :

  • la première est que l'auteur - celui a créé, qui a "fait croître" comme le souligne son étymologie - a un lien inaliénable avec son oeuvre. Il en est l'auteur pour l'éternité, et aucune transaction concernant l'oeuvre ne peut changer cet état de fait (les nègres étant un arrangement secret).
  • la deuxième est que ce qui définit fondamentalement une oeuvre n'est pas ses contingences matérielles telles que la hauteur des lignes, le nombre de pages, la police utilisée, etc., mais ce que j'appelle son incarnation (par la lecture humaine ou par d'autres procédés technologique de lecture).
  • la troisième est que l'auteur est naturellement propriétaire du support original de l'oeuvre qu'il a engendrée (final-cuts, masters, négatifs…), ce support étant le fruit direct de son travail.
  • la quatrième est que le propriétaire de l'oeuvre originale peut s'il le souhaite commercialiser les duplicatas de cette oeuvre originale en imposant les conditions qui lui semblent bonnes, concernant ce qui lui appartient, c'est-à-dire l'oeuvre, c'est-à-dire au final son incarnation, son sens exprimé précis.

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...